Forum de fansub, de traductions et de discussions françaises autour du groupe japonais Arashi. |
| Mer 17 Avr - 17:13 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
Age : 44
Localisation : Osaka!!! enfin!!!!
Loisirs : lire, fansubber, checker, chanter...
Humeur : en plein jetlag
| Rappel du premier message :Bonjour! Aujourd'hui, je commence à reposter Jinsei ici. Je suppose que certaines d'entre vous l'ont déjà lu (peut-être sur l'AnF). Sachez que depuis cette première diffusion, certaines modifications ont été apportées. Cette fiction est classée MA car il y a dans certains chapitres des scènes coquines explicites C'est avec plaisir que je lirai toutes vos remarques, commentaires, impressions, suppositions, questions, ou simples encouragements. L'écriture de cette fiction a commencé suite à deux rêves faits par ma meilleure amie. Elle m'a fait tomber dans les mangas, les animés et c'est moi qui lui ai fait découvrir Arashi. A l'époque elle était fascinée par Ohno, son chant et sa danser. Elle nous a quitté depuis plus de 6 ans et depuis terminer cette histoire est un challenge. J'aime et déteste cette histoire mais je me satisfais pas de la laisser inachevée sachant que j'ai encore sur mon ordinateur certains passages écrits par Carine et encore inédits. Je souhaite finir cette histoire afin de lui rendre hommage. Merci pour votre soutien. - Personnages Originaux en ordre d'apparition:
Miura Teruki (dit Teru): c'est un ami d'enfance de Sho. C'est même son meilleur ami. Il est devenu ami avec tout le groupe peu de temps après la formation de celui-ci. c'est un bourreau de travail.
Lucie Bergevin : C'est la meilleure amie de Cécile. Elle est e se remet d'un syndrome de Guillain Barré, c'est pourquoi quand il faut rester longtemps debout elle est en fauteuil roulant. Son hobby est le piano. Elle joue très bien. Elle est ingénieur du son et travail principalement dans des studio d'enregistrement. Au début de l'histoire, elle travaille dans un studio d'enregistrement de Strasbourg.
Cécile Miura (née Bianchi): C'est la femme de Teru. Dans les premiers chapitres Cécile s'appelle déjà Miura car Teru et elle se sont déjà mariés en France. Il ne reste que la fête au Japon. Lucie est sa meilleure amie. Elle est interprète-plurilingue.
Airi Storck (née Miura) (appelée Nee-chan )(surnommée The FG ou The FanGirl par Arashi quand elle n'est pas là):Sœur aînée de Teru. Elle est mariée à un viticulteur alsacien (Thierry) avec qui elle a un enfant (Thomas/Toma) âgé de moins d'un an.
Thierry Storck : C'est le mari d'Airi. C'est un viticulteur alsacien pur souche. Il n'est pas allé au concert d'Arashi parce qu'il s'était porté volontaire pour babysitter son fils.
Thomas Storck : Premier enfant de Thierry et Airi. Il a entre 6 mois et 1 an mois au début de cette histoire.
Benjamin Bianchi (dit Ben) : C'est le petit frère de Cécile. Il considère Lucie comme ça seconde sœur.
Mme Miura : C'est la mère de Teru. Elle est maître chado, c'est à dire une professionnelle de la cérémonie du thé
Chapitre 20: Astrid Liévin : Femme de Christian, elle est l'élève de la mère de Teru. C'est Cécile qui l'a introduite auprès de sa belle-mère et c'est avec Astrid que Cécile pratique la calligraphie. Le 11 mars elle est avec Cécile.
Christian Liévin : Mari d'Astrid, il fait partie du personnel de l'ambassade de France
Léna Streuber : C'est une jeune journaliste allemande qui a été envoyé par sa "rédaction" au Japon et plus précisément en stage à Nippon Térébi. Au chapitre 20 elle découvre les activités des journalistes de news zero et elle a été confié au bons soins de Sho (qui l'appelle Müller)
Marie Bianchi : C'est la mère de Cécile, elle est infirmière
Antonio Bianchi : C'est le père de Cécile. Il est militaire (à la retraite).Ses parents étaient des immigrants italiens, il est français
Chapitre 52: Anna Bergevin : C'est la mère de Lucie. Elle est éducatrice spécialisée. Elle est d'origine suédoise
William Bergevin: C'est le père de Lucie. Il est ingénieur. Il a fait une grande école supérieur.
Xavier : C'est le meilleur ami de Lucie. Ils se rencontrer pendant leur études supérieurs. Il est ingénieur du son comme Lucie mais a étendu son expérience à la prise de son lors de tournage. C'est ainsi qu'il a rencontré Nino la première fois.
Miura Rinoka: C'est la cousine de Teru.
- Code des Polices d'écriture:
Dialogues en italique: Les personnages parlent en français Blabla en Edwardian Script ITC: c'est la police du journal de Lucie et celui de Cécile Blabla en Vivaldi : C'est de l'italien Dialogues en Tempus sans ITC :C'est de l'anglais Dialogues enBerlin Sans FB: c'est de l'allemand
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Sam 25 Jan - 14:37 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Nouveau chapitre!! - Chapitre 35:
Mai/juin Cher Journal, Nino a encore trouvé un moyen de m’imposer sa présence hier, et cette fois-ci, il s’est incrusté chez moi, pas tout seul, on peut même dire en force puisqu’à part Riida, ils étaient tous là. L’excuse du jour : Sho-kun aurait besoin de conseils stratégiques pour ses amours. Nino voudrait qu’il sorte avec Cécile, il trouve qu’ils iraient bien ensemble… surtout depuis que j’ai eu la bêtise l’autre jour de dire qu’elle avait un faible pour les voix graves… Conclusion, ils étaient tous les quatre dans mon salon une partie de la soirée. Je dis une partie, parce que Matsujun l’a déserté assez rapidement pour le balcon. Envie de clope ou d’autre chose… Quand je l’ai rejoint pour m’assurer qu’il allait bien, nous nous sommes une fois de plus agressés. Mais cette dispute a été profitable pour une fois car maintenant j’ai le sentiment de mieux le connaître. Si Cécile l’aime comme j’en ai l’impression, lui la protégera, d’elle-même, si cet amour ne peut être réciproque, des autres s’il l’est. Dans le salon, la discussion tournait autour de quelle activité proposer pour sortir Cécile, et permettre à Sho de se rapprocher d’elle. Nino avait d’abord proposé un parc d’attraction et l’envie de lui envoyer mon verre de jus de fruit dans la figure était monté en moi. Cécile dans un grand huit ? Maintenant ! Il se foutait de moi. Les trois autres avaient eu la même pensée parce que ce baka reçut deux calottes bien méritées et Matsujun m’a arraché mon verre des mains preuve qu’il avait compris mon intention. Après avoir remis ses idées en place au gamer deux options furent avancées : d’abord une balade au zoo car la maison des câlins avait bien plu à Cécile, ensuite ou peut-être un barbecue chez les parents de teru. Ce second projet demandait une chose : la reconstruction dudit barbecue qui était tombé le 11 mars.
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++ Jun ++
Ok, c'était ma faute. C'était moi l'idiot qui avait commencé la bataille. Mais j'avais entamé une bataille d'eau, pas la mise sous ciment d'un être humain ! Nous étions arrivés depuis quelques instants dans la maison des Miura lorsque Nino avait rappelé qu'on avait projeté de construire un barbecue dans le jardin. J'avais émis l'idée que de toute façon, il ne serait pas assez sec pour qu'on puisse s'en servir le soir-même. La réponse unanime avait été qu'il fallait donc qu'on s'y attelle immédiatement. Tout le matériel était là puisqu'on l'avait déchargé en même temps que nos bagages, et la mise en chantier n'avait pas pris longtemps. Il faisait chaud, déjà un peu beaucoup pour l'heure, et quand Sho s'était plaint de trop transpirer, je l'avais aspergé avec la bouteille d'eau que j'étais allé chercher pour boire. Une chose en entraînant une autre, nous nous étions rapidement retrouvés trempés, à nous envoyer de grandes gerbes, puisées dans une bassine, une bouteille, un tuyau - Teru trichait franchement - ou tout autre récipient pouvant faire l'affaire. Jusqu'à ce que je me reçoive une giclée du ciment que nous avions préparé pour le barbecue. Celui-ci avait été monté, mais nous avions préparé trop de ciment, et quelqu'un que je ne nommerai pas, avait dû oublier la présence du restant dans cette bassine avant de la remplir d'eau et de la balancer sur le premier à portée de jet, moi en l'occurrence. Je ne pouvais pas dire que j'étais ravi, c'était même tout le contraire. Nino avait fini par rouler par terre tant il riait, et Aiba semblait bien parti pour en faire autant. Sho semblait désolé et Riida s'approcha de moi pour tester la prise sur mes vêtements. - Jun, tu devrais aller retirer ça tout de suite. C'est peut-être trop mouillé, mais c'est un truc à prise rapide ; si ça accroche sur ta peau, tu vas souffrir en l'enlevant. Sans parler de tes vêtements... Je hochai la tête. Aucune envie de ressembler à une de ses sculptures. - J'y vais. Mais vous ne perdez rien pour attendre, ma vengeance sera terrible ! - Jun ! Evite les tatamis, fais le tour pour rentrer, s'il te plaît. C'est ainsi que je contournai la maison et pris l'entrée principale pour rejoindre l'antichambre de la salle de bain où je me déshabillai rapidement, mettant mon linge à tremper dans la bassine que Teru m'avait donnée. Puis j'entrai dans la salle de bain proprement dite, me dirigeant vers la douche au jugé puisque l'atmosphère était des plus brumeuses. Ce fut à ce moment-là que j'entendis un cri venant de la baignoire.
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++ Cécile ++
Il faisait vraiment chaud pour un printemps. Bon, évidemment, je n'avais pas l'habitude des printemps japonais. Mais vu ce que Ben me disait de la France, il faisait vraiment un temps particulièrement doux un peu partout, et depuis plusieurs semaines. Mes nausées n'avaient pas disparu, mais elles étaient plus supportables. A la limite, ce qui commençait à devenir insupportable, c'était les conseils et recommandations diverses des quelques personnes qui m'entouraient et s'ingéniaient à me pourrir la vie, pardon, à prendre soin de moi. Je savais bien que je leur avais fait peur, je savais encore mieux qu'ils faisaient ça pour moi, mais tout ce qu'ils obtenaient avec certitude, c'était de me flanquer la migraine en me rapprochant du point de non-retour où j'aurai envie de les envoyer bouler. A coup de bazooka si nécessaire. Je prenais donc mes médocs avec un enthousiasme feint et une application surveillée soit par Lucie, soit par Teru, soit par Jun. Teru avait tenté de mettre Satoshi dans la boucle, mais ce dernier était manifestement trop tête en l'air pour qu'on lui confie une tâche si "importante". Le pauvre. Dénigré par ses amis et son amant, il venait quand même me tenir compagnie de temps en temps, en râlant parce que je refusais d'allumer la clim. Je ne supportais pas le bruit de l'appareil, ni l'air qu'il brassait. Je me débrouillais avec le chat et ses poils, mais la poussière et les pollens étaient de trop pour moi. C'était donc avec un grand plaisir que j'avais reçu l'invitation de mes beaux-parents à venir occuper leur maison de temps en temps, afin de changer d'environnement. En fait, tout le monde était invité. Je pensais que c'était une manière pour eux de maintenir le contact avec leur fils même s'ils n'étaient pas présents, puisque celui-ci leur en voulait encore pour avoir menacé Satoshi. Aiba m'avait rapporté la scène et si je comprenais les sentiments des uns et des autres, je préférais ne pas m'en mêler. J'avais largement assez à faire avec mes problèmes, et ils étaient assez grands pour se débrouiller. Il fallait quand même qu'ils s'assument. Bien que je savais pertinemment que si le divorce aurait été la solution la plus simple et évidente en France, ça n'allait pas de soi ici. Nous acceptions donc tous plus ou moins cet équilibre précaire qui faisait que mon mari vivait chez son amant tout en continuant de faire comme si nous vivions ensemble. Du moins, officiellement. Le geek m'avait lancé tout à l'heure en souriant que je devrais prendre un amant, histoire de compliquer un peu les choses. Je lui avais répondu en souriant tout aussi largement que s'il se proposait pour le poste, j'y réfléchirai peut-être. Lucie et Teru m'avaient fait de gros yeux, Kazunari, Jun et Sho avaient manqué s'étrangler et Masaki qui jouait avec Nuit avait eu droit aux magnifiques griffures d'un chat pas motivé pour mourir étouffé si jeune. Seul Satoshi m'avait fait un clin d'œil. L'histoire de l'amant était revenue quelques fois sur le tapis. Pas trop souvent quand même, mais assez pour que je comprenne que le sale gosse avait une idée derrière la tête. Aussi avais-je été un peu inquiète lorsque nous nous étions retrouvés tous ensemble dans la maison des Miura à Tokyo. Mais peut-être était-ce également dû au fait que je n'y étais pas revenue depuis que nous l'avions quitté au matin du mariage. Il s'était passé tant de choses depuis... A peine installées (Lucie et moi allions nous partager une chambre, la plus ombragée de la maison, celle dans laquelle Airi et Thierry avaient dormi), j'avais décrété que nous avions beaucoup transpiré et qu'un bain nous serait plus que salutaire. Approuvée sans réserve par mon amie, nous nous aventurâmes dans le couloir-cuisine avec nos serviettes et nos produits de toilette sans croiser âme qui vive. Je soupçonnais Nuit de se planquer à l'abri sous la haie qui suivait la clôture. Nous repartîmes donc vers la salle de bain qui jouxtait notre chambre. Le bain fut mis à couler, et nous nous savonnâmes rapidement avant de nous rincer tout aussi vite pour ensuite nous glisser dans l'eau, chaude certes, mais délicieuse pour nos corps éreintés. Il devrait être interdit d'avoir des problèmes de dos avant de tomber enceinte. Après non plus, remarquez. L'ambiance devint rapidement brumeuse, ce qui nous fit rire car nous avions gardé nos lunettes, comptant rester dans l'eau suffisamment longtemps pour papoter comme dans le bain à bulles de la piscine où nous allions en France mais ne supportant pas de ne voir qu'un monde flou. Vous me direz que flou ou embué, la différence n'était pas grande, mais à nos yeux, elle existait. - C'est trooooop bon ! s'exclama Lucie avec un soupir qui résumait sa pensée. - Oui. Pour être au paradis, il ne manque que les beaux masseurs musclés et une musique douce. - Voilà, c'est ça. Mais après tout, on peut s'en passer aussi. - Mmm, marmonnai-je, trop heureuse de me détendre enfin. - Dis Cécile... - Voui... ? - Je peux te parler de quelque chose sans que tu prennes la mouche ? Je plissai les yeux en la fixant suspicieusement. - Comme si c'était mon genre ! - Ben... un peu quand même... - Je suis pas susceptible, je suis enceinte, nuance ! Allez, vas-y, raconte. Qu'est-ce qui turlupine ta petite tête de luciole ?
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++Lucie++
- Hentaï ! Dehors ! - Désolé, Lucie c’est un cas de force majeur, me répondit la voix de Matsujun, à travers les vapeurs. Si mes lunettes avaient atteint la même température que la pièce et n’étaient plus blanches, le brouillard que nous avions provoqué en nous préparant un bain bouillant était toujours aussi dense. Conclusion, quand la porte de la salle de bain s’était ouverte sur une forme relativement indistincte mais indéniablement masculine ET nue… je n’avais pas pu m’empêcher de crier. - Jun ? On peut savoir ce que tu fous là ? Tu peux pas attendre qu’on ait terminé ? demanda Cécile d’une voix légèrement troublée. - Nan désolé. J’ai reçu accidentellement un soin enveloppant de… ciment. Alors vous m’excuserez ou pas pour l’intrusion, mais le décapage ne peut pas attendre plus longtemps au risque de me transformer en statue. Il s’était assis sur le banc devant la douche et à peine eut-il terminé de prononcer ces mots qu’il commençait à se rincer. - Ite ! Cécile tu fais quoi ? - Regarde-moi au lieu de te tourner pour te rincer l’œil. Je croyais que tu préférais les gabarits plus petits d’abord ? - L’un n’empêche pas l’autre et puis si je me suis retournée, c’est d’abord pour découvrir ce que tu observais avec tant d’attention et qui était de toute évidence sur ma droite ! - Heu les filles ! Vous racontez quoi là ? Je suis sûr que vous êtes en train de me mater. Z’avez pas honte ? - Te mater ? Pour quoi faire ? répliqua mon amie pendant que je sentais ma température augmenter de quelques degrés supplémentaires. Ces deux-là semblaient toujours s’entendre comme chien et chat, du moins ils donnaient vraiment cette impression. Parfois,… Mais… je me souvins soudain que je voulais poser une certaine question à Cécile juste avant l’intrusion du benjamin du groupe. Et suite à la discussion que nous avions eue précédemment tous les deux, je n’allais pas me priver pour poser la question devant lui. - Cécile, y a quelque chose entre Jun-kun et toi ? - La même chose qu’entre Masaki et toi, me répondit-elle du tac au tac. Puis elle grimaça avant d’adresser un sourire à l’homme qui s’étrillait à nos côtés. Suivant son regard, je m’aperçus qu’il s’était tourné sans complexe vers nous pour mieux suivre la conversation. Gênée, je m’enfonçais un peu plus dans l’eau rendue laiteuse par les sels tout en admirant le mur à côté de moi. - Tu pourrais au moins mettre une serviette ! grognai-je alors que Cécile éclatait de rire. - Allez miss, fais pas cette tête ! C'est pas comme s'il allait te sauter dessus ! - Aucun risque ! Je suis pas intéressé par la marchandise... - Hey ! Fais-gaffe toi ! Les femmes ne sont pas des objets, non mais ! Mis à part que j'aurai réagi comme Cécile à ce terme désobligeant - si je n'avais pas été nue dans une baignoire dos à un homme nu, bien sûr... - je ne pus m'empêcher de me faire la réflexion qu'en effet, il n'avait pas l'air intéressé. - Lucie ? Je levai les yeux vers mon amie. - Tu sais ma vieille, ce serait sûrement plus simple pour toi de respirer en mettant le nez au-dessus de l'eau... Mais euh !! C'était la faute de l'autre, qu'est-ce qu'il faisait encore là ? - Jun, mon cher, je crois que tu nous la troubles. Si tu as fini de te laver, tu veux bien sortir ? Histoire qu'elle refasse surface... - Ok, j'ai compris, je sors. Heureusement que j'ai pu me débarrasser du ciment. - Complètement ? Oh ! quel dommage. Ça nous aurait fourni une bonne excuse pour te transformer en bonze. Je suis sûre que tes fans auraient a-do-ré ! - Tss, fit-il avant de quitter la pièce.
(...)
- Lucie-chan ? ... - Nino ? - Tu vas faire quoi maintenant. - Du piano. Tu veux m’accompagner ? - Tu proposes quoi ? me demanda-t-il. Un quatre mains… Le sourire qu’il affichait en disait long sur sa pensée et je m’empressai de préciser. - Un quatre mains… ? Pourquoi pas tant qu’elles restent toutes sur les touches du piano. Autrement tu prends ta DS et tu joues dans ton coin. - Mmm… les deux sont tentants mais j’opte pour le quatre mains, c’est une meilleure excuse pour échapper à la corvée de cuisine… Ouf ! Franchement, j’étais bien contente qu’il me coince dans le couloir alors que je venais de sortir de la chambre, parce que comme ça je n’avais pas à faire le premier pas. Il l’aurait forcément pris pour une invitation alors qu’en réalité c’était un service que je rendais aux autres pour qu’ils aient le champ libre pour la préparation du gâteau d’anniversaire. Ils avaient décidé de fêter les 28 ans du geek en avance puisqu’après ce week-end de détente, ils ajouteraient à leur planning de dingues (pardon d’idoles) la tournée d’été et tout ce que cela entrainerait. Mais ce week-end était donc un week-end de détente tous ensemble et quoi de mieux que de fêter un anniversaire pour l’occasion. Après leur bataille d’eau et de ciment, les garçons étaient rentrés se changer et Jun en sortant de la salle de bain m’avait rappelé ma mission : occuper le geek. Il était à ma grande surprise venu me retrouver un après-midi dans ma cabine, alors que, jusque-là, les seules fois où je l’avais vu à la Jimusho, c’était pour des raisons professionnelles. Il avait attendu que les techniciens sortent de la pièce quelques secondes, pour venir me trouver et me « demander un grand service » : ils voulaient que j’éloigne Nino le temps de faire les préparatifs, et sans me laisser le temps de refuser, il était sorti comme il était entré. Quand, le soir même, j’en avais parlé à Cécile, elle avait su me convaincre que c’était une bonne idée, en me suggérant d’aller nous amuser sur le piano à queue de la maison. Comme ça, si jamais il tentait quelque chose, ils le sauraient et viendraient voir en ne m’entendant plus jouer. Et voilà, nous étions maintenant tous les deux devant le piano et je m’abandonnai à la musique sous son regard perçant.
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++Nino++
Après l’avoir laissée pratiquer gammes et arpèges, une idée me vint et je la lui soumis. - Lucie-chan que dirais-tu de m’aider à composer ? Je t’explique : le thème mélodique, je l’ai déjà depuis un moment et les paroles aussi, mais je n’ai pas encore eu le temps de m’occuper de l’harmonisation. Est-ce que tu accepterais de me filer un coup de main ? Elle hésita un court instant avant de me donner son accord, cherchant sans doute le piège dans ma proposition. Mais le seul piège existant était celui que les autres avaient mis en place et demandait que je la tienne éloignée du rez-de-chaussée et du jardin jusqu’au dîner. En effet Cécile nous avait appris que Lucie venait de prendre une année supplémentaire. Enfin venait… il y avait déjà deux bonnes semaines, mais l’incident d’il y a un mois déjà avait fait passer cet événement aux oubliettes. Alors ce week-end était l’occasion idéale pour fêter cet anniversaire, même un peu en retard, et je voyais en ce moment une chance que m’offrait J pour me rapprocher de Lucie. A moi d’en tirer profit et de faire ce qu’il faut pour… qu’elle me revienne. Enfin c’était loin d’être gagné… Lucie semblait avoir construit une véritable barricade sentimentale face à moi. De plus j’étais surveillé attentivement par Cécile-chan (la preuve : ses allers-retours et ceux de Jun entre la cuisine et la salle de musique sous prétexte de nous apporter à boire à cause de la chaleur). Quand je dis boire, je précise : pas de bière mais de l’eau et plus tard du jus de fruits… Si je dérapais, je ne pourrais sûrement pas accuser l’alcool donc il ne me restait plus qu’à me tenir à carreaux. Et pourtant, ce n’était pas l’envie qui me manquait d’emmener Lucie loin des autres pour qu’une fois tous les deux je puisse vérifier si mes souvenirs avaient été enjolivés par la frustration ou si c’était le reflet de la vérité. Mais si j’étais frustré par la façon qu’avait Lucie de s’esquiver à chaque nouvelle approche physique de ma part, nous discutions plus et… - Nino ? Qu’est-ce que tu penses de cet arrangement ? Oups ! Je m’étais laissé absorber par mes pensées et je n’avais pas entendu la moindre note. - Gomen Lucie-chan. J’étais… ailleurs. Tu peux rejouer s’il te plait ? Lucie reprit et quand elle eut fini je pris note de sa proposition pour pouvoir retravailler dessus plus tard. - Lucie, Kazunari c’est prêt dans cinq minutes… - Cécile-chan… à part toi, seule ma mère m’appelle par mon prénom entier et à chaque fois c’est quand elle a quelque chose à me reprocher… alors… si tu pouvais m’appeler Nino comme tout le monde. - Peut-être un jour… mais pas aujourd’hui. Allez, on n’attend plus que vous en bas et les grillades vont finir par se transformer en charbon si vous tardez plus. - J’en doute, Oh-chan et Sho-kun ne laisseraient pas ce genre de choses arriver. - Peut-être, quoi qu’il en soit, descends ! et toi aussi Lucie. - Oui maman… .
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++ Aiba ++
Tout était prêt. Je m’étais chargé d’allumer le feu sous le barbecue (ma revanche personnelle face à ma défaite du camp d’entrainement) et Teru et Satoshi s’étaient occupés d’installer la table puis d’y apporter viandes, légumes et poissons préparés par les deux chefs en cuisine. Quand Jun nous rejoignit, nous commençâmes la cuisson et bientôt nous fûmes rejoints par Cécile-chan poussant devant elle Nino qui grommelait et Lu-chan. Tout en plaisantant joyeusement nous fîmes honneur au repas et la nuit commençait à tomber quand Cécile et Jun revinrent de la cuisine avec deux gâteaux flamboyant de bougies. C’est alors que nous entonnâmes Happy Birthday pour nos deux amis. Cependant ils ne réagirent pas de la même manière. Si Nino devint tout sourire quand il comprit, au même moment, Lucie, qui avait entonné avec tout le monde, s’était, elle, brutalement tue et avait commencé à reculer quand elle se heurta au buste du Geek qui l’emprisonna entre ses bras avant de lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Quels qu’ils furent, ils entrainèrent un sourire coincé sur les lèvres de Lucie et juste après Nino grimaça à cause du talon qui écrasait consciencieusement ses orteils dénudés. La jeune femme renonça cependant à s’enfuir et Lucie se tourna un instant vers Cécile qui lui tira la langue en retour avant de m’adresser un clin d’œil. - Allez tous les deux, c’est l’heure des cadeaux, alors joyeux anniversaire Lu-chan, dis-je en lui tendant un paquet. Puis je donnai le sien à Nino. Les autres en firent autant et pendant le quart d’heure qui suivit Nino avait arraché ses emballages alors que Lucie dénouait précautionneusement chaque ruban avant d’ôter chaque morceau de ruban adhésif puis d’ouvrir lentement les papiers. - Lucie-chan tu veux que je t’aide ? - Bas les pattes ! Laisse-moi prendre mon temps. Si tu t’ennuies t’as qu’à… Lucie jeta un coup d’œil sur les présents du geek avant d’en attraper un et de lui tendre avant de terminer. - …changer tes cordes et accorder ta guitare pour nous jouer quelque chose. Puis elle retourna à l’ouverture du présent qu’elle avait sur les genoux. Quand elle arriva au mien, elle me regarda d’un air méfiant que son sourire démentait à moitié. Devant elle ne trônait plus qu’une énorme boîte. - Aiba-chan, jure-moi que tu n’essayes pas de trouver un propriétaire pour la dernière portée de tes bestioles avec ce cadeau ! - P…pourquoi ? - Parce que cette boite me rappelle étrangement celle que Cécile a reçu en janvier… et que je ne suis au Japon que pour un an, sans compter que je ne suis jamais chez moi et que la bestiole serait malheureuse… - Ouvre ! Tu verras bien.
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++ Jun ++
J’avais peine à y croire, Cécile m’avait pourtant prévenu mais je pensais réellement qu’elle exagérait. Pourquoi voudrait-on fuir un anniversaire surprise ? Ils s’étaient tous levés pour accueillir les gâteaux et entonner l’hymne international pour cette occasion. Mais alors que nous arrivions tous les deux avec les gâteaux de nos meilleurs amis respectifs, je perçus un lent mouvement de recul de la demoiselle. Elle n’allait quand même pas s’échapper ? Non. Nino avait profité de l’occasion pour l’enlacer subrepticement, l’empêchant momentanément de fuir. Le temps qu’elle se libère, nous étions arrivés jusqu’à eux et Cécile se posta devant elle, bloquant sa nouvelle tentative. Le regard noir que Lucie lui jeta et la réponse de gamine de Cécile auraient tout à fait eu leurs places dans la cours d’une école maternelle, mais exécutés par deux trentenaires, ils eurent pour moi quelque chose d’irrésistiblement drôle et je posais rapidement le gâteau de Nino de peur de gâcher son décor à cause d’un fou rire. - N’oubliez pas de faire un vœu avant de souffler, dit Sho. Après un regard de connivence, les deux prirent une grande inspiration et… soufflèrent les bougies de l’autre. Ensuite, nous offrîmes les cadeaux et ils les ouvrirent chacun selon leur habitude. Nino semblait à peine voir ce que nous lui avions offert mais classait chacun d’eux selon ses trois catégories habituelles : tas jeux, tas fringues, tas autres, remerciant rapidement son donateur avant de s’occuper du suivant. Lucie prenait son temps pour découvrir, apprécier les efforts ou non d’emballage des uns et des autres avant de remercier chaleureusement la personne qui lui avait offert. Nino lui avait dédicacé un coffret en édition limité des Lettres d’Iwo Jima, Cécile, offert un pendentif qui me semblait assorti à l’une des paires de boucles d’oreille qu’elle mettait souvent. - Oh merci, Cécile ! Je ne le ferai pas tomber cette fois, promis ! s’exclama la jeune femme avant d’enlacer son amie. Sho lui avait offert deux places pour l’avant-première de son film cet été et moi j’avais déniché un de nos albums collector que je savais qu’elle ne possédait pas dans sa CDthèque. Je l’avais entendue en discuter avec Masaki lors de notre sortie au zoo et j’étais tombé par hasard dessus dans le bac d’un petit disquaire en visitant mes parents l’autre jour. Restait l’énorme boîte que notre baka lui avait tendue au début de la remise des présents. Lucie semblait s’en méfier et c’est avec encore plus de délicatesse et de précautions que pour les précédents cadeaux qu’elle entreprit de dénouer le ruban qui avait été noué autour. Puis elle ôta légèrement le couvercle et jeta un œil à l’intérieur avant qu’un sourire ne mange son visage, qu’elle ne traite Aiba-chan de « baka » et qu’elle ne lui saute au cou, à la surprise générale, pour lui faire une bise. Aussi vite qu’elle s’y était suspendue, Lucie se décrocha d’un Aiba stupéfait puis sortit le cadeau qui l’avait fait si soudainement réagir : il ne s’agissait que d’une énorme peluche blanche. Je devais vraiment avoir l’air intrigué par le comportement de la demoiselle puisque Cécile glissa à mon oreille. - Ça devait lui manquer. En France, elle a rapporté chez ses parents toute sa collection avant de venir et son lit en était totalement recouvert quand nous vivions ensemble.
- Bon Nino… Tu te décides à inaugurer tes nouvelles cordes ? demanda Lucie, sa peluche dans les bras.
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++ Teru ++
- Tu ne veux pas venir te coucher ? Je grognai doucement sans détourner mon regard. Il écarta suffisamment le panneau qui séparait la chambre de l'espèce de réduit-balcon-véranda où je me tenais pour venir me rejoindre. Je sentis sa chaleur contre mon bras, et sa main glissa derrière ma nuque pour se poser sur l'épaule que j'avais appuyée à la fenêtre d'où je contemplais le temple voisin. Son autre main vint caresser mon menton et épouser ma joue pour réorienter mon visage vers lui, me forçant à le regarder. - Teru, tu comptes passer la nuit ici ou tu viens dormir avec moi ? Je souris doucement devant son air interrogatif et ses yeux inquiets. - Sato, dis-je en dégageant mon bras pour le passer autour de sa taille et le coller un peu plus à moi, je ne suis jamais aussi bien que lorsque je suis dans tes bras. Je n'ai pas l'intention de dormir ailleurs. Mais j'ai toujours aimé m'installer ici pour regarder le temple. C'est apaisant, non ? - Mmm. Je ne le sentais pas convaincu. Nous avions tous rejoint nos chambres après avoir pris une bonne douche et nous être mis en yukata, les filles dans celle du bas, parce que c'était celle qui restait la plus fraîche quand la température montait à l'extérieur, et nous en haut. La chambre que Sato et moi occupions était la plus grande, mais Nino et Aiba-kun avaient expliqué qu'ils pouvaient ouvrir les panneaux menant à la pièce du piano, et qu'ainsi ils auraient plus d'espace. Nous leur avions donc installé des futons dans cette chambre-là, et je me retrouvais avec mon amant dans la chambre de mes parents. Je n'avais sérieusement pas cru qu'ils nous laisseraient dormir seuls tous les deux, et ce n'était donc qu'en entrant dans la chambre que j'avais saisi que la première nuit que j'allais passer avec mon amant sous le toit de mes parents serait dans leur lit. L'idée me dérangeait un peu. J'avais envie de me réconcilier avec eux et j'appréciais qu'ils aient fait le premier pas en m'ouvrant leur maison sans m'imposer leur présence. Cécile avait refusé de se mêler de cette histoire mais m'avait dit qu'elle les aimait bien et qu'elle ne refuserait pas de les voir, que ce soit avant ou après la naissance de notre enfant. Et qu'elle espérait bien que celui-ci ne serait pas écartelé entre les membres de sa famille. J'avais compris le message et attendais juste une occasion de pouvoir les rencontrer en paix. Un gémissement sensuel me tira de mes pensées, et j'ouvris les yeux pour me rendre compte que l'homme de ma vie était toujours contre moi, mais que la main qui plaquait son bassin sur mon torse avait glissé le long de ses jambes pour remonter sous le vêtement et caresser ses fesses si douces, et que sa sœur avait aidé mon nez à écarter le tissu qui recouvrait son torse, lui permettant de humer son odeur qui m'enivrait, tandis que ma langue taquinait les muscles fermes de ses abdos. Il était indécemment sublime, et mes préventions s'envolèrent, ne me laissant que l'envie que j'avais de ressentir encore une fois la passion qui nous animait lorsque nous faisions l'amour. - Satoshi... Je ne pus en dire plus ; il s'était penché vers moi, ses mains avaient encadré mon visage et sa bouche avait entamé avec la mienne une bataille qui se solda par un match nul en nous laissant haletants. Avant que je ne puisse même penser à dire quelque chose, il s'était retrouvé à genoux devant moi, écartant les pans de mon propre yukata en dénouant ma ceinture, et ses mains se perdirent sur mes cuisses comme ses lèvres sur ma longueur impatiente. Je me sentis prendre de plus en plus de place dans sa bouche attentionnée, et ses ronronnements m'envoyèrent des ondes électriques qui irradièrent tout mon corps. - Satoshiii!! grondai-je tout bas. J'avais instinctivement écarté davantage mes jambes, le laissant agir à sa guise. Et j'avais refermé la cloison donnant sur la chambre, bâtissant l'illusion d'être seuls au monde, lui et moi. Ses mains habiles empruntaient de savants chemins pour me faire frissonner, et je ne réalisai qu'il avait introduit ses doigts en moi qu'en les sentant frôler ma pelote de nerfs. J'eus toutes les peines du monde à réprimer mon cri et en baissant la tête pour comprendre pourquoi il ne bougeait plus, je le vis me fixer, souriant largement, avant de se relever et se rapprocher de mon visage. - Chhh, vilain garçon, les autres vont t'entendre, et ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ? Il avait accompagné ses mots de quelques caresses internes qui me firent grogner de plaisir. Mais sa bouche captura la mienne pour étouffer mes bruits, et après un dernier attouchement, il retira sa main et m'obligea à rapprocher mes genoux avant de les enjamber pour s'y asseoir. Il passa ses bras autour de mon cou et se mit à laper mon nez par petites touches. - J'ai envie de toi Teruki-chan. Il plongea dans ma gorge puis son souffle escalada mon cou pour venir chatouiller mon oreille. - Prends-moi, mon amour. Fais-moi toutes ces choses dont tu rêves depuis que tu m'as arrosé pendant la bataille d'eau. l me susurrait ces mots mais c'était lui qui se soulevait et me saisissait pour s'empaler sur moi. Il esquissa une grimace d'inconfort mais reprit mes lèvres aussitôt pour noyer nos deux gémissements dans un même baiser.
Très vite, malgré ses efforts pour me caresser de toute son intimité, je le sentis chanceler, gêné par l'exiguïté du lieu. Aussi le soulevai-je pour l'obliger à se retourner avant de le rasseoir dos à moi. Il m'avait enfoui en lui profondément et je plaquai ma bouche sur sa nuque pour assourdir le râle qu'il avait fait naître. Il bougeait plus fluidement ainsi et je me sentis devenir encore plus excité, encore plus demandeur. Je le voulais si ardemment, si tendrement, si violemment ! J'avais envie de lui crier combien c'était bon, comme il était chaud, et à quel point j'aimais ça, lui faire l'amour dans cet espace étroit et inconfortable. Mais ne le pouvant pas, je me contentai de le forcer à se relever en suivant le mouvement et, lui faisant plaquer ses mains au mur devant nous, je me mis à marteler son corps avec ardeur. L'une de mes mains était occupée à le masturber avec application tandis que l'autre retenait les sons qui voulaient s'évader de ses lèvres. Notre rythme accéléra encore juste avant que je ne le sente se cabrer dans mes bras et que sa jouissance ne vienne éclabousser ma main et le siège qui faisait face à celui où j'avais été assis. Je ralentis alors mes mouvements pour savourer les derniers instants avant ma propre acmé, me délectant des halètements qui lui échappaient par bouffées puis perdant pour quelques secondes le compte de ses battements de cœur. Quand mes sens me revinrent, j'étais toujours en lui, ne souhaitant échanger ma place contre rien au monde, et il me fallut plusieurs minutes pour reprendre pied et me laisser retomber sur mon banc. Il suivit le mouvement et s'installa sur mes genoux le temps de récupérer son souffle et son yukata. Puis il se leva et rentra dans la chambre. - Viens te coucher, Teru, me dit-il en se retournant à demi. - Mmm, grognai-je, incapable encore d'articuler le moindre mot.
Il refit le chemin en sens inverse et me prit la main pour m'attirer à l'intérieur. Je me laissai faire, trop plein encore des sensations qu'il m'avait fait partager. - Sato?... Je t'aime, tu sais. Nous nous étions allongés l'un contre l'autre et j'avais ma bouche posée dans ses cheveux. L'odeur de son shampoing me berçait agréablement. Une foule de souvenirs me revenait à chaque inspiration. Et la nostalgie me rendait sentimental. - Je sais. ous restâmes un long moment ainsi et je pensais qu'il s'était endormi lorsque sa main se mit à frôler négligemment ma fesse. - Teru, de quoi Sho voulait-il tant te parler tout à l'heure ? C'est pas pour évoquer vos souvenirs d'enfance qu'il t'a traîné à l'autre bout du jardin, n'est-ce pas ? - Pourquoi tu demandes ça ? Je ne te savais pas si curieux. - C'est que... Il hésita un instant. - Quand tout le monde s'est réuni pour manger... Tu n'as pas quitté Cécile-san des yeux, et je me suis demandé si ça avait un rapport, c'est tout. - Jaloux ? - Non, juste curieux. Je me tournai pour me mettre sur le dos mais il m'accompagna et se retrouva au-dessus de moi. Sa chaleur et son poids posés sur mon ventre et mes cuisses me tentaient, de même que son regard incendiaire que je devinais au son de sa voix. Mais je décidai que le temps était passé des câlins langoureux et je satisfis sa curiosité à défaut de sa libido. - Il voulait m'informer que Cécile lui plaisait et qu'il ferait tout pour la séduire. - T'informer ? Pas te demander l'autorisation ? - Non, non, juste m'informer. - Eh ! bien... Elle doit sacrément lui plaire alors. Ou il t'en veut d'être avec moi. Il s'abaissa sur moi. - J'espère que c'est la première solution. - Tu n'as pas envie qu'il m'en veuille ? - Non. Je serais content que Cécile-san trouve quelqu'un de bien. Quelqu'un comme Sho-kun ne serait pas mal. ...Tu n'aimerais pas ? - ...Je pense que si, en effet. Mais je n'ai de toute façon plus rien à y redire. Et l'heure n'est pas à ce genre de conversation. Bonne nuit Sato-chan. - Oh ! oui, elle va être bonne, mon chéri. Mais je ne vais pas te laisser dormir tout de suite ! Avant que j'aie pu protester, il avait relevé ma jambe et s'était redressé pour glisser brièvement ses doigts en moi, testant la préparation qu'il m'avait prodigué un moment plus tôt avant de repousser mon sommeil en me pénétrant avec précaution mais sans qu'il me soit possible de l'en empêcher. Sa main s'arrima à ma bouche dès qu'un soupçon de gémissement fit mine de vouloir s'en échapper et je fus rapidement forcé de m'abandonner à son désir impérieux, modulant les ondulations de mon corps au rythme endiablé imposé par ses reins. Satoshi savait bien des manières de retenir l'orgasme qui me guettait à chaque fois qu'il se glissait en moi, et il prit tout son temps pour nous faire atteindre le septième ciel. Ce ne fut que longtemps après, alors que nous étions en sueur, épuisés de tant d'activité et de retenue, que je réalisai que nous venions de faire (sauvagement) l'amour dans le lit de mes parents. Mais trop fatigué, je reportai au lendemain mon questionnement sur les implications d'un tel acte, et s'il devait vraiment en avoir, et m'endormis en ayant vaguement conscience que mon amant marquait sur mon torse de nouvelles traces de son désir.
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Samedi 4 Juin, Cher Journal, Contrairement à Cécile qui s’est endormie à peine sa tête posée sur l’oreiller, j’éprouve une nouvelle fois le besoin de taper quelques lignes pour me vider la tête. C’est la première fois depuis mon arrivée au Japon que j’ai un vrai week-end complet de congé. L’idée de le passer avec les Arashi et Nino en particulier m’avait un peu angoissée mais si cette première journée a été riche d’événements, elle a définitivement été positive dans son ensemble. Evidemment voir débarquer Matsujun en tenue d’Adam dans la salle de bain m’a prise au dépourvu mais après tout c’était lui qui était entré en sachant qu’il trouverait derrière la porte deux femmes dans leur plus simple appareil et non moi qui lui avais imposé ma présence. J’avais poursuivi l’après-midi en compagnie de Nino croyant devoir l’occuper et sans me douter qu’il faisait la même chose. Quand les cinq autres avaient entonné « Happy Birthday », Cécile et Jun portant chacun un gâteau j’avais rapidement compris que cette dernière n’avait toujours pas renoncé à fêter mon anniversaire malgré le fait qu’il soit passé. Même si je ne l’avouerai à personne mon meilleur cadeau furent les bras de Nino autour de ma taille à ce moment-là… Après la dégustation des desserts, Nino et Aiba s’étaient fait un plaisir de jouer pour nous sur leurs guitares respectives... Enfin nous avions décidé de rentrer nous reposer et après avoir envoyé Riida et Aiba (nos deux perdants) faire la vaisselle nous avions une nouvelle fois occupé l’unique salle de bain pour nous préparer pour la nuit. Pendant un moment j’avais entendu les pas des uns et des autres dans l’escalier de bois mais maintenant la maison semblait plus ou moins silencieuse. Il est temps d’aller dormir afin d’être capable d’affronter la journée de demain.
Je venais d’éteindre Shiba, et décidai d’aller boire un verre d’eau avant de rejoindre mon lit quand je perçus des bruits de pas croître puis s’atténuer en direction de la cuisine. Je préférai attendre que le noctambule remonte pour aller me désaltérer mais ce dernier ne semblait pas décider à rejoindre ses camarades. De guerre lasse, je sortis de la chambre, priant pour ne pas tomber sur l’un des deux plus jeunes Arashi. Ce n’était pas que ma tenue était indécente, mais la souris en chemise et bonnet de nuit qui était imprimée recto et verso sur la mienne me faisait paraître définitivement gamine. Avant de sortir, j’attrapai un vêtement que j’enfilai pardessus mon T-shirt. Quand j’entrai dans la cuisine, je tombai nez à nez avec Matsujun. - Lucie-chan ? Un problème avec Cécile-chan ? - Non aucun. Elle dort, et j’avais soif. En disant ces mots, j’ouvris le frigo pour faire machinalement l’inventaire de son contenu. Je le refermai tout aussi rapidement sans en avoir rien prélevé. - Une infusion, ça te tente ? me proposa mon compagnon. Alors que j’allais refuser pour ne pas l’embêter, il me désigna un théière fumante. S’il avait été si long, c’était qu’il avait préparé une boisson chaude. - Volontiers si ça ne te prive pas. Il me tendit rapidement un verre et j’attendis que ma boisson atteigne la température idéale pour mon palais. - Tu n’arrivais pas à dormir ? - Non… trop de bruits autour de moi et je ne me sentais pas assez calme. - Du bruit ? - Sho s’est instantanément endormi et ses ronflements additionnés aux bruits que fait Nino en jouant me tapaient sur les nerfs ce soir. - Désolé pour les bruits, J. Y a encore quelque chose dans la théière ? - Vas-y ! Sers-toi. Je n’avais pas pu m’empêcher de sursauter légèrement quand la voix du gamer avait retenti dans mon dos. Quand il sortit une tasse du placard, je réalisai que Jun ne l’avait pas fait pour moi. S’attendait-il à ce que son ami le rejoigne ? Cela expliquerait aussi la quantité de liquide qu’il avait préparée. - Au fait, Lucie… ton pull est à l’envers… sourit le nouvel arrivant. Bon, rien ne me serait épargné ce soir et la souris que je ne voulais pas exhiber fut exposée aux regards curieux des deux hommes. A mon grand soulagement, ils ne firent aucune remarque et je m’empressai de détourner la conversation. - Au fait, pourquoi il n’y a que vous deux qui êtes incommodés par les ronflements de Sho-kun ? - Parce que Masaki a l’habitude… son frère ronfle aussi. - Et alors, comment vous allez faire ? - Boules Quiès. C’est le moyen le plus rapide et le plus efficace. Nos verres étaient vides à présents et je sentis soudain le sommeil s’imposer. Je posai mon verre dans l’évier et les deux autres en firent autant. Nous nous dirigeâmes de concert vers le couloir et une fois devant ma porte, Jun me souhaita une nouvelle fois bonne nuit avant de se diriger vers l’escalier. Nino lui se pencha un instant vers moi et me souffla quelques mots à l’oreille avant de rattraper son camarade. Alors que je me glissais sous les draps, j’entendis une nouvelle fois sa voix pointue résonner dans ma tête. «La souris… elle est mignonne… »
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++Sho++
Le gazouillement des oiseaux s’était doucement insinué dans mon esprit, je reprenais lentement conscience et, petit à petit, ouvrais mes oreilles à d’autres sons. Il y avait les respirations paisibles de mes cadets qui dormaient à mes côtés, le lointain tic-tac d’une horloge que les parents de Teru avaient rapporté de France et enfin le bruissement de la ville qui s’éveillait autour de nous que je pouvais percevoir en arrière fond. J’ouvris les yeux et regardai autour de moi. Quand je m’étais couché, Jun et Aiba s’apprêtaient à partager le lit et Nino jouait avec sa DS, vautré sur l’autre futon. Quand je me levai pour aller satisfaire un besoin naturel, je m’aperçus que le second futon n’était plus là. Au retour de mon expédition, je trébuchai sur le fameux futon et son occupant que je n’avais pas vu en traversant la pièce au piano à l’aller. En me redressant, il me sembla que la forme enroulée dans la couette était bien plus grande qu’elle n’aurait dû, mais ce n’est qu’en revenant dans la chambre que je compris pourquoi. Dans le lit, je distinguai Nino et Jun, blottis dans la même configuration qu’en février dans mon canapé. Comment et quand Kazunari et Masaki avaient interverti leurs places, je l’ignorais mais, n’ayant plus sommeil, je décidai de descendre et profiter du calme que m’offrait le sommeil de ces trois-là. En arrivant au rez-de-chaussée, je m'arrêtai pour écouter les bruits, mais tout semblait calme. J'étais vraiment le premier levé ? Enfin, tant mieux, ça me laisserait le temps d'envoyer deux trois mails et de lire le journal avant que quelqu'un, qu'il ne valait mieux pas être moi, s'occupe du petit-déjeuner. Bonjour Sho ! Je levai les yeux en dépassant l'entrée et vis une silhouette affairée entre l'évier et les feux de cuisson. - Bonjour Cécile-chan. ...Il n'est pas un peu tôt ? - Disons que j'ai préféré me lever plutôt que de compter les cases de la porte. Ok. Euh... pourquoi on chuchote, au fait ? - Parce que Lucie dort encore. Puisque tu es là, tu veux bien emmener la théière dans le salon s'il te plait ? - Bien sûr ! m'écriai-je en allant récupérer le pot fumant. Je la suivis non sans avoir remarqué le sourire avec lequel elle m'avait regardé. Elle avait un air si maternel et si doux... Je repensai à la stratégie de Nino qui me conseillait de la séduire par petites touches successives, poussant chaque fois mon avantage un peu plus loin. Je n'étais pas sûr de sa méthode, mais après tout, pourquoi ne pas tenter ? - Tu veux que j'ouvre la porte sur le jardin ? - C'est gentil, oui. Je poussai le panneau coulissant et respirai l'air frais qui pénétra dans la pièce. - J'adore cette odeur, dis-je en me retournant pour la rejoindre à table. Il y a la même chez mes parents, et ça me fait retomber en enfance. Leur maison est un peu plus loin dans la r... Je ne pus finir ma phrase, trop concentré sur mon équilibre que le chat filant entre mes pieds venait de me faire perdre. Quand le monde cessa de bouger, je me rendis compte que j'étais à genoux à côté d'elle et qu'elle riait aussi silencieusement que possible. - Ça va, Sho ? Tu ne t'es pas fait mal ? Nuit est une petite crapule, elle adore aller dehors. Je suis désolée. - C'est... c'est bon, merci. J'étais fasciné par son rire et les étincelles qui brillaient dans ses yeux. - Un petit café pour te remettre ? - Je... je... merci. Je pris la tasse odorante et en profitai pour rester où j'avais atterri. - Ça tombe bien que tu sois levé. Les autres ont l'air de vouloir jouer les marmottes, mais tu vas me servir de témoin. - Témoin ? - Oui. Tu vas pouvoir témoigner à Lucie et Jun que j'ai bien pris mes médocs. Quand je les prends toute seule, il faut que je leur prouve par A + B que je ne les ai pas oubliés. Et ça me soûle. Elle me montra les comprimés et leur nombre et avala le tout sous mes yeux. - Je peux te poser une question ? - Sur ? - J'avais l'impression que vous ne vous entendiez pas si bien, Jun-kun et toi. Et... ce sont vos ex qui se sont mis ensemble... J'étais mal à l'aise avec ce sujet, mais leur relation ne cessait de m'étonner. - Jun a un sale caractère, mais il est gentil, dans le fond. Un peu comme moi, quoi. - Tu as un caractère charmant. - ça, mon grand, c'est parce que tu ne me connais pas, sourit-elle avant que son regard ne se perde dans le vide. Et puis, il comprenait très bien ce qui m'arrivait. - Cécile-chan... Je m'en voulais d'avoir soulevé ce sujet. Mais elle se reprit plus vite que je ne l'aurais cru et me regarda droit dans les yeux. - Dis-moi, tant qu'il ne fait pas trop chaud, et puisqu'ils ont l'air d'être extrêmement endormis, ça te dit qu'on aille se balader après manger ? - Tous les deux? - Eh! bien, on peut emmener Nuit, si tu as peur que ma compagnie ne soit pas suffisante. - Non, non ! c'est très bien ! Et... je te montrerai le parc où nous allions jouer avec Teru. Il y a un bassin au milieu, et toujours plein d'enfants autour et dedans. - J'ai hâte de voir ça ! Petites touches par petites touches, c'était ce que je ferai.
- Maison de Tokyo répartition juin 2011:
A dimanche prochain! | | | Dim 2 Fév - 11:32 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour à tous, à toutes! Aujourd'hui, nous sommes dimanche et je poste!!! Le chapitre du jour est une sorte de tournant dans cette fiction, un certain nombre de mystères va y être résolu et l'histoire va avancer dans le temps. J'espère vraiment que vous me laisserez vos impression ici ou en MP, alors sans plus attendre je vous laisse à votre lecture. PS: A votre avis, qui est représenté par quel animal... - Chapitre 36:
++Nino++
- …no !... bout !…iès !... J’enfonçais ma tête encore plus profondément dans mon oreiller, cherchant à fuir le bourreau qui insistait pour me faire quitter mes rêves. On était en congé ! Je voulais dormir ! Mais mon oreiller se mit soudain à se mouvoir à son tour et je sentis tout le lit trembler, m’obligeant à ouvrir les yeux quand je me sentis tomber. Une fois la chute terminée, j’étais au sol, entravé par la couette, et je vis une forme aux contours définitivement juniens s’approcher de mon visage. Mon réflexe fut de mettre les mains sur mon visage. Mais il trouva le moyen d'envahir mon espace personnel en fourrageant dans mes oreilles. - Nino ! Debout ! Le monde cotonneux qui m’entourait jusqu’alors ne me parut soudain plus aussi douillet, agressé auditivement par le nasillement surexcité de Masaki. - Ma-chan… laisse-moi dormir s’il te plait… , tentai-je. - Je vous ai laissé dormir Jun et toi plus que de raison et si tu ne te lève pas, je laisse Cécile-chan s’en charger, maintenant qu’elle est revenue de sa balade avec Sho. Cécile et Sho ensemble ? Une balade en tête à tête ? Voilà qui était digne d’intérêt… ça et l’absence d’envie de la voir se pointer, elle et ses airs de commandant en chef, pour me tirer de sous mes couettes. - OK… je me lève… Nous descendîmes tous les trois quelques instants plus tard. Il était évident que Jun n’avait pas été tiré du sommeil beaucoup plus tôt que moi, à la tête bougonne qu’il affichait, mais les autres l’étaient de toute évidence depuis un moment. Cécile, Sho et Lucie étaient même habillés. En nous voyant arriver et après nous avoir salué, Teru quitta la pièce, suivi de près par Riida qui marmonnait quelque chose au sujet de la salle de bain. Je m’infiltrai entre Lucie et Masaki pour attraper un verre et le remplir de thé glacé. La discussion était joyeuse et portait sur les différentes activités que nous pouvions faire cet après-midi. - Moi, je propose sieste ! C’était Riida qui venait de parler tout en pénétrant dans la pièce, un sourire satisfait étirant ses lèvres. Que venait-il encore de fabriquer… ? Cette pensée ne m’inspirait en réalité aucune curiosité. Je m’étais aperçu que je n’avais plus autant d’intérêt pour ses ébats pervers depuis qu’il ne jouait plus avec J. - Au fait, Masaki… Comment ça se fait que j’ai manqué de t’écraser ce matin ? demanda soudain Sho. - Parce que t’es pas doué… proposai-je. - La ferme Nino ! En fait, non… Tu peux peut-être répondre aussi. Pourquoi est-ce qu’Aiba-chan était dans ton lit ce matin ? - Sûrement parce qu’il y était déjà quand je suis remonté dormir cette nuit après le thé de J, tiens. - Et, dans ma grande bonté, je l’ai accueilli, même si ce matin il a tenté de me défoncer la cage thoracique à coup de boule en me confondant avec son oreiller… à cause de toi d’ailleurs… Jun avait enchéri avant de se tourner vers Masaki.
-Flash Back-
Il était vrai qu’hier soir quand nous étions arrivés à l’étage, j’avais perçu deux types de bruits facilement identifiables provenant des deux chambres. Par réflexe, j’avais poussé rapidement Jun vers les ronflements. - C’est bon Kazu, j’ai dépassé ça, m’avait soufflé Jun avec un sourire. - Peut-être, mais j’ai pas envie d’en savoir autant moi, lui avais-je rétorqué. En entrant, je m’étais jeté sur mon sac pour en sortir les boules quiès que j’avais prudemment emportées, ne sachant comment nous serions répartis mais prévoyant le pire. J’en avais tendu une paire à Jun avant de constater la disparition de mon futon. - Aiba a déménagé, avait constaté Jun avant de m’inviter à le rejoindre. Une fois couchés, nous nous étions enfoncé les bouchons isolants dans les oreilles et c’est en entendant le bruit de la mer que je m’étais endormi.
- Fin du FlashBack -
- C’est de votre faute ! J’ai été réveillé par une brusque envie. Au retour, j’ai occupé le premier lit qui était le futon de Nino. Comme je trouvais que Sho faisait beaucoup de bruit quand même, j’ai déménagé… Voilà ! expliqua Aiba-chan. - T’aurais pu réveiller Sho et le dégager de la chambre aussi constata, Jun. - Nan… trop fatigué pour. D’ailleurs, je vous ai même pas entendu revenir…
La matinée étant déjà bien avancée, les filles nous confièrent la préparation du repas (encore sur barbecue, puisqu'il était construit, autant s'en servir, ne ?) et Cécile demanda l'aide de Lucie pour une traduction axée sur la musique. Cela fit d'ailleurs râler Teru. - Cécile, tu comptes bosser jusqu'à quand exactement ? Tu veux pas lever le pied ? - L'accouchement est prévu pour le 6 décembre, donc jusqu'à mi-novembre. Eh ! On n'était pas sortis de l'auberge ! Je m'étais rajouté dans les tours de surveillance de la femme enceinte, mais si ça devait durer jusqu'en décembre, ce serait long ! Les filles nous renvoyèrent très vite dehors et j'en profitai pour coincer notre rappeur afin de l’interroger sur ses avancées du matin. - Alors Sho, ça avance. Tu l'as embrassée ? - Non ! - Pris la main au moins ? - Mais tu me prends pour quoi ? - Un mec amoureux. - Nino ! Je connais beaucoup de monde dans ce quartier ! Sors de cette maison, fais cent mètres et tu es devant chez mes parents ! Si je prends la main d'une femme dans la rue, je ne donne pas cinq minutes à ma mère pour en être informée, une heure pour prévenir toutes ses amies et une demie journée pour commander les kimonos de cérémonie ! - Bon, entendu, évite de le faire en public. Seulement, tu sais, si je t'ai dit d'y aller doucement, c'est à cause de ta réserve naturelle avec les femmes. Mais si tu sens que ça passe bien, vas-y, laisse-toi porter par le mouvement, l'ambiance du moment, tout ça. C'est pas une oie blanche non plus. Va la voir un soir pour lui tenir compagnie. Si elle te laisse dormir sur un coin de canapé... pousse ta chance ! Il grimaça mais finit par hocher la tête. C'est vrai que j'avais un peu oublié les paramètres "parents" dans cette histoire, mais... je devais avouer que mon but premier, tout au début, ça avait été de me rapprocher de Lucie. Ça avait marché puisqu'on avait squatté chez elle et que j'avais ainsi pu découvrir son intérieur, très féminin et très musical. Et si je pouvais en plus aider mon ami à séduire la femme qu'il aimait, c'était tout bénef'. - Sho-chan ! Je pense que t'as toutes tes chances ! - Eh ? Le rappeur regardait Ma-chan avec de grands yeux. Notre ami venait de débarquer près du barbecue que nous avions rejoint et son excitation me fit mettre les plats à l'abri tandis que Jun le calmait radicalement en l'emprisonnant dans ses bras. - De quoi tu parles ? - Cécile-chan. Les filles discutaient à l'intérieur, et je les ai entendues appeler Sho-chan "Magnum". - Ah ! s'écria Teru. C'est vrai qu'elles en avaient parlé au concert. Et ça m'avait même rendu un peu jaloux d'entendre Cécile s'extasier devant ta bouche et ta voix grave. Je glissai un regard vers le trader. Il était d'accord pour laisser Sho approcher de sa femme ? Et, mieux, Cécile-chan avait déjà trouvé Sho à son goût ? Parfait ! - Et les brochettes, elles cuisent toutes seules ? La voix de Lucie s'était élevée derrière nous avec une certaine moquerie. - Teru nous disait que Cécile aime les magnums. - Teru, t'es un vrai mammouth, tu sais ? fit la jolie blonde. - Laineux, le mammouth, renchérit son amie. Frileux, miro, pataud, confortable... - Hey ! - Un problème Teru ? Dis Satoshi, tu n'es pas d'accord avec moi ? Riida posa les brochettes qu'il tenait sur la grille et regarda alternativement les deux époux. - Je suis assez de ton avis, oui. Un adorable mammouth.
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++Jun++
- Oï !! Vous vous foutez de moi là, c'est ça ? - C'est bien ce que je disais : un taureau. Agitez un chiffon rouge devant son nez, et il fonce. Cela faisait un bon moment que la vaisselle était terminée, et après une petite sieste -à l'évidence crapuleuse pour le Double T- nous nous étions retrouvés autour du billard que Teru nous avait fait installer dans le séjour. Nino avait fait remarquer à Oh-chan qu'il n'était pas obligé de marquer si visiblement le torse de son amant. Surtout quand ça débordait sur les bras et le cou. Toshi avait répondu que Teru était sa plus belle œuvre d'art et je n'avais pas eu besoin que Ma-chan soulève le T-shirt de la victime et révèle un étrange poisson pour savoir que l'observateur-Nino avait raison. Riida avait toujours rêvé de me marquer ainsi, mais notre boulot devant les objectifs l'en avait empêché. Il se rattrapait à présent. Lucie-chan avait ajouté "attentif" au "marmouset" trouvé par Cécile. Je trouvais alors que le petit singe correspondait assez au gamer. Jusqu'à ce qu'elles me comparent à un taureau... - Lucie, dit Cécile, tu vas lui faire de la peine. Il est sensible ce petit ! - Mais il fonce dans le tas, on est d'accord ? Je regardai mon amie en espérant qu'elle n'irait pas dans le sens de la blonde. Hélas, elle approuva, et pendant que je grognais, Aiba-kun sautait sur place en réclamant un surnom à son tour. Sho avait failli hériter d'un "autruche organisée" pendant le repas, motivé par son goût pour l'ordre. L'animal tenait moins à son côté hautain et têtu qu'à sa capacité à courir très vite quand il avait la trouille. Et cet aspect de sa personnalité était connu des filles grâce aux séances dans les maisons hantées. Sho leur avait manifestement fait une impression durable quand Lucie avait exhumé cet Himitsu. Mais Cécile réussit à faire changer le volatile pour un "castor" tout en admettant qu'il était un garçon "maladroit". Elle avait argué qu'il était plus facile d'améliorer le qualificatif que le totem. J'étais assez d'accord et je trouvais donc d'autant plus injuste de me retrouver en bovin. - De quoi tu te plains ? C'est mâle, un taureau, ça respire la testostérone ! Je décidai d'ignorer les sarcasmes du marmouset et rejoignit la cuisine où je préparai des boissons pour tous. Toshi vint me rejoindre et posa la main sur mon bras. - Jun, je suis d'accord avec elle. Pour le taureau et pour le sensible. - Et c'est vrai que toi, tu me connais par cœur ! - Non... En tout cas, pas comme je le pensais. Je levai un sourcil interrogatif. Parce que j'étais sûr, moi, qu'il était l'une des personnes qui me connaissaient le mieux. - Je n'aurais jamais cru, expliqua-t-il, que tu laisserais un type comme Fujiwara-kun te séduire. Ce mec est malsain, Jun. Je ne prétends pas te dire ce que tu dois faire ou non, mais... méfie-toi de lui. Je souris avec un mélange de satisfaction et d'ironie. - Il est parti travailler à Osaka. Il ne reviendra pas à Tokyo de sitôt. - Osaka ? - Oui, confirmai-je avant de prendre le plateau de boissons et de me pencher vers l'oreille de Riida en passant à côté de lui. Et pour ton info, je n'ai jamais laissé Ginta-kun m'approcher. C'était son trip, peut-être même son rêve, mais je ne suis pas maso. Tu me connais, "lion aérien". - Mais... ton foulard... - Je l'avais perdu et il l'a ramassé. Le lion, qui avait gagné son surnom à cause de sa crinière fauve et de sa manière de danser qui avait visiblement marqué Cécile, sembla totalement scotché par ce que je venais de lui apprendre. Et je rejoignis les autres qui s'étaient déjà répartis en équipes pour se lancer dans la partie de billard en repensant au frisson qui m'avait saisi quand j'avais vu la lueur dans les yeux de Ginta ce jour-là. Jamais je n'aurais accepté ses avances ! - Golden inventif ! Je regardai Aiba par-dessus mes lunettes avec un air qui devait tout dire, parce qu'il répéta. - Je suis un "golden inventif" ! C'est super, non ? - Euh... oui, certainement. Fidèle, joueur et tout fou... Oui, ça lui allait comme un gant. La journée se poursuivit dans la bonne humeur et quand il fallut nous séparer pour regagner chacun nos pénates, Ma-chan nous avait fait promettre à tous de repartir ensemble pour un voyage cette fois.
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28 /29Juin 2011 Cher journal, Aiba-chan est malade. Jun-kun et Nino ont débarqué tout à l’heure pour me prévenir. Une fois de plus, il a attendu qu’il soit trop tard pour consulter, et du coup il est coincé à l’hôpital. Comme Cécile était là, et que nous avons toutes les deux des rendez-vous, nous avons décidé d’en profiter pour aller lui rendre visite. Les garçons, eux, ont été bannis de la place afin de limiter les émeutes de groupies. Du coup, nous avons pour mission de les représenter. Le téléphone sonne et j’ai encore un millier de truc à faire donc je m’arrête là pour ce soir.
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++Cécile++
- Lucie, tu ne devais pas travailler demain ? C'est pas que je veux te chasser, mais ce serait raisonnable que tu n'aies pas les yeux au milieu de la figure... - Mmm ? me répondit la demoiselle un peu somnolente. Nan, nan, merci, le thé est assez chaud. J'étouffai un rire et me levai. - Lucie, ma chérie, tu ferais mieux d'aller dormir. Et je crois qu'il est préférable pour toi de dormir dans ton lit. Sauf si tu veux celui de la chambre d'amis, remarque. Elle me regarda l'approcher avec l'air aussi alerte que Satoshi en temps normal. - Je te laisse avec Nuit et je vais bosser, ça te va ? - Hein ? Quoi ? Bosser ? Toi ?! Hors de question. Tiens, il semblerait que j'avais trouvé le mot magique pour la tirer des bras de Morphée. - Non Cécile, tu ne bosses pas ! A cette heure-ci, tu dors ! C'est un ordre ! - Et c'est donc celle qui comate sur mon canapé qui me le donne. Hm... si je dis que je ne te trouve pas crédible, tu m'en veux ? - Mais ! râla-t-elle avant de regarder sa montre. Ahh! Mais c'est quoi cette heure ? Cécile, je bosse demain, t'aurais dû me secouer avant ! Elle se redressa précipitamment, et voulut ramasser les tasses posées sur la table basse. - Allez, laisse ça, je me débrouillerai avec, dis-je sans relever l'ingratitude de la réplique. File te coucher sans perdre de temps. Tu grapilleras quelques minutes. Je la vis me regarder sans conviction puis ramasser son sac et se diriger vers l'entrée où elle récupéra ses affaires avant de se retourner vers moi. - Désolée d'être restée si tard. Vas te coucher ou au moins, ne bosse pas ! - Mais oui maman, c'est bon, t'en fais pas. J'ai pas envie de travailler ce soir. Je vais m'écouter un CD et j'irai au lit. Bonne nuit et bon courage pour demain. - Merci, toi aussi. Je refermai la porte derrière elle et retournai dans le salon pour ramasser les tasses que nous avions laissées. Je venais de les déposer dans l'évier lorsque la sonnette retentit. Je revins donc vers la porte. - Tu as oublié quelque chose ma belle ? - Ah, non ! Je préfèrerai que tu m'appelles mon beau. - Pff ! Jun, ton ego est inversement proportionnel à ton degré de vision ! Qu'est-ce que tu veux à cette heure ? Je le laissai pourtant entrer. Le soir où il m'avait menacée d'un strip-tease était heureusement bien loin. - Je venais aux nouvelles d'Aiba-kun. Vous êtes allées le voir aujourd'hui, non ? Puisque soi-disant nous provoquerions trop d'effervescence. - Soi-disant, hein ? Vous n'avez vraiment pas conscience du souk que vous mettez quand vous passez quelque part ? Et puis, je pense que Masaki s'agiterait trop s'il vous voyait. Tu veux un thé ? - J'aimerais autant une bière... Non, tu as raison, un thé, c'est très bien. Mais du blanc alors. J'allai faire chauffer l'eau et préparer les feuilles. Il s'était posé dans le salon et quand j'y entrai pour déposer la tasse fumante, il jouait avec Nuit qui sautait autour de lui en le mordillant. - Evite de me la surexciter s'il te plait. J'ai pas envie de l'entendre courir partout toute la nuit. - Tu ne l'enfermes plus dans le couloir ? - Faut croire que les hormones me donnent des oreilles super-bioniques reliées directement à cette crapule... Il sourit et posa la bestiole sur son genou, la caressant doucement. Elle se mit à ronronner de plaisir. Je lui donnai les nouvelles que nous avions de son ami. Elles étaient plutôt rassurantes ; il devrait pouvoir sortir rapidement, même s'il était censé se reposer quelques semaines ensuite. - Aiba, se reposer ? C'est un sujet qui ne conjugue pas ce verbe-là, me dit Jun doucement.
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++Lucie++
La première pensée qui me vint fut qu'un orchestre donnait un concert dans ma chambre. Un tel tintamarre ne pouvait pas avoir d'autre explication. Puis j'ouvris les yeux et quand mon regard croisa les aiguilles de mon réveil, je compris que c'était les différentes alarmes que j'avais réglées en me couchant qui faisaient leur office : m'empêcher de me rendormir. Je me levai avec difficulté et me préparai le plus rapidement que je le pouvais. Aujourd'hui, je devais étudier tout un tas de réglages des bandes-son des prochains concerts de la tournée, et il aurait fallu une journée de quarante-huit heures pour parvenir à un résultat correct. Toute heure serait donc bonne à prendre. Ma cafetière avalée, je rassemblai mes affaires et sentis une lame d'angoisse me traverser lorsque je réalisai qu'il m'était impossible de remettre la main sur mon mp3. En soi et un autre jour, ça n'aurait pas été gênant, mais aujourd'hui, j'en avais vraiment besoin. J'avais enregistré un certain nombre de paramètres qui devaient me faire gagner beaucoup de temps. Je ne pouvais pas me permettre de ne pas le retrouver. Pourtant, c'était quelque chose qui ne quittait jamais mon sac ou mon ordinateur. Où avais-je bien pu le laisser ? L'illumination vint en posant ma tasse dans l'évier. Je l'avais laissé chez Cécile ! Je lui avais fait écouter la veille quelques arrangements, et je l'avais laissé branché à Nordy. Décidément, elle avait bien fait de me virer, je n'aurais été bonne à rien sans les quelques heures de sommeil sauvées. Dormir chez elle m'aurait sans doute aidé, mais il fallait qu'elle se repose, et manifestement, ces derniers temps, elle dormait plutôt le matin, quand il faisait encore frais. J'avais le double de ses clés, je décidais donc de monter récupérer mon bien en essayant de faire le moins de bruit possible pour la laisser profiter des bras de Morphée. En me dirigeant vers l'ascenseur, ma rencontre de la veille me revint. Jun arrivait à l'étage de Cécile quand je voulais descendre et nous avions échangé quelques mots dans le couloir. Il venait prendre des nouvelles d'Aiba-chan et de la femme enceinte, l'un aussi peu raisonnable que l'autre. Je lui avais confié la lourde tâche de s'assurer que Cécile n'essaierait pas de travailler mais irait plutôt dormir. Il m'avait promis de tout tenter, même l'impossible, et je l'avais quitté en riant doucement. Cécile avait l'air de l'écouter plus que d'autres, autant en profiter, non ? Quand j'ouvris la porte de l'appartement de Cécile, je n'entendis que le silence. Enfin, jusqu'à ce qu'une boule de poil effectue un saut qui devait l'amener sur ma main que j'écartai, fort heureusement, à temps. J'aimais beaucoup Nuit, mais ses crises d'agitation, normales pour un chaton, ne m'inspiraient que moyennement. Je n'avais jamais eu une vocation de piste d'atterrissage pour chat aviateur. Le Lindberg félin se mit à miauler de désappointement. - Chut, Nuit ! Laisse ta maîtresse dormir ! ...Sinon, je t'enferme dans ta pièce. J'allumai la lumière du couloir pour voir où était la bestiole et me rendit compte qu'il y avait une paire de chaussures en trop. Des sandales très grandes et très masculines. "Tiens, on dirait que Jun-kun a dormi ici. J'imagine que convaincre Cécile de dormir lui a demandé du temps. Il doit être sur le canapé. ...Aie ! Hier, Nordy était à côté du canapé... Bon, voyons voir, comment on va faire ça..." En avançant doucement dans le couloir, je vis que la porte de la chambre d'amis était fermée, ce qu'elle n'était pas hier soir, pour autant que je me souvienne. "On dirait qu'il a pris ses aises, le Jun! Enfin, tant mieux, je suis tranquille pour aller dans le salon." Je poussai la porte du séjour et constatai qu'en effet, il était vide. Pas de Jun à l'horizon, mais malheureusement, pas de Nordy non plus. Soit Cécile l'avait remis dans la pièce aux tatamis qui lui servait de bureau, soit elle l'avait embarqué dans sa chambre. Je tentais ma chance dans le bureau, mais là non plus, pas de trace de l'engin qui me sauverait la vie. Il ne me restait plus qu'à prier pour qu'au choix, elle soit ou réveillée, ou tellement endormie qu'elle ne m'entendrait pas. Je poussai doucement la porte de la chambre, essayant de me faire invisible et inaudible. La pièce était éclairée par la fenêtre dont les volets n'étaient pas complètement clos. Cécile ne dormait pas. Mais je rougis violemment avant de me reculer précipitamment et de me heurter au canapé derrière moi. Parce qu'elle n'était pas la seule à ne pas dormir.
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A cette heure, il faisait encore bon. Juste assez peu chaud pour apprécier vraiment la température d'un corps tiède contre le sien. Et j'appréciais la tiédeur de celui qui reposait contre moi. Sa chaleur rayonnait doucement, et je m'y chauffais paresseusement. Je sentais monter en moi lentement l'envie de goûter cette peau et j'attendis qu'elle soit clairement présente pour y succomber. Je m'écartai alors suffisamment pour pouvoir contempler longuement ce qui m'était offert, puis j'avançai une main faussement timide vers ce ventre légèrement rebondi à demi couvert par le drap. Quand je l'y posai, je sentis une présence venir à ma rencontre, comme pour me saluer. Je caressai l'endroit où je sentais le mouvement interne, puis y déposai mes lèvres pour un petit salut tout en douceur. - Bonjour Princesse, murmurai-je, la bouche collée à côté de ma main. Je savais ce que j'allais voir en levant la tête, et je m'en réjouissais d'avance. Je ne fus pas déçu. Ses yeux ouverts étaient fixés sur moi et son sourire était comme un appel silencieux. Je remontai lentement mon visage vers le sien, ma main caressant toujours son ventre, et ma bouche parsemant mon chemin de baisers appuyés tandis que sa main passait dans mes cheveux. Quand je parvins à son menton, ma main remonta un peu plus haut et elle se posa sur son sein alors que mes lèvres s'unissaient aux siennes. J'approfondissais langoureusement le baiser, comme si nous avions l'éternité pour nous embrasser et faire l'amour en ce matin tout neuf, lorsque nous entendîmes un bruit de poignée brutalement relâchée. Je me redressai aussitôt et attrapai mes lunettes sur la table de chevet avant de regarder vers la porte. - Lucie, murmura ma compagne. Elle voulut se redresser à son tour mais mit sa main devant sa bouche en se rallongeant aussitôt. - Reste là, je vais voir. - Jun ! Enfile quelque chose et passe-moi mon t-shirt. Et ramène-la ici ! Je fis ce qu'elle me demandait et me précipitai vers le séjour. Lucie ne m'avait pas attendu et je la rattrapai alors qu'elle renfilait ses chaussures. - Attends ! Je la vis se figer. - Je... je ne voulais pas vous déranger. Désolée, je m'en vais. - Non, tu ne t'en vas pas. Cécile veut te parler, et moi aussi. Je posai calmement ma main sur la sienne qui tenait les clés. Je la sentis hésiter, puis elle se décida finalement à se rasseoir pour ôter ses sandales et se releva en refusant mon aide avant de me suivre. - Je peux vous attendre ici, dit-elle en faisant mine de se poser sur le canapé. - Tu vas attendre longtemps, alors. Cécile a encore des nausées si elle s'agite trop au réveil. Donc là, elle est en train de convaincre son estomac de rester à sa place. Elle ne bougera pas du lit avant un moment. Sauf si elle vomit, mais tu sais comme moi qu'il vaudrait mieux que ça n'arrive pas. Elle regarda le sol un instant puis acquiesça et me suivit. Cécile s'était tant bien que mal redressée sur les oreillers, mais je vins les replacer correctement derrière elle et m'installai à ses côtés. - Assieds-toi, ma belle. Je pense que ça va durer un petit peu. Lucie nous regarda attentivement puis ses yeux firent le tour de la pièce. Elle avisa le pouf qui trônait près de la fenêtre, mais Cécile la retint. - Non, assieds-toi sur le lit, y a la place, et on sera à la même hauteur. Elle sembla peser le pour et le contre et finit par s'installer en tailleur sur le coin opposé au nôtre. Je n'étais pas sûr que ça commençait bien. Et je savais en la posant que ma première question n'arrangerait pas les choses. - Tu entres souvent dans la chambre des gens sans t'être annoncée ? - Je pensais Cécile dans les bras de Morphée. J'imaginais pas que Morphée s'était fait naturaliser Japonais ! - Jun, évite de l'agresser, tu veux, me dit ma femme en posant la main sur mon bras. Puis, après m'avoir lancé un regard interrogatif auquel j'acquiesçai, elle tourna la tête vers son amie. - Lucie, je pense que tu dois avoir plein de questions. Je ne te promets pas des réponses à toutes, mais on va faire de notre mieux. Et ce que l'on te dira ne sera que la pure vérité. Est-ce que tu me crois ? J'avais bien compris sa question muette. Et je me rappelai sa demande après notre première nuit qui avait motivé la promesse que je lui avais faite. Elle avait un besoin de vérité intense lorsqu'il s'agissait de sentiments. - Bien sûr que je te crois. Tu détestes autant que moi que les gens te mentent sur ce genre de sujet. Mais justement, pourquoi tu m'as rien dit ? Je n'aurais jamais essayé d'entrer dans ta chambre ! Est-ce que toi, tu ne me fais plus confiance ? Je sentis Cécile se tendre dans mes bras. Je pris sa main dans la mienne pour la caresser doucement tout en regardant Lucie. - C'est moi qui ai voulu qu'on ne dise rien à personne. A cause des journalistes, parce que Cécile n'a pas à être dans leurs objectifs. - C'était pas parce que tu voulais, toi, être tranquille ? demanda-t-elle un peu sèchement. - Lucie ! Ne l'agresse pas non plus! On ne pourra s'expliquer que calmement, alors vous rangez vos armes tous les deux et vous vous comportez en adultes. Lucie voulut parler mais Cécile fut plus rapide. - Je sais, notre attitude peut ne pas paraître plus responsable que vos chamailleries de maternelles. Mais Lucie, crois-tu vraiment qu'une idole comme lui survivrait à une histoire adultère ? - Ad... ? Cécile eut un petit sourire triste pendant que son amie semblait réaliser l'ensemble de ce point. - Les paramètres étaient les suivants : un Johnnys, une femme mariée, une histoire compliquée et croustillante, des intervenants pas évidents à gérer (dois-je te rappeler l'attitude de Teru et Satoshi à l'hôpital ?), sans compter que comme tous les couples au début de leur histoire, nous ne pouvions pas être sûrs à cent pour cent que ça allait durer longtemps. On a envisagé à un moment d'en parler aux Arashi, quand ça nous a semblé devenir sérieux et qu'on aurait voulu pouvoir vivre plus proches l'un de l'autre. Mais ça n'a pas été possible. - Pourquoi ? - C'était fin avril... Lucie hocha la tête doucement. - Moui, je crois que je peux comprendre ça. ...Mais ! tu aurais pu me le dire à moi, quand je suis venue début avril. Je t'en avais parlé en plus! Tu crois vraiment que j'aurai vendu la mèche ? - Pas possible. - Mais pourquoi !? Je sentis la révolte dans la voix de Lucie. - Pour une raison toute simple : il n'y avait pas encore de "nous"... Et t'en parler par téléphone, ce n'était pas possible. Tu ne m'aurais pas prise au sérieux. A tes yeux, Jun n'aimait que les hommes. - Et le coup de la salle de bain alors ? Cécile me regarda et je vis de l'inquiétude dans ses yeux. Ce fut moi qui répondis. - C'était un coup monté. Enfin, je n'étais pas censé me retrouver couvert de ciment. Mais je devais faire en sorte d'entrer dans la salle de bain pendant que vous y étiez pour que tu puisses constater par toi-même que les femmes ne me faisaient pas réagir. - Ce qui était le cas ! Comment t'as fait alors ? - Douche froide, répondis-je en rougissant. Et intense concentration mentale sur le canard dessiné sur le carrelage. Ma rougeur était due au souvenir que j'avais de la conversation qui avait suivie lorsque Cécile et moi avions pu nous retrouver seuls et que je lui avais dit sur quoi je m'étais concentré. Elle avait éclaté de rire et quand elle avait enfin pu me donner la raison de son hilarité, elle m'avait parlé de canard vibrant. Je savais que je ne pourrai plus jamais utiliser cette image-là. - Pourquoi vous avez fait ça ? J'aurais pu comprendre à ce moment-là. Et je vous aurais pas mis de bâton dans les roues ! Elle semblait nous en vouloir. - Lucie, on avait commencé à mentir, il fallait qu'on aille jusqu'au bout. Ce n'est pas à toi d'expliquer aux autres nos raisons et nos réactions. Et je préférais te mentir plutôt que te faire mentir. - Je crois que je saisis l'idée, finit par dire la jeune femme après un long silence. Mais je vais avoir besoin de temps pour le digérer. Maintenant, vous m'excuserez, mais je dois aller bosser. Matsujun n'a peut-être rendez-vous qu'à onze heures, mais moi, je suis déjà en retard. Alors dis-moi où est Nordy que je récupère mon mp3, et je vous laisse. Cécile indiqua le coin de la pièce où se trouvait l'ordinateur à son amie. Lucie reprit son bien, nous salua sans nous regarder et sortit de la chambre. Je serrai Cécile dans mes bras en embrassant doucement sa tempe, puis lui dit de se rallonger pendant que je raccompagnai son amie. - Lucie, est-ce que tu comprends qu'il y avait déjà assez de choses à gérer entre le bébé et Teru qui n'assume pas d'être avec Satoshi ? Et je pense que tu as toi aussi pas mal de soucis à régler avec Nino... - Ce qu'il se passe entre Nino et moi ne te regarde pas ! Et... et de toutes façons, je n'ai pas envie de te parler pour le moment. Ja ! Elle ouvrit la porte et fit mine de partir, puis se ravisa et sortit les clés de tout à l'heure. - Tiens, je te les donne, je suppose qu'elles te sont plus utiles qu'à moi ! J'avais instinctivement amorcé un geste pour les prendre mais je m'arrêtai avant et secouai la tête. - Non Lucie-chan, je préfère que tu les gardes. Ça me rassure de savoir que tu peux venir si jamais il se passe quelque chose. Et de toute façon, j'avais déjà le triple. Mais je n'allais pas le lui dire maintenant. Au vu de ses réactions, je sentais que la journée de travail n'allait déjà pas être une sinécure. Elle finit tout de même par refermer sa main sur les clés et les ranger dans son sac. - Lucie, deux choses encore. - Lesquelles ? me demanda-t-elle d'une voix peu amène. - Primo, ce qui s'est dit et fait dans l'appartement n'en sort pas. Je refuse d'évoquer le sujet au-dehors. Voyant qu'elle ne bougeait ni dans un sens, ni dans l'autre, je poursuivis. - Secundo, s'il te plaît, n'oublie pas que Cécile est enceinte et malade. Ta réaction lui a fait de la peine. Je ne te dis pas de tout nous pardonner tout de suite, mais ne lui en tiens pas rigueur ; elle est trop fragile et je suis toujours inquiet pour elle. Bien qu'elle n'ajouta pas un mot avant de sortir et de refermer la porte, je sentis que mes derniers mots l'avaient touchée. Je ne parvenais toujours pas à savoir jusqu'à quel point la femme que j'aimais était forte, mais j'étais sûr que la froideur de son amie l'affaiblirait. Et par-dessus tout, je ne voulais pas la perdre.
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++Cécile++
J'avais su dès le début que les choses ne se feraient pas toutes seules lorsque nous en parlerions à Lucie et que plus nous attendrions, plus ce serait difficile. Mais je savais aussi que même si elle se fâchait, ça ne durerait qu'un temps. Je ne me doutais juste pas que ça me ferait si mal de voir qu'elle m'en voudrait. Je ne voulais pas non plus qu'elle s'en prenne à Jun. Je ruminais mes pensées joyeuses lorsque celui-ci revint. Il s'assit près de moi et me caressa la joue du bout des doigts. - Princesse, je pense qu'il va lui falloir un peu de temps. Je pris sa main et l'embrassai. - Je sais. Et je sais aussi qu'elle s'apaisera. Mais en attendant, elle va vous faire une vie impossible. Tu vas découvrir une Lucie que tu ne soupçonnais pas. Il passa au-dessus de moi et s'allongea à mes côtés, me prenant dans ses bras. - Tu veux pleurer ? J'ai une épaule large et accueillante. Je te fais visiter ? Je sentis un sourire timide s'accrocher à mes lèvres. S'il éprouvait le besoin de me raconter des bêtises, c'est que je devais avoir une sale tête. - Je veux pas la pièce témoin, je veux tout le château ! Il rit largement avant de fondre sur moi et m'embrasser. Après avoir été étourdie par ce premier baiser, je me sentis submergée par une myriade de papillons aériens qui me laissèrent curieusement sans t-shirt. - Jun, tu triches ! ...Et tu me chatouilles ! J'avais du mal à garder mes pensées cohérentes. Ses caresses me faisaient frissonner par anticipation. Mais une pensée me traversa qui fit se relâcher mes muscles. Il s'en rendit compte et abandonna mon nombril pour revenir me faire face. - Si tu ne veux plus, je ne te force pas, tu sais. Je le regardais à travers mes cils. Je savais qu'il était sérieux. - Non, ce n'est pas ça. Je me suis juste demandé si j'avais bien fait de laisser un double des clés à Lucie, ou si je ne ferai pas mieux de les lui redemander. - Je m'apprête à te faire l'amour et tu penses à Lucie ? ...Je dois être jaloux ? Je lui tirai la langue. Il me répondit par une grimace. - Pour les clés, je lui ai dit de les garder, m'annonça-t-il en me couvrant de son corps. Je préfère savoir qu'elle peut entrer chez toi si besoin est. Même si ça peut conduire à des situations comme celles de tout à l'heure. Mais j'imagine que ça ne se reproduira plus. Et sinon, tu viens dormir chez moi. J'ai un lit très confortable, tu sais ? Je me mis à rire, le secouant en même temps. - Je connais ton lit, Marvelous. J'ai même une idée très précise de tout ce que tu es capable d'y faire. Tu veux la liste ? - La liste de tout ce que je peux y faire, ou la liste de tout ce que je t'y ai déjà fait ? - Parce que tu vas me faire croire que tu ne m'as pas encore montré toute l'étendue de ton talent ? - Eh ! bien, n'ayant commencé la démonstration qu'il y a à peine trois mois, je peux t'affirmer que tu n'as pas encore tout vu...
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++Lucie++
- Lucie tu m’énerves ! Ça fait vingt fois que tu me fais reprendre ce passage et je suis certain que c’était bon dès le début ! Je vais prendre un café et griller une clope. Toi, tu vas prendre le temps de réécouter tout ça ! A travers la vitre je vis Nino retirer son casque, le reposer brutalement avant de sortir en claquant la porte. J’étais si imbuvable que ça ? Réécoutant ce qu’il avait chanté jusque-là, je ne pouvais que m’incliner ; j’avais largement de quoi me satisfaire avec les premiers essais. La fin, par contre, reflétait son énervement et c’était entièrement… ma faute. J’avais perdu du temps alors que cette journée était le début de la dernière ligne droite avant la tournée d’été. Bon il ne me restait qu’une chose à faire… Je me levai et me dirigeai vers la cafétéria en espérant l’y trouver. Mais le seul Arashi présent était Matsujun qui s’apprêtait à commander un pepsi. Je le devançai, appuyant sur la boisson préférée du geek et récupérant la canette avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit. Alors que je me dirigeai vers l’ascenseur, je l’entendis grommeler mais franchement il était le cadet de mes soucis et j’estimai qu’il n’avait rien à dire. Après être arrivée au dernier étage, il me restait encore une volée d’escalier à franchir pour parvenir sur le toit du bâtiment où j’étais quasi certaine de trouver le gamer. Une fois en haut, je m’étais appuyée à la porte et avais cherché à localiser la clope dont je sentais l’odeur. - Nino ? - Lucie. Qu’est-ce que tu fous là ? - Je viens en paix. Gomen, tu avais raison je me suis défoulée sur toi. En disant ces mots, je lui tendis la canette qu’il prit et ouvrit avant de me regarder l’air méfiant. - Qui as-tu rançonné aujourd’hui ? Je souris. Il commençait à me connaître. - C’est l’origine de ma mauvaise humeur qui te l’offre. - Vraiment ? - Oui. Dix minutes plus tard, nous redescendions et entrions dans le studio où nous attendait Matsujun. - Lu… Mon regard l’arrêta. - Matsumoto-san, vous passerez dans cinq minutes dès que j’en aurai terminé avec Ninomiya-san.
30 Juin 2011 Cher journal, Bon il est plus de 23h00 et j’ai enfin bouclé le plus gros de ce que je voulais faire aujourd’hui. Mais avant de regagner mes pénates je crois que je vais faire le point ici et ainsi éviter d’étriper le malheureux chauffeur de taxi qui va me ramener si jamais il s’avisait de faire la moindre remarque. J’ai été d’une humeur exécrable toute la journée même si après m’être défoulée sur Nino j’avais pris au maximum sur moi pour éviter de me mettre tout le monde à dos. Pour éviter de croiser Cécile et lui dire des choses que je ne pensais pas vraiment je n’étais pas allée voir Masaki aujourd’hui. Le fait est que j’ai passé ma journée devant ma console et quand les enregistrements se sont achevés, les techniciens se sont littéralement évaporés. Quand j’ai réalisé que j’avais pour moi tout le studio, j’ai soupiré de soulagement. Enfin seule !! Je n’avais plus besoin de feindre, même si j'avais pas du être très doué vu la vitesse de départ de l'équipe. Maintenant faisons le point. Cécile n’a pas besoin de me raconter sa vie et je n’ai pas le droit de lui en vouloir pour cela pas plus qu’à Matsujun. Même s’ils ont menti… La réalité c’est… c’est juste que ma fierté en a pris un coup. Parce que, eh bien oui j’avais eu raison dès le début, mais, une fois de plus… je ne m’étais pas fait confiance. J’avais préféré la croire non les croire. Une fois de plus, j’ai été trop naïve et c’est ça qui m’énerve.
Conclusion... Tout ça c’est que de la fierté et cette fierté n’a pas lieu d’être ici… Alors je n’ai plus qu’à la piétiner et me laver les mains. Compris Lucie ! Cécile n’a pas besoin que tu lui fasses la tête en ce moment mais de ton soutien !
Je viens de relire ces mots et je ne suis pas sûre que cela ait beaucoup de sens mais je me sens soulagée maintenant. Je crois que je vais faire un petit tour au piano et ensuite maison et Dodo. Demain, je repars à zéro.
Une fois le piano massacré, je me sentis enfin vraiment détendue. Et même la silhouette voûtée, calée dans la porte n’arriva pas à m’énerver. - Ça y est ? Enfin calmée ? - Bonsoir. T’es pas rentré chez toi ? - Il te faut bien un chauffeur non ? Parce que vu l’heure, tu vas avoir du mal à prendre le métro… Un coup d’œil à l’horloge m’indiqua que le mois de juillet avait commencé depuis plus d’une heure. - Je comptais prendre un taxi de toute façon. Nino avait récupéré mes affaires et je me retrouvais bientôt sur son siège passager sans avoir eu le temps de dire un mot. Pas vraiment l’envie non plus. - Je peux savoir ce qui t’a mis de cette charmante humeur aujourd’hui ? T’as tes ragnagnas ou quoi ? - Tais-toi et conduis. C’est dans ton intérêt. Et puis tu y connais quoi, toi, aux humeurs féminines ? C’est pas tes relations d’un soir qui ont pu t’apprendre ce genre de choses ? - Une mère et une frangine sont des valeurs sûres. Le silence gagna alors l’habitacle jusqu’à la maison. Après un rapide bonne nuit, nous nous séparâmes.
(…)
- Lu-chan ! - Ohayô Masaki-kun. Comment vas-tu ce matin ? - Je m’ennuie… - Déjà ? A 9h00 du matin ? - Tu te rends pas compte, les infirmières me réveillent à 7h00 pour le petit déj’, et ensuite plus rien. - Ça prouve une chose… C’est que tous les hôpitaux fonctionnent pareils. - Alors quoi de neuf ? T’as fait quoi hier pour pas être venue ? - Rien que du vieux… Hier… enregistrement des secondes voix de Nino et Matsujun pour les concerts ; aujourd’hui c’est Oh-chan et Sho-kun. - Gomen, je… - Tais-toi et arrête de t’excuser. D’abord, ça changera rien et puis j’ai déjà tout programmé. Je peux t’annoncer que ton enregistrement aura lieu le premier samedi après ton autorisation de reprise. Comme ça j’aurai tout le dimanche pour pouvoir faire mes dernières balances sans que personne ne viennent me casser les pieds. - Mais… - Stop. Tiens, plutôt que de te lamenter, devine qui est ma nouvelle victime… A sa tête, je vis qu’il se demandait de quoi il pouvait s’agir, alors je mimais le décapsulage d’une canette et ses yeux clignotèrent de compréhension. - Tu as encore joué à Nino ! C’était qui cette fois ? - Devine. En tout cas il n’a rien dit. Il s’est laissé faire et je ne lui ai pas encore rendu… - C’est Riida ! Il devait encore dormir à moitié devant la machine… c’est pour ça que Nino en profite à chaque fois. - Bubuu ! J’ai pas croisé Oh-chan hier. Je dois avouer que je n’ai pas vu grand monde parce qu’à part cette sortie-là, je suis restée dans le studio et ni lui ni Sho-kun n’étaient à la JE à ma connaissance. - T’as pas recommencé avec Nino quand même ? - Non. Je n’ai pas recommencé avec Nino. Reste plus grand monde Masaki-kun. - Ben oui, il reste plus que Matsujun, mais il est pas du genre à rien dire… sauf s’il est en tort. - Il était en retard… - C’est pour ça alors… - Sûrement. Tout à l’heure je mettrai l’argent dans son casier. - Et tu vas faire une nouvelle victime aujourd’hui ? - Non. Pas tous les jours, autrement je peux pas avoir vos vraies réactions.
On toqua légèrement à la porte et Cécile entra à son tour dans la pièce. Elle déposa son sac sur le meuble près de la porte où j’avais déjà déposé mes sacs puis s’approcha de nous. - Ohayô Masaki ! Comment ça va ? - Ohayô Cécile-chan. Bien et toi ? - Bien aussi. Lucie bonjour. Je souris à la salutation de mon amie et me levai pour l’embrasser et lui céder la place dans le fauteuil. Puis je me tournai vers Aiba et déposai une bise sur sa joue avant d’annoncer mon départ. Je repris mon bazar en glissant au passage une enveloppe dans le sac à main de mon amie. - Cécile, j’ai mis un truc pour Lui dans ton sac. Ittekimasu.
Il fallait maintenant que je file où j’allais être en retard aux studios.
- Solution des totems:
Alors? Votre avis? | | | Sam 8 Fév - 13:00 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Localisation : Osaka!!! enfin!!!!
Loisirs : lire, fansubber, checker, chanter...
Humeur : en plein jetlag
| Voilà le nouveau chapitre pleins de nouvelles révélations!! - Chapitre 37:
- Tadaima ! J'avais refermé la porte et enlevais mes chaussures lorsque je vis débouler du salon une peluche noire qui vint s'agripper à mon pantalon. Je la décrochai délicatement et la mis à hauteur de mon visage pour qu'elle puisse frotter son museau contre ma joue. Elle m'offrit un bâillement très félin tout en langue rose et petites dents pointues. - Bonsoir Nuit. Ta maîtresse est encore debout ou elle dort déjà ? ...Ou elle cuisine ? Ma dernière suggestion était motivée par l'odeur que je sentais flotter vaguement dans mon appartement. Je déposai le chat au sol et le vit filer vers mon salon tandis que je faisais un tour dans la cuisine. Personne, mais une casserole m'attendait sur son gaz. J'allumai le feu sous la soupe miso que je goûtai. Mmm, juste salée comme je l'aimais ! Et encore tiède. La réchauffer ne prit pas longtemps, et je me servis rapidement un bol que je vidai tout aussi vite. Après avoir déposé la vaisselle dans l'évier, je vins voir ce que faisait le chaton. Et je le trouvai sagement roulé en boule sur le ventre de ma femme. Cécile dormait, allongée sur le canapé. Son ordinateur était posé sur la table basse, preuve qu'elle avait travaillé en m'attendant. Je m'approchai d'elle doucement et effleurai sa joue avant de m'agenouiller au niveau de sa tête. J'eus le plaisir de la voir sourire puis ouvrir les yeux. Elle vint poser sa main dans mon cou et je penchai la tête pour goûter davantage à sa caresse. - Bonsoir Princesse. Son sourire s'accentua. - Tu pouvais dormir dans le lit, tu sais. - Je t'attendais. - Tu savais que je rentrerai tard. Et... tu es partie de chez toi à quelle heure ?! - Dès que Teru est reparti après être passé me voir prendre mes médocs. Vers vingt-et-une heure, je pense. Tu me manquais. Elle s'était redressée en disant cela, et le chat se sauva en miaulant. - Toi aussi tu m'as manqué, dis-je en l'embrassant tendrement. Merci pour la soupe. Et maintenant, au dodo ! - Mmmm, grogna-t-elle. Nan, Jun, au lit si tu veux, mais je veux pas dormir. J'ai fait ma sieste, là. Il y avait deux cas de figure pour les femmes enceintes, avait dit Nakagawa-sensei une fois où j'avais accompagné Cécile à sa consultation et après qu'elle lui ait expliqué notre situation. Soit, elles n'avaient plus d'envies et il valait mieux les laisser tranquilles, soit leur libido explosait et il fallait les contenter. J'ignorais si c'était une bonne ou une mauvaise chose, mais Cécile faisait partie du deuxième groupe. Parfois ; elle me laissait même plus épuisé que Satoshi dans ses grands moments. Mais le désir qu'elle m'inspirait ne faiblissait pas, et si au début il lui avait fallu me guider dans nos moments d'intimité, je me faisais confiance pour parvenir à la surprendre au moins autant qu'elle me surprenait, elle. Toutefois, nous évitions les choses trop acrobatiques, et une séance comme celle du matsuri ne se reproduirait pas de sitôt. - A quoi tu penses Jun ? Tu dors déjà ? - A ton appétit, Princesse. Au matsuri aussi. Et... A notre première fois. Tu t'en souviens ? Elle me sourit d'un air moqueur avant de se lever et de m'entraîner vers la chambre. - Aucun risque que je l'oublie. Sa main serra la mienne et je repensai à cette soirée. Elle m'avait appelé et je l'avais rejointe chez moi, laissant les autres en plein tournoi de jeux vidéo chez Nino sans le moindre remord.
*********** 5 avril ***************
J'étais encore chez lui. Encore une fois, la bouteille avait échoué sur sa plage. Et il s'employait gentiment à la ramasser et à déchiffrer le message. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Il semblait surmonter sa rupture mieux que moi, je ne pouvais pas lui imposer mes casseroles. Et puis, ce que m'avait dit Lucie m'avait fait réfléchir. Je me chamaillais avec lui comme je le faisais avec Jean, ou avec Amaury. Au début, c'était clairement parce qu'il m'agressait que je me défendais. Mais à présent... la raison était-elle différente ? Etais-je en train de tomber amoureuse de lui ? De tomber bêtement amoureuse de lui ? Ce serait ridicule. Ses sentiments pour moi pourraient aller jusqu'à l'amitié, un certain amour fraternel peut-être, mais ça se limiterait à ça. Il n'éprouverait jamais de désir pour moi puisqu'il aimait les hommes. Et sa présence masculine me troublait. Ses bras qui me serraient contre lui, sa chaleur, tout me murmurait à quel point il me rassurait. Mauvais plan. - Je pensais que tu viendrais plus tôt. Je croyais que tu ne viendrais plus. Mes mains se contractèrent. C'était plus fort que moi. Etre espérée, avoir quelqu'un qui souhaitait ma présence. J'avais juste envie de pleurer, mais je ne devais pas. - Je ne pouvais pas venir chez toi en laissant Lucie seule à la maison. Quant à ne pas venir... peut-être que ce serait mieux, en effet. Oui, c'était ce que je m'étais mise à penser après avoir discuté avec Lucie. Elle ne savait pas que c'était les bras de Jun qui m'avaient soutenue. Que les miens s'étaient ouverts pour accueillir sa peine. Mais elle avait paru inquiète en me parlant du parallèle avec Jean et Amaury, je l'avais bien senti. Et je savais qu'elle avait raison. Comment le lui dire ?
***
Je la tenais serrée contre moi. Encore une fois. Je ne savais pas trop si elle était venue chez moi parce que le 11 mars n'était que trois semaines derrière nous, ou si c'était dû à la désertion du foyer conjugal par Teru. A vrai dire, je crois que je m'en foutais un peu. Elle était là. Blottie contre moi, tremblante. - Je pensais que tu viendrais plus tôt. Je croyais que tu ne viendrais plus. Ses mains accrochées à mes omoplates se raidirent un instant. - Je ne pouvais pas venir chez toi en laissant Lucie seule à la maison. Quant à ne pas venir... peut-être que ce serait mieux, en effet. Cette fois, c'est moi qui me figeai. - Comment ça ? - Jun, toi et moi sommes malheureux à cause des mêmes personnes. On a pris l'habitude de se consoler mutuellement quand l'autre ne va pas bien. C'est bizarre comme situation puisqu'en temps normal on n'arrive pas à se parler sans se quereller. - Le repos te déplaît ? - Non, je trouve juste dommage qu'on ne se montre pas davantage sous un jour plus paisible devant les autres. - C'est grave ? - Mmm bof. Non, pas trop. Ça fait rire tes amis ; et la seule que ça inquiète ne vivait pas ici, donc ce n'est pas grave en soi. - La seule tu dis ? Lucie-chan ? En quoi ça l'inquièterait ? Je la sentis se tendre à nouveau. Il y avait quelque chose, là. Je les soupçonnais d'avoir parlé de moi. Qu'est-ce que cette fille qui ne me connaissait pas pouvait bien lui avoir dit ? Je savais qu'elle comptait pour Cécile, alors je ne voulais pas la détester. Mais si elle l'éloignait de moi... - Tu es un homme, Jun. Et moi une femme. Je retins un rire. - Oui, ça, c'est finement observé ! Je devinai sa moue. - Je suis sérieuse. Et ce n'est pas ce que m'a dit Lucie. C'est ce que j'ai déduit de la conversation qu'on a eue toutes les deux avant son départ. Bon, je ne détesterai pas la petite Française tout de suite alors. Tant mieux. - Je peux te poser une question ? - Oui, mais tu viens de le faire. Je décidai d'ignorer la pique. - Cécile, c'est le fait de te blottir dans les bras d'un autre homme que ton mari qui te pose problème ? Tu l'aimes toujours et tu as l'impression de le trahir ? Je la sentis hésiter. Avais-je vu juste ?
***
J'hésitais à répondre. Ça n'était pas ça du tout, mais le dire ne risquait-il pas de me faire passer pour une inconséquente inconstante ? En même temps, si lui ne comprenait pas, qui le pourrait ? Il m'avait vue pleurer à cause de Teru. Il savait que je n'étais pas une garce. Du moins, je l'espérais. Et je ne voulais pas lui mentir. Dire les choses clairement avait toujours été le meilleur moyen de ne pas blesser doublement. - Tu aimes les hommes, Jun. Moi aussi. Chhut ! ajoutai-je en le voyant prêt à répliquer. Ma main se colla à sa bouche et je reculai quelque peu. Que ses lèvres étaient douces sous ma paume. Pourvu qu'il n'essaie pas de parler ! - Laisse-moi finir s'il te plaît. Tu ne peux me voir au mieux que comme une copine ou une amie, je ne sais pas trop. Je ne fais rien naître en toi, à part peut-être des sentiments de grand frère. Ce qui est bizarre en plus, puisque tu es plus jeune que moi. J'eus soudain la vision curieuse de mon petit frère et de sa manie de m'appeler "la petite" depuis qu'il avait dépassé mon mètre soixante-quatre. En voyant la tête de Jun, je ne pus m'empêcher de sourire légèrement. - Peu importe. Tu ne me verras jamais autrement, n'est-ce pas ? Alors que pour moi tu es quelqu'un à qui je m'attache chaque jour davantage. Il retira ma main de sa bouche avant de parler. J'avais du mal à savoir si j'étais déçue ou rassurée. - Je m'attache à toi aussi. D'ailleurs, si tu ne t'étais éloignée, tu serais encore dans mes bras. Déçue, j'étais déçue. Parce que ses paroles, je les aurais voulues dans un autre contexte. J'aurais voulu qu'il ait envie de me serrer contre lui, mais pas juste pour me rassurer. Il fallait que je parte. Que je rentre chez moi. Sinon ça allait mal finir, j'en étais sûre.
***
J'avais retiré la main-bâillon de mon visage, sans la lâcher pour autant. - Je m'attache à toi aussi. D'ailleurs, si tu ne t'étais pas éloignée, tu serais encore dans mes bras. Je vis ses yeux briller. Des larmes ? Je la faisais pleurer ? Le temps de me poser la question, sa main n'était plus dans la mienne, et elle s'était encore écartée. - Jun, je ne peux pas t'intéresser, mais toi, tu me troubles. Je n'ai pas envie d'avoir encore mal bêtement, alors je pense qu'il vaut mieux que je ne t'approche pas plus pour ne pas avoir à te déranger avec des idées inappropriées et inutiles. Je mis quelques secondes à bien enregistrer ce qu'elle venait de me dire. Juste pour être sûr de ne pas mal interpréter. Mais alors qu'elle s'inclinait pour prendre congé, je l'attrapai en posant ma main sur le haut de son dos et la plaquai contre moi. - Je suis content que tu sois là, murmurai-je dans ses cheveux.
***
Je m'étais éloignée encore un peu et m'inclinais devant lui pour lui dire aurevoir d'une manière plus formelle, histoire de bien marquer que je ne voulais plus franchir les limites. Mais je ne pus me relever totalement, il avait posé sa main au bas de ma nuque et m'avait attirée contre lui. Quand je l'entendis murmurer, un doute me saisit. - Euh... Jun ? Tu as écouté ce que je viens de te dire ? Je n'eus pas de réponse autre que des bras m'écrasant un peu plus. Collée à lui, j'appréciai la sensation mais me repris rapidement et m'écartai de lui fermement, commençant à trouver la blague un peu douteuse.
***
Sans répondre à sa question, je la serrai davantage encore. Le nez dans ma chemise, elle hésita un peu. Puis posa ses mains sur mes hanches et y prit appui pour s'en écarter. - Jun, pardon, mais je ne suis pas d'humeur à plaisanter. Ni à jouer aux devinettes. J'ai demandé à te voir parce que je ne me sentais pas bien seule chez moi. Mais en fait, je finis par penser que je ne devrais pas chercher refuge chez toi. Tes bras sont trop sûrs, et ils ne sont pas pour moi. Alors si tu permets... Elle fit demi-tour et quelques pas pour aller prendre ses affaires. - Je suis content que tu sois chez moi. Qu'on soit chez moi. - Hé ? Le temps de dire ça, mes bras l'encerclaient et je posais la tête sur son épaule. - Ne te retourne pas. Si tu me regardes, je ne vais jamais oser aller au bout de ce que j'ai à te dire...
***
Quoi ?? Ça, c'était trop facile ! Je n'étais pas d'accord ! - Ah ! non !! Si tu n'es pas capable de me parler en face, ce que tu as à me dire ne m'intéresse pas ! J'étais peut-être un peu trop radicale ? Mais pourtant, je le sentis rire dans mon épaule. Tétanisée, je me retrouvai face à lui et repoussée vers le canapé. Assise dessus sans savoir comment, je réalisai qu'il s'était mis à genoux devant moi. Et qu'il cherchait à capter mon regard tout en s'approchant. Instinctivement, je reculai au même rythme, ne comprenant pas ce qui lui prenait. - ça fait un moment que j'hésite. Je voulais t'en parler avant, mais je voyais que tes sentiments pour Teru étaient toujours forts, et te tourmentaient. Mais là, tu viens de me dire que ce qui te gêne le plus en venant chez moi, ce sont mes bras. - Eh bien, finalement, tu as quand même écouté ce que j'ai dit ! Alors... euh, tu pourrais peut-être arrêter d'avancer vers moi comme ça aahh ! Le monde solide n'existant plus sous ma main, je me retrouvai brutalement allongée sur les coussins. Et il avançait toujours.
***
Reculant au fur et à mesure de mon avancée, elle venait de rater son appui et sa main posée dans le vide l'avait fait tomber en arrière dans les coussins. - Jun ! j'ai pas envie de jouer. Qu'est-ce que tu fais !!? Continuant à avancer après qu'elle se soit retrouvée allongée, j'avais à présent la tête à hauteur de la sienne, et la baissai lentement tout en la regardant dans les yeux. - Ce que je veux faire depuis longtemps. Une chose. Et je suis sûr maintenant que tu as autant envie de la faire que moi. Je gardai les lèvres à quelques millimètres des siennes pendant un instant. Mes yeux la suppliaient de me croire, de me faire confiance et de me laisser poursuivre.
***
Ses lèvres frôlaient les miennes. Son souffle me caressait. Que devais-je faire ? Où étaient mes neurones quand j'en avais besoin ? Son regard semblait suppliant, mais que voulait-il vraiment ? Il aimait les hommes, non ? Et moi... - Je... je suis une femme... - Je sais, murmura-t-il contre ma bouche.
***
- Je... je suis une femme... Ça me suffisait. Parce que si c'était son seul argument pour me repousser, il ne tenait pas face à mes sentiments. - Je sais, murmurai-je en joignant nos lèvres. Ce fut d'abord doux et timide, comme deux papillons cherchant à se toucher tout en épargnant leurs ailes. Les avant-bras posés de chaque côté de son visage supportaient le poids de mon torse, m'évitant de l'écraser alors que je me perdais enfin dans cet échange. J'avais tant espéré caresser ses lèvres de ma langue que je fus presque surpris que ce soit elle qui en prenne l'initiative. Mais je la laissai faire volontiers, l'autorisant à envahir ma bouche avec délectation, les yeux fermés pour mieux profiter des sensations que l'on s'offrait ainsi. Au bout de quelques minutes, je fis reposer mon corps contre le sien, faisant glisser l'une de mes mains le long de son épaule jusqu'à sa hanche pour la faire pivoter en la gardant contre moi. Ainsi mis sur le côté à nous faire face, je fis passer ma main sous son haut, mon geste caressant sa peau alors que je tentais de remonter le vêtement. Ses mains s'étaient accrochées à mes épaules, me plaquant contre elle tandis que nous nous dévorions. Quand je me mis à grignoter son cou, un gémissement sourd lui échappa, provoqué par les dents sur sa peau ou la main sur son sein, je n'aurais su le dire.
***
Son baiser fut tout doux, presque aérien. Je sentais sa chaleur m'entourer. Quelques neurones revenus de vacances me suggérèrent de ne pas me poser de question. Après tout, ce n'était pas moi qui lui avais sauté dessus. Il était majeur et manifestement très désireux de faire attention à moi. Alors pourquoi repousser ce dont j'avais tant envie moi-même ? Je me perdis dans les sensations qu'il provoquait, en réclamant davantage. Jusqu'à ce qu'un gémissement me fasse dresser l'oreille. Un gémissement qui ne pouvait provenir que de ma gorge... - Jun ! Il grogna mais accepta de nous écarter un peu l'un de l'autre. - Qu'est-ce que... on... nous... tu... je... je ne... J'eus droit à un autre baiser aérien. Et à un sourire irrésistible en prime. - Tu crois qu'il faut que je te laisse combien d'heures pour que tu me sortes une phrase complète ? Tu as envie de moi au moins autant que j'ai envie de toi. Sans se préoccuper des conventions, des autres ou de trucs du même genre, ni toi ni moi n'avons qui que ce soit d'autre dans notre cœur. Laisse-nous nous faire du bien cette nuit. Laisse-nous voir si entre nous il y a quelque chose de plus que des affrontements verbaux. Laisse-toi découvrir si tu as raison de penser à moi. Laisse-moi une chance de savoir si je suis bien tombé amoureux de toi. Il avait ponctué chacune de ses phrases de baisers-papillons posés çà et là sur mon visage. Je sentis celui-ci chauffer. Comment ça, pens... - Am... amoureux ??
***
Je rougis à mon tour. - Je crois, oui. - Mais tu veux... toi et moi... ici ? - Si ta question concerne le canapé, la réponse est non. J'ai un lit et il est assez grand pour nous accueillir tous les deux. - Oh ! Elle baissa la tête ; elle semblait gênée et je me demandais pourquoi. Je me redressai, la faisant se réasseoir en même temps. - Cécile ? On a déjà dormi ensemble. Tu as peur que changer de pièce casse tout ? Rassure-toi, j'ai bien trop envie de toi pour ça. Elle secoua la tête lentement tout en la gardant baissée. - Non. Je n'ai pas ce genre de crainte. Pas en voyant l'état de ton pantalon... Je baissai la tête à mon tour et constatai qu'en effet, on ne pouvait guère avoir de doute sur mes intentions. Alors où était le problème ? - Cécile... - Ici ou dans la chambre, qu'est-ce que ça change ? Le canapé me convient...
***
- Si ta question concerne le canapé, la réponse est non. J'ai un lit et il est assez grand pour nous accueillir tous les deux. Non !!!! Non, surtout pas ça ! Je ne voulais pas que ça se passe dans le lit où lui et Satoshi... Non. Tout, mais pas ça. Je n'y survivrai pas. S'il avait juste voulu coucher avec moi, j'aurais peut-être pu. J'y avais déjà dormi, après tout. Mais s'il me parlait de sentiments... non, pas possible. Seulement, je ne pouvais pas le lui dire. Je n'osais même plus le regarder. Il nous remit en position plus verticale. - Cécile ? On a déjà dormi ensemble dans un lit. Tu as peur que changer de pièce casse tout ? Rassure-toi, j'ai bien trop envie de toi pour ça. Je secouai la tête tout en cherchant comment m'échapper de cette situation. - Non. Je n'ai pas ce genre de crainte. Pas en voyant l'état de ton pantalon... - Cécile... - Ici ou dans la chambre, qu'est-ce que ça change ? Le canapé me convient... - Pas à moi ! Son ton me fit lever le nez. Je le fixai avec une certaine incrédulité. Il voulait vraiment que ce soit dans CE lit ?... - Pas à moi Cécile. Ce canapé, je l'ai depuis des années. Je ne veux même pas savoir tout ce qui a pu s'y passer ! Moui, évidemment, vu sous cet angle... Mais moi, ce qu'il s'était passé dans son lit m'effrayait bien davantage. - Je t'ai dit tout à l'heure que j'étais content que tu sois venue chez moi. Si tu m'avais appelé chez toi, je n'aurais pas osé aller si loin. Parce que je n'ai pas envie que notre première fois se passe par terre ou contre le mur. Pardon ? Je savais qu'il était brut, mais quand même ! - Comment pourrais-je te faire l'amour dans le lit que tu as partagé avec Teru depuis que tu as posé le pied au Japon ? Il se fichait de moi, là ? - Et dans le lit où tu as passé dix ans à faire hurler Satoshi, c'est mieux ? Je le vis sourire. Un sourire franc, comme celui d'un gosse. Puis il me prit la main et m'obligea à le suivre.
***
- Pas à moi Cécile. Ce canapé, je l'ai depuis des années. Je ne veux même pas savoir tout ce qui a pu s'y passer! Je crus deviner où était le problème. Et je ne pus que m'en réjouir, puisque je me l'étais posé aussi, quand j'avais compris où me menaient mes sentiments. - Je t'ai dit tout à l'heure que j'étais content que tu sois venue chez moi. Si tu m'avais appelé chez toi, je n'aurais pas osé aller si loin. Parce que je n'ai pas envie que notre première fois se passe par terre ou contre le mur. Elle pencha la tête, les yeux écarquillés. - Comment pourrais-je te faire l'amour dans le lit que tu as partagé avec Teru depuis que tu as posé le pied au Japon ? - Et dans le lit où tu as passé dix ans à faire hurler Satoshi, c'est mieux ? C'était bien ça. Ouf, c'était bien ça. Et si c'était le seul problème, il serait vite réglé. Je lui pris la main et l'entraînai vers ma chambre. Notre chambre, je voulais que ça le devienne un jour. Mais il était encore trop tôt pour m'emballer comme ça. - Avant de me parler de lui, jette un coup d'œil s'il te plaît. J'ouvris la porte, allumai la lumière et, restant dans l'encadrement, je l'attirai contre moi. - Alors ? Qu'en dis-tu ?
***
J'observais d'un œil dubitatif. Quelque chose avait changé depuis la dernière fois où j'étais venue. Mais en même temps, j'avais à chaque fois atterri chez lui à des heures impossibles, pas toujours très fraîche et les yeux plutôt noyés. Que voulait-il que je voie ? - ...euh... tu as changé le lit de place ? tentai-je. - Pas de place, Cécile. J'ai changé de lit, tout court. Je n'arrivais plus à dormir dedans. Surtout pas en sachant que je voulais le partager un jour avec toi autrement qu'en pleurant l'un contre l'autre. Et ce jour, je voudrais croire que c'est aujourd'hui. ...Tu veux bien ? Il avait vraiment fait ça ? Il était fou ou maladivement sûr de lui ? Qu'est-ce qui lui avait fait croire que j'allais céder ?
***
- ...euh... tu as changé le lit de place ? Mouais, ok, quand elle disait qu'elle n'était pas observatrice, j'aurais peut-être dû la croire. Mais j'avais enchaîné, lui posant LA question. - ...Tu veux bien ? - Mmmm... tu sais, si tu le demandes comme ça... - Oui ? murmurai-je, plein d'espoir. - Ça va pas le faire. Ouch ! Elle n'était vraiment pas douce. Quoique... je réalisai que sur ce coup, elle avait raison. Trop de romantisme tue l'action. Il y a quelques instants à peine, allongée sur ce canapé, elle me voulait. Elle s'accrochait à moi comme si elle avait voulu entrer dans ma peau. Pourquoi lui poser des questions, maintenant que le seul problème avait été réglé ?
***
Hum ! J’y avais peut-être été un peu fort, là. D'autant que quelques instants plus tôt, c'est moi qui gémissais contre lui. Je devais dire quelque chose pour me rattraper. Parce qu'avec tout ça, je n'étais plus sûre que d'une chose : je voulais cet homme. Mais je n'en eus pas le temps, me retrouvant, sans bien savoir comment, accrochée à son cou et portée à l'intérieur de la pièce. Il pouvait faire de moi ce qu'il voulait, j'étais plus que consentante. Et pour le lui exprimer, je fondis sur ses lèvres délicieuses.
***
J'avais plaqué mes mains sur ses côtes pour la soulever tout en la poussant contre le mur. Instinctivement, elle avait passé ses bras autour de mon cou et ses jambes s'étaient nouées à ma taille. M'assurant de bien la tenir, je me dirigeai vers le lit sur lequel je voulais la déposer délicatement. Mais sa bouche avait repris possession de la mienne, me faisant perdre le semblant de raison que je maintenais, et nous nous retrouvâmes allongés l'un sur l'autre de manière un peu anarchique. Heureusement, j'avais pu aller jusqu'au lit, et après m'en être assuré, je replongeais sur elle, poursuivant les caresses qui l'avaient fait gémir tout à l'heure. Sa voix, je voulais que sa voix m'appelle ainsi pour l'éternité.
************************
Un bruit sourd et régulier martelait mon oreille. Son rythme apaisant me berçait. J'avais tout à la fois envie de me laisser entraîner dans le sommeil en l'écoutant et le désir de rester en éveil pour ne rien en rater. Cette peau chaude sous ma joue, ce ventre plat sur lequel reposait ma main, tout cela me donnait une sensation de plénitude que j'avais l'impression de n'avoir plus ressentie depuis une éternité. Sa main dans mes cheveux jouait doucement. Quelques gestes inachevés qui me faisaient frissonner. - Tu as froid ? Je peux remonter le drap si tu veux. - Mmm... bouge pas... J'étais si bien, installée comme ça. Je n'avais pas la moindre envie de changer de position. Cependant je sentis les battements de son cœur accélérer tandis qu'il se redressait. Il attrapa le drap qui faisait des vagues à sa taille et me recouvrit avec. Un peu plus réveillée, je remontai la main de son ventre à son épaule et m'y cramponnai comme il se rallongeait. Suivant le mouvement, mon corps glissa contre le sien, et je me retrouvai avec la tête presque au niveau de son visage. Ma main-crampon lâcha sa proie et vint se poser gentiment sur sa joue. - Tu es vraiment doux, tu sais ? - Ah ? Pourtant, je ne me suis pas rasé depuis un moment, ça doit piquer... J'émis un petit rire, vite caché dans son épaule. Sentant son visage grimacer sous mes doigts, je m'écartai légèrement de sa peau pour y déposer un baiser gourmand et relevai la tête. - Je ne parlais pas de ça. Et c'est vrai que tu piques un peu. - Euh... Explique-moi alors, parce que je ne suis pas sûr de bien comprendre. Mon index se plaça sur l'espace entre ses yeux et suivit l'arête de son nez. Arrivé au bout, il hésita un instant puis descendit vers ses lèvres. J'eus alors envie de le remplacer par ma bouche. Mais j'étais vraiment confortablement installée, dans la chaleur de ses bras, à demi allongée sur lui. Et l'idée de modifier, même légèrement, cet agencement mourait aussitôt pensée. Ce fut lui qui renversa nos positions, achevant le déplacement en s'assurant que j'étais correctement allongée sur le dos avant de reposer entièrement son corps sur le mien. Seule l'une de ses jambes se trouvait entre les miennes, et il s'appuyait sur ses coudes pour pouvoir me regarder dans les yeux. Ceux-ci étaient à la fois interrogatifs et taquins. - Embrasse-moi. - Pas tant que tu ne m'auras pas expliqué. Je tournai la tête tout en passant mes mains sur ses hanches puis son dos. - Ton corps. - Hé ? - Toi. Je pensais que... tu serais plus... sauvage ? Tu as été si doux... Je le regardai à nouveau en face en disant ces derniers mots. Et je le vis rougir avant de se baisser et d'enfoncer son visage dans l'oreiller à côté de ma tête. - Ça t'a déplu ? marmonna sa voix étouffée à mon oreille. Je passai ma jambe libre par-dessus sa cuisse pour le garder contre moi et croquai doucement l'épaule qui se trouvait devant mon nez. - Non, mille fois non. J'ai aimé tout ce qu'on a fait. Et la façon dont on l'a fait. Tu ne m'as forcée à rien. Pas même à te dire que je t'aimais. Il se redressa lentement à mes paroles. - Je préfère ne rien entendre qu'entendre un mensonge. Cécile, jure-moi que tu ne te forceras jamais à me dire des choses que tu ne veux pas ou que tu ne penses pas. - ...Si tu me promets de me dire toujours la vérité... Il me regarda en souriant. - Je sais que c'est pas forcément toujours facile. Mais c'est une promesse qui me convient. Il posa ses lèvres sur les miennes tout doucement. Ses yeux restaient ouverts, ce qui fit que je ne me perdis pas immédiatement dans son baiser. - Je te promets. Comme il ne bougeait toujours pas après ces quelques mots, je parlais à mon tour. - Je te jure. Il sourit, ferma les yeux et scella nos bouches. Quand il s'écarta, je libérai sa jambe et il se laissa couler à côté de moi. - Cécile, avec une promesse pareille... - Mmm oui ? murmurai-je, encore sous le charme de son baiser. - Ca veut dire qu'on est ensemble, n'est-ce pas ? Je fis mine de réfléchir tout en souriant intérieurement. - Je pense que ça veut dire ça, oui. En tout cas, c'est comme ça que je le comprends. Ça pose un problème ? Il ne répondit pas tout de suite. Un peu inquiète de son manque de réaction, je pivotai pour me mettre face à lui dans une position miroir. - Jun ? - Je... J'ai envie d'être avec toi, Cécile. Vraiment. De pouvoir faire les boutiques avec toi, t'emmener au restaurant et au cinéma, me balader dans les rues en te tenant la main ou m'asseoir sur un banc en te gardant dans mes bras. Vraiment. - Mais tu ne peux pas, c'est ça ? Ma voix et mon expression étaient neutres. - Non, je ne peux pas. Déjà c'est dans mon contrat. J'ai le choix, bien sûr. Je pourrais très bien balancer tout ça aux orties et... Je l'arrêtai d'un regard noir. - Non, tu ne peux pas, Jun. Tu ne peux pas faire ça. Ton boulot, c'est ta vie et ta passion. Personne n'a le droit d'exiger que tu y renonces si ce n'est pas ce que tu veux. Pas plus moi qu'un autre. Et si tu y renonçais juste pour moi... Je marquai une pause, le temps de choisir mon verbe. - Je te haïrais. - Même si c'est par amour pour toi ? - ça n'a rien à voir avec l'amour. Je ne veux pas que tu fasses une chose qui ne te plait pas "pour moi". Je ne veux pas que tu changes "pour moi". Je suis tombée sous ton charme tel que tu es. Alors je te prends tel que tu es. Peut-être que tu évolueras d'une manière trop différente de la mienne et peut-être que cela nous séparera un jour. Mais en attendant, je ne veux pas être la cause d'un changement que je n'ai pas demandé. Je n'avais aucune envie de lui parler de mes expériences passées, je n'avais surtout pas envie d'y songer alors qu'il était si près de moi. Mais j'espérais qu'il comprendrait sans que je lui dise que je savais de quoi je parlais. - Donc j'ai interdiction de quitter mon job ? J'esquissai un sourire. - Pff, non, tu fais ce que tu veux. Mais ne le fais pas "à cause de" ou "pour" moi. Il leva la main pour attraper une mèche de mes cheveux et la suivre sur toute sa longueur. - Vivre un amour caché te convient ? Ou est-ce que c'est parce que tu as peur de me montrer à tes amis ? - Ah ! il pourrait y avoir de ça... si j'avais des amis ici. Blague à part, je sais que tes contraintes ne sont pas celles de tout le monde. De plus, je te rappelle que je suis encore mariée. Ça t'irait d'être impliqué publiquement dans un adultère ? Il me fixa un instant. A sa tête, je devinai qu'il avait oublié cet aspect des choses. - Pas tellement, non. Je sais très bien ce qu'il en est, mais je sais aussi ce que peut faire une rumeur. Cécile, je pense qu'il vaut vraiment mieux, pour toi comme pour moi, qu'on ne dise rien sur nous. A personne. - Même pas à tes collègues ? Tu es capable de leur cacher des choses ? - Surtout eux ! J'ai pas envie d'avoir à m'expliquer sur le fait que je suis avec une femme. Et qu'en plus, cette femme, c'est toi. Déjà qu'ils ne savent pas encore que Teru et Toshi sont ensemble. Et que seul Sho sait que Teru et toi êtes séparés. Ils ne comprendraient pas, je pense, ou alors ils trouveraient qu'on va trop vite. Je vais continuer à jouer à l'inconsolable célibataire. Après tout, je suis acteur, non ? Je le regardai intensément. C'était une idée qui pouvait se tenir, mais... - Tu sais, Jun. Dans ce genre de mensonge par omission, il y a un moment où les choses deviennent difficiles. Parce que peu importent les justifications, quand les gens auxquels on tient apprennent la vérité et le temps pendant lequel on la leur a cachée, ça leur fait mal. - Je sais. ...et toi, tu vas en parler à quelqu'un ? A Lucie-chan ? Je fermai les yeux une seconde. - Si personne d'autre n'est au courant, je ne veux pas lui faire porter ça. D'autant qu'elle va venir bosser avec vous le mois prochain. Ça risquerait d'être infernal pour elle. Par contre, il faudra jouer serré avec elle, parce qu'elle se doute déjà que tu me plais. - Ah ! oui ? - Oui. Elle a souvent vu que j'étais amoureuse avant même que je m'en rende compte. Le point "positif" dans ton cas, c'est qu'elle ne te voit pas autrement que gay. Si on veut continuer à le lui cacher, il faudra que tu appuies sur cet aspect-là. - Mais je n'ai pas envie de t'éviter pour qu'elle ne se rende compte de rien ! - On est amis, non ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais évité mes amis garçons. Donc aucune raison de commencer avec toi. Lucie sait pour Teru et Satoshi. Je pense d'ailleurs qu'elle leur en veut plus que nous. Elle peut donc comprendre qu'on se soit rapproché. - Mmm, fit-il en ayant l'air de réfléchir. Ok, donc on ne dit rien à personne et s’ils ont l'air de se douter de quelque chose, nous sommes amis. Euh... et on agit comment face à eux ? - Comme d'habitude : on se chamaille ! Ça me manquerait trop de ne pas te piquer. - Hey ! Je suis pas là pour que tu exerces tes talents de couturière maladroite ! Je lui caressai la joue en souriant. - Ose dire que ça te déplait ! Rassuré que nous soyons sur la même longueur d'onde, son expression se modifia légèrement. - Tu m'as vraiment trouvé doux ? Il semblait inquiet mais avait quand même posé la main sur ma hanche. - C'est un problème ? Tu tiens vraiment à maintenir ta réputation de DoS en privé avec moi ? Il pouffa légèrement. - ...C'est que... je n'avais jamais été comme ça. En même temps, je n'avais jamais fait l'amour avec une femme... - Jamais jamais ? - Non, vraiment. Le plus que j'aie fait, ce doit être pour le tournage de Tokyo Tower. Ça ne demandait pas de sentiments ni même d'action véritable, même si à l'image, ça donne un rendu assez réaliste. D'ailleurs, je pense que ça me tenterait bien de faire l'amour dans un jacuzzi. - Avec moi ? demandai-je amusée. - J'ai pas l'intention de toucher à une autre femme. Pas plus qu’à un autre homme. Toshi a été et restera le seul. Il remonta sa main jusqu'à mon omoplate et me colla à lui. - Tu sais, je ne me suis pas retenu, j'ai été comme j'avais envie d'être avec toi. Mais si tu voulais quelque chose de plus... Je l'interrompis. - Non, je ne voulais pas autre chose que ce que tu m'as donné. Bien sûr, j'aurais pris autre chose si tu avais fait autre chose. Je prendrai tout ce que tu voudras. Euh... sauf peut-être les menottes et le fouet. Là, je suis pas sûre de pouvoir gérer. Il rit doucement. - Ok, je note, pas de menottes ni de fouet. Je me limiterai au lacet de cuir, aux cordes de soies et... - Stop !! J'ai rien contre un peu de vigueur, mais ne me parle pas de SM maintenant, s'il te plaît ! - Ah ? pourtant j'aurais cru que ça te plairait. - Tu aurais cru, hein ? Je me serrai contre lui. Puis une idée se rappela à moi. Une interrogation que j'avais eu avant qu'il ne m'embrasse et qui était revenue quand il m'avait emmenée dans la chambre. - Dis, je peux te poser une question ? - Hum ! Ça a l'air bien sérieux tout d'un coup. Il nous écarta légèrement et appuya sa tête sur une main tandis que l'autre caressait doucement ma hanche par-dessus le drap. - Vas-y, je t'écoute. Je n'hésitai qu'un quart de seconde.
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- Comment savais-tu que j'allais te laisser faire ? Et ne me dis pas que tu as parié sur ton sex-appeal ! Je souris. - Je suis pas fou. J'ai bien vu que tu n'en avais pas grand-chose à faire. Sinon, c'est sans doute toi qui aurais largué Teru pour Sho... - Quoi ?! - Ben quoi ? Ce mec est une bombe à tes yeux, non ? Voix grave, bouche sensuelle, corps sexy... Même moi je lui reconnais ces qualités. Et pourtant, je peux t'assurer que contrairement à Riida, il ne m'a jamais attiré. Elle esquissa une moue boudeuse. En fait, elle était presque aussi timide et coincée que mon collègue. Si elle était tombée amoureuse de lui, je me demandais s'ils auraient réussi à conclure, ces deux-là... - Enfin, bref, je savais que si je ne te laissais pas trop réfléchir, tu serais d'accord. - Ah ! oui ? Et la raison ? Hé ! mais c'était qu'elle serait presque fâchée ! - Ça fait un mois qu'on dort ensemble plusieurs nuits par semaine. - Oui, comme amis. Crois-le ou non, mais ce n'est pas parce qu'il y a un mâle à moins d'un mètre de moi que je vais me jeter dessus pour assouvir mes pulsions. - Je te crois, ne t'en fais pas. J'ai vu la lutte que tu as menée tout à l'heure pour me résister alors que tu avais envie de moi. Je posai un doigt sur sa bouche. - Chhh, ne dis rien, sinon je ne vais jamais pouvoir répondre à ta question. Je savais que tu me voulais. Je ne savais juste pas si tu le savais toi-même. Elle fronça les sourcils. - Tu ne t'en rendais sûrement pas compte, mais quand on dormait ensemble, tu bougeais beaucoup et tu me réveillais. Elle prit un air contrit. - Logique puisque tu n'étais pas bien. Mais ça ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Parce que ça me donnait l'occasion de t'entendre m'appeler. Ses yeux s'ouvrirent en grand. - Si ce n'était pas mon nom, ça y ressemblait furieusement. Et dans ces cas-là, je n'avais qu'à poser ma main sur ta tête, ton épaule ou ton bras pour que tu te rapproches de moi en m'appelant encore. Quand j'ai réalisé ce que ça voulait dire, je me suis demandé ce que j'en pensais. Parce que moi, ça me convenait de te tenir dans mes bras. - Et ?... Je souris encore et me mis sur le dos, écartant le bras qui n'était pas sous son corps. - Et j'ai décidé d'acheter un nouveau lit. A son tour, elle s'appuya sur son coude pour me surplomber légèrement. - T'es un grand malade, toi ! dit-elle en souriant. Je la regardai un instant avant de l'attirer contre moi, cherchant à faire se poser ses lèvres sur les miennes. - J'aime quand tu m'appelles. J'aime ta voix, quand elle gémit mon nom. J'aime tes mains, quand elles me caressent. J'aime ta bouche, quand elle se bat avec la mienne. ...Embrasse-moi encore, Cécile... Je fermai les yeux, attendant de la sentir contre moi. Mais son souffle restait inaccessible. - Jun ? - Mmm... ? - Comment savais-tu que tu aimerais ça, si je suis la première et que c'est la première fois ? J'ouvris les yeux brusquement et eus un peu de mal à faire la mise au point. - T'es sérieuse là ? Elle hocha doucement la tête et ses cheveux me caressèrent avec légèreté. - Je te crois quand tu dis que je t'appelais dans mon sommeil. Je... oui, j'ai de bonnes raisons de te croire. Mais si jusqu'à présent, les femmes ne t'ont fait aucun effet, pourquoi moi j'en ai eu ? Alors, elle ne s'en souvenait vraiment pas... Que fallait-il répondre à ça ? ...La vérité bien sûr. Je venais de le lui promettre ! - C'était la première fois que je faisais l'amour avec une femme, mais ce n'était pas mon premier baiser... mixte. Elle fronça encore ses sourcils noirs. - Je ne pensais pas que Satoshi t'aurait laissé embrasser pour de vrai, une de tes partenaires. Oui, c'était clair, elle ne se rappelait pas de ça. - C'était toi, mon premier baiser. Le premier qui m'a fait de l'effet. - Pardon ? Je me décidai à lui expliquer. - Tu avais manifestement vraiment trop bu. Le soir de la Saint-Valentin, quand tu as fini chez moi et que je t'ai emmenée dormir avec moi parce que tu pleurais.
-- Flash back -- Elle s'accrochait à moi. Je ne savais pas trop si elle dormait déjà ou si elle était simplement trop soûle pour réagir, mais elle ne protesta pas quand je la couchai dans mon lit, avant de m'allonger moi-même contre elle pour enfin la prendre dans mes bras. Avant d'éteindre la lumière, j'essuyai d'un revers de manche l'eau salée qui avait inondé son visage. Cherchant à savoir si elle était partie au pays des rêves ou si je devais m'attendre à une nouvelle crise de larmes, je m'approchai de son visage quand elle ouvrit brusquement les yeux. Elle me fixa un instant avant de murmurer quelques mots que je ne compris pas. - Pourquoi ce n'est pas toi ? Sa main se posa sur ma mâchoire, la caressant gentiment. Surpris par le geste, je ne réagis pas davantage quand ses lèvres se collèrent aux miennes et que sa langue m'envahit sans préavis. La moiteur de sa bouche embaumait l'alcool, lui donnant un goût qui m'enivra. Elle avait l'habitude d'embrasser. Pas forcément de mener la danse, mais elle donnait envie de la faire danser. Ce que je fis avant même de m'en rendre compte. Je ne repris mes esprits qu'en sentant une main chaude caresser mes fesses... sous mon pantalon! J'attrapai bien vite la coupable baladeuse et la ramenai au niveau de mon torse. Cécile ne parut pas contrariée pour autant et continua d'explorer mon palais jusqu'à ce que je nous sépare pour respirer. Peinant à retrouver mon souffle, je ne réalisai qu'au bout de quelques minutes qu'elle s'était endormie. Hésitant sur la conduite à tenir, j'optai pour ce qui me paraissait le plus urgent et m'endormis à mon tour. Au réveil, la sonnette de l'entrée ne m'avait pas laissé le temps de réfléchir. Et par la suite, l'attitude de Cécile n'ayant pas changé, je décidai de faire comme s'il ne s'était rien passé.
-- Fin du flash back --
- Tu... tu m'as laissée faire ça ?!! - Mieux que ça : j'y ai participé avec un grand plaisir. Mais c'était un peu... surprenant, alors j'ai préféré penser que ça n'avait aucune conséquence. En plus, quand tu es partie de chez moi, c'était avec Teru. Si tu te remettais avec lui, pourquoi je serais venu foutre le bazar dans ta vie ? Elle fit mine de s'éloigner mais je lui attrapai la taille et la plaquai contre moi. - Cécile, tout va bien, je t'assure que je ne regrette rien de ce qu'il s'est passé entre nous. A aucun moment. Cette nuit-là, j'ai réagi mais je n'aurais jamais pu t'accepter dans ma vie et tu n'avais pas de place pour moi dans la tienne. J'ai gardé ce baiser comme un joli trésor dans une boîte, attendant de voir s'il me fallait m'en débarrasser ou le partager. Dis-moi que je n'ai pas eu tort de te le raconter. - Je suis fâchée. Itte ! J'aurais dû me taire, je le savais. - Pourquoi ? Elle se dégagea de mes mains et se redressa pour me regarder en face. - Parce que je ne m'en souviens pas ! J'ai jamais bu assez pour oublier un truc aussi important. Pourquoi c'est arrivé avec toi ? Avec ça ! Notre premier baiser, et je ne m'en rappelle même pas ! Je souris. - Alors embrasse-moi jusqu'à ce que la mémoire te revienne ! Elle plissa le nez quelques secondes, puis ses traits se détendirent et elle se pencha vers moi. - Si c'est ça, je sens que je vais rester amnésique longtemps. - Ça me va...
A dimanche prochain!! | | | Sam 15 Fév - 15:25 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Aujourd'hui on s'attaque au problème de Sho... entre autre... Savez vous d'où viennent toutes ces illustrations (quelles émissions, dramas...) ? N'hésitez pas à laisser vos réponses en commentaire. - Chapitre 38:
++Sho++
Elle me regarda presque pensivement pendant une longue minute. Je me sentais en équilibre sur un piton rocheux et me demandais de quel côté j'allais tomber. - Tu as bien exprimé tout ce que tu avais à dire? Il n'y a rien que tu voudrais ajouter ou retrancher à tes paroles? Je trouvais que c'était une curieuse façon de me demander si j'étais sûr de moi. Je la regardai un instant en m'efforçant de garder la maîtrise du cheval fou qui galopait quelque part dans ma poitrine. - Cécile-chan, répondis-je, je pense pouvoir dire que l'on commence à se connaître un peu à présent. Et ce que je sais de toi me donne envie d'être à tes côtés, de t'offrir mon épaule et mes bras. Je suis peut-être moins disponible que Teru-kun, mais je sais être totalement à ce que je fais. Quand je suis avec toi, je te jure de ne penser qu'à toi. Mes moments hors travail ne seront que pour toi. Je me tus, ayant l'impression que mes mots ne suffisaient pas. Comment faire pour l'atteindre? Que fallait-il dire pour qu'elle pose les yeux sur moi sans que son regard n'ait l'air de passer à travers moi et de se perdre au-delà? Trahie par mon ami, combien de temps lui faudrait-il avant de pouvoir à nouveau faire confiance à un homme? Et pourtant, comme je voulais être cet homme! - Je crois que tu es quelqu'un de gentil, Sho. Quelqu'un de fiable et honnête qui sait prendre de bonnes décisions et les tenir. Quelqu'un dont le grain de folie n'altère pas le jugement au moment où il faut savoir être responsable. C'est ce que je pense sincèrement de toi. Ses paroles étaient une douce musique à mes oreilles. Avant qu'elle ne poursuive. - Mais crois-tu vraiment me connaître? Que sais-tu de moi? De mes envies, de mes attentes, de mon passé et de mes rêves? Je l'arrêtai de trois doigts posés sur son poignet. - Ce sont des choses qui s'apprennent. Je sais que physiquement, tu ne me trouves pas repoussant. Le reste est affaire d'ajustements. Elle pencha la tête en relevant un seul coin de ses lèvres fermées. - Je ne suis pas Japonaise. Voulait-elle tester ma position sur des sujets problématiques? Eh bien, entendu, j'étais prêt à répondre. - C'est un problème? - Je ne suis pas de ta culture... j'ai une façon différente de la tienne d'envisager ma vie et mon rôle dans mon couple, se reprit-elle. - Teru et moi avons été élevés dans la même culture. - Mais il a passé quelques années en France. Il sait comment on vit là-bas. - Ça s'apprend. Puisqu'il l'a fait, je peux le faire aussi. Ça ne me gêne pas. - Ça ne correspond pas à ton idéal, et si tu peux affirmer que ça ne te gêne pas sans plus d'hésitation, c'est que tu n'y as pas réfléchi. On n'apprend pas une culture dans les livres, Sho, on la vit. - J'ai voyagé pour mon travail ou mes vacances. Elle ferma les yeux une seconde avant de poursuivre. - Je suis enceinte. - Je suis prêt à adopter ton enfant. - Je suis encore mariée. - Je discuterai avec Teru. Puisqu'il ne vit plus avec toi, il faut qu'il te rende ta liberté. - Je ne suis pas une prisonnière... soupira-t-elle. Elle me paraissait si fragile. Comment Teruki avait-il pu l'abandonner? En osant en plus affirmer qu'il l'aimait toujours! Mon ami avait toujours été si... insouciant. On ne pouvait pas laisser une femme enceinte seule face à sa grossesse, c'était tout simplement impensable! Peu importait ce qu'elle disait, l'amitié de Lucie-chan et Jun-kun n'était pas suffisante. Il lui fallait un homme à ses côtés, sur qui s'appuyer et pour lequel elle serait un havre de paix. Et je voulais être cet homme. - Tu m'as l'air de plus en plus fatigué, même si apparemment tu as cessé de perdre du poids. J'ai l'impression que tu travailles trop, Cécile-chan. Laisse-moi veiller sur toi et tu n'auras plus à faire toutes ces choses épuisantes. - Par choses épuisantes, tu entends...? - Ces textes et ces interventions que tu traduis. - C'est mon travail, Sho, dit-elle d'une voix douce. - Eh! bien, tu pourrais les mettre entre parenthèses le temps d'arriver au terme et durant les premières années du bébé. Je ferai ce qu'il faut pour ça. Je ne comprends pas que Teru ne fasse pas en sorte que tu n'aies pas besoin de travailler. - Il ne peut pas faire ça, il n'est pas magicien. - Magicien? - Sho... Elle me dévisagea un moment et je lui souris comme je le faisais lorsque je n'étais pas sûr de comprendre mon interlocuteur. Elle se redressa sur son coin de canapé et, ce faisant, éloigna son bras de ma main. Puis elle regarda un instant autour d'elle avant de me fixer à nouveau. - Sho, j'ai besoin de travailler. Pas seulement pour gagner ma vie, mais parce que j'aime mon métier. J'aime les rencontres qu'il me permet, les découvertes que je peux y faire. J'en ai besoin. Et c'est une chose que Teru a compris immédiatement. - Et je peux comprendre aussi, je t'assure. Mais pour ta santé... Elle fronça les sourcils et je m'interrompis. - Le problème n'est pas là. Le problème? - Quel problème? demandai-je, perplexe. - Ce qui fait que toi et moi, ce n'est pas possible. Elle me laissa digérer cette phrase avant de reprendre. - Tu es quelqu'un de gentil et sérieux. Tu es bourré de qualités et de talents et tes défauts te rendent charmant... dans une certaine mesure. - Mes défauts? Le fait que je bégaie quand je suis ému, ou que j'ai besoin d'avoir un planning chronométré? Ma peur de la hauteur?... - Le vertige, on n'y peut pas grand-chose en soi, et je trouve admirable ta façon de l'affronter, même si parfois tu le fais sous la contrainte. En revanche, pardon, mais, un homme qui hurle de cette façon parce qu'il est dans une maison soi-disant hantée... j'ai beaucoup plus de mal. Ça allait me poursuivre longtemps, cette histoire de maison? D'ailleurs... - Aiba-chan a crié plus que moi! - Mais il ne prétend pas passer sa vie avec moi. - Cécile-chan, je suis sérieux quand je dis ça. - Je te crois, affirma-t-elle. Mais les raisons que je sens derrière ton sérieux ne me donnent pas envie d'essayer. Elle... me rejetait? - Pourquoi? Je suis sûr que tu te trompes. - Je ne pense pas, non. Pas à ta façon de me dire les choses. Et même si je me trompais... je ne pourrais pas vivre avec ce genre de doute. J'ai besoin d'avoir pleinement confiance dès le départ en celui avec qui je suis. - Et tu ne me fais pas confiance? Comment pouvais-je parler de manière aussi calme? On m'avait rarement repoussé, mais cela m'était déjà arrivé. Je n'avais jamais réussi à rester aussi maître de moi. Peut-être était-ce dû à sa façon de me parler, au ton qu'avait notre conversation. - C'est un peu plus compliqué que ça. Sho, je crois que tu veux être avec moi, je ne remets pas ça en cause, je pense que tu es sérieux. Mais je crois aussi que tu le veux pour une mauvaise raison. - Une mauvaise raison? En quoi est-ce mauvais de vouloir que tu sois bien? Qu'est-ce qu'il y a de mauvais à souhaiter ton bonheur? - En soi, rien du tout. Mais pourquoi veux-tu mon bonheur? - Eh? J'avais l'habitude des démonstrations un peu compliquées, mais là, je n'étais plus très sûr de suivre son raisonnement. - Ok, je vais faire simple : je pense que tu veux réparer les torts que m'a faits Teru. C'est ton ami, il compte à tes yeux mais tu réprouves ce qu'il a fait. Tu vois qu'il est heureux avec Satoshi, alors tu ne veux pas leur faire de mal. Mais tu te penses investi du devoir de réparer ses bêtises. C'était vraiment ce qu'elle croyait? - Tu te trompes! - Vraiment? demanda-t-elle en penchant la tête. - Oui!! Je veux que tu sois bien, que tu aies quelqu'un pour veiller sur toi et ton bébé. Et je sais que je peux être cet homme. C'est tout! Elle s'était levée et je l'avais suivie, cherchant à la tourner vers moi. - Cécile-chan, regarde-moi. Je suis très sérieux. J'avais enfin réussi à lui prendre les épaules et à l'obliger à me faire face. Elle était dos au mur et moi, presque collé à elle. Je posai mon front contre le sien et la fixai un instant avant de poursuivre. - Je te jure que je ne fais pas ça pour réparer les erreurs de Teru. J'avais vraiment l'impression, depuis le début, que mes paroles ne l'atteignaient pas. Alors je tentai de lui prouver ce que je n'arrivais pas à lui expliquer. Mes mains glissèrent de ses épaules, l'une se mettant en coupe derrière sa tête pour la lui redresser tandis que l'autre se plaça sur sa taille et la rapprocha de moi. J'inclinai un peu le visage pour venir poser délicatement mes lèvres sur les siennes. Celles-ci étaient douces, tièdes, encore sucrées des gâteaux qu'elle m'avait servis avec le thé. Je passai lentement la langue sur sa bouche avant de lui faire comprendre que je voulais en franchir la barrière. Son souffle caressa mon visage et elle entrouvrit les lèvres. Ma langue s'y aventura à la rencontre de la sienne, reproduisant les pressions que mes mains appliquaient sur sa nuque et sa taille. Les doigts qui tenaient cette dernière finirent par la relâcher pour tenter de sortir son chemisier de sa jupe et de se glisser dessous. Mais Cécile saisit mon poignet sans le serrer et j'ouvris les yeux. Je vis alors que les siens étaient ouverts et qu'ils ne reflétaient rien de la flamme que j'aurais voulu y trouver. Ne s'était-elle pas laissée emporter par mon baiser? Je n'étais pourtant pas si mauvais... Je m'écartai à regret de son visage et la contemplai un instant. Son autre main vint trouver la mienne dans son cou et l'en délogea. Puis elle s'appuya contre le mur tout en repoussant mes bras le long de mon corps. - Tu comprends ce que je voulais dire? Je la regardai avec un air qui ne dut pas lui paraître spécialement éclairé. - Sho... As-tu ressenti quelque chose en m'embrassant? Bien entendu! Quelle question! - Tes lèvres sont douces, ton corps... - Non Sho, je veux savoir s'il y avait des papillons dans ton ventre quand tu m'embrassais, si ta tête tournait, si tes pensées étaient incohérentes, si ton corps brûlait? Honnêtement. - Je... Non! non, pas tout ça à la fois! Mais j'étais bien, et j'ai envie de recommencer. Je me penchai vers elle pour en donner la preuve mais elle détourna la tête. - Moi je n'ai rien ressenti. Et je pense que tu t'en es rendu compte. Je ne veux pas de sentiments bradés, c'est trop triste comme relation. Sho, tu me dis vouloir être là pour moi, mais tu n'as pas besoin de me proposer ton corps pour ça. J'accepte ton amitié et je t'offre la mienne si tu la souhaites, mais je ne veux plus me donner à un homme qui n'est pas amoureux de moi. Or depuis le début, les seules choses que tu me dis ressentir pour moi, c'est quelque chose qui se rapproche de la responsabilité. C'est pour ça que je pense que tu veux endosser celle de Teru. Tu n'as aucun sentiment amoureux pour moi. Tu ne peux pas te forcer à en avoir. Et tu peux être sûr que ça ne changera pas ce que je pense de toi. Tu es quelqu'un de foncièrement gentil et respectable, mais je ne suis pas celle qu'il te faut parce que tu ne me veux pas. Et ça tombe bien, parce que je n'ai pas envie de toi non plus. Même si ça peut te paraître un peu sec, je préfère être honnête. Tu comprends? Je n'en étais pas sûr, non. Mais je fis deux pas en arrière et me mis à regarder par la fenêtre. - Je pense que je vais avoir besoin d'un peu de temps pour ça. Mais si j'ai bien suivi, tu ne veux pas de moi. Elle hocha la tête doucement. - Je ne suis jamais sortie qu'avec des hommes dont les baisers me creusaient le ventre, et ce n'est pas l'effet que tu m'as fait. Gomen. Elle inclina la tête légèrement, faisant glisser ses longs cheveux devant elle. Quand elle se redressa, ils encadraient son visage pâle et dissimulaient son ventre légèrement arrondi. - Cécile-chan, le bébé... - Teru est son père. Il n'est sans doute pas un mari parfait, mais je sais qu'il sera un bon père pour son enfant. Crois-moi, tu n'as pas à te sentir responsable des choix de tes amis. Et cesse de t'imaginer que je suis une petite chose fragile. Je pourrais finir par m'énerver. Je me sentais déboussolé. Nous échangeâmes encore quelques mots, mais je m'excusai rapidement et pris la fuite, trop perdu pour rester. Arrivé devant chez moi, je décidai d'utiliser la salle de sport pour me vider l'esprit. Je n'y parvins pourtant pas. J'avais réellement cru que je faisais ce qu'il fallait. Je voulais protéger Cécile-chan des problèmes qu'allait forcément entraîner une vie de mère célibataire. Elle avait beau dire que ça ne l'effrayait pas... Je m'immobilisai brutalement, soudainement conscient qu'elle avait raison. La première chose qui aurait dû me motiver pour la prendre dans mes bras, ç'aurait dû être mon cœur. Et c'était mon esprit qui m'avait poussé, même si au fil des semaines et de mes discussions avec Nino et Aiba, j'avais eu envie qu'il y ait autre chose. Mais je me disais que ça pourrait venir, plus tard. Que les sentiments n'étaient pas forcément le paramètre le plus urgent. Je ne voyais qu'une femme enceinte et en position délicate auprès de laquelle je voulais jouer le rôle du chevalier blanc. Et j'avais totalement occulté la femme qu'elle était avant tout. - Mais quel baka! - Si tu parles de toi, Sho-kun, je ne peux que t'approuver. Maintenant, si tu veux nous expliquer pourquoi tu te juges si sévèrement? Je pivotai en direction de la voix qui venait de m'interpeler pour me retrouver face à nos deux benjamins. Jun me regardait avec un grand sourire alors que Nino attendait la réponse à sa question. - Qu'est-ce que vous faites là? demandai-je en haussant les épaules. - T'as déjà oublié que je devais passer te voir ce soir? Je suis triste Sho-kun! Et si blessé! Je n'avais pas une folle envie de plaisanter. - Arrête ton cirque Nino, dis-je un peu sèchement. Je me souviens pour toi. Je suis juste surpris que Matsujun soit là aussi. - Je n'ai fait que raccompagner Neen depuis le Kokuritsu où on a répété. Je dois passer voir Cécile-chan et ses médicaments. - Oh!... J'aurais pu le faire, désolé. - Pardon? demandèrent-ils en chœur. Je les vis tous deux me fixer. - Euh... - Attends! Laisse-moi deviner, fit Nino. T'es allé voir Cécile! Tu lui as dit qu'elle te plaisait? Nan parce qu'à un moment, faudrait voir à arrêter de jouer les petits garçons timides, Sho-kun. Le sale gosse m'agaçait. - Je l'ai embrassée. Mes yeux plantés dans les siens eurent la satisfaction de constater qu'il était surpris. Tu ne t'attendais pas à ce que j'ose ça, ne, Nino-chan? Enfin, pour ce que ça m'avait servi... - Elle est chez elle? Tout à mon défi visuel, j'avais presque oublié Matsujun. - Je pense qu'elle y est toujours, oui. Le temps que je réponde et me tourne vers lui, il avait fait demi-tour en nous lançant un vague salut. - Il est pressé! remarquai-je. - Il doit vouloir avoir son avis sur ton baiser, répliqua Nino en souriant. Et comme, d'après ce que j'ai compris, il a un rendez-vous après, il doit vouloir se laisser le temps d'avoir tous les détails. - Un rendez-vous? Un shoot à cette heure? - Nan! T'as pas l'impression qu'il est amoureux ces derniers temps? Ou en tout cas, je suis sûr qu'il y a quelqu'un qui l'intéresse. Et que c'est avec lui qu'il a rendez-vous. C'est tout ce que j'ai réussi à lui arracher dans la voiture, et j'ai hâte d'en savoir plus, mais je le cuisinerai plus tard. En attendant, Magnum, c'est toi que je vais mitonner. Alors, ce baiser? - Y a rien à en dire. - Allez! Fais pas ton timide, Magnum. Un baiser, c'est pas rien quand même! - Laisse tomber Nino. Et arrête de m'appeler Magnum. - Mais c'est Cécile-chan qui a trouvé que ça t'allait bien! Craquant et fondant. - Je suis habillé pour l'hiver, alors arrête de m'appeler comme ça... J'avais presque murmuré, mais je suis sûr que ses oreilles de chat m'avaient entendu. Sa main se posa sur mon bras. - Sho? - Je me suis pris une veste Nino-kun. Elle m'a... J'avais presque envie de pleurer. Et je me rendis compte que c'était ce que je faisais lorsque le pouce de mon ami vint écraser la larme qui glissait sur ma joue. - On va chez toi, et tu me raconteras ce que tu voudras. Son ton avait perdu sa gouaille taquine et je le laissai me guider jusqu'à mon appartement. Il me força à m'installer dans mon canapé avant d'aller nous chercher deux bières. Puis il resta silencieux, attendant patiemment que je commence. Sauf que je ne savais pas quoi lui dire. - J'aurais dû attendre. Ou alors, j'aurais dû écouter Jun et ne pas me lancer là-dedans. - Jun n'y connait rien en femmes, c'est pas un exemple, balaya-t-il d'un revers de main. Et si t'avais attendu, ça aurait changé quoi? - Je... je sais pas, au fond. ...Dis Nino, je suis vraiment trop raisonnable? - Tu veux dire, comparé à nous? N'importe qui aurait l'air trop raisonnable. On est tout sauf ça! - Nino-chan, je suis sérieux. - ...et désespéré, oui, j'ai vu. Comment elle a fait pour ne pas fondre sous tes baisers? - J'ai pu l'embrasser qu'une fois. C'était doux et tout sucré. Il me regardait avec cet air figé qu'il a quand il attend la suite avant de réagir pour savoir s'il peut ou non commencer à se foutre de son interlocuteur. - Ok, je suis mièvre. - J'ai rien dit! ...mais c'est vrai, j'ai l'impression d'entendre Aiba-chan, là. Donc, toi, t'as fondu, mais pas elle, c'est ça? ...Si tu veux pas répondre à une question, tu le dis, ne? - Elle n'a pas fondu, non. Elle m'a dit que je ne lui creusais pas le ventre. Et quand j'ai été incapable de lui dire si notre baiser m'avait donné des papillons dans l'estomac, je me suis senti... - Attends, attends! Pas de papillons? Tu veux dire... que t'es pas amoureux d'elle? - Si!! Mais j'ai pas besoin de papillons pour ça! Ça se passe dans la tête, Nino. Savoir si une personne est faite pour toi ou non. - Je... je suis pas un expert en matière d'amour partagé. Mais après avoir vu J pleurer toutes les larmes de son corps à cause de Riida, je peux t'assurer que l'amour est tout sauf raisonnable.
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++Nino++
J’avais laissé Sho chez lui quand un de ses collègues de Zero l’avait appelé. Après dix minutes de discussion acharnée pendant laquelle il avait ouvert son notebook et commencé à taper quelques infos, j’avais choppé un crayon et un morceau de papier pour lui laisser un message où je lui disait qu’il pouvait toujours m’appeler en cas de coup de blues et de ne pas trop travailler. N’empêche je n’en revenais pas. J’avais vraiment pensé que si Sho se lançait, il réussirait à convaincre Cécile. Après tout, elle n’avait pas semblé indifférente à la plastique de notre ami et son intelligence savamment cultivée était la cerise sur le gâteau qu’il représentait. Mais de toute évidence ce n’était pas suffisant ou alors et c’était le plus probable Sho n’avait pas été assez sensible. En même temps, si dans les tout premiers temps de notre projet Lucie n’y avait pas été hostile, depuis le séjour à l’hôpital d’Aiba-chan elle semblait avoir rejoint Jun dans le clan des contres. Si elle savait que Cécile jetterait Sho, elle aurait pu le dire clairement… Tout à mes réflexions, je m’aperçus que j’étais arrivé à la station de taxi et, au lieu de me diriger vers mon appartement, je commandai au chauffeur de me conduire à la Jimusho. J’étais presque sûr d’y trouver une certaine ingénieur du son complètement immergée dans son boulot.
Gagné, elle était là. Le nez dans sa console en train de torturer je ne sais quelle piste mais de toute évidence très concentrée puisque quand je rentrai dans la pièce, elle ne m’entendit pas. L’expérience avait prouvé qu’avec elle, le plus prudent était d’attendre qu’elle émerge un peu avant de lui parler; tout ce qui serait dit avant serait comme un cri dans un désert : totalement inutile. Pour l’attendre, je plongeai dans mon addiction favorite. - Tiens ! Je levai la tête, perturbé par un mouvement de balancier derrière ma DS. Ce dernier était une canette que Lucie agitait entre nous pour attirer mon attention. A force de l’attendre, je m’étais perdu à mon tour dans les méandres de mon esprit et du jeu, oubliant quelque peu la réalité qui m’entourait et le pourquoi de ma présence en ces lieux. Je pris la boisson et après avoir vérifié qu’elle ne risquait pas de m’exploser au visage si je l’ouvrais à cause de l’énergique traitement auquel elle avait été soumise, je la décapsulai. - T’as pas confiance ? me demanda-t-elle en prenant la canette qu’elle avait laissée sur la table avant de s’asseoir à mes côtés. J’hésitai une seconde sur la réponse à donner quand elle reprit avec un sourire. -Réponds pas, ton hésitation parle pour toi. Mais sache quand même que c’est le genre de bêtises que je ne ferais qu’à l’extérieur et sûrement pas dans mon domaine. En disant cela, elle désigna vaguement les consoles à moins de deux mètres de nous. J’aurai dû le savoir… En fait… Je le savais mais… -… quoi t’es là ? - Pardon ? - La terre appelle Ninomiya Kazunari-san ! Je répète, pourquoi t’es là ? Pourquoi tu t’incrustes alors que tu sors d’une journée chargée et que demain tu commences ton tournage ? Ah! oui. La raison de ma présence… c’était simple. - Cécile-chan a rejeté Sho-kun. Rien qu’à sa tête, je vis qu’elle n’était pas surprise. Plutôt soulagée même. Tellement soulagée qu’elle en soupira, murmurant quelque chose que je perçus uniquement parce que j’étais assis à quelques centimètres d’elle. - Tu dis ? - Enfin… non rien. - Toi, tu sais quelque chose… Réflexion faite, Jun aussi doit savoir… Qu’est-ce que vous cachez tous les deux au sujet de Cécile-chan ? Elle a un amant ou quoi ? Lucie se détourna mais le rouge avait déjà grimpé à ses joues. Il semblait que j’étais sur la bonne piste. Je posai les mains sur ses épaules et, après un instant, l’obligeai à me faire face. - Nino-kun, rentre chez toi. J’ai encore du boulot et toi tu joues demain. Franchement, ça le fait pas quand t’as une mine de déterré… Vas dormir. Elle n’avait pas tort. Alors je décidai de laisser tomber pour ce soir et me levai. - N’en fais pas trop toi non plus. N’oublie pas de dormir aussi et un lit est toujours meilleur que ce canapé, signalai-je en montrant le siège où nous étions assis quelques instants plus tôt. - C’est moins pire que le fauteuil, rétorqua-t-elle avant de s’approcher de moi et de déposer une bise sur ma joue. Allez, file maintenant et… merci pour la visite. A plus. Je sortis et une fois dans l’ascenseur, je découvris qu’un sourire idiot ornait mes lèvres.
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++Jun++
Elle m'avait dit qu'elle ferait tout pour le décourager, une fois qu'il se serait décidé à lui parler, si jamais il le faisait un jour. Je ne pensais pas qu'elle le laisserait l'embrasser! C'était vraiment pour le décourager ? Elle se fichait de moi ! J'avais ruminé mon mécontentement durant tout le trajet, et arrivé en bas de chez elle, j'étais sérieusement remonté. Les clés que je retrouvai difficilement au fond de mon sac et l'ascenseur qui mit un temps fou à descendre puis repartir vers son étage achevèrent de m'exaspérer. Quand j'entrai dans l'appartement, je sentis une odeur sucrée flotter dans l'air. Elle avait fait de la cuisine ? Y était-elle encore ? Je fis glisser la porte pour vérifier mais la pièce était vide. J'éteignis machinalement le four en passant devant (quel besoin avait-elle eu de faire cuire ces trucs alors qu'il faisait déjà SI chaud ?!) et ouvris aussi silencieusement que ma colère me le permettait la porte qui donnait dans le séjour. Là non plus, je ne vis personne. A l'exception du chat qui se dorait au soleil devant la fenêtre. Les rideaux baissés ne laissaient passer qu'un maigre filet de lumière tout en bas, juste assez large pour la boule de poil. Elle devait être dans son bureau dont je m'approchai d'un pas vif. Je l'y trouvai en effet, plongée dans un livre, étendue sur les confortables coussins que nous avions mis là exprès. Elle ne m'avait pas entendu et poursuivis sa lecture jusqu'à ce que je lui ôte l'ouvrage des mains. Ses yeux croisèrent les miens et j'y vis un pétillement qui réveilla mon envie d'elle sans éteindre ma hargne. Elle pouvait me sourire ainsi après ce qu'il s'était passé ? Je ne la laissai pas se relever pour m'approcher et lui pris le bras pour la retourner le nez dans les coussins. Je la maintins d'une main tandis que l'autre relevait sa jupe après avoir dégrafé mon pantalon. - Jun ! Qu'est-ce que tu fais ? - Tu aimes ça, non ? Un peu de sport. - Oui, mais... Jun ! Je m'étais collé à elle, mon boxer ayant rejoint mon pantalon au niveau de mes genoux et ma main caressant un instant sa hanche avant de remonter par-dessus la large ceinture de la jupe pour relever son chemisier. Mes doigts glissèrent sur sa poitrine, repoussant le soutien-gorge, et mon bassin commença à marquer une cadence langoureuse bien qu'un peu vive. Je sentis sur mon sexe allant et venant entre ses jambes une humidité qui me prouva qu'elle aimait ce que je faisais et je n'attendis pas plus longtemps pour écarter sa culotte et me glisser en elle. Le léger cri que je lui arrachai ainsi attisa encore mon désir et je nous redressai un peu pour que mon angle de pénétration soit meilleur et que mes mains puissent jouer avec ses seins. Elle était à genoux devant moi et je voyais dans ses épaules la tension éprouvée par ses bras sur lesquels je la forçais à s'appuyer. Je me collai à son dos pour épouser ses mouvements et embrassai sa nuque tout en gémissant son nom. C'était si bon. La sentir autour de moi, frémissante, brûlante, haletant un peu plus chaque fois que je m'enfonçais en elle. Je lâchais ses seins pour que mes mains puissent rejoindre les siennes et les tenir un instant avant que de nous mettre en position plus verticale, l'obligeant à se lever et s'abaisser sur moi, la sentant se tendre dans mes bras avant que son corps ne s'arque contre le mien. J'ouvris les yeux à demi pour contempler, contre mon cou, son visage marqué par le plaisir. Je remarquai ses sourcils froncés malgré son abandon et sa bouche qu'elle mordait encore pour empêcher le moindre son de quitter sa gorge mais je fus alors saisi par ma propre jouissance. Je nous fis retomber doucement sur les coussins, la gardant contre moi d'un bras en travers de son buste bien que son bassin s'écarta du mien. Lorsque nous reprîmes notre souffle, je plongeai le nez dans son cou et déposai des baisers papillons à la base de ses cheveux, tout près de son oreille, m'enivrant de son odeur. - Je t'aime, murmurai-je. Elle sursauta et, écartant mes bras, se tourna vers moi et m'observa attentivement avant que sa bouche ne cherche la mienne. Mais je détournai la tête et elle ne fit pas d'autre tentative. Au contraire, elle me repoussa et se leva pour s'éloigner de quelques pas et s'asseoir contre la cloison. - Tu m'aimes ? T'es sérieux là ? C'était pas de l'amour, ça ! Me redressant à mon tour, je me mis à fixer les jointures des tatamis entre nous. - Je t'aime Cécile. T'as pas le droit de mettre mes sentiments en doute ! - Ce ne sont pas tes sentiments mais tes actions dont je te parle ! Pourquoi t'as fait ça ? Je n'osais pas répondre, gardant le regard baissé. Elle m'en voulait, c'était évident. Et je savais qu'elle en avait tous les droits. D'ailleurs, pour quelle raison avais-je fait ça ? Ça avait été aussi bon que je me le figurais, mais... - Je t'avais dit que je ne voulais pas de cette position. Pas maintenant en tout cas. Tu m'as forcée, Jun. N'attends pas de moi que je te le pardonne en quelques minutes. - Eh ! bien comme ça, on est à égalité ! - Plaît-il ? - Tu m'as très bien comprise ! J'avais relevé la tête, furieux qu'elle se pose en victime avec une telle mauvaise foi. - Tu parles de quoi là ? Ça a quelque chose à voir avec le fait que tu ne veux pas m'embrasser ? - J'ai aucune envie de savoir quel goût a la bouche de Sho. Elle écarquilla les yeux un instant avant de se rapprocher de moi. Je la regardai faire sans bouger, m'imaginant capable de réagir quoi qu'il arrive. Sauf que lorsque je réalisai que ma joue me brûlait, Cécile s'était déjà relevée et était retournée dans le séjour. Je l'y rejoignis aussitôt, l'obligeant à me faire face. - C'était quoi ça ? - Tu m'as déjà brutalisée. Tu pourrais peut-être te limiter à une fois par jour ? Elle me regardait crânement, mais je sentais toute sa fragilité dans son regard plein de défi. - Princesse... - Jun, je ne sais pas comment tu l'as appris, mais tu aurais peut-être pu me demander ce qu'il s'était passé avant d'agir comme tu l'as fait. Tu te comportes comme un bourrin et en plus tu me demandes des comptes sans me dire de quoi il s'agit. J'ai l'audace de penser que je mérite mieux que ça. - Tu m'avais dit que tu le repousserais. Pas que tu l'embrasserais ! - Je ne l'ai pas embrassé. - Pourquoi aurait-il menti ? - JE ne l'ai PAS em-bras-sé !! Si non seulement tu n'es pas capable de me faire confiance, mais qu'en plus tu ne comprends pas ce que je te dis, je ne vois pas pourquoi on continuerait de discuter. Va-t'en ! Elle fit mine de retourner dans la cuisine, mais je la retins. - Parle-moi ! Je croirai ce que tu me diras, alors dis-moi quelque chose ! - Lâche-moi ! ...Jun, lâ-che-mon-bras !! Je serrai son bras plus fort et cherchai à lui arracher ces quelques mots qui me feraient oublier tout ça. Mais elle ne les prononça pas. - Une semaine. - Quoi ? - Une semaine. C'est la durée pendant laquelle je ne veux ni te voir, ni t'entendre. Ça te laissera le temps de réfléchir à tout ça et moi, j'arriverai peut-être à te pardonner. Maintenant, va-t'en ! - Tu ne veux pas que l'on se voit pendant toute une semaine ? Mais c'est trop long Cécile ! - Eh, bien ! La prochaine fois, tu réfléchiras peut-être avant d'agir. Ne parvenant pas à lui faire changer d'avis, je fus bien forcé de quitter l'appartement. Je partis donc, regrettant d'avoir été si vindicatif et aveuglé par la jalousie.
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++Nino++
- Otsukare sama deshita ! L’assistant que je venais de saluer me répondit et enfin je fermai la porte de ma loge pour me démaquiller et me doucher avant de remettre mes propres vêtements. Une nouvelle journée de tournage s’était achevée et je n’avais qu’une idée, c’était rentrer me jeter sur mes jeux un moment. Comme prévu, j’avais fini tôt et j'allais pouvoir rattraper tout le retard que j’avais accumulé… Sous la douche, je repris mes esprits… mes jeux… je rêvais… aujourd’hui, comme je terminais tôt, j’étais de garde pour Cécile et ses médocs. Bon, si je ne pouvais pas jouer, je pourrais peut-être enquêter sur les raisons qui lui avaient fait rejeter ce pauvre Sho. Je repris rapidement ma voiture et filai en direction de chez les filles. Vu l’heure, Lucie n’était sûrement pas encore rentrée mais après mon passage chez Cécile peut-être… Cette dernière m’ouvrit quand je sonnai à sa porte. Ma tentative de questionnement fut rapidement déjouée et elle me mit à la porte immédiatement après avoir avalé ses médocs devant moi. Après cette défaite, je décidai de ne pas rentrer chez moi tout de suite et de tenter ma chance en sonnant à la porte de Lucie même s’il était bien plus tôt que prévu. Evidemment, elle ne me répondit pas et je me résignai à rentrer chez moi. Alors que je sortais de l’immeuble, je la vis adresser un signe d’adieu au chauffeur d’un véhicule dont la silhouette m’était, j’en étais certain, familière. Je décidai alors de l’attendre à l’abri du porche et quand elle me rejoignit, je lui adressai un franc sourire auquel elle répondit par une grimace. - Bonsoir, Lucie-chan. - B’soir Nino. - Je voulais te proposer de dîner avec moi ce soir… Je t’offre ce que tu veux. - Désolée… mais non. Là tu vois, je rentre, je me fais une tisane et je me couche. Bonne nuit ! En prononçant ces mots, elle avait vérifié le contenu de sa boîte aux lettres avant d’ouvrir la porte. Après les avoir dits, elle s’était glissée dans l’étroit passage qu’elle s’était dégagé avant de refermer derrière elle et de se diriger vers l’ascenseur sans se retourner. Mais qu’est-ce que c’était que cette fille ? Un jour elle m’embrassait, la fois suivante elle ne me regardait même pas. Pourquoi est-ce que j’étais tombé amoureux d’un tel casse-tête ? Ma vie était tellement plus simple avant elle. Je ne m’étais jamais senti aucune obligation envers mes amantes. Les larguant sans regret si elles se faisaient trop prétentieuses. Mais aujourd’hui je ne trouvai plus le même attrait à celles qui tentaient de me glisser dans leur lit. Cela faisait plus de six mois déjà et franchement ce soir Lucie m’énervait. Avec elle, c’était les montagnes russes émotionnelles et je hais les montagnes russes, c’est comme l’océan, ça me rend malade ! Un coup je t’embrasse, un coup je t’ignore ! Mais c’est quoi cette fille ? Pourtant à la fin de nos derniers concerts, j’avais eu l’impression d’être vraiment sur la bonne voie : en particulier quand elle avait accepté et dîné avec moi à notre retour à Tokyo. Pour l’occasion, elle avait pénétré chez moi pour la seconde fois, et en plus, consciente. Elle avait pris le temps d’observer mon intérieur et quand je l’avais autorisée à entrer dans mon studio, elle y avait disparu jusqu’à ce que je la rejoigne pour lui dire que le dîner était prêt. Après son départ, j’étais retourné au studio et j’avais découvert que le piano, auquel je n’avais plus touché depuis que l’enregistrement de mon solo fin mai avait été bouclé, avait été dégagé de la fine pellicule de poussière qui l’avait enseveli puisqu’aucune aide-ménagère n’était autorisée à pénétrer dans cette pièce. Alors quoi ? Et puis, pourquoi était-elle sortie de la voiture de… Masaki ? Il devait tourner en extérieur cette semaine ! Pourquoi était-il à Tokyo ? La voix du baka sortit de mon téléphone avant même que je ne le réalise. - Moshi, Moshi ? Nino ? Qu’est-ce qu’il y a ? - Aiba, comment ça ce fait que tu aies ramené Lucie chez elle ? Je croyais que t’étais hors de la ville ces jours-ci ? - Lu-chan ? Mais… je ne l’ai pas vue depuis… notre dernière réunion. - C’était pas ta voiture peut-être tout à l’heure ? - Nino t’es jaloux ? Aiba était mort de rire. Et moi plus que vexé ! J’allais raccrocher avec un laisse tomber quand il ajouta - T’es trop mignon… Allez, j’avoue. Avant de partir, j’ai laissé mon bolide à Jun-kun, le sien est en révision… alors c’était peut-être ma voiture mais ce n’était pas moi. Ja ne Nino, on m’appelle maintenant. Alors c’était Jun… Le poids qui libéra ma poitrine me fit soupirer d’aise. Devais-je appeler ce dernier ? Aller le voir ? Tiens ce pouvait être une idée… Je parcourus les quelques centaines de mètres qui me séparait de l’appartement de J à pieds malgré la chaleur et découvris au passage la voiture d’Aiba-chan au pied de l’immeuble. Quelques instants plus tard j’étais dans l’appartement climatisé un grand verre de thé glacé entre les mains. Jun était près de moi et même si je ne savais pas ce dont il s’agissait, je savais qu’il était contrarié. - Nino… Est-ce-que… - Jun… Aiba m’a dit que… Nous avions parlé simultanément et venions de nous interrompre de même. Après quelques instants où nous nous observâmes, mon ami baissa la tête et me fit signe de commencer. - Je viens de passer chez Cécile-chan, … - … Elle va bien ? - Oui. Elle est juste d’une humeur exécrable, elle m’a tout juste laissé le temps d’entrer avant de me mettre à la porte ses comprimés avalés. - Pourquoi ? T’as fait quoi ? - Rien… En fait, j’espérais comprendre pourquoi elle avait rejeté Sho-chan, mais j’ai même pas eu le temps de terminer ma question. Enfin le problème c’est pas Cécile-chan, c’est Lucie. Je la comprends pas. Y a trois jours, elle m’embrassait et ce soir elle m’a même pas regardé… - Lucie-chan t’a embrassé ? Vraiment ? - Ouais… nan… enfin sur la joue… - Je me disais aussi… Jun s’était détendu au fil de mon récit et son sourire en disait long. Il répondit soudain à la question que j’avais pas vraiment posée. - Tu sais moi, les humeurs féminines… j’ai du mal à capter. - Pourtant tu t’entends bien avec Cécile… - Sauf qu’on s’est engueulés grave, pour une connerie… il y a trois jours justement… et… elle m’a interdit de remettre le pied chez elle jusqu’à nouvel ordre. Tout ça à cause de Sho… - Tu sais, la dernière fois que je l’ai vu, c’était toujours ce fameux soir et il était pas au mieux de sa forme. Quelque part je crois vraiment qu’il était amoureux… - Moi non. Tout à l’heure il était en grande conversation avec une fille et c’était ni sa sœur ni sa mère, tu peux me croire… - Sérieux ? - Oui. C’était vraiment chaud… - Tu plaisantes ? - Non. La conversation s’allégea et quand je décidai de rentrer chez moi, j’avais été nourri gracieusement par mon hôte. Avant que nous nous quittâmes, il lâcha. - En fait Lucie-chan a une migraine depuis midi. C’est pour ça que je l’ai raccompagnée. Elle n’en pouvait plus. Il m’avait laissé me morfondre plusieurs fois encore au cours de la soirée, et il ne crachait cette explication QUE maintenant. Jun méritait amplement son titre de DoS dans ces circonstances.
A la semaine prochaine... | | | Sam 22 Fév - 12:37 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Humeur : en plein jetlag
| Voici le chapitre du jour. Rappel des codes en anglais dans le texteen français dans le texte- Chapitre 39:
++Ohno++
J'étais penché sur la préparation de ma sauce pour la salade au poulet lorsque j'entendis le "tadaima" de mon homme. Je grognai un "okaeri" sûrement inaudible, mais j'étais trop concentré pour vouloir faire mieux. J'étais en train de goûter la sauce, la trouvant trop sucrée, lorsque je sentis son corps se coller au mien et ses lèvres se poser à la base de mon cou, après qu'il ait écarté mon T-shirt. - Teru! Je suis en pleine création! - Oui chéri, je vois ça. Je me demandais juste si j'arriverais à te perturber, ne serait-ce qu'un peu. Je grommelai quelque chose sur les banquiers engoncés dans leurs costumes lorsque je réalisai que les bras qui me tenaient étaient dénudés. En fait, en tournant la tête, je vis que ses épaules étaient nues également. Mes mains posèrent alors la cuillère et la bouteille de vinaigre et allèrent tâter son corps, et je me rendis compte qu'il était entièrement nu. - Tu cherches à m'exciter? J'ai faim, tu sais? Mais de trucs à mettre dans mon estomac. - Je crève de chaud, donc je comptais prendre une douche en rentrant. Mais te voir si intensément concentré sur ta cuisine... je me suis dit qu'il fallait que je vienne voir ça. Ça a l'air très bon, en tout cas. Il embrassa le haut de ma joue et fit mine de s'éloigner, mais je lui pris le poignet avant de le repousser contre le mur où je le plaquai puis l'obligeai à se baisser pour pouvoir m'emparer de ses lèvres bien plus fraîches que son corps. Une fois faite cette petite mise au point, je lâchai mon amant et repartis m'occuper de ma salade. Je sentais les yeux de Teru fixés sur moi mais je ne répondis pas à son regard. - Vas te doucher, chéri. T'en as bien besoin. Et moi j'ai faim. On prendra le dessert dans la chambre. - Au lit? - Je t'aplatirai dans le matelas. Mais seulement si tu es tout propre. - Et on mettra encore de la crème partout. Sa voix étouffée m'indiqua qu'il était parti se laver. Aussi je lui criai avant d'entendre le bruit de l'eau: - Ça, trésor, c'est parce que tu ne sais pas manger! Et cette fois-ci, ce sera de la glace!
(...)
- Tu vois mon amour, si tu manges proprement, les draps ne collent pas. J'avais dû bien l'épuiser après sa longue journée, parce qu'il réagit à peine à ma remarque. Au contraire, il enfouit sa tête sous mon épaule, me donnant encore plus chaud, et je me soulevai sur mes bras pour finalement m'allonger à côté de lui, juste assez loin pour ne pas trop sentir sa chaleur. Il était beau comme ça, étendu sur le dos, tel que je l'avais laissé en sortant de lui, les ombres naissant de la lumière tamisée dessinant son corps musclé. Son souffle s'était apaisé, mais si je n'avais pas moi-même été si lessivé par la chaleur et les tournages, j'aurais remis de la glace sur son torse. Au lieu de quoi, je me redressai pour la déguster directement dans le bac que j'avais sorti du congélateur. Je sentis sa main sur ma cuisse, glissant jusqu'à mes bourses pour ensuite se faire un peu taquine. - Tu veux que je te suce? Perso, je pourrais pas remettre ça, mais si toi tu as envie... Je pris sa main et la posai sur mon ventre. - Teru, je sais que je suis endurant, sans doute plus que toi, mais j'ai pas envie si toi pas. Et là, franchement, j'ai juste envie de comater. Les tournages en extérieur m'ont crevé. Je l'entendis soupirer doucement avant qu'il ne vienne se mettre à ma hauteur, posant sa tête sur mon épaule. - Tu m'en donnes? Je lui présentai une cuillerée de glace qu'il happa avec satisfaction. - Y a pas à dire, c'est trop bon! - C'était meilleur sur ta peau. - T'es un obsédé! - Mais c'est pas une découverte, ça. - C'est vrai. Nous nous tûmes un moment. La glace avait presque entièrement fondu et je finis le bac en une gorgée avant de me lécher les lèvres. Quand je m'aperçus que Teru me regardait faire, j'en laissai un peu et me rallongeai après avoir posé le plastique par terre. Il n'attendit pas davantage pour venir me couvrir et lécher le liquide frais qui restait au coin de mes lèvres. - C'est sucré. Je ne répondis pas, préférant le renverser pour pouvoir picorer sa bouche tout à mon aise. - Je croyais que tu étais crevé ? - C'est pas parce que j'ai pas la force de faire l'amour que je ne peux pas t'embrasser. - Dis, au lieu d'abuser de mon corps, si tu me racontais ta journée ? - Pas grand-chose à dire. Plein de gens autour de moi, des filles mignonnes qui me sourient, Matsuura-san qui s'agite. Ah! et ce mec avec un cul...! J'ai pas retenu son nom, j'étais trop concentré sur autre chose. Je crois que j'aurais pu mordre ce cul. Franchement. ...Teru ? Il ne réagissait pas, faisant semblant de ronfler. - Dis chéri, si tu t'en fous autant qu'il y ait des canons autour de moi, je vais finir par croire que tu me trompes... Il ouvrit les yeux et me fixa avec moquerie. - Sato-chan, si je m'énerve pour chaque mec mignon qui passe devant tes yeux, je vais mourir très jeune d'une crise cardiaque. Or j'ai l'intention de profiter de toi jusqu'à ce qu'on soit centenaires. Donc je préfère ignorer ces adonis qui traînent dans ton environnement. Préviens-les juste que si j'en vois un te toucher, je le casse en deux. - J'aime quand tu es jaloux, ronronnai-je. Tu deviens encore plus sexy. Bon ! et toi, ta journée ? Oh! Tu devais voir Cécile-san, non ? - Je l'ai accompagnée chez Nakagawa-sensei. Il a dit que tout se passait normalement, même s'il l'a trouvée un peu fatiguée. Je sais que lorsque Jun l'accompagne, il vaut mieux qu'il se déguise, et que pour éviter trop de questions gênantes, il est plus simple que je sois déguisé de la même façon, mais honnêtement, Matsujun était obligé de se travestir avec cette perruque rousse ? Je me sens ridicule là-dessous. Ton ex a des goûts bizarres. - Il a surtout des traits facilement repérables. Il a beaucoup de mal à passer inaperçu. Mais je le soupçonne de s'être fait un petit plaisir sadique en t'obligeant à porter ces postiches. - Ça doit être ça, ouais... Nous laissâmes le silence s'installer un moment. - Sato-chan... - Hm ? murmurai-je alors que je commençais à m'endormir. - Qu'est-ce que tu penses du bébé ? - Comment ça, qu'est-ce que j'en pense ? Je savais que le sujet était délicat et mon esprit se mit en alerte aussitôt. En fait, je savais surtout à quel point Teru rêvait d'être père. Et qu'il ne me fallait donc pas le froisser dans son désir. Toutefois, je ne comptais pas faire semblant de le vouloir autant que lui, puisque ce n'était pas le cas. Ce bébé serait son enfant, la progéniture de l'homme que j'aimais, et à ce titre, je l'accepterai dans ma vie, et je ferai tout ce que je pourrai pour que tout se passe bien. Comme je l'avais dit à Cécile lorsque nous en avions parlé une fois où j'étais venu lui tenir compagnie en juin, je ne me mettrai pas entre Teru et lui. Mais ce serait tout. J'avais quelques expériences avec des tout-petits, et elles me suffisaient pour savoir que, trop petits, je ne savais pas quoi en faire. Ma sœur avait bien tenté de m'intéresser à ses enfants, mais ils n'avaient commencé à ne plus me faire fuir que depuis que mon neveu voulait pêcher avec moi et que ma nièce s'était mise en tête que je lui apprendrai la danse après m'avoir vu dans une vidéo d'un concert de 2004. Et ces deux choses n'emballaient pas mon beau-frère. Alors un nourrisson... Même si c'était le fils de Teruki... - Est-ce que tu es d'accord pour lui faire une place ? - Tu veux dire... dans l'appartement ? Teru ! Y a pas la place pour un bébé ici ! Tu veux le mettre où ? - Avec nous. - Chéri, dis-je en me redressant pour le regarder en face, tu t'imagines vraiment que Cécile-san va te le laisser ? - Nous le laisser, Sato. On est deux. Quand il sera avec nous, on le gardera à deux. Je soupirai doucement. - Teru-chan, tu me vois en train de pouponner ? Pardon mon amour, mais que tu t'occupes de ton bébé, c'est très bien. Cécile-san semble y tenir autant que toi et je suis d'accord avec elle, tu t'en sortiras très bien. Y a qu'à voir comment tu veillais sur ton neveu en janvier. Mais moi... franchement, je n'y tiens pas. Je n'ai rien contre cet enfant, mais... je n'ai rien pour non plus. Tu comprends ? - Sato... - Teru, je n'ai jamais ressenti l'envie d'être père. Sans doute parce que je n'ai jamais aimé que des hommes. - Ça n'a rien à voir ! - J'ai toujours eu en tête que je ne me marierai pas et n'aurai pas d'enfant. Et ça me convient. Ça me convenait et ça me convient toujours. Et puis, je serais quoi pour ton fils ? Je ne suis pas son père. Je ne peux pas être sa mère. Tu me vois comment alors ? Un oncle ? Ton petit ami ? - Tu es l'homme de ma vie. - Oui, c'est entendu, mais je ne suis pas lié par le sang à ton bébé. Et ça me va. Je t'assure que je ne me sens pas exclu. Tant que tu dors avec moi, je n'ai rien à redire. Teru, j'ai sérieusement ralenti ma consommation de clopes, juste pour que notre appart ne pue pas le tabac. Mais ne m'en demande pas trop non plus. Je ne savais pas comment il prenait ce que je disais, mais il fallait bien que je mette les choses au clair sur ce point. - Chéri, promets-moi que tu n'en voudras pas à mon fils de me prendre du temps, si tu veux pas le partager avec nous. Je n'eus pas le temps de répondre, son téléphone émit un bip caractéristique qui lui fit repêcher l'appareil dans la poche du bermuda qu'il avait enfilé pour manger. Il ouvrit son message et je vis ses yeux rayonner avant qu'il ne me tende son outil de travail... et lien de famille apparemment, puisque sur le grand écran s'étalait la bouille réjouie d'un poupon aussi rose que bien nourri. - C'est mon neveu. - Le petit Toma ? Il me paraissait plus grand que ça, lâchai-je après observation. - Non, Nicolas, son petit frère qui est né début juin. C'était pour le voir que mes parents étaient partis en France. Et là Ai-chan m'écrit pour m'annoncer qu'il vient d'avoir sa première dent. Il est si mignon... - Teru, si tu as un fils, tu n'as pas peur que ça fasse beaucoup de garçons dans ta famille ? - Je suis sûr que Cécile attend un garçon. - C'est marrant, Jun a l'air persuadé que c'est une fille. - Hey ! c'est moi le père ! Je suis sûr que j'ai raison. ...Mais comme Cécile refuse qu'on le lui annonce, elle a interdit à Nakagawa-sensei de dire quoi que ce soit... Teru avait des étincelles dans les yeux qui le rendaient encore plus adorable quand il parlait de ces bébés ; et ses derniers mots avaient été prononcés sur un ton légèrement boudeur. Je l'attirai contre moi et mis mes bras autour de son torse tout en l'embrassant amoureusement. - Chéri, un garçon, une fille, peu importe. Du moment qu'il est en bonne santé. Et puis, tu vas finir par me faire regretter d'être un homme, tu sais ? Il me regarda avec gourmandise. - Finalement, tu veux que j'essaie de t'en faire un ? - Baka !
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++Sho++
L'information courait dans les bureaux de la Rédaction de Zero depuis quelques temps, et je n'avais pas été le dernier à tendre l'oreille. Une équipe de journalistes triés sur le volet couvrirait les JO de Londres l'été prochain. Mon expérience à Vancouver me donnait des atouts et j'espérais bien y partir, mais je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Et un bon niveau d'anglais ne serait pas négligeable. Je savais que je me débrouillais très honorablement, mais je n'avais pas l'intention de me reposer sur mes lauriers. J'avais un temps pensé à demander à Cécile-san de me permettre de discuter avec elle, mais à présent qu'elle m'avait rejeté, je ne me sentais pas vraiment l'envie de me retrouver en tête-à-tête avec elle. Elle m'avait dit que ça ne changeait rien, mais j'avais quand même besoin d'un peu de temps avant de la revoir. Juste ce qu'il faudrait pour laisser mes sentiments se remettre en ordre. Du coup, il ne m'était pas resté grand monde à qui demander ce genre de services. Quelqu'un avec un bon niveau, de la vraie disponibilité (vu mon propre emploi du temps) et qui restait à Tokyo pour l'été. Sans trop y croire, j'avais composé le numéro de Rinoka et, à ma grande surprise, cette dernière avait non seulement décroché, mais en plus accepté de me donner des cours. J'avais précisé dès cette conversation que ce serait purement professionnel, et qu'il n'y aurait aucune ambiguité vis-à-vis de nos familles, si jamais ces dernières venaient à l'apprendre. Je me méfiais un peu de son côté allumeuse, mais je savais aussi que mon cœur blessé ne tolérerait pas de sitôt une expérience du type que nous avions eue au début de l'année, et que cela m'éviterait de me laisser dominer par mes sens. Quand nous nous étions retrouvés pour le premier cours, j'avais voulu lui redire les choses pour bien les lui faire comprendre. Elle avait commencé par m'obliger à lui parler anglais, ce qui n'était pas si mal vu qu'elle venait pour ça, puis elle m'avait demandé si les choses seraient différentes si elle les envisageait sérieusement. Sa question m'avait laissé sans voix. - Qu'est-ce que tu veux dire par "sérieusement" ? - Eh! bien, si on ne faisait pas que coucher ensemble, mais qu'on faisait des projets plus solides. - Rinoka-chan, j'avais cru comprendre que ce genre de choses ne t'intéressait pas. - Je ne suis plus étudiante maintenant, tu sais. J'ai un métier, des responsabilités, je m'investis dans mon travail, je me soucie de mes élèves. J'ai changé de perspective. Alors si tu as besoin de quelqu'un qui accepte de s'engager, je veux bien. Réfléchis-y. Je l'avais regardée avec des yeux ronds puis avais fermé les paupières. Quand je les avais rouvertes, elle s'était levée du canapé et rapprochée de moi, puis m'avait souri avant de se pencher pour déposer ses lèvres sur mon front. - Et si jamais tu ne veux pas réfléchir mais que tu te rends compte que tu as besoin de te défouler, je ne suis pas contre le fait d'écarter les jambes pour toi. Je crois bien avoir bugué un instant, parce que lorsque je cherchai à la fixer, elle avait disparu de mon champ de vision. Le claquement de la porte du couloir me ramena sur terre et je me levai précipitamment pour la rattraper avant qu'elle ne sorte de chez moi. Elle me regarda foncer sur elle et je la plaquai contre l'armoire de l'entrée avant qu'elle n'ait pu rattacher ses sandales en strass. Il fallut un moment pour que ma bouche se sépare de la sienne et réussisse à articuler une phrase complète. - Ceci n'a rien à voir avec les cours d'anglais. - Mmm, approuva-t-elle aussi audiblement que ma main fouillant sous sa robe le lui permettait. - J'ai toujours besoin que tu viennes pour me faire un peu de conversation. Son grognement ne devait pas être sans rapport avec les doigts que j'avais glissés en elle. - Donc tu reviendras juste pour discuter. - Ahh !! - Mais pour le moment, je te veux dans mon lit ! Son oui sauvage fut la dernière chose distincte dont je me souvenais en me réveillant quelques heures plus tard, allongé sur le tapis de mon salon. Elle était juste à côté de moi, jouant avec les longs poils dudit tapis. - Tu es une bête de sexe, Sho-chan, me sourit-elle en en me voyant émerger. Tu devrais te lâcher plus souvent. - Pardonne-moi. - Pour quoi ? C'était bon. - Mais je voulais t'emmener dans mon lit. Pas te prendre par terre. - Oh ! mais, contre le mur, c'était bon aussi. Et... Elle se pencha vers moi pour me chuchoter la suite à l'oreille. - ...devant le miroir de ton lavabo, c'était très chaud également. Tu vois qu'on peut pratiquer l'anglais dans plein d'occasions variées. Je m'étonnais à peine de ne pas rougir de la teneur de notre conversation.
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++Cécile++
J'avais déjà vécu des semaines longues à mourir, mais celle-ci m'avait parue particulièrement interminable. Tous les jours, il était venu devant ma porte, sonnant pour que j'ouvre, quelle que soit l'heure mais toujours en journée quand j'étais réveillée. Je supposais qu'il passait soit avant de partir s'il rentrait trop tard, soit en rentrant s'il avait dû travailler tôt. Quand je tournais la clé et écartais le battant, il était hors de vue. Mais je le soupçonnais d'attendre, planqué derrière la porte de l'escalier qui n'était pas complètement fermée, pour voir si je ramasserais l'enveloppe qu'il laissait en évidence sur le paillasson. Et tous les jours, je ramassais cette missive avant de refermer calmement la porte, puis me dirigeais vers mon bureau où je prenais mon coupe-papier en forme de petit poignard ciselé et ouvrais fébrilement son courrier. Il n'y avait généralement qu'une ou deux phrases très simples dans l'une des langues que je parlais et qui auraient pu se résumer symboliquement et universellement par des cœurs. Et ces petits mots rendaient mes yeux humides. J'avais envie de courir vers la porte pour le rattraper et me serrer contre lui de toutes mes forces. Lui dire que je lui pardonnais tout, que j'oubliais tout et que je ne voulais que lui. Mais je savais que j'avais pris la bonne décision en lui imposant cet éloignement. Parce que ce qui s'était passé n'était pas arrivé au cours d'une séance enflammée comme nous en avions eu souvent. Il s'était juste laissé guider par la jalousie, et il m'avait imposé une chose qu'il savait pourtant que je ne voulais pas. Nous avions parlé souvent de tout ce que nous pouvions faire, au début parce que son expérience n'était que masculine, et il m'avait fallu lui apprendre les différences de ressenti qu'il pouvait y avoir entre les genres. Après mon séjour à l'hôpital, nous avions discuté avec Nakagawa-sensei pour savoir ce qui était à éviter et ce qui ne poserait pas de problème au vu de mon état de santé. Il en était résulté que nous avions assez d'envies et d'imagination pour varier nos plaisirs et que seules deux choses nous bloquaient. La première, qui ne m'emballait pas mais pour laquelle j'étais d'accord pour apprendre s'il y tenait vraiment, c'était de le prendre dans ma bouche. Je n'avais jamais fait ça, chacun de mes amants ayant respecté ma non-envie, ou n'en ayant pas eu envie lui-même. Mais pour lui, j'aurais fait l'effort d'essayer. Sauf qu'il n'y tenait manifestement pas plus que moi, ce qui m'avait bien arrangée. La deuxième était ce qu'il m'avait fait. Et il n'était même pas question de sodomie mais juste d'être derrière moi. Là, c'était moi seule qui bloquait, mais c'était complètement. Pour une raison qu'il avait peut-être devinée. Je voulais qu'il me voit. Je voulais le voir me faire l'amour, mais je voulais surtout être sûre qu'il me voyait, moi, une femme. Je préférais cent fois qu'il n'ait pas envie de moi plutôt qu'imaginer qu'il me confondait avec un homme. C'était sans doute infondé, mais c'était plus fort que moi. Et même si ça me faisait mal de ne pas arriver à le lui dire avec des mots, je me rassurais en constatant le plaisir qu'il prenait à chaque fois. Alors qu'il ait pu me faire ça, me prendre de cette façon sans qu'on en parle avant, juste parce qu'il était jaloux... Oui, une semaine n'était pas de trop pour que je lui pardonne. Même si...
- Miaou !!!!! Je levai la tête de ma lecture et cherchai la bestiole du regard. - Nuit ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Je vis la porte du séjour s'ouvrir et je me levai en apercevant la silhouette qui s'y découpait. Jun était entré chez moi. Je ne savais pas si je devais céder à mon envie et lui sauter au cou, ou le chasser encore une fois. Mais il ne me laissa pas trop réfléchir et me tendis une enveloppe semblable à celles qu'il avait déposées tous les jours. J'avançai automatiquement pour la prendre et il se mit à genoux devant moi, s'inclinant sans dire un mot. Je le fixai un instant avant d'ouvrir l'enveloppe qui n'était pas cachetée et je lus à toute vitesse les trois lignes qu'elle contenait. "Cela fait une semaine, heure pour heure. Si tu lis ces lignes, c'est que tu n'as pas refusé de me voir. Je veux te demander quelque chose, mais j'ai besoin pour ça que tu veuilles bien m'entendre. Avant de me donner ta réponse, je veux que tu saches que par-dessus tout, je t'aime." - Parle. Je gardai le papier à la main, comme un rempart entre lui et moi, mais je n'étais pas sûre que ce soit crédible. - Je te demande pardon, Cécile. Pardon d'avoir été tellement aveuglé par la jalousie que je ne t'ai même pas laissée t'expliquer. Pardon de ne pas t'avoir écoutée. Pardon d'être un tel idiot avec toi. Pardon de t'avoir forcée à faire une chose que tu ne voulais pas... Je n'attendais que sa demande pour formaliser ce que mon cœur sentais depuis une semaine. Aussi lui mis-je un doigt sur les lèvres avant de laisser ma main glisser sous son menton pour le faire se relever. Je le préférai debout et arrogant plutôt qu'humilié devant moi. - Déshabille-toi. Il commença à s'exécuter avant de s'arrêter, la main sur sa ceinture. - Cécile, tu ne vas pas me renvoyer sur le palier nu comme un ver ? - Montre-moi que tu me fais confiance, et je verrai à te prouver la mienne. Sans rien ajouter, je me détournai pour aller déplacer les coussins qui encombraient le canapé. Quand je le regardai à nouveau, Jun était debout, à la même place, mais ses vêtements étaient posés sur le fauteuil à côté de lui. Il était beau, dans son plus simple appareil, ne cherchant même pas à cacher son désir clairement éveillé. Et il ne m'inspirait qu'une envie, celle de me laisser aller dans ses bras. Je lui pris la main pour le conduire devant le canapé où je le forçai à se poser. Voyant son regard qui fixait ma robe, je souris et me penchai pour lui glisser quelques mots à l'oreille. - Je te préfère nu. Mais comme les vêtements ont l'air de t'exciter... je garde les miens. En me reculant, je vis son sourire fleurir doucement. - Tu me pardonnes ? - Tu le veux ? - Oui. Je ne me suis jamais senti aussi mal. Je n'avais jamais fait ça avant. Je ne veux plus jamais faire ça. - Je note. Je me mis à califourchon sur ses genoux et l'embrassai. Mes lèvres caressèrent les siennes, les frôlèrent, puis ma langue les lécha, s'y glissa, et mes dents les mordillèrent. Mes mains vinrent se poser sur sa mâchoire, les doigts sur les oreilles caressant doucement les lobes, puis elles glissèrent dans ses cheveux. Il avait posé ses mains sur mes reins quand je m'étais assise et les avait fait glisser sur mes fesses pour les saisir et me ramener vers lui avant de relever et me débarrasser de ma robe, collant nos ventres, me faisant sentir tout le désir qu'il avait de moi. Je mis fin au baiser en miaulant contre sa bouche, le corps en feu et l'envie de lui au creux du ventre. - Tu me veux, Jun ? chuchotai-je d'une voix lourde désir. Il semblait incapable d'articuler un son, en tout cas, pas assez vite à mon goût. Alors je me surélevais suffisamment pour qu'il se glisse en moi et je le plantai au fond de mon corps d'un seul coup, juste assez lentement pour le voir exhaler un gémissement qui enfla avec la force de sa prise sur moi. Je l'obligeai à me lâcher et entremêlai nos doigts tout en commençant un mouvement de bassin oscillant à un rythme aussi lent que mon envie me le permettait. Dans le même temps, je forçai mes muscles à se resserrer autour de lui, l'excitant visiblement un peu plus à chaque ondulation. Je sentais son corps se tendre de plus en plus, et sa tête rejetée en arrière, penchée sur le haut du dossier, me disait assez à quel point il avait lâché prise et me laissait le contrôle de son plaisir.
Je haletais encore un peu lorsque je me relevai pour me laisser mollement tomber à côté de lui. Son corps en sueur était magnifique dans le demi-jour créé par les volets baissés. Et j'eus envie de m'installer dans ses bras. Il me laissa faire et me serra contre lui. - Je te pardonne, dis-je doucement. Et je veux qu'on s'explique une bonne fois pour toute sur ce qu'il s'est passé. - Avec Sho ? - Il m'a embrassée, Jun, mais ça ne ressemblait pas à nos baisers. - Et si tu l'as laissé t'embrasser, c'était pour pouvoir comparer avec moi ? - Idiot ! murmurai-je contre son oreille. C'était juste parce qu'il ne m'aurait pas crue. Il ne comprenait pas quand je lui disais que lui et moi ça ne pouvait pas marcher. Qu'il n'était pas vraiment amoureux de moi. - Ce que tu lui as dit, c'est vrai ? - Oui c'est vrai. A aucun moment il ne m'a parlé de ses sentiments amoureux. Il m'a juste dit qu'il était sérieux, il m'a demandé si je lui faisais confiance. Mais il n'a pas parlé de sentiments. - Sho est un cérébral. - Jun... Je fonctionne à l'instinct. Chaque fois que je ne m'y suis pas fiée, je m'en suis mordue les doigts. Et là... Dis-moi, tu souhaites me caser avec ton ami ? - Non !!! Sûrement pas ! Je t'aime Cécile, je ne te laisserai à personne ! C'est juste... - ...que tu n'es pas sûr de toi ? - Pas vraiment, mais... je me dis qu'il a tellement plus d'intérêt pour toi que moi. - Alors tu vas commencer par te virer ce genre d'idées stupides de la tête. Jun, avant de me faire l'amour la première fois, tu te souviens du temps que ça t'a pris pour me garder dans tes bras ? J'étais persuadée que tu ne pourrais jamais t'intéresser à une femme et que je ne faisais que mal comprendre les signes que tu m'adressais. - Je m'en souviens. Je suis revenu à la charge plusieurs fois, tu essayais tout le temps de t'échapper. Une véritable anguille ! - Eh ! bien, Sho n'a pas insisté. Je veux bien croire que je l'intéresse un peu, mais ça ne prend pas ses tripes. Il médita un instant sur ce que je venais de lui dire. - Pourquoi tu ne lui as pas simplement dit que tu avais déjà quelqu'un ? - Parce que ce n'est pas à cause de ça que je l'ai repoussé. Et parce que pour le moment, seule Lucie est au courant. Mais s'il avait eu l'air vraiment amoureux, ça aurait été mon argument suivant, crois-moi. - Cécile... Tu parlais de confiance, tout à l'heure. Tu crois en la mienne à présent ? Sa voix était douce, mais j'y devinais une curieuse petite fêlure. J'avais vraiment ce pouvoir sur lui ? Celui de le faire douter de lui ? - Oui Jun, chuchotai-je dans son oreille. Je me levai et lui pris la main pour nous emmener dans la chambre. Arrivés devant le lit, je le laissai au pied et allai chercher deux choses dans ma table de nuit. J'en posai une dessus et tins l'autre à deux mains avant de me tourner vers lui pour saisir une dernière fois son regard. Puis je me bandai les yeux avec le foulard noir. Je l'entendis s'approcher de moi et frissonnai en sentant ses doigts sur ma hanche. - Cécile, tu es sûre de toi ? - Tu m'as demandé si je te faisais confiance, c'est ma réponse. Sa main se posa franchement sur ma peau et de l'autre il souleva mes cheveux pour embrasser mon épaule. - Et le foulard que tu as laissé derrière toi ? - Pour que tu m'attaches comme tu le souhaites. Il me fit asseoir et me repoussa contre le matelas en venant s'allonger au-dessus de moi. Je sentis qu'il bougeait mais ne pouvais que vaguement deviner ses gestes. Je savais combien j'étais dépendante de mes yeux, même si ma vue était mauvaise, mais là, la chose me frappait d'évidence. Je détestais ne rien voir, et surtout, être la seule atteinte de cécité. Il déposa une nuée de baisers sur mes bras tout en tenant délicatement mes doigts, et je perdis la notion des choses jusqu'à ce qu'il s'écarte légèrement de moi, me privant de sa chaleur. Je me rendis compte alors que mes mains réunies au-dessus de ma tête étaient retenues par l'autre foulard. Le nœud ne me parut pas très serré, mais pour rien au monde je n'aurais voulu le défaire. Ne ressentant plus aucun mouvement, je me crus obligée de préciser: - Tu peux me faire ce que tu veux, tu sais. Je ne m'étais jamais autant abandonnée au désir d'un homme, et même si je me sentais un peu craintive, je lui faisais entièrement confiance dans ses choix. - Je ne fais pas autre chose, crois-moi, murmura-t-il en caressant l'arrière de mon genou. - Jun, je... j'ai aimé ce que tu m'as fait l'autre fois. J'étais fâchée parce que tu ne m'as pas demandé, mais j'ai vraiment aimé. - Je sais. - Alors si tu veux recommencer... - Pas aujourd'hui, Princesse. Quand la petite princesse aura tellement grandi que je ne pourrai plus à la fois être en toi et t'embrasser sans risquer de lui faire du mal. Mais aujourd'hui, je veux que tu sentes combien un homme peut être lourd sur ton corps. Et, ajouta-t-il d'une voix mutine que je localisai quelque part au-dessus de mon bassin, c'est moi qui décide...
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++Nino++
Avec l’annonce de la tempête, nous avions été obligés de revoir entièrement le spectacle ou du moins la mise en scène, alors depuis quelques jours, nous vivions quasiment au Kokuritsu afin de faire en sorte que le spectacle se passe au mieux malgré la promesse d’éléments déchainés. Il fallait tout reprendre et nous nous donnions sans compter. Quand un membre du staff nous annonça l’arrivée de nos repas, nous décidâmes comme tout le monde de faire un pause. Sur le chemin nous croisâmes l’intégralité ou presque des équipes son et lumière. - Lucie-san ne vient pas ? demanda l’un d’eux. - Non. Elle cherche à encore améliorer la balance du son si le vent était encore plus fort que prévu. Elle m’a demandé de lui rapporter un café au retour. - Dommage… J’aurai bien essayé de flirter avec elle. - A mon avis t’as aucune chance. Cette fille ne vit que pour son boulot. Tu la verrais torturer nos stars dans leurs oreillettes, même eux ne semblent lui faire aucun effet. - C’est ça les Occidentales… C’est en entendant ces derniers mots que je décidai de passer une nouvelle fois à l’action. Nous étions arrivés à la loge où je laissais Sho, Riida et Masa se jeter sur les bentos pour partir à la recherche de Lucie. Elle ne pouvait pas se contenter d’un café après toute l’énergie qu’elle avait dépensée depuis ce matin et je décidai de l’obliger à faire elle aussi une pause le temps de grignoter quelque chose et de quitter des yeux ses consoles. Alors que j’approchai de la cabine où elle œuvrait, j’aperçus sa silhouette qui s’éloignait dans un couloir. Je courus après elle. - Lucie-chan ! Elle m’ignora et continua son chemin jusqu’à la salle où les musiciens posaient leurs instruments. Quand elle entrouvrit la porte, la voix de Jun s’échappa de la salle. - Décroche s’il te plait ! En ce moment t’es jamais dispo. Est-ce que ça va ? Bon sang. Bon je réessayerai plus tard. N’oublie pas de prendre tes médocs. C’est Teru qui passe ce soir n’est-ce pas ? Je t’aime. Lucie voulut refermer la porte, recula et m’écrasa le pied par la même occasion. J’étouffai un juron et la confusion qui empourpra ses traits me fit froncer les sourcils. - Tu savais ? chuchotai-je. C’était presque plus une affirmation qu’une question et Lucie le comprit bien vue sa réaction. Je l’entrainais dans la première pièce vide autour puis je repris. - Depuis quand ? Le silence me répondit. Je lui fis lever les yeux vers moi et pus lire ses hésitations. Elle gardait un secret, c’était évident. - Lucie, depuis quand tu sais que Jun et Cécile sont ensemble ? C’est bien ça non ? Toujours ce silence; il signifiait plus qu’un aveu pour moi mais je décidai d’attendre qu’elle parle et en profitai pour mettre les pièces du puzzle en place, enfin surtout la dernière pièce. Si Jun et Cécile sortaient ensemble, je comprenais mieux certaines des réactions de mon ami, même si son soudain engouement pour la gent féminine me laissait baba. - La maladie d’Aiba, murmura Lucie en brisant ainsi le silence de la pièce. Je réalisai que c’était la réponse à la question que je lui avais posée. - Hein ? - C’était quand Aiba était à l’hôpital que je les ai surpris. Elle rougissait une nouvelle fois en murmurant ces mots et en gardant les yeux baissés sur ses pieds. Surpris ? Elle les avait surpris en train de… Et c’était fin juin. Maintenant je comprenais mieux pourquoi notre ‘magnum’ n’avait pas eu une chance il y a quelques semaines. Il était peut-être le fantasme ambulant de Cécile mais elle avait trouvé quelque chose de plus… palpable qu’un fantasme. Et Jun était infiniment plus sentimental que notre aîné. De la sensibilité, c’était sûrement ce dont elle avait eu besoin. Je me souvenais aussi que Jun semblait revivre depuis… quelque mois déjà. Et son inquiétude, son attitude au moment du séjour de Cécile à l’hôpital s’expliquait si… - Nino j’ai promis de garder le secret… alors… - Je ne dirai rien. Enfin pour le moment et de toute façon je ne dirai pas que tu as confirmé mes hypothèses. - Merci. - De rien… Mais puisque Jun squatte ton refuge, tu viens déjeuner avec nous ? Sans lui donner l’opportunité de refuser je l’entrainai vers la grande loge. Je n’étais pas le seul à y ramener une invitée quand j’entrai l’ingénieur des lumières et quelques musiciens étaient présents. Nous déjeunions d’abord mais une fois les bentos vidés les discussions autour des concerts à venir commenceraient. Les leaders des unités de juniors et quelques techniciens devaient encore se joindre à nous puis nous débuterions après un temps de repos les répétitions de l’après-midi. - Lucie-chan ! Nino, tu as réussi à la dénicher ? Bravo ! Aibaka et son enthousiasme délirant venait de lâcher son repas pour nous accueillir. Il entraîna Lucie dans un fauteuil à côté du sien avant de l’entreprendre sur le contenu du bento au poulet.
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++Lucie++
Depuis deux jours, c’était là-bas que je me réfugiais pendant les pauses pour me détendre. J’en avais bien besoin, parce que depuis soixante-douze heures, je n’avais pas du dormir plus que quelques heures à cause de la météo. L’annonce de la tempête avait modifié une grande partie de la mise en scène et il avait fallu repenser et à présent rééquilibrer l’intégralité des balances pour que tous profitent au mieux du spectacle. Il n’était pas envisageable que le concert subisse les mêmes problèmes de micro qu’il y a deux ans surtout en connaissance de cause. Nous avions alors changé les micros pour qu’ils résistent à la pluie, et du coup nous devions refaire tous les réglages… Pour cela, j’avais renoncé à rentrer chez moi la nuit dernière et à l’aube, je m’étais effondrée sur le canapé d’une loge pour grappiller un peu de repos. En ouvrant les yeux trois heures plus tard, j’avais découvert que c’était la leur. Quelqu’un m’y avait trouvé et m’avait éveillée incidemment en déposant une couverture sur moi avant de s’éclipser le plus silencieusement possible. Un coup d’œil à l’horloge, après le départ de celui qui avait pénétré dans la pièce m’avait appris qu’il était à peine plus de neuf heures mais un filage avait été prévu dans la demi-heure suivante. Il fallait que je me lève. Le cerveau à peine moins brumeux que trois heures plus tôt j’avais découvert Nino devant la cafetière où nous pouvions tous, staff ou artistes, nous servir à volonté. - Ohayô Lucie-chan. Bien dormi ? - Pas assez, marmonnai-je. - Tiens, je comptais te l’apporter mais tu as bougé avant. J’avais grogné un remerciement. Alors c’était lui la couverture… sûrement. J’avais avalé d’une traite le breuvage brûlant et amer avant de m’en resservir une seconde tasse, le staff, les musiciens et les juniors étaient arrivés tout comme le reste du groupe. La répétition allait commencer version gros temps. Quand nous avions terminé il était largement l’heure de déjeuner et tandis que chacun allait retrouver son groupe de camarade le temps de partager un repas convivial, je m’étais excusée auprès de mes collègues et étais partie en direction de la pièce où avait été entreposé le piano qui n’allait pas servir pour finir pour ne pas être abimé. A mi-chemin, j’avais entendu Nino m’appeler et j’avais décidé de l’ignorer. Je n’avais pas envie de repousser ses tentatives d’approches, j’avais juste envie de me défouler… mais la pièce était déjà occupée… et…
- Depuis quand ? Cette question n’avait rien d’un reproche, mais je sentais bien combien Nino désirait une réponse exacte. Cependant je ne savais pas quoi lui répondre. Pourquoi ? Simplement parce que j’avais promis à Matsujun et Cécile de ne rien dire. Et puis qu’avait-il compris ? Je n’en avais pas la certitude absolue, si ? Je ne pouvais pas répondre alors je gardais le silence. - Lucie, depuis quand tu sais que Jun et Cécile sont ensemble ? C’est bien ça non ? OK cette fois-ci c’était sûr. Ils étaient… Grillés ! Ils avaient été grillés par Nino ! En même temps il me paraissait logique que ce soit lui qui découvre leur secret après moi. C’était du moins ce qu’il me semblait… Après tout, ce mec était de loin le plus fouineur de la bande. En même temps on aurait presque pu croire que Jun-kun voulait être surpris. Aller téléphoner dans une pièce où tous les musiciens étaient susceptibles de pénétrer. Enfin c’est vrai que, jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais croisé personne à part Nino qui m’y avait rejoint hier midi… - La maladie d’Aiba. Je m’étais jeté à l’eau et pris le temps d’observer sa réaction. A son regard je compris qu’il réfléchissait à toute vitesse, assimilant ce que je venais de lui révéler, mettant mentalement en forme un puzzle dont il devait avoir un certain nombre de pièces depuis quelques mois. Il fallait que je lui demande de se taire et quand je l’en priai il accéda, à ma grande surprise, à ma demande.
C’est à vous de poster… A dimanche prochain | | | Dim 1 Mar - 6:32 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Voici, en ce bel après midi, le nouveau chapitre de jinsei. J'espère que vous l'apprécierez. - Chapitre 40:
++Aiba++
- Alors Aiba-chan, content qu'on ait bouclé la tournée ? Pas trop fatigué ? Je me tournai vivement vers celui qui m'interrogeait. Mon assiette pleine faillit se renverser mais je parvins à rétablir l'équilibre. - Ah ! Sho-chan ! C'était chouette hein ? C'est quand le prochain concert ? Je vis mon ami me faire un grand sourire. Un où même ses yeux semblaient rire. Nous étions tous contents que la tournée se soit bien passée et c'est pour ça que nous faisions cette petite fête. - TU SAIS QUOI CECILE ? TU ME GONFLES ! Je me tournai dans la direction de la voix et restai figé devant la scène qui se produisait sous mes yeux. Jun-kun et Cécile se faisaient face. Jun était blanc de rage, la main levée menaçant Cécile. Elle était blafarde et ses poings étaient serrés. Puis Jun baissa sa main, écrasant au passage un verre rempli de vin rouge alors que Lucie se précipitait entre eux. Quelques secondes qui me semblèrent interminables s’écoulèrent avant que Marvelous ne se détourne des deux femmes. - MATSUJUN ! Jun laissa Lucie le rattraper et, alors qu’il se retournait, elle lui enfonça un index menaçant dans l’estomac, lui murmurant des choses que je ne pouvais entendre de là où j’étais. Soudain, je m’aperçus que Nino et Sho avaient rejoint la future maman et quand Lucie lâcha sa proie, celle-ci s’enfuit. Je sortis enfin de mon rôle de spectateur et rejoignis le groupe au moment où Nino le quittait. - Cécile-chan ? Daijobu ? Qu’est-ce qu’il lui a pris à Jun ? Riida nous avait rejoints à son tour. - RIEN ! Il n’a rien fait. Foutez-moi la paix TOUS ! Cécile qui semblait tétanisée jusque-là venait d’exploser. Les larmes débordaient et seule Lucie parvint à l’approcher. Elle tenta de l’emmener au calme mais Cécile tituba et alors que Lucie la soutenait d’un côté, je l’épaulai de l’autre. Nous nous dirigeâmes vers la sortie où les filles embarquèrent dans un taxi. Quand je voulus les y rejoindre Lucie me renvoya gentiment vers la fête.
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++ Lucie ++
Cécile ou l’art de rendre les situations compliquées encore plus ingérables… Le chat sur les genoux, je faisais le point dans le salon de Cécile. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle en était arrivée à créer cette situation et je savais que j’aurai besoin d’aide pour dénouer cet imbroglio. Je ne voyais qu’une personne qui pourrait m’aider dans l’immédiat. C’était celle que j’avais évitée au maximum pendant ces huit derniers mois avant de la laisser me réapprivoiser ces dernières semaines. Alors que je sortais mon portable pour l’appeler, ce dernier sonna, affichant justement le numéro que je voulais composer. - Nino ? T’es où ? - Tiens tu connais mon numéro ? - J’ai pas envie de me disputer, il faut qu’on parle. - Je suis d’accord, c’est pour cela que je t’appelais. On peut se retrouver où ? J’hésitai un moment avant de proposer. - Chez moi. Je veux pas rester trop loin de Cécile. Trois étages, c’est ma limite je crois. - Ok. Dans une heure ? - A tout à l’heure. Je me dirigeai vers la chambre de mon amie et toquai doucement. - Cécile ? J’entendis du bruit dans la chambre et décidai de le prendre comme une invitation à pénétrer dans la pièce. Elle était adossée à ses oreillers, son ordinateur portable sur ses genoux, tapant sans faire attention à mon intrusion. - Cécile, ça va ? T’étais censée te reposer. Cécile tu m’écoutes ? - Oui maman, je t’écoute et je bosse pas. - OK. Je voulais te demander si tu avais besoin de quelque chose parce que je vais devoir m’absenter. - Tout va bien. Vas-y ! Je sais même pas ce que tu fais encore ici. - Cécile… Bon je suis pas loin. Si tu as besoin de quelque chose, appelle s’il te plait. Et de toute façon, je reviens tout à l’heure. A pluch’ ! Je sortis de la pièce, la laissant entrouverte dans l’espoir que la boule de poil y pénètre malgré l’interdiction formelle qu’elle avait d’y entrer. Cinq minutes plus tard et quelques étages plus bas, je soupirai en observant le foutoir qu’était mon appartement. Je sortis un grand sac, et mon aspirateur et après une demi-heure de rangement, je voyais le plancher de l’appartement. Pour le reste… zut ! après tout je ne recevais pas la reine d’Angleterre ou même mes parents, juste le gamer et uniquement parce que les circonstances m’y obligeaient. Il me restait un peu de temps, juste ce qu’il me fallait pour prendre une douche rapide et changer de vêtements. J’avais encore un peu de temps en attendant son arrivée et j’allumai ‘Shiba’, y branchant la clé où j’écrivais mon journal.
10 Septembre2011 Cher Journal, Cécile et Jun se sont disputés. Déjà dans la voiture, l’ambiance m’avait paru étrange entre eux et, jusqu’à l’éclat Marveloussien ,il y avait eu plusieurs fois des piques. Tout à l’heure, Cécile m’a juste dit que c’était de sa faute pas celle de Jun et je …
L’interphone me fit sursauter. Il était déjà là. Je déverrouillai pour lui la porte de l’immeuble et le temps qu’il monte, je pris celui d’enregistrer mes deux lignes avant de poser l’ordi sur le petit bureau où je le laissai en veille comme toujours quand j’étais chez moi. Le temps que j’arrive à la porte, il était derrière. - Je peux entrer ? - Non. C’est pour ça que je t’ai dit de venir, répondis-je en souriant à celui qui se trouvait en face de moi tout en m’écartant pour lui permettre de pénétrer dans l’appartement. Quand nous fûmes installés, lui vautré sur le canapé, moi blottie dans un fauteuil, nous posâmes simultanément nos portables sur la table basse et ces gestes jumeaux brisèrent le mur que j’avais comme toujours élevé entre nous. - Cécile-chan ? me demanda-t-il. - Jun-kun ? lui retournai-je. Il est où ? - Chez moi. Je l’ai retrouvé devant ma porte quand je suis rentré. Alors ? - Alors quoi ? Je sais pas quoi faire là. Je sais juste une chose, je dois présenter des excuses à Jun-kun. Mais autrement, Cécile est au plus bas et je sais pas comment faire. Même en étant juste présente, je l’énerve. En même temps, je suis sûre d’une chose, c’est qu’il ne faut pas la laisser seule trop longtemps. - T’as peur qu’elle fasse une bêtise ? me demanda-t-il, inquiet brutalement. - Si tu veux dire attenter à sa vie… Non. C’est pas du tout ce qui me fait peur. Mais qu’elle abandonne la bataille sans qu’on s’en aperçoive, c’est de ça que j’ai peur. - Tu veux dire quoi par là ? - Elle est entrée dans le troisième trimestre maintenant et elle est épuisée en ce moment. Je pense que nos absences, à cause des concerts, et celle de Matsujun en particulier y est pour beaucoup. - Mais on ne pouvait rien y faire… - Je le sais et elle le sait, mais j’ai l’impression qu’elle a trop cogité pendant qu’on était occupés, et maintenant elle est partie dans une spirale descendante. Pour une grossesse, c’est pas une situation idéale ; entre Jun et Teru elle se paye deux obsédés du boulot. En plus le second est complètement à côté de la plaque la plupart du temps… A toi maintenant. Comment va Jun-kun ? Faut pas qu’il abandonne hein ! - Je crois qu’il a pas compris non plus. Quand je l’ai trouvé devant chez moi, il avait l’air buté, mais à l’instant où j’ai fermé la porte, il s’est effondré. Tu sais, il peut être une véritable fontaine quand il commence. Quand je t’ai appelée, il venait de s’endormir d’épuisement sur mon canapé. Avant de partir, j’ai laissé un mot qu’il ne devrait pas rater, lui demandant de m’appeler. Le mieux dans un premier temps, c’est que je lui répète ce que tu dis à propos de sa déprime et après on avisera pour trouver la bonne marche à suivre. T’es d’accord ? J’acquiesçai au moment où mon téléphone sonna. Cécile. Je fis signe à mon compagnon de se taire et décrochai. - J’arrive. …Nino s’il te plait, tu peux refermer derrière toi. Je monte. Appelle-moi pour Jun. Je quittai mon appartement dès que j’eus mis des chaussures, prête à affronter les foudres de mon amie quelques mètres plus haut.
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++ Nino ++
Pourquoi est-ce que rien n’est jamais simple, pour Sho-kun, pour Aiba-chan, pour Teru et Riida, entre Lucie et moi, pour Jun et Cécile-chan ? Pourtant quand j’avais compris pour ces derniers, j’avais cru que c’était eux qui s’en sortaient le mieux avec leurs sentiments et cela jusqu’à aujourd’hui… Mais… j’avais tort, infiniment tort, et Lucie venait de me le faire comprendre avant de filer. Lucie… cette fille restait un mystère pour moi ; elle avait beau être plus âgée, elle était tellement naïve quand il s’agissait de ses propres sentiments qu’elle se barricadait, ça je l’avais bien compris. Et à côté de ça, elle me laissait seul dans son appartement sans le moindre problème… Son appart’… incontestablement féminin avec ses rideaux pastel, ses bibelots posés çà et là, sa boîte de chocolat ouverte, et son ordi ronronnant dans un coin. Que faisait-elle avant que j’arrive ? La curiosité me poussa vers ce dernier. Il n’était pas en veille, la musique mise au minimum y tournait l’empêchant de s’éteindre. Un petit coup sur la souris ralluma l’écran et me fit découvrir une page en romaji et en… français ? Il n’y avait pas grand-chose d’écrit mais en haut, j’y reconnus une date : celle d’aujourd’hui. Remontant un peu, une autre date, encore une autre... un journal ? La curiosité me pousse à remonter à la première page : 2009 ; Octobre presque deux ans. Qu’est-ce qui a pu la pousser à écrire ainsi ? J’avais enfin devant les yeux l’outil pour mieux la comprendre mais ni le temps ni les capacités pour en prendre connaissance rapidement. Quoique l’outil ? Une clé USB était branchée sur le PC et cette dernière me fit penser à celle que j’avais encore au fond de ma poche puisque ce matin j’avais récupéré les dernières paroles de notre prochain single. J’eus vite fait de copier le journal sur cette dernière et sortis enfin de l’appartement. En arrivant chez moi, je découvris que mon cadet dormait toujours et décidai d’allumer mon i-book pour déchiffrer le journal de celle qui chamboulait ma manière de vivre.
25 Octobre 2009 Cher journal,… En presque trente ans d’existence c’est la première fois que je vais véritablement tenir un journal. Ce n’est pas vraiment mon souhait, mais les médecins me l’ont conseillé. Ils disent que c’est un bon moyen pour moi de suivre les changements que va pouvoir subir mon corps ces prochains mois et de laisser des repères chronologiques dans l’évolution de la maladie. Alors soit, et puis ça m’occupera parce qu’il faut que je me repose parait-il, et ne rien faire rien que d’y penser ça me met les nerfs en pelote, alors j’aurai au moins comme ça une certaine emprise sur ma vie. Tout a commencé il y a un mois. A ce moment-là, j’étais à NY pour le boulot. Je m’occupais de la sonorisation d’une nouvelle comédie musicale, mes journées étaient longues, mes nuits courtes et suite à une pluie torrentielle que je reçus en revenant de la première à 3h00 du matin j’attrapais un rhume que je traitais comme tout rhume qui se respecte par le mépris et des litres de thé au miel. Malheureusement, cela ne suffit pas et quand je me rendis chez le médecin une semaine plus tard c’était dans l’espoir qu’il me donne quelques comprimés qui me rendraient l’énergie qui me fuyait de plus en plus. Les jours s’écoulaient et rien ne s’arrangeait et même au contraire. Les objets commencèrent à m’échapper des mains et mes jambes finirent par me lâcher un soir après la représentation. Mes collègues appelèrent une ambulance et je finis hospitalisée. Pendant la semaine que je passais dans cet hôpital, je dormis et je dormis, enfin quand je n’étais pas en train de faire divers examens… Les médecins semblaient perplexes d’autant que j’avais de plus en plus de mal à me déplacer et à sentir mes jambes. Finalement le diagnostic tomba : j’avais un syndrome de Guillin Barré. Et on décida de me renvoyer en France puisque de toute évidence je ne pourrais pas terminer mon contrat. Donc me revoilà dans un autre hôpital, français cette fois, où je me meurs d’ennui, et où je dois me reposer et travailler pour tenter de contrecarrer l’évolution de cette maladie. Il est l’heure d’ailleurs alors j’y vais. A demain.
Les pages suivantes racontaient sa propre bagarre contre elle-même. La perte et la récupération à force d’acharnement de sa motricité. Ses moments de découragement et son exaspération quand son entourage l’étouffait à trop vouloir la protéger. Cécile avait été sa porte de secours quand elle lui avait proposé de s’installer chez elle, après six mois d’hospitalisations diverses. - Nino ? Jun émergeait, il fallait que je sorte de la tête de Lucie pour rentrer dans celle de son amie.
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++ Jun ++
Où étais-je ? C’était une douleur à la main qui m’avait réveillé. Ouvrant doucement les yeux je remarquais : primo, que ma main douloureuse était soigneusement bandée, secundo, la wiimote qui trônait sur la table basse. Bon j’étais chez le geek, et d’ailleurs, je me souvenais parfaitement m’y être rendu après avoir fui la fête, puis mon appartement. - Nino ? Tu fais quoi ? M’étant redressé et ayant regardé les alentours, je l’avais repéré derrière un écran. - Bien dormi ? Je m’instruis, ajouta-t-il en refermant son ordinateur. Puis il disparut dans sa cuisine, et revint quelques instants plus tard avec un pepsi et un jus de fruit. La bière n’étant pas invitée à la fête, j’en conclus que la conversation qui allait débuter risquait d’être sérieuse. Il s’assit en tailleur sur le canapé et fit un quart de tour vers moi. - Jun comment vas-tu ?… Hé ?? Pourquoi il me demandait ça ? J'avais l'impression bizarre d'avoir atterri dans une autre dimension. Je savais très bien où on était quelques heures plus tôt, je savais très bien qui y était, et surtout, je ne pouvais pas ignorer ce qu'il s'était passé et ce à quoi ça ressemblait. J'avais agressé une femme enceinte devant mes amis et le staff. J'avais même failli la frapper, ne retenant ma main qu'au prix d'un grand effort qui s'était soldé par des verres brisés sur la table à côté de nous. Et ma main... Je la levai devant mes yeux puis la tendit vers Nino. - C'est toi ? - Evidemment, j'allais pas te laisser te vider de ton sang sur mes coussins. J, parfois t'as un caractère un peu pourri, mais je t'avais jamais vu faire un truc pareil. Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? - C'est pas... - Non, non, je t'accuse pas. J'ai discuté avec Lucie tout à l'heure, et on sait que ce n'est pas toi qui as commencé. C'est pour ça que je veux savoir comment tu vas. - T'es en train de me dire que tu sais quoi ? - Réponds à ma question, je répondrai à la tienne. J'hésitai un instant. Comment me sentais-je ? Je n'en avais pas la moindre idée... - Mal. Mal au cœur, mal à la tête. J'ai l'impression qu'on m'a débranché. Je... Désolé Nino, c'est toujours chez toi que je débarque pour pleurer, ça doit finir par te saouler. - Tu me saoules pas mon vieux. Ça risque pas d'arriver quand je vois autant de flotte dans tes yeux. La dernière fois, c'était pour Riida, aujourd'hui pour Cécile. Tu veux que je te fasse un dessin ou tu as compris que je sais pour vous deux ? Je frottai mes yeux pour tenter de chasser les larmes qui montaient. Non, je n'avais pas besoin de dessin. Je me doutais qu'il finirait par comprendre. Je le connaissais assez pour ça. - Dommage que tu saches. Parce que c'est fini. Y a plus de "nous deux". Ce qu'elle m'a dit m'a tellement énervé qu'il ne peut plus y avoir de "nous deux". - Et ça te va ? Elle t'a tellement énervé, comme tu dis, que tu vas foutre en l'air ce que vous avez ? - Elle ne me fait plus confiance ! Elle pense que je la trompe, que je profite de la tournée pour aller voir ailleurs. C'est limite si elle ne m'a pas balancé que Toshi et moi nous étions remis ensemble et qu'on couchait à trois avec Teru. C'est tellement injuste... Ma voix se brisa en évoquant ses paroles. Je ne savais pas ce qui m'avait le plus blessé. Ses soupçons ou le fait qu'elle m'ait dit qu'elle ne pouvait pas compter sur moi. - Jun ... - Elle m'a dit que le fait de ne pas être passé hier soir était une preuve de plus que, de toute façon, elle ne comptait pas pour moi. Nino... Tu sais à quelle heure on a fini. C'était pour la laisser se reposer que je ne suis pas venu. Je ne pense pas qu'on aurait beaucoup dormi sinon. Et elle est enceinte. Nino réussit à placer quelques mots. - Justement, J. Elle est enceinte. Ça doit pas être la première fois qu'elle fait des trucs bizarres. Tu crois que c'est si différent ? - Tu ne l'as pas entendue ! Elle était si froide. Comme si je n'avais plus la moindre importance à ses yeux. J'ai plus de place dans sa vie, Nino. Je ne suis plus rien pour elle. Je ne suis plus rien.
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++ Nino ++
Bon, là, c'était clair, on avait un problème. Parce que pour réussir à démolir le Marvelous de cette façon, c'est qu'il avait dit les choses de manière beaucoup plus soft qu'elle. Ou alors, elle avait dû employer un de ces tons dont elle avait le secret. Et puis... j'étais bien placé pour savoir que dès que ça venait de celle qu'on aime, ça faisait vraiment mal. Maintenant j'étais sûr d'une chose : il était vraiment amoureux. Donc, à mon avis, il allait se raccrocher à tout ce qu'on pourrait lui dire de positif. Enfin, je l'espérais. - Je t'ai dit que j'avais discuté avec Lucie... - Toutes mes félicitations, me dit-il avec un petit rire amer. Si je peux t'être utile, c'est déjà ça. - Rhaa !! mais c'est pas vrai ! Tu vas m'écouter oui ? Lucie est quand même la personne qui la connait le mieux, ta femme-tigresse. Et crois-moi, l'attitude de Cécile ne lui plaît pas du tout. Elle pense qu'il y a quelque chose de pas net derrière votre engueulade. - C’était pas qu’une simple engueulade Nino. - Non, tu as raison, mais je dirai que ce n’était pas non plus une déclaration de haine. Quand on déteste quelqu’un on l’ignore, on ne l’accuse pas à tort ou à raison. En plus, Lucie est inquiète pour Cécile, c’est ce qu’elle m’a dit. Là, je vis, Jun pâlir. - Te fais pas de fausses idées. Elle a pas peur que Cécile décide de faire une bêtise, elle a dit qu’elle avait l’impression qu’elle voulait renoncer à se battre. Que Cécile était fatiguée et nous, toi, n’étions pas assez présents. - Mais ça elle le savait… - Jun elle est enceinte ! Ses hormones décident pour elle et en plus désolé de te dire ça mais elle a un caractère de chiotte ta copine ! Si les yeux de Jun avaient été des révolvers, il m’aurait shooté sur place. Mais voir cette lueur de colère dans son regard me soulagea un peu. Enfin il reprenait le sentier de la guerre, il allait arrêter de pleurer sur lui-même. - K, j’occupe ta cuisine. J’ai besoin de réfléchir. - Dozo. Il contourna le bar et je le vis attraper mon tablier avant d’ouvrir mon frigo et de faire la grimace. - T’as vraiment rien d’autre ? demanda-t-il en sortant un paquet de viande hachée du frigo. - Désolé… - Tu parles. Nino tu devrais faire plus attention à ton hygiène de vie. - T’es pas ma mère… - Bon, tant pis, je vais faire avec… Alors qu’il commençait à remuer les casseroles, je retournai à la lecture que j’avais momentanément abandonnée. Une fois le fichier ré-ouvert, une impulsion subite me fit dérouler le document jusqu’à la fin. Et cette fois-ci je remontai le temps.
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++ Cécile ++
Je pianotais sur Nordy, attendant de me calmer ou que Lucie s'en aille. Je pouvais mesurer mon énervement au nombre de fautes que je semais dans mes requêtes. Et je pouvais affirmer sans hésitation que j'étais TRES énervée. Quand allait-elle enfin partir ? Je savais bien qu'elle se faisait du souci pour moi. Et que la situation vue de l'extérieur - c'est-à-dire de tous ceux qui nous avaient observés sans nous entendre - semblait indiquer que c'était lui le fautif, celui qui s'en était pris à la pauvre petite femme enceinte et sans défense. Quel imbécile! Quel abruti! Quel crétin! Quelle idiote... J'avais eu ce que je voulais, mais à quel prix? J'avais fait ce que j'avais pu pour ne pas trahir ma promesse, mais je savais bien que j'avais juste tournicoté les choses pour que ça colle avec ce que je voulais obtenir. Il ne méritait pas ça. Je l'avais blessé. Je lui avais fait mal. Tellement mal. Je l'avais vu dans ses yeux. Et j'avais envie de hurler. Mais Lucie était à côté, m'obligeant à tout garder pour moi. Quand allait-elle... Je me rendis compte qu'elle était dans la pièce. Et je répondis au hasard selon le ton de ses questions. Et un peu froidement aussi. ...Pardon ma luciole, j'étais vraiment odieuse, je le savais.
La porte de l'entrée s'était refermée. Enfin ! J'attendis encore cinq minutes et je posai Nordy sur la table de chevet. Puis je m'allongeai en travers du lit, la tête dans l'oreiller. Et je libérai enfin le cri que je retenais depuis que j'avais vu les larmes au bord de ses paupières. Mes bras étreignaient le coussin en le pressant sur ma bouche. Et mes propres larmes se remirent à couler, finissant par me faire hoqueter. Quand je parvins à me calmer, je réalisai qu'une chaleur s'était installée sur mon bras. Je relevai la tête. - Qu'est-ce que tu fabriques là, toi ? - Maaaaaouuuuuu - Pfffff, soupirai-je avec lassitude. C'est elle qui t'a fait entrer, hein ? Je délogeai la bestiole et me remis sur le dos. La boule de poil ne trouva rien de mieux à faire que de grimper sur moi, s'allongeant sur ma poitrine en mode sphinx. - Dis donc, t'es gonflée quand même. Tu sais très bien que tu n'as pas le droit d'être là. Mais ma main s'était posée sur son petit corps chaud. Elle se mit à ronronner. - T'es un vrai moteur, hein crapule ?... Tu peux me dire toi, pourquoi c'est toujours aussi compliqué ? Et pourquoi je ne sais jamais faire le point sur les choses qui font ma vie ? Qu'est-ce qui m'a pris de lui sortir des horreurs pareilles ? J'ai enfin trouvé un gars bien, qui est amoureux de moi, qui est aux petits soins pour moi mais me laisse vivre ma vie, et je ne trouve rien de mieux à faire que de le chasser. J'ai peur d'être heureuse ou quoi ? Je regardais le félin qui fermait les yeux tandis que mes doigts lui gratouillaient le crâne. Je savais que je n'étais même pas honnête avec moi-même. J'avais fait tout mon possible pour éloigner Jun. J'avais fait la grève de la réponse au téléphone, mais vu l'espacement de ses appels, ça n'avait pas eu grand effet. J'avais prétexté de la fatigue pour ne pas aller les voir, alors que j'aurais pu venir sans problème en faisant attention. J'avais failli refuser de participer à cette fête, mais ma lassitude l'avait emporté. Après tout, le mettre en difficulté devant tout le monde était certainement la meilleure façon pour qu'il renonce de lui-même. Je comptais sur la présence des autres pour le consoler ensuite. Je n'aurais pas cru qu'il aurait si mal. Quand il avait levé sa main, j'avais eu peur. Vraiment. Pas de me prendre un coup, qui de toute façon aurait été mérité, mais de lui en faire donner un. Parce que je l'aurais transformé en bourreau, ce qu'il n'était pas... - Pourquoi je n'ai pas su être plus... - Miaouuuuu, m'interrompit la boule de poil qui avait rouvert les yeux. Elle me fixait d'un air plein de reproche. Puis elle se releva, s'étira patiemment, enfonçant ses pattes, toutes griffes rentrées, dans ma poitrine, et finit par s'avancer vers mon visage. Elle frotta ses moustaches sur ma joue en ronronnant un peu plus fort et lécha l'eau qui coulait sur mon menton. - Tu es vraiment une sale bestiole, tu sais ? T'en as rien à faire que j'aille mal ou pas. Du moment que tu as tes câlins et ta bouffe... Et voilà, encore un être vivant avec lequel j'étais injuste. Injuste... Lucie. J'avais été vraiment odieuse avec elle. Mais si je lui expliquais ce qui m'avait motivée, n'allait-elle pas me faire la morale ? Je veux juste protéger Jun. Juste ça. Mais c'est de lui-même, alors... pouvais-je vraiment en parler à quelqu'un ? Ne valait-il pas mieux que je passe pour la méchante sorcière de l'histoire ? Si sans doute. Je saisis donc mon téléphone et ne prononçai qu'un mot quand elle décrocha. - Monte ! Puis je m'apprêtais à exercer mon art de la mauvaise humeur sur ma pauvre amie. Et le matou câlin allait être une excellente excuse.
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++ Lucie ++
- Tadaima… annonçai-je en pénétrant dans l’appartement. Je m’avançai ensuite rapidement à travers le salon pour atteindre la chambre. Je toquai légèrement sur la porte entrouverte. - Cécile ? J’entre. - Tu peux me dire ce qu’elle fait là ? me cracha-t-elle en désignant la chatte qui tentait de monter sur les jambes de mon amie qui la repoussait sans ménagement. - Tu le sais très bien, tu en avais besoin. Je récupérai Nuit qui se mit à ronronner illico. Cette bestiole était un véritable moteur. Refusant cette fois de fuir devant l’attitude de Cécile, je m’assis de l’autre côté du lit. - Alors maintenant que tu as pleuré… tu peux m’expliquer le fin mot de cette histoire ? - Que veux-tu que je te dise ? Et de toute façon, qu'ai-je besoin de te dire ? Tu as déjà tout compris, non ? - Je ne suis pas sûre d'avoir absolument tout compris, non. Je pense que tu te sens mal à cause de la grossesse. Je sais que ça joue sur tes réactions. Et ton caractère. Déjà qu'à la base, t'es pas du genre facile à vivre, là, tu es devenue imbuvable. C'est pas en faisant le vide autour de toi que tu te sentiras mieux. Et surtout, c'est pas en chassant l'homme que tu aimes que tu seras heureuse ! - Qui t'a dit que je l'aimais ? Ben voyons, elle espérait faire croire ça à qui exactement ? - Tu n'as pas eu besoin de le dire, dis-je doucement. C'est évident. Tu l'aimes. Et il t'aime autant que tu l'aimes. Elle sourit. Mais c'était un sourire sans joie qui me fit mal au cœur. - Donc finalement, je ne suis pas si mauvaise comédienne que ça. Devant mon air interrogatif, elle poursuivit. - C'est vrai que je ne me sentais pas bien toute seule. On aurait été en France, je serais allée voir n'importe lequel de mes ex, ou je me serais laissée draguer par le premier venu. Ici, c'était plus délicat. Lui, je savais qu'il était libre. Et puis, c'était amusant de séduire un homme qui n'avait jamais touché une femme alors qu'il en avait tant à ses pieds. Sans compter qu'il était l'ex de celui qui m'avait pris Teru. Qu'est-ce qu'elle me racontait ? - Cécile ! Ose me dire que tu ne l'aimes pas ! Elle leva les yeux vers moi, et je sentis son regard-balance, celui que je l'avais vue utiliser sur le médecin quand elle avait été hospitalisée, et que je détestais quand il était sur moi. - Je ne l'aime pas. Je l'apprécie, je le trouve sympathique quand il ne me saoule pas, mais je ne suis pas amoureuse de lui et je ne l'aime pas. C'était un cauchemar ! Parce que n'importe qui l'écoutant là maintenant sans la connaître aurait dit qu'elle ne mentait pas. Qu'elle exprimait sincèrement ses sentiments. Et même moi qui la connaissais, j'avais du mal à ne pas la croire. Pourtant, je savais, j'avais vu. Les regards qu'elle posait sur lui, la tendresse de ses gestes, la douceur de sa voix quand elle lui parlait. Elle ne jouait pas la comédie dans ces moments-là, j'en étais certaine. Donc c'était à présent qu'elle mentait. Elle ME mentait, avec un aplomb monumental. Et cela me fit peur. Parce que si elle pouvait mentir avec tant de conviction et de naturel, c'était que le problème qu'elle voulait dissimuler était encore plus grave que je ne le pensais. - Cécile, tu penses au bébé ? Elle baissa la tête pour regarder son ventre arrondi sur lequel elle posa la main. - Quelle drôle de question ! Il bouge beaucoup, j'aurais du mal à l'oublier. C'est un futur boxeur, ou une future gymnaste. - Tu sais que Jun aime cet enfant ? - Et ? Je m'attendais plutôt à un "qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ?" Comment pouvait-elle faire croire que ça ne la préoccupait pas davantage ? - Et tu vas l'éloigner de lui ? Elle haussa un sourcil. - Je n'ai pas plus de raisons de l'éloigner que de le rapprocher du bébé. - Cécile ! Après ce qu'il s'est passé, tu crois vraiment qu'il va oser t'approcher ? Tu l'as blessé ! - Je sais, dit-elle d'une manière atrocement sereine. Si je lui avais juste expliqué que je ne l'aimais pas, il aurait posé des questions à n'en plus finir. Là au moins, il ne demandera rien. Ça y était ! Je me souvenais enfin d'où me venait cette impression de déjà-vu. J'avais déjà vécu ce genre de situation. Sauf qu'à l'époque, c'était Cécile qui était dans le rôle de Jun. Et Jean dans le rôle de Cécile. Son dernier petit ami, le dernier garçon auquel elle avait fait confiance avant Teru et qui l'avait chassée de sa vie sans explication. Ce n'était que quelques années plus tard qu'elle avait enfin compris pourquoi il avait agi ainsi. Il avait préféré entrer au couvent, mais n'avait pas su comment le lui dire. Sauf que je n'allais pas la laisser faire ce genre d'erreur. - Cécile… Tu sais, la gifle que Jun ne t’a pas donnée, elle me démange… sauf que ça n’avancerait pas le schmilblick d’un pouce. Mais comme j’en ai marre de t’entendre débiter des mensonges plus gros que toi, je vais te préparer à manger. A plus. Je sortis de la chambre pour gagner la cuisine, le chat toujours dans les bras. Je commençai à mesurer la profondeur de la détresse de mon amie et cela ne me rassurait pas du tout. Elle cherchait à faire le vide autour d’elle en commençant par celui dont elle avait le plus besoin. J’aurai voulu me confier à quelqu’un mais les seuls vers qui je pouvais me tourner étaient l’un bien assez occupé et l’autre habitait trop loin pour que je l’inquiète avec ce problème tout de suite. Me décidant à commencer la préparation de quelque chose pour Cécile, je déposai Nuit dans le salon et me lançai à l’assaut du frigo. Dedans, la présence de Jun était palpable et un tour dans le congélateur me fit découvrir une série de plats, sûrement composés par ses soins. J’en sortis un, et le mis à décongeler. Contrairement à d’autres, faire la cuisine ressemblait à une corvée dans ce genre de situation où je me sentais stressée au dernier degré. Si je m’étais écoutée, je serais descendue et me serais noyée dans la musique. Un bip de fin de cuisson retentit et j’étais en train de préparer un plateau quand Cécile fit irruption dans la cuisine. - J’allais t’apporter de quoi vous nourrir. Tes médocs ? - A leur place, où veux-tu ? Elle se dirigea vers le placard où elle rangeait les infusions et en sortit les boîtes de médicaments. Ses gestes semblaient calmes et habituels. Je l'observai du coin de l'œil. - Passe-moi un verre d'eau au lieu de faire le garde-chiourme, me dit-elle en souriant. - C'est quoi ce sourire ? - Pour m'excuser. Je suis désolée de t'avoir agressée tout à l'heure. Tu as raison, je ne suis pas facile à vivre. Et la grossesse n'arrange rien. Mais je n'aurais pas dû te parler comme je l'ai fait. Alors je te demande pardon. Alerte rouge ! C'était ce que me hurlait mon cerveau en la voyant agir comme si de rien n'était. - Cécile... - Je comprendrais que tu m'en veuilles, tu sais. - Idiote ! Je vais pas te laisser toute seule ! Je ne savais plus par quel bout prendre le problème. Elle mangea ce que j'avais fait réchauffer. J'avais hésité à lui signaler que c'était une préparation de Jun, mais j'avais fini par lui indiquer que c'était lui qu'elle devrait remercier pour le repas. Sa seule réponse fut de dire qu'il était effectivement bon cuisinier. Sans rejet, sans tristesse, sans... sans rien, en fait. J'avais l'impression d'être face à un bloc d'acier inébranlable. C'était comme si elle l'avait totalement sorti de sa vie. Comme s'il n'en avait jamais fait partie.
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++ Jun ++
Pendant que je me défoulais sur quelques oignons que j’avais trouvés au fond d’un placard, Nino s’était réinstallé devant son ordinateur. Du coin de l’œil, je le vis se faire absorber totalement par ce qu’il lisait et seule la sonnette de la porte d’entrée maltraitée par quelque impatient lui fit lever le nez de l’écran. Me voyant en pleine préparation, il sourit avant de dire : - Bouge pas j’y vais. - En même temps t’es chez toi donc… Il disparut dans l’entrée et… - Nino ! Faut qu’on parle ! - Heu… Ben entre aussi Oh-chan… La voix précédente n’était pas celle de Toshi, et je n’avais pas spécialement envie de voir son propriétaire pour le moment mais je n’avais pas vraiment le choix puisqu’il semblait avoir forcé l’entrée. - TOI !!!!!!!!!!!! Teru venait d’apparaitre dans la pièce. - Teruki ! Non ! Je ne sus pas si ce furent les oignons ou l’intervention salutaire de Satoshi qui l’arrêtèrent à moins d’un mètre de moi. - Satoshi emmène Teru dans le salon s’il te plait. Jun, tu poses ton couteau et tu viens aussi. J’obéis et, après m’être lavé les mains, je m’installai à côté de Nino tandis que le couple Teru/Toshi occupait l’autre canapé. - Teru-kun, je te rappelle que tu es ici chez moi, et que tu n’as pas l’autorisation d’agresser mes amis. Maintenant je suppose que tu te demandes ce qu’il se passe. Alors tu vas laisser Jun t’expliquer.
Nino, je t… aime beaucoup… , mais là c’est pas cool de me laisser en première ligne face au double T. L’ex-mari et l’ex-amant… Ils me regardaient tous les deux intensément, le second plus curieux qu’énervé contrairement au premier, mais les deux demandant une explication logique à toute cette histoire. La vérité je ne pouvais pas la dire et le mensonge allait devoir être béton. Penser à elle, à nous, enfin à notre ancien nous, suffit à me déstabiliser et je me levai brusquement pour me précipiter dans la salle de bain. Devant ma fuite, Nino reprit la parole. - Les mecs, vous êtes pas cool. Il est lui-même paumé dans cette histoire. Et puis c’est quoi ces façons de débarquer chez moi ? Hein ? - Ben, y avait personne chez Jun et Cécile refuse de répondre que ce soit sur le téléphone ou à l’interphone… Du coup on s’est dit que, comme t’étais parti derrière Jun, tu savais peut-être plus de choses que nous et… - …on avait raison puisque la brute qui frappe les femmes, enceintes de surcroit, s’est réfugiée chez toi. - La ferme Teru ! J n’a pas touché un cheveu de Cécile. T’as pas vu sa main ? J’ai failli l’emmener à l’hosto tout à l’heure pour lui faire faire des points. C’est elle qui a initié le conflit, elle l’a elle-même reconnu. Mais avant qu’il ne donne sa version de l’histoire, qu’est-ce que vous avez compris vous ? En entendant Nino s’énerver contre Teru, je n’avais eu d’autre choix que de revenir dare-dare auprès de lui. Il avait beau être en général maître de lui-même, je savais pourquoi Nino avait voulu me laisser la parole en premier, du moins je le supposais : il voulait me laisser dire ce que je voulais à propos de ma relation avec Cécile. Et là, il risquait sous le coup de l’émotion, d’en dire trop. Alors je posais une main sur son bras en me rasseyant et il arrêta sa diatribe pour me sourire. - Teru et Riida s’apprêtaient à nous expliquer ce qu’ils font là. Ne… les gars ! Ils hochèrent mécaniquement la tête et je m’aperçus que Toshi avait les yeux fixés sur mon bandage. - Dis Jun, ça va ? - Comme après m’être pris pour Bruce Lee en explosant quelques verres. T’inquiète, c’est pas bien grave, juste superficiel. - Jun-kun, Sato m’a raconté ce qu’il s’était passé à la fête. Tu te rends compte que Cécile est fragile ? Elle est fatiguée, et elle s’inquiète de tout. Quand je venais la voir pendant vos concerts, elle me demandait tous les jours de vos nouvelles. - Peut-être, mais je jure qu’elle a cherché la dispute depuis que je suis allé les chercher. Et tout à l’heure… c’était trop, je n’ai pas pu m’empêcher de réagir. …Tu en sauras peut-être plus si tu passes la voir, mais moi, franchement, je sais pas quoi te dire d’autre à part ça. Je me levai pour retourner à mes préparatifs culinaires pendant que les trois autres continuaient à discuter. J’avais besoin de calme, de réfléchir, et je n’avais surtout plus rien à leur dire. Bientôt ils se levèrent à leur tour et Nino les raccompagna à la porte puis me rejoignit. - Ils vont faire un tour chez Cécile avant de rentrer. Peut-être qu’ils comprendront quelque chose de plus. - Comment le pourraient-ils puisqu’ils ne savent rien ? - Je ne sais pas… Bon je vais te préparer ton futon pour tout à l’heure.
A dimanche prochain! | | | Dim 8 Mar - 15:48 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour à toutes ! Avant de re-reposter ce chapitre je voudrais rapelerer que ce chapitre a été le premier que j’ai publié après le décès de Virgul. La grande majorité de ce chapitre avait été écrit par Virgul et vous retrouverez encore sa pâte ici et là jusqu’à la fin ou presque puisque nous écrivions des morceaux de l’histoire sans forcément respecter la chronologie. Mais sachez qu’à partir d’aujourd’hui les lemons ne seront plus d’elle. Et qu’ils se rarifieront. Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture… - Chapitre 41:
++ Teru++
Une fois dans la voiture, je me posai un instant avant de démarrer, fermant les yeux en inspirant fortement. La main de Sato-chan glissa sur la mienne avant qu'il ne mêle nos doigts. Ses gestes étaient le meilleur des calmants pour moi. Pas encore attaché, je le laissai m'attirer contre lui. - Teru, me dit-il doucement en caressant mon bras, tu veux bien accorder au moins le bénéfice du doute à Jun ? Nino tout comme moi, le connaissons depuis assez longtemps pour pouvoir dire qu'il est vraiment perdu avec ce qu'il se passe. Et il... - Je sais, Sato, je sais qu'il n'a jamais menacé une femme. Mais honnêtement, reconnais que tu as aussi cru que c'était ce qu'il avait fait. - Je n'ai pas tout vu. Je me redressai lentement, reprenant ma place derrière le volant. - Ok, on va aller voir ce qu'il en est du côté de Cécile. Quand nous parvînmes enfin à mon ancienne adresse, la nuit était tombée. Je sonnai, mais naturellement, personne ne répondit. J'allai prendre mon téléphone quand Satoshi posa la main sur mon bras. - Attends, je vais essayer autrement. Il sortit son propre téléphone et composa un numéro. Je le regardai interrogatif, mais il se contenta d'un doigt posé sur ses lèvres pour me signifier le silence. - Moshi moshi. Ohno à l'appareil. Aiba, tu pourrais me donner le numéro de Lucie ? Mais oui ! Qui d'autre qu'elle pouvait nous laisser entrer dans l'immeuble ? Il l'appela aussitôt qu'Aiba-kun lui eut transmis ledit numéro. Lucie ne fut manifestement pas difficile à convaincre, et une fois la porte ouverte, nous montâmes jusqu'à l'appartement. Elle nous ouvrit la porte, l'air presque soulagé de nous voir. - Cécile est sur le balcon. Moi j'ai passé l'après-midi avec elle et j'en peux plus. Si vous l'écoutez, elle vous dira que tout va très bien. Teru, tu connais la chanson 'Tout va très bien, Madame la Marquise' ? C'est exactement ça. La jument est morte, les écuries ont brûlé, le château a flambé, M. le Marquis s'est suicidé parce qu'il était ruiné, MAIS ! Tout va très bien ! La petite Française avait un débit rapide que j'avais un peu de mal à suivre. Je lui pris l'épaule pour tenter de comprendre un peu mieux. - Lucie, calme-toi et dis-moi ce qu'il se passe. - Elle ment ! Elle ment sans arrêt. Et pire, elle me ment. Va lui parler si tu veux, moi je renonce pour ce soir. Mais méfie-toi, parce que rien ne garantit qu'elle va te dire la vérité. - Sur quoi ment-elle ? demanda Satoshi. Lucie eut un instant de réflexion. - Sur le fait qu'elle va bien, déjà. Et sur le fait que ça ne lui fait absolument rien d'avoir envoyé bouler Jun. En dehors de moi, ici, il est la personne qui lui est la plus proche. Et elle l'a éloigné sciemment. Comme si elle avait voulu s'en débarrasser. - Tu veux dire que ce n'est pas lui qui... - Non. C'est elle qui l'a provoqué. Et elle sait très bien faire mal quand elle le veut. D'ailleurs, il faudra que je m'excuse auprès de Jun-kun. Parce qu'il s'est rudement bien maîtrisé. Je sais ce que je dis, j'ai failli lui en mettre une aussi. Je lui serrai l'épaule. - Elle est enceinte, bon sang ! Satoshi me fit lâcher prise et pendant qu'elle se massait l'épaule, Lucie me répondit : - Oui, c'est pour ça que je me suis retenue, et c'était la même chose pour Matsujun. - Lucie ? Tu es déjà partie ? La voix de Cécile la précéda de quelques secondes, et nous vîmes apparaître ma femme dans l'encadrement de la porte du séjour. - Tiens, de la visite ? Bonsoir les garçons. Lucie, ma belle, tu devrais peut-être aller dormir, non ? Tu dois avoir du boulot demain. - Oui, d'ailleurs j'y allais. Cécile, mange ce qu'on a sorti, et dors, toi aussi ! - Bonne nuit ! Satoshi suivit Cécile qui était rentrée dans la pièce principale. Je m'apprêtai à en faire autant lorsque je sentis la main de Lucie sur mon poignet. - Teru, elle me fait peur. J'aime pas les réactions qu'elle a en ce moment. Je pense pas que tu sois la personne la plus indiquée pour ça, mais au point où on en est, n'importe qui fera l'affaire. Il faut comprendre ce qui cloche ! Je hochai la tête en signe de compréhension.
****************
++ Ohno ++
- Tu veux manger quelque chose, Satoshi ? - Euh... Ce n'était pas que j'avais particulièrement faim, mais je devais avouer que l'odeur qui s'échappait de la cuisine était plutôt appétissante. Cécile me regarda quelques secondes et éclata de rire. C'était un joli rire, qui venait de son ventre et montait dans ses épaules avant de s'épanouir sur son visage. Pas le rire de quelqu'un de malade. Elle partit dans la cuisine et je sentis la présence de Teru derrière moi. Il me serra contre lui brièvement. Je compris qu'il cherchait de la force, comme à l'hôpital quelques mois auparavant. - Chéri, je pense qu'elle veut faire comme s'il ne s'était rien passé. Et si on veut en savoir davantage, il va falloir faire comme elle veut... Je tournai la tête vers lui, pas totalement convaincu par sa méthode. - Tu penses que ça va l'aider ? - Non, mais si on ne creuse pas la question, elle parlera peut-être d'elle-même. Lucie l'a apparemment attaquée de front, et ça n'a pas été efficace. Nous cessâmes de murmurer en entendant du bruit dans la pièce à côté. - Cécile ? La maîtresse des lieux était debout près d'un meuble dont elle avait ouvert un tiroir sans doute trop fort, et le contenu s'était répandu sur le sol. Elle était entourée de couverts. - Ne bouge pas, on va ramasser ça avant que tu ne marches sur des fourchettes. Sato, aide-moi. Après avoir ramassé les objets pointus et tranchants, Teru me dit de ramener la future maman sur son canapé et qu'il allait s'occuper de la suite. C'est donc assis l'un près de l'autre que nous vîmes mon amant débarquer un peu plus tard avec deux plateaux remplis de bols fumants. - Cécile, tout ceci a l'air très bon, mais tu n'aurais sans doute pas dû cuisiner. Je te trouve fatiguée ces derniers jours. Donc, il avait dit qu'il ne fallait pas la prendre de front... Je n'avais pas rêvé, ne ? Pour autant que je me souvienne de nos séances de garde-malade avant la reprise de la tournée, lui dire ce qu'elle devait faire ou non était l'un des plus sûrs moyens de l'énerver. J'avais vraiment du mal à comprendre l'homme dont je partageais la vie, parfois. - Ce n'est pas moi qui ai cuisiné. Et c'est Lucie qui a réchauffé les plats. Donc je ne me sens pas concernée par tes remarques. Elle avait dit ça naturellement, comme si ça n'avait pas d'importance particulière. Et je compris que Lucie avait raison, Cécile mentait. Ou alors, la grossesse avait un effet spécial sur elle. Nous engloutîmes le repas presque en silence, interrompus parfois par le chat qui voulait jouer. Puis je ramassai tout et rapportai les plateaux dans la cuisine. Lui trouvant un air familier, j'ouvris les placards et le congélateur par curiosité. La patte de Jun y traînait un peu partout. Il avait veillé sur elle ; je pouvais comprendre, si elle l'avait vraiment repoussé sans lui donner de raison, qu'il en soit blessé. Mais je me demandais au nom de quoi elle l'aurait repoussé ? Quand je revins dans le salon, Cécile était debout et Teru à genoux devant elle. Sa tête était collée au ventre arrondi, et sa main le caressait doucement. Je savais que je n'avais rien à craindre, et que c'était normal qu'il veuille savoir comment allait son enfant. Mais je ne pus retenir une pointe de jalousie qui se piqua dans mon cœur. - Sato ! Le bébé a bougé pendant qu'on discutait. Habituellement, il dort, mais là, il bouge beaucoup. Ça fait tout bizarre ! ...Hé ! Il a tapé dans ma main ! Je l'ai senti ! Cécile souriait doucement en caressant les cheveux de mon homme. Il se comportait comme un gosse émerveillé et deux sentiments contradictoires explosèrent en moi. L'amour que je ressentais pour lui se fit encore plus fort, et la jalousie vint me mordre puissamment. Avec moi, il n'aurait jamais ce bonheur qui le rendait si beau. Je m'approchai pour lui prendre les épaules, me rendant compte que je voulais marquer qu'il m'appartenait. Je réagissais comme un gamin capricieux, je le savais bien. Et je vis que Cécile l'avait compris. Mais son sourire ne changea pas. Du moins, pas jusqu'à ce que Teru ne prenne l'une de mes mains pour la poser sur le ventre qu'il caressait. Je crus voir alors un éclair fugitif dans ses yeux. Quelque chose qui ressemblait à de la tristesse et une douleur insondable. Mais je ne pus m'y attarder, surpris par ce que ma main me transmettait. Je baissai des yeux étonnés pour essayer de comprendre. Teru me regardait avec ce même sourire éclatant. Puis il se releva et me fit prendre sa place. - Colle ton oreille, tu entendras son cœur. Et si tu passes ta main tout doucement, tu verras qu'il viendra chercher des caresses. Je fis ce qu'il me conseillait et sentis d'un coup toute ma jalousie s'évanouir. Séparé de moi par une mince couche de vêtement et à peine plus d'épaisseur de chair, un petit cœur battait à toute vitesse. Et sous ma main intimidée, une petite masse vint se blottir. J'écartai ma tête, surpris. - Qu'est-ce que c'est ? Cécile me regardait. Elle posa sa main à côté de la mienne et répondit rapidement : - Sa tête. J'étais... émerveillé. Et je compris en cet instant ce que Teru avait ressenti quand le médecin lui avait annoncé l'existence de cet enfant. Pendant que je passais doucement mes doigts sur cette petite masse câline, je repensai à la discussion que nous avions eue deux semaines plus tôt avec le futur papa. Puis je m'écartai lentement de la jeune femme et elle alla se rasseoir. - Je comprends mieux ce que tu voulais dire l'autre jour. - Quel jour ? me demanda mon amant encore tout chamboulé. - Quand tu m'as parlé de ces assurances. - Ah ! oui... Cécile, il faut que je t'en parle aussi. Elle nous regarda avec une certaine incompréhension. - Le mois dernier, j'ai croisé un ancien camarade de fac. J'ai choisi la banque, il s'est lancé dans les assurances. Quand je lui ai parlé du mariage, du bébé et tout ça, il m'a dit que je devrais prendre une assurance-vie au cas où. - Au cas où quoi ? Cécile n'avait pas l'air très enthousiaste. Vu qu'elle nous avait demandé avec force de ne pas l'enterrer trop vite en avril, je pouvais la comprendre. - Au cas où. Cécile, on est bien placés pour savoir que tout n'est pas toujours rose dans la vie. Nous sommes encore mariés, mais ce ne sera sans doute plus le cas dans quelques mois. Et s'il nous arrive quelque chose, ou même juste à l'un de nous deux ? Tu ne préfèrerais pas savoir que notre bébé n'aura rien à craindre ? Que son avenir soit assuré, au moins financièrement ? Quand il m'en avait parlé deux semaines auparavant, ça ne m'avait paru que très rationnel. Mais là, devant cette femme enceinte, après avoir senti la petite vie qu'elle portait, je n'étais plus très convaincu que ses arguments soient les meilleurs. - Et ? - Je suis allé voir mon notaire, enfin, celui de ma famille. Il m'a préparé un document qui reprend tout ce que je voulais organiser pour le cas où l'un de nous deux, ou les deux, disparaîtrait trop tôt. - Formidable, dit-elle d'une voix plate. Et on peut savoir comment tu vois les choses ? Teru, pris dans son discours, ne vit pas le visage de Cécile se fermer. Je vins m'asseoir à côté d'elle pendant qu'il détaillait sa vision de l'avenir. Il avait prévu les choses comme tout ce qu'il faisait dans son travail, avec minutie et sérieux. Il était clair que l'enfant ne manquerait de rien. A condition que quelqu'un ait souci de son existence. La voyant trembler, je pris la main de Cécile dans la mienne. Je n'étais pas sûr qu'elle s'en soit aperçue, mais elle interrompit Teru à ce moment-là. - Et mon avis, il compte un peu dans ton projet ? Sa voix était chargée de colère, et je vis à son regard étonné que le futur papa ne comprenait pas pourquoi. - Bien sûr qu'il compte. Je te parle de ce qu'on m'a proposé. Ca fait une base pour y réfléchir. - Sauf que tu m'en parles maintenant alors que ton amant est au courant depuis des jours ! - Cécile ! Tu es la mère, tant que tu es là, et j'espère bien que c'est pour des années encore, la question de savoir qui s'occupe de l'enfant ne se pose pas ! - Et qu'est-ce que Satoshi vient faire là-dedans ? Sa main broyait pratiquement la mienne. Je voyais bien qu'elle n'avait toujours pas conscience qu'elle la tenait. Mais je ne me manifestais pas, parce que la douleur de ma main me permettait d'oublier un peu celle qu'elle venait de mettre dans mon cœur en posant cette question. - Sato est mon amant, l'homme que j'aime et qui partage ma vie. Je veux que notre enfant le considère comme son père. Et si nous disparaissions, toi et moi, je veux qu'il puisse élever cet enfant ! La poigne qui écartelait mes doigts me lâcha soudain, et je sentis Cécile se redresser sur son siège, posant les mains sur ses genoux et inspirant profondément. Sa voix était presque normale, à la nuance près qu'on y sentait une colère d'autant plus violente qu'elle était retenue. - Miura Teruki, tu es un imbécile ! Si nous disparaissons, toi et moi, cet homme que tu aimes n'a pas à être encombré par une vie qu'il n'a ni demandée, ni conçue. Tes idées pour prévoir l'avenir ne sont pas toutes à jeter aux orties, mais quand il s'agit de mon enfant, je veux être celle qui décide, pas une pièce rapportée ! Maintenant, je suis fatiguée, alors je vous dis bonsoir et vous prierais de partir. Ses paroles m'avaient glacé. Elle ne nous avait pas laissé la possibilité de répliquer et s'était enfermée dans sa chambre. Avec le chat. Je ne sais plus trop comment nous nous sommes retrouvés dans la voiture. Je crois même que Teru l'ignorait tout autant que moi. Il roula jusqu'à chez moi dans un silence assourdissant. Ce n'est qu'une fois dans notre lit, blotti contre lui, que je laissai mes larmes couler.
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++ Lucie ++
Levée aux aurores pour partir au plus vite, je n’étais pas remontée depuis hier. Normalement c’était à Jun de veiller sur Cécile ce matin, mais s’il ne le faisait pas, je ne lui en voudrais pas. Ce matin, réunion avec le staff, puis avec les stars pour faire le débriefing de cette partie de la tournée. Ensuite… eh bien théoriquement j’avais une petite journée aujourd’hui et cet après-midi une nouvelle réunion où l’on m’apprendrait quelles étaient mes nouvelles directives pour les prochains mois, quels artistes j'allais enregistrer, diriger, ou suivre en cas de concert mais ça en théorie, cela devrait attendre le mois de janvier. Première réunion, le staff, et les costumières pleurant sur l’état désastreux des tenues après deux jours de pluies au Kokuritsu, que devrais-je dire avec mes réglages perturbés par la tempête et l’eau qui avait coupé les micros par intermittence malgré les précautions ? Mais en fait, mis à part le mauvais temps et les perturbations qu’il avait entraînées, tout s’était plutôt bien passé. La réunion se termina assez rapidement et il restait du temps avant la suivante, du coup je partis boire un café et tombai nez à nez avec Aiba-chan. - Lucie-chan ? Tu tombes bien. Les gars et moi on a besoin d’un point de vue féminin sur la situation. Intriguée, je le suivis jusqu’à leur salle de repos. - Les gars je l’ai trouvée ! - Ohayô Sho-kun, Oh-chan. Sho et Satoshi étaient installés dans un des canapés, les quotidiens du premier soigneusement pliés et posés sur l’un des bras matelassés. Quant à la tête du second, elle était un poème à elle seule. - Oh-chan je ne te demanderai pas si ta nuit fut bonne, qu’est-ce qui t’a tracassé au point de te refiler des insomnies ? C’est pour ça que vous me cherchiez non ? - Si. - Cécile-chan… Si les deux réponses furent simultanées, celle du Leader m’intéressait au plus haut point. - Cécile ? Il s’est passé quelque chose après mon départ ? Petit à petit, il me raconta la soirée, son émotion quand il avait pris conscience de la petite vie que cachait mon amie, l’idée de Teru et la colère de Cécile et enfin l’impression qui faisait qu’il était autant troublé. Il lui avait semblé que Cécile lui avait arraché le plus merveilleux cadeau juste après qu’on lui ait offert. - Tu vois, jusque-là, ce bébé était resté quelque chose d’abstrait, presque un bagage de plus au milieu de notre relation. - Mais Oh-kun, elle a dit ça parce qu'elle a pas aimé la proposition de Teru-kun, c'est tout. - Non Aiba, elle s'est mise en colère contre Teru à cause de sa proposition et ça, je peux le comprendre ; mais ce qui m'a fait mal, c'est qu'elle semblait dire que je n'avais pas à être dans la vie du bébé. Je connaissais Cécile depuis suffisamment longtemps pour deviner que dans ce genre de situation, les mots qu'elle avait employés étaient importants. - C'est comme ça qu'elle l'a dit ? - Oui, à peu près. - Non Oh-chan, pas "à peu près". Il faut que tu te souviennes des mots qu'elle a utilisés. Le plus exactement possible. Il réfléchit un instant pendant que les deux autres se regardaient un peu perplexes. - Elle a dit que je n'avais pas à être encombré par une vie que je n'avais pas demandée. Oui, je crois que c'est comme ça qu'elle l'a dit. C’était donc ça, la pièce manquante. Il ne restait plus qu’à trouver le sens pour l’emboîter dans le puzzle mais je savais que ces mots étaient la clé de toute l’histoire. Mais avant toute chose, il fallait qu’Ohno comprenne un truc. Je n’allais pas être particulièrement gentille mais il fallait qu’il réalise que quelque part il avait été aussi déroutant que Teru hier soir. - Dis-moi, Oh-chan. Je peux essayer de récapituler ? - Vas-y. Si tu y comprends quelque chose toi… - Je crois oui… D’abord toi. Jusqu’à hier soir, si j’ai tout suivi, le bébé de Cécile et Teru était pour toi plus une gê... te laissait plutôt indifférent non ? Réponds le plus simplement possible. - Non enfin oui… mais maintenant… - Oui. Alors maintenant Plaçons-nous du point de vue de Cécile, si tu veux bien. Depuis le début elle lutte seule. Même si on est là, elle reste seule au final. Seule parce que Teru est parti. Non, je ne dis pas qu’il ou que vous avez eu tort ou raison, ce n’est ni le problème actuel, ni mes affaires, ce sont vos choix à tous les trois. Mais le résultat est là, Cécile est seule. Maintenant, elle a pu voir ces derniers mois que tu n’avais pas spécialement l’air enthousiasmé par cette naissance impromptue. Depuis le début elle passe par des périodes de bonheur et de déprime à cause de ses hormones. Actuellement elle est dans une passe négative et elle est arrivée à une conclusion qui peut sembler assez radicale mais pas totalement fausse. C’est son bébé et celui de Teru. C’est pas son genre de vouloir s’imposer aux autres, alors je suppose qu’elle ne veut pas non plus imposer le bébé aux gens autour d’elle. Surtout que nous sommes tous largement occupés. Oui je m’inclus dans l’histoire parce que je suis sûre qu’elle veut m’exclure aussi de sa vie, si elle le peut. Elle a toujours essayé de garder ses problèmes pour elle, pour épargner les autres du moins c’est ce qu’elle aime à croire… Alors elle doit se dire quelque chose du genre : « moins il y aura de personnes en interaction avec le bébé et moi, moins il y aura de personnes qui souffriront. » Voilà, c’est ce que je pense pour le moment. Alors pour l’instant remets-toi Oh-chan, parce qu’une fois qu’elle aura repris ses esprits, je suis sûre que Cécile sera ravie de l’idée que son bébé ait un autre ‘papa dans sa vie’. Pour la dernière phrase, je n’en étais pas absolument sûre mais j’avais vu Satoshi pâlir sous son hâle au fur et à mesure que j’avançais dans mes hypothèses. J’avais ressenti le besoin de le protéger, ce grand garçon…
C’est le moment que choisirent les deux derniers membres du groupe pour arriver. Dire que Jun avait une sale tête était largement en dessous de la vérité. Nino interdit d’un regard aux autres de poser la moindre question, avant de dire : - Je veux pas être rabat-joie, mais on a une réunion je crois, et on était pas spécialement en avance alors… qu’est-ce que vous foutez encore là ? - On y va, déclarai-je. Dépêchez-vous quand même. Pendant la réunion, j’attrapai mon portable et tapai sous la table.
« A :Nino De :Lucie Sujet : Cécile…
Je crois avoir compris le pourquoi de toute cette histoire. Rendez-vous ce soir chez moi. »
« A :Lucie De :Nino Sujet : reCécile…
Y a aussi du nouveau de notre côté. J est vraiment mal. On part après la réunion. A tout à l’heure. »
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++ Nino ++
En ouvrant la porte de ma chambre, je sentis une bonne odeur titiller mes narines. Jun était levé et s'était déjà lancé dans la confection du petit-déjeuner. - Ohayo ! le saluai-je en me posant sur une chaise. - 'hayo ! Nino, ce matin c'est mon tour d'aller voir Cécile. Ah ! oui, c'est vrai, les fameux tours. Mais... - Tu vas vraiment y aller ? T'as pas peur que ça fasse un peu tôt ? On n’a même pas pu discuter avec Lucie. Elle a peut-être des infos supplémentaires. Pareil pour Oh-chan. - Nino, elle me manque. Et je m'inquiète pour elle. Même si je me doute que ça va pas être facile. Il s'était installé à table avec ce qu'il nous avait préparé, mais semblait un peu hésiter à commencer son repas. - Jun ? Tu veux que je t'accompagne ? - C'est gentil mon vieux, mais t'as pas que ça à faire... - Nan, t'as raison, je préfère te courir après dans toute la ville. C'est beaucoup plus fun ! Blague à part, ça me dérange pas. Je préférerais que tu ne conduises pas avec ta main en poupée. Et puis, je pourrai plus facilement expliquer ton absence si je sais que tu es en train de la faire grimper au rideau, non ? Je lui adressai un clin d'œil qui finit de le faire sourire. - T'es con quand tu t'y mets, tu sais ?
(...)
Nous étions entrés grâce au pass que Jun avait toujours et nous contemplions à présent la porte fatidique. Jun avait passé le trajet à répéter son scénario. Son objectif était de lui faire ouvrir la porte. Une fois celle-ci ouverte, il se faisait fort de l'empêcher de la refermer et de lui dire à quel point il tenait à elle. - Il faut que j'arrive à l'embrasser. Si je peux faire ça, je suis sûr que tout ira bien. - Ok. Donc on sonne ? Elle va ouvrir ? - On ne le saura pas si on n'essaye pas, dit-il avec conviction tout en levant un doigt vers le bouton. Nous entendîmes le chat miauler puis la clé tourner dans la serrure. La poignée était une poignée de sécurité, du genre qui ne peut s'ouvrir à l'extérieur qu'avec une clé. Elle avait vraiment besoin de s'enfermer en plus ? - Tiens, le maton de service. Et le geek pour l'accompagner. Lequel des deux avait peur de se perdre ? Elle se tenait devant nous, mais n'avait fait qu'entrouvrir la porte. Son visage était curieusement sans expression. J serra les poings et ouvrit la bouche pour parler, mais elle ne le laissa pas prononcer un son. - Si tu viens pour l'inspection, j'ai mangé et pris mes médocs, tu peux partir. Salut ! Elle fit mine de refermer la porte, mais Jun fut plus rapide et attrapa la main qui se tenait sur le chambranle d'une main tandis que de l'autre bras il ouvrait la porte en grand. Il fit un pas en avant, puis un deuxième, et s'arrêta. - Cécile, je te demande pardon. Je n'ai pas été aussi présent que je l'aurais voulu ces derniers temps, et je me doute que tu en as souffert. J'aurais tellement voulu que tu sois avec moi pendant la tournée. Je m'en veux de t'avoir laissée ici toute seule. Il lui lâcha la main pour lever la sienne vers son visage. - Tu es ce que j'ai de plus précieux. Je ferai n'importe quoi pour ne pas te perdre. Je veux que tu sois la plus heureuse des femmes et tu es la seule à pouvoir faire de moi le plus heureux des hommes. Laisse-moi rester près de toi. Sa main caressait doucement la joue de Cécile, et cette dernière le laissait faire sans réagir. Elle ne cherchait pas le geste de Jun, mais elle ne le repoussait pas non plus, et je me pris à espérer qu'il avait su la toucher. D'ailleurs, qui pourrait résister à ce genre de supplique ? - Cécile, dit-il en la fixant toujours, je t'aime. Puis il se pencha vers elle et l'embrassa. - Je t'aime et je sais que tu m'aimes tout autant, dit-il avant de joindre leurs lèvres une nouvelle fois. Je me demandai un instant si nous n'étions pas arrivés au moment où je devrais m'esquiver, les laissant poursuivre seuls et à l'intérieur pendant que je devrais trouver une excuse auprès du manager pour l'absence de J. Mais ça ne dura qu'un instant, le temps qu'elle lève ses mains vers le torse de Jun et qu'elle le repousse brutalement. Il était heureusement dans l'axe de la porte, ce qui lui évita de s'assommer sur le mur. Hélas, il avait lâché sa prise et elle s'avança vers nous en refermant à moitié la porte. - Je croyais que tu étais un DoS, Matsujun, pas un maso. Ses yeux brillaient de froideur. Elle était plus petite que nous, mais droite comme elle l'était, elle semblait le toiser de très haut. - Je ne me rappelle pas t'avoir jamais dit que je t'aimais, laissa-t-elle tomber avant de se reculer et de refermer la porte. J'en avais connu des femmes. La plupart pour peu de temps, c'était vrai, mais je crois tout de même que je n'avais jamais rien n'entendu d'aussi cruel. Je regardai Jun qui fixait la porte close. Il paraissait statufié. Quand j'esquissai un geste pour lui prendre le bras, je vis ses jambes lui faire défaut et il s'effondra d'un coup. Je me mis à genoux à côté de lui, lui prenant les épaules. - Jun, souviens-toi de ce qu'a dit Lucie. Elle t'aime. Et tu le sais. Faut juste qu'on trouve ce qui va pas. Te laisse pas abattre comme ça par une femme enceinte et à court d'arguments. Quelle drôle d'idée aussi, de prétendre qu'elle ne lui avait jamais dit qu'elle l'aimait. Il y a toujours un moment où on dit ce genre de choses, surtout dans le feu de l'action. Et je faisais confiance à J pour l'avoir enflammée plus d'une fois. - Jun ? Il avait l'air de prononcer des mots, mais aucun son ne sortait de sa bouche. - Jun mon vieux, faut te ressaisir. Allez, debout ! On re-sonne jusqu'à ce qu'elle rouvre et au besoin c'est moi qui m'occupe de cette menteuse ! - ...pas menti... Je m'interrompis dans mon mouvement pour me relever, bloqué par sa main sur mon bras. - Pardon ? Je vis les larmes commencer à déborder de ses yeux mais il fit un effort pour répéter. - Elle n'a... pas menti... Jamais... elle ne m'a jamais... dit qu'elle m'aimait... Je réussis à le relever et à l'emmener vers l'ascenseur avant que les vannes ne s'ouvrent. Il parvint à rester debout jusqu'à la voiture, mais je préférai le faire monter à l'arrière où je m'installai à côté de lui. Ce fut là, penché sur mon épaule, qu'il déversa sa peine pendant un long moment.
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++ Cécile ++
Pourquoi ? Pourquoi était-il venu ? Après avoir refermé la porte, mes jambes avaient pu me porter jusqu'au canapé où je m'étais laissée tomber. La chaleur de sa main était encore sur ma joue et je me surpris à lécher mes lèvres qui gardaient le goût de sa bouche. Une vague intense d'un sentiment proche du désespoir monta en moi et pour l'empêcher de s'échapper, je me mordis le bras. Je m'étais recroquevillée sur le canapé, presque roulée en position fœtale pour autant que me le permettaient mon dos et mon ventre. Je m'appuyai au dossier en serrant mon mollet de ma main libre et restai ainsi un long moment. Je sentis soudain quelque chose qui me chatouillait le front. Relevant la tête, je me trouvai face à deux billes vertes lumineuses et un petit museau rose tendre. Ses moustaches s'agitaient sur sa fourrure noire et quand elle vit que je la regardais, sa petite langue râpeuse vint caresser ma joue. Je relâchai mes membres et pris la boule de poil sur mon cœur. - J'en peux plus, Nuit. Ces jours sans fin, ces nuits toute seule. Les visites chez le médecin, les recommandations à n'en plus finir sur ce que je dois faire et ne pas faire. Toute seule. Tout le temps. Même quand les autres sont là. C'est comme si j'étais dans une forteresse de verre. Je les vois, je les entends, mais je ne sens pas leur chaleur. Personne ne comprend ce que je vis. Ils savent, mais ils ne comprennent pas. Ce n'est pas eux qui portent cette petite vie... Pas eux qui seront responsables de sa mort. Et si jamais le bébé survit, mais que je ne suis plus là ? Qui va s'occuper de lui ? Jun lui parle quand il est là. Et le bébé réagit à sa voix. Mais si moi, je disparais ? Il fera quoi ? Est-ce qu'il va se sentir obligé de s'en occuper ? Ce serait stupide. Vraiment, totalement stupide. Je ne veux pas qu'il soit entravé par une vie à laquelle il ne doit rien. Alors il valait mieux le libérer avant. - Lui dire simplement que je ne l'aimais plus, ça ne suffisait pas, tu comprends ? Il fallait qu'il veuille me quitter. Pour ne pas se retourner et regarder en arrière. Il a encore tellement de choses à faire, à vivre, à essayer. Mes larmes s'étaient mises à couler sans que je puisse les arrêter. J'étais épuisée par ce que je venais de faire. Le repousser, Lui, lui qui était venu jusqu'ici, en me demandant pardon, en me disant les plus belles choses qu'un homme m'ait jamais dites, ça avait été la chose plus horrible que j'aie jamais faite. Evidemment que je l'aimais, même si je ne le lui avais jamais dit à voix haute. Combien de fois avais-je eu envie de le lui murmurer, le lui chanter, le lui crier même, lorsqu'il me faisait l'amour ou qu'il préparait le repas, quand il répétait ses pas de danse ou qu'il se posait à côté de moi et me regardait travailler. Mais chaque fois, c'était lui qui parlait le premier. Et j'avais l'impression que si je lui disais que je l'aimais juste après qu'il me l'ait dit, je ne ferai que répondre à sa question implicite, sans pouvoir prouver que c'était ce que je ressentais et que j'aurais dit de toute façon. Je savais très bien qu'il n'y aurait pas vu tout cela, qu'il aurait juste été heureux de m'entendre prononcer ces mots pour lui. Mais c'était plus fort que moi. Et au final, ça me rendait service puisque ça me permettait de le repousser en ayant la quasi-certitude qu'il n'y reviendrait pas. Il ne fallait pas qu'il revienne. Le voir encore souffrir finirait de m'arracher le cœur. Je n'étais pas sûre de pouvoir y résister encore. Je me sentais plonger dans ma tristesse quand mon portable vibra. - Moshi moshi ? - Cécile ? C’est Lena. - Lena ! Ça faisait longtemps… Qu’est-ce-que tu fais en ce moment ? - Je viens de revenir sur Tokyo. J’étais en vacances ces dernières semaines. J’ai vu ma famille et puis j’ai été retardée de quelques jours. A cause de la tempête, mon avion a été annulé et comme je n’étais pas pressée j’en ai pris un quelques jours après. Mais il me reste deux jours avant de reprendre le boulot et je voulais te proposer une sortie si ça te tente. - OUI ! On part. Tu as déjà une destination en tête ? - Je me disais qu’il devait bien y avoir un onsen pas trop loin, non ? J’étais déjà en train de tapoter sur un moteur de recherche et faisais défiler la liste des hôtes de la région. Je m’arrêtais sur une demeure traditionnelle au pied du Fuji-san. - Oui, il y en a plusieurs… Mais il y en a un qui a l’air vraiment agréable… Tu veux que je fasse une réservation pour aujourd’hui et demain ? - Vas-y. Pendant ce temps je fais mon sac et j’arrive si ça te convient ? - Parfait. A tout de suite. Nous raccrochâmes et je composai le numéro de l’auberge afin de vérifier qu’elle disposait d’au moins une chambre pour nous héberger cette nuit. Une heure plus tard, elle sonnait à ma porte et je lui ouvris avec le sourire. Au moment de partir, et devant l’insistance de Lena, je glissai un message dans la boite au lettre de ma luciole pour l’informer de mon absence soudaine sans pour autant lui préciser ni où, avec qui et combien de temps je disparaissais.
Merci à Tink-chan et à Leaulau-le-dragon pour leurs avis et autres remarques orthographiques et grammairiennesVoilà à vous de laisser un commentaire. | | | Lun 16 Mar - 13:52 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Loisirs : lire, fansubber, checker, chanter...
Humeur : en plein jetlag
| J'ai failli oublier de poster... encore mais bon voilà... - Chapitre 42:
++ Jun++
J’avais repris conscience en sentant la chaleur d’une présence humaine derrière moi. Pendant une seconde j’avais été submergé de bonheur, imaginant que tout ce qui c’était passé n’était qu’un mauvais rêve. Je m’étais alors retourné pour l’enlacer, quand j’avais réalisé que le corps maigre que j’avais entre les bras n’avait rien de celui de la femme de ma vie et tout de celui de mon meilleur ami. La bulle de rêve que j’avais créée avait alors éclaté, et l’ensemble des événements de ces deux derniers jours m’était revenu en pleine face... Le mal de tête, qui m’avait assailli après que Cécile nous ait claqués la porte au nez hier matin, ne m’avait plus lâché. Je m’étais alors laissé porter par Nino et le reste du groupe, bénissant les dieux que nous n’ayons ni émissions, ni enregistrement de quelques sortes que ce soit en ce jour, tout au plus quelques réunions. Plus la journée s’écoulait, moins je me sentais en état de réaliser quoi que ce soit. La dernière chose dont je me souvenais, était que je caressais Nuit. … Lucie était allée la kidnapper en constatant l’absence de sa maitresse dans son appartement. … Au lieu de rentrer chez l’un de nous deux, Nino nous avait conduits chez Lucie en fin de journée. J’étais maintenant comme groggy et je réalisai que nous devions toujours être dans l’appartement de notre ingénieur quand j’entendis cette dernière approcher, et attraper le moteur sur pattes. - Comment peuvent-ils dormir alors que tu ronronnes aussi fort, Dieselle-chan ? chuchota-t-elle. Elle avait dû récupérer la boule de poil car le lit avait cessé de vibrer et les ronronnements que j’avais, dans un premier temps, attribués au gamer (en me demandant comment il y était parvenu d’ailleurs…) s’étaient éloignés. Je restai encore un moment allongé essayant de me laisser engloutir dans une douce inconscience, mais je n’y parvenais plus. Comme je ne voulais pas empêcher Nino de poursuivre son sommeil j’ouvris les yeux et sortis du canapé dans lequel nous étions tous les deux allongés. J’ouvris la cloison qui séparait le coin salon de la cuisine et tombais nez à nez avec Lucie qui sirotait un café en caressant le chat. - Ohayô, Lucie-chan. - Ohayô, Jun-kun. Bien dormi ? Je t’ai réveillé ? Elle m’examinait attentivement en posant ses questions cherchant sans doute les réponses sur mon visage. Je tentai des réponses rassurantes et elle fronça les sourcils avant de me fourrer la crapule dans les bras. - Un café ? Tu manges quoi ? me demanda-t-elle en plongeant dans son frigo. - Comme toi, tentai-je. - J’en doute… mais j’ai quand même des céréales, et je dois pouvoir te proposer des œufs ou du… ah non… gomen j’ai pas de pain non plus. Je me rappelai soudain que je ne l’avais jamais vu avaler quoi que ce soit de solide avant le déjeuner même quand nous étions en tournée. Et comme nous rentrions tout juste et avec les derniers événements elle n’avait sans doute pas pensé à faire de courses. - Tu es sûre que t’es française ? - A moitié seulement… Tu fais quoi aujourd’hui ? - J’ai répétition au théâtre à partir de quatorze heures. Avant, il faut que j’aille chez moi pour me changer et qu’Uheara puisse me prendre. - Uheara ?... C’est ton manager, n’est-ce pas ? Pas la peine al … - C’est moi qui serai ton chauffeur, J. Grogna une voix éraillée dans mon dos. Neen s’était levé à son tour. Son air chiffonné était un vrai poème et, avant d’ajouter un mot, il alla chercher quelque chose dans le couloir. Il revint avec un immense sac qui ne m’était pas totalement inconnu. Il se servit un verre d’eau avant de saisir le mug de café que Lucie lui tendit. - Jun il y a des vêtements de rechange dans ce sac, j’ai fait une viré chez toi hier après que tu te sois assoupi. Maintenant, vas te doucher et ensuite on ira au théâtre en faisant un détour par chez moi. De toute évidence, on décidait pour moi et je choisis de me laisser faire pour éviter de trop penser en partant vers la salle de bain. Quand nous arrivâmes au théâtre, mon manager sauta sur Nino après m’avoir envoyé vers le metteur en scène et les autres comédiens qui étaient déjà sur scène. Je fus vite immergé dans mon jeu et quand, à l’occasion d’une pause, j’observai la salle, je découvris Nino, au bout de la première rangée, pelotonné sur l’un des sièges, emmitouflé dans une couverture, son ordinateur posé sur le siège à côté.
**********
++ Nino ++
- Nino, va voir le médecin ! Je m’occupe de Jun pendant ce temps. - Pas la peine, Sho-kun… ça va passer… - Non et tu le sais. De toute façon il t’attend alors file. Nous étions dans un couloir entre la salle de réunion et notre loge quand Sho m’avait expédié à l’infirmerie. Comme prévu, j’avais choppé un coup de froid, suite aux concerts et à la tempête. Je sortis du cabinet du toubib de la Jimusho avec quelques comprimés, contre la fièvre et les maux de gorge, et deux jours de congés qui allaient obliger Manager-san à réorganiser mon emploi du temps. En temps normal, je les aurais passés blottis devant mon téléviseur, une théière à mes côtés et une manette de jeux entre les mains. Là, j’allais en profiter pour m’occuper de Jun et terminer dans la mesure du possible la lecture du journal de Lucie. En fin de journée, j’avais été avec Jun chez cette dernière, et nous avions tenté de remonter le moral à l’amoureux éconduit. Lucie était montée rendre visite à son amie à un moment donné. En découvrant sa disparition, elle était redescendue avec le chat. Malgré ses presque 11 mois, la bestiole était toujours petite, et sa capacité à piquer des crises de folie intacte. Beaucoup plus tard, Jun avait fini par s’assoupir dans un fauteuil. Je l’avais laissé à la garde de Lucie et Nuit, le temps de passer chez lui récupérer quelques affaires. Pendant le trajet j’avais appelé son manager pour avoir confirmation des horaires de répétitions de mon cadet pour le lendemain. Après avoir rempli un sac de fringues diverses, je repris le chemin de l’immeuble des filles espérant et redoutant en même temps le retour de Cécile-chan. En effet, après être revenue de chez elle et avoir constaté sa ‘disparition’ Lucie avait essayé de la contacter mais était tombée sur le répondeur. Après le dîner, elle était remontée chercher les affaires de Nuit en compagnie de Jun. Ils avaient constaté que la future maman avait embarqué son ordinateur, sa brosse à dent et ses médocs. La disparition avait donc été organisée. Quant à savoir où… - Ta…da…i… ma.. Nuit ! En pénétrant l’appartement je m’étais annoncé mécaniquement et le fauve m’avait sauté dessus toutes griffes dehors. - Chhhhttt ! Viens plutôt m’aider à déplier le canapé et coucher Jun-kun. Lucie venait d’apparaitre dans le couloir pour me sermonner… je fermais rapidement les portes avant de laisser la boule de poil bondissante dans le couloir. Lucie avait profité de mon absence pour se préparer pour la nuit et passer un appel. Pendant que nous mettions les draps en place elle m’annonça que Cécile était avec une certaine Lena. C’était une amie récente mais de confiance semblait-il, puisque c’était Sho qui l’avait présentée à Cécile au début de l’année. Une fois Jun couché, Lucie m’avait souhaité une bonne nuit et m’avait offert d’utiliser la salle de bain à ma convenance. Je ne me fis pas prier car, bien que je n’en eus soufflé mot à personne, j’avais senti ma température faire le yoyo toute la journée. En conséquence, mes vêtements étaient poisseux et son offre irrésistible. J’empruntai un T-shirt et un caleçon dans le sac que j’avais ramené de chez Jun avant d’investir douche et baignoire. En sortant de la salle de bain, j’avais de nouveau été assailli par la bête. Cette dernière était passée du mode folie furieuse au mode super glue et je finis par craquer l’emportant dans le canapé. Elle se coucha entre Jun et moi et ce fut bercé par ses ronronnements que je m’étais endormi. Quand j’avais rouvert les yeux, j’étais seul dans la pièce mais les murmures de deux voix me parvenaient. Quand je rejoignis la pièce adjacente, Lucie tendait à Jun un bol et des céréales, avant de sortir du frigo lait et jus de fruits avec un « Gomen c’est tout ce que j’ai. » Nous avions quitté Lucie devant l’ascenseur qui la conduisit au rez-de-chaussée tandis que nous allions un étage plus bas pour récupérer ma voiture sur une place de parking du garage. Je l’aperçus encore à mi-chemin de la station de métro qui l’emmènerait jusqu’à la JE. Elle était en train de mettre des écouteurs et j’eus envie de savoir ce qu’elle écoutait. - Du classique. -Hé ? - Le matin, Lucie-chan écoute du classique. C’est elle qui me l’a dit une fois où je l’ai ramenée. Le soir elle aime les chansons folkloriques. - Pourquoi tu me racontes ça ? - Parce que je préfère que tu te concentres sur ta conduite plutôt que sur les questions qui parasitent ta petite cervelle dès qu’elle entre dans ton champ de vision. - Et comment tu peux savoir que c’était la question qui m’intéressait ? - Simplement parce que tu l’as murmurée… Baka… sourit-il. Et m…. Une fois chez moi, je me glissais dans des vêtements propres, puis je mis quelques fringues et mon ordinateur dans un sac avant de me déclarer prêt à partir. Au théâtre, Jun rejoignit ses collègues alors que je me faisais alpaguer par son manager. - Nino-kun, tu n’es pas sensé te reposer ? J’ai appris que tu étais au repos pour deux jours à cause d’une angine. - Je me repose. Enfin … je vais le faire ici. Je m’éloignai de quelques pas avant de m’arrêter et de me retourner vers le manager de Jun. - Uheara-kun… une chose. J’ai plus seize ans. Alors dites à Manager-san et aux autres que je suis assez grand pour m’occuper de moi-même. Je m’installai ensuite dans un coin de la salle mais aux premiers rangs, histoire de garder un œil sur mon ami. J’ouvris ensuite mon ordinateur pour me replonger dans le journal de Lucie. Grâce à lui, je la comprenais mieux. Elle avait toujours été protégée du monde extérieur en dehors de sa vie professionnelle, c’est pour ça qu’elle était si naïve. Quand elle s’était affranchie de ses parents, elle avait rencontré Cécile et Xavier et ces deux-là avaient pris le relais. En partant aux USA, et si elle n’était pas tombé malade, elle aurait surement été blessée plus durement rien qu’avec le crétin qui l’avait larguée quand elle avait été hospitalisée. Je crois que si un jour je tombais sur ce mec, je serais capable de … En même temps de quel droit pouvais-je faire cela ? Avais-je été mieux que ce type ? Moi qui lui avais pris par pur égoïsme ce qu’elle avait préservé jusqu’alors… - Nino ? Ça va ? J’ouvris les yeux et vis devant moi un Jun qui me regardait un peu inquiet. Ma tête bourdonnait un peu mais rien de grave alors j’esquissai un sourire. La répétition était terminée et il m’annonça qu’il serait bientôt prêt. Je rangeai mes affaires et me dirigeai vers le distributeur qui me délivra une dose de caféine que j’avalai en compagnie de quelques comprimés. Vingt minutes plus tard, Jun me retrouva et nous nous dirigeâmes vers mon véhicule. - Qu’est-ce-qu’on fout encore ici ? me demanda Jun alors que nous arrivions devant l’immeuble des filles. - Lucie m’a envoyé un message tout à l’heure : Cécile-chan lui avait glissé un mot dans sa boîte aux lettres et Lena-san lui a laissé un message annonçant le retour de ta chère et tendre dans la soirée. C’est l’occasion ou jamais de crever l’abcès non ?
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++ Cécile ++
« Tu sais Cécile, tu peux pas décider à leur place. Tu ne peux pas éloigner les gens de toi pour les empêcher de souffrir si… s’il vous arrivait quelque chose à toi ou au bébé. Tu ne peux pas nous forcer à vous laisser tomber de ta propre volonté et si tu le fais c’est là que tu blesses le plus parce que… Oui, malgré tous tes efforts, je crois que la seule chose que tu auras réussi, c’est perdre du temps et des moments de joies. A ton avis comment ils réagissent à ta fuite ? » Les paroles de Léna résonnaient dans mon esprit clairement brillamment. Il avait eu lieu un peu plus tôt après que je me sois confiée à elle. D’ailleurs pourquoi elle, alors que je ne pouvais pas exprimer ouvertement ces angoisses face au médecin, à Teru, et encore moins devant Jun ou Lucie ? - En fait, je le savais, Les deux derniers étaient trop proches, auraient été trop concernés, le premier m’aurais surement offert d’aller consulter un de ses confrères du département psy et quand à ton père il se serait essayé à quelques paroles rassurantes avant de me reparler d’assurances et autre testament. Il est gentil mais franchement maladroit tu sais. Je parlais à l’enfant comme souvent caressant mon ventre alors que nous profitions de la douceur de l’eau qui nous entourait en solitaire ce matin. Lena m’avait abandonnée là un peu plus tôt sous prétexte de quelques coups de fils à sa rédaction mais je supposais qu’elle voulait me laisser un peu de temps pour réfléchir. D’un coup dans la vessie, il me rappela à la réalité et après une dernière caresse, je sortis du bassin, m’emballant dans un peignoir moelleux avant d’enfiler le Yukata pour regagner la chambre. En me voyant entrer, Lena coupa sa communication. - Lucie ? - Oui, elle s’inquiète. Elle n’avait pas trouvé ton mot, seulement constaté ta disparition. Je lui ai juste dit que nous étions ensembles, elle nous souhaite un bon séjour. Oui, je la reconnaissais là ma luciole, ne posant que rarement les questions qui lui brûlaient les lèvres, s’imaginant si souvent inutile alors que sa présence était en elle-même un guide. - Elle était seule ? - J’ai entendu Nuit derrière elle mais rien d’autre. Elle semblait être seule et j’eus presque envie de l’appeler pour lui demander, mais je devinai une chose. Si personne n’était avec elle alors elle devait surement être en train de contacter Jun pour lui apprendre qu’elle m’avait retrouvée d’une certaine manière. Depuis qu’elle avait découvert notre secret, ils s’étaient tous les deux bien rapprochés, j’en avais encore eu la confirmation avec les quelques mots qu’ils avaient pu laisser échapper l’un sur l’autre lors de nos différentes confrontations ces deux derniers jours. - Cécile, il est temps de dormir…. Me rappela Lena. Et puis tu pourras plus facilement rêver à ton bel idol… Ne dis rien. Tes joues parlent pour toi. Tout comme tes yeux quand tu parles de lui. Ajouta-t-elle. Je me glissai dans mon futon pendant qu’elle faisait de même dans le sien. Contrairement à moi ses révélations ne semblaient pas la perturber puisque bientôt son souffle régulier m’apprit qu’elle était partie rejoindre le pays des rêves. Je dus en faire autant puisque ce fut le soleil qui m’éveilla le lendemain. Lena n’était plus dans son futon et quand elle réapparut dans la chambre elle venait de toute évidence de profiter des bassins une nouvelle fois. - Bonjour… - Bonjour. Nous avons encore le temps de déjeuner avant de partir faire un peu de tourisme dans les alentours, m’annonça ma compagne. Une fois que nous eûmes quitté le ryokan, nous décidâmes de déambuler dans la petite ville qui l’abritait. Nous nous arrêtâmes dans une petite boutique de souvenirs pour acheter quelques produits locaux quand Lena me tira par la manche me désignant un bloc de papier à lettre. - Et si c’était ça ta solution ? me demanda-t-elle. Je la regardai un instant surprise et elle ajouta. - Pour laisser une trace… Elle dut lire dans mes yeux les doutes tout comme l’espoir qui me traversaient en cet instant. C’était bien une idée de journaliste ça : Ecrire pour… Pour laisser quoi d’ailleurs ? - C’est une suggestion. Mais tu devrais peut-être y réfléchir, termina-t-elle.
Nous revînmes dans l’après-midi sur Tokyo, et elle me déposa à l’hôpital où j’avais une consultation. J’en profitai pour demander son avis au médecin. - Ecrire une lettre pour laisser un message à votre enfant si quelque chose vous arrivait ? Miura-san, ce n’est pas une bonne manière d’envisager les choses. Je vous ai connus plus combattante et positive. Mais peut-être qu’écrire vous permettrait de poser vos inquiétudes plus facilement et en parler à vos proches. Ensuite et si jamais un incident devait arriver votre enfant aurait effectivement un message de sa mère. Oui son idée n’était pas idiote…mais plutôt qu’une lettre un journal, quelque chose où je me raconterai… Je décidai cependant de me laisser le temps d’y repenser plus tard, en montant dans le taxi qui me reconduisit chez moi.
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++ Lucie ++
Les garçons étaient revenus chez moi après la répétition de Jun. Je les y avais découverts en rentrant des studios. Rien de vraiment surprenant puisque j’avais laissé à Nino le jeu de clé que je lui avais confié la veille. Il s’en servait d’ailleurs pour exciter Nuit, alors que Jun jouait avec mes instruments de cuisine. Il m’apparut qu’ils avaient dû faire une halte course, parce que j’étais certaine qu’aucun des légumes coupés ou en voie de l’être n’étaient dans mon appartement, les courses n’ayant pas été ma priorité ces derniers jours. Après avoir mis sa soupe à mijoter, nous nous retrouvâmes tous les trois dans le salon où le canapé avait été replié. - Cécile va arriver vers quelle heure ? - Dès qu’elle aura remarqué la disparition de son chat, dis-je. Mais autrement je ne sais pas. Lena l’a déposée à son rendez-vous à seize heures. - Elle ne devrait donc plus tarder… C’est à ce moment que quelqu’un écrasa la sonnette avec insistance. Nous nous regardâmes un instant tous les trois et comme nous l’avions décidé plus tôt je partis ouvrir la porte pendant que Jun kidnappait la bestiole qui avait fini par s’endormir sur les genoux de Nino. - Où est mon chat ? Mon amie ne semblait pas s’être véritablement calmée à moins que ce ne fut l’absence de Nuit chez elle qui avait ravivé sa colère. - Bonsoir à toi aussi, Cécile. Entre, je t’en prie. Tu t’es bien amusée avec Lena ? J’avais volontairement ignoré sa question m’efforçant de sourire. Elle me fusilla du regard, entrant visiblement à contre cœur. - Mon chat ! Je venais de refermer la porte derrière elle et elle me toisait les bras croisés sur son estomac. Je savais que l’absence de Nuit l’obligerait à descendre, qu’elle n’en serait pas forcément heureuse, mais je ne pensais pas qu’elle serait aussi furieuse. - Dans le salon… soupirai-je. Jun n’allait pas avoir une tâche facile… Il fallait qu’ils discutent dans un endroit neutre et nous en étions venus à la conclusion que mon appartement était relativement idéal. Après que je l’eus renseignée, Cécile s’était dirigée sans un mot supplémentaire en direction de nos amis et je la suivis avec un temps de retard, retrouvant dans la salle Nino qui referma la cloison entre la cuisine et le salon derrière elle. J’avais pu entendre Cécile grommeler un « c’était bien un guet-apens » quand elle l’avait aperçu. Je m’approchai du gamer, sortant assiettes, bols et couverts pour mettre la table histoire de tromper mon inquiétude. La pièce voisine était anormalement silencieuse, puis la voix de Cécile s’éleva. - Alors, qu’est-ce-que tu voulais me dire Jun ? - Assieds-toi Cécile. … Tout ce que je peux dire je te l’ai déjà dit maintes et maintes fois… Je t’aime. Et même si tu ne l’as jamais exprimé en ces termes je suis certain que toi aussi. Mais quelque chose te bloque. S’il te plait explique-moi. Confie-toi à moi parce que je n’abandonnerai pas. Nous entendîmes Cécile soupirer puis leurs voix devinrent des murmures indistincts pour nous. Nino posa sa main sur mon épaule et je levai les yeux vers lui. - Lucie, tu sais pour le prochain single, j’ai eu une idée… si on en parlait plutôt que d’essayer de les espionner… Il m’entraina vers mon studio et nous nous plongeâmes dans la musique jusqu’à ce que la tête de Cécile apparaisse dans l’embrasure de la porte. Elle avait les yeux rougis mais son sourire, son vrai sourire, était revenu. - Et si on allait dîner… j’ai faim ! L’ambiance était légère, j’avais l’impression que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas été aussi joyeuse. Le repas terminé, les amoureux s’éclipsèrent avec leur félin nous laissant Nino et moi brusquement seuls devant la porte d’entrée. - C’est agréable de voir Jun heureux, déclara Nino. - C’est vrai… Nino ? Ce dernier m’avait tiré brusquement à lui et à présent m’enlaçait tendrement. - Lucie… - Mm ? Je levai la tête et rencontrai son sourire. Une étincelle nouvelle crépitait dans son regard. - Lucie, je t’aime… Je souris en réponse. - … et je vais t’embrasser. Il fondit alors sur ma bouche m’entrainant dans un tourbillon de sensations qui me déposa nue sur le lit.
Je n'avais plus peur. J'avais une envie folle de lui, c'est tout ce à quoi je pouvais penser. Envolées mes folles inquiétudes, mes mois d'angoisse et de colère à tout faire pour l'éloigner de moi. Qu'est-ce qu'il voyait en moi, que moi je n'y voyais pas, pourquoi avais-je l'air si belle en ce moment dans ses yeux... je n'en savais strictement rien, mais je ne voulais plus me poser de questions, je voulais juste me laisser aller dans la douceur et la volupté de ce moment tant attendu. Je le regardai se déshabiller sans hâte, me laissant tout le temps de me raviser, un sourire au visage que je savais bien plus bravache que l'expression d'une réelle sérénité. Alors que je le vis déboucler sa ceinture, je lui ouvris les bras et il vint s'allonger contre moi mais je le basculai sous moi, prenant la direction des opérations pour la première fois. Nous n'étions pas là, de par sa seule volonté, et je voulais qu'à l'issue de cette nuit, il ne subsista plus le moindre doute. Je le voulais de tout mon cœur et de toutes mes tripes, j'étais certaine de faire exactement ce qu'il convenait de faire pour la première fois de ma vie. Alors que je m'affairais à nous mettre à égalité en faisant glisser son pantalon au sol, je le vis sourire et glisser la jointure de son index entre ses dents pour cacher le petit air de victoire que je lisais malgré tout, aussi clairement que s'il avait agité un drapeau conquérant. Mais je me réjouissais de le voir si heureux et abandonné sous mes doigts. Etais-je vraiment capable d'être cette femme désirable et forte qu'il semblait voir en moi ? Je le souhaitais de toutes mes forces, pourtant en le voyant nu et débordant de désir pour moi, je me sentais un peu moins assurée.
« Lucie. » j'entendis sa voix se faire douce « Tu n'es pas obligée tu sais... »
Je le savais bien. Il ne me contraignait pas à prendre les rênes et à jouer le rôle d'une femme sensuelle et déterminée que j'étais loin d'être. Je le regardai avec un peu d'appréhension maintenant mais ce que je lus dans ses yeux me donna des ailes. De la tendresse, de la compréhension et tellement d'amour que j'eus la certitude qu'il pourrait tout accepter venant de moi, même une chaste nuit si cela était ma volonté. Je me penchai sur lui et je pris sa bouche, le sentant s'enflammer rapidement passant la main dans mes cheveux puis dans ma nuque pour approfondir le contact dans un gémissement. Entre mes jambes je le sentis s'éveiller plus fort et se frayer un chemin vers mon intimité. A ma grande surprise je n'en ressentais ni gêne ni malaise, bien au contraire, mon ventre se creusa d'envie et je cherchai à accentuer cette si douce caresse. Je le vis attraper un préservatif et tendre la main pour éteindre la lampe qui éclairait de façon tamisée la scène de nos ébats. Mais je retins sa main pour l'en empêcher, je ne voulais pas en perdre une miette et je n'avais plus peur qu'il me voit. J'avais laissé tomber mes préventions et ma carapace, je n'avais plus rien à lui cacher. Je l'aidais à s'équiper de sa protection de plastique et je glissais mes mains dans les siennes pour les lever au-dessus de sa tête, titillant ses lèvres chaudes de la pointe de ma langue pour solliciter un accès qu'il m'accorda en gémissant sourdement. Je le sentis lever les hanches et naturellement se glisser en moi nous coupant tous deux la respiration sous l'effet de la délicieuse intrusion. Je commençai à onduler spontanément, trouvant enfin dans ce corps contre lequel j'avais tant lutté un allié de choix. Chaque mouvement, chaque soupir, chaque regard que nous échangions m'emportait un peu plus loin, un peu plus haut jusqu'à nous laisser tous deux épuisés mais comblés, la tête dans les étoiles et un sourire indéfectible aux lèvres. Je l'embrassai un peu plus languissamment, relâchant ses mains pour profiter de ses caresses sur mon corps à fleur de peau. Il me fit rouler sous lui, m'arrachant un rire haut perché.
« Ça va ? » souffla-t-il dans mon cou, m'arrachant des frissons de plaisir. « C'est une vraie question ou tu cherches juste le compliment ? - C'est une vraie question... si après, tu trouves matière à nous complimenter, je n'y verrais rien à redire. - Nino ? - Hum ? - Je ne sais pas... - Quoi ? » Je tentais de maîtriser le fou rire que je sentais monter face à son air inquiet. « Peut-être qu'on devrait recommencer, enfin, pour que je sois sûre et certaine. - A vos ordres, mademoiselle... » ce furent les derniers mots échangés avant que ma chambre ne résonne à nouveau de soupirs et de doux chuchotements amoureux.
***********
++ Jun ++
Quand elle était entrée, je m’étais levé serrant contre moi la boule de poils sans pour autant l’emprisonner. Cette dernière avait d’abord observée sa maitresse avant de choisir de se blottir contre mon torse. - Lâcheuse… avait marmonnée Cécile, avant de planter son regard noir dans le mien. J’acceptai la lutte et nous affrontâmes silencieusement nos volontés jusqu’à ce qu’elle cède dans un : - Alors, qu’est-ce-que tu voulais me dire Jun ? Je l’invitai à s’asseoir, m’installant sur le canapé puisqu’elle avait choisi le fauteuil. Puis sentant qu’elle ne reprendrait pas la parole si je ne faisais pas moi aussi un pas vers elle je me confessai, réaffirmant mon amour pour elle. Et avec la plus grande maitrise dont je me sentais capable je me lançai dans le plus grand bluff de ma vie, affirmant aussi la réciprocité de cet amour alors que je tremblais intérieurement de la voir le nier une nouvelle fois. Je ne savais qu’une chose, si elle me rejetait, Nino ne serait pas près de me voir quitter son canapé. Mais sa muraille s’effondra en un profond soupir. Fixant ses mains serrées sur ses genoux, elle me confia alors dans un murmure ses craintes et doutes, les angoisses qui l’avaient assaillie et les conclusions auxquelles elle avait abouti. Quand elle se tut, j’étais agenouillé devant elle, mes bras l’encerclant malgré son ventre, Nuit ronronnant entre nous. Je levai une main vers son visage mouillé essuyant du pouce les larmes qui continuaient à se former aux coins de ses paupières. Quand elle croisa une nouvelle fois mon regard un sourire étira ses lèvres et elle sortit l’un de mes mouchoirs de l’une de ses poches, essuyant mon visage à son tour. J’avais pleuré et je ne m’en étais pas aperçu. Je l’attirai à moi faisant miauler de dépit le félin ainsi éjecté. Nous rîmes nerveusement et quand nous nous calmâmes nos lèvres étaient jointes et nos langues tourbillonnaient l’une autour de l’autre. Quand nous séparâmes et bien que ce ne fût qu’un murmure je jurai d’avoir entendu les trois mots tant espérer sortir de sa bouche. La cuisine était vide mais la table pour quatre avait été préparée. Cécile entrouvrit la porte du bureau de Lucie, invitant nos amis à nous rejoindre. Une heure plus tard nous relâchâmes Nuit dans son domaine et la porte du couloir correctement fermée je déshabillais du regard celle qui me faisait perdre la tête avant de joindre les gestes à la vue.
« Est-ce que tu vas penser que je suis tordu si je t'avoue que j'ai de plus en plus envie de toi ? » soufflai-je en passant mes mains sur son ventre rond tout en baisant son cou appétissant… « Hum... je ne pense plus à grand-chose en ce moment. -Tu as bien raison, ça nous a jamais vraiment réussis de toute façon. Tu... tu es fatiguée ? -Je suis épuisée. J'ai l'impression d'avoir un ventre qui sert de grand huit à ce petit diable et une vessie sur laquelle il fait du trampoline, mais à part ça tout va bien. » Elle se retourna pour m'embrasser avec sérieux. « Tout va bien Jun. »
Je me sentais enfin apaisé et cette victoire sur nous-même me rendait euphorique et optimiste.
« ...Et concupiscent de toute évidence. » conclut Cécile en tâtant la bosse qui s'était formée à mon entrejambe. « Rassure-moi… je n'ai pas dit à voix haute que j'étais euphorique... ? - … Et optimiste ? Si. - Désolé... » lançai-je d'un air piteux. « Non, je suis heureuse de savoir ce que tu as dans la tête et en échange... je te promets que je ferai la même chose. Mais pour l'instant, mets-moi au lit. -Tu veux dormir ? -Non. -Ohhh... » Je souris malgré moi, anticipant avec bonheur la nuit à venir, nous avions du temps à rattraper.
Nous nous déshabillâmes mutuellement sur le chemin de sa chambre et alors que je tentais de m'allonger contre elle, je fus obligé d'admettre que cela était devenu bien compliqué.
« Jun, ne fais pas comme si j'étais une marchandise fragile. » me susurra Cécile en me voyant hésiter. Elle commença à m'entreprendre avec urgence pour étayer son propos mais je retins ses mains, tentant de retrouver ma clarté d'esprit. « Cécile, Cécile, attends une minute ! Je sais que tu es forte, que tu prends les décisions pour toi et pour le bébé, mais... Si. Tu es fragile. Tu es fragile et j'aimerais que tu me fasses suffisamment confiance pour que tu te laisses parfois aller à être la femme douce et vulnérable que tu as le droit d'être. »
Je vis son regard se faire fragile et pour la seconde fois de la soirée en la voyant pleurer j'eus l'envie folle de faire de mon corps un rempart pour elle, contre le reste du monde et sa dureté qui l'avait tant blessée ces derniers mois. Elle m’entraîna sur le lit avec elle et c'est tout naturellement que je trouvais ma place dans son dos, la paume de la main posée sur son bas-ventre. Avant de me rappeler combien elle détestait ça. J'eus un mouvement de recul mais elle attrapa fermement ma main pour me garder contre elle.
« C'est bon, Jun, je veux bien...j'avais peur que... enfin je suis si 'féminine' maintenant, je doute que tu puisses me confondre avec lui. »
J'eus le cœur déchiré en entendant une nouvelle fois ses doutes et ses craintes, la peur profondément ancrée de se voir une fois de plus préférer Satoshi.
« Jamais, jamais, je... -Je sais Jun. Maintenant je le sais. »
Je la sentis se frotter à mon membre durci, me provoquant sans subtilité mais d'une façon ô combien sensuelle à laquelle je ne résistai pas bien longtemps. Dans un râle que j'entendis en écho je la pénétrai avec douceur, glissant ma main entre ses cuisses pour la caresser du bout du majeur. En quelques coups de reins je sentis son orgasme m'enserrer puissamment et son corps se détendre contre le mien. Je me sentais tout proche aussi, sevré de son corps depuis bien trop longtemps à mon gout et je continuais à me mouvoir en elle tendrement surpris de la sentir à nouveau réceptive.
« Encore ? » m'étonnai-je. « Encore. » répondit-elle dans un glapissement peu élégant qui me fit ralentir mes ondulations dans un excès de sadisme qui la fit sourire. Elle tourna la tête et prit ma bouche, me faisant tout à fait perdre le peu de contrôle que j'avais réussi à conserver, me faisant exploser en elle. Nous nous allongeâmes l'un contre l'autre épuisés et bienheureux et je l'attirai à moi pour qu'elle se blottisse contre mon torse, ramenant la literie malmenée sur nos corps alanguis.
A dimanche ! | | | Dim 22 Mar - 0:49 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour, J'espère que tout le monde va bien. Ici la vie a peu changé mis à part certains magasin et les musées fermés. L'expo d'Arashi a rouvert il y a deux ou trois jours et normalement le 31 je devrais pouvoir la visiter. A vous tous qui êtes enfermés dans un appartement en ville, je vous envoie toutes mes pensées. Bon, place qu chapitre du jour: - Chapitre43:
++Nino++
La chambre était à présent largement éclairée mais la lumière ne semblait pas déranger son sommeil. Je m’étais réveillé bien avant le lever du soleil et depuis tout ce temps, j’observai celle qui reposait à côté de moi. Enfin ! Nous étions enfin ensemble. J’étais au paradis mais sa réaction la dernière fois alors que nous avions simplement dormi faisait que je m’inquiétais un peu de celle qu’elle pourrait avoir au réveil aujourd’hui. Allait-elle me jeter dehors ou me garder ? - Kazu, Ohayô… Elle s’était pelotonnée contre moi en grognant ces quelques mots et c’est en souriant de soulagement que je l’enlaçai. - Ohayô, Lucie. Bien dormie ? - Mmoui. … Je crois que… Elle s’arrêta dans sa phrase brusquement, se serrant encore plus contre mon torse comme si elle avait voulu s’y incruster. Resserrant mon emprise sur elle, je l’invitai à continuer. - Tu crois que… ? - … je voudrais rester comme ça toujours… finit-elle par lâcher dans un murmure. YATTA !!! Mon cœur bondit dans ma poitrine, elle avait enfin lâché prise. Elle acceptait de faire définitivement tomber l’armure qu’elle revêtait à chaque fois que nous nous étions vus depuis avril. J’avais gagné une partie bien plus passionnante que tous les niveaux de Mario et Zelda réunis. En lisant son journal, j’avais eu confirmation qu’elle n’était pas indifférente à mon charme et que seule la crainte de souffrir à nouveau la poussait à s’éloigner de moi. Au fil des pages, j’avais pu lire son besoin de me faire confiance et son amour. Au fil des pages, j’avais pu comprendre un peu mieux qui elle était, passionnée, généreuse, honnête, lucide, têtue, naïve, effrayée, capricieuse. Au fil des pages, j’avais suivi sa détresse, ses inquiétudes, ses moments de ras le bol, ses moments de joies aussi, et puis son quotidien ; j’avais pu mieux cerner sa personnalité, et, grâce à ça, percer sa dernière défense. Grâce à la lecture de SON journal… Voilà, j’avais gagné mais je ne me sentais pas fier pour autant. Parce que, si j’avais osé franchir la barrière en carton-pâte qu’elle mettait entre nous, c’était parce que je savais, grâce au journal, que c’en était une. Sans le journal, aurais-je osé cette nuit ? Oui, sûrement. Mais maintenant ce journal me renvoyait en pleine face un sentiment de tricherie. - Nino ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as l’air soucieux. - Lucie…
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++ Lucie ++
Il était parti et moi, folle de rage. J’avais une fois de plus l’impression de m’être fait avoir. Avoir par ce mec qui avait abusé de ma confiance. Hier soir, cette nuit, ce matin… tout s’était enchaîné trop vite et j’avais mal réagi. Mes mécanismes de défense s’étaient enclenchés et, pour éviter de lui coller la baffe qu’il méritait, je lui avais jeté son boxer au visage et le reste de ses fringues hors de chez moi. Il les avait suivies et j’avais claqué la porte derrière avant de m’enfermer dans la salle de bain et me glisser sous la douche pour ne pas entendre les coups de sonnette ou ses poings sur ma porte. Il fallait que je fasse le point, que je réfléchisse, et que je prenne la bonne décision.
- Flash-back -
Qu’est-ce qu’il avait tout à coup ? Quand je m’étais réveillée, j’avais senti son regard sur moi, sa chaleur contre ma peau et je m’étais blottie un peu plus pour en profiter. Un bonheur simple… j’étais enfin à ma place. Puis, alors que je profitai de ce moment de tendresse où seuls quelques mots avaient été échangés, j’avais senti son rythme cardiaque se modifier et sa préoccupation à travers les doigts qui caressaient mon corps. Alors j’avais bêtement demandé… - Nino ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as l’air soucieux. - Lucie… Il faut que je t’avoue quelque chose. - Nani ? - Gomen Lucie-chan. J’ai… j’ai lu ton journal… murmura-t-il.
- Fin du Flash-Back -
Alors maintenant comment devais-je réagir ? Quand il avait avoué avoir lu mon journal, j’avais eu une seconde d’incrédulité. Personne n’avait jamais lu ce que j’y avais écrit. Cécile seule savait que j’en tenais un depuis 2009, mais elle avait respecté mon besoin d’avoir mon coin où me défouler, pendant le temps où je n’avais été plus capable de marcher pendant des heures, pour faire passer mes frustrations. Il m’avoua qu’il l’avait copié le jour de la dispute entre Cécile et Jun avant de partir de chez moi. Quand la rage m’avait fait enfin réagir et je l’avais jeté dehors avant de me précipiter sous la douche pour nettoyer mon esprit de la colère et faire peau neuve. … Que je l’aimais, je le savais depuis longtemps, et si, jusqu’ici, j’avais repoussé toutes ses tentatives, c’était autant par rancune que par peur. Eprouvait-il vraiment des sentiments semblables aux miens ? Hier soir, j’avais jeté les deux aux oubliettes et une nuit de passion encore plus intense que nos moments en janvier en avait résulté. Mais tout était allé trop vite pour moi. Beaucoup trop vite. Oui, je voulais être avec lui, mais je voulais aussi prendre le temps de construire quelque chose de solide. Il allait falloir que je lui parle. Je voulais que nous prenions notre temps, la précipitation n’était pas une bonne chose, Cécile et Teru en étaient un exemple vivant. Les idées un peu plus claires, je me décidai à prendre le gel douche pour commencer à me laver quand je m’aperçus que l’eau, chaude quand je m’y étais glissée, n’était plus que vaguement tiédasse. Depuis combien de temps étais-je dessous, je n’en savais rien, mais j’entendis tambouriner de l’autre côté. - Lucie t’es là ? Qu’est-ce qu’il se passe, ça fait une heure que j’essaye de te joindre. M****. Cécile…
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++ Jun ++
Alors que je descendais pour aller chercher des croissants à la boulangerie, l’ascenseur fit une halte imprévue et les portes s’ouvrirent… sur Nino !? Pas un Nino conquérant cependant, mais plutôt un Nino défait au propre comme au figuré. Il était en train de refermer son pantalon, son T-shirt laissant voir son nombril, sa chemise et sa veste sur les bras. Quant à sa tête, je ne la lui avais pas vue depuis que sa première copine l’avait plaqué. - Nino ? Tu sors de chez Lucie là ? Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu… Le regard qu’il me jeta me fit ravaler mes paroles et c’est dans un silence pesant que nous terminâmes notre descente. Je le vis se jeter dans sa voiture. Il s’était passé quelque chose ce matin entre lui et Lucie-chan mais quoi… ? Je me mis à courir sur le chemin du retour, le comportement et la tenue du gamer m’intriguaient plus que je ne l’avais initialement pensé. - Tadaima ! La boule de poil se colla à moi. Je me débarrassai de Nuit, lui mettant quelques croquettes dans son bol puis, après avoir posé mon sac de viennoiserie dans la cuisine, je partis jouer le rôle du prince Charmant après la sieste séculaire d’Aurore auprès de Cécile. - Princesse, réveille-toi. Petit déjeuner dans cinq minutes, annonçai-je en l’embrassant. Puis je repartis dans la cuisine pour préparer son thé et ses tartines avec un croissant. Après avoir mis le tout sur un plateau, je trouvai une femme enceinte et affamée contre ses oreillers. - J’ai faim. Je souris un "je sais" en déposant le plateau à ses côtés. Elle croqua dans une tartine avant de me reluquer. - Pourquoi tu manges pas ? me demanda-t-elle. - J’ai retrouvé Nino dans l’ascenseur… - Et ? - Y a un problème. Je sais pas ce qu’il s’est passé mais Lucie et lui se sont sûrement disputés ce matin. - Ce matin ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? - Nino était en train de se rhabiller quand la porte de l’ascenseur s’est ouverte. Cécile se mit à tousser désespérément, une miette de croissant avalée de travers. Je lui tapotai dans le dos avant de tendre son thé et après qu’elle eut repris sa respiration, elle dit. - Nino a dormi chez Lucie ? - Je dirai même qu’il n’a pas que dormi si tu veux mon avis, parce qu’il n’aurait pas été aussi débraillé autrement. Mais j’avoue que je suis un peu inquiet, est-ce que ça t’embêterait si… - Vas-y. Pendant ce temps je vais voir du côté de Lucie.
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++ Cécile ++
« Lucie… Qu’est-ce-qui s’était passé cette nuit ? » Tout en engloutissant mon petit-déjeuner, j’avais allumé Nordy. Avant que Jun ne parte, je lui avais demandé de me l’apporter. J’avais pu constater que la demoiselle n’était pas connectée contrairement à d’habitude. Je pris alors le téléphone mais elle ne décrochait pas malgré mon insistance. Il ne nous l’avait pas assassinée avant de s’enfuir quand même ? Non, bien sûr… Mais, sans plaisanter, l’absence de réponse finissait par m’inquiéter et une fois mon petit déjeuner expédié, je glissai sous la douche, m’habillai aussi rapidement que je le pouvais et attrapai les clés de l’appartement de la demoiselle. Trois étages plus bas je commençai par sonner avant d’introduire la clé dans la serrure. - Lucie ? … Aucune réponse ne me parvint. J’entrai, et constatai que tout semblait à sa place. Bien sûr il y avait son foutoir habituel, mais rien, absolument rien ne laissait supposer une quelconque bagarre. Avançant dans le couloir j’entendis le bruit de l’eau qui coulait dans la salle de bain. J’avançai jusqu’à la porte avant d’y tambouriner et de demander. - Lucie t’es là ? Qu’est-ce qu’il se passe, ça fait une heure que j’essaye de te joindre. La porte était verrouillée et je me voyais mal l’enfoncer. Au bout de quelques minutes ou peut-être moins, mais l’absence de réponse me les fit paraître interminables, elle coupa l’eau. Quand enfin le verrou tourna, la porte s’ouvrit, laissant le passage à une Lucie emballée dans son peignoir. Ses lèvres étaient bleues, la peau de ses doigts fripée, et elle claquait des dents. Combien de temps était-elle restée là-dessous ? Contrastant avec ces signes d’hypothermie, je remarquais également ses yeux, ses pommettes et son nez tâchés de rouge, signes qu’elle avait pleuré. - Lucie, t’as mangé ? Elle ne répondit pas mais je la connaissais suffisamment pour deviner que ce ne devait pas être le cas. - Viens, tu vas boire un truc chaud pour commencer, et ensuite tu vas m’expliquer ce qu’il se passe ? Je te préviens, je n’admettrai aucun refus. Je te rappelle qu’il ne faut pas contrarier une femme enceinte. Enfin…, le temps que je te prépare un truc, va t’habiller ! La laissant devant sa chambre, je partis dans la cuisine et me mis en quête d’un mug propre avant de renoncer et de laver deux de ceux qui trempaient dans l’évier. Puis je regardai sa machine à capsule avant de renoncer et de mettre la bouilloire à chauffer, l’idée de l’odeur du café étant au-dessus de mes forces pour le moment. Elle arriva alors que je versai l’eau frémissante sur les feuilles en sachet et je lui tendis l’une des tasses une fois qu’elle fut assise. Evidemment, à cause de son boulot elle n’avait pas eu le temps de faire les courses et il n’y avait pas grand-chose de comestible pour un petit déjeuner français chez elle. Et vu son état d’esprit, ce n’était même pas la peine de tenter de lui faire avaler autre chose. Je pensais aux croissants que j’étais sûre que Jun avait dû laisser à l’étage. - Lucie, je reviens. Je vais chercher les croissants. - Pas la peine… - Je m’en fous. Et je te préviens, prépare-toi à cracher le morceau. Je repartis vers mon appartement.
********** ++ Nino ++
Ma voiture connaissait le chemin de son box, je ne voyais que ça, parce que, sérieusement, je n’avais pas vraiment réalisé que j’étais arrivé chez moi avant d’y voir J. J’avais entre temps effectué mon plus mauvais score sur Mario : bouffé par la première bestiole avant même d’avoir récupéré le premier champignon. Cette partie j’avais dû la lancer par automatisme mais mes doigts étaient restés immobiles sur la manette. Tout cela je ne m’en rendis compte que lorsque je réalisai qu’il était en train d’essuyer les larmes qui dévalaient silencieusement mon visage. C’était Jun. Il avait surement pénétré chez moi sans sonner. Après avoir terminé son nettoyage, il retira de mes mains l’extension blanche qui les reliait, éteignit l’écran et s’assit finalement à mes côtés en étreignant mes épaules d’un bras protecteur. - Nino ? Qu’est-ce qu’il s’est passé avec Lucie-chan ? Je me sentais abruti, incapable de répondre ou de réfléchir correctement pour le moment. Tout ce que j’étais capable de ressentir c’était la chaleur et la force du bras qui me soutenait. Tout ce que je savais c’est que j’avais fait la plus grosse erreur de ma vie en copiant ce foutu journal et que maintenant j’avais tout perdu. Peut-être n’aurais-je rien dû avouer ce matin ou aurais-je dû attendre. Mais maintenant il était trop tard pour faire machine arrière. Je ne savais pas si je pourrai faire quelque chose pour me faire pardonner mais depuis que j’avais réalisé la présence de Jun, je n’avais plus l’impression de tomber. Son amitié était quelque chose qui me permettait de me raccrocher. Jun ? Mais que faisait-il là au lieu de s’occuper de Cécile ? Ce n’était certainement pas le moment pour lui de s’occuper des problèmes d’un autre et c’est cette pensée qui me fit retrouver l’usage de la parole. - Jun ? Qu’est-ce que tu fous là ? Va retrouver Cécile et laisse-moi ! C’est pas le moment de te mettre du côté du fautif. Tout en disant ces mots, je tentai de m’arracher à sa poigne sans succès. Déjà avant c’était difficile, mais depuis qu’il s’entraînait pour son butai c’était devenu pour moi mission impossible. Ne pouvant me servir de la force, j’utilisai ma souplesse et me laissai dégouliner jusqu’au sol, ne laissant dans sa main que la chemise par laquelle il avait tenté de me retenir. Puis je m’étais enfui le plus rapidement possible jusqu’à ma chambre où je m’enfermai. Une fois en sécurité de l’autre côté de la porte, je lui lançai : - Laisse les clés dans la boite aux lettres en partant s’il te plait. Puis je me jetai sur mon lit et me mis à fixer le plafond, essayant par là même de fixer mes idées et d’éviter de reprendre ma dégringolade sur la pente savonneuse de mes idées noires. Quand son visage, où inquiétude et colère se mêlaient, entra de mon champ de vision, je sursautai. - Jun tu m’as fait peur. Tu comprends plus le japonais. T’occupe pas de moi. VA RETROUVER CECILE ! Je me sentis redressé. Et il m’obligea à le regarder pour me dire d’une voix à la fois basse et furieuse. - Je m’occupe de l’urgence ! Et là, tout de suite, l’urgence c’est toi. Alors maintenant je t’écoute. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Après m’avoir observé un instant, il ajouta : - Cécile s’occupe de Lucie. Tout ira bien, alors explique-moi !
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++ Jun ++
Il ne répondait pas à mes appels, pas plus qu’à la sonnette quand je me retrouvai devant sa porte. Pourtant, je savais qu’il était là, puisque sa voiture était garée à sa place. Heureusement j’avais ses clés. J’ouvris donc la porte et après m’être assuré de sa présence dans le salon, je pris le temps de me composer un visage serein en rangeant nos chaussures, puis j’allais le rejoindre. Il était immobile devant son écran géant. Ce dernier affichait un game-over au score inexistant. Regardant Nino, je compris pourquoi. S’il semblait au premier abord fixer l’écran, la réalité était toute autre. Il avait le regard vide et de ses yeux s’échappait un torrent de larmes. Son visage était noyé et je récupérai mon mouchoir pour le débarbouiller. Il se laissa faire, ne réagissant même pas quand je récupérai la wiimote et que j’éteignis le téléviseur. Je l’enlaçai, essayant de lui faire prendre conscience de ma présence par ce geste, et, quand je le sentis frémir, je lui demandai ce qu’il s’était passé. Aucune réponse ne vint dans l’immédiat mais son regard reprenait peu à peu son éclat même si c’était la culpabilité qu’il reflétait en premier lieu. Soudain il se tourna vers moi, inquiet. - Jun ? Qu’est-ce que tu fous là ? Va retrouver Cécile et laisse-moi ! C’est pas le moment de te mettre du côté du fautif. C’était bien lui ça. Vouloir tout gérer tout seul. Ne pas vouloir s’imposer aux autres et surtout se préoccuper d’eux, avant lui-même. Je n’eus pas le temps de réaliser qu’il avait réussi à s’échapper, laissant derrière lui sa chemise, puis il s’était enfermé dans sa chambre en me renvoyant dans mes pénates. Mais qui croyait-il vraiment convaincre ? Je ne savais pas, mais si moi, c’était qu’il était encore plus à l’ouest que ce que j’imaginais. Il s’était enfermé mais ce n’était pas un simple verrou qui allait me résister ,surtout quand toutes les portes de son appart étaient munies d’un système permettant de les ouvrir avec un tournevis. Bon, un tournevis dans la maison du geek… je n’étais pas bien sûr de savoir où le trouver sans retourner la moitié de ses affaires, et cela me garantirait une sérieuse engueulade quand il aurait retrouvé ses esprits. Par contre je savais qu’il rangeait le couteau suisse que Teru nous avait offert des années auparavant, après un des ses voyages en Europe pour aller voir la FG, dans un tiroir de sa cuisine puisqu’il s’en servait comme tire-bouchon. Dessus, s’il était à l’image du mien, il y aurait certainement une lame qui me permettrait de faire tourner le verrou. Quelques minutes plus tard je pénétrai sans plus de sommation dans la chambre. Il ne le réalisa même pas ne sursautant que lorsque que je n’étais plus qu’à quelques pas de lui et dans son champ visuel. - Jun tu m’as fait peur. Tu comprends plus le japonais. T’occupe pas de moi. VA RETROUVER CECILE ! Ce mec allait vraiment me foutre en pétard malgré mes bonnes dispositions. Je l’empoignais, l’adossant à sa tête de lit avant de saisir son menton pour l’obliger à me faire face. - Je m’occupe de l’urgence et là tout de suite l’urgence c’est toi. Alors maintenant je t’écoute. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Son regard transpirait l’inquiétude, alors je tentais de le rassurer prenant sur moi pour ne pas le secouer comme un prunier. - Cécile s’occupe de Lucie. Tout ira bien, alors explique-moi ! Nino attrapa ma main, celle qui lui maintenait toujours le visage, il l’écarta doucement mais sans essayer de fuir cette fois. Il inspira profondément un peu comme moi quand je commence à stresser avant les live puis se jeta à l’eau. - Assieds-toi à côté de moi, dit-il en tapotant le matelas près de lui. C’est pas très long mais je sais pas combien de temps ça va prendre. Voilà. Ça a commencé le jour de votre dispute… Il me raconta alors comment il était tombé sur le journal intime de Lucie. Comment il l’avait volé, puis lu ces derniers jours, et enfin, comment pris de remord, ce matin au réveil, il avait avoué son forfait. - Et ? Quelle a été sa réaction ? demandai-je bien qu’ayant une petite idée de la chose. - … Elle nous a jeté hors de chez elle, mes vêtements d’abord, moi ensuite. C’est juste après que nous nous sommes retrouvés dans l’ascenseur… ensuite… je suis rentré ici… je crois… Un frisson me parcourut quand il prononça ces deux derniers mots. Comment ça, il croyait ? Il devait vraiment y avoir une instance là-haut qui veillait sur nous parce que moi, j’avais été en dessous de tout pour l’avoir laissé prendre le volant dans cet état-là. Le silence reprit ses droits mais je le sentais plus calme, soulagé d’avoir partagé ses craintes avec moi. J’en profitai pour faire rapidement le point en moi-même avant de prendre la parole. - Nino. … Il ne bougea pas fredonnant juste pour me faire savoir qu’il m’écoutait. - Tu as eu raison. Attention, je dis pas que tu as eu raison en lui piquant son journal, mais, par contre, je crois sincèrement que tu as eu une bonne réaction en le lui avouant ce matin. - Pour ce que ça a eu comme conséquence… soupira-t-il. - Attends ! J’ai pas fini. Maintenant mets-toi à sa place une minute, comment aurais-tu réagi si… j’avais fini le dernier jeu que tu venais d’acheter en spoilant ta partie. - Mon poing dans ta figure, répondit-il immédiatement. - Ben c’est pareil pour elle. - Mais, elle m’a pas frappé… elle m’a… Oooh… je vois ! C’est la colère. J’aurais eu très envie de te frapper mais je ne l’aurai sans doute pas fait… - Nan, effectivement. Je suis sûr que tu me l’aurais fait payer au centuple mais pas comme ça… pas en frappant. Maintenant, Lucie a besoin de se calmer et de prendre du recul. Et toi aussi… Je ne sais pas ce que vous avez fait cette nuit, même si je doute que ce soit du tricot, … Mais est-ce que tu sais où tu veux aller avec elle ? - Je crois, oui. Tu sais, je suis sérieux cette fois. Pour prononcer cette dernière phrase, il s’était finalement tourné vers moi et m’avait regardé droit dans les yeux. Je souris et lui répondis - Je sais. Tu n’aurais pas pris le risque de lui avouer ce que tu as fait, si ça avait été pour une passade. Tu n’aurais même pas pensé à lire son journal si ça avait été le cas. Au fait c’était intéressant ? demandai-je un sourire en coin. - Hi-mi-tsu ! me répondit-il mais les étincelles de joie qui pétillaient dans sa voix et ses yeux, en me prononçant ces trois syllabes, répondaient parfaitement, bien que vaguement, à ma question. Ce fut ce moment que choisit mon estomac pour se manifester et Nino s’esclaffa enfin. - Va te servir dans la cuisine, pendant ce temps, je vais prendre une douche et je te rejoins. Il se leva et plongea dans son placard à la recherche de vêtements propres. Au moment où je passais près de lui, il se retourna et m’enlaça fermement. - Merci, Jun. Merci d’avoir été là. Murmura-t-il à mon oreille. Puis tout aussi brusquement il plaqua une bise sur ma joue avant de me libérer. - De rien, rougis-je. C’est normal. Après tout, toi aussi tu as été là pour moi. Puis les joues enflammées, je me précipitais en direction du réfrigérateur. Tout ça pour un journal… franchement… En attendant l’arrivée de Nino, je préparais rapidement une pâte à crêpes et alors que je la battais vigoureusement, une idée germa dans mon esprit.
*********** ++ Lucie ++
J’avais toujours ma tasse entre les mains quand Cécile revint à l’appartement. Déposant devant moi un sachet, elle m’invitait à me servir. - C’est Jun qui est allé les chercher tout à l’heure. Sers-toi ! J’obéis machinalement et prenant conscience de la portée de ses paroles je demandai. - Jun ? Il est où ? Parti bosser ? Alors c’est réglé entre vous deux ? - Oui c’est réglé mais là n’est pas la question. Le vrai problème, c’est ce qu’il s’est passé entre toi et Kazunari. Pourquoi était-il à poil sur le palier ce matin ? Le rouge me monta aux joues brutalement. C’est vrai que j’avais été radicale, mais… Stop, pause ! Une seconde… - Comment tu sais ça ? demandai-je. - Jun l’a croisé dans l’ascenseur. Maintenant raconte. Arrgghh ! Pourquoi un tel timing ? Là je me sentais coincé et je sus que je n’avais d’autres choix que de tout raconter à mon amie. - Il a lu mon journal et me l’a avoué sur l’oreiller ce matin. J’ai juste… réagi … Maintenant je sais plus très bien quoi faire parce que la folie d’hier soir s’est envolée, la colère de ce matin aussi, et… Kazu… … Aussi. Je posai la viennoiserie intacte sur la table et avalai une grande gorgée d’un thé maintenant froid. Heurk. Je reposai la tasse dégoûtée, la repoussant ainsi que la nourriture vers le centre de la table en signe de renoncement. Sans attendre une prochaine discussion sur la bouffe, je me levai et rejoignis mon canapé. Cécile soupira et me suivit, s’installant à mes côtés. - Lucie est-ce que tu l’aimes ? - Oui. Et ça ne date pas d’hier, tu le sais très bien. - Pas d’accord. Tu l’aimais d’abord comme membre d’Arashi, ensuite il t’a charmé et vous… enfin tu sais. Depuis… tu as eu le temps de réfléchir sur tes sentiments et maintenant ? - C’est là que tu te trompes. Oui, je l’appréciais déjà avant de le connaître, et quand je l’ai rencontré, je me suis sentie comme envoutée quelque part, mais en fait,… c’était plutôt… comme un coup de foudre, tu sais, dans la loge. Depuis j’ai toujours su que c’était lui. Même quand j’ai voulu le détester, j’ai pas réussi. C’est parce qu’il est aussi important pour moi, que j’ai été aussi en colère tout à l’heure. Je crois que… … qu’il m’aurait demandé à lire mon journal, j’aurais pu lui dire oui, mais c’est le fait qu’il ait essayé de… Rahh je sais pas comment le dire ! C’est parce qu’il a triché quelque part. C’est ça qui m’a mise en rage. j’ai eu l’impression qu’il m’avait trompée juste après avoir passé la plus agréable nuit de ma vie. - Dis-lui. - Quoi ? - Tout ça. Ce que tu ressens. Ce que tu attends de vous. Tes craintes, tout. - Mais… - Jusqu’à toi, il a toujours eu les filles qu’il voulait facilement. Il n’avait jamais ramé comme ces derniers mois, revenant à chaque fois malgré les obstacles que tu t’es ingéniée à poser. Il n’a pas renoncé mais il ne savait pas comment faire pour que tu l’acceptes. Tout ça, je le sais par Jun. - Mais… j’ai peur de lui dire. Ce matin j’ai été trop loin je crois. Tu te rends compte, je l’ai viré quasiment à poil de l’appartement ! - Débrouille-toi. Réfléchis. Mais parle-lui. Et maintenant, ça te dérange si je m’allonge un moment ? - Gomen, Cécile. Ça va ? Je lui laissai le canapé pour occuper le fauteuil. - Oui. C’est juste que la nuit a été courte pour moi aussi… sourit-elle. Le silence s’installa. Elle s’était blottie sous mon plaid et s’était assoupie. Moi je réfléchissais et une idée jaillit. Je n’arriverais pas à lui dire ce que je voulais. Je me connaissais, dès qu’il fallait parler en me mettant en danger, je me plantais. Et qu’est-ce qu’il y a de pire que d’avouer ses sentiments à quelqu’un après une dispute. Alors j’allais lui écrire, mettre toute ces choses à plat pour ne rien oublier. Allumant mon ordinateur, j’ouvris un nouveau document :
Cher Kazu,
Pardon. Pardon pour ce matin. Mettre ces mots sur le papier me semble ridicule mais je ne sais pas comment commencer. Par le début peut-être. Oui faisons comme ça. Enfin le début tu le connais je crois et c’est à cause de ça que j’écris maintenant. Je t’aime. Ces mots je te les dirais volontiers si je n’avais pas aussi peur que la réciproque ne soit pas vraie. Je l’ai déjà fait et perdu certains amis ainsi alors j’avoue j’ai un peu peur. Mais le temps passe et ce sentiment lui reste. Je voudrais que nous prenions le temps de nous connaître vraiment. Nos histoires, nos expériences sont trop différentes pour que je me jette comme ça dans l’inconnu même si j’en meurs d’envie. C’est pour cela que je t’ai si souvent repoussé ces derniers mois. Cette nuit était unique mais j’aimerai que nous sachions où nous voulons aller avant de la reproduire. Prenons du temps mais ensemble cette fois, tu veux bien ? Je t’attends. Je t’aime. Lucie.
Avant de renoncer, je la lui envoyai par mail, et maintenant j’angoissais. Comment allait-il réagir ?
***********
++ Nino ++
J’étais toujours en train de mâchonner le pancake que Jun avait mis devant moi à mon retour dans la cuisine (un bon quart d’heure plus tôt) quand mon téléphone annonça l’arrivée d’un mail. Jun me jeta un regard réprobateur mais ne put m’empêcher d’aller voir ce dont il s’agissait. Après tout, il pouvait s’agir du boulot et ce n’était pas cet accro au téléphone qui pouvait me reprocher d’aller répondre. C’était Lucie. C’était son adresse. Ouvrant le message je découvris un roman en… français. Mais je reconnus la forme et le second mot, ‘Cher Kazu’. Une lettre. Comme elle écrivait son journal, elle m’envoyait une lettre. Mais c’est ce qu’elle me reprochait non… d’avoir lu son journal ? Si je lisais sa lettre de la même manière je n’étais pas convaincu que cela réglerait le problème. - Nino ? Un problème ? - Non… pas vraiment… enfin je ne sais pas. Lucie m’a écrit une lettre. - Qu’est-ce qu’elle dit ? - C’est en français. - Comme son journal ? - Oui. C’est pour ça que j’hésite à la lire. Quoi qu’il y ait marqué ici, je préfèrerai qu’elle me parle, qu’elle me le dise de vive voix, en face… - Ben qu’est-ce que t’attends ? Fonce. C’était les mots que j’attendais. Je quittai mon appartement en courant après avoir récupéré une feuille fraichement imprimée. - T’inquiète, je mettrai la clé dans la boîte aux lettres, entendis-je en sortant. Sale gosse… Une fois dans la rue, j’essayais d’héler un taxi mais les seuls qui passaient étaient déjà pris et quand j’arrivai en vue de la borne la plus proche, un coup de klaxon me fit me retourner. - Je peux te conduire quelque part ? ironisa mon ami. Sans répondre, je m’engouffrai dans son véhicule et c’est en silence que nous roulâmes jusqu’à son immeuble. Dans l’ascenseur, j’eus la surprise le voir appuyer sur le bouton allant à l’étage de Lucie sans appuyer sur celui de Cécile-chan. Il sembla comprendre mon interrogation silencieuse, puisqu’il ajouta : - Je dois récupérer ma femme.
Nous voici à présent devant sa porte, celle qui s’était refermée sur moi quelques heures plus tôt. Du coup j’hésitai à sonner mais mon ami n’avait pas les mêmes scrupules. Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit sur Elle. Je m’étais caché derrière Jun au dernier moment par impulsion. Grâce à cela, elle ne me vit pas immédiatement. - Jun-kun ? Cécile m’avait dit que tu étais avec Nino ? - Il est là, dit-il en me poussant vers elle avant de continuer ; je sais pas pourquoi il fait son timide. Vous avez des choses à vous dire, moi je suis là pour retrouver Cécile. Puis il entra dans l’appartement alors que Lucie et moi restions de chaque côté du pas de porte, nous regardant, essayant de comprendre ce qui l’y avait dans la tête de l’autre, ce qui ne marchais pas vraiment. Je finis par murmurer en la regardant droit dans les yeux. - Je peux entrer ? - Oui bien sûr. J’entrai, me déchaussai et croisai le couple Jun/Cécile qui sortait du salon quand j’y entrai. - Bonjour Nino. Y a des croissants sur le plan de travail, je n’admettrai pas que vous les laissiez sécher sans bonne raison. Puis ils sortirent et nous restâmes seuls, Lucie et moi. Elle me retrouva et, comme il y a quelques jours, se blottit dans le fauteuil. Je la rejoignis, lui tendit la lettre avant de m’asseoir sur son canapé en face. - Je ne sais pas lire le français. Tu peux m’aider ? Elle la saisit en tremblant. Pourquoi tremblait-elle ? Je ne comprenait pas très bien pourquoi elle aurait peur de me dire en face ce qu’elle avait écrit plutôt… à moins que … - Lucie. C’est toi qui l’as écrite alors pourquoi as-tu peur ? Toi tu sais ce qu’il y est inscrit contrairement à moi. Alors, s’il te plait… cette incertitude me tue. Je la vis prendre une grande inspiration avant de me regarder et dire d’une voix qu’elle voulait assurer : - D’accord, j’y vais…. La lettre qu’Aiba avait écrite il y a des années m’avait remué mais celle-là… ce fut bien pire. Et si au début de cette dernière j’étais sur le canapé, je l’avais quitté après son premier ‘je t’aime’ pour m’installer sur le bras du siège de mon amie. Quand elle eut fini de lire, je me levai et me mis à genoux face à elle. J’essuyai doucement ses larmes de mes pouces et lui dit : - Je t’aime Lucie. Prenons le temps. Tout le temps que tu voudras. Puis j’attendis, à quelques centimètres, lui laissant le choix d’agir ou non. Elle sourit doucement, s’approcha de mes lèvres. Elle y déposa un léger baiser avant de les brosser de sa langue. Bientôt la mienne entra dans la danse.
Au week end prochain et à bientôt | | | Dim 29 Mar - 17:32 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour à tous! Je pense bien à vous en France ou ailleurs dans le monde si certains n'habite pas en France. Je vous souhaite à tous de rester en sécurité et en bonne santé. Et voici un nouveau chapitre de Jinsei Dozo! - Chapitre 44:
++Ohno ++
- Cécile et moi sortons ensemble. … - Depuis quand ? Ce furent les premiers mots que je parvins à prononcer quand j’eus intégré ce que Jun venait de dire. - Début avril, au retour de Nino de son escapade en France… Aussi longtemps ? Je me demandais pourquoi, alors, il ressentait le besoin de me le dire maintenant. Nous étions dans notre loge commune avant le tournage d’un himitsu, attendant l’arrivée du staff qui devait nous remettre le script détaillé du tournage du jour. Un mail fit vibrer mon portable alors que l’on frappait à la porte. Pendant que Jun accueillait l’assistant et collectait nos outils de travail ainsi que quelques consignes, je consultais mon téléphone.
« De : Teru A : Toshi Sujet : Cécile … » Hé ?? Qu’est-ce qu’elle voulait ? Même si je savais que Teru l’avait quotidiennement au téléphone, nous ne l’avions plus revue depuis qu’elle nous avait virés de chez elle il y avait une semaine, laissant à Lucie-chan, Jun et Nino la joie de se faire insulter. « … Cécile veut qu’on passe la voir ce soir en sortant du boulot. Je passe te prendre ? T. » J’avoue que j’étais partagé. Je n’avais aucune envie de voir la mégère de la semaine précédente, mais, assurément, les choses devaient avoir changé puisque… - Jun… - Riida ? - Pourquoi tu m’annonces ce matin que tu sors avec Cécile ? Est-ce que ça a un lien avec le fait que cette dernière nous convoque tout à l’heure ? - Oui. Elle va le dire à Teru ce soir, et je voulais te le dire personnellement avant, donc… voilà. À la suite de ce début d’explication nous nous mîmes au travail. Heureusement pour moi, ma réputation me permettait de ne pas toujours être attentif à tout, mais à plusieurs reprises Jun dut me rappeler parmi le monde des paillettes parce que cela faisait trop longtemps que j’avais laissé mes pensées vagabonder du côté de Cécile … Cécile et Jun… Je me demandais soudain qui était au courant et depuis combien de temps. Nino sûrement pour Jun. Le premier était tellement attentif, encore plus quand il s’agissait de Jun. Et son côté protecteur ressortait d’autant plus quand il savait Jun en proie à un chagrin d’amour, j’avais eu l’occasion de le découvrir quelques fois. S’il savait, alors ça expliquait totalement son comportement récent. Pour les autres… Sho pourrait se douter de quelque chose, mais je ne pensais pas qu’Aiba en ait conscience. Lucie ? Elle aussi devait savoir. C’était la meilleure amie du dragon, et puis ses propos, quand nous tentions de comprendre ce qui clochait avec son amie, s’éclairaient totalement si elle savait. Cécile et le bébé… Ce bébé que je mourrais d’envie de sentir bouger une nouvelle fois. Ce soir sa mère me permettrait-elle de l’approcher ? Ce bébé, l’enfant de Teru, je m’imaginais déjà Le tenir entre mes bras. Le bercer quand il se réveillerait les nuits où nous en aurions la garde… - Toshi… on est arrivé. Je regardai autour de nous et m’aperçus que nous étions à l’entrée du parking souterrain de la future maman. Nous remerciâmes notre chauffeur et sortîmes. Jun présenta un passe devant le verrou électronique de l’immeuble et bientôt nous nous engouffrâmes dans un ascenseur. - A part Nino et Lucie-chan, qui est au courant ? demandai-je alors que la boite métallique nous hissait jusque chez Cécile. - Son frère, … et Uheara pour des raisons pratiques. Ces deux-là le savent d’ailleurs depuis le plus longtemps. Jun se tut alors que nous arrivions devant la porte de l’appartement. Ressortant ses clés, il appuya légèrement et à deux reprises sur la sonnette puis ouvrit le verrou lui-même. - Elle sait que c’est moi comme ça. - So… Quand nous pénétrâmes dans le salon, le fauve miniature nous accueillit joyeusement et nous entendîmes Cécile nous saluer depuis la cuisine. - Okaeri… - Tadaima. - Bonsoir Jun. Bonsoir Satoshi. Teru n’est pas encore arrivé. Asseyez-vous, j’arrive tout de suite. Jun me fit signe de m’installer alors qu’il la rejoignit à la cuisine d’où ils sortirent quelques instants plus tard. Comme je les observai, je vis ce que je n’avais pas aperçus jusque-là. L’amour entre eux, et une certaine nervosité dans l’attitude de Cécile. Cette dernière m’avait toujours semblée tellement sûre d’elle. Qu’elle ait été joyeuse ou en colère, calme ou excitée, malade ou bien portante, elle m’avait toujours semblée sans doute sur le moment. Soudain, je me rendis compte de ce qu’avaient découvert Jun et certainement Teru : cette arrogance n’était qu’une carapace avec laquelle elle se protégeait. Ce soir, elle me laissait entrevoir ce qu’elle était : pleine de faiblesses. La regardant de nouveau je découvris que je devais être à l’origine de son air inquiet. Et soudain j’eus envie de la protéger elle aussi, et pas seulement l’enfant qu’elle abritait comme c’était le cas depuis notre dernière entrevue. - Assieds-toi Cécile-chan. Il semblerait que je doive vous souhaiter beaucoup de bonheur à Jun et toi non ? Cécile s’assit au bord du canapé, à l’opposé de l’endroit où je m’étais installé. Elle se tourna vers moi, mais son regard ne parvenait pas à rester fixé sur mon visage plus d’une seconde. - … merci… C’était quoi cette voix timide ? Je ne reconnaissais absolument pas Cécile. Même quand elle était au plus mal à l’hôpital elle n’avait jamais été aussi vulnérable … - Satoshi…-kun… Je voulais. - Cécile-chan ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? On se connait depuis 9 mois et c’est la première fois que tu mets un «-kun » derrière mon prénom. - Tu vois je te l’avais dit Cécile… Dis ce que tu as à dire pour te sentir mieux, mais arrête de prendre ces précautions. Jun était assis dans le fauteuil près d’elle, soutien discret, mais dont je ne doutais pas qu’elle ressentait la présence. - Satoshi… Je te présente mes excuses pour la semaine dernière. Je n’aurais pas dû dire certaines choses. Mais je veux la vérité. Que voudrais-tu s’il arrivait quelque chose. … Si, non seulement moi, … mais aussi Teru venions à disparaitre ? Aimerais-tu t’investir auprès de notre bébé ? S’il te plait, réponds-moi honnêtement. Ne laisse personne t’influencer… Cette question, j’avais eu une semaine pour me la poser depuis que l’enfant en elle avait fait éclore en moi ce sentiment tellement fort. J’avais repensé au souhait de Teru, qui, à l’époque où il m’en avait parlé, m’avait semblé plus pratique que sentimental. J’avais compris avec l’aide de Lucie, le refus de Cécile. Alors, le fait qu’elle me demande cela ainsi… - Honnêtement … Il y a dix jours, j’aurais dit que si les dispositions de Teru devaient devenir réalité j’aurais fait mon devoir. Aujourd’hui, je veux chérir ce bébé quoiqu’il arrive… Enfin, si tu le veux bien… J’avais ajouté ces derniers mots en baissant la tête, prenant conscience du côté sirupeux de ces paroles. Quand je vis une main attraper mes doigts, je suivis le geste, et après qu’elle eut recouvert son ventre de ma paume, je levai les yeux vers son visage qui rayonnait. Nous n’étions plus deux mais trois sur le canapé : Jun la tenait contre son torse et ses mains rejoignirent les nôtres sur l’enfant qui bougeait. Nous n’avions plus besoins de mots et ce fut le coup de sonnette de Teru qui nous fit sortir de la béatitude qui nous avait tous ravie.
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++Teru++
Cécile acceptait enfin de me revoir, de nous revoir. Bien sûr, je lui avais parlé tous les jours depuis qu’elle était revenue de sa balade avec Lena-chan. Je ne la connaissais pas bien, mais elle avait su faire mieux que nous tous. Sato m’avait raconté que Jun et Cécile semblaient être réconciliés, mais, quand je lui avais annoncé ma venue lors de mon appel suivant, elle avait refusé, arguant que Nino nous remplacerait dans nos tours de veille médicamenteuse pour le moment. Puisque je ne pouvais rien faire pour elle, à part veiller de loin, j’avais revu mon pote assureur et il m’avait dit que pour le moment nous pouvions juste faire un contrat prévenant mon fils contre tous soucis matériels et que, plus tard, nous pourrions lui désigner un ou des tuteurs quand nous serions d’accord. Sa proposition était pleine de bon sens et pourrait apaiser Cécile, j’avais accepté. Hier, il m’avait fait parvenir les contrats, me disant que je n’aurais plus qu’à les lui retourner quand ils auraient été signés. Quand ce matin elle m’avait appelé, j’étais sur le chemin du boulot et la voix de Sato venait de passer sur les ondes. Comme à chaque fois que je l’écoutais, je voyais l’homme qu’il était à ce moment-là, généralement alangui entre nos draps où je l’avais laissé assoupi quelques minutes plutôt. - Moshi, Moshi ? Miura Teruki. - C’est Cécile. Tu peux venir ce soir ? Et Satoshi aussi. - OK. Cécile… ? Elle avait déjà raccroché. Comme si elle avait eu peur, en restant plus longtemps au téléphone, de changer d’avis. Pourtant j’avais hâte de la revoir. Hâte de constater les progrès de mon enfant. Hâte de sentir mon fils se blottir contre ma main comme la dernière fois et de l’entendre… A peine avais-je quitté mon véhicule que mon téléphone avait retenti pour ma première réunion de la journée et ce ne fut que bien plus tard, pendant que j’allais me chercher un café, que je réussis à taper un message pour prévenir Sato, lui demander s’il voulait que je le prenne au passage. Quand il me répondit, ce fut pour me dire que ce n’était pas la peine puisqu’il était avec Jun-kun. En lisant son message, je fronçai les sourcils avant de me rappeler que son ex, habitant à quelques centaines de mètre de chez Cécile, était effectivement la personne la plus habilitée à l’y emmener. Cependant, je ne m’attendais pas à ce que ce soit Matsujun qui ouvrit la porte quand je sonnai. Il me tendit une paire de pantoufle et nous retrouvâmes Cécile et Satoshi en train de deviser tranquillement sur le sofa. - Bonsoir Teru ! me souhaitèrent-ils ensemble. Je trouvai ça à la fois apaisant et surprenant. Toute la semaine, Sato m’avait semblé plutôt remonté contre Cécile, écoutant difficilement les nouvelles que je lui donnais malgré lui. A présent, ils paraissaient tellement amis. Je me demandai ce qui avait pu le faire changer ainsi d’humeur. La colère de Cécile semblait elle aussi, s’être calmée et je me demandai si l’occasion de lui présenter la proposition d’assurance n’était pas arrivée. - Je vais finir de préparer le repas, annonça Jun en se dirigeant vers la cuisine. Cécile se leva du canapé pour occuper un des fauteuils et j’en profitai pour rejoindre mon amant qui glissa sa main dans la mienne. - Teru, il faut que je te dise quelque chose. Quand tu m’as quitté après le tsunami, j’étais anéantie. Non seulement je venais de vivre les pires jours de mon existence, mais en plus, la seule personne sur laquelle j’étais sensée pouvoir compter de ce côté de la planète, m’abandonnait. Je crois que j’étais en train de devenir folle, un peu comme ces derniers jours, mais pour d’autres raisons. Mais, au milieu de tout ce gâchis, je n’ai pas été tout à fait seule. Honnêtement, s’il n’y avait eu que toi, … En fait… je le savais déjà. Je savais depuis notre mariage que je n’étais pas la première dans ton cœur. Que c’était Satoshi… Et qu’un jour tu pourrais me quitter pour lui. Alors, quand Jun m’a avoué ses sentiments à peine quelques semaines plus tard, j’ai réalisé que moi aussi je l’aimais. … C’est pourquoi je n’ai pas hésité et j’ai plongé dans ses bras. - Jun ? Jun-kun ? Mais il aime les… - … Non ! J’aimais Satoshi. Je l’ai adoré. Il a été et restera le seul homme de ma vie. Mais j’ai découvert que j’aimais Cécile. Que je l’aime, c’est avec elle que je veux construire mon futur. J’étais perdu. Cette déclaration d’amour, elle ressemblait tellement peu à Cécile, pas plus qu’à Jun, quoi que…. Avec Cécile, quand nous avions décidé de nous marier, cela avait été une décision totalement réfléchie, même si nous nous étions un peu précipités. Mais je ne le regrettais pas. Parce que c’était grâce à notre mariage que Sato et moi avions enfin osé regarder la vérité en face et nous avouer nos sentiments. Je sentis la poigne de Sato serrer un peu plus fort ma main. Elle était ferme, assurée et tendre en même temps. Je le regardai. Lui ne semblait pas perdu par cette annonce, soudain je compris... - Depuis quand tu sais ? lui demandai-je. - Ce matin, Jun voulait me le dire en personne. Je me tournai alors vers Cécile. Elle n’était plus seule sur le fauteuil, Jun-kun s’étant installé sur l’un des bras. Leurs mains étaient liées presque soudées. C’était vrai cette histoire ? - Oui c’est vrai Teru. C’est la réalité. Et maintenant si on dînait. Après… tu nous reparleras de tes fameuses assurances et autres « droit de garde ». Eéhhh ? C’est elle qui remettait ça sur le tapis maintenant ? J’en fus sous le choc une partie du dîner. Je voyais les trois autres discuter tranquillement, rire aussi. Quand je m’aperçus que je riais avec eux sans savoir pourquoi, je m’efforçai de revenir à la réalité. - Lucie a fait le coup du distributeur à Sho-kun, hier… C’est le dernier à y être passé. - Elle a réussi à le prendre par surprise ? - Exactement… - C’est quoi le coup du distributeur ? demandai-je. - Lucie s’amuse à pirater nos boissons à la manière de Nino, m’expliqua Matsujun. Le truc, c’est qu’elle a eu du mal à avoir Sho-kun, parce que, quand il la voyait arriver, il lui offrait systématiquement sa boisson avant qu’elle n’ait eu le temps d’agir. Alors ce matin, Kaz’ et moi lui avons filé un petit coup de pouce.
- Sho, l’a pris comment, au final ? - Au final ? Bien. Bien ? J’en doutais, connaissant mon meilleur ami, il ne pouvait pas l’avoir bien pris. Question d’éducation et de caractère. J’avais du me montrer dubitatif, car Jun précisa, - Oui, Bien. Mais c’est sans doute dû au fait qu’il n’y avait que nous dans la zone. Et enfin que Lucie n’en a plus parlé après. Quand nous l’avons rejointe dans le studio, elle était repassée en ‘mode pro’. - Quand elle vous vouvoie et vous appelle Ohno-san… ? Elle continue ? - Oui, du moins quand nous ne sommes pas juste entre nous. Et l’équipe technique était arrivée. ... Nous n’avions pas prolongé la soirée plus que nécessaire. Une fois que nous nous étions entendus sur les grandes lignes pour la garde de l’enfant, Sato-chan m’avait fait comprendre qu’il était temps de rentrer chez nous. Nous passâmes la porte de notre appartement dans le silence. Qu'est-ce qui pouvait bien agiter cette jolie tête ? La soirée s'était tellement bien passée que je ne savais plus sur quel pied danser. Comme si j'avais fini par ne plus croire qu'un jour tout pourrait s'arranger. En cet instant précis, j'avais surtout envie de me réfugier dans ses bras et enfin souffler de soulagement. Je me sentais tellement apaisé après cette soirée, tellement en accord avec moi, avec nous que je brûlais de le sentir enfin contre moi. Mais il me tournait le dos, m'ignorant presque, le regard grave et concentré.
« Thé ? » demanda-t-il en se dirigeant vers le coin cuisine après avoir jeté sa veste sur le canapé. « S'il te plaît oui. Toshi ? - Hum ? - Tu voudrais pas me dire ce que t'as dans la tête ou au moins...venir dans mes bras ? » Je le vis se retourner vers moi et enfin me sourire. Ce petit sourire en coin qui le rendait si irrésistible et qui me mit le feu aux joues. Il ne fit pas mine d'avancer et je me levai sans même y réfléchir. Je me languissais de son contact. Affreusement. Je me collai à son dos et je l'enserrai de mes bras réduisant à néant la distance entre nous. Je le sentis se détendre contre moi mais il me résistait encore avec trop de vigueur poussant ma frustration à l'excès. Je le retournai en usant de ma force bien supérieure à la sienne et je forçai sa bouche résolument. Mais il n'usa que de sa douceur face à moi et je me perdis un instant, ne comprenant plus ce qui nous arrivait. Je reculai le temps d'une seconde, le temps d'une caresse sur mon bras nu et d'un soupir de contentement qui me ramenèrent à ses lèvres et à lui. Je tentais de lire dans notre échange ce qu'il me cachait si bien, moi qui étais si masculin et opaque à toute suggestion et tout ce que je pouvais sentir était son amour et son abandon contre mon corps. Je le menai à notre chambre et je m'assis sur le bord du lit, prenant sa taille entre mes bras, collant ma tempe à son ventre. Je le débraguettai et le pris dans ma bouche avec tout mon manque d'expérience, celle que j'avais gagnée uniquement au contact de son corps d'homme. Je levai les yeux et le vis déboutonner sa chemise pour la jeter au sol et m'offrir un meilleur accès en ouvrant un peu plus son pantalon. Il me coupa le souffle encore une fois et je le vis me basculer sur le lit pour entreprendre de me déshabiller avec délectation, son sourire ne quittant jamais le coin de ses lèvres gourmandes. Je ne savais pas si l'envie lui prendrait aujourd'hui de sortir sa boite à jouets de sous son le lit et je frémis à l'idée de ce qu'il pouvait avoir en tête alors qu'il glissa la main au sol. Mais sa main ne remonta qu'un voile à l'aide duquel il me banda les yeux. Ma respiration se fit erratique malgré toute la confiance que je lui accordais. La cécité éveilla mon imagination et en sentant ses lèvres posées sur mon membre déjà solide je laissai un gémissement sonore passer mes lèvres, bien vite étouffé par la présence à quelques millimètres de sa virilité. J'ouvris la bouche et tendis mon cou pour poursuivre ce que j'avais si bien commencé quelques minutes auparavant. Je tentai de calquer mes mouvements aveugles sur ses mouvements experts sans parvenir à occulter la vague de plaisir intolérable qu'il faisait naître au creux de mon bas-ventre. Je tentai de le combler autant qu'il était en train de le faire pour moi mais je me rendis rapidement à l'évidence, j'en étais incapable, ce qu'il me faisait m'empêchait totalement de garder la moindre concentration, ne fusse que celle que j'accordais à son membre. Sentant mon égarement, il quitta sa position et s'installa entre mes cuisses qui s'écartèrent naturellement pour lui faire une place. Je le laissais nous emmener loin au gré de ses ondulations, faisant de moi un homme implorant et sans autre volonté que la sienne. Quand il resta en moi, et malgré mon bandeau, je le sentis sourire avant que sa bouche ne vienne baiser la mienne avec tendresse.
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++Aiba++
Dix jours s’étaient écoulés depuis la fête. Dire qu’elle avait si bien commencé ! Mais après la fuite de Jun et le départ des filles, j’avais réalisé que Nino avait également disparu. - Il court après Jun, m’avait informé Sho-chan. Il avait dû comprendre, en me voyant chercher tout autour de nous la silhouette de notre ami. Riida, lui, était pendu au téléphone dans un coin et l’aura qui flottait tout autour de lui décourageait tous ceux qui semblaient avoir envie de l’aborder. Du coup, Sho et moi avions été condamnés à représenter le reste de nos camarades et ce fut lessivé que je partis quelques heures plus tard. Le lendemain avait été encore pire : Jun-chan était complètement paumé, Nino faisait semblant d’aller bien, mais était pratiquement aphone et j’étais certain qu’il avait dû s’assoupir plus d’une fois pendant la réunion. Riida, d’habitude si calme, était agité… Seul Sho-chan semblait tenir à peu près le coup. Il avait expédié Nino chez le toubib, Riida a son boulot , et nous avait tous invité à profiter de notre soirée pour souffler avant de profiter de notre journée de repos, le lendemain. Je décidai alors de filer chez moi, à Chiba, après avoir récupérer Sora-kun. Pendant vingt-quatre heures, j’avais, été dorloté par maman, j’avais servi à boire aux habitués du restaurant, et fait du shopping avec ma belle-sœur. Quand je retrouvais les autres tout était différent : Jun avait retrouvé le sourire et Nino flottait sur un petit nuage rose. Il semblait évident que la relation entre Nino et Lucie avait changé. Mais malgré toutes mes manœuvres, aucun des deux ne me parla. Ils paraissaient juste plus sereins qu’ils n’avaient jamais été. Les yeux de Nino brillaient d’un éclat que je n’avais encore jamais vu. Pour Lucie, j’avais retrouvé celle dont la gaité naturelle m’avait charmé au mois de janvier dernier et qui n’avait plus été tout à fait la même depuis le mariage de Cécile. Et moi dans tout ça… j’étais seul, ou plus exactement sans amour… Et pourtant ce n’était pas l’envie qui me manquait. Mais les filles qui étaient prêtes à me sauter au cou, ne me tentaient pas. Je me demandais si je pourrai un jour rencontrer quelqu’un que j’aimerais plus que j’avais aimé Ko-chan. Je savais que cette dernière avait fait sa vie depuis qu’elle m’avait quitté. Je l’avais croisé l’été dernier donnant la main à deux enfants, c’était bien… pour elle. Moi, à défaut de femme et d’enfants, j’avais mes bébés, ma ménagerie comme les appelaient Nino et Jun. Quand je rentrai chez moi, seul, et que la mélancolie m’envahissait, je me déguisais et allais jouer avec eux au parc Kinuta. Là, il y avait toujours quelques gamins du quartier qui venaient jouer avec nous, et leur spontanéité me rendait ma joie de vivre, tout comme le bonheur de mes amis quand je les croisais. A chaque fois, je rentrais remotivé et persuadé que je finirais par LA rencontrer bientôt.
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++ Cécile ++
En rentrant de l’ambassade, je m’étais arrêté pour faire quelques achats et maintenant je tenais entre les mains un cahier que j’hésitais encore à ouvrir. Sa couverture était recouverte d’une toile bordeaux. J’allais le poser dans mon bureau, avant de gagner la cuisine et de me préparer un thé. Ma boisson posée à mes côtés, je sortis le stylo plume que m’avaient offert mes parents à mon quinzième anniversaire et me lançai.
«Rha! Ce n'est pas vraiment l'angoisse de la feuille blanche qui me saisit, mais plutôt l'inquiétude que j'ai toujours ressentie lorsqu'il fallait entamer quelque chose. Tant qu'on n'a touché à rien, tout est "entier", intact en fait. Dès qu'on commence, il faut poursuivre, aller jusqu'au bout du bout de ce que l'on peut. Sans ça, il reste un sentiment d'inachevé, à mes yeux plus insupportable que celui de se dire qu'on s'est trompé quelque part.… Hum ! j'avais peur de commencer à écrire, et voilà que je pars déjà dans des considérations métaphysiques ! J'espère que tu me pardonneras ces digressions et je vais me lancer dans ce qu'il y a d'important à te dire. Oui, je vais rédiger ce journal en m'adressant à Toi. Tu seras omniprésent, semé à longueur de ces pages comme un fil rouge cousu dans ma vie. C'est le choix que j'ai fait en décidant de coucher ma vie sur ces pages. Je pourrais commencer par le commencement, te raconter mon enfance entre des parents et un petit frère, adorables... Enfin, maintenant je sais qu'ils sont adorables. Ma longue période difficile d'adolescence, de 9 à 22 ans, entre un physique bien arrondi et un caractère très anguleux, pas toujours faciles à assumer en société, n'a pas été un repos de tous les instants, ni pour ceux que j'aimais, ni pour moi. Mais ils sont restés "là", près de moi par la pensée, plantés droits dans mon cœur, me laissant trouver en moi la force de relever la tête et les manches pour avancer. Je peux te donner l'impression en disant cela que j'envisage la vie comme un combat... Il y a de cela en effet. C'est sans doute l'une des choses essentielles que je veux transmettre ici : la vie ne se subit pas, elle s'affronte. Et je me battrai de toutes mes forces pour pouvoir te le dire. Mais je ne voudrais pas m'égarer trop vite. Alors passons vite sur ce que d'autres pourraient te raconter plus clairement que moi. Car si c'est moi qui te décris ma vie, ce sera long, ennuyeux peut-être, plein de divagations et considérations bizarres sûrement. En deux mots, indigeste et incompréhensible. (Si ça ne l'est pas déjà ! ^@^) Pour faire court et arriver à l'essentiel, Française née de parents français, des grands-parents paternels italiens que j'ai toujours entendu parler patois, des aïeux venus d'un peu toute l'Europe, j'ai naturellement développé un certain goût pour les langues. (…) »
Je levais les yeux et vis qu’il était rentré. Il s’était installé dans les coussins, un script dans les mains, ses lunettes sur le nez. J’avais été tellement absorbée par mes souvenirs que je ne l’avais pas entendu. - Okaeri, Jun. - Tadaima, Cécile. Il posa son livret et me rejoignit. Il désigna le cahier que je venais de refermer. - Tu t’es décidée ? Je souris avant de voler ses lèvres.
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++ Jun ++
En rentrant, j’avais été accueilli par une Nuit silencieuse. Tout l’appartement l’était d’ailleurs. Et quand je pénétrai dans la salle, éclairée uniquement par la lumière d’un jour qui se couchait enfin, je fus guidé par l’éclairage qui émanait du bureau. Cécile était là, écrivant à sa table, sans prêter attention au monde autour d’elle. J’ouvris mon sac et en sortis les documents que l’on venait de nous remettre pour le Kohaku. Nous en étions pour la seconde fois consécutive, les représentants et animateurs lors de la soirée de l’émission. Et, si nous avions été un peu dépassés l’année dernière, cette année je mesurais mieux l’ampleur de notre mission. Tout à l’heure, on m’avait fait parvenir la liste des célébrités, désirant participer et, pour la réunion de demain, on nous avait demandé de faire une première sélection. Je m’installai confortablement dans les coussins et me plongeai dans le travail jusqu’à ce que Cécile réalise ma présence. Notre couple devenait de plus en plus palpable, depuis que nous l’avions officialisé devant Teru-kun et Satoshi. Ce dernier l’avait de toute évidence mieux accepté que Teru mais je connaissais suffisamment Toshi pour savoir qu’il trouverait les bons mots. Toshi avait changé aussi. Il était tombé amoureux de la petite vie que portait Cécile et avait demandé à participer aux tours de garde auprès de la maman. - Au fait, j’ai annoncé à l’ambassade que je souhaitais lever le pied point de vue excursions et avoir plus de travail à domicile. Enfin… Cécile arrivait à la fin de son sixième mois de grossesse, et, même si elle était beaucoup mieux qu’en mars ou en avril, la fatigue s’inscrivait de plus en plus clairement sur ses traits. Si au moins elle ne courait plus partout, cela ne pourrait être que bénéfique pour elles deux. Nous fêtâmes tendrement cette décision et je me levais, le matin venu, pour aller travailler, laissant ma princesse et la surprise profiter d’une grasse matinée. L’ascenseur s’ouvrit sur une Lucie trépignante. - Ohayô, Lucie-chan. Panne de réveil ? Un grognement de frustration mais affirmatif me répondit. Il était huit heures et demie quand j’avais quitté la chambre. A cette heure-là, Lucie était normalement déjà à son poste, préférant arriver dans sa cabine aux aurores, afin de préparer au mieux les enregistrements du jour sans nous faire perdre de temps. Je proposai alors à Lucie de l’emmener à la Jimusho et nous y arrivâmes en même temps que Nino. Nino et moi avions décidé de donner un coup de main à Lucie dans son jeu « Quelles réactions ont les Arashi quand on leur pique leur canette sous le nez. » Nous bavardions gaiement en prenant le chemin du studio quand nous avions vu Sho apparaitre quelques mètres devant nous. A sa démarche raide, nous pouvions lire sa fatigue, et, malgré le risque d’une réaction démesurée, Lucie avait décidé de tenter sa chance. J’avais rejoint notre ami à l’occasion d’un coude du couloir. Nous nous dirigeâmes naturellement vers le distributeur. Sho-kun m’avait laissé passer en premier récupérer un thé et, au moment où Sho approchait de l’appareil, Nino entra furtivement dans notre champ de vision. Une main passa rapidement, appuyant sur les boutons alors que notre victime venait d’insérer ses pièces. - Nino, c’est 3300¥ que tu me dois maintenant, grogna-t-il. Il ramassa la canette et se tourna vers son rançonneur. Il se figea de surprise en découvrant Lucie au lieu du gamer et repris. - Lucie-chan ? Tu sais que c’est très impoli ce que tu viens de faire ! Si tu t’étais manifestée en me saluant c’est avec plaisir que je t’aurais offert ta boisson mais… Lucie éclata de rire et inséra les pièces qu’elle avait préalablement préparées, dans le distributeur. Sho qui avait été visiblement vexé par l’hilarité de notre amie, regarda le geste de cette dernière avec un air un peu perdu. Comme il ne semblait pas décidé à profiter du crédit offert par Lucie, la main de Nino passa entre eux mais n’eut pas le temps d’appuyer : Lucie avait été plus rapide. - Pfff. T’es pas drôle Ingénieur-chan ! - C’est pas à toi que je paye à boire Ninomiya-kun, rétorqua-t-elle. Tiens, Sho-san, c’est ce que tu comptais prendre je crois. Je suis désolée pour la blague, mais je suis fière d’avoir reçue une leçon de morale du maître des bonnes manières d’Arashi. Puis elle sortit de la pièce en se mordant les lèvres pour rejoindre sa cabine.
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++Sho++
- Ittekimasu… La voix de Rinoka-chan résonna dans son appartement. J’étais encore couché, profitant du fait que ma journée ne commençait qu’à midi pour dormir un peu plus longtemps. Elle travaillait ce matin et venait de partir après m’avoir apporté un café. Je profitai enfin de la paix revenue au sein du groupe après la fin de la tournée et les trois semaines suivantes où le groupe avait été secoué malgré lui par les problèmes de couple des deux plus jeunes. Depuis que j’avais été victime de la blague de Lucie, tout était revenu à la normal, enfin pas vraiment, mais tout le monde semblait avoir retrouvé son équilibre physique et mental et cela me soulageait. Alors maintenant, je pouvais commencer à m’occuper de ma propre vie sentimentale. Et elle tournait autour de Rinoka. Notre relation évoluait dans le bon sens depuis août et je commençais à penser que, si tout se passait bien, j’allais l’inviter officiellement à la soirée de fin d’année des parents. Si elle avait le don pour faire surgir le rustre caché en moi derrière la personne policée que j’étais, nous avions pris le temps de discuter, de nous découvrir. Maintenant je comprenais mieux son comportement de garce. C’était la manière qu’elle avait trouvé pour se révolter contre des parents à la fois permissifs et coincés. Ces derniers, trop souvent absents, l’avaient laissé à la garde du personnel de la maison et de divers internats. À l’adolescence, ils avaient refusé de voir leur fille grandir. Celle-ci avait eu une désastreuse première expérience avec un homme sans scrupule. Après cela, elle était devenue la dévergondée que j’avais découverte en janvier dernier. Elle semblait désireuse de se stabiliser avec moi au point de m’avoir laissé ses clés. En effet, il était plus facile que nous nous retrouvions chez elle que chez moi, où ma mère et le reste d’Arashi débarquaient sans s’annoncer, tant que nous n’étions pas prêts à officialiser notre relation. Nous verrions après les fêtes. En attendant, nous nous laissions aller chez elle à toutes sortes de fantaisies y compris culinaires puisqu’elle était plus douée pour commander des sushis que pour les préparer. Comme l’heure avançait, je me décidai à me lever et une fois prêt, je filai à la Jimusho pour aller enregistrer ma partie de notre prochain single. En arrivant au studio, je trouvai Lucie-chan grignotant un biscuit, son éternel cappu… tiens non, une boisson gazeuse posée sur la table. Dès que nous eûmes fini de nous saluer, elle m’expédia devant mon micro et abandonnant sa collation, elle s’installa devant ses pupitres.
Voilà pour aujourd'hui! Et surveillez les nouveautés cette semaine! Un bonus devrait arriver sous forme d'OS | | | Dim 5 Avr - 23:55 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Localisation : Osaka!!! enfin!!!!
Loisirs : lire, fansubber, checker, chanter...
Humeur : en plein jetlag
| Bonjour! Voici le chapitre du jour. A ma grande honte j'ai totalement oublié de poster hier.... Gomen... - Chapitre 45:
++Nino++
Une fois, ou plutôt une nuit, il avait suffi d’une nuit,… C’était l’unique pensée qui me traversait l’esprit, là, suite à l’annonce que venait de me faire Lucie. Elle me dévisageait, inquiète des retombées de sa déclaration mais là, tout de suite, je ne pouvais lui répondre, mon cerveau intégrant l’information et analysant le plus rapidement possible les différentes options.
- - Flash-Back - -
En arrivant ce matin-là aux studios, rien ne me préparait à ce qui m’était tombé dessus. En entrant dans la salle de mixage, je ne la vis pas tout de suite, et pour cause, elle s’était planquée entre deux consoles. J’avais cru d’abord qu’elle était sortie pour aller faire un tour à la cafétéria ou ailleurs mais, en m’installant sur la banquette derrière la table de travail, je vis son sac, cette besace qu’elle trainait partout avec elle et qu’elle ne quittait jamais « parce qu’elle contient ma vie » selon sa propre expression. Je réalisai alors, que la lumière était allumée à mon arrivée alors qu’il n’y avait personne. Et Lucie éteignait systématiquement derrière elle. Il y avait vraiment quelque chose d’étrange. Ce fut là, en scannant la pièce du regard, que je l’aperçus. Elle était appuyée contre l’une des cloisons, les yeux clos, les bras ballant de chaque côté de son corps. Je m’étais précipité en l’appelant, elle n’avait pas répondu, mais quand je lui avais tapotée les joues elle avait réagi, à peine mais elle avait réagi en serrant la main que j’avais glissé dans la sienne. C’est le moment que choisi quelqu’un pour entrer et sans regarder, j’exigeai de la personne qu’elle m’apporte un verre d’eau avant d’appeler l’infirmerie. - Nino ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda la voix inquiète du rappeur dans mon dos. C’est vrai que lui aussi devait venir pour enregistrer sa partie et que nous travaillions ensemble les arrangements. Mais là, plutôt que de lui répondre, je pris le verre qu’il me tendit, et tentai de faire boire Lucie sans succès. Il ne me restait plus qu’à la faire boire de force mais alors que j’approchai mes lèvres des siennes, elle leva brutalement la main, bousculant mon bras et je renversai le verre sur nous deux. L’humidité et le froid brutal la firent sursauter et elle entrouvrit les yeux avant de gronder. - Qu’est-ce que tu étais en train de faire Ninomiya ? Ah oui, pour le médecin, oublie, ça ira mieux dans cinq minutes, surtout si tu me passes un biscuit. Et puis je veux bien un autre verre d’eau s’il te plait. Au fur et à mesure qu’elle s’était exprimée l’agressivité dans sa voix s’était estompée et elle grimaça un pauvre sourire à la fin de sa demande. Mais pour le médecin, trop tard… il était déjà là. Il nous vira, Sho-kun et moi, une fois qu’il fut installé auprès de notre ingénieur. Quand il sortit cinq minutes plus tard, Lucie était assise dans un fauteuil et s’efforçait de grignoter le biscuit qu’elle m’avait précédemment réclamé. - Ce soir, tu peux venir dîner à la maison, je dois te dire quelque chose, m’avait-elle soufflé un peu plus tard.
- -Fin du Flash-Back- -
Et me voilà, face à elle, un peu assommé par ce qu’elle venait de m’annoncer mais… - Tu le sais depuis quand ? - Hier soir, c’est le médecin qui me l’a appris. Depuis quelques temps je me sentais fatiguée avec des moments où tout tournait. J’avais l’impression que tout recommençait comme il y a deux ans alors j’ai pris rendez-vous à l’hôpital et… - C’était à cause de ça ce matin ? - Oui. - Lucie, qu’est-ce que tu veux faire ? Un instant son regard flamboya, comme si je venais de prononcer la pire des insultes. - Toi d’abord. La situation était délicate. Mais… - Vraiment, je le veux… mais ça ne va pas être simple. - Je pars dans six mois si ça peut tout simplifier… me dit-elle d’une voix monocorde. - Non !!! Elle n’allait quand-même pas filer une fois son contrat terminé. Elle n’allait pas partir avec…
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++ Lucie ++
OK. Je n’avais pas été la plus douce pour lui annoncer la nouvelle. Mais ces dernières semaines et le récent rush hormonal m’avaient poussée à bout. Fidèle à ma demande et à sa promesse, Nino et moi avions passé du temps ensemble dès que son emploi du temps le lui permettait. Du temps pendant lequel nous avions parlé, joué, et même travaillé à l’occasion. Mais comme dans le conte de Cendrillon, à minuit, tout finissait, le prince charmant partait après un dernier baiser. Bien sûr, c’était moi qui lui avais demandé mais… parfois j’aurais voulu qu’il insiste un peu plus, alors qu’il tenait parole et partait. C’était à ce moment-là que je m’évanouissais de sommeil à peine sur mon lit. Les autres jours, quand j’étais seule, je m’endormais encore plus tôt. Pourtant, au matin, j’étais tout aussi épuisée ; mais je m’obligeais à me lever, partant sans manger, faute de temps et parce que l’idée d’avaler, ne serait-ce qu’une goutte d’eau, me soulevait le cœur. Du coup, j’étais encore plus fatiguée et par moment la tête me tournait. C’était seulement à ce moment-là que je pouvais enfin avaler quelque chose. Cette fatigue qui ne passait pas me rappelait terriblement le début du syndrome, alors, cette fois, j’avais pris contact avec le médecin qui suivait mon cas ici et obtenu rendez-vous pour hier. En arrivant à l’hôpital, le vampire de service était immédiatement venu prélever sa dîme, et, alors que j’étais en pleine discussion avec le toubib, son téléphone avait retenti et un grand sourire avait fini par éclairer son visage. - Bergevin-san, j’ai une bonne nouvelle : ce n’est pas une rechute. Cependant, vous n’irez mieux que dans quelques mois. D’ici là vous risquez d’être toujours aussi fatiguée, voire de plus en plus. Et puis, il va falloir que je vous dirige dans un autre service. - Comment cela docteur ? Qu’est-ce que vous voulez que je comprenne ? - Félicitation, Bergevin-san, vous… La suite, je l’avais entendue évidemment, mais dans une sorte de brouillard, et c’est en rentrant et en déposant le dossier contenant mes prochains rendez-vous sur la table de la salle à manger que j’avais commencé à réaliser. Nino. Il fallait que je lui dise. J’avais décroché mon téléphone et composé son numéro, mais j’étais tombée sur son répondeur. J’avais raccroché sans laisser de message, il travaillait et je me rappelai qu’il finissait tard. Comme je le voyais ce matin, j’avais décidé que cela attendrait jusque-là, mais évidemment, rien ne s’était passé comme prévu. Mon réveil, semblable aux autres, ne m’avait pas permis d’avaler quoi que ce soit, et, alors que je commençais à allumer et régler les différentes consoles, je m’étais sentie partir. Je m’étais alors calée contre le mur le plus proche de moi pour attendre que les vertiges passent, et c’était là qu’il était arrivé.
Ce soir, nous étions rentrés en passant par chez un traiteur, n’ayant le courage ni l’un ni l’autre de nous mettre au fourneau, et, une fois arrivés à l’appartement, je lui avais demandé de s’assoir. Je ne pouvais plus garder cela pour moi. Alors, après avoir déposé nos plats sur le plan de travail, je m’étais installée face à lui et avais rassemblé mon courage pour lui dire ce que j’avais appris vingt-quatre heures plus tôt. - Nino, je suis enceinte.
Après un moment de silence il avait commencé à poser des questions pour comprendre. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Ces questions, je les avais posées la veille à l’homme de l’art, enfin, les premières, parce que quand il avait osé me poser la dernière question, j’avais cru que… et j’avais eu tort, son cri à l’instant me l’avait fait comprendre. - Non ? Pourquoi non ? Kazunari, comment ça va se passer si je reste ? Nous ne pouvons pas être ensemble comme monsieur et madame tout le monde ! Regarde Cécile et Jun ! A chaque fois qu’il est absent, elle se languit. Tu n’imagines même pas comment je risque de me comporter, comment je suis déjà maintenant, alors que c’est moi qui ai demandé à ce que nous fonctionnions comme ça. Je sentais mes nerfs affleurer, les larmes monter, et ses mains se poser sur les miennes. - Lucie, soupire-t-il. Pourquoi tu ne dis pas ce que tu veux ? Si tu voulais que je reste, si tu veux que je reste, dis-le.
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++ Nino ++
Lucie… Lucie paniquait … … et moi aussi. Mais là, ce que je devais d’abord faire, c’était la rassurer. Alors je me levai et la rejoignis pour la prendre dans mes bras et lui murmurai : - Lucie, je t’aime. Je veux rester avec toi. - Mais, c’est impossible… Arashi, ta carrière… - Non, c’est juste un peu plus compliqué, mais je suis sûr qu’on peut y arriver. Quant au bébé, eh bien c’est une surprise… mais c’est une bonne surprise. Et j’étais sincère. Evidemment on allait galérer, et pas qu’un peu, mais je savais ce que je voulais, et ce que je voulais depuis des mois c’était Lucie, et maintenant je voulais aussi le petit pois qui grandissait en elle. J’avais toujours aimé les enfants, même si je ne le montrais pas vraiment et que l’on me considérait souvent comme l’un d’eux à cause de mes manières devant les caméras et sur scène. En réalité, j’étais bien différent et j’espérais que Lucie le savait maintenant. Son estomac gronda soudain et elle me repoussa alors que j’explosais de rire. - Et si on mangeait ? Tout en disant cela j’étais allé au plan de travail récupérer les plats, les mettant au micro-ondes avant de sortir des bols, baguettes et verres et posant le tout sur la table. Elle me regardait, surveillait chacun de mes gestes et ses yeux brillaient de malice. - Qu’est-ce qu’il y a ? - Je t’… - Hein ? Cette saleté de micro-onde venait de sonner alors que Lucie murmurait quelque chose. - Lucie, répète s’il te plait. - J’aime te voir t’agiter pour moi. - Chipie ! - Sale gosse ! … Lucie dormait. A peine avions nous fini de dîner qu’elle s’était mise à bâiller. Et, au lieu d’occuper le canapé, je lui avais suggéré d’aller se coucher. - Tu restes ? m’avait-elle demandé. - J’ai pas… Oui. Je reste. Va te préparer, je fais la vaisselle et j’arrive. La vaisselle expédiée, je l’avais retrouvée assoupie au-dessus de sa couette. Elle avait été rattrapée par le sommeil à peine arrivée. La réveillant légèrement, je l’avais bordée puis était passée chez Cécile pour demander à J un T-shirt de rechange pour demain. Il avait paru surpris, mais avait été mis au courant du malaise de Lucie ce matin, il supposa que c’était la raison de ma présence ce soir et je ne le détrompai pas. J’étais maintenant couché, Lucie abandonnée entre mes bras, et j’essayais de mettre de l’ordre dans mes idées. Depuis cette nuit-là, nous n’avions plus passé de nuit ensemble. Des câlins, des baisers (ici ou dans les studios quand il n’y avait plus personne), des siestes devant un film oui ! mais… du sexe ou une nuit complète ensemble… non ! Et pourtant, je venais d’avoir la confirmation qu’elle en avait eu envie autant que moi. Sauf, qu’elle avait décidé que nous devions prendre du temps pour nous connaitre avant. Du coup, entre mes journées de dingues et les siennes, deux mois s’étaient écoulés en un battement d’aile. Nous avions eu quelques soirées, chez elle, où nous avions échangés sur nos vies. Je lui avais demandé de me raconter ses origines un soir où ses parents avaient appelé. Elle découvrait le vrai-moi, celui que j’avais enfoui derrière les moqueries et le maquillage, et que seul ma famille et mes amis proches connaissaient. Ça ne faisait pas beaucoup de monde : ma mère, ma sœur et Jun. Alors voilà, il y avait 10 mois j’avais eu un coup de foudre, et maintenant, j’allais avoir un bébé. Quand ? Le calcul était facile : dans sept mois donc en Juin. D’ici là, certaines décisions allaient devoir être prises. Devenir père, autrement que dans un drama, n’avait pas été dans mes projets immédiats, et je n’avais jamais omis jusqu’alors de prendre des précautions, mais cette nuit-là, j’avais dû oublier… après la première fois… Maintenant, il n’était pas question de faire machine arrière ; ma vie avait toujours été pleine de défis, et j’avais toujours essayé de les relever. Certains avaient été de grands succès, d’autres moins, mais je ne les avais jamais regrettés. Celui-là me paraissait être le plus grand que je n’aurai jamais à gagner. Notre couple. Nous n’avions pas particulièrement caché notre relation depuis septembre. Du moins pas comme le faisaient Jun et Cécile. Mais nous ne nous étions pas nous plus affichés. Seul Cécile et Jun étaient au courant de la réalité de notre couple. Nous n’avions ni confirmé, ni infirmé l’information, face aux autres, les laissant supposer et conclure par eux-mêmes. Maintenant, nous allions devoir officialiser les choses, mais devant qui… ? Les parents et la famille bien sûr ! Mais il y avait la Jimusho aussi... J’avais quelques certitudes : Maman serait aux anges. Jun serait jaloux et Johnny pas content. Lucie et moi allions devoir faire face à quelques orages. En attendant, nous étions ensemble, et j’étais bien décidé à ce que cela dure longtemps. - Nino, je t’aime… - Moi aussi je t’aime Lu-chan. Sa voix était adorablement grognonne et elle parlait dans son sommeil, du moins ce que j’avais cru quand je lui avais répondu, mais en réalité elle était plus ou moins éveillée puisqu’elle reprit. - M’appelle pas comme ça… c’est Aiba-chan qui a inventé ce diminutif. - Alors comment tu veux que je t’appelle ? - Je sais pas... je dors… Je sentis un rire me traverser. Elle était tellement illogique à… une heure du matin… Elle se pelotonna un peu plus contre moi et marmotta un « Bonne nuit Kazu », se rendormant aussitôt. Quand j’ouvris les yeux le lendemain, elle n’était plus là, mais au loin bruissait la douche. J’attendis qu’elle revienne pour décider de sortir de son lit. - Je t’ai mis des serviettes et y a une brosse à dents neuve sur le lavabo, m’annonça-t-elle en m’échappant pour rejoindre sa penderie. Quand je revins elle était en train de remplir un petit sac de voyage. - Lucie ? Tu as un déplacement ? - Non… je fuis juste. - Tu me fuis ? Pourquoi ? - Pas toi. Une certaine voisine… Elle désigna soudain le T-shirt que je tenais dans la main et que j’avais utilisé cette nuit. - Celle chez qui tu es allé emprunter ça. - Comment tu sais ? C’est à J… - Je l’ai vu sur Cécile y a quelques mois… - … J me refilait des fringues que sa copine avait portées ? Quelque part j’étais un peu dégouté… Lucie sortit quelques instants de la chambre pour revenir avec une trousse qu’elle ajouta à son sac. Je revins à ce qui me préoccupait précédemment. Pourquoi voulait-elle fuir Cécile ? Où comptait-elle dormir si elle découchait ? - … chez toi ? proposa-t-elle presque timidement... Elle voulait venir chez moi ? Elle, qui n’y était venue qu’une fois en avril et qui depuis avait toujours refusé d’y remettre les pieds, voulait vivre chez moi ? - Je peux demander à Lena ou Aiba-chan de m’héberger si tu ne veux pas… Eh ? Pourquoi elle disait ça ? Je baissai les yeux pour découvrir qu’elle semblait abattue, dansant d’un pied sur l’autre, toute confiance disparue. D’un doigt sous son menton je faisais croiser nos regards. - Lucie…, soupirai-je. Je veux que tu viennes chez moi, mais j’ai été surpris, tu passes ton temps à m’étonner depuis hier, alors excuse-moi, je suis lent… Elle s’approcha en souriant, se blottit un instant contre moi et, quand j’eus refermé les bras sur elle, leva la tête pour m’embrasser. …
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++ Jun ++
- J ! Attends, s’il te plait. La voix de mon collègue m’arrêta à quelques mètres de la porte de notre loge à la Jimusho. Les trois autres devaient déjà se trouver là-bas à vider les bentos que Sho nous avait commandés la veille en prévision de notre déjeuner- réunion-préparation de la deuxième partie de la tournée. Celle-ci allait avoir lieu dans deux mois et nos emplois du temps étaient plus que chargés jusque-là donc… Quand la main de mon camarade se posa sur mon épaule, je me retournai. - Yô ! Neen. Qu’est-ce ce que tu veux pour m’interpeler ici. - Faut que je te dise un truc… mais pas devant les autres. Vu les liens étroits de notre groupe, nous avions peu de secrets les uns pour les autres, mis à part notre jardin privé. Pour ce dernier, nous trouvions normal de le respecter jusqu’à ce que nous nous ouvrions à l’un ou l’autre. Depuis notre enfance, pour Nino c’était moi et réciproquement. Les événements de ces derniers mois nous l’avaient encore prouvé. - Ça a un rapport avec le short que tu es venu quémander avant-hier ? - Oui… - Alors ce soir après le boulot rendez-vous chez moi, c’est plus pratique. Maintenant on y va parce qu’on va être en retard et qu’après y a encore des chorés à travailler. Nous étions alors entrés dans notre salle pour découvrir Aiba, Sho et Riida qui étudiaient attentivement le contenu de nos lunch-box à travers le couvercle en plastique, alors que Lucie les observait à une extrémité de la table. A notre entrée son visage s’éclaira, et la moue qu’elle faisait se transforma en un brillant sourire. Je ne doutais pas une seconde du nom de celui qui avait fait naître son sourire, et ce n’était pas moi. La réunion commença avec l’ouverture des boîtes, et bientôt c’est dans un silence quasi religieux que les trois plus vieux s’employèrent à les vider alors que je profitai de l’inattention générale pour envoyer un mail. Je le savais. Les choses avaient de nouveau bougé entre Nino et Lucie. Le lendemain du jour où j’avais raccompagné Nino chez Lucie pour qu’ils se parlent, j’avais soumis le geek à la question. Mais, à part un petit sourire satisfait, je n’avais pu obtenir d’autres aveux que « Oui nous sommes ensembles, mais on a décidé de prendre notre temps cette fois ». J’avais tenté d’obtenir plus de détail en le menaçant d’offrir sa DS (que j’avais subtilisée) au premier junior que je croiserai. Il avait alors ajouté qu’il y avait peu de risque pour que je le retrouve une nouvelle fois dans un certain ascenseur au petit matin. Il en semblait à la fois heureux et un peu frustré. Cécile n’ayant pas vraiment eu plus d’informations de la part de son amie, nous ne pouvions qu’être intrigués depuis qu’il avait débarqué avant-hier soir pour me piquer un caleçon et un T-shirt. En même temps cela faisait plus d’un mois et demi que les deux flirtaient gentiment, l’attente était peut-être suffisante et, connaissant mon compère, il pouvait avoir atteint les limites de son abstinence. Quand j’en avais fait la réflexion à Cécile, cette dernière m’avait fait remarquer que pour passer à l’action, Nino n’avait pas besoin de venir chercher des vêtements de nuit. Elle avait raison et malgré notre curiosité nous décidâmes d’attendre des explications qui ne tarderaient pas à arriver selon ma femme. Elle était persuadée que Lucie cracherait le morceau dès qu’elle la cuisinerait un peu, sauf que la demoiselle avait fui son appartement hier… J’allais savoir avant elle. Yes ! Mon téléphone vibra dans ma poche et je l’en retirai après avoir jeté un coup d’œil à mes camarades qui devaient être en pleine discussion sur le contenu et le style du prochain album et quand j’ouvrais le clapet, je pus lire :
« De : Princess A : Ore-sama Objet : rePreum’s !
C’est pas gagné mon vieux. L m’a appelée tout à l’heure. Elle passe me voir en sortant du boulot. Que le meilleur gagne !!! »
Kami-sama ! Accélère cette réunion et fais que Lucie ait des problèmes avec les Jump cet après-midi… Onegaï ! - Jun ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? T’as un sushi qui passe pas ? T’es malade ? Parce que t’es vraiment pas concentré là. Ça fait dix minutes que tu grimaces et que t’as décroché, s’inquiéta Sho-chan. - Gomen… Vous disiez ? Je jetai un regard à Nino, il avait un de ses sourires pervers. Je le soupçonnais de ne pas être vraiment attentif lui non plus, ou plutôt, attentif à ce qui pouvait se passer sous la table. J’en eus confirmation quand je vis Lucie lui jeter un regard noir avant de lui offrir un sourire triomphant pendant que lui ravalait une grimace.
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++ Lucie ++
Bien fait ! J’avais de tout évidence atteint ma cible, et c’était bien son mollet que j’avais enfoncé de la pointe de ma chaussure. Heureusement d’ailleurs, parce que si ça avait été celui d’une des autres personnes assises autour de la table, je crois que je n’aurais plus su où me mettre. Ça l’avait calmé à peu près cinq minutes et après, il avait recommencé. Je renonçai alors à me concentrer sur la discussion, pour me concentrer sur la maîtrise des frissons de plaisirs qu’il me provoquait. J’en oubliai même la future discussion avec Cécile et les craintes que j’éprouvai.
- -Flash-Back : quelques heures plus tôt - -
Je me réveillai dans son lit, près de… tiens non il n’était pas là. Pas à côté de moi, mais la place était encore tiède et… - Ohayô, Lucie. - Ohayô, Kazu. - J’apporte le petit déjeuner. Tiens ton… Lucie ? J’avais juste eu le temps de sortir du lit pour me précipiter hors de la chambre pour aller aux toilettes. Jusqu’ici je n’avais jamais eu de vraie nausée. J’étais nauséeuse tous les matins oui, mais pas de haut le cœur puisque j’évitais systématiquement la cuisine, et ce d’autant plus facilement que je n’avais pas besoin de passer par là pour sortir de chez moi. Alors je ne sortais de mon lit que pour filer sous la douche avant de partir. Mais l’odeur du café, que j’appréciais tant avant, m’avait littéralement soulevé le cœur. Quand je ressortis, ce fut pour pénétrer dans la salle de bain, Nino sur mes talons. - Lucie ? Je peux faire quelque chose ? - Non. Oui ! Vire toute odeur de nourriture de la chambre, exigeai-je avant d’entrer dans la salle de douche. Je comprenais mieux Cécile quand elle se plaignait de ses nausées. Et le pire, c’est que j’avais conscience du fait que les miennes n’étaient rien comparées aux siennes, n’empêche que, si je pouvais les éviter à l’avenir… - Lucie, je peux entrer ? Derrière la porte, je percevais son inquiétude. Il entra comme je l’invitai. - C’est comme ça tous les matins ? - Non, d’habitude j’évite de m’approcher de la cuisine et d’une cafetière avant 10h00. - Gomen, je pensais pas. - Moi non plus… t’inquiète. Merci pour l’intention quand même. Je vis son bras attraper le gel douche et bientôt ses mains me massèrent les épaules, la nuque, le dos, descendant doucement, mais je l’arrêtai en chemin. - Nino, il faut que je te dise quelque chose, alors finissons de nous doucher. 10 minutes plus tard, nous étions face à face sur la terrasse afin qu’il puisse boire son propre café sans trop m’incommoder.
- Kazu, je voudrais garder ça pour nous pour le moment mais… - Cécile-chan. Ce n’était pas une question, juste une affirmation de sa part, une évidence, d’ailleurs il souriait en le disant. - Oui Cécile. Je suis sûre qu’elle se pose des questions et je l’ai évitée toute la journée d’hier. - C’est pareil pour moi avec Jun. Je m’attends plus ou moins à ce qu’il me coince dans un placard de la J.E. aujourd’hui. - Il ne ferait pas ça. Mais Cécile… - …On leur parle ensemble ou chacun de leur côté… - J’avoue je préférerai que tu sois là quand je le dirai à Cécile, mais je crois qu’il vaut mieux que je lui en parle seule. Je sortis mon portable et tapai un message à l’intention de mon amie, lui demandant de garder sa fin d’après-midi pour moi. Je n’obtins pas de réponse mais vu l’heure, c’était logique; elle devait soit dormir, soit être occupée… - C’est fait. - OK je verrai Jun de mon côté pendant ce temps. - Nino, tu peux aller te laver les dents ? - Pourquoi ? - J’ai envie de t’embrasser avant d’aller bosser… Il fila en râlant mais revint trois minutes plus tard, et quand nous nous séparâmes, je lui laissais un jeu de clé puis partis travailler.
- -Fin du Flash-Back- -
- Lucie-san ? - Hai ! Je me redressai et à la mine qu’affichait les Arashi, j’eus l’impression d’être une lycéenne qui venait de se faire chopper par le prof à rêver. C’était presque ça, sauf que le prof c’était le Manager en chef d’Arashi… - …Vous devez y aller je crois. Je regardai ma montre et m’aperçus qu’effectivement les Hey Say Jump n’allaient pas tarder à débouler sur mon territoire. Quant à savoir ce qui s’était dit pendant la dernière demi-heure… Je dus avoir l’air gêné car il m’annonça que je n’avais rien manqué et que la réunion était reportée au lendemain même heure. Par contre il souhaitait qu’elle soit plus productive que celle d’aujourd’hui.
L’après-midi s’écoula rapidement et ce fut non sans un certain soulagement que je regagnai mon appartement pour me changer avant de monter jusque chez Cécile.
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++Nino++
Nos réunions avaient rarement été aussi inutiles professionnellement parlant. Mais Jun et ses regards intrigués et interrogatifs m’avaient énervé et j’avais préféré jouer avec Lucie. C’était à la fois excitant et étrangement relaxant et ça m’avait permis d’aborder la suite de la journée avec un certain entrain. Je savais que Jun et moi terminerions notre journée par une séance photos. Quand nous pûmes enfin partir, nous nous séparâmes dans le parking pour nous retrouver un peu plus tard devant son immeuble. Une fois assis dans son salon une bière à la main, je m’encourageais mentalement sans parvenir à me décider. - Bon Nino, accouche ! Jamais cette phrase ne m’avait paru autant d’actualité et c’est naturellement que je rétorquai. - Ben justement… c’est ce que va faire Lucie dans à peu près 7 mois. Tu es le premier à le savoir alors… - QUOI !? Mais vous êtes inconscients ! T’aurais pas pu prendre tes précautions ? - Ben c’est facile de dire ça pour toi… Cécile ne risquait pas de tomber enceinte de toi quand vous avez commencé. - Peut-être, mais on ne le savait pas et on faisait attention. - Tu peux dire ce que tu veux, c’est la réalité et si je te l’ai dit c’est dans l’espoir d’avoir ton soutien, pas pour que tu me fasses des reproches, ça j’ai pas fini d’en entendre... Je me doutais que Jun ne sauterait pas forcément de joie en apprenant la nouvelle mais franchement, il n’avait pas besoin de me prendre pour un gamin irresponsable, surtout quand j’avais encore en tête ce que m’avait dit Lucie trois jours avant, à savoir qu’elle était prête à disparaître de ma vie pour ne pas la gâcher. - Nino vous comptez faire quoi ? - On le veut, tous les deux. Et on sait parfaitement que ça va être très compliqué surtout si personne n’est de notre côté. J’avoue que je comptais un peu sur toi. Tu sais, je crois que si ça devenait trop tendu, je pourrais les perdre. Elle a déjà proposé de partir… - Et c’est toi qui l’as retenue ? Tu sais quoi, Nino, t’as vraiment mûri ces derniers mois. - Maa. Jun rit devant ma mine boudeuse et choqua sa bouteille contre la mienne avant de la porter à ses lèvres. - Au mini-Nino en devenir ! - Kanpaï ! Nous bûmes.
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++ Cécile ++
Lucie était assise dans mon canapé. Elle était étonnamment silencieuse… Etonnamment, parce qu’en général c’était une vraie pipelette quand elle était avec moi. Mais là, elle me demandait de lui garder ma fin d’après-midi parce qu’elle souhaitait m’annoncer quelque chose, et voilà dix minutes qu’elle jouait avec sa tasse de thé. - Lucie ? Tu voulais me dire quelque chose je crois, non ? Alors vas-y. Arrête d’hésiter. - jesuisenceinte - Hein ? - Je suis enceinte. - OMEDETO ! - Hein ? - Félicitation ma Luciole. Je suis heureuse pour toi. - Merci… C’était vrai. Évidemment que j’étais heureuse. Malgré tout, c’était tellement génial d’attendre un enfant, de devenir maman. Toute à ma joie à cette annonce, je mis quelques secondes à réaliser que Lucie était figée. - Lucie, et toi que ressens-tu ? Tu es heureuse ? Lucie sortit de son immobilisme et me sourit. - Bien sûr, je suis heureuse. C’est la plus belle des surprises que je pouvais avoir, je crois. - Alors c’est quoi cette tête ? - C’est juste que je n’avais pas imaginé que tu réagirais comme ça. - Baka… Qu’est-ce que tu croyais ? Que j’allais te traiter d’irresponsable ? Et le futur papa ? Tu lui as dit je suppose. Il le prend comment ? - Mmm, avant-hier soir. Il est heureux… enfin c’est ce qu’il m’a dit, et j’ai tendance à vouloir le croire, me répondit-elle avec un sourire qui faisait briller ses yeux alors qu’elle pensait au gamer. En fait, Nino est en train de l’annoncer à Jun en ce moment. Mais vous êtes les deux seuls au courant pour le moment. - Pourquoi nous ? Et vos parents ? - Ben, parce que c’est grâce à vous, quelque part… - Hein ? Qu’est-ce qu’elle voulait me faire comprendre ? … non… quand même pas… Ben si. A son sourire de gamine qui s’est fait prendre la main dans le sac, mais qui ne le regrette pas spécialement, j’en eus la certitude. - Cette nuit-là ? Elle hocha la tête. - Il pouvait pas prendre ses précautions ? - Il l’avait fait mais ensuite, honnêtement, je n’y ai pas pensé plus que lui. Tout en prononçant ces mots, ma luciole rougissait d’embarrant en prenant conscience des mots qui sortaient de sa bouche. Nous n’avions pas vraiment l’habitude de parler de ce genre de détails. Elle continua en tentant une contre-attaque. - On voulait juste être ensemble, et puis t’es mal placée pour me faire la morale il me semble ? - Je vois pas pourquoi j’aurai dû faire attention avec Teru ! Non mais ! N’empêche, c’est génial ! Toi aussi tu vas être maman ! Nous discutâmes encore un moment jusqu’à ce que la sonnette retentisse. Quelques instants plus tard, Kazunari et Jun apparurent dans le salon et ce dernier enlaça mon amie après avoir piqué un baiser sur mes lèvres. - Alors, il parait que je dois te féliciter ! Lucie rougit et Nino l’arracha des bras de Jun, le repoussant dans ma direction. - Hey ! dis donc toi ! T'as déjà une femme, laisse-moi la mienne. Cécile-chan, surveille-le un peu, tu veux ? Je secouai la tête de gauche à droite, attirant Jun pour le coincer dans le fauteuil, invitant d'un geste les autres à en faire autant. Puis je me dirigeai vers la cuisine pour me lancer dans la préparation du repas. J'imaginais bien que les deux moineaux n'auraient pas plus d'appétit que d'habitude, mais je devinais que Jun ne dédaignerait pas un peu de solide. Et moi, j'avais faim. Quand je le vis se lever pour me suivre, je le renvoyai dans son siège en profitant de son équilibre instable. - Mais ! Je veux juste t'aider. - Et ça se fait de laisser ses invités tous seuls ? - Oh ! tu sais, on peut très bien s'occuper en attendant. - Pitié Nino ! pas ici ! Et pas de détails non plus, merci ! - J, fais pas ton Sho ! - Cécile, je vais t'aider, que tu le veuilles ou non, dit-il en ignorant son ami. Je le fixai un instant puis le laissai se lever avant de me rasseoir. Je sentis le flottement qui régna dans la pièce. - Cécile ? - Jun ? souris-je largement. - Tu me fais quoi, là ? - Tu crois que je ne devine pas ce que tu veux faire ? - Ah, non ! intervint le geek, tu l'auras pour toi toute la nuit ! Je vis Lucie rougir en comprenant jusqu'où étaient allées les idées de son compagnon. - Pff, vous êtes aussi obsédés l'un que l'autre, soupirai-je. - Non, je proteste. Jun est beaucoup plus porté sur la chose que moi. J'ai jamais fait de messes basses pendant les émissions, moi... - Evidemment, toi, tu préfères les réunions de travail… n’est-ce-pas Lucie…. Lucie piqua un nouveau fard, alors que les deux garçons se souriaient férocement. Je décidai de ne pas chercher à savoir ce qu'ils sous-entendaient par-là et revins à mes préoccupations premières. - Jun, si tu m'accompagnes dans la cuisine, tu vas vouloir m'embrasser. - Je ne vois pas en quoi c'est un problème. Visiblement, les deux autres non plus ne voyaient pas. - Vous étiez chez toi tout à l'heure ? - Ben oui. - Vous avez discuté ? - Evidemment ! - Et vous avez fêté la bonne nouvelle ? - Naturellement... Je vis la lumière se faire dans la tête de mon poisson rouge favori. - C'est quoi le problème? T'aurais préféré qu'on pleure ? demanda celui contre qui Lucie se blottissait en me regardant d'un air interrogateur. - Non, Nino, elle aurait préféré que je ne boive pas de bière. Si je l'embrasse, elle va avoir la nausée... - T'en as encore ?! s'exclama le gamer. - Kazunari, le monde des femmes enceintes est vaste et rempli de choses dont tu ignores tout... même si tu vas avoir l’occasion d’en découvrir un certain nombre. Un miaulement vint appuyer mes dires, faisant éclater de rire Lucie. Je souris en la regardant, puis une pensée me vint. - Lucie, dis-moi, tu sais si tu as eu la toxoplasmose ? - Euh... J'avoue mon ignorance absolue. Pourquoi ? - Jun, enferme Nuit dans sa pièce. Toi, dis-je en pointant Lucie, tant que tu n'as pas fait d'examen, je t'interdis de l'approcher. Jun ne chercha pas à discuter et partit attraper la bestiole pour la remettre dans ses aîtres. - Quant à toi, poursuivis-je en me tournant vers le dernier, il va te falloir des cours accélérés sur ce qu'on ne met pas en présence d'une femme enceinte. Et d'ailleurs, pour commencer, tu vas m'expliquer pourquoi tu n'as pas pris de précautions. J'imagine que tu ne t'es pas amusé à semer des petits Ninomiya un peu partout ? Je vis Lucie se raidir un peu, mais bon, tant qu'à faire, autant évoquer le sujet maintenant, non ? Le futur papa eut l'air indigné. - Bien sûr que non ! Tu me prends pour quoi ? - Pour un type qui a mis une femme enceinte par hasard. Alors j'attends tes explications. - Je vois pas pourquoi je t'en donnerai. J'ai déjà discuté avec Jun ! - Sauf que je ne suis pas Jun. Considère que je suis la grande sœur de Lucie. Et dis-toi que si tu peux m'expliquer, à moi, ce qu'il s'est passé, tu auras une petite chance de survie quand tu devras affronter M. et Mme Bergevin lorsqu'ils apprendront la nouvelle et sauteront dans le premier avion pour venir te fusiller. Et si tu es vraiment convaincant, peut-être même que j'accepterai de te servir de bouclier.
A bientôt! | | | Lun 13 Avr - 13:23 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonsoir! Comme on est encore lundi tout va bien, mais j'avoue que j'avais jusqu'à il y a quelques minutes complètement oublié de poster une deuxième fois en deux jours ça faisait beaucoup quand même - Chapitre 46:
++Nino++
Je regardai Lucie faire des allers-retours sur le balcon, téléphone à la main. Il lui avait déjà fallu près de cinq minutes pour le prendre sur sa base et cinq minutes supplémentaires pour composer le numéro qu’elle connaissait pourtant par cœur.
Maintenant il ne lui restait qu’à appuyer sur la touche d’appel, mais cette dernière opération semblait être encore plus compliquée. Hier, au moment de partir, Cécile m’avait demandé de m’assurer que Lucie appelle bien ses parents. Sur le moment j’avais été perplexe parce que je ne voyais pas ce qui était compliqué pour Lucie de demander à ses parents quand ils pourraient arriver et les prévenir qu’elle avait quelque chose d’important à leur annoncer. De ce que j’en savais et en avais lu sur son journal, ils étaient bienveillants et soucieux du bien-être de leur fille donc… Lucie passa pour la énième fois devant la fenêtre de ce qu’elle appelait son bureau. Moi, je l’aurais appelé studio à l’image du mien, sauf que, chez elle, il y avait moins d’instruments et une table de mixage de professionnel plus complète que la mienne. Le seul bureau présent dans la pièce servait de support à l’imprimante et à la base de son téléphone fixe. Elle y posait aussi son ordinateur quand elle voulait le relier à sa console ou son Clavinova. Le reste de la pièce contenait une bibliothèque remplie de partition, une CD-thèque et une magnifique chaîne Hi-fi. Jusque-là, je n’étais pas intervenu, me contentant de la regarder hésiter. Mais elle ne semblait pas prête à faire avancer cette affaire sans un coup de main ou un coup de pied au c**. Je la rejoignis et appuyai traitreusement sur la touche d’appel de l’appareil.
- Non ! Je suis pas prête ! - Tu ne le seras jamais alors maintenant lance-toi, affirmai-je en déposant sur sa tempe un baiser avant de regagner le tabouret de piano. Je ne savais pas si c’était les milliers de kilomètres qui la séparaient de ses parents qui lui compliquaient autant la tâche, ou si c’était ses interlocuteurs eux-mêmes. Dans tous les cas, sa conversation dura à peine plus longtemps que la mienne mais fut bien plus mouvementée.
- Flash-Back 48h00 avant-
Si hier soir en me couchant j’étais encore assommé par la nouvelle, ce matin je savais ce que je voulais faire et pendant que Lucie se douchait en fredonnant la chanson de Baloo, je récupérai mon téléphone dans la poche arrière de mon jeans et composai CE numéro.
- Moshi moshi… - Maman ? C’est moi. - Kazu. Comment vas-tu ? Tu pourrais appeler plus souvent tout de même. C’est pas parce que je te vois à la télé 3 ou 4 fois par jour que je n’aime pas avoir de tes nouvelles directement… au contraire… - Gomen maman, je vais faire un effort. Et justement dimanche je n’ai rien à part la radio le soir. Est-ce que ça te dirait que je vienne pour déjeuner ? - Mais bien sûr. Tu viens à la maison quand tu veux voyons, tu le sais… - Oui mais je ne serai pas seul. - Ils viennent à combien cette fois ? Histoire de prévoir les provisions en conséquence… - Non, ce sont pas les Arashi qui m’accompagnent… c’est une personne très importante pour moi que je voudrais te présenter… - Soka. Et bien nous nous verrons dimanche. J’ai hâte… - A dimanche maman ! En levant les yeux du téléphone j’avais vu Lucie adossée au chambranle de la porte, les sourcils froncés. - Ça veut dire quoi ça Kazunari ? - Que dimanche tu feras connaissance avec ma mère… et… très certainement ma sœur. Le téléphone est sûrement déjà en train de chauffer entre elles. Et depuis le temps que maman rêve de me voir débarquer avec une petite amie…
- Fin du Flash Back-
**************
++ Lucie ++
Une fois que Nino eut déclenché l’appel, je me sentis presque soulagée. Je n’eus même pas envie de raccrocher, au contraire je collai l’oreille contre le récepteur, attendant l’arrivée de la tonalité. - Allo ? - Maman. Bonjour. - Lucie. Quelle bonne surprise ! Comment vas-tu ? - Bien, très bien même… merci. Et... en fait… je vous appelais p… - … Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux rentrer à la maison ? - Non maman. Je n’ai besoin de rien mais j’ai quelque chose à te dire, et à papa aussi. Alors je voulais savoir… vous pourriez venir plus tôt ici ? - Pourquoi ? Nous avons déjà acheté les billets tu sais. Changer maintenant ce serait vraiment compliqué. Et puis si nous devons venir une première fois, on perdrait trop de temps. Tu connais ton père, lui faire poser un mois de congé a déjà été compliqué, alors venir en avance… . - Je sais tout ça maman mais… j’aurais vraiment voulu vous dire ça rapidement et en face. - Ma fille tu as deux solutions : soit tu nous l’annonces au téléphone ou éventuellement sur msn, en vidéo, comme cela on peut se voir, soit tu attends notre arrivée le 12 décembre. Excuse-moi, je dois y aller. Je fais des heures supplémentaires en ce moment au centre. Je t’embrasse ma chérie. - MAMAN !! C’est vraiment important. - Ah non, ne crie pas. Tu n’as qu’à venir toi, si c’est si important… - J’ai compris… Alors on se voit en décembre. - Oui. Bisous ma chérie. - Je t’embrasse aussi maman. Bonne journée. - Merci. Et ne travaille pas trop. - oui oui…
Maman avait déjà raccroché et mon coup de fil n’avait servi à rien. C’est pour cela que j’hésitais tant à appeler. Mais si je lui avais dit directement j’étais sûre qu’elle ne m’aurait pas cru ou qu’elle m’aurait fait une scène, me faisant culpabiliser pour mon manque de bon sens ou de je ne savais quoi. Je savais aussi une chose, c’est que demain ou au plus tard ce week-end elle me rappellerait pour me demander de quoi il s’agissait. Cependant même s’il m’échappait dans la conversation que j’avais rencontré quelqu’un ainsi que son nom si Kazu était d’accord, je ne révélerais pas le plus important. Je voulais leurs présences physiques pour leur annoncer le bébé à venir, histoire de ne pas multiplier plus que nécessaire une conversation qui aurait lieu encore une fois à leur arrivée. - Lucie ? C’est déjà terminé ? Nino m’avait rejoint une nouvelle fois sur le balcon. Ce fut quand ses mains se posèrent sur mes avant-bras que je remarquai que je tremblais. - Tu es gelée ! On rentre. Il m’entraîna dans le bureau. Refermant la porte fenêtre derrière nous. Puis il me guida jusqu’au pouf avant de jeter sur moi la couverture qui traînait à côté. - Reste là-dessous, je reviens. Cinq minutes plus tard, il revenait avec une tasse de tisane dans les mains. Me la tendit avant de s’assoir à mes côtés, me laissant me blottir entre ses bras. - Tiens ! Bois ! Et après tu me raconteras d’accord ? - Oui. … Maman travaillait ce matin. - Ahh ! Et elle fait quoi ? - Educatrice. Normalement, elle travaille à mi-temps, et aujourd’hui elle devait être en congé mais… elle avait surement une réunion en plus, et du coup elle était speed. Elle rappellera sûrement plus tard. J’espère juste que ce ne sera pas en pleine nuit. - Hein ? - A cinq heures du soir chez eux, il est une heure du matin ici… Si je suis réveillée c’est que je bosse autrement… - Autrement, … Un de ses sourires narquois fleurit sur son visage. - Autrement… ma marmotte dort. - Ch’uis pas une marmotte. - Oh que si tu l’es, mais ça me va. Je terminai ma boisson devenue tiède. Avant d’annoncer. - Ils ne viendront que pour Noël… - Ahhh. Et ça veut dire quelle date ça ? - Le douze décembre… - Heu… je me trompe peut-être mais, c’est pas douze jours avant Noël ça ? - Pas en Suède. Là-bas tout commence le treize avec la Ste Lucie et maman est Suédoise. - Soka. - Je ne crois pas non… mais tu vas découvrir. Tu sais Cécile n’exagérait pas hier quand elle t’a mis en garde. Enfin on a un peu plus de temps pour se préparer à l’invasion.
***********
++Aiba++
- Monsieur Sakurai, madame Sakurai, merci de m’avoir invité. - Masaki-kun, ça faisait un moment. Le mariage de Teruki-kun il me semble… - En effet, monsieur… - Nii-chan, Masa-nii, vous êtes enfin là. Shu venait de nous rejoindre accompagné de Mai. Comme d’habitude ils avaient dû en l’absence de leur aîné tenir compagnie à l’un ou l’autre des invités de leur parents. Ces derniers les interrogeant sur le travail les études et moult sujets passionnants… Et comme toujours ils m’entrainèrent rapidement avec eux en direction de petits fours et du champagne pendant que notre aîné faisait son tour de mondanité. Rapidement, je me retrouvai au milieu d’une foule de jeunes gens endimanchés mais sympathiques : les amis et cousins de la fratrie Sakurai… Parfois je me demandais si la présence d’un Arashi était vraiment une nécessité pour Sho. Pour celui qui l’accompagnait la soirée était plutôt agréable, nous en avions l’habitude et c’était moins contraignant que celle où nous étions les invités d’honneur. Une fois quelques mondanités indispensables, nous n’avions plus qu’à profiter du buffet. Sho avait commencé à emmener l’un ou l’autre d’entre nous quand ses parents lui avait fait envoyer des cartons d’invitation avec accompagnateur dans l’espoir de lui faire amener une amie. Mais les conséquences étaient bien trop importantes pour qu’il fasse ce genre d’erreurs… - Aiba-kun ? Je me détournai du buffet en entendant la voix féminine qui m’interpellait. Je fis fasse à deux jeunes femmes et un homme. Si ce dernier ne m’évoquait aucune connaissance, ce n’était pas le cas des demoiselles. Mais, si je connaissais la première, je n’arrivais pas bien à situer d’où je connaissais la seconde. - Yoko-san ! ça faisait longtemps… souris-je à la cousine de Sho. C’est Nino qui va regretter de ne pas être venu quand je lui dirai que je t’ai vu. Yoko rosit légèrement embarrassée. - Eto… c’est peut-être une bonne chose en fait Aiba-kun … parce que … Elle se tourna vers l’homme qui l’accompagnait avant de reprendre - … c’est Takagi Seiji, mon fiancé. L’homme et moi nous saluâmes cordialement avant que Yoko présente son amie. - Et voici Miura Rinoka, c’est une amie d’enfance … - Nous nous sommes déjà rencontrés, Yoko-chan, l’interrompit Miura-chan. … Même si Aiba-san semble l’avoir un peu oublié. - Non pas du tout… c’était… A cet instant un éclair de lucidité traversa mon esprit. - … C’était au mariage de Teru ! Nous étions à la même table… n’est-ce-pas ! - Exact, minauda-t-elle. Je suis donc tellement commune pour que vous ne vous rappeliez pas de moi ? - Non pas du tout… mais cela fait presque un an déjà… et il y a eu tellement d’événement depuis… Que faites-vous à présent ? Demandai-je poliment. Vous terminiez vos études il me semble… - Je suis professeur d’Anglais en lycée. … Je donne aussi des cours particuliers … La phrase était innocente en elle-même mais le regard qu’elle y avait ajouté me mit instantanément mal à l’aise. Elle me draguait ouvertement… J’essayais de chercher du secours auprès de Yoko-chan mais elle et son fiancé avait été attrapé par d’autres personnes. J’étais seul avec cette jeune fille qui semblait fort loin de l’image de la Nadeshiko de bonne famille. Je décidai de continuer à faire celui qui ne comprenait pas les avances qu’elle faisait. Ces dernières se firent de moins en moins subtiles et je tressaillis légèrement quand une main se posa sur mon épaule. - Alors on flirte Masaki ? gronda Sho…
**********
++Sho++
Je voyais enfin le bout de ces interminables salamalecs. C’était l’une de ces soirées mondaines à laquelle je ne pouvais échapper en tant que fils de la famille Sakurai. Alors même si à présent j’allais pouvoir profiter de ma fratrie et de quelques amis en compagnie de Masaki il avait tout d’abord que je perde une bonne heure en politesses variées. Ne restait plus qu’à boucler la boucle et achever mes salutations avec la femme qui discutait avec ma mère. Cette dernière m’avait fait signe de les rejoindre il y a quelques minutes. - Sho, me dit ma mère quand j’arrivai jusqu’à elles. Je voulais que tu salues Miura-san. Tu l’as peut-être deviné c’est la mère de Rinoka-chan, la cousine de Teru-kun. - Bonsoir Madame. M’inclinai-je. Elles n’avaient donc pas renoncé. Non pas que cela me dérangea réellement vue la tournure que prenait ma relation avec Rinoka. Mais j’estimai qu’il était encore un peu tôt pour annoncer notre relation à nos familles. Celles-ci étaient bien trop enthousiastes à cette idée, et pour le bien d’Arashi et le mien, j’avais besoin de rester libre officiellement encore quelques temps. Car bien qu’ils ne nous aient rien annoncé il me paraissait évident que les deux benjamins du groupe étaient au moins tout aussi engagé que Satoshi l’était avec Teru. Le jour où les hautes sphères et peut-être la presse le découvrirait cela allait faire du bruit.
- … Rinoka-chan est d’ailleurs présente ce soir, Sho. L’as-tu déjà saluée ? - Non maman, je ne l’ai pas encore croisée. - Elle est sûrement avec les jeunes… Je jetai un coup d’œil en direction du buffet et l’aperçus immédiatement. Elle était en train de charmer un grand jeune homme dont la silhouette et la chevelure teinte m’indiqua immédiatement qu’il s’agissait de Masaki. Ce dernier tanguait d’un pied sur l’autre. Je croisais alors le regard de Rinoka. Elle eut un sourire que je reconnus aussitôt… c’était l’un de ceux qu’elle employait quand elle avait décidé que ma simple présence à ses côtés ne suffisait plus à son bonheur. Tout en parlant avec nos mères je réalisai que le balancement de Masaki devait trahir un certain malaise. S’il aimait charmer ses partenaires, Aiba-chan détestait se faire allumer. Quand une fille s’essayait à ce petit jeu, il la remettait sèchement en place d’habitude… sauf que ce soir… Je décidai que la plaisanterie avait assez durée. M’échappant des griffes maternelles, je rejoignis mon camarade et mon amie. En approchant je vis que les oreilles d’Aiba était rouges de gêne, et quand je mis la main sur son épaule il sursauta. - Alors on flirte, Masaki ? - Sho-chan !!! Tu as été long. Je commençai à me dire que j’allai essayer de te retrouver… - Masa… Tu ne me présentes pas ? - Ben… tu la reconnais non ? C’est une cousine de Teru. Elle était à table avec nous au mariage… - Sho-san… - Rinoka-san…
Aiba-chan était suffisamment perturbé pour ne pas se rendre compte du fait que nous étions salués par nos prénoms alors que rien n’indiquait que nous nous connaissions avant. Rien… à part le léger sourire que je laissai flotter sur mes lèvres à l’intention de Rinoka et qu’elle me rendit.
En réalité je bouillonnais. Elle mettait à mal le peu de relation que nous avions établi, en usant de son charme avec mon collègue et ami alors même que je me trouvais dans la même pièce qu'eux. Ça ressemblait un peu trop à une provocation ouverte pour me laisser indifférent. Je ne sais pas ce que je ressentais avec le plus de force. De la colère mal rentrée, de la frustration, une furieuse envie de faire disparaître ce sourire charmant de son visage à l'aide d'une réplique bien sentie. Je lui avais demandé une certaine forme d'exclusivité lorsque nous avions commencé à nous « voir », je ne connaissais que trop sa réputation et ma propre vision de la vie de couple. Ce n'était pas compatible en l'état actuel des choses et je savais aussi que si nous voulions être sérieux l'un envers l'autre nous aurions besoin d'ajustements drastiques. Elle, en devenant plus sage, moi en acceptant qu'elle m'encanaille un peu. Je...je ne savais pas ce qu'elle me faisait. Elle me chamboulait et m'enflammait, je crevais de jalousie en la voyant faire du charme à Masaki mais la présenter aux autres en tant que petite-amie, je ne pouvais pas. La présenter à des amis et me demander s'ils n'avaient pas partagé son lit ? Définitivement non. Et en la voyant là, séduisant Aiba sans aucune subtilité, j'enrageai. Contre elle qui persistait dans ses travers, contre moi qui y avais cru.
Je ne dis rien. Elle me décevait presque malgré moi. Cela dut se voir, parce que son regard changea et j'y lus un trop plein de doute. Masaki allait de l'un à l'autre et j'entendis à peine qu'il nous parlait, on se toisait comme deux adversaires le feraient, prisonniers de la présence des autres convives. Je ne voulais plus d'elle, je ne voulais plus lui parler et la laisser poser les mains sur moi. Malgré tout ce qu'elle me faisait ressentir, malgré ce qu'elle m'avait appris sur moi et sur ma sexualité pas si bridée que ça. Avec elle. Je ne savais pas si un jour je pourrais ressentir la même chose avec une autre, mais je voulais prendre le risque. Je ne voulais surtout pas vivre aux côtés d'une femme en qui je n'aurais aucune confiance. Je n'avais plus rien à lui dire et je me tournai vers Masaki en l'ignorant totalement, faisant fi de sa présence à nos côtés et de toute bienséance. Il me lança des regards gênés et haussa ostensiblement les sourcils pour me rappeler que nous n’étions pas seuls, mais je l’entraînai volontairement sur le sujet du travail qui requit toute son attention. Quand j'estimais qu'enfin j'avais suffisamment rempli mon rôle de digne représentant de la famille Sakurai je lui tapai sur l'épaule et après avoir salué tout le monde, je le ramenai chez lui. Je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir mal. Parce que je devais m'avouer que j'y avais vraiment cru, j'avais réellement pensé avoir un avenir avec elle. Sans parler de fiançailles, mariage et enfants...mais en tant que petite-amie pour commencer.
« Dis Sho, il s'est passé un truc avec Rinoka-san ? -Avec qui ? -La cousine de Teru. -Une allumeuse pareille, sûrement pas ! »
Je l'enterrai bel et bien pour être sûr de ne pas faire marche arrière. Ça ne servait à rien de rester encore et toujours le pusillanime Sakurai, je voulais aller de l'avant comme le faisaient les autres. Au regard qu'Aiba me lança je vis bien qu'il n'était pas convaincu, mais il comprenait au moins que je refusais d'en parler.
« Tu veux prendre un dernier verre à la maison ? -Non, je préfère rentrer je bosse tôt demain matin. »
C'était faux mais peu importait, j'avais besoin de me soûler en toute quiétude. Cependant en arrivant à mon appartement, je la vis, assise par terre sur le palier la tête basse. Elle se leva en m'apercevant et je la vis remettre sa robe de cocktail en place dans un geste maladroit. Ça m'aurait presque attendri... elle qui était si peu maladroite habituellement.
« Sho. -Rinoka. »
Je mis la clef dans ma serrure sans croiser son regard et je passai la porte sans prendre davantage de précaution. J’allais la fermer quand je vis sa main la retenir de l'extérieur.
« Tu ne devrais pas laisser ta main traîner sur une porte, on ne sait jamais ce qui pourrait se passer. -Sho je suis désolée. -Pour quoi ? Pour m'avoir menti, pour avoir dragué si ouvertement l'un de mes meilleurs amis en ma présence. -Tout ça oui. -Excuses acceptées. Maintenant si tu voulais bien retirer ta main... -Laisse-moi entrer ! -Pourquoi faire ? - Pour te parler. - On n’a rien de plus à se dire. De toute façon ça n'a jamais été notre fort le dialogue. - C'était de la provocation avec Aiba. Je voulais que tu réagisses.. - Tu savais que ce serait comme ça, je ne t'ai jamais caché qu'on devrait garder notre relation secrète. - C'est pas aussi simple que ça. J'arrive pas à faire comme si on était rien l'un pour l'autre. - Ça n'avait rien à voir, mais apparemment c'est au-delà de ce que tu peux comprendre, ta nature est la plus forte. - Ce n'est pas vrai ! Je voulais juste que tu me remarques que tu réagisses ! - Gagné. Je ne veux plus te voir. - J'aurais jamais couché avec lui ! Mais tu...tu m'as tellement ignoré aujourd'hui. Tu ne regardais même pas dans ma direction, à croire que tu as honte de moi ! - Je protégeais notre relation ! Mais te voir si..aguicheuse... J'avais presque oublié à quel point tu pouvais l'être avec le reste du monde. J'avais fini par croire que ça m'était réservé. - Ça t'es réservé. Je n'ai vu personne depuis toi. Je te le jure. - Rinoka… »
J’étais blasé. Je n’avais pas envie de remettre en question la décision que je venais de prendre. C'était tellement plus confortable de me mettre en colère contre elle et de la chasser de ma vie sans plus avoir à foutre en l'air la conception que j'avais de la vie de couple. Une femme traditionnelle et stable, cultivée et discrète. Pas une bombe sexuelle, sûre d'elle et capable de me transformer en monstre de luxure...ce n'était pas ça un couple.
« Sho s'il te plaît, donne-moi une chance. C'était la dernière fois que tu me voyais user de mon charme sur un autre homme que toi, je te le promets. Je tiens à toi...infiniment. Plus que je n'ai jamais tenu à personne. »
Je la regardai un peu mieux par l'embrasure de la porte où elle avait passé son visage. Elle avait pleuré et son maquillage avait coulé. Ses joues étaient rouges parce qu'elle avait dû courir pour arriver avant moi à mon appartement. Et elle n'avait jamais été aussi belle. Je desserrai ma prise sur la porte et je l'ouvris pour la laisser entrer. Je partis préparer un café alors qu’elle restait bloquée dans le couloir, les bras autour d'elle-même attendant que je l'invite à entrer au salon. J’allai m'asseoir et je la servis avant de lui sourire. Elle vint prendre place dans le fauteuil et me remercia en opinant.
« Merci, il est bon. -Tu voulais qu'on parle ? Parle... »
Au fait j'ai une idée, mais j'ai besoin de votre avis. Voudriez-vous avoir l'illustration du chapitre suivant le vendredi afin d'avoir le temps d'imaginer ce dont va parler ce dernier? Vous pourriez si vous le souhaiter commenter soit sur la fic soit en MP. Sur ce bonne lecture et à bientôt | | | Dim 19 Avr - 7:36 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour! Aujourd'hui, je publie à une heure plus raisonnable et je vous propose ce nouveau chapitre. Les choses bougent et de nouveaux événements vont pouvoir commencer à se mettre en place grâce à ce dernier... Comme personne n'a relevé ma proposition de prépublier l'illustration, je vais continuer comme avant. Bonne lecture - Chapitre 47:
++Ohno++
Je cherchai rapidement les trois traits facilement repérables du nom de famille de celle que je venais voir et appuyai sur le bouton correspondant. - Hai ? - Cécile-chan ? C'est Satoshi. Je peux monter ? Elle m'ouvrit la porte et je me précipitai pour traverser le hall et appeler l'ascenseur. Pestant contre la lenteur de l'appareil, je soupirai en arrivant enfin sur le palier. Sa porte était ouverte et elle m'attendait dans l'embrasure, l'air un peu surpris. - Satoshi ? Qu'est-ce qu... Je ne la laissai pas finir sa phrase et lui attrapai les mains, les emprisonnant dans les miennes. - Comment tu vas ? Pas de problème ? Tout est normal ? - Euh... Tu vas bien, dis-moi ? Elle recula et, mes mains n'ayant pas lâché les siennes, je la suivis. Une fois entré, je repoussai la porte d'un mouvement de pied. Puis je retirai mes chaussures en m'aidant de mes pieds et du rebord du plancher. Ceci fait, j'entraînais la jeune femme un peu éberluée vers son salon où je nous fis asseoir. - Satoshi ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Vous aviez du boulot aujourd'hui, non ? Un tournage je crois ? - Oui oui, c'est bon, ça s'est bien passé, c'est fini, c'est bon. Je la regardai à la lumière des lampes de la pièce. Elle me parut bien pâle. - Toi, tu es sûre que ça va ? - Mais oui ! Qu'est-ce que tu me fais ? Tu sais l'heure qu'il est ? Pourquoi es-tu stressé comme ça ? Je l'observai attentivement et vis que manifestement, elle disait vrai. Je poussai un soupir de soulagement. - Bon, Satoshi, tu m'expliques ? C'est quoi ce sketch ? - Teru est bloqué au travail. - Et ? - Je sais que normalement Jun vient te tenir compagnie, mais ce soir, il est pris aussi, il fête l’anniversaire de sa grand-mère. - Je sais, c’était prévu… Elle me regardait avec attention à son tour. Puis un sourire étira ses lèvres et fit briller ses yeux. - C'est gentil Satoshi de t'inquiéter pour moi. Mais franchement, comme tu le sais, il y a trois étages plus bas une demoiselle toute prête à venir me faire la causette si je m'ennuie. - Non, Lucie n'est pas là ce soir. Ils ont eu un problème avec les enregistrements, et elle, Nino et Sho ont gagné le droit de recommencer tout un tas de trucs. - Bon, ok, tout le monde est occupé. Et alors ? J’ai passé l’âge… j'ai plus peur du noir ou du grand méchant loup... Oui, ça je m'en doutais bien. Mais quand j'avais eu le message de Teru me disant qu'il allait bosser toute la nuit, j'avais ressenti une certaine colère envers lui et sa manière de se faire bouffer par son job, ainsi qu'une sourde angoisse venue de je ne savais où. Seulement, je ne voulais pas inquiéter Cécile qui semblait plutôt zen. Je remarquai alors qu'elle était en chemise de nuit. - Oh ! tu allais te coucher ? Elle étouffa un petit rire. - Non, j'étais déjà au lit. Mais si tu veux, je te fais un thé. Je lui attrapai la main alors qu'elle se levait. - Non, pas la peine. Mais... Cécile, tu m'en veux si je demande à rester cette nuit ? - Eh bien, dans la mesure où de toute façon je ne me sens pas motivée pour te virer de chez moi... Je pense que tu peux rester, en effet. - Merci ! Me levant vivement, je lui plaquai mes lèvres sur la joue. - Tu sais, Satoshi, parfois tu me fais penser à un grand gosse... - Mais ! Même pas vrai d'abord ! Elle rit doucement. J'étais sûr que le bébé aimait le rire de sa maman. Et j'espérais qu'il en aurait un semblable. Et qu'il saurait chanter comme elle. Parce que, honnêtement, et avec tout l'amour que je lui portais, Teru était un piètre chanteur... Je la vis se diriger vers le couloir. - Cécile-chan, tu ne dors pas dans ta chambre ? Elle se retourna. - Si, mais là, j'allais préparer la tienne. - Pas la peine ! Et puis, t'es pas en état. - Tu vas t'en occuper toi-même ? - Tu as un t-shirt à me prêter ? Elle fit mine de réfléchir. - Je pense que tu rentres à l'aise dans ma garde-robe, mon cher. Tu veux quelle couleur ? Je l'accompagnai devant son placard et me choisis un haut assez long mais qui finalement ne flottait pas trop sur ma carrure. - Cécile-chan ? - Oui ? murmura-t-elle en étouffant un bâillement. - Je peux dormir avec toi ? Elle me regarda bizarrement, penchant à peine la tête mais écarquillant les yeux. - Pardon ? - Je dis que je voudrais dormir avec toi. - Euh... Satoshi, t'es vraiment étrange ce soir. Tu es sûr que tu vas bien ? - Je vais bien. Mais puisque je dors ici ce soir, je me disais que j'aimerais bien entendre le cœur du bébé ; et je suis sûr que ça me bercerait. Elle sembla se concentrer un instant puis abandonna la lutte. - Si ça te fait plaisir... Oh, oui ! ça me faisait plaisir. Passer la nuit tout près de ce petit être que j'aimais sans l'avoir jamais vu, ça me remplissait de joie. Elle regagna son lit et se glissa sous la couette, ouvrant l'autre côté à mon intention. Je me changeai en gardant mon caleçon, me faufilai sous le drap et appréciai la chaleur qui y régnait. J'avais dû la tirer du lit alors qu'elle était couchée depuis un petit moment. - Tu sais, si tu veux entendre les battements de cœur du bébé, tu as intérêt à t'approcher. Je ne me le fis pas dire deux fois, et je plongeai sous la couette pour poser ma tête sur le ventre arrondi de ma voisine. J'entendis le rythme rapide du petit cœur caché. Je trouvais ça vraiment émouvant à chaque fois que je pouvais faire ça. Ma main vint caresser l'abri du bébé. Je sentis en même temps la main de la maman passer et repasser dans mes cheveux. Elle était douce, maternelle. Je m'écartai au bout d'un long moment et m'étendis à côté de Cécile. - Cécile-chan ? - Mmm ? Elle s'endormait. - Merci. - Pas de quoi, marmonna-t-elle en se mettant sur le côté, me tournant le dos. Pris d'une envie de tendresse, je m'approchai d'elle, me collant presque à son corps et l'enserrant dans mes bras. Elle gémit un peu, remuant à cause du bras que j'avais réussi à passer sous elle. - Satoshi, j'ai mal au dos, alors sois gentil et ne me torture pas... - Dis-moi comment je dois m'installer pour que tu puisses dormir. Mais je veux rester là. A nouveau, j'eus l'impression qu'elle abandonnait la lutte par manque de concentration. - Remonte ton bras, que j'y pose ma tête. Pour le reste... fais comme tu veux. Je suivis ses indications et posai mon autre main sur son ventre. Le bébé ne bougeait plus, mais je sentais quand même son pouls. C'est ainsi que nous nous endormîmes, serrés l'un contre l'autre. Et c'est ainsi que je me réveillai un peu plus tard. Je ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait. Puis le corps que je tenais contre moi se contracta et se tordit un peu. - Cécile-chan ? chuchotai-je, incapable de voir quoi que ce soit. Je l'entendis geindre tout bas. Un autre mouvement m'écarta un peu d'elle. Je cherchai la lampe de chevet et finis par réussir à appuyer sur le bouton, nous éclairant doucement. - Cécile ? Je me penchai vers elle pour tenter de saisir ce qu'elle disait, mais je compris rapidement qu'elle ne s'exprimait pas en japonais. J'allais lui prendre l'épaule pour la réveiller lorsque j'attrapai un mot qui revenait souvent. Je me figeai, surpris mais curieusement pas si choqué. Elle appelait Jun.
***************
++Lucie++
Dormir. Je voulais dormir. J'aurais donné mon royaume pour un oreiller, une couverture et une surface plane. Confortable, de préférence. A côté de moi, Sho-kun et Kazu discutaient améliorations. C'est-à-dire qu'ils inséraient des passages supplémentaires. Ce qui avait le don de m'agacer. Bon sang, c'était bouclé ! Et sans la panne qui avait fait boguer le système ce matin, nous serions dans nos lits. Je jetai un œil à l'horloge. Pardon, la panne datait d'hier, maintenant. J'enviais Aiba-chan qui avait pu s'esquiver pour aller préparer son voyage à Taiwan lequel n'était pourtant que dans une semaine. Matsujun avait quitté les studios en milieu d'après-midi pour un shoot et Oh-chan avait reçu un appel, suite auquel il avait salué tout le monde avant de partir. Il devait être aux environs de minuit à ce moment-là. Nous étions deux heures plus tard, et je l'imaginais dormant comme un bienheureux, blotti contre son Teru adoré. ...Je devenais mauvaise, moi. Ce n'était pas mon genre de penser à eux de cette façon. Je poussai un profond soupir qui fit lever le nez des deux hommes. - Lucie ? Daijobou ? - Mmm... Vous en avez encore pour longtemps ? Vous avez vu l'heure ? Ils regardèrent leur montre et Nino se précipita vers moi. - Pardon, je pensais qu'il était plus tôt que ça ! Tu peux rentrer si tu veux, ou aller te reposer dans notre loge. Je passerai te chercher. Je vis Sho nous observer avec un peu d'étonnement mêlé à de la compréhension. Je devais avoir l'air crevée pour qu'il comprenne ainsi. Mais l'attitude de Kazu ne pouvait que l'intriguer. - Ça va, c'est bon, dis-je en le repoussant. Mais ça irait mieux si je pouvais faire les balances. Je veux pas brider votre esprit créatif, mais quand est-ce que je vais pouvoir faire MES réglages ? Parce qu'il faut que ça, ce soit prêt tout à l'heure ! Je les vis se regarder avec un petit air fautif que j'aurais pu trouver mignon dans d'autres circonstances, mais pour lequel je n'eus aucune pitié. - Désolés Lucie, on va s'arrêter là et te laisser faire ton boulot. Nino et moi, allons nous installer dans le studio et couper les micros pour continuer, mais ça ne sera intégré qu'à la tournée, pas au single, promis. Ils firent comme avait dit Sho et je pus enfin m'attaquer à la chose. Leurs idées n'étaient pas mauvaises, loin de là, et je voulus malgré tout en mettre quelques-unes dans le produit fini. Les deux autres étaient revenus au bout d'un temps incertain, puisque, comme à chaque fois que je plongeais dans le travail, j’oubliais le temps et la fatigue. Ils étaient maintenant dans un coin de la pièce, me laissant maîtriser mes consoles. J'étais en train de mettre les dernières touches en place lorsque je fus dérangée par un bruit incongru. Furieuse, je me retournai vers les autres. - QUI a osé laisser son téléphone allumé ? - Euh, Lu-chan, me fit Nino, je crois bien que c'est le tien. Tu le veux ? - ...NON !! C'est la sonnerie d'Ohno. Je suis sûre qu'il a appelé sans le vouloir, et je ne VEUX PAS savoir ce qu'il fait à cette heure-ci ! Puis je me retournai rageusement vers mon pupitre, remettant mon casque un peu brusquement. La sonnerie se tut enfin, et je me remis à mes réglages. Je poussai un soupir de soulagement quand je pus enfin lancer l'enregistrement final de tout ce travail, et je surveillais la machine d'un œil suspicieux tandis qu'elle ronronnait. Je retirai le support d'enregistrement de son logement pour le placer dans un boîtier lorsque je vis Sho sursauter. - Ben alors, mon vieux ? Y a pas de guêpe ici, pourtant ! - Mon téléphone. C'est lui qui vibre... Il attrapa son appareil dans sa poche et l'ouvrit sans regarder qui appelait. - Mosh... Riida ? Tiens, finalement, il avait peut-être réellement essayé de m'appeler ? Je partis récupérer mon bien au fond de mon sac tout en écoutant ce que Sho répondait à son interlocuteur, mais je constatai qu'il ne m'avait pas laissé de message. Et je vis que la demie de quatre heures était bien sonnée. - Non non, on est encore au studio... Oui, tous les trois... Oui, le téléphone de Lucie-chan a sonné, mais elle était plongée dans... Nino ? Je ne sais pas, attends. Il leva le nez vers Kazu. - Ton téléphone est débranché ? - Nan, en silencieux. J'ai coupé après le coup de fil qu'il a reçu tout à l'heure. - Tu as entendu ?... Eh ! Pas la peine de nous engueuler, on bosse nous ! Je les avais rejoints. Sho éloignait l'écouteur de son oreille, et même nous, nous entendions l'énervement du leader. Et je devais avouer qu'un Ohno énervé, c'était assez stressant. - Pourquoi n’a-t-il pas laissé de message ? demandai-je. C'était plus simple. Mais Sho poursuivait sa conversation. - Un sac ? Mais de quel sac tu parles ?... Lucie ? La question n'était pas pour moi, mais je préférai couper court à tous ces méandres. Après tout, c'était moi qu'il avait appelée en premier, non ? Je saisis donc le téléphone de la main de Sho et le collait à mon oreille. - Oh-chan ? Qu'est-ce qu'il se passe ? - Ah ! quand même ! Tu pourrais répondre quand on t'appelle ! Je n'eus même pas le temps de répliquer. - L'accouchement a commencé. Je suis à l'hôpital avec Cécile, mais il paraît qu'il y avait un sac prêt chez elle. Je n'y ai pas pensé, et du coup on l'a laissé. Tu pourrais passer le prendre et nous l'apporter ? L'accouchement ? Déjà ? Mais c'était prévu pour... enfin, il me semblait qu'il restait du temps ! Peu importait, ce qui comptait, c'était que ça avait commencé, et qu'il fallait y aller. - Ok, je vais demander à Nino de faire le chauffeur. Je m'occupe de ses affaires. Mais... Oh-chan, tu es tout seul avec elle ? Où est Teru ? - Au boulot. Et injoignable. J'ai déjà essayé. Bon, apparemment, le médecin a fini de l'examiner, j'y retourne. ...Lucie, tu peux appeler Jun ? Dis-lui de venir s'il te plaît. - Entendu. Je coupai et rendis son téléphone à Sho. Je vis alors que les garçons me regardaient avec de grands yeux. - C'est quoi le problème ? - Cécile est à l'hôpital pour accoucher. Et Ohno est tout seul avec elle. Et il a oublié de prendre le sac où il y a toutes ses affaires, et notamment les papiers. Donc on passe le récupérer et on les rejoint. - Et Teru ? - Môssieur bosse. Il était pourtant censé passer la voir hier soir, marmonnai-je. - Ok, fit Sho. Les sacs, les femmes enceintes et tout ça, c'est pas mon truc, je vous les laisse. Par contre, je vais aller chercher Teru-kun, manu militari s'il le faut, et je vous le ramène. A tout à l'heure ! - On fait comme ça, lança Kazu avant de m'entraîner à sa suite. Ce ne fut qu'une fois dans la voiture que je me souvins de la dernière demande d'Oh-chan. Je me tournai vers mon chauffeur. - Kazu, j'ai l'impression que Riida sait pour Cécile et Jun. - Mmm ? - Il m'a demandé de le prévenir parce qu'il n'avait pas le temps... Il posa sa main gauche sur mon genou. - Bah ! C’est Ohno, c'est bon. Ils n’allaient pas se cacher toute leur vie non plus, non ? - C’est vrai. Je sortis mon téléphone pour composer le numéro de Jun.
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++Nino++
- … - Jun-kun. C’est Lucie. -… - Oui ça va. C’est Cécile, le travail a commencé. - … - T’inquiète, Oh-chan est avec elle. - … - Ça, j’en sais rien, mais… attends, on arrive à l’appart’. - … - OK. Rendez-vous à la maternité. Ja.
Lucie raccrocha. Je tentais ma chance, connaissant déjà sa réponse mais ne pouvant m’en empêcher. - Lucie, tu voudrais pas te reposer un peu avant de partir là-bas ? Je pourrais y aller tout seul et ne t’y amener que dans quelques heures. - Je vais chercher la valise de Cécile et je reviens. - Lucie tu peux me passer tes clés alors ? - Pourquoi ? - Te récupérer deux trois trucs ; si tu viens je veux que tu dormes quand même et comme ça tu pourras te changer et te doucher soit à l’hôpital, soit à la JE. Parce que je suppose que tu voudras quand même être présente pour la réunion tout à l’heure ? - Evidemment ! Mais tu ne réponds pas à ma question qui est qu’as-tu fait de ton trousseau ? - Resté à la JE, dans la loge avec mon blouson et quelques trucs. - C’est vrai qu’on a filé direct… Merci Kazu. Mais… et toi, faut que tu dormes aussi. Autrement t’aura encore une mine de mort vivant. - Mon sac est déjà dans le coffre. Et puis je m’en fous un peu de maquillage et personne ne verra rien. Ces dernières semaines nous fonctionnions ainsi, les soirs où nous étions de garde pour Cécile nous dormions chez Lucie ainsi que les jeudis et vendredis. Les autres soirs et les week-ends, Lucie venait chez moi. Mon coffre contenait encore son sac de linge sale et les affaires que j’apportais même si nous avions commencé l’un comme l’autre à squatter elle ma penderie et moi sa commode. Dans l’ascenseur elle avait glissé ses clés dans ma main et nous nous étions séparés un moment. Quand je la retrouvais chez Cécile, elle se débattait entre une valise et la bestiole qui avait décidé de se placer sous ses pieds chaque fois qu’elle tentait de faire un pas. - Aide-moi, s’il te plait. J’attrapai Nuit qui se mit à me mordiller. - Elle a peut-être faim. Je ne pense pas qu’Oh-chan l’ait nourrie avant de partir. Un coup d’œil dans sa pièce m’informa que la gamelle était vide et le bol d’eau retourné. Je remplis les deux, et laissai la bestiole se jeter sur sa pitance avant de récupérer les deux sacs puis nous reprîmes la route.
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++Jun++
J’étais avec Cécile, nous nous baladions au milieu d’une foule immense main dans la main quand Lucie se mit à chanter. Lucie ? Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Comment étions-nous arrivés dans cette salle de spectacle et pourquoi… J’ouvris les yeux et attrapai mon téléphone. - Moshi, Mosh… - Jun-kun. C’est Lucie. - Merci j’avais reconnu ta sonnerie. Pourquoi tu m’appelles à… 4h43 ? Ça va ? T’es malade et Nino n’est pas là ? - Oui ça va. C’est Cécile, le travail a commencé. - Mais c’est trop tôt ! Comment va-t-elle ? Elle est toute seule là ? - T’inquiète, Oh-chan est avec elle. - Riida ? Mais qu’est-ce qu’il fout là ? - Ça, j’en sais rien, mais… attends on arrive à l’appart’. - Bon je vais directement à l’hôpital. A tout’. - OK. Rendez-vous à la maternité. Ja.
Estimant la communication terminée, je jetai mon portable sur mon lit, laissant à Lucie le soin de clore la communication. Je récupérai ainsi ma seconde main pour boutonner ma chemise et terminer de m’habiller. Evidemment, il avait fallu que le bébé choisisse le jour où j’étais absent pour pointer le bout de son nez. Je ne savais pas exactement comment Toshi s’était retrouvé à s’occuper de Cécile cette nuit, mais quelque part il valait mieux que ce soit lui plutôt que Teru. Je tentai de filer le plus discrètement possible hors de la maison parentale mais maman était devant ma porte quand je l’ouvris. - Jun ? Pourquoi tu as hurlé tout à l’heure ? Heureusement que ton père a le sommeil lourd mais… Pourquoi es-tu habillé de pied en cap ? Tu t’esquives à cette heure-ci ? Qu’est-ce qu’il se passe ? J’avais hurlé ? Quand ça ? Au téléphone avec Lucie ? Dans ma précipitation je ne l’avais pas réalisé… - Gomen maman. Je dois partir. Un imprévu, une urgence. Je t’appellerai plus tard pour tout t’expliquer. Embrasse papa et la famille pour moi tout à l’heure. Je plaquai une bise sur la joue maternelle tendue et me précipitai le plus silencieusement possible vers l’entrée. Tout en me chaussant, j’entendis la voix de ma frangine demander à ma mère quelle mouche m’avait piqué. - Ton frère est amoureux… déclara ma mère. Je n’entendis pas la suite puisque j’avais déjà quitté la maison parentale. Ma famille savait depuis février ou mars que Toshi et moi avions rompu mais je ne leur avais pas encore parlé de Cécile. Pourtant hier soir maman m’avait coincé en me demandant comment s’appelait mon nouvel amour et quand je comptais le lui présenter. J’avais souri, éludant sa question pour interroger ma sœur sur ses activités mais je savais que nous n’allions plus pouvoir lui cacher les bouleversements de ma vie. Avec Cécile nous avions décidé de parler après l’arrivée du bébé… ce temps était écoulé semblait-il… A présent, je filais sur la route en direction de ma famille, j’espérais que je n’arriverai pas trop tard et que je pourrai être présent pour Cécile. … - Jun-kun ! - J ! J’étais en train de m’éloigner de la voiture que je venais de garer quand les voix des deux autres futurs parents m’atteignirent. En me retournant, j’aperçus Lucie et Nino qui couraient derrière moi. Enfin seul Nino courait, Lucie se trainait plus et quand ils me rejoignirent je vis que cette dernière montrait des signes évidents d’épuisement. Nous pénétrâmes ensemble à l’hôpital, nous dirigeant directement vers le service de Gynéco-obstétrique que nous connaissions si bien… Nino était engoncé dans sa casquette, une écharpe autour du coup justifiée par le froid qui nous avait assaillis en cette toute fin de novembre. Moi, je m’étais affublé de mon habituelle perruque rousse et sa moustache assor… - Jun, elle se décolle, laisse-là tomber pour l’instant… on dirait une grosse chenille qui va te tomber dans la bouche là… Je la fourrai dans ma poche au moment où les portes de l’ascenseur s’ouvraient face au poste de garde du service. - Miura Cécile-san ? demanda Lucie. - Elle est en salle de travail, pour le moment. Vous êtes ? - Son conjoint, sa sœur et son beau-frère déclara-t-elle en serrant la main de Nino. - Conjoint ? Il n’est pas déjà là celui-là ? Attendez, je me renseigne… L’infirmière décroche son téléphone et bientôt Toshi sortit d’une pièce plus loin dans le couloir. En nous voyant, le soulagement se colla sur son visage jusque-là inquiet et déprimé. - Jun, Lucie-chan enfin pas trop tôt. Elle vous réclame depuis tout à l’heure. Venez… Nous allions lui emboiter le pas quand la surveillante nous arrêta, limitant à deux le nombre de visiteurs. Je pris d’autorité la première place, Oh-chan laissant la sienne à Lucie. A notre entrée dans la chambre, nous pûmes constater que Cécile n’était pas seule. Une sage-femme était présente, surveillant sur un moniteur des pulsations que je supposais être celle d’un cœur. Celle-ci s’accélérèrent quand ma princesse nous aperçut. Pourquoi était-ce son cœur que l’on surveillait plutôt que l’enfant ?
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++Nino++
Nous avions retrouvé J devant l’hôpital et malgré le temps que nous avions passé chez Lucie et Cécile, je soupçonnai mon ami d’avoir une fois de plus fait vrombir son moteur au-delà de la raison. Maintenant j’étais seul avec Riida dans la salle d’attente et j’envisageais sérieusement de sortir ma DS de mon sac quand j’aperçus Nakagawa sensei. - Sensei ! Il se tourna dans ma direction et parut surpris quelques secondes avant d’ouvrir la bouche. - Ninomiya-san ? Vous êtes là parce que… - Parce que Cécile-chan est ici et par conséquence Lucie… Comment va Cécile, Sensei ? - Pas trop mal mais le travail promet d’être long et fatigant. - Soka… Sensei… J’aurai une requête ; c’est à propos de Lucie, elle n’a pas dormi cette nuit. - Ninomiya-san… - Je sais docteur… mais nous étions en plein bouclage et au moment où nous avions enfin terminé, Ohno-san nous a contactés… - Je vois. Si je devine vos intentions vous souhaiteriez que j’use de mon autorité pour que votre amie se repose quelques heures. - Oui si vous pouviez… d’autant que nous avons une réunion tout à l’heure et si je pense pouvoir la repousser jusqu’à midi, elle n’acceptera sûrement pas de retarder les autres enregistrements prévus pour l’après-midi. - Bon je vais voir ce que je peux obtenir. Un conseil cependant… vous aussi devriez fermer les yeux quelques heures. Le médecin pénétra bientôt dans la salle où se trouvait Cécile soutenue à l’heure actuelle par son petit ami et sa meilleure amie. - Dis Nino… ? - Hai ? - Comment se fait-il que tu aies su que c’était le médecin de Cécile qui arrivait ? Et comment se fait-il qu’il vous connaisse aussi bien, toi et Lucie-chan ? Yabai ! Quand j’avais interpelé Nakagawa-sensei, j’avais totalement oublié Riida qui somnolait sur le siège à côté du mien. Lucie souhaitait mettre ses parents au courant de sa future maternité avant que nous en parlions au reste de la Familia et je venais de gaffer en beauté… En même temps, ce n’était QUE Riida… et si je lui débitais un bobard à peu près crédible, il ne s’en formaliserait pas. - Il connait Lucie parce qu’elle accompagne régulièrement Cécile à ses examens et pour moi c’est comme pour toi ou le reste du groupe je suppose… les avantages de la célébrité… - Mouais… Riida ne sembla que moyennement convaincu par mon discours mais eut le bon goût de l’accepter, refermant les yeux dans l’attente de nouvelles plus fraîches. Je me décidai à l’imiter quand des bruits de pas précipités se firent entendre dans les couloirs et bientôt nous aperçûmes Sho et Teru. C’est ce moment que choisit le médecin pour réapparaître dans le couloir en compagnie de Jun. Ils nous rejoignirent. - Bien. Bonjour à tous. Comme je l’ai déjà dit à un certain nombre d’entre vous, l’accouchement s’annonce très long et malheureusement très éprouvant pour la mère. Vue la lenteur du travail, il ne devrait rien se passer avant cet après-midi, et du coup je vais en profiter pour m’absenter. Teru, Jun et Riida semblèrent prêts à sauter sur le médecin quand il enchaîna. - Désolé mais je termine une garde de plus de 24h et j’ai besoin de quelques heures de sommeil pour être totalement opérationnel quand Cécile-san aura réellement besoin de mes compétences. Pour l’instant, les infirmières et les sages-femmes sont totalement aptes à gérer ses besoins et s’il le fallait, mes collègues seraient parfaitement capables de gérer l’urgence. Il se tourna vers moi. - Ninomiya-san, Lucie-san se repose pour le moment sur le brancard qui se trouve dans la salle, mais elle a demandé à être réveillée pour être présente à la réunion. Autrement Cécile-san a souhaité la présence de Miura-san, Ohno-san et Matsumoto-san auprès d’elle. J’accepte cette assemblée pendant 10 minutes, après seul l’un d’entre-vous sera autorisé à rester près d’elle. Les autres, je ne saurai trop vous conseiller de suivre mon exemple et d’aller dormir. Votre présence ne me parait pas indispensable avant, au plus tôt, 15h00. A plus tard. Sur ces mots, le médecin nous quitta et Teru, Oh-chan et J s’engouffrèrent dans la chambre alors que Sho se dirigeait vers la sortie du service. J’envisageai d’aller dormir dans ma voiture quand Oh-chan sortit de la pièce. - Nino, on part tous les deux à la Jimusho maintenant, on pourra toujours y dormir sur les canapés. Jun et Lucie nous rejoindront plus tard, quand Teru aura prévenu ses parents et ceux de Cécile de la future naissance. Lucie, dans la voiture de ce fou du volant ? Bon, je savais qu’avec l’une des filles à son bord, Matsujun était plus raisonnable ; il n’empêche que je n’aimais pas ça. Malheureusement, je ne pouvais rien dire sous peine de trahir définitivement le secret.
Voilà pour cette semaine! A bientôt! | | | Lun 27 Avr - 2:03 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Humeur : en plein jetlag
| En ce dimanche matin lundi matin (parce que j'ai totalement zappé hier....) voici le nouveau chapitre de Jinsei. Petite note pour toutes... Jun surnomme Cécile "Princesse" ou "Princess" (en le prononçant à la franco-anglo nipponne) ce qui doit donner un truc du genre "pourinecéssou" . En japonais une des mots pour dire princesse est 姫 (ひめ) Hime (se prononce "Himé") Pour plus de note à ce sujet lisez le chapitre à ce sujet et regarder le second spoiler - Chapitre 48:
++Aiba++
En entrant dans notre loge, je trouvai le canapé occupé par Ohno endormi, un script sur les yeux. Sho somnolait à côté de son P.C. ; seul Jun avait l’air à peu près éveillé, une tasse de thé à la main. Le Ohayô sonore que j’avais commencé à prononcer s’était étouffé dans ma gorge et j’interrogeai le seul rescapé de la malédiction de la Belle aux Bois dormant. - Pourquoi ils sont tous en train de dormir ? Y a pas une réunion dans…. Euh… y avait cinq minutes ? - Décalée d’une heure… pour cause de nuit mouvementée. Grâce à ça tu es à l’heure ne… ? - Hai ! Mais toi qu’est-ce qu’il t’arrive ? T’as l’air inquiet ? - Rien, je veux juste que cette réunion s’achève pour pouvoir retourner là où je veux être en ce moment ? - Hein ? - Mmm, Jun veut retourner à la maternité. Cécile-chan est en plein travail, marmonna Riida que je croyais endormi. - Quoi ? Et elle est toute seule ? Lucie-chan est avec elle ? - Nan, Teru… Lucie se repose au studio, annonça Nino en entrant à son tour dans la salle. - Je croyais que toi aussi ? s’étonna notre benjamin - Je dormirai tout à l’heure… Au fait Jun, c’est bon, j’ai inversé nos photos shoot. Tu passes ce midi et moi demain. Le manager n’a pas fait d’histoire quand il a vu ma tête. Mais toi, il va falloir que tu te fasses une tête d’idol insouciante pendant une heure si tu veux avoir du temps libre demain… - T’inquiète. En attendant, pousse Satoshi et fais un somme toi aussi. Pourquoi est-ce que Jun invite Nino à dormir ? Non mauvaise question. La bonne c’est pourquoi est-ce qu’il a des yeux de pandas qui lui tombent sous les joues ? Pourquoi est-ce qu’ils ont l’air d’avoir tous passé la nuit ailleurs que dans leur lit ? D’ailleurs pourquoi est-ce que Jun veut REtourner à la maternité ? Pourquoi est-ce que lui était au courant ? Que Riida le soit, c’est assez logique puisque Teru devait être avec lui quand il a été prévenu. Vue la nature de la relation entre Nino et Lucie… et que Lucie a dû être celle que Cécile a prévenu, là encore c’est relativement logique en fait que Nino soit crevé… Par contre je ne comprends vraiment pas pourquoi Sho dort sur la table ni que Jun ait été prévenu. Parce que si lui a été prévenu, pourquoi pas MOI !!!! Pourquoi je ne l’apprends que maintenant ? C’est pas juste ! Je suis jamais informé des trucs importants…. Pourquoi ? Pourquoi ? - J’en ai marre ! Sho se réveilla en sursaut et manqua de tomber de sa chaise. Nino, qui s’était assoupi contre Riida, comme le lui avait conseillé Jun, se redressa brutalement. Jun gémit quand il renversa de surprise le contenu de sa tasse sur sa main et Riida me regarda d’un air surpris avant de me demander. - Masaki ? T’as un problème ? - Oui. J’en ai un. Pourquoi est-ce que j’étais le seul à ne pas être au courant que Cécile accouchait avant d’entrer dans cette pièce, hein ? - Masaki, calme-toi. C’est juste que c’est Riida qui était avec Cécile quand les contractions ont commencé et… que c’est moi qui ai répondu quand il a essayé de prévenir Lucie, bailla notre caster en me regardant avec un air épuisé qui me fit une seconde regretter de l’avoir réveillé. Mais ensuite je réalisai. - Hein ? Pourquoi tu décroches le téléphone de Lucie toi ? Et Riida pourquoi t’étais avec Cécile en pleine nuit ? - Parce que je savais Lucie au studio et que Teru était coincé au boulot, alors je suis passé voir Cécile et je me suis endormi chez elle. Ensuite, ben, j’ai voulu appeler Teru et Lucie, mais ni l’un ni l’autre ne m’a répondu. Mouais c’était malheureusement crédible… En plus, depuis quelques semaines, la conversation d’Oh-chan tournait presque plus souvent autour du bébé de Cécile que de la pêche et on aurait pu croire que c’était lui l’heureux papa. -Quant à moi, enchaina Sho en baillant, j’ai passé la nuit avec Nino et Lucie au studio à cause de la panne. Nous y étions encore quand j’ai reçu un appel de Riida qui cherchait Lucie donc… - OK, OK j’ai compris… Ils avaient tous une bonne raison d’être au courant ou d’être allés à l’hosto… En plus, ça expliquait leur épuisement, et même si j’étais un peu vexé qu’ils n’aient pas pensé à m’appeler, je ne pouvais pas leur en vouloir… Mais…
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++Jun++
- Et toi Jun ? Pourquoi t’étais là-bas ?... Et m**** ! Moi qui avais, pendant une seconde, espéré me faire oublier, ou plutôt que Masaki ait oublié que j’étais aussi là-bas. En même temps, notre secret ne pouvait pas être conservé indéfiniment face à eux. Cécile et moi en avions conscience, et il y avait quelques temps déjà que nous soupçonnions Sho d’avoir deviné même s’il n’avait rien dit. Maintenant, soit j’inventais une histoire que Nino, Riida et Lucie devraient confirmer, soit j’annonçais à mes deux derniers amis la véritable relation que j’entretenais avec Cécile. - Heu… en fait… les gars, faut que je vous dise quelque chose. En fait… - T’es sûr ? me chuchota Nino à l’oreille. - Oui Kazu, c’est le meilleur moment, lui répondis-je avant de me tourner vers Aiba-chan qui s’était installé à côté de Sho. Donc en fait, Aiba, si Lucie m’a appelé, c’est parce que j’avais une très très bonne raison d’être là. - Laquelle ? T’es ami avec Cécile ? Moi aussi. Et jusqu’à preuve du contraire c’est vos ex qui sortent ensembles pas vous ! - AIBA! menacèrent Sho et Kazu. - Gomen Riida… mais… Voilà, Aiba disait rarement ce qu’il pensait vraiment mais quand il le faisait il ne prenait pas de gant pour le faire… Heureusement que nous n’étions que tous les cinq et que… - En fait si, Aiba-chan, le coupai-je dans ses hésitations. Cécile et moi on sort ensemble. - QUOI ? Depuis combien de temps ? hurla-t-il. - Avril. - Si longtemps ? demanda Sho-chan d’une petite voix. - Oui… - C’est pour ça que j’avais aucune chance ? demanda Sho. - Oui. - Et toi, t’as rien à dire ? demanda Aiba-chan en se tournant vers moi ou plutôt vers Nino près de qui je m’étais installé. - Nan, répondit mon ami en faisant mine de sortir sa DS comme pour montrer combien cette discussion l’ennuyait. - Pourquoi ? reprit Aiba toujours en mode détective. Pourquoi t’as pas de questions et pourquoi t’as pas l’air surpris ? - Parce qu’il le savait déjà, affirma Sho-kun en baillant. - QUOI ? - Masaki tu te calmes ! Pitié… Toi t’es en forme mais Nino et moi on a dormi moins de deux heures et ça doit pas être beaucoup plus pour Riida, alors tes cris, mets-les en sourdine parce que j’ai mal au crâne, dit Sho en soupirant. - Ma-chan… je vais te dire, j’en suis sûr depuis août et je m’en doutais depuis… euh… avant. Désolé mais là, je suis crevé et on va bientôt avoir la réunion, alors si je pouvais encore fermer les yeux 5 minutes… Nino posa sa tête sur mon épaule et ferma les yeux. Trop tard… on frappa à la porte et les managers entrèrent pour déposer nos plannings réaménagés. La journée commençait. … Après notre réunion autour de la maquette du nouveau single, j’avais dû partir pour le studio du magazine où devrait apparaitre mon sourire ainsi que celui de Nino le mois prochain. Pourquoi fallait-il que ce dernier soit situé en périphérie de Tokyo, et non en centre-ville… le temps d’arriver sur place l’après-midi avait déjà commencé quand j’en sortis, le soleil déclinait. Heureusement que les autres m’envoyaient régulièrement des nouvelles et je sus ainsi que le bébé n’était pas encore là. J’en étais à la fois heureux et inquiet… Heureux parce que plus il trainait, plus j’aurai une chance d’être là pour son arrivé. Inquiet parce que Nakagawa-sensei avait été ferme sur ce point. Plus le travail durerait plus le cœur de Cécile s’affaiblirait. Nous avions envisagé une césarienne, mais les risques liés à l’anesthésie étaient vraiment importants pour Cécile. Tellement que le médecin avait écarté cette option à moins que l’enfant ne soit en danger. Enfin j’étais dans la loge que l’on m’avait attribuée. Je me débarrassais de la couche de fond de teint dont la maquilleuse m’avait tartiné la figure pour cacher les cernes qui marquaient mes traits. J’avais certainement dormi plus que Nino mais la soirée d’hier s’était achevée après minuit. J’en avais profité puisque je ne devais initialement pas être photographié aujourd’hui. Alors oui, la maquilleuse avait, encore plus que d’habitude, eu du travail pour cacher mes imperfections… Je mis ensuite un masque et une casquette en velours que j’enfonçais sur mes yeux avant de rejoindre mon manager pour qu’il me reconduise jusqu’à ma voiture. Dans la voiture, je sortis une nouvelle fois mon téléphone et devant l’absence de nouvelle j’appelais Nino. Ce dernier répondit au bout de quelques sonneries. - Moshi moshi, J ? - Qui veux-tu que ce soit, hein ? Alors ? Des Nouvelles ? - Lucie et moi venons d’arriver dans le service. Aiba partira bientôt, Sho vient de partir et Riida tourne en rond. C’est impressionnant. - NINO… Je me foutais de savoir que Sho et Aiba partaient bosser. Savoir que Riida était en train de faire des trous dans le plafond de l’étage inférieur de l’hosto ne m’intéressait pas plus. Je voulais savoir comment allait MA princesse et MON bébé. Je dus l’exprimer de manière un peu brutale car Nino m’invita à me calmer en employant un de ses arguments imparables. Sachant qu’il n’hésiterait surement pas à demander à la sécurité de la Jimusho de nous bloquer moi et ma voiture jusqu’à son arrivée j’obtempérai et pris sur moi pour faire tomber mon impatience. - S’il te plait Nino, donne-moi de ses nouvelles. - Elle s’accroche et il semblerait… Attends Lucie est sortie de la salle. Je les entendis parler et bientôt la voix de la jeune femme remplaça celle de mon ami dans mon écouteur. - Jun-kun, le bébé arrive enfin. T’es où ? - A la J.E. Je récupère ma voiture et j’arrive. - OK, Sois prudent ! Cette dernière phrase avait été prononcée en choeur par le Lucino comme les appelait Cécile. Je me garai un gros quart d’heure plus tard sur le parking de l’hôpital, j’ajustai la moustache assortie à ma perruque avant de sortir de mon véhicule pour atteindre l’entrée du bâtiment. Là, un gamin planqué sous une casquette de baseball et une paire de lunette à grosse monture jouait avec un jeu vidéo adossé à un pilier. Je souris malgré moi à cette vue. Si Lucie ne paraissait pas son âge, Nino faisait carrément collégien dans cette tenue. - Gamin, dis-je en arrivant à ses côtés. Où es ta mère ? - En haut ? On y va Papa ? Ça avait commencé quand je suis descendu… En arrivant dans le service, Lucie me sauta dessus. Elle est née ! Dépêche-toi de retrouver Cécile, je suis sûre que Teru et Riida sont plus préoccupés par la Merveille que par elle. Je me précipitai le plus vite possible vers la pièce où on la surveillait. Je la découvris, blanche comme un cachet d’aspirine. Riida n’était pas dans la pièce et dès qu’il m’aperçut Teru s’enfuit en direction de la pièce à côté d’où provenaient des vagissements. Il y avait encore du monde qui s’affairait autour de la partie ‘inférieure’ de la table mais personne ne semblait vraiment préoccupé par l’état émotionnel de ma femme. - Princesse ? Je suis désolé d’arriver aussi tard. - Jun. Tu es là. Tu as pu la voir ? - Cécile. Je viens d’arriver et je suis certain que deux casse-pieds sont suffisants pour faire tourner le personnel en bourrique. Et puis… Elle s’était jetée dans mes bras et je sentais ses larmes couler dans mon cou. Je ne pus rien faire à part la bercer doucement, caressant ses cheveux et prononçant des mots d’amour à son oreille. Nous ne nous éloignâmes l’un de l’autre que lorsque Teru et Toshi revinrent. Poussant devant eux un bac de plexi dans lequel s’agitait un nourrisson dont le bonnet rose permettait sans erreur de deviner le sexe. - Cécile… Alors, quel prénom as-tu choisi pour notre petite princesse ? - Emilie. - Bonsoir, Emi-chan. Moi c’est Satoshi. Tu verras on va faire plein de choses ensemble à partir de maintenant. Depuis septembre, Toshi était tombé littéralement amoureux du bébé de Cécile. Le fait de le voir réellement à présent ne semblait pas le perturber contrairement au vrai père de la petite. Non pas que Teru la rejetait mais on avait l’impression que s’il osait la toucher elle disparaitrait en poussière. - Messieurs, nous allons maintenant installer la mère et son enfant dans leur chambre. Alors si vous voulez bien retourner un moment dans le couloir. Dès qu’elles seront installées vous pourrez aller les saluer avant de les laisser se reposer. Après un dernier baiser à Cécile, je rejoignis les autres dans le couloir juste à temps pour voir s’éloigner Teru qui suivait une secrétaire. Quelques minutes plus tard il revint un papier entre les mains. - Qu’est-ce que c’est ? demandai-je. - Son certificat de naissance. - Je peux voir ? demandai-je. Teru me tendit le document où était inscrit en Romanji et Kanji le prénom d’Emilie Miura fille de Teru et Cécile Miura, née le 26 Novembre 2011 à 21h37. - Au fait Oh-chan, dit soudain une voix juste à ma droite. Je tournai la tête dans sa direction pour constater que Lucie lisait en même temps que moi ce que j’avais entre les mains. - Oui, Lu-chan ? - O Tenjobi Omedeto ! - Gomen chéri, grogna piteusement Teru, j’ai oublié. - Moi aussi, déclara l’homme né trente et une année plus tôt. Puis il reprit un peu paniqué : « Maman ! Elle va nous tuer ! Elle nous attendait pour dîner… » - T’inquiète Sato, tu as la meilleure des excuses à lui donner non ? - Sûr, parce qu’à moins que Cécile accepte de m’en faire un pour moi, Emi-chan sera la seule petite-fille qu’elle aura de mon côté. Il fallait que je tue l’idée de Toshi dans l’œuf. Cécile était ma femme ! Jamais, je ne lui prêterais pour qu’il puisse avoir son propre enfant. C’était quoi ce délire ! Alors que j’allais lui dire sa façon de penser je sentis la main de Nino se poser sur mon bras et la voix de Nakagawa-sensei retentit derrière moi. - Messieurs, Lucie-san, vous pouvez entrer. Nous nous tournâmes tous en direction du médecin qui nous regardait avec amusement. - Les… pères, vous pouvez rester encore une demi-heure. Lucie-san, je vous autorise à aller saluer votre… sœur ? ironisa-t-il en jetant un coup d’œil sur le dossier qu’il tenait. Autrement les visites ne seront autorisées qu’à partir de demain 14h00. Lucie prit alors une grande inspiration et se tourna vers moi. - Jun, je te charge d’embrasser Cécile et Emi pour moi. Je vous laisse en famille pour ce soir, d’accord ?
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++Nino++
Nous étions rentrés chez moi puisque c’était plus près de l’hôpital. Il était à peine onze heures mais Lucie dormait déjà depuis une bonne heure. La fatigue accumulée ces deux derniers jours l’avait visiblement submergée. Je la rejoignis en sortant de la douche, la tirant contre moi. (…) L’air de Jun résonna dans le silence de la chambre et me réveilla brusquement. Pourtant il ne fit même pas frémir Lucie. Je me levai en jetant un coup d’œil à l’horloge. Il était quatre heures. A l’instant où je mis l’écouteur à mon oreille, je pus sentir la panique de mon ami à l’autre bout du fil. Après quelques instants j’appris que Cécile avait fait une crise cardiaque et qu’il avait été jeté hors de la chambre de la jeune femme par l’équipe médicale. Ne sachant quoi faire il m’appelait. Nous n’avions coupé la communication que lorsque le médecin était venu à sa rencontre. En raccrochant je retournai dans ma chambre. Lucie n’avait toujours pas bougé et je me sentais bien trop secoué pour la rejoindre craignant de la réveiller alors qu’elle avait tant besoin de récupérer. En attendant le compte rendu de Jun qui n’allait surement pas tarder, je mis de l’eau à chauffer, sortant une tasse, un sachet de tisane et le café en poudre. En fonction du pronostic, je me déciderai pour l’une ou l’autre boisson. Dix minutes plus tard, Jun m’annonça que Cécile était sauvée ou presque, un soupir de soulagement franchit mes lèvres. De l’autre côté du téléphone, mon camarade semblait sonné et perdu car il n’était toujours pas autorisé à la retrouver. Quand il me raconta qu’Emi-chan avait également été retirée de la chambre au début de l’intervention je lui conseillais d’aller la voir pendant que je prévenais Teru et Riida que Jun avait totalement oublié. Et pourtant, le premier était encore l’époux officiel de Cécile et c’était plus que suffisant pour qu’ils s’inquiètent pour elle non ? Ils étaient chez eux, je le savais, mais je dus insister pour qu’ils sortent de leur lit suffisamment afin d’atteindre le téléphone. A l’annonce, ils promirent de contacter Nakagawa Sensei. J’entendis même Teru s’exclamer en voyant que ce dernier avait déjà essayé de le joindre. Une fois ma mission accomplie, je découvris un mail accompagné d’une photo de nourrisson. Cécile était visible, Jun y retournait. Une fois mon breuvage terminé, je rejoignis Lucie. Elle allait surement me reprocher tout à l’heure de na pas l’avoir réveillé mais je m’en foutais. Je tenais trop à elle et à notre enfant pour ne pas vouloir d’abord leur bien-être. Et là, ce dont elle avait besoin, c’était plus de repos et moins de soucis. J’étais moins stressé qu’un peu plus tôt mais je doutais de pouvoir me rendormir. Pourtant, quand elle vint se pelotonner contre moi, je me sentis me détendre et, avant que je ne le réalise vraiment, je sombrai dans un sommeil sans rêve. … - Kazu, réveille-toi… La voix de Lucie traversa ma nuit et dès que je le réalisai, j’ouvris les yeux. Elle était là, une tasse de café frais à la main. Du café ? Elle ne s’en approchait plus avant le début de l’après-midi depuis des semaines… Quelle heure était-il ? - Bientôt treize heure… - Bonjour, … Je lui pris la tasse des mains, la posait sur la table de chevet avant de l’embrasser profondément. Le café n’était pas pour elle, je le savais à présent. Quand je la relâchai, je l’envoyai se doucher avant d’avaler mon café. Elle avait l’air enfin reposée. Après tout, elle venait de faire un peu plus d’un tour de cadran. Je jetai un coup d’œil à mon portable et vis plusieurs mails de Jun et Riida me donnant des nouvelles de Cécile. C’était vrai, je devais l’annoncer à Lucie. - Kazu ? Tu pourras me déposer à la maternité avant ton shooting ou je m’y rends par mes propres moyens ? La voix de Lucie se rapprochait et elle pénétra dans la chambre emballée dans deux serviettes. Je lui tendis la main et quand elle la saisit, je l’attirai contre moi.
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++Lucie++ Il m’avait tiré sur le lit mon dos contre son torse avant de s’agenouiller derrière moi pour sécher mes cheveux. - Lucie, ma douce… Quelque chose clochait. Nino était tendre, doux, inquiet mais je ne l’avais que rarement vu hésitant… comme… quand il était venu me chercher à l’aéroport ce jour-là. - Kazu ? Il y a un problème ? Avec Cécile ? Emi ? Les deux ? - Emi-chan va bien… Jun m’a même envoyé une photo d’elle cette nuit. Regarde ! Il avait dégainé son téléphone et quelques instants après, me le fourrait dans les mains. La photo d’un nourrisson faisant une bulle de salive illuminait l’écran. Si Emi allait bien alors… - Nino c’est quoi le problème avec Cécile ? - Elle… a fait un malaise cette nuit. Mais Jun était là et les toubibs sont tout de suite intervenus. Elle va bien maintenant, il faut juste qu’elle se réveille. Il savait ça depuis cette nuit et il ne m’avait rien dit encore ? Il blaguait là ? - Lucie, tu dormais. Tu en avais besoin et le bébé aussi. Même si ça avait été plus grave je ne t’aurais pas réveillé, sois-en certaine. De toute façon même si j’avais essayé de te réveiller je ne l’aurais pas pu. En me recouchant je me suis presque effondré sur toi et tu n’as pas réagi sauf pour venir te blottir. Il n’avait pas tort, et en toute honnêteté j’aurais bien encore dormi un peu. Les événements de ces 48 dernières heures ne m’avaient pas laissée beaucoup de répit. Nino avait fait preuve de bon sens pour trois. Si j’avais été au courant j’aurais surement essayé d’aller au-delà du point de rupture… Il était toujours derrière moi, occupant ses mains en frottant mon crâne avec la serviette. Je les attrapais le faisant glisser sur mon abdomen, m’appuyant sur le sien pour un moment de tendresse. Ce ne fut que lorsque les baisers qu’il faisait pleuvoir dans mon cou atteignirent mon nombril que je réalisai qu’il m’avait allongé et qu’il me chevauchait à présent. J’allais devoir faire la rabat-joie… - Nino… Cécile, Jun, Emi, le boulot… - On s’en fout… - … Ils nous attendent. Il soupira, avant de se redresser non sans avoir préalablement volé une nouvelle fois ma bouche. - Je me douche et je suis prêt, soupira-t-il. Quand nous arrivâmes à la maternité trente minutes plus tard, nous trouvâmes Jun dans le couloir. - Elle se réveille doucement. Pour le moment vous devriez aller voir Hime-chan.
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++Cécile++
La porte venait de se refermer sur la sage-femme. Cette dernière avait accepté de rapprocher le berceau d’Emilie. « Je reviens dans une demi-heure pour remettre le berceau à sa place, Madame. Vous devez vous reposer… ». J’étais enfin seule avec ma fille pour la première fois depuis… qu’Ohno avait débarqué chez moi hier soir… enfin la nuit dernière. Emilie dormait sagement et je passai doucement ma main sur son front. Presque sans que je ne m’en rende compte, elle était dans mes bras et je la berçais doucement. C’était la seconde fois, et la première fois que je la prenais par moi-même cette jolie poupée. Après sa naissance, ils me l’avaient tout juste montrée avant de la faire disparaitre de ma vue. Satoshi les avait suivis me laissant seule avec le bourdonnement des médecins autour de moi et la présence hésitante de Teru. Quand Jun était enfin arrivé, les émotions que j’avais plus ou moins retenues jusque-là, m’avaient submergée et j’avais pleurée dans ses bras. Pleurée à l’épuisement, jusqu’à ce que les deux autres reviennent avec Emilie.
« Le temps de leur annoncer ton prénom ils avaient été renvoyé dans le couloir, tous. Bientôt, on nous avait emmenées dans cette chambre où nous sommes à présent et où alors que tu dors je mets un point final à ce récit. Une fois que nous avions été installées dans la chambre, j’ai vu la sage-femme te prendre délicatement et te mettre à mon sein. A la surprise de tous, tu as su immédiatement quoi faire, et malgré la gêne du début je ne me suis jamais sentie aussi émue. Ma petite fille, tu es le plus beau présent que ton père m’ai fait. En parlant de ce dernier, il avait débarqué dans la chambre avec son conjoint aussitôt que le feu vert lui avait été donné. Satoshi te regardait avec tellement d’envie que je l’invitai à s’asseoir à côté de moi avant de te placer dans ses bras et cette première nuit je ne t’ai plus tenue jusqu’à ce que la faim te fasse t’exprimer et me réveille quelques heures plus tard. J’avais cru en étant éveillée par tes miaulements que nous étions seules mais j’avais été rapidement détrompée quand Jun t’avais déposée dans mes bras. Ce garçon est définitivement un grand romantique car si je suis sa Princess’ tu es Hime. … »
Je m’étais éveillée à la chaleur de la paume de Jun. L’odeur qui flottait dans l’air, me rendait vaguement nauséeuse et me renvoyait quelques mois plus tôt. Pourtant, cette fois-là, le réveil avait été bien plus douloureux mais je ressentais quelque chose de similaire. Pas seulement l’odeur… mais une certaine angoisse émanant de la main de Jun et la désagréable sensation d’un corps étranger planté dans mon bras. Mais je n’avais pas mal, j’étais juste fatiguée ; vraiment fatiguée. Je tournais ma tête vers mon amant, et, en entrouvrant les yeux, je tombais immédiatement dans les siens. J’y lus le soulagement chasser l’inquiétude et quand il prononça mon prénom un flot de son pénétra dans ma tête. Comme le bipbip, d’un appareil mesurant les battements de mon cœur. - Jun, que s’est-il passé ? croassai-je. - Tu nous as fait peur cette nuit, Nakagawa-sensei a dit que tu devais rester tranquille au moins 24h. - Et ça ? C’est quoi ? - C’est le traitement que vous auriez dû recevoir en avril dernier, déclara le médecin. Je ne savais pas quand il était entré dans la pièce. Venait-il d’arriver ou était-il déjà là avant ? En attendant je ne pus m’empêcher de dire. - Mais… Je ne veux pas. Je veux allaiter et… - Vous ne le ferez pas pendant quelques jours Cécile-san. C’est un moindre prix à payer pour retrouver toute votre santé, ne pensez-vous pas ? Et puis un arrêt cardiaque est suffisant non ? C’était donc cela que Jun voulait dire par « faire peur ». Je comprenais mieux son regard un peu plus tôt. Je tournai la tête là où le berceau était la veille. Il n’y était plus ! - Hime est à la nurserie. Lucie et Nino sont avec elle. Teru est passé ce matin avec Toshi. Ils sont ensuite partis chez leurs parents. M. et Mme Miura vont venir tout à l’heure… - Jun… Arrête… je suis fatiguée. Je veux juste voir Emilie. C’était vrai. Ils allaient tous débarquer les uns après les autres, mais tout ce que je désirai c’était ma fille et Jun. On frappa à ce moment-là à la porte et un couple franchit la porte. L’un poussant un berceau vide alors que l’autre portait ma fille. - Bonjour Maman ! Bien dormie ? Lucie avait pris une voix enfantine pour poser sa question et sourit en me donnant mon enfant. - Salut Cécile-chan. Arrête de nous faire des frayeurs s’il te plait. C’est bon pour personne dans cette pièce. Nino enlaçait amoureusement Lucie en prononçant ces mots. - Kazu, nous allons parfaitement bien. Sensei, te l’a confirmé tout à l’heure. Alors ça suffit. Cécile, on va filer. Maintenant que tu es réveillée, je suis rassurée et tu n’as surement aucune envie de m’avoir dans les pattes. Juste une dernière chose, j’ai eu tes parents au téléphone, ils arrivent demain dans la soirée. A demain. Elle sortit entrainant le gamer à sa suite. - Whoua ! Quelle tornade ! Je me tournai vers Jun dont émanaient ces derniers mots. Il était encore en train de fixer la porte pourtant fermée depuis plusieurs secondes. - C’est juste sa façon de ne pas se laisser aller. Je suis certaine qu’elle mourait d’envie de rester. Sauf qu’elle savait que, moi, je voulais être avec vous deux… - Il n’empêche que pour faire obéir Nino aussi vite,… Mais parlons d’autre chose. C’était ce qu’il avait dit, et pourtant il ne prononçait plus un mot, nous couvant ma fille et moi d’un regard brûlant. Je le connaissais d’ailleurs ce regard, mais il était hors contexte. En temps normal, j’aurais été dans ses bras et il serait en train de me faire frémir sous ses caresses et ses baisers. Là il se retenait, c’était visible. Je me décalais laissant la place pour qu’il me rejoigne. - Viens ! A peine eussé-je lancé l’invitation qu’il nous rejoignait sur le lit, passant l’un de ses bras autour de ma taille et l’autre se posant à la fois sur Emilie et moi. Quand sa tête se fit plus lourde et sa respiration plus lente je sus qu’il avait rejoint la petite dans ses rêves.
- Explication supplémentaire pour Hime:
Pourquoi Hime pour surnommer Emilie parce que c'est du mauvais verlan... Emilie est appelée par tous sauf par sa mère Emi et Emi à l'envers ça peut donner... Hime ...
Voilà c'est tout pour aujourd'hui mais n'hésitez pas à laisser vos impressions, vos questions, vos remarques et vos réactions à chaud ou à froid. | | | Dim 3 Mai - 11:26 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Humeur : en plein jetlag
| Bonjour! Dans ce chapitre la vie va reprendre son cours.... plus ou moins. Alors bonne lecture! - Chapitre 49:
++Cécile++
« …Quand je me rendormis Jun te parlait, te racontant combien il t’avait attendue, combien il était heureux que nous soyons toutes les deux en bonne santé. Maintenant il ne te reste plus qu’à grandir, et dans quelques mois tu auras un ou une camarade de jeu avec l’enfant de Lucie. Je te donnerai ce cahier, quand tu seras en âge de le comprendre. Avec tout mon Amour. Maman. »
Je refermai, le cahier que Jun m’avait apporté hier soir, après sa journée de travail. D’ici quelques heures, mes parents allaient arriver avec Teru. Je n’avais pas tout raconté à Emilie. Entre autres, les heures qui avaient suivi sa naissance, et qui avaient donné quelques sueurs froides à mon entourage et que je ne voulais pas poser par écrits, surtout pour elle… enfin là-dedans. Je regardai, depuis la grande verrière de la cafétéria, les gens aller et venir dans le jardin qui séparait ce bâtiment d’un autre. Bientôt, je devrais remonter pour retrouver Emilie et Lucie, et ceux qui auraient pu arriver pendant mon absence. Ce matin, après que l’on m’eut débranché de la perf, j’avais enfin eu le droit de me lever et d’aller prendre une douche. Mais voilà… j’avais dû prendre sur moi quand j’avais compris que je ne pourrais rester seule plus de quelques minutes d’affilées. Mon plaisir était gâché par la présence de l’aide-soignante derrière la porte. Elle était, de toute évidence, prête à intervenir et j’avais eu le sentiment que ce n’était que parce que je l’avais pratiquement assassinée du regard qu’elle n’était pas rentrée avec moi dans la salle d’eau. Si encore, ça avait été Jun… Lui aurait compris mon besoin de silence. Mais cette dernière, si elle ne m’obligeait pas à parler, soliloquait, vantant la modernité des installations, la chance que j’avais d’en bénéficier… j’avais rapidement renoncé à me détendre sous l’eau, et, une fois habillée, je m’étais hâtée de regagner ma chambre. Emilie était là, éveillée et je l’avais prise dans l’attente d’un biberon qui arriva, apporté par mon homme. - Bonjour Princesse. Comment vas-tu ? - Bien, Jun. Très bien. Ce fut là qu’il me regarda les sourcils froncés. - Cécile, tu te souviens… ta promesse… Je baissais les yeux, concentrée sur ma fille qui commençait à manifester son désir de manger. Je lui proposai mon index qu’elle happa goulûment avant de le téter intensément. - Je suis désolée Jun. Sensei est passé tout à l’heure et vraiment je vais bien… C’est juste que j’ai … - Cécile, même si tu l’as dit, garde tes pensées pour toi pour le moment. Tu t’ouvriras quand tu seras prête. Mais n’oublie pas que tu n’es pas toute seule. Il m’avait alors pris Emilie des bras pour l’installer dans les siens. Puis il lui proposa le biberon qu’elle se mit à vider énergiquement. - Tu es bien la fille de ta mère, Hime-chan. Aussi gourmande qu’elle ! rit-il. Son rire m’avait apaisée, mais il avait bientôt été obligé de repartir. Une fois qu’il fut allé travailler, mon envie de fuir cet endroit m’avait reprise. J’étais juste bloquée par l’idée de laisser Emilie à la nurserie alors que je pouvais me débrouiller seule. Heureusement, Lucie n’avait pas tardée. Elle était arrivée seule. Après m’avoir saluée joyeusement en passant la porte, elle s’était tue. Elle m’avait alors regardé intensément avant de me demander. - Cécile ? Qu’est-ce qui ne va pas ? J’aurai pu tenter une pirouette, comme plus tôt avec Jun, quand il m’avait regardé en fronçant les sourcils, mais je ne m’en sentais pas le courage cette fois. - Je m’ennuie. Tu sais qu’en général je suis capable de rester des jours sans bouger de chez moi… ou presque. Mais là, j’en peux plus. J’ai envie de… je sais pas… faire une randonnée, où même assister à un concert ! A mes derniers mots, elle me regarda effarée, il est vrai que j’y allais fort mais j’aurai donné n’importe quoi pour fuir au moins un moment les quatre murs de cette chambre sans être surveillée comme du lait sur le feu. Lucie comprit-elle mon impression d’étouffer dans cette chambre ? Surement, ou au moins en partie et c’est sur un « défoule-toi bien mais soit raisonnable » de sa part que j’avais quitté la chambre laissant Emilie sous sa surveillance. … Je remontais jusqu’à ma chambre et l’ouvrit en disant : - Désolée Lucie… j’ai pas été trop longue quand même ? - Non tout va bien Cécile. Tu as de la visite.
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++Nino++
En arrivant devant la chambre de Cécile, je m’arrêtai un instant. Derrière la porte devaient se tenir cette dernière et Lucie, sûrement en pleine conversation, discutant layette, biberon ou autre en français. Il allait falloir interrompre ces intéressants bavardages… Mais après avoir toqué a la porte et l’avoir ouverte le tableau qui m’attendait, fut différent de celui que j’avais prévu et me fit littéralement fondre. Dans la chambre je ne vis que Lucie. Celle-ci était assise sur le bord du lit de son amie et surveillait attentivement l’intérieur du berceau de plexiglass. Une main inconsciente caressait son abdomen alors qu’elle fredonnait doucement. Toute son attention centrée sur le bébé de Cécile, Lucie ne m’avait pas entendu et je refermais la porte sans plus attirer son attention avant de m’approcher. - Lucie… Elle leva les yeux et son regard brillant se fixa un instant sur moi avant de se reposer sur l’enfant. - Kazu… Viens la voir. Elle rêve. C’est trop mignon… Je me dirigeai d’abord vers la salle d’eau pour me laver les mains avant de rejoindre l’image de maternité qui avait été mise sous mes yeux juste avant. Je ne comprenais pas bien mon amie, quelque chose m’échappait et j’avais horreur de ça. Etait-ce sa grossesse qui faisait ça ou le simple fait qu’elle soit une femme ? Pour moi, un bébé qui dormait c’était reposant et mignon mais je n’avais jamais trouvé cela plus intéressant que ma petite amie. Lucie, elle m’avait quasiment snobé. C’est donc un peu jaloux que je la rejoignais près du berceau. Je sus pas ce qu’en avait perçu mon amie mais une fois que je fus entré dans son champ de vision elle me tendit la main puis elle vint se blottir dans mes bras avant de me désigner le nourrisson endormi, et j’avais fondu comme une glace en plein été. ‘Kawai, cho kawai’ … Nous étions toujours enlacés son dos contre mon ventre mes mains sur son estomac quand la porte s’ouvrit. Pensant voir la mère du bébé dans l’ouverture, je levai la tête tout sourire. Mais celui-ci se fana quand je vis une jeune femme nippone qui n’était pas membre du service pénétrer dans la pièce. Je m’écartai un peu rapidement de Lucie et cette dernière légèrement déstabilisée s’accrocha sur le bord du berceau. - Gomen, je pensais pourtant que c’était la chambre que m’avait indiquée Teru-nii. Je levai sourcil fâché et demandai - Tu es… ? - La petite cousine de Teruki-nii. Je venais voir Cécile-san et le bébé. - Cécile va revenir. Elle est partie se dégourdir les jambes quelques minutes. Je suis Lucie, une amie de longue date de Cécile. - Ah oui tu étais son témoin au mariage, je te reconnais. Enchantée. La gamine peinturlurée nous regardait un sourire placardée sur son visage, pourtant quand j’avais levé les yeux à son entrée… - A oui, ne vous inquiétez pas pour ce que j’ai surpris tout à l’heure je ne dirai rien. Tout le monde a le droit d’avoir une vie privée même les idols. C’est mon opinion. Donc soyez tranquille, je n’en parlerai pas. - Merci… - Rinoka, Miura Rinoka, sourit-elle. - …Merci beaucoup, Rinoka-san. Reprit Lucie. - Dis-moi, que fais-tu dans la vie, Rinoka-chan ? Tu es à quelle université ? demandai-je à mon tour. - J’ai été diplômée de Waseda au printemps dernier et je suis maintenant professeur d’anglais au lycée rattaché à cette université. Et à côté je donne quelques cours particuliers par exemple à Sakurai-kun. - Ah c’est toi son dernier prof… - Ça veut dire quoi ? - Que Sho-kun est toujours content quand il a réussi à faire entrer un cours dans son emploi du temps de dingue. Tu dois être une bonne prof. - Je peux aussi vous donner des cours Ninomiya-san, si vous voulez ? Vous savez j’ai passé 2 ans à l’université en Angleterre avant de revenir passer mes derniers diplômes ici. - Merci, mais non merci. Heureusement que Lucie était fascinée par la petite parce que le regard que Rinoka avait posé sur moi était loin d’être aussi innocent que sa phrase. Je réprimais un frisson et me demandais dans quelle mesure la cousine de Teru et Sho-kun étaient intimes ? Je le connaissais suffisamment pour savoir que prendre des cours ne signifiait pas toujours pour Sho un cours académique surtout quand son répétiteur était une jolie fille. Cependant je savais aussi que si c’était bien ce que je croyais Sho n’avait surement pas initié l’invitation mais acceptée cette dernière d’autant qu’il s’agissait d’une gamine et de la cousine de Teru… La jeune femme changea de sujet, Lucie l’entreprenant sur ses études en Angleterre et les lieux qu’elle avait eu l’occasion de visiter. Quand Cécile nous rejoignit, la conversation s’approfondit encore et j’en profitais pour kidnapper Emi-chan qui ouvrait de grands yeux quand je lui faisais des grimaces.
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++ Lucie ++
Ce matin, je m’étais réveillée seule, et pas dans mon lit. En jetant un coup d’œil au réveil, je m’aperçus qu’il était presque onze heure. Pour quelqu’un comme moi qui étais toujours plus éveillée aux premières heures de la matinée c’était presque incompréhensible. Comment se faisait-il que je ne me sois pas réveillée plus tôt ? Soudain je me souvins de ce que je l’avais été par Kazu. Il avait chantonné mon nom jusqu’à ce que j’émerge, puis il m’avait annoncé qu’il partait travailler bientôt mais qu’avant… Bientôt j’avais sentis ses lèvres déposer de légers baisers sur mon visage jusqu’à ce qu’il atteignit mes lèvres. Nous nous étions câlinés un moment avant que son téléphone ne sonne, annonçant l’arrivée imminente de son manager. Après un dernier baiser il m’avait quitté en me rappelant l’heure approximative de nos retrouvailles à la maternité. Je ne me souvenais même pas d’avoir entendu la porte se refermer avant de sombrer de nouveau dans le sommeil. Maintenant j’étais devant la porte de la chambre de Cécile, et une fois que j’eus frappé, j’entrai. Mon enthousiasme, à l’idée de les voir toutes les deux, fut rapidement douché face à la morosité évidente de mon amie. Sa frustration jaillissait de tous ses pores. Alors après quelques minutes je lui proposai d’aller s’aérer puisqu’elle en avait le droit. Je serai la première baby-sitter d’Emi. Cette dernière dormait paisiblement dans son berceau et sa félicité était presque palpable. L’enfant en moi serait-il aussi heureux ? Comment allions nous vivre à long terme, Nino et moi ? Pour le moment nous faisions des aller-retour chez l’un ou chez l’autre, mais honnêtement nous n’allions pas pouvoir continuer indéfiniment ou plus exactement je n’allais pas accepter cette situation très longtemps surtout maintenant que j’étais enceinte. Non, en vérité, je ne pourrais sans doute pas accepter ce mode de relation ad vitam aeternam, même autrement. Seulement, je ne savais pas ce qu’en pensait Nino. J’avais tellement de mal à le lire. Il ne dévoilait que ce qu’il voulait bien montrer… Il y avait aussi les parents… ils arrivaient maintenant dans une dizaine de jours et je ne savais pas vraiment comment ils allaient réagir. Depuis l’appel d’il y a un mois, Maman m’avait rappelée comme je l’avais prédit. Il était tôt et je venais de me lever pour aller bosser. Papa était aussi derrière le téléphone et quand je leur avait annoncé…
- Flashback - … - Chérie ? Que voulais-tu me dire l’autre jour ? Pourquoi voulais-tu que nous arrivions plus tôt ? - Parce que … - Lucie… les communications internationales sont hors de prix… La voix de mon père, et son amour pour le téléphone… - … Je voulais, voudrais vous présenter quelqu’un rapidement. - Que veux-tu dire ? - J’ai un bon-ami. L’expression était surannée mais c’était la meilleure pour faire comprendre à mes parents qu’entre Nino et moi c’était sérieux, que ce n’était pas un simple ami ou au contraire un flirt ou … - Comment s’appelle-t-il ? - Ninomiya Kazunari. - Il est asiatique ? - Oui Mama, il est japonais. … Et… célèbre ici. - Tu t’es amouraché d’une de tes starlettes ? Tu n’es pas sérieuse ma fille ? - Si Papa, très sérieuse. C’est pour cela que je voulais que vous le rencontriez rapidement. Mais ça attendra décembre… Comme ça tu auras le temps de te faire à l’idée, ajoutai-je en pensées. … Il faut que je termine de me préparer pour aller travailler. Je vous aime. … - Fin du Flash-Back -
Depuis j’avais eu un nouvel appel de maman et quelques mails me précisant leur date et horaire d’arrivée ou me demandant des précisions sur le type de vêtement à emporter pour la saison mais ils ne m’avaient plus parlé de Kazu. - Lucie… Je tressaillis légèrement en entendant la voix de ce dernier. Je n’avais pas entendu la porte s’ouvrir. Je souris en me tournant vers lui, l’invitant à me rejoindre. Il le fit bientôt et c’est blotti contre lui que je regardai Emi rêver. Soudain, la porte s’ouvrit sur… une inconnue. C’était une cousine de Teru, jeune professeur elle avait fait une partie de ses études en Europe et bientôt nous parlâmes des différents lieux qu’elle avait visités pendant ses études et que j’avais eu également eu l’occasion de découvrir. Quand Cécile revint, elle se joignit à la conversation sans difficulté. Ses traits étaient redevenus sereins ; son temps de solitude, semblait lui avoir permis de faire un point salutaire. Quand M. et Mme Miura arrivèrent à leur tour, Rinoka-chan, puisque c’était ainsi qu’elle souhaitait être appelée, partit après avoir salué son oncle et sa tante. Après son départ, je sentis soudain la main de Nino se décrisper de la mienne. Pourquoi avait-il été aussi tendu en présence de la cousine ? Je ne m’en étais pas aperçu alors… Seule, la pression moindre sur ma main à présent, me le faisait réaliser. Ça… et l’autre main qui venait de m’enlacer la taille à présent alors qu’elle avait disparu pendant la visite de Rinoka. Il me faudrait creuser le sujet plus tard tout comme la question de notre avenir… peut-être. - Maman ! Papa ! Vous avez fait bon voyage ? La question me fit lever le nez des pensées dans lesquels j’étais plongée, et une fois qu’ils eurent embrassé leur fille, les parents de Cécile vinrent m’embrasser avant que j’eus réussi à me dépêtrer des bras de mon amoureux. - C’est une épidémie… sourit le père de Cécile. - C’est officiel ? demanda la mère. Je me sentis rougir jusqu’à la racine des cheveux sous leurs réflexions. Le clan Miura (parents, Teru et Cécile) éclata de rire. Nino qui me suivait de près, posa une main interrogatrice sur mon épaule. Cécile traduisit en reprenant son souffle pour les japonais présents dans la chambre. Jun, Oh-chan et Nino se joignirent alors aux rires des francisant. Je fis mine de bouder et Nino se décida à répondre. - Officieux… nous n’avons pas fait d’annonce, mais nous ne nous cachons pas… nous… dit-il en jetant un tournant son regard en direction de Cécile et Jun pendant une seconde. Cécile ne traduisit que la première partie de la réponse, avant d’ajouter pour mon ami : - Tu sais très bien pourquoi nous ne nous affichons pas le Geek. Alors la ferme ! Les rires redoublèrent, cette fois contre Kazu, et je ne pus m’empêcher de les rejoindre. Vexé, Nino se détacha de moi, se penchant sur le berceau où la petite avait à présent les yeux grands ouverts. Et, la prenant précautionneusement, il déclara… « Il n’y a QUE toi qui me comprennes ma puce… » Les rires qui s’étaient calmés reprirent de plus bel.
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++ Ohno ++
Qui pouvait s’acharner contre ma sonnette ainsi ? La promo de Kaibutsu touchait à sa fin et normalement j’aurai du pouvoir dormir de tout mon saoul ce matin, d’autant que Teru était en déplacement depuis hier soir. Je me levai en grognant, enfilant un pantalon de survêtement avant de me diriger vers l’entrée. De l’autre côté de la porte, mon visiteur s’acharnait toujours sur la sonnette. J’ouvris après avoir jeté un coup d’œil dans l’œilleton. Je n’avais pas un mais deux, non, trois visiteurs. Mais le dernier, qui était le manager en chef, était resté hors champ ; ce dernier étant occupé par les deux benjamins du groupe. - BAKA ! crachèrent en chœur mes deux camarades en guise de salutation. Sur cet unique mot, ils pénétrèrent dans mon appartement, occupant d’office le canapé. Ils étaient visiblement furieux et j’étais, semblait-il, à l’origine de leur colère. - Ohâyo, mina. Qu’est-ce qu’il se passe ? Je vous assure que j’ai pas fait de scandale ces derniers temps. C’est quoi le problème ? - TOI ! Et ta bêtise. M’asséna Nino. Hé ? Mais qu’est-ce que j’avais pu faire pour mériter de me faire insulter au saut du lit. Il n’était que dix heures du matin en plus…. Il ne fallait pas exagérer… - Oï ! Qu’est-ce qui va pas avec toi Nino ? demandai-je. - Ce qui ne va pas Riida, c’est que tu n’es pas fichu de te déguiser correctement dans des endroits fréquenté par des journalistes. Combien de fois je t’ai dit quand nous étions encore ensemble, que s’enfoncer une casquette sur la tête et mettre son menton en avant ne suffisait pas comme camouflage ? - Hein ? Je ne comprenais pas. Mais Murakami-san me donna la clé du mystère en me tendant un mug de café qu’il venait de faire passer, ainsi qu’un magazine. Je reconnus bientôt l’un de ses torchons blindé de rumeurs plus ou moins exact. En couverture, il y avait une photographie. C’était clairement moi. Malgré le rectangle noir qui me barrait le visage, je reconnaissais clairement la tenue et la casquette que j’avais hier matin quand j’étais allé rendre visite à Emi et Cécile. La phrase de commentaire qui allait avec la photo était clairement problématique. « Arashi, papa ? La bonne fortune de notre reporter… en page 2 » - Qu’est-ce que ça raconte ? - En gros pas grand-chose à part que tu as été reconnu par le photographe à l’entrée de l’hosto, qu’il t’a suivi jusqu’à l’ascenseur. Là il a découvert que tu t’étais arrêté à la maternité. En surveillant l’entrée du service, il t’a photographié en train de sortir du service : c’est la photo de couverture. Ensuite il a trainé semble-t-il du côté des salles de repos et de la cafétéria du personnel et a entendu des bruits comme quoi Arashi fréquenterait assidûment le service. - Bah… Y a rien de grave il suffit de tout démentir… - La direction a déjà eu vent de l’article Ohno-kun. La décision est tombée immédiatement. Nous ne démentirons rien. Nous allons laisser la rumeur mourir d’elle-même. Et pour cela il vous est interdit de fréquenter vos amies jusqu’à nouvel ordre. Plus de visites à l’hôpital ou à domicile. Pour aucun d’entre vous. C’est à la fois une punition pour vous qui avez été surpris en train de contrevenir aux règles et un moyen de protéger vos amies qui n’ont pas à être sous les tirs de la presse à scandale. Puis notre manager se tut. Après quelques instants, il se dirigea vers l’entrée, se rechaussa, puis sortit aussi silencieusement qu’il était entré. Un silence pesant s’abattit alors dans l’appartement. Nino et Jun était toujours dans mon canapé visiblement en train d’attendre quelque chose de ma part. Je comprenais leur colère. Ils étaient les premiers touchés dans l’histoire. Ils n’avaient plus le droit de passer du temps avec leurs petites amies. Heureusement que Teru n’était pas concerné… - Gomen les gars… dis-je platement. - Ouais c’est ça… grogna Nino encore plein de rancune. Les parents de Lucie débarquent dans dix jours. Je fais comment pour leur demander sa main si je peux pas aller les voir ? - Hein ? -T’es sérieux là ? demanda à son tour Jun. - Oui. J’ai réfléchi. Je veux que mon enfant porte mon nom. Je ne veux pas non plus être père sur le papier. Je veux élever mon enfant, et je veux vivre avec la femme que j’aime. Maintenant, si je dois partir d’Arashi pour ça… je le ferai. A regrets mais je le ferai. J’ai plusieurs options : changer d’agence pour continuer à jouer ou me tourner plus vers la composition. Je pourrai me contenter d’écrire vos chansons les gars… - Là, tu te fourres le doigt dans l’œil Nino. Je parie que tu n’en as même pas parlé avec Lucie. En plus tu finirais par t’ennuyer à te cantonner dans un domaine. Tu aimes trop la comédie pour laisser tomber le cinéma et pareil pour la chanson. Jun venais d’exprimer ce que je pensais tout bas. Mais dire ça ne changeait pas le problème en tant que tel. C’est-à-dire l’interdiction de voir les filles. - Les gars, plutôt que d’imaginer le pire… si on essayait de trouver quelque chose qui ferait que le boss lèverait son veto et nous laisserait vivre notre vie…
Allez-y ! Lâchez vos comm’ ! A la semaine prochaine | | | Dim 10 Mai - 14:00 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour, bonsoir! A partir de ce chapitre les paramètres de chapitres seront différents de la précédente version (chapitres et continus). C'est pour cela qu'à partir d'aujourd'hui les illustrations seront différentes. En fait c'est surtout celle du chapitre 50 qui est différente de la première édition puisqu'après je n'en n'avais plus fait. Cependant, je vais recommencer à faire mes illustrations. J'espère être capable de continuer à publier au rythme d'un chapitre par semaine mais je ne peux pas le garantir. Gambaremasu! Sur ce je vous laisse profiter du nouveau chapitre qui ce déroule quelques jours après la visite de Jun et Nino chez Ohno. - Chapitre 50:
++Nino++
J’entrai dans le studio éclairé aussi rapidement que possible et repérai, enfoncée dans un canapé, la silhouette recherchée. - Lucie ! Pourquoi tu réponds pas ? T’as oublié ton téléphone avant de partir ? - Nino, tu te calmes, s’il te plaît. On s’est parlé il y a trois-quarts d’heure. Et tes piaillements me donnent le tournis. - Non, ça c’est parce qu’une fois de plus… Son regard noir me ferma la bouche, à moins que ce ne soit le fait de la voir pâlir chaque seconde un peu plus. Un malaise ? De nouveau ? Ils s’étaient pourtant estompés juste avant la naissance d’Emi. Alors que je m’interrogeai, j’ouvrais le tiroir où se trouvait la boite de sucres. Une minute plus tard, je lui tendais le verre dans lequel j’en avais fait fondre deux dans un peu d’eau. Puis, je me glissai entre elle et le dossier, la tenant contre moi, le nez dans sa nuque alors qu’elle s’abandonnait doucement.
Comme tous les matins, depuis le problème des paparazzis, je passais par le studio de Lucie avant l’arrivée des techniciens. Depuis notre séparation forcée, j’avais eu le temps de réfléchir. J’avais pris une décision, et ce matin j’avais décidé de lui dire mais… - Merci… Je relevai la tête et nous déplaçai pour pouvoir l’observer. Ses lèvres reprenaient des couleurs et la menace d’un évanouissement semblait s’éloigner mais le reste de son visage restait bien pâle. Comme je l’attirais de nouveau contre moi elle posa sa tête dans mon cou. Là, maintenant, je n’étais plus bien sûr de savoir si je devais lui annoncer ma décision. Je n’avais pas remarqué jusqu’à présent mais elle me parut soudain encore plus fragile qu’avant notre séparation forcée. - Lucie… Tu vas bien ? Tu manges correctement ? - Evidemment. Et pour la bouffe… tu connais Cécile. Et bien elle tient ça de sa mère… et l’une et l’autre ne sont jamais bien loin en ce moment.
‘…menteuse…’ … c’était évident que quelque chose n’allait pas. Et pour les repas… OK je n’avais rien à dire mais… vraiment quelque chose clochait. Quelque chose la troublait depuis quelques jours. Mais, à chaque fois que j’avais essayé de savoir quoi, elle m’avait parlé de Cécile, de Jun, de Teru et de leurs parents ; de l’arrivée imminente de ses propres parents ou des arrangements pour la tournée qui reprenait le 3 janvier, juste après une pause de 24h pour le nouvel an, où les parents avaient décidé d’organiser une petite fête puisque tout le monde serait disponible et présent. Son argument final était que je lui manquais. Ça je ne pouvais rien y opposer puisqu’elle me manquait à moi aussi. A la seconde où je quittai le boulot, son absence devenait chaque soir plus insupportable. Je n’avais jamais pensé que cela pourrait m’arriver. Je n’avais jamais pensé que ça m’arriverait. Je ne m’étais jamais imaginé comme étant un grand sentimental malgré ce que Jun et Aiba m’avaient plus d’une fois affirmé. Alors pour elle, dont le romantisme filtrait par tous les pores de sa peau blanche…
- Nino… - Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? - … non… rien. Ça non plus ce n’était pas normal. Peut-être devrais-je parler à Jun… Mais lui aussi devait faire face à ses propres difficultés, ses propres décisions. Je pouvais au moins passer voir Lucie ici, mais lui ne pouvait voir ni Cécile ni Emi-chan. Du coup, ces derniers jours, nous avions passé pas mal de temps ensemble, avec lui et Masaki, cela me faisait penser à l’époque lointaine où nous étions juniors et bien souvent inséparables. En fait, à l’époque, nous étions de jeunes adolescents perdus dans un monde à la fois extrêmement cadré et extravagant par bien des côtés. Nous étions alors les uns pour les autres des phares réconfortants et c’est ce que nous étions toujours aujourd’hui. Heureusement, la punition devrait, d’une manière ou d’une autre, être levée demain, après mon entrevue avec le big boss, du moins je l’espérai. En effet, l’affaire était suffisamment grave pour que Johnny-san sorte de sa retraite. Lui qui, à présent, laissait à ses successeurs la plupart des décisions, nous avait fait convoquer dans son bureau demain matin. Johnny-san avait le don de mettre sur la sellette les plus assurés d’entre nous, et, s’il n’était pas simple de lui cacher quelque chose, il était aussi, et avant tout, un homme d’affaire avisé qui avait compris que pour obtenir le meilleur de ses stars, il fallait parfois leur accorder certaines libertés. C’était là-dessus que je comptai, car, tant qu’il ne nous avait pas reçus, nous avions, tous les cinq, l’interdiction d’approcher l’immeuble des filles.
Une sonnerie de téléphone interrompit mes pensées. J’extirpai, de la poche arrière de mon jeans, mon portable et le regardai par derrière la tête de Lucie. Sur l’écran s’était affichée la photo d’un Jun grimaçant. Je l’imitai en décrochant. - Nino t’es où ? - …Au studio, désolé une urgence… pourquoi ? - On a un shooting dans 10 min et toi tu bécotes notre ingé-son ? Tu te fous de moi ! - J… soupirai-je. Il était en colère …ou frustré. Je l’entendis inspirer profondément avant de reprendre. - OK. Bouge pas, j’arrive. Je demande aux autres de commencer sans nous.
**********
++Jun++
J’étais de mauvais poil je le reconnaissais, et j’enviais Nino, ce qui était encore pire. Je l’enviais parce que lui, il pouvait la voir au boulot sa Lucie, alors que Cécile… c’était impossible. Alors évidemment, quand il avait dit qu’il était au studio au lieu d’être avec nous, dans notre loge, je n’avais pu m’empêcher de mordre, c’était sorti tout seul. Mais le ton las qu’il avait eu en m’interpellant, m’avait fait reprendre mes esprits. Il avait forcément une bonne raison pour être encore là-bas.
- Les gars vous pouvez commencer sans nous ? Je vais récupérer Nino. - T’inquiète Jun. Au pire, on fera nos photos de ‘couples’ avant vos passages si vous traînez trop. - Merci Riida, je fais au plus vite. Quelques étages et couloirs plus loin, je me retrouvai devant le studio d’enregistrement où régnait Lucie. Je toquai rapidement avant d’entrer. A part nous, il n’y avait encore personne et je verrouillai derrière moi.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? Le tableau était éloquent mais assez surprenant pour le lieu, Lucie était dans les bras de Nino et ce dernier avait l’air vraiment peu sûr de lui. La dernière fois qu’il avait fait cette tête là en me voyant, c’était quand il m’avait annoncé que Lucie était enceinte. - Lucie n’est pas bien. - Mais si… C’est juste un peu de fatigue, ne t’inquiète pas. Désolée, Jun-kun, vous avez du boulot non ? Alors, allez-y ! J’en ai aussi de toute façon. C’est tout juste si elle ne nous jetait pas dehors. Mais mon téléphone sonna et, voyant le nom apparaitre, je décrochai. - Cécile ? Un problème ? - J’arrive pas à joindre Lucie. Elle doit être à son studio maintenant. Est-ce que tu pourrais lui transmettre un message à l’occasion ? - Lucie ? Elle est à un mètre de moi. - Je peux savoir pourquoi elle répond pas alors ? Elle bosse déjà ? - Nan. Attends, je lui demande. Lucie, Cécile veut savoir pourquoi tu ne décroches pas ton téléphone ? Elle cherche à te joindre depuis tout à l’heure. - Ah oui… désolée je vais en racheter un tout à l’heure, j’ai fait tomber le mien sur les rails ce matin. Que puis-je faire pour Cécile ? - J’ai entendu. Dis-lui qu’on l’attend à 20h pour dîner.
Je fis passer le message et tournai le dos au couple encore à demi soudé, le temps de quelques mots tendres, puis je raccrochai. En me retournant vers Lucie et Nino, je m’aperçus qu’ils n’étaient plus enlacés mais assis côte à côte. Nino prit la parole. - Jun,… Lucie, j’étais venu ce matin pour te prévenir : demain, je dis tout à Johnny-san. - Mais… - Nino ? C’est quoi cette idée ? Tu pourrais nous en parler avant de prendre des décisions comme celle-là ! Tu crois pas qu’on va avoir suffisamment de problèmes entre Satoshi et moi ? Lucie et toi vous êtes tranquilles, pourquoi veux-tu vous couler ? - On coulera pas J. Et justement, je vous en parle maintenant. Je pense juste que c’est important. On va mettre les choses à plat avec les grands patrons et on verra bien. De toute façon, je pense pas que leur cacher notre couple soit la chose à faire, autant faire un tir groupé d’annonces en tous genres non ? - Jun-kun, je fais confiance au jugement de Kazunari sur ce point. S’il pense que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, je suis d’accord avec lui. Sincèrement, je ne risque pas grand-chose à part ne pas voir mon contrat renouvelé l’an prochain. Qui s’intéresserait à une petite ingé-son franchement ? Les risques, c’est vous qui allez les prendre ; alors c’est à vous de voir ce que vous voulez. Juste, ne jetez pas vos carrières au feu pour nous. La scène, c’est quand même votre truc, non ?
Lucie.... Je l’avais oubliée, tout à ma réaction face à l’annonce de Nino. Si elle pensait que les charognards ne se jetterai pas sur elle sur ils la découvraient par hasard, elle était vraiment trop confiante mais bon ; mais… La scène, la JE, c’est vrai que… le shooting ! - Nino, les gars vont pas pouvoir nous couvrir indéfiniment et on nous attend. Allons-y, on en reparlera tout à l’heure. Nino déposa un dernier baiser sur les lèvres de Lucie et nous filâmes.
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++Lucie++
5 Décembre 2011 Cher Journal,
Je suis victime de harcèlement téléphonique. Tout a commencé il y a deux jours, juste après l’article sur les Arashi dans cette espèce de torchon qui prétend au nom de journal. Tout semblerait venir du bavardage des infirmières de la maternité et de la présence dans les locaux d’un fouineur de paparrazzo. Conclusion, lundi, un article est paru annonçant que l’un des Arashi serait père… (Bon d’accord c’est presque vrai, sauf qu’il s’est planté de maman ET de bébé.) Du coup Cécile s’est retrouvée privée des visites de Jun et moi de celle de Nino le temps que tout se calme. Mais, depuis mardi, je reçois des appels étranges. Le numéro est inconnu et quand je décroche j’entends toujours cette même mauvaise blague. C’est un enregistrement : le bruit d’un objet qui explose en tombant au sol suivi d’une espèce de rire hystérique. Ce n’est surement qu’une mauvaise blague mais je ne peux m’empêcher d’angoisser…
Mon téléphone sonnait pour la dixième fois ce matin. Un coup d’œil à ce dernier m’indiquait que c’était encore un numéro caché. Je ne répondis pas mais pris une décision : la prochaine fois, je décrocherais, et si cette charmante personne était encore au bout du fil, je changerai de téléphone. Avec un nouveau numéro, on me laisserait tranquille, du moins je l’espérais ? De toute façon, Cécile avait mon numéro de maison et elle était rentrée depuis quelques jours. De plus, ses parents étaient là, elle n’avait pas besoin de moi.
Le téléphone sonna de nouveau et je commençai par sursauter avant de reconnaître la sonnerie de Nino. - Kazu ! - Lucie ? Ça va ? T’as une voix bizarre ? Mon coup de téléphone matinal. Celui qui devait au départ remplacer mon bisou de réveil. En fait j’étais réveillée depuis longtemps et il me signalait à présent qu’il était l’heure de décoller pour aller bosser… l’appel de Nino. Après un échange de banalités, je raccrochai avec le sourire, prête à affronter la bise de décembre jusqu’à la station de train, la chaleur infernale du métro, puis de nouveau le froid glacial entre l’autre station et celle de la Jimusho. Les joies du Japon, et le pire c’était presque pire en été où il ne fallait pas sortir sans une écharpe ou un pull léger, à cause des climatisations. Alors que j’attendais le train, je ressentis les vibrations de mon portable… numéro caché… Après un instant d’hésitation, je décrochai et entendis le clic de mise en route d’un enregistrement. J’éloignai vivement l’appareil de mon oreille bousculant accidentellement un autre usager. Alors que je m’excusai, le téléphone me glissa des mains avant de tomber sur les rails. Je n’avais pas prévu de m’en débarrasser ainsi, mais puisque qu’il était tombé… je n’aurais pas vraiment à mentir…
(…)
Je levai le nez de mes consoles dans lesquelles j’avais plongé après le départ des garçons. Il était 17h. 17h ! Ça expliquait pourquoi même mon café au lait matinal ne suffisait plus à apaiser mon estomac. Ce dernier réclamait des nourritures plus substantielles. Pourtant, depuis que je recevais des appels anonymes dès que je tentais de remplir mon estomac, les nausées, quasi-absentes jusque-là, m’assaillaient. Alors, sachant que ce soir je serais obligée de le remplir chez Cécile, j’attrapai la pomme que j’avais glissée dans mon sac ce matin. En croquant dedans, je pris la direction de la sortie et me dirigeai vers le magasin de téléphonie le plus proche. J’avais une idée bien précise en faisant cela : investir dans deux téléphones différents. Un pour le boulot et un pour la vie privée; de plus, le second pourrait servir à mes parents pendant leur séjour. Plus qu’une semaine avant leur arrivée… et j’espérai que d’ici là, les choses se seraient apaisées.
(…)
- Lucie ? Réveille-toi, ma belle. J’avais beau entendre la voix de Cécile retentir dans mon cerveau, j’étais bien trop fatiguée pour lui répondre. De retour chez moi après mes achats, j’avais senti une grande lassitude m’envahir et, après m’être mise à l’aise, j’étais allée m’allonger quelques instants … jusqu’à ce que la voix de mon amie perturbe mon sommeil. Que faisait-elle ici ? Comme si elle n’avait pas assez à faire entre Emi, ses parents et ses trois hommes… Le dîner ! C’est vrai, je devais manger chez elle… J’ouvris péniblement les paupières et lui souris. - Désolée, croassai-je. T’aurais dû appeler plutôt que descendre. Je t’aurais dit que j’étais vraiment trop crevée ce soir. Demain, ça ira mieux… - Lucie, j’ai appelé mais comme tu ne décrochais pas, j’ai fini par descendre. T’as couru le marathon ou quoi pour être aussi épuisée ? Ça fait dix minutes que je te secoue et que pour seule réponse j’obtiens des grognements. Telle que je te connais, tu n’as rien mangé avant de t’allonger ; alors non pas d’accord pour te laisser dormir. Tu t’habilles et tu montes ; on t’attend.
J’étais bien trop… ‘tout’ pour argumenter et Cécile m’accorda un quart d’heure pour prendre une douche avant de les rejoindre en haut. Elle quitta ma chambre et quand j’entendis la porte se refermer, je fus extrêmement tentée par l’idée de replonger sous les draps, mais je savais qu’elle reviendrait à la charge, alors je repoussai la couette et me levai pour me diriger jusqu’à la douche. En passant, je jetai un coup d’œil au courrier que j’avais laissé traîner sur la tablette de l’entrée et repérai une enveloppe sans autre indication que mon prénom dactylographié. Je la pris pour l’ouvrir et n’y trouvai qu’une feuille sur laquelle était inscrit un message avec des lettres découpées dans divers magazines. Je me sentis partir et m’assis rapidement au sol, la tête entre les genoux, ces derniers serrés contre ma poitrine. Après un certain temps, la pièce arrêta de tourner et je me relevai pour me diriger vers la salle d’eau. Un coup d’œil dans la glace me fit grimacer et je dénichai au fond d’un tiroir un fond de teint que j’étalai sur mon visage dans l’espoir de le faire paraître moins pâle.
(…)
Enfin fini… Non pas que j’avais passé une mauvaise soirée, mais j’avais profité de l’heure de tétée d’Emilie pour m’éclipser sans être impolie. Mme Bianchi m’avait invitée à aller me reposer au plus vite en me disant qu’elle me trouvait bien fatiguée, et j’avais accepté avec reconnaissance. De plus, j’avais vu les regards en coin que me jetait Cécile et seule la présence de ses parents et de Teru l’avaient empêchée de me cuisiner sur les vraies raisons de ma fatigue soudaine alors qu’une semaine avant j’étais bien plus en forme. Quand la maman de Cécile m’avait interrogée sur ma petite mine, j’avais avancé une trop grande quantité de travail (ce qui était vrai avec la reprise de la tournée en janvier) , le raccourcissement des journées… Je racontais aussi ma mésaventure téléphonique de la matinée (c’est-à-dire la mort prématurée de mon portable sous les roues d’un train) et j’en avais profité pour donner aux personnes présentes mes nouveaux numéros de téléphone. Je retrouvai enfin mon chez moi quand la solitude me tomba dessus brutalement… Nino me manquait. Je caressai mon ventre doucement alors qu’une bouffée d’angoisse m’assaillit. Comment allait réagir Kitagawa-san quand Nino et Jun allaient lancer leurs bombes demain ? Je me sentis oppressée et me recroquevillai sur ma couette. La pièce se mit à tourner autour de moi.
‘Ninoo…’ gémis-je alors que je plongeai dans une obscure mais confortable inconscience.
**************
++Jun++
C’était l’heure. Emi devait avoir terminé de boire et Cécile allait m’appeler d’une minute à l’autre. …D’ailleurs…
- Moshi, Moshi. Bonsoir Princesse ! Comment s’est passée la soirée ? - Bien. Teru et Lucie étaient là pour dîner. Emilie est d’ailleurs dans les bras de son père pour un dernier câlin avant qu’il ne parte rejoindre Satoshi. … Jun… j’aurais aimé que tu sois là… - Moi aussi… mais… J’inspirai avant d’annoncer ce qui allait suivre. - Demain, Nino et moi on va mettre au courant la direction de vos existences dans nos vies. La tienne, celle d’Hime, celle de Lucie. - Nino et Toi ? Lucie est au courant ? - Mm oui. Pourquoi ? Elle t’en a pas parlé ? - Non, mais c’est assez logique avec la présence des parents… ça peut expliquer son état je suppose… - Etat ? Y a un problème avec Lucie ? - Je sais pas… elle avait l’air… épuisée, malade ; elle a à peine touché au repas… - Ça s’est pas nouveau… - Elle évitait de croiser mon regard… je t’assure qu’elle était bizarre. - Attends… Kazu !
Nino sortit de la cuisine où il était parti faire la vaisselle. Il se tenait à présent devant moi, l’air interrogateur. Il désignait le pli marqué entre mes sourcils ces lèvres formant silencieusement les questions ‘quoi’, ‘qui’ et ‘Lucie’. Je lui rapportai les constatations de Cécile à propos de Lucie. Il me prit le téléphone des mains et mit le haut-parleur avant de me le rendre.
- Cécile ? Lucie est toujours chez toi ? - Non, elle est redescendue. - Nino, tu devrais peut-être l’appeler… Je vis mon ami sortir son téléphone et le regarder un instant avant de composer un numéro. Il fronça les sourcils avant de composer un nouveau numéro. Je coupai le son de mon portable et m’éloignais légèrement pour rapporter les actions de mon camarade à Cécile. - Jun… tu sais… elle dort peut-être… Tout à l’heure, je suis allée la chercher et je l’ai réveillée, alors si elle ne répond pas, ça ne veut pas dire grand-chose… - OK… et toi comment s’est passée ta journée ? - Pas mal… Je suis sortie faire les courses avec mon père pendant que maman gardait Emilie et on a même fait un saut à l’ambassade. - Tu es en congé ! Qu’est-ce que tu foutais à l’ambassade ? - J’avais de la paperasserie à déposer… et puis, j’avais promis des photos de la petite à des collègues… Demain, tu m’appelles ? Ou je t’appelle ? - Je passerai. - Vraiment ? Mais les journalistes ?
Je sentais dans sa voix l’inquiétude si elle venait mais il y avait aussi autre chose… De l’espoir ? C’était ce que j’avais envie d’y voir. - On s’en fout. De toute façon, ça fait déjà quinze jours que l’autre torchon a été publié et on a été inintéressants au possible… En plus y a un tas de rumeur autour de mariages en ce moment, alors forcément les fouineurs de tous poils viennent aussi gratter de notre côté. Mais si on reste prudents maintenant, on devrait être tranquilles. J’entendis une porte s’ouvrir de l’autre côté du téléphone et Cécile s’exprima en français rapidement avant de reprendre pour moi. - Jun, faut que je te laisse. Teru va partir et les parents veulent se coucher. - OK. A demain… Je t’aime. - Je t’aime aussi.
Je raccrochai et constatai que Nino se trémoussait nerveusement à mes côtés. - Nani ? demandai-je, mes pensées encore tournées vers Cécile. - Lucie répond pas… Jun. - Cécile dit qu’elle était fatiguée et qu’elle a dû se coucher direct. T’appelleras demain. Ne te mets pas la rate au court bouillon, répondis-je dans l’espoir de le soulager un peu de son inquiétude. - Peut-être… En plus elle est du style marmotte… Tu te rends compte que je l’ai déjà retrouvée endormie sur un coin de canapé, le temps de mettre la bouilloire sur le feu. Elle avait la lumière en pleine figure et le téléphone s’est mis à sonner à ce moment-là. Ça ne l’avait même pas fait tressaillir. - Ça prouve qu’elle est en confiance avec toi non ? C’était quand ? - En septembre, quand on refaisait connaissance. - Bon, ben tu vois… Si déjà en temps normal, elle a le sommeil lourd, alors imagine maintenant qu’elle est enceinte… Ça va être encore pire. Crois-moi. - Ouais… Enfin, même si on le savait pas à l’éposque, elle était déjà enceinte tu sais. - C’est vrai… J’arrive toujours pas à savoir si vous êtes cinglés ou chanceux tous les deux… En tout cas vous êtes des rapides… - Baka. Bon alors… Demain on monte tous les deux ? - Hai !
Nous avions décidé d’affronter la direction ensemble. Dans la mesure du possible et en discutant avec les autres, nous avions décidé de passer sous silence la relation entre Teru et Riida, mais Nino et moi devions protéger Cécile et Lucie et pour cela nous avions décidé de faire preuve de transparence envers les patrons. Du temps de nos années lycées, la copine d’Aiba-chan avait été harcelée par ses camarades et plus tard à chaque fois que l’une de nos hypothétiques relations étaient annoncées dans un torchon, il y avait toujours des folles pour demander au patron de faire avorter nos histoires ; alors, soit il fallait que personne ne sache quoi que ce soit, soit il fallait que la direction nous donne un coup de main. Pour Nino et moi, la seconde solution était la plus sûre, donc… Il commençait à se faire tard et nous commencions tôt mais je sentais Nino hésiter. L’idée de s’éloigner plus de chez Lucie l’embêtait-elle à ce point ? Oui sûrement autant que moi quand Cécile était enceinte et seule. Il était encore assis sur le canapé et je le voyais lutter contre l’envie de me demander l’hospitalité pour la nuit. Je décidai d’épargner sa fierté pour ce soir et allai chercher des draps et des vêtements de nuit dans ma chambre. Je lui jetai le tout sur les genoux et quand il leva ses yeux interrogatifs vers moi je souris. - Si tu lèves tes fesses dans les 10 secondes je t’aide à déplier le canapé autrement tu te débrouilles. - Désolé pour le dérangement, marmonna-t-il en se levant pour poser les draps sur le fauteuil à côté.
Voilà pour aujourd'hui! Bonne semaine à tous et à dimanche prochain. :bye: | | | Dim 17 Mai - 10:27 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour!! Voici le nouveau chapitre: le 51. - Chapitre51:
++Aiba++
Depuis quelques jours, Lucie était bizarre. Nino avait été le premier à s’en apercevoir, mais maintenant qu’il nous l’avait fait remarquer, je réalisai que ça avait dû commencer juste après la naissance d’Emi quand Riida s’était fait chopper à la maternité. Cela avait-il un lien avec ça ? Quand je lui avais demandé, Lucie m’avait affirmé que non, mais, pas plus que les autres, je ne l’avais crue et n’avais pu, jusqu’à présent, lui faire cracher le morceau. Alors, puisqu’aujourd’hui j’avais fini tôt le boulot, et que, ce matin même, l’embargo autour de l’immeuble des filles avait été levé, j’avais décidé de passer chez elle pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait.
Une fois ma moto garée, j’étais allé sonner à l’interphone de mon amie, et elle m’avait invité à monter. Sur le palier, sa porte était entrouverte, et depuis le gekkan, je pouvais entendre deux voix féminines qui ne parlaient pas en japonais. Je souris. Si Cécile était là, j’allais peut-être pouvoir prendre Emi-chan dans les bras. Parce que jusqu’ici je n’avais pas vraiment eu ma chance : Il y avait toujours eu Jun ou Riida pour la kidnapper quand elle n’était pas dans les bras de sa mère. Je m’arrêtai dans le chambranle de la porte séparant le couloir de la pièce principale : Lucie était en train de faire fonctionner sa machine à café, et, me tournant le dos, se tenait une chevelure qui ne pouvait en aucun cas être celle de Cécile-san. Nous sortions tout juste d’une crise, et le sermon que nous avait servi la direction résonnait encore dans mes oreilles. " Pas de scandale, pas de vagues, discrétion, discrétion et discrétion !..." devaient être notre mot d’ordre alors "Pas de nouvelles fréquentations pour le moment." Cette phrase avait été la conclusion de notre engueulade. Comment faire alors qu’une inconnue était dans la cuisine de Lucie. Je ne me posais plus de question car Lucie-chan se retourna pour tendre la tasse de café à son invitée et m’aperçut à ce moment-là. - Aiba-chan entre voyons, que je te présente Lena. La jeune femme se leva et se tourna vers moi tout sourire. Outre sa chevelure châtaine aux reflets roux qui lui tombait jusqu’au milieu des omoplates, elle avait un visage volontaire et un sourire qui éclairait, en ce moment, tout son visage. - Lena, dois-je vraiment te présenter Aiba Masaki ? Aiba-chan voici Lena Müller. - Bonjour Müller-san. - Bonjour Aiba-san. Mais appelez-moi Lena s’il vous plait. Vous étiez le seul membre d’Arashi que je n’avais pas encore rencontré entre le boulot, Cécile et Lucie. - Vraiment ? -A l’origine, je suis une connaissance de Cécile, mais forcément quand on fréquente Cécile, on finit par rencontrer Lucie donc… - …Quand elle va voir Cécile et que cette dernière est absente, comme aujourd’hui, elle tente sa chance ici et y reste quand je suis là. Et c’est comme ça qu’elle peut enfin faire ta connaissance de manière impromptue. - Et pour Sho-kun ? - C’est grâce à lui que j’ai rencontré Cécile… pour les autres… Lena avait prononcé ces mots avec un accent bien plus prononcé que celui de Lucie et Cécile. Ce dernier la rendait fascinante, tout comme sa bouche… et ses yeux !... Ses yeux pétillaient, tout comme ceux de Lucie vers qui elle venait de se tourner et qui je regardais parce que j’avais suivi le mouvement de tête de Lena puis la direction de son regard. En fait, les yeux des deux femmes pétillaient d’un rire dont je ne saisissais pas le sens. Lucie dut le voir car elle ajouta. - Ben… disons que certaines rencontres ont été plus officielles que d’autres, n’est-ce pas Lena ? - Ça c’est sûr ! Leur fou-rire, jusque-là maitrisé, explosa et je m’insurgeai : - Hé ! Moi aussi je veux rire !
********
++ Lucie++
La réaction légèrement scandalisée d’Aiba-chan était compréhensible. Mais le souvenir de la rencontre de Nino et Lena était tellement drôle que j’avais du mal à reprendre mon calme pour la lui narrer. Celle-ci avait été plus ou moins … électrique ? Elle avait eu lieu courant septembre. A cette époque, Nino passait toutes ses soirées libres avec moi avant de repartir chez lui quand les douze coups de minuit retentissaient ou plus tôt les fois où il avait un travail aux petites heures du jours.
-FlashBack-
Léna et moi étions sorties faire du lèche-vitrine un après-midi-là, et, en arrivant chez moi, je lui avais proposé une tasse de thé avant de repartir. Pendant que l’eau chauffait, j’étais allée mettre en route mon ordi. Je devais y noter une idée qui devait solutionner un problème de mixage et qui avait germé pendant notre sortie. J’avais galéré sur ce problème toute la matinée et la solution m’était apparu en essayant une robe un peu plus tôt. Quand j’étais revenue, Lena s’était éclipsée dans la salle de bain. Ce fut ç cet instant que j’entendis un double hurlement et un bruit de chute. Me dirigeant vers les lieux du crime, je trouvai Nino allongé sur le sol, alors que Lena le fusillait du regard en position de défense. Ce fut du moins ce que je découvris après avoir allumé le plafonnier de l’entrée car l’ampoule de la salle de bain avait claqué à un moment donné pendant la scène. - Qu’est-ce qu’il se passe ? avais-je demandé. - Ce pervers vient de me sauter dessus. - Excusez-moi, j’ai cru que… Je vous ai prise pour… dans la pénombre… désol… - Nino, tu t’enfonces. Tais-toi. Lena, viens ! L’eau chante. Il nous rejoindra bientôt, ne ? - Hai. J’arrive dans quelques instants. Quelques minutes plus tard, Kazu était venu nous rejoindre, s’excusant pour la confusion et annonçant qu’il avait réglé le problème en changeant l’ampoule du plafonnier. Cette dernière avait claqué au moment où Léna avait appuyésur l’interrupteur de la salle d’eau quand elle avait voulu se laver les mains.
-Fin du FlashBack-
- Vous voulez dire que vous l’aviez jeté au sol ? - Non… enfin oui. Mes réflexes ont joué. Je ne suis pas deuxième dan de judo pour rien, énonça l’air de rien mon amie à l’idole. - Donc c’est comme ça que vous avez fait la connaissance de Nino. Et les trois autres ? - Pour Sakurai-san c’est très simple, j’ai été stagiaire observatrice à News Zero au début de l’année. C’est lors d’une party qui clôturait un meeting à l’ambassade de France qu’il m’a présenté Cécile. - Lena travaille maintenant aux faits divers pour NTV. Elle a été l’une des premières à avoir eu vent du scandale de la maternité, mais le temps qu’elle alerte Sho-kun, il était déjà trop tard. - C’est juste avant, que j’ai rencontré Ohno-san pour la première fois. Il a débarqué dans la chambre de Cécile, alors que je lui rendais visite à la maternité. - Et Jun-chan ? Vous l’avez rencontré quand ? - J’ai rencontré Matsujun en avril, avant l’arrivée de Lucie, un jour, à l’appartement de Cécile. Par la suite, nous nous y sommes croisés plus d’une fois… - Soka… En attendant, ravi de faire votre connaissance Lena-san. - Eto… Appelez-moi Lena, juste Lena. Sakurai-kun m’appelle Müller-san uniquement dans le cadre professionnel. Et Lena-san…, non pas pour toi vous - OK…, mais seulement si tu arrêtes de m’appeler Aiba-san et le vouvoyement… et si tu ne m’appelles pas Aiba-tout-court. Lucie m’appelle Aiba-chan la plupart du temps et Cécile ne m’a jamais appelé autrement que Masaki alors choisis quelque chose, comme tu veux. - Vendu ! Masaki-kun, c’est bon ? - C’est correct Lena-chan ! (…)
Depuis une demi-heure, Lena et Masaki tenaient salon dans ma cuisine et semblaient avoir oublié jusqu’à mon existence. Non pas que cela me dérangea réellement… il me semblait que j’étais témoin d’un coup de foudre. Puisqu’ils étaient en train de flirter, j’allai récupérer le courrier que j’avais déposé dans le gekkan en entrant. Et ce fut à ce moment que j’aperçus, au milieu des prospectus, une nouvelle enveloppe du corbeau. Maintenant, mes angoisses me reprenaient et la tête me tournait. Je n’aspirais plus qu’à aller m’allonger. Les voyant toujours totalement absorbés l’un par l’autre, je m’éclipsai dans ma chambre, et m’effondrai sur le lit avant de fermer les yeux.
*********
++Jun++
- Tadaima ! Nino ôta ses chaussures à mes côtés et partit en direction de la cuisine d’où provenait la voix si particulière d’Aiba-chan. Quand il était là, leurs fou-rire avec Lucie et Cécile ne leur permettaient généralement pas de nous entendre. Mais Cécile n’était pas là ce soir puisqu’elle dînait avec Teru, Riida et leurs parents. Elle m’avait envoyé un mail un peu plus tôt et devait me prévenir quand elle serait rentrée. Du coup, j’accompagnais Nino pour essayer de faire causer Lucie. Depuis quelques jours, ses malaises avaient repris, et si personne ne semblait comprendre pourquoi, Nino semblait convaincu que Lucie nous cachait quelque chose mais elle refusait d’en parler avec qui que ce soit. Il avait même envisagé l’idée de fouiner une nouvelle fois dans son journal, mais avait vite renoncé d’autant que, depuis septembre, Lucie avait mis un mot de passe sur le fichier.
Seuls Nino et moi étions au courant pour la reprise des malaises car Lucie ne voulait pas inquiéter Cécile. Entre ses parents, et les diverses visites qu’elle continuait à faire et recevoir, sans compter la fatigue inhérente à la présence d’un nourrisson dans une maison, elle était effectivement bien assez occupée et préoccupée comme ça. Alors ce soir, profitant de son absence, Nino et moi avions décidé de tenter la technique du bon flic méchant flic pour faire parler Lucie. J’allais être le méchant puisque je l’avais toujours un peu plus impressionnée que les autres. Mais en entrant dans la cuisine, nous eûmes la surprise d’y trouver Lena et non Lucie, en grande conversation avec Masaki. Quant à la maîtresse des lieux, elle n’était visible nulle part.
- Bonsoir Lena-chan. Masaki, qu’est-ce que tu fous là ? T’avais pas une émission de radio ce soir ? - Bonsoir Matsujun, Nino-kun… - …J’étais venu parler avec Lucie… Tiens ? Elle est où ? La radio ? Non c’est demain…
Je n’écoutai plus ce que racontait Aibaka, observant Nino qui après avoir regardé dans le bureau, repartit vers l’entrée et la chambre de son amie. Quand il revint quelques minutes plus tard, ce fut pour renvoyer Aiba-chan gentiment mais fermement vers ses bestioles. Lena-chan le suivit immédiatement quand j’annonçai l’absence de Cécile pour la soirée, d’autant que Nino nous avait informés que Lucie dormait déjà. Une fois les deux autres partis, j’hésitai à m’éclipser à mon tour pour attendre l’appel de Cécile chez moi en compagnie de Nuit. Voulant prévenir Nino, je vis qu’il était déjà reparti vers sa dulcinée et, m’approchant de la porte entre-ouverte, j’aperçus la demoiselle recroquevillée sous le plaid qu’elle posait sur sa couette ; Nino s’était assis à ses côtés, hésitant visiblement quant à la conduite à suivre : la réveiller ou la laisser se reposer. Renonçant à partir, je retournai vers la cuisine et décidai de dîner avec eux. Les connaissant, ils sauteraient un repas sans le moindre remords et Nino se jetterait une nouvelle fois sur n’importe quelle cochonnerie demain quand l’un de nous lui demanderait quand il avait pris un repas en entendant son estomac grogner. Au moins là, le repas serait sain. Quand ce fut prêt, j’allais chercher le geek. Il s’était décidé à veiller sa belle tout en jouant de la DS. Après de vains efforts pour secouer la marmotte qui continuait à dormir, Nino déposa un léger baiser sur son front et me rejoignit à la porte de la chambre. - Je crois que nous n’en saurons pas plus ce soir, me déclara-t-il en plongeant dans son bol de riz. Ça, je m’en doutais déjà, mais une heure plus tard, une sorte de fantôme nous rejoignit. - Bonsoir… Lucie fit le tour de la pièce du regard avant de reprendre. - Aiba-chan ? Lena ? - Ils sont repartis. Lucie vient manger. Je m’étais levé en disant ces mots pour lui servir un bol de soupe et un peu de riz que je posai devant elle. Elle me remercia avant de commencer son repas. C’était l’occasion idéale, pour la questionner, mais un coup d’œil à Kazunari me fit comprendre que ce dernier reculait, trop inquiet de la réaction qu’il pourrait déclencher en la questionnant. Lui qui avec n’importe qui n’hésitait pas à mettre les pieds dans le plat, était comme paralysé face à la femme qu’il aimait. D’ailleurs, il enlaça Lucie un instant avant de déposer un baiser sur sa tempe et de sortir de la pièce en me jetant un « Je vais au conbini, tu as besoin de quelque chose ? ». Le «lâcheur » que j’avais en tête, je tâchai de lui transmettre avec mon regard et dans le ton de mon « non » et vue la vitesse avec laquelle il srotit de l’appartement me laissait à penser qu’il avait parfaitement conscience de ce fait. Une fois la porte refermée sur ce dernier, je décidai de me jeter à l’eau. Après tout, je n’arrivais pas à imaginer Lucie en tyran, en dehors de sa cabine. Et encore là, ce n’était que pour obtenir le meilleur de nous-même. - Lucie, commençai-je, Y a-t-il quelque chose qui te perturbe ? - Non. Répondit-elle, sans lever les yeux de son bol. - Tu peux me l’affirmer en me regardant en face ? - Nan. - Alors pourquoi ne te confies-tu pas à quelqu’un ? Nino n’attend que ça. - Ça ne changerait rien. - Tu n’en sais rien. Ça te soulagerait au moins. Tu as une sale tête en ce moment tu sais. - Je peux gérer toute seule. - Nino s’inquiète, Cécile s’inquiète, moi aussi… - Tu oublies Aiba-chan mais ça ne change rien. Ça va passer, comme tout et ensuite tout ira bien. Elle disait ça d’un ton fataliste. Et puis, reposant ses baguettes, elle me regarda droit dans les yeux et ajouta. - Tu peux dire à Nino que s’il décide de lire mon journal il saura, mais que cela entrainera mon départ immédiat du Japon. En plus ça réglerait le problème... - ...Pars pas ! Je ne lirai pas. J’attendrai que tu parles, mais… Nino s’était précipité vers Lucie en prononçant ces mots. Entourant la taille de la jeune femme de ses bras il s’était agenouillé près d’elle. Ils s’observèrent un moment avant que cette dernière ne capitule, devant la détermination du geek. - Je suis désolée, les gars. Je ne veux pas vous inquiéter. Je vous promets que ce n’est rien. Elle ne semblait toujours pas décidée à parler mais et je pouvais voir à la manière dont Nino s’était redressé le statu quo ne lui convenait pas vraiment, mais la petite française semblait savoir comment lui faire oublier son énervement puisque quelques instants plus tard, ils étaient de nouveau enlacés. J’espérais vraiment que Cécile et moi n’étions pas aussi collés et collant quand nous étions ensemble en public, c’était franchement ennuyant voir même écœurant. J’étais là ! Merde à la fin ! Non ; Cécile et moi n’étions pas ainsi en leur présence, j’en étais quasiment certain. Nos mois de cachotteries nous avaient forcément appris à être discrets, même en présence de nos amis, chose à laquelle ces deux-là, ne semblaient pas penser. Quand Nino réalisa ma présence, il me regarda, étonné, avant de déclarer. - Ben qu’est-ce que tu fous encore là J ? J’ai croisé Cécile dans l’ascenseur tout à l’heure, elle est rentrée ! Et elle m’a dit que ses parents étaient partis pour deux jours en vadrouille avec les Miura.
Il n’aurait pas pu me le dire plus tôt cet animal ! Je sortis de la pièce avec soulagement, pour rejoindre Cécile et Hime pour la nuit.
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++ Ohno++
Je m'étais réveillé tôt ce matin. Bien plus tôt que ne l'exigeait mon planning aujourd'hui ou même celui de Teru. Lui dormait toujours, couché sur le ventre, la tête tournée vers moi. Bien que je l’eusse volontiers invité à des jeux pour occuper notre début de matinée, je me retins. S'il était maintenant dans notre lit, il n'était pourtant pas encore rentré quand j'avais décidé de poursuivre ma nuit, non plus dans notre canapé mais dans le lit à minuit passé. Ce n'était pas une surprise, il m’avait prévenu qu’il avait une réunion qui s’éterniserait. C’était une de ces audioconférences avec un pays occidental. Il y était souvent convié car son aisance avec des langues telles que l’anglais et le français étaient des atouts qu’appréciaient et n’oubliaient pas d’exploiter ses employeurs. Après un dernier regard sur son corps alangui, je me levai et rejoignis mon atelier car je savais que mon désir ne le laisserait pas en paix si je restais auprès de lui. Là, un disque d'ambiance zen mis en route, je plongeai dans mon dernier projet artistique. (…) - … asu ! … Sato ? - … Mmm ? - Sato, je vais y aller… soupira-t-il me faisant définitivement revenir sur terre. Il était juste de l'autre côté du chevalet dont il respectait la frontière à ma demande : Je ne voulais pas qu'il voit ce projet avant qu'il ne soit achevé. Il était habillé de pied en cap. Prêt à partir trav... ah non... pas travailler puisqu’à la place de son costume de cadre, il portait un pull qui moulait son torse. Le col d'un polo que je savais griffé d'un célèbre crocodile en sortait. Quant à ses fesses musclées, il les avait enveloppées dans un jeans… Mmm… Je m'essuyai rapidement les mains et ôtai la chemise que j'utilisais comme blouse avant de me coller à lui. - Sato... je suis attendu ... - Mais moi, je t'ai attendu toute la nuit... et puis… tu vas où ? C'était peut-être puéril. … Parce que je savais parfaitement où il allait à présent. Mais, quand il m'avait sorti de ma transe créatrice, j’avais oublié ce détail. Malheureusement, je savais aussi que s'il était pour lui l'heure de partir cela signifiait qu'il était plus que temps de me préparer. Cependant, il répondit à mon caprice. - … Chez Lucie. C’est aujourd’hui que ses parents arrivent… Et … - …vue les derniers scandales de notre agence, ce ne serait pas une bonne idée que Nino se fasse griller en allant accueillir sa future belle-famille à l’aéroport … je sais… Mais… On s’est à peine vus ces derniers jours avec nos emplois du temps de dingue. - Le week-end prochain sera à nous ! - Non le week-end prochain sera notre première nuit avec Emi… et ce soir je te rappelle qu’on dîne chez tes parents avec les parents de Cécile, Cécile, Jun-kun… - … et ma frangine puisqu’elle arrive aussi aujourd’hui. Ô Joie ! Le retour de la Fan-Girl… avec sa marmaille mais sans son mari qui ne débarquerait que pour les fêtes… Comme j’aurais aimé que cette dernière en face autant… Je l’aimais bien mais… Tout en discutant, Teru avait réussi à m’extirper de mon atelier et m’avait tiré jusque dans un fauteuil. Bientôt il était sur moi, posant ses lèvres sur mon visage s’approchant petit à petit des miennes… laissant mon esprit se vider de tout autre chose que mon plaisir et le sien… … jusqu’à ce que son maudit téléphone ne se mette à couiner. Enfin jusqu’à ce qu’il l’entende, m’obligeant à en prendre conscience à mon tour quand il se désintéressa des soins que je lui prodiguais et me repoussa loin de ses genoux. Il récupéra le pantalon que j’avais fait tomber sur ses chevilles et glissa deux doigts dans une de ses poches pour en extirper son oreillette. Une fois qu’elle fut greffée à son pavillon, il se mit à bavarder avec son interlocuteur et j’eus l’impression de ne plus vraiment exister. Avait-il fait la même chose avec Cécile ? C’était dans ces moments-là, où la colère, la frustration et la jalousie se bousculaient en moi, que ce genre de questions incongrues me traversait. Mais … Comme toujours, profitant d’un soliloque de son interlocuteur, il posa ses lèvres sur les miennes, esquissant une grimace d’excuse qui, comme à chaque fois, faisait fondre mes ressentiments. Pourtant il écoutait attentivement la voix de son collaborateur puisqu’il semblait y répondre avec sa perspicacité habituelle alors qu’il s’éloignait pour mettre ses chaussures. Avant de refermer la porte de l’appartement, il m’adressa un dernier signe signifiant « je te maile quand j’ai fini » m’abandonnant à la solitude que j’éprouvais chaque fois que j’étais seul ici. En l’espace de quelques mois, pas même une année, il avait réussi à me rendre plus dépendant de lui que je ne l’avais jamais été de Jun. Mais en réalité, si ce lien s’était finalement matérialisé cette année, il avait dû se filer pendant nos onze années d’amitié. C’était du moins la théorie de Sho-kun. Ce dernier me l’avait exposée lors d’une soirée autour d’un verre pendant la tournée l’été dernier. Je retournai dans mon studio pour nettoyer mes pinceaux puis je filai sous la douche. Là je pris une nouvelle fois conscience des dégâts physiques et émotionnels que provoquait sur moi Teru. Comment pouvait-il garder autant de maitrise sur son corps alors qu’il m’abandonnait dans un état aussi pitoyable ? Il était suffisamment maître de lui-même pour maîtriser sa libido, me quitter au milieu d’un câlin, pour partir de chez nous trois minutes plus tard, tiré à quatre épingles, alors que j’étais encore bien excité dix minutes après sa disparition. Pour nos prochains ébats il ne faudrait pas que j’oublie de neutraliser son foutu appareil… et pourquoi pas sortir certains de mes jouets de leur boite. J’émergeai de la salle de bain juste avant que mon manager ne sonne pour me prévenir de son arrivée dans les dix prochaines minutes. Aujourd’hui je retrouvais Sho sur le tournage de mon drama avant que nous ne filions jusqu’à la NHK rejoindre les autres pour la préparation du Kohaku. Quand nous arrivâmes dans l’après-midi seul Aiba était là. - Bonjour Masaki ! - Salut Riida, Sho-kun. Le tournage s’est bien passé ? - Parfaitement. Mais… Où sont les deux autres ? Sho avait raison, ni Nino, ni Jun n’étaient visibles. Et il n’y avait nulle trace de leurs affaires. - Jun avait une réunion pour son drama, Nino devait repasser à la Jimusho avant d’aller chez Lucie. Ils sont partis il y a un moment déjà. Et puisque vous êtes là, je peux espérer que nous finirons tôt… J’ai des projets pour la soirée. Le rose et le sourire qui s’affichait sur le visage d’Aiba depuis quelques jours à chaque fois qu’il évoquait ses projets de soirées, faisaient plaisir à voir. Il me rappelait l’époque où Nino et Jun le taquinaient sans finesse sur sa relation avec Ko..truc ; la fille qui lui avait brisé le cœur alors que nous commencions tout juste à sortir la tête de l’eau en tant que groupe. Depuis, à jouer dans l’ombre de notre gamer, je ne l’avais plus jamais vu heureux. Quand il était venu me parler au printemps dernier, il m’avait semblé désespéré, venant même à douter de son hétérosexualité.
************
++Aiba++
Sho-kun et Riida étaient enfin arrivés, nous allions pouvoir nous mettre au travail. Préparer le Kohaku n’était pas une mince affaire, même si nous n’étions que les présentateurs… En fait l’avantage d’être cinq (six avec Mao-chan), c’était que nous pouvions quand même nous passer le relais. Nous voulions être là pour saluer les différents artistes qui venaient répéter. De plus, Jun avait exigé de nous cette année, que nous connaissions l’ordre de passage de chacun afin d’être plus à l’aise lors du show en direct. L’année dernière, je ne m’en étais pas soucié… Maintenant, je réalisais le stress supplémentaire que j’avais subi à devoir compter sur mon oreillette. J’avais peut-être la tête farcie de détails inutiles maintenant, mais c’était un gain de temps indéniable pour tous. Grâce à cela nous étions tous en mesure de guider aux mieux nos collègues artistes. Je passais maintenant le relais à la Yama, comme les nommait Lu-chan quand nous chattions, et filai terminer mon programme de la journée avant de passer chercher Lena-chan au centre de presse. Ce soir, elle venait découvrir mon appartement, et mon univers. Depuis notre rencontre chez Lucie il ne s’était passé qu’une semaine ; plus exactement 6jours, 20 heures et euh… quelques minutes… Comment je pouvais savoir ça moi ? J’étais profondément atteint, c’était évident. Si Nino et Jun s’en rendaient compte j’allais en voir de toutes les couleurs avec leurs vannes… Heureusement, ils étaient trop obnubilés par Lucie et Cécile pour me prêter suffisamment d’attention… Par contre quelque chose dans le regard de Riida tout à l’heure m’avait fait comprendre que je n’avais pas été aussi discret que cela… Enfin ; ce soir elle venait dîner chez moi. Nous nous étions contenté, jusque-là, d’un café le premier soir, n’arrivant pas à nous quitter après que Nino nous eut jeté dehors. Le lendemain nous avions été au restaurant et au cinéma voir Kaibutsu. Pendant la séance et dans le noir, je lui avais volé notre premier baiser tel un adolescent. Avant-hier, je l’avais raccompagné jusque chez elle ; elle m’avait invité à prendre un dernier verre qui s’était prolongé tendrement sans pour autant que nous ne franchissions la ligne. Mais en repartant, j’avoue que je n’avais pas été aussi frustré depuis bien longtemps. Alors ce soir je mettrai tout en œuvre pour… - Aiba-san, je vous ai demandé un regard mignon et innocent ! Ce shooting est pour popolo par pour un Anan sexy ! - Excusez-moi, photographe-san. Aiba Masaki ! Concentre-toi !
(…)
- Et voilà… c’est mon chez moi. Je venais d’ouvrir la porte de l’appartement et y pénétrais. - Entre Lena, je t’en prie. Voici des chaussons. - Merci… Une fois que j’eus pris son manteau pour l’enfermer dans le placard, loin des griffes de mes compagnons, elle reprit la parole. - Eto… Masaki-kun… Tu m’avais parlé de chiens, de chats… mais je n’entends rien… c’est normal ? Je jetai un coup d’œil à ma montre. - Oui. Mes chiens sont encore au parc avec leur dogsitter. Quant aux chats, tu les verras sûrement dans le salon. Effectivement, mes félins se prélassaient à leurs places favorites. J’allai gratouiller la tête de chacuns d’entre eux, les présentant à Léna. Pendant que je cherchai de quoi nous désaltérer j’invitai mon amie à s’installer au salon. Pourtant je sentis ses bras entourer mon torse et ses lèvres se poser sur mon dos. - Masaki… Tu as conscience que nous ne sommes plus des gamins ni l’un ni l’autre… ? Moi qui tentais de ne rien brusquer… Non pas par manque d’envies… au contraire… Mais plutôt par peur d’aller trop vite. Je l’aimais mais si elle ne voulait rien de plus qu’une simple histoire de sexe ou au contraire si elle n’éprouvait qu’une forte amitié pour moi à l’image de celle que j’entretenais avec Lucie ? Je me retournai et me trouvai face à Lena. Attrapant ses mains à présent dans mon dos je me dévoilai en plongeant dans ses yeux. - Je sais Lena… Mais… vois-tu… Je ne veux pas d’une aventure avec toi. … Elle recula d’un pas, son sourire se fanant sur son visage et ôtant ses mains des miennes. - Pardon, je croyais que je te plaisais… - Non… Sii ! Lena, ne te méprends pas. Tu me plais infiniment et même plus que ça. Quand je dis que je ne veux pas d’une aventure c’est parce que je veux plus que ça. … Et si ce n’est pas ce que tu souhaites, je préfère qu’il ne se passe rien entre nous. Voilà, c’était dit. Et je m’attendais presque à prendre une gifle quand je la vis revenir vers moi. - BAKA ! Ce fut le seul mot qu’elle prononça avant de poser ses paumes sur mes joues pour descendre mes lèvres à la hauteur des siennes initiant le baiser. Sans nous détacher, je parvins à l’entraîner vers le sofa et une fois que nous nous y laissâmes tomber, je glissai un doigt pionnier bientôt rejoint par ses neuf camarades pour explorer le corps caché par son chemisier pendant que ma bouche reprenait l’exploration de la sienne. - TADAIMA ! Nous sursautâmes. Rougissants comme deux collégiens pris en flagrants délits par les parents de la demoiselle. Un regard vers la tenue de Lena me fit me précipiter vers l’entrée pour y bloquer mon jeune voisin qui ramenait mes deux chiens de leur balade. - Tout s’est bien passé ? demandai-je. - Oui pas de problème. … Vous allez bien Aiba-san ? - Oui. A demain. En prononçant ces mots je poussai le lycéen vers le couloir hors de l’appartement, ne souhaitant pas le voir s’éterniser. Quand je revins dans le salon, Lena s’était rajustée et jouait avec mes animaux. Je soupirai et elle me regarda mi-sérieuse, mi-amusée. - J’ai réfléchi, déclara-t-elle. Tu as raison, nous ne devrions pas aller trop vite. Imagine ce qui aurait pu se passer si ton dogsitter était entré cinq minutes plus tard … Je sentis la chaleur me monter aux joues en imaginant la scène. Il était évident que Léna n’aurait sans doute plus eu grand-chose sur la partie supérieure de son corps quant à moi… je portais instinctivement la main à ma ceinture réalisant que j’avais deux des quatre boutons qui maintenaient en place mon jean défaits sous mon T-shirt. - Mais je veux quand même te dire autre chose Masaki… Je pense être amoureuse de toi… Alors prenons notre temps ensemble, mais pas trop quand même… d’accord ? - Oui.
| | | Dim 24 Mai - 9:48 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour! Aujourd'hui c'est un nouveau chapitre avec beaucoup d'informations inédites par rapport à la première publication. Aujourd'hui nous allons nous intéresser à la première rencontre entre Nino et les parents de Lucie... Enjoy! - Chapitre 52:
++Nino++
En sortant de chez elle, je n’avais pas envie, vraiment pas envie de rentrer chez moi tout de suite. J’étais parti, la laissant seule avec ses parents peu de temps après le dîner, et … qu’on leur ait annoncé la grossesse de Lucie. Enfin parti, oui. Mais pas tout à fait de mon plein gré… viré sans finesse par son père et je n’avais cédé qu’à cause des regards suppliants que me jetait Lucie. Devant ses parents j’avais eu de la peine à reconnaître cette dernière. Ou plutôt j’avais redécouvert la demoiselle timide et sur la défensive des débuts de notre relation, sauf que, contrairement à ses parents j’avais eu le droit à la version tout en verbes et en actions. Avec ses parents elle encaissait tout sans rien dire mais sa posture, son visage, son silence en lui-même reflétait sa colère et la souffrance qu’elle éprouvait de se voir critiquer pour tout et pour rien sans oser riposter. Ses parents, ma future belle-mère plus particulièrement, ne se gênaient pas pour faire des apartés dans des langues que je ne maîtrisais absolument pas et à chaque fois Lucie en était visiblement blessée. Dire que, par soucis de politesse, je m’obligeais à m’exprimer en anglais en permanence depuis leur arrivée quand ils étaient dans la même pièce que moi ! Pourtant j’étais loin d’être à l’aise dans cette langue que je pratiquais peu et jamais avec Lucie qui était bien plus à l’aise en japonais que moi en anglais ou toutes autres langues étrangères. Alors sûr, à la fin d’un repas dont je ne savais de quoi il était composé par manque d’appétit dû à l’ambiance, ils n’avaient pas été ravis. Cela s’était vu immédiatement quand, au moment du dessert, nous leur avions annoncés que Lucie était enceinte de notre enfant. Leurs réactions n’avaient pas été aussi enthousiastes que celle de ma mère loin de là, et, après le choc de la nouvelle passé, le dîner avait été rapidement terminé. Mme Bergevin ayant souhaité une tisane nous avions terminé au salon et là elle adressa une nouvelle remarque à Lucie. Cette dernière avait baissé la tête avant de lever la tête, blanche comme un linge, ramassant une bouteille d’eau vide qui trainait sur la table. L’ayant déposée sur le plan de travail elle avait disparu vers le couloir de l’appartement sous les vociférations de sa mère, son père ayant lancé une remarque lapidaire avant de s’enfermer dans un silence réprobateur. J’hésitai à la rejoindre quand M. Bergevin reprit la parole pour me demander pourquoi nous n’avions pas pris nos précautions. Comment lui expliquer que, dans l’euphorie du moment, j’avais oublié… surtout face à son regard bleu furieux devant lequel je me sentais aussi mal à l’aise que lors des sermons que j’avais subi de la part de mes professeurs lorsque j’étais junior et qu’avec Masaki, Jun ou Toma nous jouions un tour à d’autres personnes et que nous nous faisions attraper. Maman avait eu une réaction tellement différente il y a un mois…
- Flash-back : un mois plus tôt -
Nous étions arrivés devant la porte de la maison de ma mère. Plus tôt dans la matinée, il m’avait fallu des trésors de patience pour tirer Lucie de son sommeil dans un premier temps et du lit dans un second. Mais une fois cela fait elle s’était précipitée dans la salle de bain, s’y était enfermée une demi-heure avant d’en ressortir apprêtée plus que je ne l’avais jamais vue depuis le mariage de Cécile-chan. - On y va ? - Heu… Lucie… Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu vas pas rencontrer l’impératrice tu sais… C’est juste ma mère… - Mais… Si je lui plais pas… - Elle va t’adorer… tu verras… Nous étions bientôt montés en voiture, Lucie était tellement nerveuse qu’elle ne desserra pas les dents du trajet. En arrivant dans le quartier de ma mère, je me garai sur le parking puis entraînai Lucie jusqu’à la maison. - C’est là ! Entrons. - Tu es sûr que c’est une bonne idée ? - Oui. Viens. Mais Lucie restait figée, incapable d’aller de l’avant le stress et l’angoisse se lisait sur son visage. - Ne t’inquiète pas. Elle va t’adorer. J’attrapai sa main en ouvrant le portail de l’autre et la tirai dans le jardin. Là nous fûmes accueillis par Nami. Elle aboyait gaiement en bondissant joyeusement autour de nous. Je commençai à la flatter avant de me rendre compte que Lucie avait reculé jusqu’au portail. - Lucie ? J’observai ma fiancée qui semblait maintenant tétanisée contre le portail. Nami partit la renifler avec enthousiasme. Je souris en constatant que Lucie semblait tenter de se fondre dans la barrière. - Nami ! Au pied. Elle se tourna vers moi puis revint appuyant bientôt ses pattes avant sur mon torse, léchant toutes les surfaces de peau quelle pouvait atteindre. L’attrapant par son collier je la fis redescendre sur ses quatre pattes et nous retournâmes vers Lucie. - T’as peur des chiens ? - N… oui. Désolée, elle est un peu trop grosse à mon goût… Quand on aura fait connaissance, ça ira mieux mais… - T’inquiète, y a pas plus gentille. C’est la mienne, c’est juste que dans mon appart, elle serait malheureuse. Là, au moins, elle a une maison à garder. Et puis, elle est attachée normalement. Maman a dû la libérer pour qu’elle vienne nous accueillir. Désolé ma grosse, fini la liberté. J’éloignai Nami de Lucie, la raccrochant à sa chaîne. Une fois ma bête retenue, ma fiancée s’approcha et je la vis tendre sa main lentement vers l’animal. - Salut toi ! Comment tu t’appelles ? J’allais répondre quand une voix me coupa. - Kazunari ! Dépêchez-vous d’entrer ! Tu auras tout le temps de jouer avec Nami tout à l’heure, maintenant j’ai hâte de faire la connaissance de celle qui t’a fait passer du statut d’éternel adolescent à celui d’homme. J’avais alors entraîné Lucie à l’intérieur et, une fois les présentations faites, nous avions discuté gaiement jusqu’à ce que Lucie s’excuse, demandant où était la salle de bain. Un regard dans sa direction me fit réaliser qu’elle faisait un malaise. C’était logique elle n’avait rien avalé comme d’habitude et maintenant qu’elle se détendait enfin elle tombait dans les pommes… Je demandai rapidement à maman de quoi soulager Lucie et partis la rejoindre. Une fois que Lucie se sentit mieux, j’expliquai à ma mère l’origine du malaise. - Un bébé ? Je vais être Grand-mère ? Mes enfants… Félicitations !! Cette dernière sauta au cou de Lucie avant de me gronder pour ne pas l’avoir prévenue plus tôt. Le repas était prêt et nous nous mîmes rapidement à table dans la bonne humeur. Le reste de la journée se passa dans la même ambiance joyeuse.
-Fin du Flash-back-
Je comprenais mieux maintenant pourquoi Lucie avait été si surprise par l’embrassade de ma mère. Pendant notre retour à l’appartement quand je lui en avais fait la remarque elle m’avait raconté avoir été surprise par tant de spontanéité et d’intimité de la part de ma mère, et j’avais admis que ma mère était une personne étonnamment tactile particulièrement pour une japonaise. Maintenant que je l’avais vu avec ses parents, je réalisai que ses derniers étaient bien moins portés sur les démonstrations d’affections que ma mère. Même après plus de 9 mois sans voir leur fille unique, ils avaient été empruntés dans leurs embrassades, bien loin des marques d’affections qui faisaient sourire Lucie quand elle regardait une comédie romantique. Mes pas ne me menèrent pas bien loin ; juste à quelques pâtés de maisons, et, arrivé devant cet immeuble, il ne me restait que deux solutions : rentrer chez moi tout seul ou aller sonner chez lui pour voir s’il était là. Je décidai de tenter ma chance et me retrouvai bientôt devant sa porte. ‘Ding dong !’ Évidemment qu’il n’était pas là. Il devait être avec Cécile, et il l’avait mérité. Il les avait méritées… Je fis demi-tour et appuyai sur le bouton de l’ascenseur pour redescendre. Quand les portes s’ouvrirent je tombai nez à nez avec lui. - Nino ? Qu’est-ce que tu fous là ? - Rien. Je rentre chez moi… - OK. Viens. Tu me raconteras comment ça s’est passé devant une bonne bière. Je mis mes pas dans ceux de Jun et bientôt je fus installé dans son salon une bière à la main. Mais je ne me sentais pas prêt à parler de cet après-midi. … Pas encore… - Jun. Pourquoi t’es pas chez Cécile ? - Y a eu un peu trop de monde chez elle. J’avais besoin de me retrouver seul, enfin, sans ses parents, Teru et Satoshi toujours dans le coin, et sans les Miura… et surtout loin de la FG. - La FG ? Déjà ? - Oui… Elle est arrivée avec ses fils par le même avion que les parents de Lucie. ... D’ailleurs… comment ça s’est passé avec eux ? - Bien… Enfin pas vraiment. Mais… Les parents de Cécile sont partis avec Lucie et Teru tout à l’heure… j’espère que vous en avez profité ! - T’inquiète pas pour ça… en plus on avait encore Emi… Même si je l’adore, c’est une véritable sentinelle. Même quand elle est dans sa chambre elle parvient à se rendre compte que… Bon, raconte-moi plutôt comment s’est passé ta rencontre avec les parents de Lucie. Il paraît qu’ils sont particulièrement coincés pour des européens mais très sympathiques. Ils adorent les enfants parait-il. Ce sont les mots de la FG, pas les miens. M. Bergevin a, semble-t-il, joué avec Toma pendant la moitié du vol pendant que sa femme gagatisait avec bébé Nicolas tout en soupirant que sa fille ne risquait pas de lui faire des petits-enfants si elle ne se mariait pas avant. J’avais un peu de mal à associer ces mots avec les parents de Lucie après ma première rencontre avec eux. Je le dis à Jun puis je lui racontai les événements de l’après-midi, tel que je les avais vécus.
-Flash-back : quelques heures plus tôt-
- Tadaima ! Le moment de vérité venait d’arriver. J’allais faire leur connaissance… - Okaeri ! Je souris à Lucie avant de saluer ses parents qui me regardaient l’air surpris. Lucie était pourtant censée leur expliquer ma présence entre leur arrivée à l’aéroport et celle à son appartement. Ils posèrent une question à leur fille qui, après m’avoir regardé de la tête aux pieds, éclata de rire et me dit. - Kazu, mes parents viennent de me demander si tu avais cette tenue parce que tu pensais faire bonne impression ou si j’avais trouvé quelqu’un pour faire le ménage à ma place pour de vrai. Ménage ? Je passai la main dans mes cheveux. Yabai ! Je portais encore le tablier de Lucie sur les hanches mais, pire que tout, la serviette éponge que j’avais attachée autour de la tête pour que mes cheveux ne me gênent pas, y était toujours. En effet, à défaut de pouvoir aller chercher mes futurs beaux-parents à Narita, j’avais décidé de les accueillir en leur préparant un vrai repas. Je m’étais présenté devant eux avec un trait de farine sur la joue et les cheveux en pétard après avoir précipitamment retiré la serviette. C’est ce dont je m’aperçus face au miroir de la salle de bain où Lucie m’avait envoyé en gloussant. Quand j’en sortis quelques minutes plus tard, je la trouvai dans la cuisine à humer le contenu de la casserole de curry mais ses parents n’étaient pas en vue. - Ça sent bon… Merci, pour tes efforts, me dit-elle en se blottissant contre moi quand je la rejoignis. Je la serrai un peu plus fort contre moi avant de demander : - Tes parents ? - Dans la chambre, ils s’installent. - La chambre ? Tu plaisantes ? Et toi ? - J’ai un très bon canapé, tu le sais non ? - S’il est si bon, pourquoi c’est pas tes parents qui y dorment ? - Parce que papa a des problèmes de dos et que maman aurait été sur le mien dès mon réveil. Désolée mais je ne me sentais pas capable d’affronter les conseils et autres reproches bienveillants qui ne manqueront pas de m’être donnés à ce moment-là. - Conseils ? Reproches ? - Le premier : il faut manger le matin, le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée. - Lucie ? … La mère de ma petite amie entra dans la pièce à ce moment-là, suivie par son mari. Nous nous installâmes alors dans le salon et la conversation commença. Après des présentations plus formelles que celles qui avaient eu lieu dans le gekkan, j’annonçai aux parents de Lucie mon intention d’épouser leur fille. Leur manque de surprise évident me prouva que Lucie leur avait déjà parlé de moi, ou du moins de nos projets. Mais les questions qui fusèrent ensuite m’apprirent qu’ils n’avaient qu’une idée très vague de qui j’étais. - Comment avez-vous rencontré notre fille ? - Il m’a semblé apercevoir votre visage sur une affiche tout à l’heure, vous êtes mannequin publicitaire ? - Gagnez-vous correctement votre vie ? Lucie me traduisait les questions de ses parents et je leur répondais le plus honnêtement possible. Cependant la notion d’idole japonaise était de toute évidence un concept hors de leur portée. Alors oui, j’étais mannequin à l’occasion, mais nous leur expliquâmes que j’étais aussi acteur, musicien, animateur télé et radio… Ils m’interrogèrent alors sur le travail, et si Lucie n’avait pas vu les lettres d’Iwo Jima, je découvris que ma belle-mère si, même si elle ne m’avait pas reconnu. En même temps, la reconnaitrais-je au milieu d’un groupe de touristes suédoises… pas sûr; alors pourquoi aurait-elle reconnu un petit Japonais au milieu d’autres (même s’il était plus ou moins le héros), surtout dans un film qu’elle n’avait regardé QUE parce qu’il avait été tourné par Clint Eastwood dont elle dévorait les films (contrairement à sa fille). Le repas fut assez agréable mais nous n’avions pas encore annoncé à ses parents le plus important, et Lucie était persuadée qu’ils le prendraient moins bien que Kaa-chan.
-Fin du Flash-back-
Je m’arrêtai, pour boire une longue gorgée. - Et alors ? Comment vous leur avez annoncé la grande nouvelle ? - Maladroitement… - Hein ? - Tu connais l’appétit d’oiseau de Lucie ? - C’est toi qui oses dire ça ? Je ne pris pas la peine de relever et repris. - Ben elle mange plus ces derniers temps, et ce soir particulièrement. Sa mère l’a d’ailleurs remarqué et quand Lucie s’est servi une seconde part de gâteau après en avoir pris une grosse la première fois … - Une seconde ? C’est quoi pour vous une grosse part de gâteau ? - JUN ! Tu te souviens des miettes qu’elle s’était servie pour son anniversaire ? Ben là, ça ressemblait plus à ce que vous êtes capable d’avaler… Et sa mère a fait une remarque dessus. Quelque chose du genre : « c’est en mangeant autant que l’on prend du poids... Ma fille tu vas faire fuir ton ami si tu continues… » Elle a encore continué mais plus en anglais, et là, contrairement aux autres piques précédentes pour lesquelles Lucie avaient encaissé en silence, elle a répondu : « C’est normal de manger plus quand on se nourrit pour deux. » Tu aurais adoré la tête de cette vieille coincée. Le père de Lucie m’a, quant à lui, demandé si c’était pour ça que je voulais épouser sa fille. La mère, elle, m’a fusillé du regard le reste du temps avant de me jeter hors de l’appartement le dîner terminé. Enfin, j’ai quand même eu le temps d’aider Lucie à déplier le canapé dans le salon. Après j’ai filé. D’ailleurs, si j’étais resté plus longtemps, j’aurais pu leur sortir leurs quatre vérités et Lucie l’avait bien compris. Quand je me suis retrouvé au pied de l’immeuble, j’ai eu envie de marcher et je me suis retrouvé là. Maintenant j’ai du mal à savoir comment réagir à la prochaine rencontre… - Demain, tous les ‘vieux’ se retrouvent chez les Miura. Cécile, Lucie et Airi vont faire de la pâtisserie et je vais leur filer un coup de main ; tu veux venir ? C’est le meilleur moyen de leur montrer que tu te fous de leur opinion et que la seule personne qui t’importe c’est Lucie. - Demain ? Enfin tout à l’heure… Ouais… OK ; j’ai une réunion pour mon prochain film. Mais j’arriverai dès que possible. … J ? Je peux dormir ici ? - Évidemment, Baka !
(…)
Une musique au lointain sonnait encore et encore... jusqu’à ce que je sois secoué par Jun qui grognait : - Nino ton téléphone sonne depuis plusieurs minutes... - Mmm… T’as qu’à décrocher c’est ta femme qui appelle, lui répondis-je sur le même ton. - Nan c’est pour toi ! … Mais je me demande quand même pourquoi elle t’appelle, ajouta-t-il en me tendant le téléphone qu’il était allé pêcher dans le fond de mon jeans. - Moshi, Moshi ? Cécile-chan ? qu’est-ce qu’il se passe ? - Nino ? Est-ce que Lucie est avec toi ? - Lucie ? Nan… Chuis avec ton homme. Pourquoi ? La question de Cécile arriva brutalement à mon cerveau et ce dernier se mit en marche. Pourquoi est-ce que Cécile me demandait ça ? J’avais laissé Lucie avec ses parents hier soir et rien ne m’avait laissé supposer qu’elle sortirait de chez elle. Que s’était-il donc passé ? - Cécile, je suis chez J. Je rentre tout de suite chez moi et je te rappelle plus tard. Je raccrochai au nez de la meilleure amie de Lucie avant de sauter dans mon jeans sous le regard éberlué de J. - J’ai pas tout compris mais Lucie est partie de chez elle ; je rentre, elle est peut-être chez moi. Trois minutes plus tard, j’étais dehors sur le chemin de ma voiture. J’en profitai pour tenter de joindre Lucie sur son portable qui était éteint puis sur mon téléphone fixe. Personne. Mais alors que j’arrivai en vue de ma voiture, je laissai un message sur le répondeur avant de raccrocher.
++Jun++
J’avais été réveillé par le téléphone de Nino… enfin pas tout à fait, mais il était quand même parvenu à me faire émerger de ma rêverie alors qu’il retentissait, encore et encore, à l’autre bout de l’appartement. Je m’étais levé en râlant, découvrant un Nino enfoui sous la couette et l’oreiller pour se protéger de l’agression sonore. Il avait fallu que je le secoue personnellement pour qu’il daigne décrocher le téléphone qui se trouvait à courte distance de ses doigts. Après une conversation avec Cécile qui avait à peine duré une minute, il avait filé plus vite que son cher Mario quand il avale une étoile d’invincibilité. Mais qu’est-ce qu’il se passait encore… ? Un ‘à plus’ plus tard auquel il n’avait pas répondu, je décidai de passer sous la douche pour m’éclaircir les idées. Une fois habillé, je sortis à mon tour pour aller chercher des explications auprès de la source téléphonique ninoyenne. Ce fut la mère de Cécile qui m’ouvrit la porte, et, quand nous pénétrâmes dans le salon j’y découvris, en plus de Cécile et son père, un couple que j’identifiai comme étant les parents de Lucie. Je les saluai avant d’embrasser Cécile et Emi qui gazouillait dans ses bras. - Cécile, il se passe quoi ? - Lucie s’est engueulée avec ses parents hier soir à propos de Nino, du bébé, de… que sais-je encore. Le résultat c’est qu’elle est partie en claquant la porte à la fin. Ses parents ont cru qu’elle était venue ici mais… non. Ce matin, ils sont montés et elle n’était évidemment pas là… Evidemment, j’ai pensé au Geek, et maintenant j’attends qu’il me donne de ses nouvelles. C’est un peu plus tard que le téléphone de Cécile sonna. Comme elle avait Hime dans les bras j’attrapai le téléphone et pris l’appel de notre Gamer. - Nino ? Alors ? - Elle est là, elle dort, une vraie marmotte. - Jun ? Lucie est chez Nino alors ? me demanda Cécile à mes côtés. - Oui, elle dort, répéta Nino plus fort alors que je tournais l’écouteur vers ma compagne. Cécile rassura les parents avant qu’elle ne se retourne vers l’appareil. - Nino… - Je lui dis d’appeler dès qu’elle se réveillera… déclara Nino avant de raccrocher. Un peu après Cécile me confia Emi-chan et s’absenta. Pendant que je gazouillais avec Hime-chan, je sentis le regard curieux des parents de Lucie avant que ceux-ci n’engagent la conversation avec ceux de Cécile. Quand Cécile revint accompagnée de Satoshi et Teru, elle nous désigna, tout en annonçant ce que je supposais être notre situation familiale. La réaction des parents de Lucie fut à la hauteur de ce que je pouvais imaginer, suite au récit nocturne de Kazu : Les yeux du père de Lucie semblèrent sortir de leurs orbites, quant au visage neutre de sa femme, il se déforma en une grimace que je ne savais si elle était plus de réprobation ou d’incompréhension. - Satoshi, Jun voici madame et monsieur Bergevin les parents de Lucie. S’ils sont un peu choqués c’est que je viens de leur présenter assez ‘lapidairement’ notre situation familiale. Un peu choqué… je ne pus m'empêcher de sourire devant cet euphémisme et je pouvais voir un éclat stupéfait dans le regard de Teru, qui me fit me demander quels termes exacts Cécile avait choisis pour nous présenter. Ce fut Emilie qui me donna l’excuse idéale pour satisfaire ma curiosité. Elle choisit ce moment pour se crisper brutalement, puis dégager une odeur toute aussi brute quand elle se détendit. J’entrainai Teru à ma suite dans la nurserie. - Plus que le ton à peine aimable de Cécile, je crois que c’est plus notre situation qui a fait boguer les parents de Lucie, m’affirma-t-il. Imagine, la meilleure amie de leur fille, qu’ils apprécient et qu’ils considéraient comme le ‘garde-fou’ de cette dernière, leur balance en pleine figure et avec un grand sourire : « Madame Bergevin, monsieur Bergevin, vous connaissez Teru mon futur ex-mari et père d’Emilie. Voici Satoshi Ohno son amant et ex-petit ami du mien Jun Matsumoto. Avec le futur mari de votre fille et deux autres de nos amis Satoshi et Jun font partie d’un groupe d’Idol à grand succès ici : Arashi. » Imagine, si Cécile nous avait présentés à ses parents comme ça en avril dernier. ...
**************
++Lucie++
J’avais rêvé, rêvé que Kazu était dans le lit avec moi, que ses doigts s’étaient posés sur mon visage, que sa bouche avait prononcé mon nom et que ses lèvres s’étaient posées sur mon front. Mais quand j’avais ouvert les yeux, il n’était pas là… Le silence planait toujours dans l’appartement vide et je me demandai où il était parti après m’avoir quittée hier. Après le départ de Kazu, j’avais voulu aller rejoindre, à défaut des siens les bras de Morphée (le vrai pas le naturalisé japonais), mais ma mère en avait décidé autrement et avait commencé à me questionner sur quand ? Comment ? Pourquoi lui, n’est-ce pas ?...
-Flash-back-
- Ma chérie, il y a sur cette planète, et même plus simplement en Europe, plein d’hommes qui, j’en suis sûre, pourraient te convenir… Ton Xavier par exemple… Vous n’êtes pas sortis ensemble à une époque ? Parce que, même si son travail n’est pas celui dont j’aurais pu rêver pour ton mari, vous vous entendez bien non ? Au moins il n’est pas une starlette qui peut disparaitre du jour au lendemain… Même s’il reste dans le monde du spectacle… Et puis l’enfant, tu es sûre que c’est le sien ? Parce que, dans le milieu où tu navigues, ça doit aller bon train les coups de folie d’une nuit non ? Là j’avais craqué et en filant vers l’entrée pour mettre mes chaussures, je leur avais dit. - Le monde du spectacle comme vous dites, c’est MON monde et comme dans tous il y a surement des Marie-couche-toi-là, mais je n’en fais pas partie. Alors, on n’a peut-être pas fait les choses dans l’ordre que vous souhaitiez, ou que même j’aurais imaginé, mais je ne regrette rien. Kazu est l’homme que j’aime. Mettez-vous ça dans la tête : JE L’AIME et IL M’AIME. C’est pour ça que nous attendons un enfant. Maintenant je vais vous laisser. Papa, Mamma je vous aime mais je préfère dormir ailleurs pour cette nuit.
-Fin du Flash-back-
J’avais attrapé mon sac et mon poncho pour couvrir mon pyjama et étais sortie sans plus de cérémonie. Une fois dans la rue j’étais allée à la station de taxi et avais filé chez lui pour trouver son appartement vide. Après y avoir tourné un moment, je m’étais glissée sous ses draps, enfouissant ma tête dans son oreiller, et sans m’en rendre compte avais glissé dans le sommeil jusqu’à maintenant… où la fenêtre laissait entrevoir un coin de ciel lumineux et cotonneux. L’envie de le retrouver se faisait plus forte à chaque seconde, cela me décida à me lever pour aller chercher mon portable abandonné dans mon sac à l’entrée de l’appartement. - Bonjour Marmotte… J’étais à la porte de la chambre et je sursautai en découvrant l’homme de mes pensées, adossé à la cloison séparant son salon de la dining kitchen une tasse de café à la main. - Tu es là… - Oui. Sans lui laisser le temps de prononcer un mot de plus, je plongeai dans ses bras. - Je peux rester avec toi ? - Hé ? Qu’est-ce qu’il se passe ? - Je peux rester ici ? Je veux plus me disputer avec mes parents… et ça ne manquera pas si on reste dans le même appart’ plus de quelques heures, même s’ils sont obligés d’accepter la situation bon gré mal gré. - Bien sûr … mais… avant tu devrais les appeler et vous devriez parler. Ils se sont inquiétés ce matin. Ils pensaient que tu serais chez Cécile… Ils y sont en ce moment et ils attendent de tes nouvelles… Il me tendit le téléphone et je le pris. Une fois tout le monde rassuré, je coupai la communication, puis je me préparai à les rejoindre pour notre journée pâtisserie. C’était le début d’un tourbillon qui avalerait nos journées et ne prendrait fin qu’aux les fêtes du nouvel an, pour lesquels Arashi se voyait octroyer deux jours de repos avant la reprise de la tournée le 3 janvier. Mais pour Noël, Nino et moi avions reçu les viatiques nécessaires pour notre mariage et les parents avaient décidé de prendre les choses en mains… En une semaine, la petite fête de Nouvel An, prévue le 2, s’était transformée en cérémonie de mariage. Heureusement elle serait moins bien guindée et beaucoup plus intime que celle à laquelle nous avions participés un an avant….
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++ Ohno++
La fin d’année était occupée professionnellement parlant comme toujours depuis quelques temps déjà, mais cette année promettait encore plus de folie avec notre vie privée qui s’était brusquement étoffée en l’espace d’une année. Nous étions enfin en 2012 et l’année 2011 qui avait bouleversé tout le Japon à cause des événements sismiques, s’était enfin terminée. Nous avions eu également nos propres séismes et tsunami personnels avec le retour de Teru dans nos vies. Teru avait toujours été là en arrière-plan depuis nos débuts et nos premières vacances d’été dans la maison de vacances des parents de Sho. Mais ni lui ni moi n’avions, à l’époque, la maturité pour faire face à nos sentiments. Aujourd’hui après le coming-out retentissant de Teru nos vies étaient à la fois plus heureuses mais aussi bien plus compliquées. Le dernier épisode sismique n’était cependant pas dû à ma tendre moitié ou à nos ex mais à Lucie et ses parents.
-Flash-back : 12 décembre2011-
Quand nous étions arrivés ce matin pour partager le petit-déjeuner et récupérer quelques affaires pour Emi-chan en prévision de sa première nuit chez nous ce soir nous avions pénétré dans un appartement ou l’atmosphère sombre était étrangement illuminée par les gazouillements du nourrisson dans les bras de Jun. Un couple de l’âge de nos parents bavardait avec les parents de Cécile et j’en déduisis avec justesse qu’il s’agissait de ceux de Lucie. Cette dernière manquait d’ailleurs à l’appel. Dormait-elle encore quelques étages en dessous ? Cécile démentit rapidement mon hypothèse en nous résumant l’histoire. J’observai les parents de Lucie, visiblement abasourdis depuis que Cécile nous avaient présentés. Ils discutaient toujours avec les parents de Cécile mais ces derniers faisaient à présent l’essentiel de la conversation, tandis que les premiers me jetaient des coups d’œil incrédules et fronçaient les sourcils par intermittence. Le retour de bébé-Emi d’un changement de couche me permit de récupérer cette bouchée d’amour inconditionnel, tandis que Teru nous chuchotait que Jun nous racontait les événements qui avaient précédés notre arrivée et ce qu’il savait de la soirée précédente de la bouche de Nino. Quelques heures plus tard, Nino et Lucie firent leur entrée et les parents de Lucie qui jusque-là m’avaient semblé peu poli mais peu démonstratif changèrent brutalement d’attitude. Mme Bergevin s’était levée à l’entrée du couple dans le salon et avait tendrement embrassé sa fille avant de serrer, les larmes aux yeux, la main de Nino en le remerciant. Après un moment un peu maladroit où Nino et Lucie semblait choquée par les réactions des parents de notre amie, cette dernière éclata d’un rire nerveux après une phrase de sa mère. Cécile cacha son propre fou rire dans la cuisine et quand Lucie arriva à se calmer elle nous traduisit les mots de ses parents. -Je ne sais pas comment vous allez le prendre mais soyez certains que cela n’a rien de méchant dans leur esprit, ils manquent juste, dans des situations comme celle-ci, étonnement de tact. Cette introduction de Lucie me rendit perplexe. Pourquoi avait-elle besoin de nous mettre en garde si c’était un compliment ? Elle reprit. -Voici leurs mots : « Lucie, Marie et Antonio nous ont expliqué la situation. Vraiment nous sommes heureux que tu aies choisi ton Nino plutôt qu’un des autres Teru inclus. Je ne sais pas s’il est beaucoup plus sage mais sa vie est nettement moins compliquée. » - Je suis aussi très heureux que tu m’aies choisi Lucie. Répliqua Nino. Puis après un sourire carnassier à ses futurs beaux-parents il attrapa sa fiancée et l’embrassa avec tant d’enthousiasme que je décidai de cacher leur vue au bébé dans mes bras pendant que Jun marmonnait un : « Prenez une chambre ! Ou plutôt aller squatter l’appartement de Lucie pour faire ça. » Pendant ce temps Cécile éclatait de rire et le reste de l’assemblée essayaient de faire réaliser leur présence aux amoureux en se grattant la gorge. Toutes ces démonstrations furent totalement ignorées.
-Fin du Flash-back-
Après cela, les jours et nos activités s’étaient succédés à un rythme effréné entre la reprise des répétitions pour la tournée qui reprenait le 3 janvier la préparation du Kohaku et de nos interventions pour le Johnny’s Countdown. Les parents avaient déclaré que puisque nous avions deux jours de congés pour commencer la nouvelle année, Ils allaient organiser une fête nous rassemblant tous. Soudainement cette fête s’était transformée en célébration pour le mariage de Nino et Lucie sans qu'aucun des deux ne puissent s’y opposer. En effet, les parents avaient déjà tout organisé quand ils avaient appris que Lucie et Nino avaient obtenu tous les certificats pour légaliser leur mariage en France et au Japon le soir de Noël. Ce soir-là, nous étions chez les Miura avec la famille de Nino, la mienne et celle de Jun et les européens.
Voilà... A la semaine prochaine | | | Dim 31 Mai - 3:26 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Voici le nouveau chapitre! Pour aujourd'hui nous allons retrouver deux personnages vus ou aperçus dans les premiers chapitres : Le frère de Cécile, Ben et le meilleur ami de Lucie, Xavier. Nous allons aussi faire connaissance d'un nouveau personnage qui même si il n'a pas une grande importance va mettre de l'animation dans ce chapitre. Sur ce : bonne lecture! - Chapitre53:
++Aiba++
Je l’avais enfin trouvée mon âme sœur… Lena-chan… Depuis que nous avions fait connaissance chez Lucie, nous n’avions pas pu nous voir si souvent que ça ; mais il ne se passait pas une journée sans que nous nous appelions pour un rien. Nous pouvions parler pendant des heures… et j’avais découvert, la première fois que nous avions décidé de passer la soirée chez moi, qu’elle était un véritable danger ambulant dans une cuisine. A côté de ça elle était intelligente, et une bosseuse acharnée. Son métier l’obligeant à se tenir au courant de l’actualité la plus récente, elle était une véritable accroc à son téléphone et plus particulièrement à une application qui le faisait sonner à chaque nouvelle une qui apparaissait dans les grands quotidiens mondiaux. - Masaki… t’es prêt ? grogna-t-on, de l’autre côté de la porte. - Oui… presque. Je devais encore nouer mon nœud papillon, et mettre mes boutons de manchettes… Pour une fois qu’ils allaient servir… Un dernier regard en direction du miroir et je tournais la poignée de la porte de la petite salle où je m’étais changé. Elle donnait dans un couloir, menant à la salle où une petite cérémonie allait avoir lieu en l’honneur du mariage de Lucie et Nino. Car ces deux-là étaient à présent uni pour l’administration nippone (mais aussi française). Pourquoi aussi vite ? Après tout ils n’étaient ensemble depuis à peine cinq mois… A cause des parents… mais pas seulement… ils l’avaient décidé et voulu avant qu'Emi n’arrive dans ce monde de fous. Cependant nous ne l’avions découvert qu’il y a une semaine. Le lendemain de l’arrivée des parents de Lucie, nous nous étions tous réunis pour la soirée chez les parents de Teru. Tous c’est-à-dire, nous Arashi ; Cécile, Lucie et leurs parents ; la famille Miura au complet moins leur gendre ( qui n'était pas encore rentré de France) et enfin Lena. Pendant cette soirée qui, je le croyais, devait être une sorte de fête de bienvenue, Lu-chan et Nino s’étaient, enfin, officiellement dévoilés. Les parents de Lucie grimaçaient encore visiblement à l’idée que leur fille fut tombée enceinte sans que Nino lui ait préalablement passé la bague au doigt. Mais cela sembla s’arranger quand, à ma grande surprise et visiblement à celle de tous sauf peut-être Jun et Cécile, les futurs parents annoncèrent leur intention de se marier très rapidement. Sho semblait dubitatif et Teru commença à argumenter sur la paperasserie infinie qui était nécessaire (et pour laquelle il avait une certaine expérience) mais notre Lucino balaya ces arguments en deux phrases : « - J’ai demandé sa main à son réveil, le lendemain du jour où elle m’a annoncé être enceinte. - Nous avons commencé à collecter et remplir la paperasserie le jour même… c’est vachement utile d’avoir une interprète assermentée qui en plus est déjà passé par là… Merci Cécile. » Lucie était allée déposer un baiser sur la joue de son amie avant de kidnapper bébé-Emi des bras de Riida. Le soir de mon anniversaire, pendant que je fêtais mon anniversaire avec ma famille et Lena, les familles Ohno, Miura, et de Cécile au grand complet avaient fêté le premier Noël à l’européenne de la petite Emi. C'était également le premier Noël "européen" pour la famille Ohno et Ninomiya. En effet, les parents de Lucie et la mère de Nino avaient également été invité. Pendant la soirée, les deux amoureux avaient annoncé aux personnes présentent qu’ils venaient de recevoir tous les documents permettant de légaliser leur union. Le lendemain de mon anniversaire la mère Nino s’était empressée de faire enregistrer le mariage à la mairie et aujourd’hui premier janvier, au milieu des célébrations de nouvel an et avant la reprise de la tournée, nous le célébrions. Dans quelques minutes une petite cérémonie chrétienne aurait lieu pour le plaisir des parents de notre amie et ensuite nous nous amuserions. - Aniki, tu es prêt ? On attend plus que toi. Je souris à mon frère et nous filâmes dans la petite chapelle pleine à craquer de nos proches. Tout le monde était là moins Lucie et son père. Et quand je dis tout le monde j’entends non seulement nous autres, mais aussi nos parents et nos fratries. Même mes parents étaient présents avec mon frère et sa famille. A peine avais-je rejoint ma place au premier rang du côté arashien de l’assemblée à côté de Jun et de la sœur de Nino que Lucie approchait au bras de son père. De l’autre côté de l’allée se trouvait Cécile, Ben et un autre européen qui malgré un prénom qui s'éternuait, était fort sympathique. Tous les 6 étions les témoins pour le mariage de nos amis.
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++Ben++ 24 décembre
C’est en sortant de l’avion que j’avais commencé à soupçonner quelque chose. Christelle avait eu un arrêt suspect devant une affiche de la JAL qui nous avait cueillis en sortant du tube qui reliait l’avion à la salle de débarquement. Maintenant que nous étions dans le taxi qui nous conduisait jusqu’à l’immeuble des filles je n’avais plus aucun doute quant au fangirlisme de ma compagne. Elle avait jusqu’à présent réussi à me cacher ce côté de sa personnalité. J’avais rencontré mon Amie deux ans plus tôt, dans la librairie de manga où elle était employée à mi-temps afin de financer ses études. Nous avions sympathisé peu à peu et nous sortions officiellement depuis un an. Je l’avais déjà présentée aux parents il y a quelques mois et nous avions décidé d’emménager ensemble au retour de notre séjour à Tokyo. Mais, jusque-là, bien nous ayons plus d’une fois parlé du Japon, et de ses habitants elle ne m’avait jamais parlé de Johnny’s ou autre acteur. Sauf que maintenant elle s’excitait devant chaque panneau publicitaire où un minois masculin souriait de toute ses dents, ne parvenant même pas à retenir certains petits gloussements quand nous tombions sur ceux des membres d’une certaines tempêtes… Il me semblait qu’il fallait que je les prévienne.
« De : Ben A : Lucie Objet : Mayday ! J’arrive avec Christelle. Désolé … mais… je viens de découvrir son côté FG. Rendez-vous, chez la frangine. Virez les mecs et les photos. A toute… »
- Ben, tu fais quoi ? - Je préviens mes frangines de l’imminence de notre arrivée… Mais dis-moi Christelle, tu ne m’avais pas dit que t’étais une fangirl… ? Mon amie se mit à rougir brusquement, et soudain son excitation se transforma en nervosité pure et simple. -Ben, tu crois vraiment que c’est une information qu’on lâche naturellement quand on commence à sortir avec un mec ? Non … C’était une évidence. Parce qu’être comparé, même inconsciemment, au fantasme vivant de sa copine, ce n’est pas spécialement agréable. En même temps, nous sortions sérieusement ensemble Christelle et moi depuis un an et nous nous connaissions depuis encore plus longtemps. Et puis… - Chris… Combien de cartons remplis de magazines et autres goodies vont envahir notre appartement à notre retour ? Et… tu es fan de qui exactement ?
(…)
Arrivée à l’appartement nous avions été accueillis par ma frangine (l'officielle). Elle allait bien mieux que la dernière fois que je l’avais vue. C’était un vrai soulagement. Elle rayonnait, je ne savais pas si c’était sa maternité ou l’amour, qu’elle semblait avoir enfin trouvé, mais elle faisait plaisir à voir. Elle nous avait ouvert ma nièce dans les bras, et après de rapide présentation j’étais allée retrouver Lucie dans la cuisine. De là nous avions entendu Cécile demander : - Christelle, qu’est-ce que Ben t’a raconté sur nous ? - Que toi, Cécile, t’étais marié mais que ton mari t’avait quitté pour un de ses amis d’enfance. Qu’Emi était pourtant sa fille. Que, depuis, tu avais trouvé un copain. En gros, que ta situation de famille était digne des feux de l’amour mais que c’était pourtant pas si compliqué parce que c’était ce que vous vouliez. - Et pour Lucie ? - Qu’elle devrait se marier prochainement avec un mec qu’elle a rencontré au boulot. C’est bien ça Lucie ? Nous venions de rejoindre les trois demoiselles du salon. Lucie fixait obstinément son attention sur le thé qu’elle versait dans les tasses et Cécile semblait fascinée par sa fille. Je compris sans mal le message sous-jacent : je devais continuer sur sa lancée. - En fait Chris… le fiancé de Lucie, tu l’as déjà vu, et… le petit ami de Cécile aussi. - Vraiment ? Comment ce serait possible, parce que je connais personne personnellement au Japon. -Disons que tu les as surtout vus sur des magasines et dans des vidéos… repris-je devant l’étonnement de ma petite amie. Son visage se figea de surprise quand elle réalisa ce que j’essayais de lui faire comprendre. Dans le taxi, elle m’avait avoué son penchant pour les acteurs mignons, les Johnny’s faisaient partie de cette catégorie et les Arashi étaient ses préférés non pas forcément pour leur talent mais pour leur ‘cutitude’. « Mais, avait-elle essayer de se rattraper, ce ne sont que des fantasmes, toi, je t’aime. » C’est ainsi qu’elle avait conclu ses explications avant de m’embrasser, choquant le pauvre chauffeur de taxi qui nous transportait. -Sérieusement ? Vous sortez avec des célébrités ? Et je vais les rencontrer ? J’aurais jamais imaginé rencontrer un jour des People dans leur intimités. C’est qui ? Devant l’avalanche de question que vomissait Christelle, mes frangines acquiesçaient en souriant et en rougissant, du moins du côté de Lucie. - Certains des gars que t’as vu sur des affiches tout à l’heure Christelle… - Mais tout à l’heure y avait plein d’affiches, d’images, de tout un tas de personnes. - Mais il n’y en avait pas autant pour te faire pousser des cris d’excitation dignes de la frangine de Teru… même si, c’est vrai que tu avais le même air que Cécile devant sa fille quand tu regardais les autres posters d’idols… Sérieux… Tu te rends compte que ce ne sont même pas de vrais personnes ce sont des images retouchées en plus… et puis des affiches d’icônes de… je sais pas quoi, y en France aussi. Non ? - Nan, pas comme ça… Parce que des affiches géantes pour… Arashi … quoi… et puis les Jump, les Arashi, les Kanjanis… les Arashis… Oguri Shun… Miura Haruma… Ikuta Toma… Arashi
- T’as un sacré faible pour les minets nippons quoi, constata Cécile. Alors si tu pouvais rencontrer un de ces groupes ou une de ces personnes ce seraient qui ? - Arashi... Ohno Satoshi… - Ben… Prépare-toi… même si ce n’est pas Satoshi que tu vas pas rencontrer dans les cinq prochaines minutes, annonça Cécile. - Les garçons disent qu’ils montent. Cécile ? Ben ? Christelle prête ? demanda Lucie en reposant le téléphone qu’elle venait de consulter. - Quoi ?… Oui… Non… Hein ?... C’est pas vrai ?... Je sentais bien que ma petite amie tentait de garder son excitation en elle alors je la pris par la main et l’entraînai vers le bureau de ma sœur. Là, je l’embrassai ne la relâchant que lorsque la sonnette de l’entrée retentit. Nous retournâmes au salon alors que deux ‘Tadaima’ nous atteignirent. Ce fut le signal pour La Petite et Lucie. Elles se levèrent de leurs sièges en leur répondant et se dirigèrent vers la porte séparant le couloir du living. Lucie y disparut quelques instants avant de revenir en tenant par la main le dragueur de Prisunic, pardon son fiancé. Chris se mit à frémir d’excitation près de moi et je lui attrapai la main pour tenter de la calmer. Un cri fut momentanément ravalé mais quand Matsujun pénétra à son tour dans la pièce, la fangirl fit surface et je découvris tout comme les autres une facette de Christelle. - NINO et MATSUJUN pour de vrai ?
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++Journal de Lucie++
25décembre2011 Cher Journal, Entre le boulot, la paperasse pour le mariage, le boulot et les parents, je n’ai pas eu une minute pour remettre les pieds dans mon appartement depuis que j’ai emménagé chez Kazu. Pourtant c’était là-bas que j’étais pour la première fois depuis deux semaines quand Ben m’avait envoyé son message à propos de Christelle ou Stella comme elle avait demandé qu’on l’appelle. Avec ces nouvelles arrivées, il avait fallu une nouvelle fois réorganiser les couchages de chacun. Mes parents et ceux de Cécile avaient été invités chez ceux de Teru. Mon amie avait alors laissé son appartement à sa belle-sœur et sa marmaille retrouvant pour l’heure son chat, exilé chez Jun-kun, depuis l’annonce de ma grossesse. Enfin, je prêtais ma chambre à Ben et sa petite amie. C’était pour cela que j’étais en train de mettre la couette dans une housse propre au moment où Nino m’avait apporté mon téléphone pour que je puisse prendre connaissance du message. Pour finir leur première rencontre ne s’était pas si mal passée, même si le hurlement de FG qu’avait poussé Stella avait mis tout le monde mal à l’aise pendant une bonne minute… ~~ 27 décembre 2011 Cher journal, Ça y est, je suis l’épouse de Kazu légalement parlant au Japon. Ça parait froid écrit ainsi, mais c’est tout l’effet que ça m’a provoqué hier quand j’ai reçu un appel de la mère de Nino pour m’annoncer qu’elle sortait de la mairie où elle avait fait enregistrer notre union. J’avais éprouvé plus d’émotions il y a quatre jours quand j’avais reçu l’appel de l’ambassade pour m’annoncer que les derniers papiers étaient arrivés par la mallette diplomatique. Je pourrais même dire que ma main avait un peu tremblée quand Nino et moi avions complété, sous l’œil attentif du groupe et Cécile, le formulaire de mariage. Mais comme nous n’étions pas nécessaires pour sa validation par l’administration nippone et c’était ma belle-mère qui s’en était chargé évitant ainsi le risque de fuite d’information. ~~ 28 Décembre 2011 Cher Journal, Nino me manque ce soir… Lui et le reste d’Arashi sont toujours sur le site de Kohaku alors que je suis à Osaka pour préparer les concerts à venir… Mais… Si je prends le temps d’écrire aujourd’hui, c’est surtout pour dire qu’à la suite du non-événement qu'avait été le mariage, les Parents (c’est-à-dire les miens mais aussi ceux de Nino, Cécile et Teru) ont décidés de le célébrer lors de la fête qu’ils organisaient déjà pour le début d’année. Il parait que toutes les parties adverses de notre drôle de tribu seront présentes. J’espère que les japonais sont bien fidèles à leur réputation de courtoisie et retenu parce qu’après tout ça va faire un drôle mélange : avec tous les parents des Arashi mais aussi leurs fratries. De plus Sho a annoncé qu’il viendrait accompagné, lui aussi, quand Masaki-chan a annoncé sa venue avec Lena. La seconde nouvelle du jour, c’est la révélation du nom de la personne avec qui Sho sort. C'est la cousine de Teru, Rinoka ! Il va donc falloir que je me fasse à sa présence dans notre petit cercle. ~~ 2 Janvier 2012 (0h15) Cher Journal, Je t’écris depuis l’avion qui nous emmène Kazu et moi vers Osaka. Le reste d’Arashi est encore en congé mais je dois reprendre le boulot dans la soirée pour faire les derniers réglages pour que tout soit prêt pour la première de demain soir. Mais avant de nous remettre au boulot Nino et moi avons le droit à quelques heures d’intimité dans un onsen très chic situé près d’Osaka. La vue y est parait-il splendide… Il y a quelques heures, en présence de nos meilleurs amis et de nos parents, nous avions prononcés les vœux de mariage devant un prêtre. 2 jours avant j’avais présenté officiellement Xavier à Nino, c’était juste après que mon ami soit arrivé à Tokyo et juste avant que Nino ne parte pour le Kohaku. Ces deux-là se connaissaient déjà, mais n’avaient jamais sympathisé. J'espère que ça s’est arrangé maintenant qu'ils ont bu ensemble….
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++Sho++
- Bonne nuit! - Bonne nuit Sho. Je quittai mes parents à l’entrée du couloir menant à ma chambre. Nous revenions tout juste du restaurant où les parents de Lucie et la mère de Nino avaient organisé le 'banquet de mariage' de leurs enfants. Nous avions eu deux jours de repos pour le nouvel an entre le Kohaku et la reprise de la tournée ; la soirée avait été organisée dans l’intervalle et avant le retour des français chez eux. Je revenais, pour la première fois depuis des années, coucher dans ma chambre d’adolescent. Cette dernière était quasiment restée intacte, mis à part les objets que j’y avais enlevés lors de mon déménagement au garage au début d’Arashi. Cette chambre reflétait encore celui que j’avais été lors de mes années de Johnny’s juniors. Depuis… plus d’une décennie s’était écoulé et ma vie avait bien changé. Surtout depuis un an en y réfléchissant… Qui aurait dit que notre Nino national, qui, il y a moins d’un an, n’envisageait les relations avec l’autre sexe que pour le boulot et la bagatelle, serait marié, heureux de l’être, et bientôt père de famille… Certainement pas moi. Pas lui non plus, je le savais puisque lui et moi avions eu l’occasion d’en discuter la veille de la signature des papiers qui avaient fait de Lucie-chan, Ninomiya-san.
- Flash-back : 30 décembre, dans la soirée-
Nino et moi étions au Storm et nous attendions l’arrivée des autres +2 puisque Ben-kun et Xavier-san (le meilleur ami et témoin de Lucie) s’ajoutaient à la joyeuse assemblée composée de nous six. En les attendant, cachés dans notre alcove, je décidai d’entreprendre mon cadet. - Alors Nino, t’es prêt ? Ton ancienne vie ne va pas trop te manquer ? - Non. - Vraiment ? Tu sais j’ai du mal à y croire. Les choses vont tellement vite… - Sho-kun… ça fait dix ans que je les attends ces choses tu sais… peut-être même encore plus longtemps… - Dix ans ? T’es sûr ? Parce qu’avec toutes celles dont tu as brisé le cœur, je n’ai jamais eu l’impression que c’était ce que tu cherchais. - Evidemment… Elles n’étaient pas celle que j’attendais. Avec elles, c’était juste du sexe, ça a toujours été clair ; je leur ai toujours dit. … …Sho-kun… tu te souviens du jour où j’étais revenu après m’être fait casser la figure, à nos débuts ? - Evidemment. - Tu veux savoir ce qu’il s’était passé ? - Euh… - Je l’ai jamais raconté, pas même à J. En fait, c’était à cause d’une fille… C’était mon premier amour… et comparé aux sentiments que j’éprouve pour Lucie, je me rends compte que ce n’était rien. La preuve… c’est que quand mon sempai m’a proprement cassé la gueule, je l’ai laissé faire, je n’ai même pas riposté d’une pichenette avant de m’excuser et de rentrer chez toi. … -Fin du Flash-back-
Nino romantique ? Je ne l’aurais jamais envisagé autrement que sur scène et il n'avait jamais été considéré comme un bon acteur dans ce domaine. Mais il m’apparaissait aujourd’hui que son rôle de mec désabusé avait été, et serait encore pour les fans, le plus grand rôle de sa vie. Et il l’avait joué pendant tout ce temps. J’avais toujours cru que, quand il se laissait aller à des démonstrations d’affection en public, il ne s’agissait que de jeux. Aujourd’hui je me demandais dans quelle mesure il levait le voile sur ces émotions dans ces moments-là. Mais en un an il n’y avait pas que la vie de Nino qui avait changé. Il y a un an, seul Jun et Ohno étaient un couple et comme pour Nino je n’imaginais pas que ça changerait … et pourtant… un faire-part et un mariage gâché plus tard, le retour de Teru dans nos vies, et tout avait basculé. Teru et Riida étaient le plus grand couple de crétin que je connaissais et je me demandais souvent comment Cécile-chan et Jun avaient pu leur pardonner. Car ils l’avaient fait. Enfin… c’était plus ou moins grâce à cet immense gâchis que nos vies étaient si différentes. Parce que plus aucun de nous n’était célibataire. Je n’aurais jamais pensé que Masaki et Lena-san, ma collègue journaliste tomberaient amoureux… et pourtant… Quant à ma relation avec Rinoka, malgré des débuts chaotiques, elle m’apparaissait aujourd’hui de plus en plus comme celle que j’attendais.
- Flash-back : 1er janvier:Mariage du Lucino-
A onze heures précises, j’étais passé prendre Rinoka devant chez elle pour nous rendre ensemble à la salle où avait lieu la fête en l’honneur du mariage de Nino et Lucie-chan. Le trajet s’était fait en silence, ce genre de silence serein dans lequel ne peuvent se plonger que les plus proches amis ou, comme dans notre cas, les amants assez sûrs de leur couple pour ne pas avoir peur des silences à rallonge. Une fois arrivés et pendant que nous étions en train d’attendre que les vedettes du jour entrent en scène, Rinoka s’approcha de mon oreille. «- Sho-kun, ce soir, tu vas me faire l’amour contre un mur au moment où je m’y attendrais le moins. » Effaré par le fait qu’elle ait osé me dire cela sans sourciller avec autour de nous quelques étrangers mais surtout mes parents et certains de mes amis, je me tournai vers elle avec des yeux ridiculement écarquillés. «- Quoi ?! Ici ?! -Bien sûr ici. -Mais… On est dans une salle de réception et… Et c’est pour un mariage… On… On ne peut pas ! -Ecoute Sho-kun, c'est soit moi ce soir, soit ta main chez tes parents, pendant que je fantasmerai chez les miens. Tu choisis. Puis un mariage est la meilleure des occasions, cette soirée a soif d’amour et de sexe. » Sous le choc d’une telle proposition en de tels lieux, je me tus un instant. La faculté de Rinoka à parler de tels sujets sans aucun complexe m’étonnerait toujours. Réfléchissant à ses dires je me retournai de nouveau vers elle et son air de ne pas y toucher. « Mais… Si tu veux que je te prenne sans que tu t’y attendes, pourquoi tu m’en fais la proposition ? - Parce que je sais que de toi-même tu n’oseras jamais. Puis je dois me préparer à l’idée pour que l’excitation monte, que je sois fin prête au moment où tu te décideras. Me faire prendre sauvagement contre un mur : Ok. Souffrir parce que mon corps n’est pas prêt à t’accueillir : Non. - Mais… - Tu comprends, plus j’y pense plus ça dilate, ça s’humid… - Ok, ok,… ça va j’ai compris, c’est d’accord. » Elle avait gagné encore une fois. Comment avait-elle deviné que mon ultime fantasme d’adolescent était de faire l’amour dans un lieu public, ça je n’en savais rien. Toujours était-il qu’elle s’apprêtait une fois de plus à me faire passer un moment de pure sensualité et ça, malgré mes joues rouges et mon anxiété à l’idée de nous faire surprendre. Je m’en délectais d’avance…
-Fin du Flash-back-
Mes pensées furent interrompues par des coups donnés contre ma porte. - Nii-chan, je peux entrer ? - Dozo. Mai entra, le front barré par un pli soucieux. Que lui arrivait-il ? - Nii-chan, tu sais que tu es surprenant ? - Pourquoi ? - Je n’aurai jamais cru que tu céderais à la pression de notre mère et que tu finirais par craquer pour Rinoka-chan ? C’était à mon tour d’être surpris. - Et pourquoi donc ? D'abord je ne cède pas à Mama. Rinoka est majeure, superbe et intelligente… - … Oui, et elle a mon âge. Nous avons été dans les mêmes écoles voir dans les mêmes classes, tu sais… - … et ?... Je sentais bien que ma sœur avait quelque chose à ajouter mais qu’elle hésitait. - Nous n’avons jamais réellement été amies parce que, même si nos cercles de fréquentations étaient théoriquement identiques…, nos caractères et nos visions du monde étaient trop différentes… mais cela ne m’a pas empêché d’entendre … certaines rumeurs… - Je pense que je les ai entendus aussi, Mai. Ne t’inquiète pas, j’ai établi les règles du jeu et c’est en totale connaissance de cause que nous sortons ensemble. Ma sœur ne semblait pas convaincue par mes propos. Elle affichait une moue sceptique qui étaient 100% Sakurai. En attendant, les propos qu’elle venait de tenir à propos des cercles d’amitié, me rappelait ceux qui m’étaient venus il y a quelques mois. Je connaissais bien ma petite sœur, cela me rassurait et me confortait dans ma capacité à cerner les caractères féminins. Et Rinoka avait su, depuis notre dispute, faire plus qu’amende honorable. C’est ce qui m’avait décidé à lui proposer de m’accompagner pour le mariage de Nino aujourd’hui, ou hier vue l’heure. - Tu l’aimes ? - Oui ; et la réciproque est vraie. Ce soir, c’était la première fois que nous nous affichions devant les parents. Tu sais, j’ai longuement attendu avant de le faire, parce que j’ai parfaitement conscience que cette action va entraîner la reprise des envies matrimoniales de nos mères, tantes… - Tu as l’air de savoir où tu vas… Sourit doucement Mai. - Oui. Allez, file te coucher, il est tard. - Oyasumi… - Oyasumi. Ma sœur sortit bientôt de ma chambre pour regagner la sienne, située à quelques pas de la mienne chez les parents, maintenant que j’avais cédé le garage à Shu. Je me rallongeai et tentai de reprendre le cours des pensées qu’elle avait interrompues. Ça y était, nous étions tous en couple en même temps et sérieusement. Nino était marié et bientôt papa. Teru l’était, Satoshi-kun et Jun aussi d’une certaine manière… Pour Cécile-chan et Jun, les choses s’éclaircissaient doucement, puisque Teru et elle avaient décidé de divorcer après leur premier anniversaire de mariage. Si je devais lancer un pronostique je dirais que le prochain mariage que nous célébrerions serait le leur à Noël prochain. Mais c’était sans compter Masaki. Il était l’une des raisons annexes qui m’avait fait garder ma relation secrète aussi longtemps auprès du groupe. Je ne voulais pas qu’il souffre d’être le seul célibataire, quand, en septembre, Nino puis Jun avaient commencé à montrer des signes de non-célibat. Ensuite il avait fallu que Rinoka et moi consolidions notre relation quand j’avais perçu la fragilité de ses fondations. Rinoka était encore très jeune, il fallait que nous prenions le temps et j’avais dû accepter son passé sulfureux. Maintenant, si tout continuait de se normaliser, j’envisageais sérieusement d’officialiser notre couple devant nos parents pour la Saint Valentin ou le White Day. Rinoka était étonnante, c’était l’épouse parfaite au regard de mes parents mais aussi celle qui m’avait fait découvrir des désirs et réaliser des fantasmes dont j’ignorais l’existence en moi… encore ce soir pendant la soirée…
-Flash- Back : quelques heures plutôt…-
Ce repas était assez unique pour être remarquable. Le restaurant qui avait été réservé pour l’occasion était rempli de personnes aux univers professionnels assez diversifiés, et pourtant qui toutes étaient présentes pour célébrer l’union de Lucie et Nino et la nouvelle année. Mais le plus important pour moi c’était la présence à mes côtés de Rinoka alors que mes parents, son oncle et sa tante se trouvaient quelques mètres plus loin. J’avais joué à cache-cache avec ma mère une partie de la fête n’ayant aucune envie de discuter avec elle tout de suite, préférant attendre la fin du mois et de notre tournée pour entendre son cri de victoire car je pouvais lire dans ses yeux qu’elle pensait être, d’une manière ou d’une autre, le cupidon de notre idylle… Malheureusement, maman m’avait coincé au détour d’un couloir, m’entraînant dans une sorte de boudoir. - Combien de temps tu comptais encore garder votre histoire secrète Sho ? - Je ne le voulais plus c’est pourquoi nous sommes ensemble ce soir. Mais maman nous ne voulons pas nous marier tout de suite. Nous voulons y aller lentement, il faut que Rinoka-chan puisse prendre la mesure de ce que signifie être la compagne d’une idol. - Sho tu devrais peut-être prendre ta retraite alors ? - Non. Je ne le veux pas. Et Rinoka ne le demande pas non plus. Je veux juste te dire que si vous essayez de nous forcer la main en précipitant les choses vous le regretteriez d’une manière ou d’une autre. Enfin, maintenant que nous avons parlé, je dors chez vous ce soir, ce sera plus sage que de regagner mon appartement après la soirée. J’avais quitté ma mère sur ces mots pour rejoindre ma compagne et nos amis. En route, le défi de Rinoka revint trotter dans ma tête. « Sho-kun, ce soir, tu vas me faire l’amour contre un mur au moment où je m’y attendrais le moins. » La discussion avec ma mère m’avait donné le courage nécessaire pour mener à bien notre coup de folie : Après un rapide calcul de la situation, j’en concluais que c’était le moment ou jamais. D’autant que, depuis la fin de la cérémonie, j’avais eu, moi aussi, le temps de me préparer. Faire l’amour dans les toilettes, bien qu’étant un fantasme datant de ma tendre (pré)adolescence, ne me semblait pas être une hypothèse très glorieuse. En me baladant ici et là, feignant le besoin de me dégourdir un peu les jambes, j’avais pu remarquer que rares étaient les coins inoccupés à l’abri de tout regard indiscret. Cependant, quand ma mère m’avait attiré dans son guet-apens, j’avais pu remarquer la présence d’une étroite ruelle absolument pas éclairée à l’arrière des cuisines. Cette ruelle ne servait qu’au restaurant et ne donnait que sur un mur de vieilles briques. Quelques sacs poubelles y étaient entreposés, et, d’après les allées et venues du personnel, j’en étais venu à la conclusion que seule une personne voulant déposer la poubelle ne pénétrait dans cette rue. Il me suffisait donc d’attendre que la poubelle des cuisines ait été vidée récemment pour entrainer ma compagne dans la ruelle. Ne lui en déplaise, mon esprit cartésien si peu glamour pouvait parfois s’avérer très utile. Rinoka était en pleine discussion avec l’ami français de Lucie quand je posai une main possessive sur sa taille. « Je peux te parler une seconde ? -Mais Sho-kun, je suis en train de parler avec … . - … Xavier. -C’est assez urgent en fait. Excuse-nous, ajoutai-je à l’intention de l’homme. » Saisissant sans doute l’allusion de mes propos, ma compagne s’excusa à son tour auprès de lui et se leva pour me suivre. Saisissant sa main, je l’entraînai à travers le restaurant jetant quelques coups d’œil aux alentours, histoire de m’assurer que nous n’attirions pas trop l’attention. Je la conduisis dans la ruelle par une petite porte dérobée puis lui fis faire quelques pas pressés avant de la plaquer entre mon torse et le mur de briques. Appuyant une main contre son aine que je savais sensible et l’autre contre sa joue, je pris ses lèvres d’autorité, gouttant la saveur du champagne qui restait sur sa langue. «- Sho, tu aurais tout de même pu attendre que je finisse de parler à ce type… » Susurra-t-elle dès que j’eus abandonné ses lèvres pour me concentrer sur son cou. «- C’est lui ou moi, rien ne te retiens d’aller le rejoindre. » Étouffant un gémissement, elle planta ses doigts dans mes cheveux et se mit à bouger langoureusement son bassin contre le mien. «- Prends-moi Sakurai Sho… » Prenant sa requête au pied de la lettre, je mordillai la peau diaphane de son cou, j’aventurai une main contre son ventre, sentant, à travers le fin tissu de sa robe, ses muscles se contractant par anticipation. Répondant à ses hanches, mes reins se firent plus vigoureux, et c’est avec de savants petits à-coups que je vins frotter nos deux sexes l’un contre l’autre à travers nos vêtements déjà bien trop encombrants. Tirant sur mes cheveux, Rinoka ramena mon visage contre le sien et, mélangeant nos souffles irréguliers, soupira : « Maintenant. » Non pas que le désir m’en manquait, mon bas-ventre me tiraillait tant que je mourais d’envie de la posséder sur le champ. Non. Simplement, je ne voulais en aucun cas lui faire de mal. « Attends, tu… » Ne me laissant pas finir, elle mordilla ma lèvre et donna un nouveau coup de rein presque violent contre mon entre-jambe. Me sentant m’enflammer à ce nouveau contact, je restai tout de même (mais difficilement) maître de moi-même et malgré ses protestations, ce furent mes doigts qui partirent en premier en exploration. Baissant brutalement son collant, je glissai une main dans sa culotte où régnait une chaleur contrastant délicieusement avec la température de ce mois de janvier. Connaissant le chemin par cœur, mes doigts ne tardèrent pas à atteindre leur destination. Elle ne m’avait pas menti, elle était plus que prête. Sans bouger ma main, je plongeai mon regard dans le sien alors qu’elle se cambrait. Saisissant mon interrogation, ses lèvres rouges de mes baisers s’ornèrent d’un de ses plus beaux sourires. « Ne sous-estime pas l’imagination d’une femme amoureuse… » N’y tenant plus, je retirai mes doigts d’un coup sec, arrachant un doux gémissement à ma dite amoureuse et les présenta à sa bouche. Tout en la regardant sucer avec gourmandise le goût de sa propre excitation, j’ouvrai à l’aide d’une seule main ma braguette, baissai légèrement mon pantalon et mon boxer pour me libérer ma prison étriquée. Soupirant au contact de cet air si froid, je posai mes deux mains sous les fesses de Rinoka et la soulevai sans mal pour que nous soyont au plus près et exactement au même niveau. Ses jambes fines vinrent me ceinturer et je la sentis se mettre à trembler légèrement. Alors que je saisissais sa taille d’un bras pour la soulager, je me contentai d’écarter la dentelle qui la cachait pour m’y faire une place. Cherchant dans son regard une ultime autorisation, j’entrai en elle d’un mouvement ample et sans la moindre hésitation.
Je mis longtemps à redescendre du nuage sur lequel m’avait propulsé cette femme. Nous prîmes quelques petites minutes pour remettre de l’ordre dans nos vêtements et nous redonner une apparence présentable avant de regagner l’intérieur du restaurant. « Sho ? -Oui ? -Merci. -Merci à toi de proposer ce à quoi je n’ose même pas penser… »
-Fin du Flash-back-
Voilà, c'est fini pour aujourd'hui. La semaine prochaine sera publier le dernier chapitre parut sur Kazesub. Dans deux semaines nous devrions commencer avec des chapitres complètement inédits... A vous de laisser vos commentaires... | | | Dim 7 Juin - 2:16 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Humeur : en plein jetlag
| Bonjour! J'espère que vous allez tous bien. Je vous poste ici le dernier chapitre jamais publié et à partir de la semaine prochaine j'espère, vous devriez avoir des chapitres inédits toutes les semaines. Enfin voilà le nouveau chapitre. Enjoy! - Chapitre 54:
++ Nino++
Depuis un mois, nous avions à peine le temps de nous entrapercevoir. En décembre, quand j’arrivais à obtenir un peu de temps libre, elle était à Osaka, préparant nos futurs concerts du mois de janvier. Les derniers jours de décembre, j’avais moi-même jonglé entre nos émissions et la préparation du Kohaku et ma seule soirée de libre entre Noël et le jour de l’an avait été réquisitionnée par mes amis pour fêter entre hommes la pseudo fin de mon célibat. La fête officialisant notre relation aux yeux de mes beaux-parents avait eu lieu nous étions repartis sur les routes et je ne voyais plus Lucie que pendant les jours de concerts et la veille de ces derniers, quand je pouvais me libérer. Lucie, elle, suivait l’équipe technique. Elle faisait partie des premiers à arriver sur les sites de concerts et je devais littéralement la sortir de sa cabine quand j’étais là pour qu’elle mange et qu’elle dorme. Avant la reprise des concerts, nous avions eu une journée de détente que nous avions passée dans un onsen dans les hauteurs de Kobe. C’est là que j’avais commencé à m’inquiéter pour ma femme. Au onsen, j’avais redécouvert le corps de Lucie et je m’étais aperçu qu’elle ne montrait toujours presque aucun signe extérieur de grossesse. Il me semblait même qu’elle était plus mince qu’avant, ce qu’elle avait confirmé avant d’essayer de rassurer. Elle avait été à sa consultation la semaine précédente accompagnée de sa mère et Cécile qui avait joué les interprètes pour la mère de Lucie. Le médecin aurait dit que Lucie allait bien. Alors… Je commençais à comprendre pourquoi la direction de la Johnny’s interdisait ou plutôt décourageait si fortement ceux d’entre-nous qui souhaitaient plonger dans la vie de couple officiellement. Non pas que je regrettai mes choix, loin de là, mais j’avais la chance d’avoir une moitié qui partageait en partie mon milieu professionnel et qui en plus travaillait dans la même entreprise que moi. Pour ceux qui n’avaient pas ma chance, s’ils étaient aussi fou que moi (et il me semblait que cela faisait partie des caractéristiques de base dans mon domaine professionel), ce devait être encore plus difficile. Je me demandais comment Jun pouvait supporter ces séparations, lui qui était si attachant et attaché. Notre entretien avec le big boss c’était déroulé très différemment de ce que nous avions imaginé. Jun et moi nous étions attendus à devoir argumenter et nous battre points après points mais à notre surprise ce n’avait pas été le cas.
- Flash-back : début décembre 2011–
J’étais avec Jun devant le bureau directorial, attendant que la réunion précédant notre rendez-vous s’achève. Quand la sœur et la nièce de Johnny-san étaient sorties, leurs expressions reflétaient la frustration et la voix exaspérée du président de la compagnie nous avait ordonné d’entrer. Depuis la porte, nous avions vu son profil, il était en train de se servir un verre d’alcool. Alors que nous nous tenions nerveusement debout devant le bureau, où trônaient divers cadres photos dont nous ne pouvions voir que le dos, Johnny-san se retourna. - Que puis-je pour vous les garçons ? demanda notre patron en s’asseyant dans la partie salon de son bureau et nous faisant signe de prendre les deux fauteuils qui faisaient face au sien. - Nous voulons vous annoncer des changements importants dans nos vies privées. Cela pourrait rem… - Nino, je sais que tu sors avec Bergevin-san. Je sais même qu’elle porte ton enfant. Jun, toi après avoir couché pendant des années avec Ohno-kun, tu sors à présent avec une femme mariée et qui a un enfant de son mari. Si c’est pour ça que vous venez voir, alors sachez que si je m’y étais opposé, je ne vous aurais jamais laissé vous engager aussi loin et que j’aurais trouvé une raison pour muter ou renvoyer votre chère ingé-son. Jun et moi étions scotchés. Comment ça, il savait et il n’avait rien empêché. Ce devait-être une plaisanterie. Quelques années plutôt, il avait failli renvoyer Masaki, à cause des photos, qu’une ex jalouse avait vendu aux magasines. Plus récemment, il avait décidé de nous interdire les appartements de nos amies à cause de ces mêmes torchons ! Alors quoi, il ne nous sanctionnait pas, au contraire, il avait laissé nos idylles s’épanouir, en connaissance de cause ! Je ne comprenais pas et Jun non plus visiblement. Johnny-san, lui, avait l’air satisfait de nos réactions. Il sirotait son verre, un sourire satisfait et ironique aux lèvres. - Vous pensiez vraiment que j’aurais pu ignorer vos relations tout ce temps ? demanda-t-il devant notre silence prolongé. - Voyons les garçons, vous devriez me connaitre maintenant. Jun, j’ai toujours su que Satoshi et toi couchiez ensemble, depuis tes 16 ans. Je ne m’y suis pas opposé car, malgré les infidélités de Satoshi vous restiez unis, pas seulement vous deux mais tout le groupe. Quand en février, j’ai eu vent de votre séparation, j’ai failli intervenir, mais c’est là que j’ai découvert votre méli-mélo sentimental. A l’époque, tu ne sortais pas encore avec la femme de votre ami mais vous vous rapprochiez. Comme aucun fouille-merde ne soupçonnait quoi que ce soit j’ai laissé courir. Si mes espions ont bien fait leurs devoirs vous avez consommé votre relation début avril, à peu près au même moment que l’embauche de Bergevin-san. Pour toi, Nino, depuis plus de 10 ans, tu mènes une vie dissolue mais, à ta décharge, tu as presque toujours su garder tes coucheries loin des photographes. J’ai su que quelque chose changeait pour toi à peu près au même moment que pour Jun mais j’ai compris quand tu as remis les paroles de ton solo. Tu y clames à la terre entière que tu as changé. Tu y racontes cette année. Ça n’a pas été difficile de comprendre qui était à l’origine de ce changement. Toi qui a toujours évité le plus possible les studios d’enregistrement malgré ton amour pour la musique, voilà que tu as commencé à y passer au moins une fois par jour depuis qu’elle y règne. J’ai d’abord été un peu inquiet car elle ne semblait pas être intéressée. Puis j’ai réalisé que ce n’était qu’une apparence. Comme avant de l’engager j’avais déjà fait ma petite enquête sur elle, j’ai laissé votre histoire fleurir. Johnny-san s’arrêta quelques secondes pour nous observer, et boire une nouvelle gorgée de son verre. Puis il reprit. - Je suis content pour vous, vraiment. Vous avez toujours été sérieux vous et le groupe dans votre éthique de travail, c’est pour cela que je ne suis pas intervenu et que je n’interviendrai pas sauf si quelque chose comme la dernière bêtise d’Ohno se reproduisait. Si vous gardez vos relations loin du scandale vous êtes libres de vous marier et d’avoir des enfants. Cependant garder un œil sur Satoshi et Masaki ; ils n’ont pas toujours été aussi prudent. Pour Sakurai, je laisse sa famille s’occuper de ses relations, ça m’évite une source d’ulcère. Après cette leçon, il nous avait renvoyé à notre travail.
-Fin du Flash-back-
Du travail, je n’en manquais pas. J’avais été choisi pour tourner un nouveau film et les premières répétitions avaient commencé. Pendant mes absences j’avais supplié Jun et Masaki de garder un œil sur Lucie et je savais qu’ils faisaient de leurs mieux, mais Jun avait, lui aussi, une femme et un enfant dans sa vie et était restée presque tout le temps à Tokyo. La seule fois où nous avions pu la convaincre de nous suivre, ça avait été pour Fukuoka, à la fin de la tournée. Elle était retournée dans la maison familiale des Miura, nous convainquant tous de l’y rejoindre, afin que nous ayons une vraie coupure entre le boulot et le repos. En attendant quand j’étais avec Lucie, je ne pouvais que constater la fatigue qui s’accumulait en elle, et cela m’inquiétait. J’avais repris un rendez-vous chez l’obstétricien où cette fois rien ni personne ne pourrait m’empêcher de l’accompagner.
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++Jun++
La tournée s’achevait enfin, et nous étions tous réunis dans la même ville. Nous étions tous là, y compris Emi et Cécile. Elles étaient actuellement dans notre loge dans les profondeurs du dome de Fukuoka. Cécile avait accepté de nous rejoindre pour ces derniers concerts mais elle n’était pas venue seule. Son frère et Stella, la FG française, l’accompagnaient. C’est comme ça que nous avions commencé à surnommer car, après la première rencontre où sa réaction était compréhensible, elle continuait à agir bizarrement pendant un quart d’heure à chaque fois qu’elle rencontrait l’un de nous. Quand il s’agissait de Toshi, elle était même perturbée plus longtemps. J’avais espéré qu’elle se calmerait bientôt mais à cause de ces réactions les petits-déjeuners de cette semaine avaient été étranges. Ben et elle ne repartiraient pour la France que le lendemain de l’anniversaire de Cécile et nous avions deux semaines pour nous. Pour ces premiers jours de vacances Nino et Lucie restaient avec nous à Fukuoka le temps que cette dernière supervise le démontage de sa console, puis elle l’accompagnerait jusqu’au moment où nous nous retrouverions à 11 pour l’anniversaire de Sho. Aiba et Lena-chan repartaient dès demain pour Tokyo tout comme Sho. En attendant, ce soir, si Cécile était dans la loge, ce n’était pas parce c’était notre dernier concert de la tournée. Ce n’était pas non plus parce que, quelque part dans la fosse, se trouvaient Teru (pour l’interprétariat), Ben et Stella. Non, ce qui l’avait convaincu de nous rejoindre pour profiter en direct du spectacle, bien que seulement sur un moniteur de contrôle, c’était la surprise que nous avions prévu de faire pour fêter les 30 ans de Sho avec nos fans. Au moment du MC, nous avions laissé Sho faire le spectacle tout seul et nous avions disparu le temps de revêtir nos tenues d’agent de la force publique. Puis nous étions arrivés, parodiant un des plus sexy solo de Sho, surprenant ce dernier et faisant hurler les fans de plaisir. Finalement, nous avions salué pour la dernière fois de la tournée nos fans, nous avions regagné la loge. Partout autour de nous, sur le chemin, le staff et les juniors célébraient la fin de cette longue aventure. Nous étions arrêtés tous les trois pas et quand nous avions enfin regagné notre loge une surprise nous attendait. Un an auparavant, peu de temps après la fin du concert, nous rencontrions Cécile et Lucie pour la première fois, mais cette fois ce n’était plus nous les accueillions mais elles, Teru et sa sœur qui avait mystérieusement obtenu un laissez-passer. Lena, qui avait tenue compagnie à Cécile pendant toute la durée du concert, s’était éclipsée avec Emi. Elle avait été confiée à Ben, Stella et Lena apprîmes-nous un peu plus tard, quand Cécile s’aperçut que Satoshi et moi cherchions discrètement son couffin. Heureusement que le couple français n’était pas là où nous n’aurions sans doute pas survécu à deux F.G. dans l’euphorie de l’après concert. En fait, cette réunion avait pour but de fêter l’anniversaire de notre rencontre. Cette rencontre digne d’une tempête et qui avait changé la vie de chacun d’entre nous. Le lendemain, après un petit-déjeuner tardif, nous nous séparâmes en plus petites unités. Si certains d’entre nous restaient encore pour quelques jours, la plus part des autres allaient profiter de quelques jours de repos en couple ou allaient travailler avant que nous nous retrouvions encore une fois pour le véritable anniversaire de Sho cette fois.
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++ Lucie ++ Nous étions dans le bureau de Nakagawa-sensei. Celui-ci venait d’entrer, portant sous le bras une pochette contenant les résultats de mes derniers examens. Il s’assit avant d’ôter ses lunettes pour se pincer l’arête du nez. Rouvrant les paupières qu’il avait fermées pendant l’opération, il nous regarda l’un puis l’autre avant de prendre la parole, les yeux fixés sur moi. - Lucie-san, je vous l’ai déjà dit la dernière fois… vous devez vous reposer, vous détendre. - Oui, docteur… Je sentis le regard de Nino fondre sur moi. Pendant la dernière visite, il avait été obligé de me laisser aux bons soins de ma mère parce que sensei avait été appelé pour un accouchement et avait pris du retard ; quant à Nino, il n’avait bien sur pas pu déplacer ses propres engagements. A son retour, je lui avais assuré que tout allait bien et que mes malaises n’avaient pas d’incidence sur la santé du bébé. Evidemment, je voulais surtout éviter qu’il ne s’inquiète inutilement pour moi et ce n’était pas l’entière vérité. - Sensei ? demandai-je. Quel est le problème ? demanda mon époux. - Ninomiya-san, votre femme est trop stressée, et cela a des conséquences sur sa grossesse. Le fœtus me parait un peu petit pour son âge. A côté de cela, il ne semble pas y avoir de problème pour le moment, mais c’est un risque pour son développement. Je ne peux donc que répéter ce que j’ai déjà dit le mois dernier. Lucie-san, vous devez vous reposer et vous détendre… Si cela continue, je demanderai, non pas que vous vous ménagiez, mais que vous soyez au repos total. A ces mots Nino se mit à sourire. Sourire que je lui fis ravaler rapidement en lui lançant à mon tour, un regard orageux. Mais cela ne l’empêchait pas de demander au pauvre médecin comment il envisageait de me convaincre de rester dans au lit toute une journée et cela pendant plusieurs semaines. Pour être honnête, le mois écoulé avait été vraiment épuisant ; entre les parents, le mariage, le Kohaku et la fin de la tournée dont nous venions de rentrer, j’étais épuisée mais je n’étais pas la seule. Nino avait passé son temps à voyager entre les réunions pour le tournage de son nouveau film et les répétitions. Je savais parfaitement qu’en plus il s’inquiétait pour moi et qu’il avait demandé à Jun-kun de garder un œil sur moi pendant ses absences mais lui aussi était surbooké. Alors que je sois épuisée après des journées de 18h à régler micros, sonos et que sais-je encore… ça n’avait rien de tellement surprenant. Les quelques jours de vacances que nous allions prendre allaient être amplement mérités. Repos, câlins et amusements entre amis en seraient les principales activités. Oui, pendant ces quelques jours, nous allions nous reposer… (…) - Encore en train de jouer ? J’étais à présent emballée dans son peignoir, l’observant depuis la salle à manger. En rentrant de la consultation, j’avais ressenti le besoin d’aller prendre une douche ; évidemment, il en avait alors instinctivement profité pour allumer la télé et une manette s’était glissée entre ses doigts. Il la posa sur la table basse avant de m’attraper et de m’entraîner vers la chambre. - Si tu faisais une sieste pendant que je m’occupe du reste… - Toi t’es encore préoccupé par ce qu’a dit Nakagawa sensei… T’inquiète Kazu, c’est juste que ces dernières semaines étaient particulièrement mouvementées, mais maintenant ce sera plus cool… En attendant, si tu veux te charger de faire les bagages, je ne suis pas contre, conclus-je en fermant les yeux.
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++Teru++
Comment en étions-nous arrivés là ? Demain nous aurions dû fêter tous ensemble le trentième anniversaire de Sho dans un magnifique Onsen. J’y étais encore il y a une demi-heure. Mais à présent j’étais dans ma voiture avec, à mes côtés, Rinoka que je raccompagnais à Tokyo. Trois semaines s’étaient écoulées depuis le nouvel an. Trois semaines de folie où le groupe avait semblé se dédoubler. J’avais décidé d’accompagner Sato et j’avais arrangé mon planning pour ne pas être obligés de travailler en permanence depuis les bureaux de Tokyo. Quand il répétait, je bossais avec mon Iphone et mon Ipad dans une loge ou à l’hôtel, quand il était de repos, j’étais là pour lui. Quand il rentrait sur Tokyo je le suivais. Ses retours vers la capitale, n’avaient pour but que de venir pouponner ma fille et il avait même réussi à convaincre Cécile de nous accompagner la dernière semaine pour les concerts de Fukuoka. Elle était cependant restée presque tout le temps dans la maison, y attendant le retour de Jun, ne sortant que pendant les concerts ou les répétitions, pour faire quelques promenades ou une course en compagnie de son frère et sa future belle-sœur. Elle avait repris ses attitudes de cheftaine, uand bnous étions à la maison, elle veillait à ce que nous ayons tous des repas sains et des chambres aérées. Nino avait reçu un nouveau script et multipliait les allers-retours entre les villes de concert et Tokyo où se déroulaient les réunions pour son film. Pendant ce temps, Lucie était coincée avec le staff de la tournée. Je la retrouvai dans son studio de temps en temps, le lieu étant en général idéalement placé pour observer nos artistes en pleine répétition. Matsujun partageait son temps entre la fin de son drama et la supervision de la mise en scène des shows. Sho faisait de courtes apparitions sur les lieux des spectacles mais s’enfermait souvent dans sa chambre pour travailler quand il n’était pas en reportage. Aiba-kun attendait les week-ends avec l’impatience d’un collégien puisque Lena se débrouillait pour se libérer à ces moments-là et nous rejoignait en attendant, quand il était là, il et qu’il était en stand-by, il était généralement avec moi et Lucie, nous distrayant avec ses aventures. Mais maintenant, j’étais dans ma voiture, en route pour la maison de mes parents, au lieu de prodiguer des soins coquins à mon amant. Ma passagère avait le visage fermé et coincé, que tous les Miura peuvent prendre, quand ils sont contrariés. Mais comme nous avions encore quelques heures de voiture avant d’arriver je lui demandai. - Rinoka-chan ? Qu’est-ce qu’il t’a pris ? - Je me vengeais. - Hein ? pourquoi ? - Parce que jusqu’à l’année dernière vous m’avez toujours ignorée, toi et tes potes. Et la palme est arrivée pendant Ton mariage. Ils m’ont humiliée. - Je ne comprends pas. Comment ?… - Ce soir-là, à la table, j’ai fait du rentre dedans à Ninomiya et il a répondu…
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++ Aiba ++
Dernier arrivé à l’auberge, j’avais commencé par aller saluer mes amis qui étaient presque tous réunis dans la salle de jeu. A leurs mines épanouies, ils avaient, de toute évidence, tous profité une première fois de l’onsen et ça allait être mon tour. Mais avant, je déposai mes affaires dans ma chambre et frappai à la chambre d’une certaine jeune femme. Devant l’absence de réponse, j’espérai qu’elle n’était pas en train d’y dormir comme le supposaient les autres, mais que j’allais la rencontrer au bassin. Je me déshabillai rapidement au vestiaire, souriant en constatant qu’un des paniers contenait déjà des vêtements incontestablement féminins et je les recouvris des miens. Une serviette sur les reins, je poussai la porte qui me séparait de l’eau. - Bonsoir… Je… je peux me joindre à toi ? Je me reconnaissais à peine. Même si je n’étais pas aussi direct avec les filles que l’avait été Nino, je ne m’étais jamais senti aussi timide. Lena sourit et me fit signe de la rejoindre. Une fois que j’eus pénétré dans l’eau recouverte de brume, je m’assis près d’elle et demandai: - Alors quand es-tu arrivée ? - Cet après-midi, avec Rinoka et Sho-kun. - Rinoka-san ? Elle est là? Je ne l’avais pas aperçue en saluant les autres et avais un peu espéré qu’elle s’était décommandée à la dernière minute. Pourquoi ? Parce que j’étais mal à l’aise face à la cousine de Teru. Cette dernière sortait avec Sho officiellement depuis le mariage de Nino et Lucie. Pourtant, j’avais l’impression qu’elle essayait, depuis, de me mettre dans son lit à chaque fois que j’étais dans une pièce et que Sho n’y était pas. Alors, j’essayais par tous les moyens, de l’éviter sans pour autant alerter mes amis sur ce problème. Sho avait l’air heureux et elle ne m’avait jamais fait de propositions directes, ce n’étaient que des allusions à double sens ou un frôlement indélicat suivi d’une remarque salace, qui dans la bouche de Nino, Riida ou Matsujun ne m’aurait pas choqué, mais qui, venant de la sienne, m’avait fait réaliser qu’elle était peut-être moins innocente que ce qu’elle voulait nous faire croire. - Masaki-kun ? Tu as l’air si loin… Quelque chose te tracasse ? - Non, gomen Lena-chan, je suis content d’être là avec toi, vraiment ! D’ailleurs… Pour lui répondre, j’avais levé les yeux et croisé son regard pétillant, ses joues rougies par la chaleur de l’eau, ses lèvres roses étirées dans un sourire sexy… Au diable, la cousine, celle que j’attendais de revoir depuis le week-end dernier était là, à moins d’un mètre de moi. J’annulai la distance qui nous séparait encore en attrapant sa main sous l’eau et en l’attirant doucement à moi. Elle me rejoignit et quand nous fûmes enfin face à face, elle posa ses mains sur mes épaules et nos bouches se rencontrèrent pour la première fois. … - Aaaah ! Le cri nous sépara et je regardai celle qui l’avait poussé. Rinoka se trouvait sur le bord du bassin et n’avait de tout évidence pas l’ombre d’une serviette sur elle. Lena, en l’apercevant, croisa alors ses bras sur son torse malgré le fait qu’elle était cachée par la vapeur, avant de partir à la recherche de sa serviette qui devait flotter entre deux eaux depuis que je l’avais dénouée de sa poitrine quelques instants plus tôt. - C’était donc ça, reprit la jeune femme qui continuait à exposer son corps sans la moindre pudeur. Je me demandais pourquoi tu avais disparu, et pourquoi, toi, tu semblais ne pas remarquer mes avances… Bon, ben tant pis… La gamine fit alors demi-tour et repartit vers le vestiaire. J’attendis une seconde avant de sortir du bassin afin de lui laisser le temps de remettre son Yukata et la rejoignis. - Rinoka-chan ! - Masaki-kun ? Que puis-je faire pour toi ? demanda-t-elle avec un sourire qui me fit l’effet d’être un canari entre les pattes d’un chat. - Pourrais-tu garder ça pour toi, s’il te plait. Lena est pudique et Nino et Jun sont assez taquins… - Mmm… ça va dépendre de ce que tu m’offres en échange… En prononçant ces mots, elle fixa son regard au niveau de ma taille et je vis avec dégoût un bout de langue gourmand passer sur ses lèvres. Puis elle se dirigea vers la sortie en ajoutant: - …J’attendrai ta réponse dans ma chambre… et décide-toi rapidement ou dans le feu de l’action certaines phrases pourraient m’échapper avec Sho… Je revins vers Léna et la retrouvai alors qu’elle sortait à son tour du bassin. Nous retournâmes ensemble dans le vestiaire et mîmes nos yukatas dans un silence complet. Puis, je pris sa main doucement et la guidai vers le banc où nous nous assîmes. - Lena… je sais que c’est très rapide mais... je ne sais pas quoi faire… et j’ai besoin de parler avec Nino et Jun. - Pourquoi pas à Sho ? ou Teru ? - C’est la copine de l’un et la cousine de l’autre, j’aurais l’impression de la salir sans vraie preuve… - Parce que ça, ce n’en est pas une peut-être? Elle te suit, entre nue dans l’onsen pour t’allumer et… - Ce serait ma parole de dragueur contre la sienne, la petite fille de grande famille… - Désolée de te décevoir, mais t’es pas un si grand dragueur que ça, et puis… j’étais là moi ! - Non, je ne veux pas t’impliquer. Nous deux, c’est trop jeune… - … Mais tu le veux non ? - Hein ? Quoi ? - Nous deux ! Baka ! Tu voudrais que ça marche ? - Oui. - … moi aussi, termina-t-elle dans un souffle. Alors pourquoi devrions-nous nous cacher des autres ? J’étais ta cavalière il y a moins d’un mois devant tes parents et nos amis… Elle avait raison mais je ne voulais pas l’impliquer, pas plus que Cécile ou Lucie. C’est ce que je lui expliquai et elle accepta du bout des lèvres de retourner dans sa chambre et de m’y attendre. Elle me dit qu’elle travaillerait pendant ce temps. Je trouvai Nino et Jun en compagnie de Teru, là où ils étaient déjà à mon arrivée. Comme je demandai aux deux premiers de me suivre, le troisième annonça qu’il allait voir sa fille.
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++Jun++
Masaki nous avait entrainés jusqu’à sa chambre et, une fois le panneau refermé, nous nous étions assis, enfin Nino et moi, parce que Masaki faisait des allers retours qui portèrent rapidement notre gamer sur les nerfs. - Aibaka, pose ton cul par terre et parle ! Si tu continues, on va nous faire payer des tatamis neufs pour remplacer ceux que tu auras usés en creusant ton chemin de pénitent. Aiba-chan s’arrêta, nous regarda anxieux et finit par s’asseoir face à nous. - Masaki, pourquoi tu nous as demandé de venir ? Qu’est-ce qu’il y a ? repris-je plus doucement. - Vous pensez que c’est quel genre de fille Rinoka ? - A priori ? Discrète, bien élevée, intelligente, la fille idéale de Sho-chan mais pas pour toi, répondit Nino immédiatement. Je vois pas bien l’intérêt de cette question Masaki. Pourquoi est-ce que tu chasses toujours sur les plates-bandes des autres ? Franchement, toi ce qu’il te faut, c’est une fille indépendante, vive, dont l’intelligence sera capable de voir la tienne qui est si souvent cachée sous tes expériences stupides et ton enthousiasme à tout va. Si tu n’as pas percuté, je te parle de Lena, là. La figure de Masaki s’allongeait au fur et à mesure du discours de Nino, et je le comprenais: c’était quoi ça ? Des insultes ou des compliments ? Je posai une main sur le bras du sale gosse pour qu’il se taise et il me jeta un regard noir avant de se tourner vers Masaki qui gardait la tête basse. - Bon t’accouches ? Oï ! Aibaka… Masaki était de toute évidence en pleine confusion et n’avait plus prononcé un mot depuis qu’il avait posé sa question. Nino ne l’aidait en rien, lui-même trop pris par ses propres soucis et son énervement. - Nino, va retrouver ta DS et calme-toi, OK ? Je reste avec Masa. Le jeune marié grommela pour le principe mais se leva, marmonna un gomen en passant devant notre aîné, puis sortit de la pièce. J’attendis alors que mon ami redresse la tête pour demander. - Et pour toi, c’est quelle genre de fille Rinoka ? - Elle,… elle, elle est pas aussi… Aiba-chan hésitait visiblement sur les mots qu’il voulait employer mais je me tus pour lui permettre de trouver un certain équilibre après la bourrasque que lui avait infligée notre ami. - Elle est pas aussi… bien élevée que le dit Nino. - Ah bon ? Pourquoi penses-tu ça ? - Elle… elle m’a fait des avances… lâcha-t-il dans un murmure. - Pas possible ! Ces mots étaient sortis tous seuls de ma bouche et à la tête qu'il fit, je sus qu’il s’était mépris. J’allais le détromper quand… - Sors de ma chambre! Ce rugissement était effrayant. D’abord parce que, la voix qui l’avait poussée, je la reconnaîtrais entre mille. Ensuite parce que, malgré les portes et les cloisons qui nous séparaient de celui qui venait de prononcer ces mots, nous avions pu sentir un froid glacial nous saisir Aiba et moi. S'il nous avait été adressé, nous aurions déjà suivi l’ordre, et nous serions allé nous réfugier à l’autre bout du complexe. Ce ton était l’annonce d’une terrible tempête, pour celui qui venait de provoquer l’énervement de Toshi. - Masa-chan, reste-là je vais voir ce qu’il se passe.
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++Ohno++
Je m’étais retiré dans ma chambre, après qu’Emi-chan m’ait été enlevée afin d’être nourrie. Allongé sur le futon, les yeux mi-clos, je me laissai aller à la rêverie, cherchant les points communs entre son petit corps et celui de mon amant. Elle avait les longs cils de sa maman, mais ses yeux étaient ceux de son père, sombres et déjà si profonds pour son petit visage sérieux. J'adorais voir ses tout petits doigts enroulés autour de l'un des miens, même si elle ne saisissait pas encore très bien les objets. J'avais eu envie de lui apprendre à mettre son pouce dans sa bouche, mais Cécile-chan me l'avait interdit. Alors, je me contentais de la regarder approcher ses mains repliées, de ses lèvres roses grandes ouvertes, sans que le geste n'aboutisse, lui faisant froncer les sourcils jusqu'à ce qu'elle abandonne en commençant l'une de ses crises de larmes qui ne se terminaient qu'à la condition d'être bercée dans les bras de quelqu'un. Et j'adorais que ce soit dans les miens, parce qu'alors, j'avais droit à son petit sourire qui ressemblait chaque jour davantage à celui de son père. Elle était si mignonne... On frappa doucement à la porte et je grognai un « oui », pensant que c’était Teru qui s’annonçait avant d’entrer dans notre chambre. Le bruit du panneau glissant légèrement s’arrêta vite. Trop vite, et il avait été bien trop discret pour être l’œuvre de mon amant. Je me retournai alors pour voir qui se tenait à l’entrée de la chambre et découvrit la petite cousine. L’actuelle copine de Sho-kun était en train de minauder dans l’ouverture qu’elle avait créée. - Ohno-san… j’ai besoin d’un conseil… Hein ? Pourquoi aurait-elle besoin de mon avis ? Je m’assis en tailleur tout en observant la nymphette. Cette fille, je ne l’aimais pas. Elle s’était incrustée dans notre groupe au moment de la naissance d’Emi et tous semblaient l’apprécier, même Nino, qui était pourtant l’un des plus difficiles à convaincre quand il s’agissait d’ouvrir notre cercle. Je devais reconnaître que, la plupart du temps, son intuition sur les gens était excellente et que nous avions tendance à nous ranger à son avis. S’il prenait quelqu’un en grippe, nous découvrions neuf fois sur dix que cet individu était un fouineur ou quelqu’un pouvant mettre en péril notre groupe. Pourtant cette fois-ci, rien ne semblait l’alerter. C’était moi qui détestait cette gamine; peut-être était-ce dû à ses frasques de jeunesse. Quand Sho s’était ouvertement affiché avec elle en décembre, je m’étais senti si dérangé par la situation que j’avais le soir-même demandé son avis à Teru. Ce qu’il m’avait raconté alors ne m’avait qu’à moitié rassuré. Elle semblait avoir eu une adolescence aussi tumultueuse que la mienne, allant même jusqu’à tenter de séduire son cousin. « Mais, avait ajouté mon amant, j’ai l’impression que son séjour en Angleterre l’a assagie. Je ne la reconnais plus depuis le mariage, et je ne pense pas que Sho aurait apprécié la dévergondée qu’elle était il y a quelques années. » Alors, si lui pensait qu’elle avait changé, et qu’elle ne pouvait pas nous nuire… J’avais jusqu’à présent laissé mes doutes dans un recoin de mon cerveau, et essayé de les recouvrir avec d’autres pensées plus positives. Cependant, elle avait dû ressentir ma méfiance, puisque j’étais le seul avec lequel elle gardait une forme de politesse élevée, m’appelant Ohno-san et me vouvoyant jusqu’à ce que Sho et Teru lui en fassent la remarque. - Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? Elle prit ma question pour une autorisation à entrer, et referma le panneau derrière elle, avant de reprendre. - Ohno-san, comment suis-je la plus jolie ? Comme ça ? … En posant la question, elle se trémoussait dans son yukata, s’approchant de moi sans que je n’y prête réellement attention jusqu’au moment où elle tira sur sa ceinture, laissant le vêtement glisser au sol. - … ou comme ça? - Rhabille-toi, et dégage avant que je ne décide d’expliquer ce que tu es à Sho-kun, avais-je alors grincé. Mais elle ne bougea pas, d’abord surprise par ma réaction, avant de se mettre à ricaner tout en comblant la distance qui nous séparait. - Allez, Satoshi, fais pas ta mijaurée. J’ai déjà eu assez de mal avec Sho la première fois. Je vis sa bouche fondre sur mes lèvres et n’eus que le temps de tourner la tête avant que son visage ne s’écrase sur mon oreille. Je m’écartai alors vivement et me levai rapidement pour être plus à même de maîtriser une hypothétique seconde attaque. - Fous le camp ! grondai-je. … SORS DE MA CHAMBRE ! explosai-je l’attrapant par le bras comme elle ne semblait pas décidée à bouger. J’étais en train de la tirer vers le couloir quand Jun fit irruption dans la pièce. - Qu’est-ce qu’il se passe ici ? demanda-t-il. Je lâchai la jeune femme qui sembla immédiatement reprendre contenance puisqu’en regardant mon ami droit dans les yeux, elle lâcha: - Vous préférez qu’on s’amuse tous les trois ensemble ? Les yeux de Jun s’écarquillèrent et je l’entendis murmurer. - C’est encore pire que ce qu’il croyait. Puis il eut ce regard que je reconnus, celui qu’il avait parfois quand il était vraiment en colère et qu’il voulait me le faire comprendre physiquement. Il ramassa le yukata qu’elle avait laissé glisser un peu plus tôt au sol et lui jeta dessus. Enfin, sa bouche se tordit en un sourire cruel, et il dit plus fort: - Tu veux qu’on joue ensemble ? Suivez-moi. Et toi rhabille-toi, conclut-il avant de passer devant nous. La dernière remarque était clairement destinée à Rinoka puisque cette dernière tenait encore à la main son peignoir. Il se dirigea alors vers la petite salle de bain que les propriétaires du ryokan avait fait ajouter à chaque chambre, dans un souci de confort de leurs hôtes. Subjuguée par le ton de sa voix, l’allumeuse obéit et pénétra à sa suite dans la pièce. Je fermai la marche, curieux de voir ce qu’avait imaginé mon ami. Ce dernier avait attrapé le pommeau de douche et me le tendis alors qu’il jouait avec le mitigeur tout en fredonnant. Il avait fait mettre sa victime, yeux clos, dans le coin opposé de la pièce, et, quand j’eus dirigé la douche vers elle, il ouvrit l’eau au maximum. La jeune femme hurla, écarquillant les yeux sous le choc de l’eau glacée. - C****** ! à quoi vous jouez ! Vous êtes pires que l’autre crétin, qui m’a abandonnée dans un couloir l’année dernière, au dernier moment. Tout ça pour les yeux bleus d’une étrangère éclopée. Quelle pitié ! Elle crachait ces mots tout en continuant de nous insulter et quand elle eut fini, Jun me demanda de la surveiller quelques minutes, déclarant qu’il revenait tout de suite.
A bientôt | | | | | | | | | |
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