Forum de fansub, de traductions et de discussions françaises autour du groupe japonais Arashi. |
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Mer 17 Avr - 17:13 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour! Aujourd'hui, je commence à reposter Jinsei ici. Je suppose que certaines d'entre vous l'ont déjà lu (peut-être sur l'AnF). Sachez que depuis cette première diffusion, certaines modifications ont été apportées. Cette fiction est classée MA car il y a dans certains chapitres des scènes coquines explicites C'est avec plaisir que je lirai toutes vos remarques, commentaires, impressions, suppositions, questions, ou simples encouragements. L'écriture de cette fiction a commencé suite à deux rêves faits par ma meilleure amie. Elle m'a fait tomber dans les mangas, les animés et c'est moi qui lui ai fait découvrir Arashi. A l'époque elle était fascinée par Ohno, son chant et sa danser. Elle nous a quitté depuis plus de 6 ans et depuis terminer cette histoire est un challenge. J'aime et déteste cette histoire mais je me satisfais pas de la laisser inachevée sachant que j'ai encore sur mon ordinateur certains passages écrits par Carine et encore inédits. Je souhaite finir cette histoire afin de lui rendre hommage. Merci pour votre soutien. - Personnages Originaux en ordre d'apparition:
Miura Teruki (dit Teru): c'est un ami d'enfance de Sho. C'est même son meilleur ami. Il est devenu ami avec tout le groupe peu de temps après la formation de celui-ci. c'est un bourreau de travail.
Lucie Bergevin : C'est la meilleure amie de Cécile. Elle est e se remet d'un syndrome de Guillain Barré, c'est pourquoi quand il faut rester longtemps debout elle est en fauteuil roulant. Son hobby est le piano. Elle joue très bien. Elle est ingénieur du son et travail principalement dans des studio d'enregistrement. Au début de l'histoire, elle travaille dans un studio d'enregistrement de Strasbourg.
Cécile Miura (née Bianchi): C'est la femme de Teru. Dans les premiers chapitres Cécile s'appelle déjà Miura car Teru et elle se sont déjà mariés en France. Il ne reste que la fête au Japon. Lucie est sa meilleure amie. Elle est interprète-plurilingue.
Airi Storck (née Miura) (appelée Nee-chan )(surnommée The FG ou The FanGirl par Arashi quand elle n'est pas là):Sœur aînée de Teru. Elle est mariée à un viticulteur alsacien (Thierry) avec qui elle a un enfant (Thomas/Toma) âgé de moins d'un an.
Thierry Storck : C'est le mari d'Airi. C'est un viticulteur alsacien pur souche. Il n'est pas allé au concert d'Arashi parce qu'il s'était porté volontaire pour babysitter son fils.
Thomas Storck : Premier enfant de Thierry et Airi. Il a entre 6 mois et 1 an mois au début de cette histoire.
Benjamin Bianchi (dit Ben) : C'est le petit frère de Cécile. Il considère Lucie comme ça seconde sœur.
Mme Miura : C'est la mère de Teru. Elle est maître chado, c'est à dire une professionnelle de la cérémonie du thé
Chapitre 20: Astrid Liévin : Femme de Christian, elle est l'élève de la mère de Teru. C'est Cécile qui l'a introduite auprès de sa belle-mère et c'est avec Astrid que Cécile pratique la calligraphie. Le 11 mars elle est avec Cécile.
Christian Liévin : Mari d'Astrid, il fait partie du personnel de l'ambassade de France
Léna Streuber : C'est une jeune journaliste allemande qui a été envoyé par sa "rédaction" au Japon et plus précisément en stage à Nippon Térébi. Au chapitre 20 elle découvre les activités des journalistes de news zero et elle a été confié au bons soins de Sho (qui l'appelle Müller)
Marie Bianchi : C'est la mère de Cécile, elle est infirmière
Antonio Bianchi : C'est le père de Cécile. Il est militaire (à la retraite).Ses parents étaient des immigrants italiens, il est français
Chapitre 52: Anna Bergevin : C'est la mère de Lucie. Elle est éducatrice spécialisée. Elle est d'origine suédoise
William Bergevin: C'est le père de Lucie. Il est ingénieur. Il a fait une grande école supérieur.
Xavier : C'est le meilleur ami de Lucie. Ils se rencontrer pendant leur études supérieurs. Il est ingénieur du son comme Lucie mais a étendu son expérience à la prise de son lors de tournage. C'est ainsi qu'il a rencontré Nino la première fois.
Miura Rinoka: C'est la cousine de Teru.
- Code des Polices d'écriture:
Dialogues en italique: Les personnages parlent en français Blabla en Edwardian Script ITC: c'est la police du journal de Lucie et celui de Cécile Blabla en Vivaldi : C'est de l'italien Dialogues en Tempus sans ITC :C'est de l'anglais Dialogues enBerlin Sans FB: c'est de l'allemand
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| | | Mer 17 Avr - 17:18 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Voilà donc le prologue: Bonne lecture - Prologue:
-Hey! Nino! C'était une super répét', tu trouves pas? Je regardai Aiba qui, encore plein de l'enthousiasme qui le transportait sur scène, reprenait pour la cinquième fois la chorégraphie de la dernière chanson que nous venions de répéter. Ohno l'observait d'un œil amusé tandis que Sho secouait la tête, résigné. - Masaki-chan, là, normalement, c'est le moment où on fonce sous la douche pour se débarrasser de toute notre transpiration... - Pourquoi t'entêter à lui parler? Il est dans une autre galaxie... Jun semblait s'être fait une raison. Il avait commencé à retirer ses vêtements et récupérait une serviette pour se diriger vers les douches. - Eh ! attends Jun ! l'arrêtai-je. Sho avait un truc à nous dire avant qu'on rentre chez nous. Ne Sho-kun, annonce la couleur ! Si t'attends que tout le monde soit prêt, Oh-chan dormira et Jun aura rejoint le staff. - Sans compter que pour te faire lâcher Mario... lança Jun, moqueur. - Oh ! ça va hein! - C'est vrai, il faut que je vous en parle maintenant, d'autant que le manager m'a dit que pour lui c'était ok. Sho attrapa son sac et poursuivit. - Nino, puisque tu demandes la couleur, c'est rouge ! Je levai un sourcil tandis qu'Aiba éclatait de rire. - Bien sûr que c'est rouge Sho-chan, c'est ta couleur. Tu ne nous apprends rien là ! - Je ne parle pas de moi, mais de ça ! Sho avait sorti un document de son sac. Grand comme une demi-feuille, orné de ce qui semblait être un kanji enjolivé, sa couleur était sans équivoque. - Ok, c'est rouge, dit Jun, conciliant (il avait l'air bien pressé de se laver !). Et on peut savoir ce que c'est ou tu nous fais jouer aux devinettes ? Nous nous étions rapprochés. Le sourire de Sho se fana légèrement avant de reprendre de plus belle. - Moui, c'est vrai que je voulais vous faire mariner, mais tant pis, allons-y franco. C'est un faire-part. - Rouge ? demanda Ohno, perplexe. Euh... cette couleur... - Un mariage ! m'écriai-je. Tu vas te marier et t'as pas trouvé mieux pour nous en parler ? Franchement, tu pourrais nous faire un peu plus confiance ! - Eh ! mais, attendez, c'est pas juste, ça. Pourquoi Sho aurait le droit de se marier ?? Il a pas encore trente ans ! - Aiba, soupira Jun, arrête de gober tout ce que raconte Nino. Ce n'est sûrement pas le mariage de Sho. Qui peut bien se marier pour que tu fasses cette tête de benêt, Sho ? - Je te retourne la question : qui peut bien se marier pour que JE reçoive le faire-part (qui entre nous semble avoir visité le Japon en profondeur...) mais VOUS en fasse profiter aussi ? Nous nous regardâmes avec interrogation. - Laisse-moi deviner, dit Jun, décidément très partant pour écourter le sujet autant que possible. Le manager ? Non, il nous l'aurait dit. Yoko-chan ? Nino va être trop déprimé pour chanter si c'est ça ! Yoko était la cousine de Sho et une de mes grandes fans. Si Sho n'avait pas veillé si jalousement sur elle... - Non, mais c'est quelqu'un qui était d'abord proche de moi, en effet. - Fille ou garçon ? demanda Ohno. Interrompu par son téléphone, Sho n'eut pas le temps de répondre. Il le sortit machinalement, prêt à envoyer son interlocuteur sur répondeur, quand, lisant le nom affiché, il préféra décrocher en s'écartant de quelques pas. Voyant cela, Jun décida de faire avancer son affaire à défaut de celles du groupe. - Je file me doucher. Quand il aura fini, prévenez-moi. - Attends, j'en fais autant ! dit Ohno manifestement désireux de fuir la discussion. Restés presque seuls (même s'il ne s'exprimait que par onomatopées, Sho semblait concentré sur sa conversation), Aiba me regarda avec un air sérieux. - J'ai l'impression que parler mariage devant Ohno n'est toujours pas une bonne chose, non ? Je ne répondis pas. Aiba avait raison, le thème du mariage commençait à devenir pesant. Ça avait coûté beaucoup à Sho. Et à Masaki aussi, à bien y réfléchir. Jun n'en avait manifestement rien à faire, mais Satoshi devenait chatouilleux sur le sujet. Quelque part, je ne le comprenais pas trop : ce n'était pas comme s'il pouvait épouser cette personne. Et puis, j'avais du mal à savoir à quel point il était amoureux. Pour ma part, on va dire que m'attacher à une seule remorque faisant toujours le même trajet, je trouvais ça dommage. Y a tant de lieux à parcourir ! Aiba semblait toujours attristé, mais la conversation de Sho s'anima enfin de ce côté-ci de la communication et nous tendîmes l'oreille, intéressés. - Ça tombe bien, vraiment ; très très bien, même. Je t'envoie un mail, tu n'auras qu'à le présenter à l'entrée. On t’attend. Il raccrocha, composa et envoya son mail puis regarda autour de lui. Sa moue se fit déçue quand il constata l'absence de la moitié de son public. - Où... ? - Sous la douche, dis-je sans le laisser finir sa question. Et j'espère que tu n'as pas pris de décision intempestive, parce que Oh-chan n'a pas l'air en forme. - Et ? - Et les histoires de mariage ne l'aident pas. - Nino... les gens se marient, ça fait partie de la vie. Le laisser mettre la tête dans le sable comme une autruche ne lui rend pas service, je t'assure. Bon, s'ils sont sous la douche, autant faire de même. On a dix minutes chrono !
****************** Nous entrâmes dans la salle d’eau pour découvrir que seule une des cabines était occupée, il en restait donc deux… pour trois. - Oh ! sympa, ils nous en ont laissé deux ! On les joue au janken ? Avant qu’Aiba ait fini de parler, le magicien avait lancé le janken et alors que nous fermions le poing, Nino l’ouvrit et par conséquent gagna. - Tricheur ! Je vis Nino se précipiter dans la douche la plus proche où je le rejoignis avant qu'il ne réussisse à verrouiller la porte pour y rester tout seul. - Nande ? bougonna-t-il. - Parce qu’on est pressés et que tu es rapide. Enfin parce que je n’ai pas l’impression à chaque fois que l’on se douche que tu vas me sauter dessus… On put entendre de l’autre côté de la cloison les protestations de Masaki qui s’accompagnèrent d’un « …et puis c’est pas de ma faute si t’es bien foutu au point que je pourrais avoir envie de goûter si je n’avais pas la certitude de me prendre ton poing dans la figure et de perdre ton amitié ». Nino sourit et me donna une petite tape sur les fesses avec une moue appréciatrice. - Oï ! - Au fait c’est qui… commença-t-il. - …Teru. Pour le faire-part et le téléphone, la réponse est la même. Coupant là mes explications, je laissai l’eau couler sur mon corps avant d’attraper le gel douche que Nino tenait dans ses mains. Ma réponse l’avait en quelque sorte pétrifié et je vis à sa tête, que si son corps était immobile, son cerveau, lui, fonctionnait à toute vitesse, analysant ce que signifiait cette simple réponse. Puis il reprit ses esprits et le shampoing pour finir de se laver. Je sortis de sous le jet pour lui céder la place et alors que je me séchai, je laissai mon esprit vagabonder vers ma découverte de la veille.
++ Flash-Back ++ Ouvrant machinalement ma boîte aux lettres, j’en extirpais toute une pile de courriers et publicités divers que je trierai dans l’ascenseur. Une fois à l’intérieur, mon regard fut attiré par une enveloppe rouge. Ce n’était pas seulement sa couleur, mais aussi son épaisseur et son état qui me donnèrent envie de l’ouvrir immédiatement. Cependant je me remis à la tâche, extrayant rapidement des prospectus, les quelques lettres qui n’étaient que des factures. Une fois la porte refermée, je sortis de mes mocassins, enfilant à la va-vite des chaussons, et m’installais sur le sofa pour ouvrir cette curieuse missive. D’un côté de l’enveloppe mon nom et une adresse, calligraphiée à la main, erronée, enfin surprenante : celle de la maison de campagne de mes parents. Ces derniers m'avaient obligeamment renvoyé la missive quand ils l'avaient trouvée, c'est-à-dire : un mois après son arrivée... Observant l’écriture, je m’aperçus qu’elle était appliquée bien que quelque peu malhabile, mais je ne la connaissais pas. De l’autre côté, un kanji ne laissait pas planer le doute sur son contenu : il s’agissait d’un faire-part de mariage… Je me décidai finalement à l’ouvrir et c’est là que je découvris que Teru se mariait, et avec une étrangère : une Française.
++ Fin du Flash-Back ++
- Alors c’est bien ça ? - Nani ? Je sortis de mes pensées pour m’apercevoir que nous étions tous les cinq de retour dans la loge et que Nino était en train d’agiter une main devant mes yeux en ricanant… - Je viens d’annoncer au reste du groupe que ta nouvelle petite amie, qui a une verrue sur le nez, s’apprêtait à débarquer et que c’était pour ça que tu voulais que nous soyons prêts à la recevoir comme il se doit. Je regardais Nino, me demandant un instant quelle était la part de vérité dans les absurdités qu’il venait de proférer, quand le rire d’Aiba me fit tourner la tête en direction des trois autres. Leurs figures réjouies me permirent de conclure que l’explication de Nino était une simple plaisanterie. Je captais également la main possessive et protectrice du benjamin du groupe sur le genou de l’aîné quand nous entendîmes toquer à la porte.
N'hésitez pas. Laissez un comm'! | | | Lun 22 Avr - 13:36 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| En ce lundi pascale je vous offre le premier chapitre de cette histoire et j'espère que vous l'apprécierez - Chapitre 1:
++Lucie++
Nous étions aux premières loges dans un carré réservé et Cécile, après deux heures de stress intense dans la file d’attente devant le dôme, reprenait un peu ses esprits pour affronter mon groupe J-pop préféré. Voir Arashi en concert en live, c’est le rêve de toutes les fans ; et grâce à Ai-chan, Cécile et moi allions réaliser mon rêve. Nous étions partis juste après le déjeuner rejoindre Airi. Cette dernière était arrivée avant même le lever du jour pour faire le pied de grue avec les quelques centaines de fans réunies à ce moment-là devant le dôme de Fukuoka. Nous arrivâmes à 13h, et, quand les portes du dôme s’ouvrirent enfin pour laisser entrer les chanceux dont nous faisions partie, Cécile était visiblement à bout. Voyant le stress monter, Teru l’avait heureusement enlacée, faisant de son corps et de ses bras un rempart plus symbolique que réel mais isolant mon amie de cette foule qu’elle affrontait pour moi. Quand la foule en question s’ébranla vers les accès au concert, Cécile reprit en main mon fauteuil et quelques minutes plus tard nous fûmes arrêtés pour présenter nos billets. Le contrôleur ne nous les rendit pas et nous demanda alors de patienter sur le côté tous les quatre. Bientôt, un jeune avec un T-shirt noir et STAFF écrit en grosses lettres blanches sur le dos nous demanda de le suivre et nous guida jusqu’à une zone de la fosse, non loin du bras central de la scène, et protégé des risques de débordement de la foule en délire.
***********************
++Cécile++
Je... Rhaa ! Ces gens ! Et ce bruit ! Pourquoi hurlaient-ils tous comme ça ? Hurlaient-elles toutes comme ça ? Et puis d'abord, rappelez-moi ce que je faisais ici ?? Qu'est-ce qui m'avait pris d'accepter ça déjà ? ... Une main chaude et masculine se posa sur la mienne, crispée sur la poignée du fauteuil que j'avais poussé jusqu'ici, au milieu de cette fosse aux lions. Enragés les lions, en plus ! Hystériques même. La main sur la mienne se fit caressante, puis elle écarta doucement mes doigts de ce qu'ils tenaient et je tournai mon regard vers cet îlot de calme dans une tempête déchaînée. - Ça ira ? me demandèrent deux yeux en amande. Ah! Pardon, en fait, c'était la bouche qui se trouvait quelques centimètres plus bas qui avait parlé. Je me rapprochai de lui. - Tu veux dire, en dehors du fait que j'hésite entre piquer une crise de nerf ou prendre un bazooka pour éliminer toute trace de vie dans un rayon de cinquante mètres ? Il eut la gentillesse de sourire timidement en hochant la tête. - Je doute que tu te limites à cinquante mètres, ma chérie. - Et moi, ajouta une voix géographiquement plus bas et vocalement plus haute, je te rappelle qu'on est tous les trois dans le rayon des deux mètres. Teru, tu peux la serrer amoureusement dans tes bras musclés ? Juste histoire de la calmer, hein ! Je n'avais pas besoin de la regarder pour savoir que Lucie était à demi morte de rire. A demi seulement, l'autre moitié étant concentrée sur la scène où il ne se passait pourtant absolument rien pour le moment. Quant à ma belle-sœur, je la vis par-dessus l'épaule de Teru faire des grimaces à mon amie, l'air de lui demander où celle-ci avait bien pu voir des muscles dans les bras de son frère. Attirée soudain contre lui, je le sentis m'emprisonner les épaules d'un bras tandis que son autre main venait se poser légèrement derrière ma tête. Sa bouche s'appuya doucement sur mon oreille. - Détends-toi. On est à l'abri loin des furies, très bien placés pour que Lucie voie bien tout ce qu'elle pourrait avoir envie de voir, et tu vas t'asseoir entre elle et moi pour échapper à ma fangirl de frangine. N'oublie pas que c'est toi qui as voulu venir. On ne t'y aurait pas forcée ! C'était vrai, installée entre un mari zen et une amie qui, bien que fan, allait veiller à ce que je profite de la soirée malgré mon agoraphobie, le concert devrait se dérouler sans trop de mal. Et si j'avais voulu venir, eh bien... C'est que j'avais une bonne raison. Deux en fait, puisque je voulais aussi juger sur pièce du talent de ces garçons dont Lucie me chantait les louanges sur tous les tons. Et Dieu sait si elle avait une large tessiture ! De plus, juste avant de venir rejoindre Airi dans la file d'attente, j'avais eu droit à un exposé rapide sur chaque membre du groupe que nous étions venus écouter. Lucie m'avait heureusement épargné les commentaires sur leur physique et leurs qualités artistiques. Teru aurait sûrement voulu donner des précisions, mais mon amie avait coupé court en disant que c'était à moi de me faire ma propre idée. Elle savait pertinemment que je détestais être influencée par le goût des autres... De l'avantage (ou de l'inconvénient) de se connaître depuis presque trois lustres. Toute à mes réflexions, je n'avais pas réalisé que mon mari m'avait fait asseoir à ma place, gardant son bras autour de moi. Ce fut lorsqu'il me serra brièvement contre lui que je pris conscience que les spectatrices scandaient le nom de leurs idoles. Puis les lumières s'éteignirent, provoquant une houle de cris accompagnée de l'agitation de petites lumières vertes. ...Question mise en scène, c'était sûr que c'était du grand spectacle. Et je savais déjà qu'à la fin de la soirée, j'aurai droit à un interrogatoire amical et serré sur mes impressions et tout un tas de choses que j'avais intérêt à retenir. J'ouvris donc tout grand mes yeux et mes oreilles.
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++ Teru++
Les gens étaient orientés en ordre et dans le calme vers les sorties. Les filles et moi restions sagement à nos places, attendant que quelqu'un vienne nous chercher. A ma gauche, ma sœur était encore dans un monde merveilleux où elle jubilait béatement. Sur ma droite, la tension dans le corps de ma chère et tendre, qui s'était relâchée au cours des trois dernières heures, revenait doucement. Je le sentais, rien qu'en ayant la main sur sa taille. J'en étais à me demander comment apaiser la nervosité de ma voisine lorsque je vis la troisième jeune femme se pencher vers elle et tenter de couvrir les bruits environnants. - Alors, comment as-tu trouvé le concert ? Cécile tourna la tête vers elle. Puis elle revint vers moi et me fit lâcher ma prise sur elle tout en gardant ma main dans la sienne. Elle se leva et s'assit à califourchon sur la chaise qui était devant Lucie. Je vins m'asseoir à la place qu'elle venait de quitter. La position était effectivement plus agréable ainsi pour discuter, même s’il fallait parler fort pour se faire entendre. - Donc ce concert ? - Eh bien, plutôt sympa. C'est vrai qu'ils se débrouillent bien. Je vis une lueur de plaisir fleurir dans les yeux bleus de la Française. - Alors je vais pouvoir te passer leurs CD. - Euh... Si tu y tiens. Bon, je reconnais que c'était intéressant à voir. J'observais à demi amusé la façon dont Cécile semblait chercher l'équilibre entre la réponse vraie qui traduisait son sentiment et l'envie de faire plaisir à son amie. - Y en a un que t'as préféré ? - ...moui ? Tu sais, je ne suis pas sûre de les avoir bien repérés et différenciés... Ah ! si, celui qui chante bien, avec une voix sublime. Celui dont on dirait qu'il vole quand il danse. - Ohno Satoshi. C'est le leader. Mais encore ? - Une voix sublime, hein ? Pour quelqu'un qui n'était pas intéressé par ce groupe, je trouvais l'adjectif assez fort. Les deux filles me regardèrent avec un ensemble parfait. - Oui sublime, affirma Lucie-chan. Ça veut dire qu'elle se tient en l'air... - ça veut surtout dire que je trouve qu'il a une belle voix et qu'il la maîtrise bien. Comme il maîtrise sa danse. - Bon, ok pour Ohno. Et les autres ? Cécile parut réfléchir un instant. - Voyons... Celui qui avait un costume lumineux. - Aiba Masaki ! - Lui aussi a une voix sublime ? demandai-je, presque sûr de la réponse que j'allais avoir. - C'est pas le terme que j'aurais employé, non. Mais il est plein d'énergie et m'a fait penser à une pile électrique. On sent qu'il s'éclate sur scène. - Au propre comme au figuré, d'ailleurs, approuva Lucie. Il s'est ramassé quelques fois ce soir ! - C'est pas mon style favori, mais je dois avouer que sa chanson est chouette. Même s'il a quand même une voix curieuse. - Oui, hein ? C'est le canard de Chiba. - Chiba ? - Oui, c'est pour le différencier du canard de Tokyo. - Ah ! oui... celui qui est passé juste avant dans sa combinaison bleue et jaune. Heureusement que le jeu vidéo était original. - Oui. Lui c'est Matsumoto Jun. Et il a aussi joué à la mouche après. Y avait les deux canards au plafond. Je n'osais imaginer les réactions des concernés s'ils entendaient ce genre de réflexion. Et pour les en détourner, j'ajoutai mon grain de sel. - C'est lui aussi qui a pris la caméra pour filmer le public. - La caméra qui nous a filmés ? C'est le même gars qui a beaucoup parlé au public, non ? Il avait l'air de le prendre pour une personne. - Ça fait bizarre, tu trouves ? - Non, au contraire, je trouve ça bien. - Oh ! Y en a un autre qui a pas mal causé. Tu vois de qui je parle ? demanda Lucie avec un sourire. - Le rappeur ? - Oui, Sakurai Sho. - Et c'est lui qui était en rouge pour son solo. Ma femme me regarda un instant - En rouge ? - Ah ! oui, compléta son amie. Le costume rouge genre policier. Pour le solo qui commençait par des images vidéo très... euh... Dévêtues ? - Oui, enfin, dévêtues... On voyait ses épaules. On fait mieux en matière de strip-tease... - En même temps, on est à un concert, ma chérie. Y a des gamines. ...Attends, t'aurais voulu en voir davantage ? - Ah ! mais mon cher Teru, tu ne connais pas encore assez ta femme, je crois. Les voix graves, c'est son grand truc. Et elle n'a pas encore vu ses mains. Attends que je lui montre une photo ! Cécile se renfrogna un peu avant de se redresser et de sortir tout de go : - Ses mains, non, mais sa bouche, oui. Je la trouve tout à fait à fondre. Et son sourire est plutôt craquant... Je commençais à me demander si c'était une si bonne idée de lui faire rencontrer mon ami d'enfance... - Faudrait te décider Cécile, il est fondant ou craquant ? - Mmm... Faut vraiment choisir ? - Ok, je lui ai trouvé un nouveau surnom grâce à toi. Je suis sûre que ça va beaucoup plaire aux filles du forum ! - Pardon ? - Ben vi, Magnum, comme la glace... Je trouvais le soudain intérêt de ma femme, pour ces considérations, assez surprenant, étant donné qu'elle était venue en traînant les pieds. Je me rapprochai de Lucie pour le lui dire et celle-ci me répondit tout aussi discrètement qu'il valait mieux la laisser se faire entraîner dans une discussion sans réelle consistance, plutôt que de la voir stresser à cause de la foule. - Oi ! Tous les deux, je vous dérange pas j'espère ? - Mais non, mais non. On a compris, tu craques pour les muscles saillants et les voix graves. Cécile, tu sais, l'image du père, tout ça... Faut le dépasser ! L'interpelée nous ignora superbement. - Bon, dites, y en a pas un qui a été oublié dans le lot ? - Si si. Il manque Ninomiya Kazunari. - C'est... celui qui ressemblait à un clown ? Avec les cœurs ? - Exactement. Celui qui chante le plus haut. - Mmm... Et qui s'est payé la tête de son pote qui n'arrivait pas à prononcer "Lotus". M'a l'air bien moqueur... - C'est un sale gosse. Du moins, c'est l'image qu'il se donne. - C'est celui dont la voix est la plus aiguë, c'est ça ? Dis-moi, ma belle... ce ne serait pas ton préféré ? - Mais! euh!! Lucie se mit à ronchonner, râlant après son amie trop taquine à son goût. Pour ma part, je me rappelais le décalage certain qui existait entre cette image qu'il affichait, et la réalité où il agissait comme un jeune homme tout à fait normal. Mais je préférais ne pas casser le mythe, d'autant que ça gâcherait la surprise. J'espérais qu'on viendrait bientôt nous chercher. Si je les laissais continuer sur leur lancée, je craignais d'avoir ensuite à défaire une montagne de clichés sur ces cinq-là. Ils étaient mes amis, et je n'avais pas envie que ma femme les aborde avec des a priori de groupie, alors que ce n'était justement pas ce qu'elle était. Mais j'étais surpris de la découvrir capable de tenir ce genre de conversation. J'espérais juste que ce n'était qu'une discussion, et pas le début d'un fangirlisme dont l'exemple de ma sœur me permettait de voir l'étendue inquiétante... J'en étais là de mes réflexions lorsque je vis approcher un homme en t-shirt aux couleurs de la tournée. Nous allions enfin pouvoir décoller.
******************** ++Nino++
Comme d’hab’ après un concert, Masa était survolté, Sho s’était jeté sur une bouteille d’eau qui traînait, Riida sur un canapé et Jun était en train de refaire le show, ce qui avait marché ou non, devant moi. Et si d’habitude je prêtais une oreille plus ou moins attentive à ses élucubrations, j’étais ce soir totalement ailleurs. Déjà, parce qu’on venait de clore cette tournée et que donc nous n’avions plus besoin d’améliorer le spectacle. Ensuite, parce que nous allions bientôt avoir de la visite et que celle-ci éveillait plus ma curiosité que des détails de mise en scène ou le manque d’investissement de Riida et de Sho dans leurs solos respectifs. Si je ne secouais pas les quatre autres, Teru et sa clique allaient nous chopper dans les douches. - Les gars, je vous rappelle que d’ici vingt minutes on va voir débarquer La Fangirl et la Française ! Faudrait voir à se bouger non ? Enfin vous faites ce que vous voulez mais moi j’y vais. J’initiai ainsi un mouvement général vers les douches.
- Flash Back - - Salut les gars ! - Teru-kun !? - ça faisait un bail ! - Qu’est-ce que tu deviens ? - … Cette remarque pleine d’à propos de la part d’Ohno me surprit quelque peu et, à la tête de nos camarades, eux également. Après tout, ne venais-je pas de leur annoncer le mariage de Teru deux minutes avant puisque, malgré nos appels, Sho était pensif, et que si son corps était encore là, son esprit avait manifestement atteint des terres lointaines. - Ben… Vous avez pas reçu le faire-part ? - Si hier… En même temps si tu l’avais posté à la bonne adresse, il serait peut-être arrivé plus facilement… - Hein ? …Y a dû y avoir un bug quelque part… Bon, ben… je me marie dans 15 jours. Et je suis venu aujourd’hui parce que n’ayant pas de vos nouvelles, je voulais savoir si vous seriez présents ou non ? - Soit tu nous poses la question maintenant, soit tu nous laisses le temps de lire le faire part, parce que, jusque-là, tout ce qu’on a vu c’est l’enveloppe, répondis-je. - Eh bien, je me marie le 21 janvier à Tokyo. Vous viendrez ? - Moi oui. Les gars, je vous rappelle qu’on a un quartier libre d’une semaine après le dernier concert ; alors pour une fois qu’on peut en profiter… Sho nous informait ainsi de sa décision et nous invitait fermement à le suivre. Je n’y voyais pas d’inconvénient et Masa non plus, restaient les deux autres… Ils se regardèrent, semblant communiquer mentalement, et Jun accepta pour eux. Teru-kun avait alors envoyé un mail à ses parents pour annoncer notre participation puis, avec sa décontraction naturelle, qui le rapprochait par bien des côtés de la nonchalance de Riida, il dit : - Alors… vous êtes en congé après les concerts de Fukuoka si j’ai tout suivi ? - Oui… Pourquoi ? - Parce que ON sera à Fukuoka. - ON ? - Pour les concerts ? - Pendant les concerts ? - Qui ON ? Teru parut légèrement déstabilisé par le flot de questions mais il se reprit et répondit. - On c’est moi, Nee-chan, Thierry et Thomas, Cécile et Lucie-chan. - HEIN ? - Teru-kun, je te rappelle qu’on ne t’a pas vu depuis plus d'un an, alors c’est qui les trois derniers ? Se tournant vers moi, le futur marié grimaça un sourire contrit. - Désolé, Nino-chan, c’est l’habitude. Thomas c’est mon neveu, le bébé d’Airi et Thierry. - OMEDETTO ! - AIBA ! C’est pas lui qu’il faut féliciter. En disant ces mots, Jun avait tapé Masa qui alla se réfugier près de Sho-kun. - Matsujun est méchant !!! - Mais il a pas tort. Continue Teru ! Dozo. - Hai ! Heu… J’en étais où ? - Cé… ? - Cécile ! Ben c’est ma femme. Elle est française et absolument parfaite. Et il faut à tout prix que je vous la présente, si possible avant le mariage. Quant à Lucie-chan, c'est sa meilleure amie. Tiens d’ailleurs, elle vous connait très TRES bien ! Et c’est pour elle qu’on sera au concert du 16… - ça c’est sympa. Mais vous serez tous là ? - Non. Seules les trois filles m’accompagnent. Ma femme souhaite rencontrer mes meilleurs amis ! Et vous imaginez bien que Nee-chan s’est débrouillée pour s’incruster. Teru prit un temps pour nous regarder les uns après les autres avant de continuer. - Au fait, j’ai une requête de sa part. …Est-ce qu’on pourrait venir vous voir après le concert dans les loges ? Ce serait une surprise pour votre fan française. Comme le concert d’ailleurs. Là, il y avait eu comme un flottement au sein du groupe parce que comment dire… si elle était de la même trempe qu'Ai-chan… c’était pas pour rien qu’on l’avait surnommée ‘THE Fangirl’… - Elle est comment ? avait demandé Jun méfiant. "En fauteuil" fut la réponse de Teru et nous nous étions sentis incapables de refuser. -Fin du Flashback-
Pendant le concert, j’avais, comme les autres, été voir à quoi ressemblaient nos étrangères; mais vu le peu d’indications et le manque d’éclairage sur le public, je n’avais pu distinguer laquelle des deux Européennes aux côtés de Teru était notre fan. Nous étions tous de retour dans la loge, plus ou moins vêtus, quand on frappa à la porte. Levant les yeux, je vis apparaître THE F-G suivie du fameux fauteuil. Dans ce dernier se débattait une fille qui ne semblait pas spécialement ravie d’être là. Ce chat en colère était vraiment une fan ?
Voici pour cette semaine. N'hésitez-pas, laissez un comm'! | | | Lun 29 Avr - 16:33 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour! Bon mes vacances sont finies mais cette semaine et la semaine prochaine seront allégées alors je ne vais pas me plaindre et penser à vous qui travailler. En attendant de prochaines vacance ou le prochain week-end, je vous propose le chapitre 2 de Jinsei. Pour celles (ceux?) qui se poseraient des questions sur ...: "Pourquoi c'est en italique ici?" référez-vous au guide des polices d'écriture du premier poste. Dozo - Chapitre 2:
++Lucie++
- Suivez-moi s’il vous plait. Un type en T-shirt bleu et blanc de la tournée nous invita à le suivre. Dans son dos, le mot STAFF écrit en grosses lettres noires. Je pensais que Cécile allait bientôt retrouver son état de nervosité normal mais je la sentais étrangement crispée. - Cécile ? C’est fini tu sais, bientôt on va être à la voiture et tu n’auras plus de foule à affronter avant ton mariage. Pourquoi t’es aussi tendue ? - … Nous avancions dans des couloirs différents de ceux de l’aller et je trouvais l’atmosphère de plus en plus étrange. Sans parler de Cécile, Ai-chan retrouvait son degré d’excitation d’avant concert, alors qu’elle aurait dû se calmer, et notre guide saluait tous ceux que nous rencontrions. Si au départ nous n’avions pas vu grand monde, le nombre de personnes augmentait de manière exponentielle, jusqu’à ce qu’un troupeau, de ce que je devinai être des juniors, nous rattrapât avant de nous dépasser en courant. Je commençai à imaginer l’improbable… Nous n’allions quand même pas… - Prenez ce couloir. C’est la troisième porte à gauche. Au revoir. Staff-san continua son chemin et je me sentis poussée dans la direction indiquée. - Cécile ? Qu’est-ce que tout ça signifie ? commençai-je légèrement agacée. Cette dernière se pencha sur mon épaule tout en continuant à me pousser. Elle se lança dans une histoire tarabiscotée d’où il finit par apparaître que Teru et Ai-chan connaissaient Arashi. - QUOI ? Cécile, demi-tour je veux rentrer. Tu sais que je déteste ça ! Il n’est pas question que je rencontre l’un d’entre eux, ici, ce soir ! Je venais d’exploser de panique, d’autant que Cécile avait profité de la situation pour bloquer mes roues, empêchant toute retraite de ma propre volonté. Je m’étais retournée et l’invectivait dans ma langue maternelle quand soudain je sentis le siège être décollé du sol. C’est dans une colère avancée que je me rassis pour dire à Teru ma façon de penser. C’est alors que je croisai son regard moqueur et intrigué. ************************* ++ Cécile++
Après une interminable balade dans les couloirs des coulisses, le gars du staff venait enfin de nous abandonner à l'ultime tournant. Je sentais bien que la miss coincée dans son trône à roulettes commençait à s'agiter et à deviner qu'il y avait baleine sous gravillon ; et je savais que bientôt elle n'aurait pas assez de mots pour dire à quel point elle ne voulait pas de la couronne que nous lui avions préparée. C'était pourtant la raison première de ma présence avec eux. Etre là pour la voir rencontrer ses idoles. Parce que sans ça, je n'aurais jamais accompagné ma belle-sœur, qui tenait plus de l'adolescente surexcitée que de la mère de famille qu'elle était, dans un endroit aussi plein de monde. A l'instant encore, nous avions été dépassés par un groupe de jeunes gens survoltés et j'avais senti les poils se hérisser sur mes bras... Airi appuya sur la poignée et maintint la porte ouverte le temps que nous entrions, Teru devant le fauteuil, et moi penchée vers mon amie, en train de lui sortir l'histoire la plus alambiquée que je ne lui aie jamais racontée. L'objectif étant de détourner son attention le temps qu'Airi ferme la porte et que je bloque les freins de l'engin. Ma luciole s'agitait déjà lorsque je me redressai en demandant à mon tendre époux de m'aider à soulever le fauteuil pour le mettre au milieu de la pièce. Je savais qu'elle n'aimait pas les surprises, je m'attendais donc au flot de paroles colorées que je subis d'autant plus stoïquement qu'elles n'étaient pas dites dans une langue que je parlais couramment. Cette situation correspondant à ce à quoi je m'attendais, je reportai mon attention sur les cinq personnes éberluées qui se trouvaient déjà dans la loge. Je ne savais pas ce dont Teru les avait prévenus, mais je sentis comme un flottement dans leurs rangs. Toutefois, celui-ci disparut aussitôt que ma chère belle-sœur sauta au cou de l'un d'entre eux. Je n'en étais pas sûre à cent pour cent, mais à sa carrure facilement visible puisqu'il était torse nu, ce devait être le rappeur. Et si j'avais bien retenu, l'ami d'enfance de Teru. Entendant que le chat sauvage s'était soudain calmé, je cherchai ce qui avait bien pu provoquer ce brusque revirement et constatai que trois de ces messieurs la regardaient fixement pendant qu'un quatrième observait toute la scène avec amusement. Le dernier se débarrassa du koala cramponné à lui avec un léger baiser sur la joue et la renvoya vers Teru. Lui-même protesta contre cet envoi non désiré, et la jeune femme se retrouva expédiée devant l'autre homme pas encore complètement habillé. Nous avions dû arriver un peu trop tôt, ou ils avaient voulu se montrer sous un jour... sexy ? Le calme régnant toujours manifestement dans la région de Lucie, je me rapprochai de Teru qui me présenta. - Les gars, voici donc Cécile... Il me prit par la taille et me plaça devant lui. J'inclinai le buste autant que me le permettaient les mains posées sur mes hanches. - ...et son amie Lucie, grande fan de vos performances en tous genres. Je lui jetai un coup d'œil et vis qu'elle hochait vaguement la tête. Elle m'avait habituée à des gestes plus tranchés. Mais j'imaginais sans trop de peine l'origine de sa tétanie soudaine. Je me souvenais de ma propre rencontre avec les membres de mon groupe folk préféré quelques années plus tôt ; quand ils m'avaient demandé pour qui était le poster que je faisais signer, j'avais répondu "moi" alors qu'ils attendaient évidemment un prénom. Je m'étais retrouvée avec une jolie dédicace "à toi"... Je ramenai mon attention aux paroles de Teru. - Je ne vous présente plus Onee-chan ; à force, elle va finir par faire partie de vos meubles ! - Oi! Dis donc, montre un peu plus de respect envers ta grande sœur ! Nous sourîmes en voyant la grande sœur en question se détourner avec une petite moue vexée. Teru me désigna ensuite un à un les jeunes hommes en face de nous. J'avais parfois du mal à me convaincre que je ne faisais pas du détournement de mineur tant mon époux pouvait paraître jeune, alors même qu'il n'était pas particulièrement androgyne. Mais je trouvais que ces cinq-là, même démaquillés et les traits tirés comme ils les avaient, ne faisaient pas l'âge que Lucie m'avait indiqué. - De gauche à droite, voici donc Matsumoto Jun, Sakurai Sho, Ohno Satoshi, Ninomiya Kazunari et Aiba Masaki. Ils avaient chacun incliné la tête en souriant plus ou moins largement. Airi était encore près du plus petit et elle s'agitait un peu trop bruyamment à mon goût, s'extasiant sur ses abdominaux. Mais sans doute était-ce parce que j'étais fatiguée que je la trouvais si effervescente. Un autre qui semblait surexcité était le fameux canard de Chiba. Je le vis s'avancer vers Lucie avec de grands gestes, certainement pour la saluer. En temps normal, mon amie l'aurait esquivé. Face à une de ses idoles, je pense qu'elle aurait rougi tout en esquivant. Mais là, elle ne bougeait pas le petit doigt pour déplacer son fauteuil dont j'avais pourtant desserré les freins, se contentant de hocher la tête en suivant des yeux l'avancée du jeune homme. Ce n'était pas ma Lucie. Aussi m'approchai-je d'eux et interceptai-je, en lui attrapant l'épaule, le grand dadais qui semblait vouloir lui tomber dans les bras. - Désolée mon grand, mais hors de question que tu me l'étouffes. J'en ai qu'une, et elle doit encore me signer quelques papiers... J'orientai fermement le grand en question vers son collègue le plus proche qui le réceptionna. J'entendis dans mon dos des paroles assez basses dont je ne saisis pas toute la teneur mais qui semblaient indiquer que je faisais une drôle de fan, me permettant de toucher l'un d'entre eux sans y avoir été autorisée. J'allais répliquer que j'avais juste écarté un danger potentiel d'une jeune femme et que je n'y voyais aucun mal lorsqu’Airi se montra plus rapide. - Ah ! Mais il faut quand même que vous sachiez que Cécile-chan ne fait pas partie de vos fans. C'est un peu comme si on l'avait traînée de force ici ! C'était moi, ou ma belle-sœur avait l'art de mettre les gens dans l'embarras de la manière la plus naturelle du monde ? Le pire fut qu'elle ne s'arrêta pas là. - Dans la file d'attente, elle faisait une de ces têtes... - Onee-chan, ne dis pas n'importe quoi ! tenta de rattraper Teru. Cécile a beaucoup aimé le concert. A la fin, elle en discutait avec Lucie et c'était pour dire que ça lui avait bien plu. Elle n'aime pas les foules, mais ça ne l'a pas empêché de trouver la voix de Satoshi-kun carrément sublime. Et c'est le mot qu'elle a employé. Mon chéri, parfois, j'aimerais que tu sois muet. Ou au moins, provisoirement aphone. Parce que même si je pensais sincèrement ce que j'avais dit, je n'aurais jamais-au-grand-jamais osé le répéter devant l'intéressé. Celui-ci sembla rougir sous le compliment, ce qui lui fit une petite moue adorable sur sa bouille ronde d'adolescent. Airi allait lui tapoter l'épaule pour l'encourager à se remettre lorsque celui qui était le plus à gauche, et qui devait être celui qui avait marmonné peu avant, s'approcha de la pivoine pour l'enlacer fermement, l'attirant contre lui en barrant son torse de ses bras. Il posa la tête sur l'épaule de son prisonnier et dit en me regardant droit dans les yeux : - Oh-chan est NOTRE Riida, personne n'y touche ! Je dus attendre que la fangirl excitée cesse de hurler des "Kyyaaa !" plus bruyants que les pleurs de son fils avant de pouvoir répondre. - En fait de leader, j'ai plutôt l'impression que c'est votre jouet. Je vis le possessif me lancer un regard noir et un sourire sardonique. Ses doigts s'écartèrent sur la peau qu'ils tenaient, comme pour bien signifier qu'il ne cèderait son joujou à personne. L'autre gars torse nu, le fameux ami d'enfance de Teru, essaya de faire diversion. - Alors aujourd'hui, c'était la première fois que tu nous entendais ? Je décidai de jouer le jeu, préférant ne pas entrer dans la provocation. - Eh bien, dans la mesure où Lucie écoute de la musique toute la soirée, je pense que je vous ai déjà entendus à la maison. Mais, j'avoue ne pas avoir fait attention. J'ai une certaine incapacité à retenir les titres des chansons et les noms des groupes. Mon délicat éléphant revint piétiner son magasin de porcelaine. - Mais maintenant, tu vas mieux t'en souvenir, non ? D'autant qu'entre Lucie et Nee-chan, tu auras tout ce qu'il faut en matière de cd et photos. Et je ne dirai rien, même si tu te mets à kyatiser sur la bouche de Sho, promis. Je sentis mon souffle me manquer. Mes yeux errèrent un instant sur les visages qui me faisaient face, sans les voir vraiment. Puis je me tournai vers l'homme de ma vie, qui dut comprendre que quelque chose n'allait pas puisqu'il insista. - C'est bien toi qui as dit qu'il avait une bouche fondante et un sourire craquant ? Ou c'était l'inverse ? Dieu merci, je tournais le dos aux cinq énergumènes. Je crois que je n'aurais pas survécu sinon. Le léger cri d'Airi me fit reprendre contenance et je décidai de me venger aussitôt de cette bouche trop bavarde. - Miura Teruki, fis-je de ma voix la plus suave, penche-toi un peu, j'ai un truc à te dire. Le naïf s'exécuta et j'en profitai pour passer mes mains autour de son cou tout en posant mes lèvres sur les siennes. Je l'attirai plus près de moi et entamai un dialogue lingual et muet. Là au moins, j'étais sûre qu'il allait se taire. - Oh ! Dites, y a des hôtels pour ça ! Je me détachai des lèvres de mon mari pour me tourner vers la harpie offensée. - Dis donc mon bonhomme, t'es gonflé de dire ça. C'était bien ta main qui traînait sur la fesse de ton collègue à la fin du concert, non ? - Argh !! s'étouffa ma belle-sœur. Cécile, ça s'appelle du fanservice ! C'est juste pour la galerie. Y a rien derrière, voyons ! - Et, Jun, râler après ce genre de choses ne pouvait que lui donner encore plus envie d'en rajouter ! fit le jouet prisonnier. Le salut vint des trois silencieux de ces dernières minutes. - C'est si choquant que ça ? C'était juste un bisou ! La remarque de Lucie fut suivie de deux éclats de rire. Le contraste entre l'air rageur du geôlier et la mine innocente de mon amie avait fait pouffer ses voisins qui se plièrent en deux en quelques secondes, entraînant rapidement leurs amis dans leur fou-rire. Quand tout le monde eut repris son souffle et son sérieux, Teru regarda tour à tour ses cinq amis avant de me lancer un petit coup d'œil interrogatif. J'opinai du chef, en espérant ne pas le regretter. Parce que la harpie possessive n'avait pas l'air de m'avoir à la bonne, et que franchement, je n'étais pas sûre de l'apprécier davantage.
*********************** ++ Jun++
Teru nous regarda l'un après l'autre avant de jeter un œil à sa nana. Puis il demanda : - Dites les gars, vous avez des obligations avant le mariage ? Parce que si non, la maison de mes parents est assez grande pour vous accueillir en attendant. Je serai ravi de vous voir un peu plus longtemps, vous pourriez faire un peu mieux connaissance avec ma merveilleuse petite tigresse, et je vous épargnerai les explications sur vos deux fans. En gros, il nous proposait quelques jours de repos sans personne pour nous enquiquiner et nous parler boulot. C'était tentant, effectivement. Je savais que ça ferait plaisir à Aiba et Nino, même si les voir coller l'autre Française me semblait un peu risqué. Mais après tout, ce n'était pas mes oignons. J'avais plus de doute pour Riida que j'avais fini par relâcher. Je savais qu'il n'aimait pas les histoires de mariage, surtout ces derniers temps, depuis que ses parents s'étaient mis en tête de lui organiser un omiai. Donc l'imaginer une semaine presque entière avec des futurs mariés me paraissait relever de l'utopie. Sa mère voulait avoir des petits-enfants qui portent son nom. C'était touchant, à la limite presque compréhensible, mais ce n'était pas dans ses projets à lui. Sauf qu'il n'avait jamais su comment dire non à la femme qui l'avait mis au monde. Et donc, ça faisait deux mois qu'il se débattait entre son souhait de faire plaisir à ses géniteurs et son incapacité à s'intéresser à une femme intéressante - et je ne parle même pas des autres. Je lui avais suggéré d'argumenter sur la pêche, les poissons, l'art, etc. Toutes ces choses qui ne peuvent que rebuter une femme. Mais ça ne tenait apparemment pas face à Maman Ohno. - C'est sympa de nous proposer ça, Teru-chan, fit Sho. Les autres n'ont rien de prévu, mais moi, j'ai mon journal. Faut que je sois à 22h à Tokyo demain. - Kyaaaa !!! T'es trop beau en costume, Sho-kun ! The FG venait encore de frapper, nos tympans principalement. - Ça doit être jouable avec les avions, non ? Il y a maximum une heure trente de vol ... C'était la copine de Teru qui venait de parler. Elle suggéra également que son homme emmène le caster à l'aéroport et retourne le chercher le lendemain. Elle m'avait agacé dès que je l'avais vue se coller à Teru. Il n'y avait pas de raison vraiment précise, enfin, pas de réellement exprimable en tout cas. Mais c'était plus fort que moi. Et dans ces cas-là, j'attaquais. Ça avait été suffisamment visible pour qu’Oh-chan ne me laisse pas le lâcher sans me glisser un "calme-toi un peu et sois aimable". Comme si j'étais un gosse qu'il fallait sermonner ! Je décidai de lui prouver que ce n'était pas le cas. Après avoir accepté l'invitation pour nous cinq, j'entamais donc la conversation avec cette fille agaçante qui avait commencé par lancer un regard à sa copine avant de daigner se tourner vers moi. Nous avions à peine pu échanger des banalités lorsqu'une sonnerie retentit. Naturellement, il s'agissait du portable de mon interlocutrice. Je n'en crus pas mes yeux quand je la vis décrocher sans aucune considération pour moi avec qui elle était censée discuter. Elle s'éloigna vers un coin de la pièce tout en se mettant à parler fort et dans une langue inconnue, oubliant totalement qu'elle n'était pas seule. Je serais bien allé lui arracher l'appareil des mains si notre Riida ne m'avait pas fait capturer par « the FG ». Enfin, je supposais que c'était lui qui lui avait indiqué comment se mettre sur mon chemin et me rabattre vers eux. Sho et Teru discutaient visiblement de l'organisation du lendemain soir et les trois autres avaient l'air de papoter comme de vieux camarades. Si tant est que Nino puisse être le 'vieux camarade' d'une fille quelle qu'elle soit. Quand je vis l'impudente bavarde raccrocher et rejoindre leur groupe, je crus que j'allais exploser. J'avais fait l'effort de lui parler, et elle se permettait de me snober ! Il fallut toute la poigne de Satoshi pour me retenir. Dans le même temps, Teru sembla comprendre qu'il était temps pour eux de partir. Il récupéra ses trois accompagnatrices et tous nous saluèrent en nous souhaitant une bonne nuit. Nous n'étions pas encore couchés, mais nous aurions bien le temps de discuter durant les prochains jours.
N'hésitez pas, laissez un comm'! | | | Mer 8 Mai - 13:53 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour Voici le chapitre 3 en retard pour cause de flemminginte aigue... Mais il est quand même là... - Chapitre 3:
++Lucie++
Nous avions dû rejoindre les sous-sols du Dôme, puisque c'était là qu'était garée la voiture de Teru. Nous avions également dû faire le trajet jusqu'à la maison des Miura puisque nous nous y trouvions à présent. Nous avions même dû croiser Thierry équipé du baby phone et venu récupérer sa femme puisque Airi n'était plus parmi nous. La maison des Miura était en fait composée de deux bâtiments, et la famille d'Airi dormait seule dans le plus petit. Et pourtant, je ne me souvenais de rien de tout cela. Mon esprit était resté bloqué sur la rencontre extraordinaire (au sens littéral) que nous avions faite ce soir. Non, je crois que je pouvais être égoïste, pour une fois, et ne parler que de moi. J'avais fait une rencontre totalement... Wouahhhh ! J'avais vraiment discuté avec EUX ! Moi !! Si jamais je racontais ça à mes amies fans, j'étais sûre de faire des jalouses. J'avais très envie de leur en parler, mais Cécile me dit de ne rien faire ce soir. - J'ai pensé tout haut ? - Ça, ou je suis devenue télépathe, me sourit mon amie en mettant dans mes mains une grande tasse de tilleul-citron. - Tu es devenue télépathe, affirmai-je. Je trouve ça plus rassurant que d'imaginer que je parle sans m'en rendre compte. - Tu crois que je dois te 'télépather' d'aller te coucher, ou tu te contenteras de m'écouter ? - Tu manges pas ? - ... J'ai déjà mangé, Lucie. Toi aussi, d'ailleurs, même si ton repas ressemblait à peine à un encas pour moi... J'avais oublié ça aussi ? Mais quelle heure était-il donc ? - Il est vingt-trois heures trente, ma chère. Et dès que tu auras fini ta tisane, je récupère la tasse et vais rejoindre mon tendre époux qui doit déjà dormir comme un loir. Paraîtrait que Monsieur bosse demain. Enfin, si tu veux jouer du piano avant de te coucher, ne te prive pas. Avec la sourdine, on n'entend absolument rien depuis l'autre côté de la maison. - Evidemment, elle est immense ! dis-je en avalant la fin de mon breuvage qui refroidissait. Je tendis la tasse vide à Cécile qui la prit et disparut après un rapide et chantant "buena notte". Je m'approchai du piano sans m'asseoir et tentai quelques notes. Aucune ne parut aussi agréable à l'oreille que ce que j'avais entendu aujourd'hui. Je décidai donc de laisser tomber la pratique du piano pour ce soir. Une fois seule dans ma chambre, je me tournais et me retournais sur mon lit. Ça faisait beaucoup, beaucoup d'émotions pour une seule soirée. C'était bientôt l'anniversaire de Cécile, mais j'avais l'impression que c'était moi qui avais reçu le cadeau. Je n'étais pas sûre de parvenir à m'endormir. C'est pourtant comme une masse que je me sentis m'enfoncer progressivement dans le sommeil. Juste avant d'y glisser définitivement, un détail me revint, le souvenir d'avoir vaguement entendu quelque chose. J'étais sûre que c'était important. Vraiment. Parce que Cécile avait eu cet air intimidé qu'elle prend lorsqu'elle tient vraiment à ce qu'on accède à sa demande. Et après s'être inclinée devant les Arashi, elle m'avait glissé un regard pétillant et un sourire heureux. Mais sonnée par toutes ces émotions, je n'avais pas entendu ce qu'elle avait dit. Alors quand Morphée vint m'enlacer, j'étais en train de tenter de me marquer en post-it virtuel "interroger Cécile au réveil".
***************************** ++Teru++
- Je crois que Lucie n'a pas compris qu'on avait invité ses idoles à la maison, chuchota Cécile en se glissant sous les draps à côté de moi. Elle souriait de toutes ses dents. - C'est grave ? demandai-je en l'attirant contre moi. - Mmm ça dépend. Tu penses que ce sera facile de l'empêcher de fuir cette fois ? Je repensai à l'épisode du portage de fauteuil. J'avais failli me prendre le pied de l'otage dans l'épaule. - On confiera le kidnapping à Sho et Aiba. Elle sembla réfléchir un instant, puis mit sa tête à hauteur de la mienne. - Dis-moi, tes amis, ils sont célibataires ? - Pourquoi cette question ? - Pourquoi pas ? - Je te rappelle que tu es mariée. - Oui ? - Oui. Et d'ailleurs, je m'en vais te prouver que tu n'auras pas mieux ailleurs. - Des paroles, toujours des p... J'avais aimé sa voix dès que je l'avais entendue. J'aimais l'écouter gémir sous mes caresses. Mais à cet instant, j'avais trouvé une manière plus agréable d'occuper sa bouche et c'est en l'envahissant de ma langue que je m'employai à lui faire perdre l'envie de discuter.
**************************************** ++Cécile++
J'avais de grandes pattes blanches qui tapaient le sol en cadence. Mes longues oreilles, blanches également, s'agitaient à l'arrière de ma tête, tandis que je courais de toutes mes forces, droit devant moi. Ma main blanche se cramponnait à mon gilet, et régulièrement, elle sortait de ma poche une montre à gousset dont les aiguilles me chantaient "tu es en retard, tu es en retard". J'avais l'impression de tourner en rond, affolée par l'idée que ce retard augmentait et que je perdais mon temps à faire du sur-place. A un moment donné, j'eus le sentiment d'étouffer et j'ouvris la bouche à la recherche de l'air qui me manquait... C'est là que je m'éveillais, enroulée dans la couette, en travers du futon où j'étais seule. Teru s'était déjà levé et était sans doute parti travailler, puisque le jour se profilait derrière les panneaux en papier de riz. - Pfffff, quel rêve pourri ! Je sais que j'ai encore une montagne de choses à faire d'ici vendredi, mais quand même, de là à me prendre pour le grand lapin blanc d'Alice... Je n'avais pas envie de me lever. J'étais bien au chaud sous mes draps, respirant l'odeur de mon homme, étirant paresseusement mes membres avant de tenter de replonger dans un sommeil espéré parce que si difficile à obtenir pour moi. Mais quelqu'un en avait décidé autrement. - Cécile ? Tu es réveillée ? Ma belle-sœur... J'aimais beaucoup Airi, mais au réveil, j'étais capable d'assassiner quiconque perturbait mon rythme personnel. - L'aéroport a appelé pour dire qu'ils avaient récupéré nos bagages, du coup on voudrait aller les chercher. Mais je voulais savoir si tu pouvais garder Thomas ? Mon cerveau grommela que je n'étais là pour personne, que je vouais la terre entière aux gémonies et que je ne rêvais que de silence et de sommeil. Mais mon corps ouvrit la porte coulissante et mes bras se tendirent pour récupérer le poupon de six mois qui gazouillait. - Merci Cécile-chan. Il a déjà mangé, fait son rot, est changé. En fait, il sera sûrement ravi de dormir avec toi. - Mmhm. A tout à l'heure. Vous perdez pas en route ! Je refermai la porte et contemplai le petit garçon qui me souriait. Il ne m'avait absolument pas l'air partant pour une sieste matinale. Et j'étais sûre que si je l'installais avec moi sur le futon, j'étais bonne pour lui courir après dans toute la pièce. Je décidai donc de faire contre mauvaise fortune bon cœur et fis un large sourire au bambin. - Ça te dit d'aller réveiller Tante Lucie ?
**************************************** ++ Lucie++
J'avais été réveillée par de toutes petites mains me caressant le visage et s'accrochant à mon nez. Mon mouvement de recul n'avait pas eu l'effet escompté et j'avais dû ouvrir les yeux pour constater qu'il y avait deux agresseurs à côté de mon lit, la plus grande tenant le petit et les deux riant gaiement. - Mais ! fis-je en balançant mon bras en travers de mon visage. Cécile, tu crois qu'il est l'heure de jouer à des jeux débiles ? - Eh! bien, je suppose que tu t'es rendormie après ton premier réveil, sinon tu aurais constaté comme moi qu'il est plus que temps d'émerger. Je tendis le bras vers ma montre et me redressai aussitôt. - Mais c'est quoi cette heure ! J'ai jamais dormi aussi tard ! - Sans doute parce que tu n'avais jamais été à un concert de tes idoles, sourit mon amie. Allez viens, ton café t'attend. J'enfilai rapidement un gilet et rejoignis la paire infernale dans le séjour. - On est seuls ? - Mmm, Teru est parti bosser en me laissant un billet doux marqué "je t'aime" et les parents de Thomas sont allés récupérer leurs valises à l'aéroport. - Ils les ont retrouvées ? C'est pas trop tôt ! Les bagages n'avaient pas suivi leurs propriétaires lorsque Thierry était arrivé de France le vendredi précédent. Heureusement, Airi et son fils étaient là depuis quelques semaines, et les valises de Thierry ne contenaient pas trop de vêtements et plus de bouteilles de vin et autres denrées alimentaires. De l'intérêt de travailler dans le monde viticole en Alsace. - Tout sera intact tu penses ? - Je l'espère bien! J'aimerais bien faire un repas un peu alsacien ce soir. Avec le vin qui va avec. - Pitié ! pas de choucroute ! - Non, j'avais pensé à une sorte de tartiflette, mais avec du munster. Normalement, il l'a embarqué emballé sous vide, alors ça devrait aller. - Normalement, hein ? - Oui. Et sinon... eh ! bien, ils regretteront de ne pas avoir débarqué les valises en même temps que les passagers! - On a des pommes de terre ? - Non, mais j'en ai commandé, elles devraient être livrées en fin de matinée. - Ok. Il me semblait avoir oublié quelque chose depuis hier soir. Mais que pouvait-ce être donc ? - J'ai dit quelque chose de particulier hier soir ? Cécile me regarda en souriant doucement. - Ça dépend de quoi tu parles. Je crois que je suis meilleure télépathe la nuit... - Tél... Ah ! mais oui, tu m'as dit d'attendre aujourd'hui. Euh... pour quoi déjà ? Elle éclata de rire. - Pour quoi donc, hein ? Eh ! bien, peut-être parce que tu avais manifestement très envie de donner à tes amies d'internet de quoi t'écharper en revenant en France ? Mais oui ! Je m'étais dit qu'il fallait que je partage ma rencontre d'hier soir avec mes amies du forum. Même si en y réfléchissant les yeux bien ouverts, ce n'était pas forcément une si bonne idée que ça, en effet... - Bah ! tu peux toujours leur dire que tu as assisté à leur concert. Pas besoin de parler des coulisses. - Mmm, oui, je vais voir. C'était vrai, hier soir, j'avais rencontré mes idoles. Et j'avais même discuté avec eux. Avec lui. C'était... euh... oui, c'était quelque chose que je ne pouvais pas écrire. - Cécile ? - Oui Lucie ? - Je te l'ai pas dit hier soir, mais... merci ! - Baka ! Ton sourire valait tous les remerciements du monde.
********************************* ++Ohno++
Après une matinée essentiellement passée à dormir pour la majorité d'entre nous (bizarrement, je n'avais pu que modérément profiter des heures de sommeil prévues), nous nous trouvions face à la porte d'entrée d'une imposante demeure. Nous savions tous que la famille de Teru était aisée, mais là... Sho, pas intimidé, actionna la sonnette. - Eh ! fit Aiba, admiratif, vous croyez que la domestique qui va ouvrir est en kimono ? - Gomen, fit une voix derrière la porte en bois. Je ne suis pas en kimono, et on ne me paie pas pour vous ouvrir. Mais je vais le faire quand même. La porte s'ouvrit et nous vîmes celle qu'il nous fallait considérer comme la future maîtresse de maison nous inviter à entrer d'un geste. - Teru n'est pas là ? demanda Sho après avoir hésité un instant. - Non. Soyez gentils, entrez vite, il fait froid dehors. Vu la tenue d'intérieur qu'elle portait, je voulais bien croire qu'elle préférait que l'on s'active. Quand nous fûmes tous entrés, elle ferma la porte et, se tournant vers nous, elle s'inclina cérémonieusement. - Soyez les bienvenus. Je m'en remets à vous. Nous nous inclinâmes à notre tour, et Nino me poussa du coude. - Merci de nous accueillir, dis-je en ma qualité d'aîné. Elle se redressa en souriant. - Vous connaissez les lieux, ou je vous fais visiter ? - Dis-nous juste où sont nos chambres, on se débrouillera pour le reste. Je regardai Jun, estomaqué. La mouche qui l'avait piqué hier avait fait des dégâts... Et Sho était visiblement tout aussi soufflé que moi. - Excuse-le, il est fatigué. Nous venons de finir une longue tournée... - Le petit canard est fatigué et veut aller se coucher ? Entendu, fit-elle avec un sourire. S'il veut bien me suivre. J'étais sûr qu'aucun de nous n'avait compris ce qu'elle avait dit avant "est fatigué", mais j'étais tout aussi sûr que ce n'était pas flatteur pour Jun. Et qu'il l'avait bien compris. Elle nous conduisit le long du couloir vers l'arrière de la maison. Vraiment grande cette maison. Et si j'avais bien vu en arrivant, il y avait un autre bâtiment presque aussi grand juste à côté. Nous indiquant au passage les pièces importantes telles que salle-à-manger, cuisine, salle de bain, etc., elle nous désigna à chacun une pièce où nous pûmes déposer nos affaires. La dernière porte qu'elle ouvrit fut celle de la chambre qu'elle destinait à Jun. De la même taille que les autres qui étaient en enfilade sur le côté nord de la maison, elle était dans l'aile ouest et avait en plus une porte extérieure qui semblait donner sur la forêt. - Voilà, cela te convient j'espère ? dit-elle en souriant toujours. Comme tu es fatigué, tu veux peut-être te reposer maintenant ? Je peux te chanter une berceuse si tu as du mal à t'endormir. Hein ???! Pincez-moi, je rêve là ! J'avais l'habitude que les femmes tournent autour de Jun, qu'elles lui fassent des propositions plus ou moins indécentes, mais le coup de la berceuse, je ne l'avais jamais entendue. - Ah ! non merci, j'ai pas envie de faire des cauchemars ! - Et de toute façon, il n'écoute que les miennes. Euh... c'était moi qui avais dit ça ? C'était vraiment ma bouche qui venait de s'exprimer ? Manifestement, vu la tête des autres, je pensai que la réponse était oui. Même la femme de Teru me regardait curieusement. Et, plus grave, je vis Jun esquisser un sourire plein de dents. Et s'avancer vers moi comme un félin vers sa proie. - Exactement. Je n'écoute que la voix de Satoshi pour m'endormir. Et j'en ai besoin toutes les nuits, dit-il en entourant mes épaules de son bras et en plongeant le nez dans mon cou. Là, il y avait danger ! Parce que c'était la femme de Teru, ok, mais ce n'était pas une raison pour aller lui balancer les choses comme ça. Alors j'essayais de me dégager de son bras. Mais naturellement, il ne me laissa pas faire. Et me plaqua plutôt contre lui tout en me faisant reculer jusqu'à la cloison. Ce fut le moment que choisit l'autre Française pour se montrer. - Cécile ? C'était qui à la porte ? On a reçu la livraison ce matin... Ok, donc je récapitulais : j'étais bloqué dans la maison d'un ami entre un mur et mon petit ami. Celui-ci était en train d'imprimer la marque de sa bouche sur mon cou devant deux étrangères ébahies. Et nos trois collègues semblaient à peine hésiter à s'écrouler de rire. Que pouvait-il arriver de pire ? - Ah ! Cécile, tu es là ! Teru vient d'appeler pour dire qu'il rentrera plus tôt final... Kyaaaaaahh !!! Erreur, il y avait pire : la FanGirl.
A la semaine prochaine... | | | Mer 15 Mai - 20:12 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Avec un peu de retard (encore) voici le nouveau chapitre. Dozo - Chapitre 4:
++ Sho++
J'aimais beaucoup Matsujun. C'était un garçon qui, certes savait ce qu'il voulait et faisait tout pour l'obtenir, mais était aussi capable de se couper en quatre pour ceux auxquels il tenait. Seulement parfois, il ne réfléchissait pas plus loin que le bout de son nez. Et là, il nous avait fait une démonstration magistrale de la manière dont son impulsivité pouvait, en moins de cinq minutes chrono, faire augmenter de 75% la population informée de la relation qu'il entretenait avec Riida. Or, à ma connaissance, c'était toujours un sujet classé Ultra Secret Défense-si-vous-en-parlez-vous-êtes-morts. Comment voulait-il rattraper une situation pareille ? Ce fut Nino qui réagit avec le plus d'à-propos. - Hey Jun, moi aussi je veux ma part ! Le garde pas pour toi tout seul. Sur ce, il se précipita vers le couple et attaqua l'autre côté du cou d'Oh-kun. Voyant cela, Ai-chan manqua de tourner de l'œil. Les Françaises semblaient plus dubitatives. Puis celle qui était en fauteuil hier éclata de rire. - Je ne pensais pas que vous faisiez du fan service en si petit comité ! - Ravie de voir que tu as retrouvé ta langue, miss, répliqua la femme de Teru. Airi, si tu pouvais revenir parmi les vivants, j'aimerais que tu ramènes Lucie dans le salon. Et si ces messieurs veulent bien suivre le mouvement. ... les sangsues sont aussi concernées, ajouta-t-elle en direction du trio infernal. Juste ce qu'il fallait pour faire râler Jun qui abandonna le cou de son amant mais sans s'en écarter. Je fis signe à Aiba et Nino de suivre les filles. J'avais deux mots à dire aux deux autres dès qu'elles se seraient suffisamment éloignées. Sauf que la femme de Teru n'avait pas l'air de vouloir partir. Et le lui demander était assez... délicat. - Y a un problème ? demanda Jun qui ne semblait pas avoir désarmé. J'aurais bien voulu pouvoir lui mettre deux ou trois points sur les i et barres aux t. Mais je fus devancé. - Vous faites ce que vous voulez de vos vies, personnellement, ça ne me regarde pas. Mais si vous comptez vraiment faire passer ce genre de choses pour du fan service, vous aurez besoin d'une bonne douche froide avant de nous rejoindre. Je vous sors des serviettes, ou vous préférez vous finir tous seuls ? Je n'étais pas concerné, mais je me sentis devenir aussi rouge qu'Ohno. - Envie de profiter du spectacle ? Jun ! .... Irrécupérable ! Et c'était visiblement ce que pensait aussi Riida. - Je n'ai surtout pas envie que vous choquiez vos fans. Que vous soyez ensemble est une chose, si tant est que ce soit le cas, mais que vous vous sautiez dessus devant elles, qui plus est sous mon toit, c'est non. - Oh ! Et... toi, tu n'es pas choquée ? demanda le Marvelous charmeur. Elle sourit ironiquement. - Moi je ne suis pas une de vos fans. Vous ne pouvez décemment pas montrer vos pantalons dans cet état. Alors, serviettes ou solitude ? Ce petit échange aurait pu durer longtemps si Ohno n'était pas intervenu. - Jun, ça suffit. Elle a raison, on a besoin d'une douche froide, et pas ensemble. Et si tu me refais un coup pareil, tu en auras besoin souvent ces prochaines semaines. Là, Riida venait de clouer le bec de son amant terrible. Il s'approcha ensuite de la jeune femme. - Je suis confus d'avoir causé ces désagréments. Si votre proposition tient toujours, je prends la serviette. - Je l'apporte de suite. Et je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être si formels. J'ignorais si c'était Riida qui avait un effet calmant ou si elle ne supportait vraiment pas Jun, mais elle parut soudain très douce. Et je me surpris à penser que Teru avait bien de la chance de s'être trouvé une femme pareille. - Pourquoi être restée ? Je l'avais déjà dit je crois, mais... Jun était vraiment irrécupérable. - Pour éviter qu'elles ne se fassent des films avec vous trois, ensemble. Leurs neurones grilleraient définitivement. Elle changea de pièce et revint avec une pile de linge de toilette. - Je vous pose ça dans la salle de bain, vous prendrez ce qu'il vous faut.
**************
++Lucie++
C’était quoi ce qui c’était passé sous nos yeux ? Franchement je ne le savais pas, du moins je n’en étais pas sûre et plusieurs hypothèses me traversaient l’esprit. Je m’étais bien dit ces derniers temps en regardant leurs vidéos, ou même pendant le dernier concert, que le fan service entre Matsujun et Riida n’en était vraiment pas. Ensuite Nino s’était incrusté et le doute s’était insinué. Fan-service ou non ? Honnêtement je ne me voyais pas leur demander maintenant que nous étions ensemble dans le salon. Airi, elle, n’éprouvait pas les mêmes scrupules. - Les garçons, vous êtes toujours aussi barrés ! Vous pouvez pas vous en empêcher, Ne !!!!!! Même dans le privé, il faut que vous jouiez avec ce pauvre Ohno. Et ce depuis toujours… Mais continuez ! Moi j’adore, vous le savez, et là vous avez une deuxième spectatrice de choix, hein Lucie ? C’est vrai. Elle les connaissait depuis toujours. Alors si elle était convaincue que c’était de la comédie, ce devait en être. Pour éviter de répondre à sa question qui semblait mettre les garçons mal à l’aise, je m’étais installée au piano et avais commencé à jouer. Soudain mes doigts se mirent en mode automatique : l’un d’entre eux s’était installé à mes côtés et mon cerveau était devenu vide. - Dis tout à l’heure, ta copine elle nous a indiqué toutes les chambres du couloir mais y avait pas la tienne. Tu dors où ? Mon cerveau se remit en route dans la seconde, enfin je crois. - Pas dans le couloir et pas dans ton lit non plus. - C’est pas ce que je voulais dire… - Mouais… Cécile entra à ce moment-là dans la pièce. - Bon, il est temps de se mettre à la cuisine… Les gars, en route !
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++Airi++
Moi qui avais cru que mon frère finirait vieux garçon - aucune de ses copines n'avait tenu plus de quelques semaines - j'appréciais chaque jour davantage la femme qu'il avait épousé. Par quel moyen l'avait-il séduite et convaincue de rester à ses côtés, voilà qui était un mystère pour moi. Car il fallait être juste, Teru était sans doute une crème, mais il ressemblait plus à un oursin qu'à un chiot câlin. S'il n'avait pas rencontré Sho-kun à l'école primaire, je pense que ses relations sociales auraient été quasi inexistantes jusqu'à ses 25 ans. Heureusement, ils étaient devenus amis. Par quelle alchimie, je l'ignorais encore... Et quand, après quelques années passées en France à cause du travail de notre père, il était revenu au Japon, Teru-chan avait rencontré les collègues de son ami. Et était devenu le leur. Ce qui m'avait fourni plus d'une raison de revenir sur ma terre natale après mon mariage. Hier soir, j'avais trouvé l'ambiance dans les loges un peu bizarre. Je pense que, tout comme moi quand il nous l'avait annoncé, aucun n'avait cru que Teru avait réellement trouvé chaussure à son pied. D'ailleurs, je ne suis pas sûre qu'ils aient bien compris qu'ils étaient déjà mariés. En France, certes, mais le mariage de vendredi ne sera qu'une formalité en plus et Cécile est déjà Miura-san. Grâce à Teru, je connaissais Arashi plus personnellement que la plupart des fans. Ils avaient chacun leur caractère et leur façon d'être, mais je pensais pouvoir affirmer qu'ils m'aimaient tous bien. Il n'y avait pas eu de problème particulier quand je leur avais été présentée. Ils étaient moins connus à l'époque, mais on ne pouvait pas dire qu'ils avaient vraiment pris la grosse tête depuis. Si Sho-kun avait été parfait, comme toujours, et Toshi-kun, Kazu-kun et Ma-kun très... eux-mêmes, Jun-kun en revanche m'avait fait un drôle d'effet. Sans avoir le caractère de Cécile, je pense que j'aurais réagi au moins aussi sèchement aux remarques du plus jeune. Enfin... non, je suis leur fan, je ne prendrai jamais le risque de vexer le Marvelous. Mais j'avais cru sentir que Cécile, bien que reconnaissant leur travail et leur talent, n'avait retenu les mots qui lui brûlaient les lèvres qu’à cause de la main de Teru posée sur sa hanche. Et peut-être aussi pour Lucie qui de toute évidence avait comme moi effectué un décollage vers des galaxies lointaines. Mais sa manière de s'approprier Toshi-kun... Wouah ! C’était vraiment chaud ! Si je ne les avais pas connus avant, j'aurais pu croire qu'il y avait anguille sous roche. Et il avait recommencé tout à l'heure ! J'avais trouvé ça excitant. Mais je pouvais comprendre que ça choque quelqu'un comme ma belle-sœur. Toutefois celle-ci semblait faire comme si de rien n'était. Et maintenant, elle les réquisitionnait pour préparer le repas de ce soir. Le temps qu'ils comprennent qu'ils n'avaient pas le choix et que la seule direction possible était celle de la cuisine (où les attendait une montagne de pommes de terre à éplucher), Toshi-kun nous avait rejoints. J'avais cru déceler un vague mouvement de repli de sa part, mais Cécile-chan l'avait attrapé par le coude et tiré après elle tout en poussant Ma-kun d'une main posée entre ses omoplates. Je croyais pouvoir affirmer que ma belle-sœur était un dragon...
***************
++Jun++
Ce n'était pas comme si je n'aimais pas faire la cuisine, mais qu'est-ce qui avait fait croire à cette fille qu'on allait se transformer en marmitons? Quand Toshi m'avait laissé la salle de bain, je n'en avais quasiment plus besoin, mais seule la douche me fournirait une excuse pour arriver en retard. Une fois celle-ci expédiée, j'avais cherché les autres et les avais trouvés dans la cuisine, rassemblés autour d'une table couverte de racines plus ou moins terreuses qu'ils semblaient avoir reçu l'ordre d'éplucher. La copine de Teru tentait d'expliquer le maniement du couteau à Sho tandis que l'autre Française ne quittait pas des yeux une grosse poêle remplie de lardons en train de rendre leur eau. Ai-chan avait disparu. Toshi leva vers moi un regard plein d'espoir mais, alors que je m'avançais, la préposée aux lardons m'aperçut. - Ah ! voici le cordon bleu! Cécile, voilà quelqu'un qui se débrouille bien derrière les fourneaux. Et c'est un champion avec les oignons !! - Vraiment ? Sa moue dubitative ne me plut pas du tout. - C'est quoi ton problème exactement ? Je vis Sho faire la grimace. - Mon problème ? me répondit-elle en souriant. Elle souriait, la diablesse ! Comme si elle ne venait pas de me faire prendre une douche froide en plein hiver ! Et froide, elle l'avait été : l'eau n'avait pas été mise à chauffer... - Je voudrais deux mains assez douées pour éplucher les carottes avec un couteau normal et sans se couper les doigts. L'idée est d'en faire ensuite une julienne ou de les râper. - Eh ! T’avais pas aussi parlé d'un feu à allumer ? demanda le gamer. Jun saurait faire ça ! Allumer un feu ? Mais il me prenait pour Aiba ou quoi ? Et puis, la cuisinière semblait fonctionner à merveille... - Oh non ! Personne n'approche du feu, je m'en occupe seule. Je vous préfère aux pluches. - Il est où ce feu ? J'imagine qu'il faudra mettre la marmite pleine dessus ? Ce serait peut-être plus facile de l'y installer tout de suite ? Toshi ou l'art de convaincre de faire les choses de la façon la moins fatigante possible... - Ça pourrait être une solution, mais le feu est dehors, et vu l'état d'avancement des patates, je pourrais tout aussi bien l'allumer dans deux heures. Sho baissa le nez. C'était sûr que s'il avait été seul à la corvée, ça n'irait pas bien vite. Mais ils étaient quatre et... - Dis donc, au lieu de critiquer, tu pourrais peut-être travailler aussi, non ? Je sentis sans le voir le regard de détresse que me lança mon amant. - Ok, puisque tu acceptes avec tant d'enthousiasme de t'occuper des carottes, approche par ici! Elle abandonna Sho et son couteau, en prit un autre sur la table qu'elle me fourra dans la main tout en m'entraînant vers une chaise vide et me planta là avec pour mission d'éplucher les racines orange. Puis elle enfila une veste et ouvrit la porte. - Quand je reviens, le feu sera allumé. Vous avez intérêt à ce que les pommes de terre soient au moins toutes épluchées ! Et elle sortit. Je restai un instant à contempler l'instrument aiguisé dans ma main, puis je levai les yeux vers les autres. Nino et Aiba avaient replongé dans leur tâche, Sho semblait désespéré et Toshi me regardait avec reproche. - Jun, cesse de faire l'enfant. On est venu ici pour passer quelques jours avant le mariage de Teru, alors s'il te plaît, fais en sorte de ne pas transformer ce séjour en enfer. Un petit rire nous parvint de la zone où se trouvait la poêle - Je suis désolée pour les réactions de Cécile. Elle n'est pas vraiment comme ça d'habitude. Je pense que la perspective du mariage la rend un peu... plus difficile à vivre. D'ailleurs... Nous nous étions tous interrompus et la fixions. Elle regarda tout le monde. - Elle vous a dit que si vous vouliez manger ce soir, il fallait participer à la préparation du repas. Ce n'est pas tout à fait juste. Elle veut surtout qu'on partage un moment tous ensemble à faire quelque chose de basique et qui peut être amusant. Il faut lui pardonner si elle est un peu cassante, elle est juste hyper stressée. - Parce qu'elle sait être agréable ? Elle ? - Jun ! Cette fois-ci, c'était Aiba qui râlait. Toshi tenta de détourner mon attention. - Mais, si elle veut qu'on soit tous ensemble, pourquoi elle est sortie ? - Ah! ça, c'est parce qu'il vaut mieux que ça cuise dehors. Le plat que l'on prépare est composé de pommes de terre, de lardons, d'oignons et de fromage. Mais le fromage qu'elle a choisi est l'un des plus... odorants que l'on ait en France. Et quand il cuit, c'est encore pire. Mais au final, vous verrez, c'est délicieux ! - Et les oignons ? Si tout le monde fait corvée de patates... - Elle les a gardés pour elle. Elle ne veut pas vous faire souffrir avec. - Oh ! alors, c'est juste par gentillesse qu'on doit faire le reste ? Nino me fixa d'un œil rond. - T'as vraiment envie de pleurer ? Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à être contre moi ? C'était vraiment moi l'enquiquineur ? - Jun, c'est bon maintenant. Arrête un peu. Toshi semblait presque fâché. La Française elle-même le regarda avec surprise. Et la surprise se transforma en confusion quand il poursuivit. - Si tu ne t'assieds pas maintenant en promettant d'avoir une attitude normale pendant au moins les trois prochaines heures, je te jure que tu feras ceinture toutes les nuits jusqu'à ce qu'on rentre à Tokyo. Et il n'y aura pas de séance de rattrapage en journée ! Les trois autres levèrent les yeux vers Riida.
N'hésitez pas, laissez un comm'! A bientôt ! Je vous invite ici à faire un tour dans Jinsei no Arashi la Genèse pour lire la première partie | | | Mer 22 Mai - 19:36 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| - Chapitre 5:
++Lucie++
Et voilà, tout vient à point à qui sait attendre et moins d’une heure après que je me sois posé la question, j’avais obtenu la confirmation de l’impression que j’avais eue tout à l’heure. - Fais gaffe ! La viande ! Je vis la cuillère que je tenais m’être arrachée des mains par Matsumoto qui me poussa de devant les plaques. - Lucie-chan ? Daijobou ? Cette fois-ci, c’était Ninomiya qui m’adressait la parole. Il s’accroupit en souriant, et après s’être assuré que j’étais en un seul morceau, il me tendit la main pour m’aider à me redresser. Une fois debout, je repoussai la brute et récupérai ma cuillère en bois. - Retournez à vos épluchures s’il vous plaît. Si les deux plus efficaces ne travaillent pas, je crains les réactions de Cécile à son retour. Avant de retourner à sa place, le magicien ne put s’empêcher de me chuchoter. - Ce que tu as vu et entendu doit rester secret défense, d’accord ? - Parce que je risque des représailles ? - Ben les rares personnes au courant hors du groupe n’ont plus jamais été les mêmes après une discussion entre quatre yeux avec Jun-kun. - Vu que je me suis déjà retrouvée par terre, c’est bon non ? demandai-je mi-figue mi-raisin. - Par terre ? Comment es-tu tombée Lucie ? Cécile était revenue dans la cuisine. - J’ai perdu l’équilibre, rien de grave, Ninomiya-san m’a aidée à me relever et Matsumoto-san a pris le relais devant les feux le temps que je me relève. - Lucie c’est vraiment tout ? - Oui. Tu es revenue pour quoi, le feu est déjà prêt? - Non, Teru a voulu m’aider et il a sorti le papier tout à l’heure… - Aïe… - Comme tu dis. Avec un air dubitatif mais nous laissant le bénéfice du doute, mon amie repartit vers son feu avec du papier sec. - En fait, qui est au courant? - Ton amie les a grillés tout à l'heure, me répondit Sakurai-kun. Et sinon, seulement Teru. - Ok c'est noté. Le sujet est donc clos. Je finis de réserver les lardons, les plaçant dans un saladier avant de le recouvrir d’un film alimentaire. Un coup d’œil à la corvée de patates m’indiqua que si je ne filai pas un coup de main elle risquait de durer encore un certain temps. Matsujun semblait faire merveille avec son couteau et Nino se débrouillait tout à fait honnêtement. Pour Ohno et Aiba, leur travail avançait lentement mais sûrement, quant au dernier il galérait avec ce qui semblait être encore et toujours sa première patate. - Sakurai-san, vous ne voudriez pas aller rincer les pommes de terre une fois qu’elles sont en rondelles ? lui proposai-je. Je récupérai le couteau avant qu’il ne se coupe la main et commençai le découpage. Il sembla assez soulagé de ne plus avoir l’arme entre les mains et tandis que je me lançai dans le tranchage, je sentis son regard observer mon travail. Au bout de quelques minutes, il avait de quoi s’occuper. - Lucie-chan ? appela doucement Ninomiya à mes côtés. - Hai. - J’ai remarqué quelque chose à ton sujet. Je m’arrêtai dans ma corvée, inspirant profondément pour maîtriser les battements de mon cœur. Je n’y pouvais rien si à chaque fois qu’il m’adressait la parole je me sentais devenir adolescente, rougissant comme je ne l’avais jamais vraiment fait à l’époque. - J’ai remarqué que tu te débrouillais pour ne pas nous nommer. Alors je propose que nous nous présentions. Je commence. Ninomiya Kazunari, idole et ami de Teru-kun depuis 10 ans, tu peux m’appeler Nino. - Nino, on est en train de la perdre là. Lucie-san, ça va ? La voix du rappeur du groupe parvenait jusqu’à mon cerveau. - Ouuii… C’est juste que c’est un peu gros pour moi de vous rencontrer dans votre vie privée comme ça sans préparation. Désolée, je vais m’y faire. J’inspirai un grand coup, avant de me tourner vers Nino en souriant et en lui tendant la main. - Lucie Bergevin, ingénieur du son, amie de Cécile depuis 13 ans. Tu peux continuer à m’appeler Lucie. - Bravo Lucie-san, bien renvoyé, rit Aiba. Moi c’est Aiba Masaki, mais tu le sais déjà ; tu peux m’appeler comme tu veux sauf Aiba-san, ajouta-t-il en illuminant la cuisine de son sourire. - Merci Aiba-kun. - Moou si froide… - Aiba-chan ? - Yatta ! Je ris à ce débordement d’enthousiasme et bientôt ce fut le rappeur qui reprit la parole. - Alors, tu es ingénieur du son ? Mais c’est un domaine bien vaste. Tu as une spécialité ? - Oui, celle qui pourrait faire de moi votre ingénieur du son. - Aucune chance. Le nôtre on le garde, déclara tout de go le benjamin du groupe. - Oui bien sûr. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Excusez-moi, Matsumoto-san. - Appelle-moi Matsujun parce que moi je t’appellerai pas par ton nom de famille… trop compliqué. - Et t’as qu’à appeler Satoshi-kun, Riida ou Oh-chan, de toute façon c’est comme si c’était son vrai nom. - Il n’est pas mon Leader Aiba-chan, et je pense que c’est à lui de décider. - Oh-chan c’est très bien. Pour une fois que j’ai l’occasion de connaître un peu mieux une fille qui m’appelle comme ça. Le regard de Matsujun se fit noir envers son amant. Le petit sourire satisfait d’Oh-chan ne fit rien pour détendre l’atmosphère. Je l’entendis gronder entre ses dents. - Toi, tu ne perds rien pour attendre… Tu vas voir ce soir… - Il ne reste que moi, conclut le journaliste. Je te propose de m’appeler comme tu le sens, Sho-kun ou Sakurai-kun si tu préfères. Si par la suite tu veux être moins formelle que le Sakurai, tu sais comme ça que tu pourras le faire sans demander et sans que cela ne me choque. - Arigatou. - Alors vous en êtes où ? demanda Cécile en pénétrant dans la cuisine. Parce que je vais à présent m’attaquer aux oignons et qu’une fois qu’ils seront émincés, vous devez avoir terminé. - On bosse ! On bosse, promis ! Sakurai-kun a migré vers l'évier pour rincer les rondelles de pomme de terre. Ça avance, tu vois ! Cécile me regarda en levant un sourcil. - Au fait, on l'a fait avec Lucie-chan, mais peut-être qu'il faudrait qu'on recommence aussi avec toi. Je suis... - Kazunari. Teru vous a présentés hier soir, j'ai retenu. J'hésitais un peu sur la réaction à avoir. C'était vrai que Cécile n'était pas leur fan, et qu'elle avait l'habitude d'appeler tout le monde par son prénom, mais nous étions au Japon, et les traditions... ça se respecte, non ? - Peut-être que tu devrais leur demander quand même comment les appeler ? Ce serait dommage qu'ils se vexent pour ça... Cécile, qui avait déjà rejoint la place devant laquelle se trouvaient les oignons, se releva, regarda les idoles les uns après les autres et finit par dire avec son petit sourire en coin : - Je pourrais effectivement vous demander comment vous voulez que je vous appelle. Pas de problème. Mais je tiens à vous préciser d'abord que chez moi, on appelle les amis par leur prénom. C'est comme ça et pas autrement. Si vous tenez à votre nom de famille, ça mettra forcément de la distance. Maintenant, c'est vous qui voyez... Ce fut Matsujun qui répondit le premier. - Je n'ai pas l'habitude que les personnes plus jeunes que moi m'appellent par mon prénom... Le rire de Cécile l'interrompit. Je sentais bien que le Marvelous risquait de mal le prendre. Malgré la menace formulée par Oh-chan un peu avant. - Cécile ! Oh-chan lui a promis l'enfer s'il n'était pas plus zen avec toi ! Il est resté très correct depuis tout à l'heure, alors arrête de rire et explique-lui !!!! - Oh ! pardon, vraiment, pardon. Je suis désolée. Elle avait presque les larmes aux yeux et ne semblait pas si désolée que ça, mais elle inspira deux ou trois fois avant de se tourner vers le benjamin. - Je te prie d'accepter mes excuses, je ne me moquais pas de toi. En fait, ce que tu as dit est même plutôt flatteur. - Flatteur ? demanda Aiba-chan. - Oui. J'ai eu droit grosso modo à votre biographie en mode accéléré et à deux voix hier avant le concert. Donc je connais vos âges. T'entendre me dire que je suis plus jeune que toi est plutôt gentil, termina-t-elle en regardant Matsujun. Je suis plus vieille qu'Airi... - Sérieux ? Mais elle a mon âge ! fit Oh-chan, perplexe. - C'est bien ce que je disais. Bon, allez, je connais vos prénoms, donc sauf contrordre, je vous appellerai avec, décida-t-elle en revenant à sa tâche. - Mais on n'a pas fait ça dans les règles là ! Aiba était le premier à réagir. J'avoue que j'avais trouvé ça amusant, qu'ils la croient plus jeune qu'eux. Les gens avaient toujours eu tendance à lui dire qu'elle faisait plus âgée. Ce qui n'était pas un mal dans son métier. - Aiba-chan a raison, Cécile. Tu les connais et tu sais ce qu'ils font dans la vie, mais tu n'as rien dit sur toi ! Heureusement que nous poursuivions nos épluchages, parce que Cécile ne nous attendait pas. Les premiers oignons étaient déjà pelés... - Bien, d'accord. Appelez-moi comme ça vous chante, mais si ça ne me plaît pas, je ne me sentirai pas concernée... Je suis Miura Cécile, interprète. Enchantée.
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++Sho++
- Interprète ? T'es chanteuse alors ? Waah ! c'est cool ! Et puis, c'est marrant, tu as le même nom de famille que Teru-kun. C'est pratique, t'auras pas besoin de changer comme ça ! Je vis les deux sales gosses venir mettre de concert une tape à l'arrière du crâne d'Aiba-kun. Eux semblaient avoir compris le sens de la phrase de la jeune femme. Riida pour sa part me paraissait surtout concentré sur son couteau. Mais je le soupçonnai de tenir son petit ami à l’œil. - Itte ! Pourquoi c'est encore moi que vous frappez ? Qu'est-ce que j'ai dit ? - Baka ! Si elle porte le même nom que Teru-kun, c'est parce qu'ils sont déjà mariés ! J'observais la scène en souriant, mesurant la compréhension des choses par Aiba au décrochement de sa mâchoire. - Pourtant, le mariage, c'est bien vendredi, non? Ohno-kun avait posé son couteau et son visage exprimait une certaine confusion. - Cécile et Teru sont déjà mariés pour l’état civil français. D’ailleurs, si Ai-chan et Thierry sont dispensés de corvée d’épluchage aujourd’hui, c’est qu’ils sont en train de mettre la touche finale à la vidéo du mariage en plus de s’occuper de leur fils. - Lucie ! - Ben quoi. Ose me dire que c’est pas la raison pour laquelle ils ne sont pas là en ce moment. Messieurs vous aurez l’honneur d’avoir en avant-première ce soir le film qui sera projeté dans quelques jours au reste des invités au mariage, chantonna la Française. - Lucie ? Pourquoi chercher la bagarre alors que je suis armée ? - Mais moi aussi. Elles n’allaient quand même pas commencer à jouer du couteau comme des Yankees ? - Les oignons c’est plus dangereux qu’une rondelle de patate, si tu veux mon avis. - J’ai encore des pommes de terre entières sous la main, tu sais. - Heu… Cécile-chan ? Lucie-chan ? Vous savez que la nourriture n’est pas un jeu ? demandai-je. Elles éclatèrent de rire brusquement, me laissant perplexe, quand soudain je réalisai qu’elles avaient échangé ces amabilités sans même se regarder et en continuant leurs tâches culinaires. Il ne s’agissait que de mots échangés, elles n’avaient absolument pas eu l’intention de commencer un quelconque combat, que ce soit de nourriture ou avec une autre arme, si ce n’était leur verbe. Regardant mes collègues, je remarquai que Aiba avait un air affolé, se demandant si elles n’avaient pas perdu la tête, un sourire amusé flottait sur le visage de Riida, Jun et Nino étaient écroulés sur la table. - Mais vous avez quel âge toutes les deux ? J’ai vraiment cru… - Ça, on l’avait remarqué, Sho-kun… et… j’aimerais bien que tu reprennes tes allers-retours entre la table et l’évier s’il te plaît. - Hai ! A vos ordres Mademoiselle ! Je repris mon rinçage de patates et bientôt nous arrivâmes au bout de la corvée. Les deux jeunes femmes commencèrent alors à mettre les ingrédients dans un plat immense, faisant des couches successives. - Un volontaire au nez bouché, ou je m'y colle ? demanda Cécile. - Au nez bouché ? interrogea Nino. C'est quoi l'astuce cette fois ? - Le retour de la vengeance du fromage-qui-pue... Devant nos mines statiques, elle éclata de rire et sortit de la cuisine. - Je crois que vous devriez vous planquer dans un coin. - Pourquoi ? demanda Aiba. - Parce que selon les propres termes d'un autochtone, c'est le seul fromage qui, si tu l'enfermes hermétiquement pour ne pas embaumer ton frigo, se venge quand tu le rouvres, comme si il avait emmagasiné toute l'odeur qu'il devait répandre pendant ce temps et te la balançait d'un coup à la figure à l'ouverture... - Tadaam ! fit la porte. En me retournant pour regarder, je vis Jun et Nino plisser le nez et amorcer un mouvement de retrait qui fut bientôt suivi par Ohno et finalement Aiba. Voyant Cécile avancer vers la marmite avec quelques galettes enveloppées de papier, j'effectuai à mon tour un repli stratégique, chassé par l'odeur. - Je vous avais prévenus pourtant... - C'est quoi ce truc ? demanda Nino. Tu vas pas nous faire bouffer ça ?! - Oh ! que si ! Et crois-moi, tu vas aimer. Lucie sembla approuver, même si elle se pinçait le nez d'une main en ouvrant les papiers de l'autre. - Je crois que Thierry a fait fort quand même. Ils sont... - A point, juste comme il faut ! s'exclama Cécile. Elle saisit un grand couteau et entreprit de séparer chaque fromage en deux ronds de même épaisseur. L'odeur ne semblait pas la déranger. Je ne pus m'empêcher de lui en faire la remarque alors qu'elle plaçait les demi-fromages sur les pommes de terre, avant de recouvrir le tout d'un grand couvercle. - Je n'ai quasiment pas d'odorat, donc je m'en fiche un peu, de leur parfum. Il n'y a que quelques odeurs qui m'atteignent vraiment. Le lys, le lilas... - Le gaz quand tu as le nez dessus, fit Lucie en souriant. - Oui, et l'odeur des hôpitaux, ça, ça m'écœure. De même que l'essence. Et le pire : le tabac. J'ai senti que certains d'entre vous fumaient. Merci de ne pas le faire dans la maison, ni en ma présence. Je ne réponds de rien sinon. - Comment ça ? Ce fut Lucie qui expliqua. - Ça a le don de la mettre dans une rage certaine. Et... vous n'avez PAS envie de la voir enragée, croyez-moi. - Bien, quelqu'un veut bien m'aider à porter ça sur le feu ? Elle s'était lavé les mains et semblait prête à prendre l'une des poignées de la marmite. - Tu plaisantes ! dis-je en poussant Jun. On va la porter nous-mêmes ! Si tu nous ouvres la porte... Matsujun me suivit et nous emboîtâmes le pas de Cécile pour aller déposer notre fardeau sur un brasier installé dans la cour. - Bien, et maintenant, on rentre se mettre au chaud pendant que ça cuit ! jeta-t-elle en attrapant nos poignets pour nous ramener à l'intérieur.
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++Nino++
- Coucou tout le monde ! Je pensais que vous étiez encore dans la cuisine... La tête de la grande sœur de Teru venait de poindre derrière la porte du salon. - Ai-chan ! T'as pas été alertée par l'odeur pestilentielle qui règne dans la cour ? La tartiflette au munster est en train de cuire, du coup, on est revenus dans le salon. C'est quand même plus sympa. Quoique, je ne pense pas qu'ils aient totalement détesté la séance 'cuisine'... Je regardai Lucie parler joyeusement à la jeune femme qui avait encore son manteau sur les épaules. Manifestement, il n'y avait qu'avec moi qu'elle semblait se crisper. La mettais-je mal à l'aise parce que j'étais son idole, ou parce que je lui plaisais ? J'avais vraiment envie de creuser le sujet. - Ne Ai-chan, demandai-je. Il parait que tu as un film à nous montrer ? - Ah! oui, vous êtes au courant, cool! Ben, si vous voulez installer le matos, je retourne chercher le DVD. - Pourquoi être venue sans, s'il est prêt ? demanda Cécile. - Je voulais juste te dire que j'avais entendu la voiture de mon frangin se garer. Et il parlait en en descendant. Et pas tout seul, si tu vois ce que je veux dire... - Teru est arrivé ? s'écria Aiba. On va le saluer, genre 'bon retour à la maison après cette dure journée de travail' ? Nous nous apprêtions à nous lever pour aller saluer notre ami, mais je notais que sa femme restait assise, perplexe. - Cécile-chan ? demanda Sho qui l'avait aussi remarqué. - Mmm ? ...Oh ! Désolée. Je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire à ce que Teru parle tout seul, il est perpétuellement pendu au téléphone. Je lui ai déjà suggéré de s'en faire greffer un... - Cécile, ma chère, tu es fatiguée. Elle a dit qu'il ne parlait pas tout seul. Des voix nous parvenaient de derrière la porte laissée entrouverte par Ai-chan. De là où nous étions assis, Lucie et moi, nous voyions deux silhouettes approcher. Aussi grandes l'une que l'autre, et aussi massives. L'une d'elle était Teru-kun. Mais l'autre... La porte s'ouvrit sur les deux hommes et une flèche sauta sur celui que nous ne connaissions pas. - Ben ! T'es déjà là ? Mais tu ne devais pas arriver avant... avant qu'on rentre à Tokyo. Qu'est-ce que tu fais là ? Nous observions la scène un peu ébahis. Teru regardait son voisin subir l'assaut de sa femme avec un petit sourire. Puis il entra dans la pièce et nous salua pendant que les deux autres continuaient à discuter dans une langue que nous ne comprenions pas. Le jeune homme (il devait avoir dans nos âges) avait la peau aussi blanche que les Françaises, avec une multitude de tâches de son sur le visage et les mains. Ses cheveux avaient des reflets presque rouges. Différents de ceux de Lucie-chan et de Cécile qui étaient l'une blonde et l'autre brune. Qui était donc ce type ? - Bah! Ça va, Teru. Je vois que t'es plutôt ouvert comme mec. Ramener un gars chez toi pour qu'il prenne ta femme dans ses bras... Tiens, j'avais comme l'impression que Cécile n'allait pas être la seule personne avec laquelle J allait se friter ce soir. - Ne dis pas de bêtises Jun, répliqua l'intéressé sans relever la pique. Cécile, ma chérie, tu pourrais peut-être faire les présentations au lieu de le garder pour toi. Elle interrompit sa conversation quand le gars la repoussa en lui montrant Teru du menton. - Pardon ? - Je disais que j'étais moi aussi très content de te revoir après cette longue journée... - Hey !! T'avais qu'à pas te carapater sans me réveiller, ce matin ! Malgré ces paroles non dénuées de tendresse, elle s'avança vers Teru qui se pencha vers elle et fit mine de déposer un chaste baiser sur sa joue avant de lui attraper la taille et de l'embrasser profondément. - Hé ! gardez la suite pour plus tard ! J'attends, moi ! J'ignorais ce qu'avait dit l'étranger, mais ça avait eu le mérite de séparer le petit-couple-seul-au-monde qui se mit à rougir. - Pardon Ben. Et Teru a raison, faut faire les présentations. Ce qu'elle fit en nous nommant tous l'un après l'autre. L'étranger nous saluait d'un signe de tête rapide tout en nous regardant attentivement. C'était le genre de regard qu'avaient les videurs de boîtes de nuit pour retenir les têtes des gens. - Voilà pour la version française. A son tour maintenant. Je vous présente Benjamin, que vous pouvez appeler Ben. Il ne parle pas japonais, même s'il commence à comprendre quelques mots. Par contre, il se débrouille en anglais, si ça vous tente. - Hajime mashite, fit-il en inclinant le buste. Nous lui répondîmes mais une question me titillait. Il m'avait paru bien familier avec Lucie-chan quand il était passé devant elle, l'embrassant sur les deux joues en la tenant par les épaules. - Euh... je ne voudrais pas avoir l'air curieux, mais on peut savoir qui il est ? - Oh! pardon, j'oublie toujours l'essentiel, me répondit Cécile. Benjamin est mon petit frère.
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++Lucie++
L’arrivée surprise de Ben allait nous poser un problème de literie, toutes les chambres ayant été réparties. A moins que… Cécile et Teru étaient en train de se retrouver et quatre Arashi sur cinq avaient disparu. - Ben ? Est-ce que tu sais où tu vas dormir ? - Teru m’a parlé de dormir avec Tom dans la nurserie, grimaça-t-il. - J’ai peut-être une autre solution en plus du divan ici, attends. Je me tournai vers le seul membre d’Arashi toujours présent. - Oh-chan ? - Mm ? En l’absence des autres, il avait plongé dans son téléphone et leva les yeux pour me regarder. - Oui ? Lucie-chan ? - Qu’est-ce que vous avez prévu de faire Jun et toi cette nuit ? A son regard, je réalisai l’ambiguïté de ma question et rougit. - Excuse-moi, je ne veux pas savoir ce que vous comptez faire en tant que tel, mais l’arrivée de Benjamin n’était pas tout à fait prévue et le seul lit qui reste se trouve dans la nurserie… et Thomas est en train de faire ses dents… donc si vous prévoyez de dormir ensemble, je me demandais si vous ne pouviez pas laisser l’autre chambre à Ben, c’est tout, débitai-je morte de honte. Oh-chan était hilare et Ben perplexe devant le tableau qui s’offrait à lui. Le leader d’Arashi retrouva enfin son calme et me dit qu’il allait vérifier mais qu’à priori oui, l’une des chambres devrait être libre, la sienne. C’est ce moment que choisit Jun pour revenir une enveloppe dans la main et rejoindre Ohno. Après qu’ils aient discuté deux minutes à voix basses, Jun se tourna vers moi pour dire : - La chambre attribuée à Satoshi est vide, tu peux y installer le petit frère si tu veux, mais je te rappelle que personne ne doit découvrir… - Je sais Matsujun. Mais franchement on s’en fout, en tout cas moi. C’est votre vie et ça ne regarde personne. Merci. Ben, bonne nouvelle, la première chambre du couloir à droite est libre, tu peux t’installer. - Hein ? Qu’est-ce que tu chantes Lucie ? - Rien, Oh-chan a laissé sa chambre à ton frère, c’est sympa non ? - Je vois… Ahh mais non ! Je posai une main apaisante sur le bras de mon amie. - Cécile, c’est la meilleure solution. Teru voulait caser Ben avec le bébé, et ces derniers temps il est plutôt bruyant. Et puis qu’est-ce que ça change de toute façon ? Tu comptais les obliger à faire chambre à part ? Au moins là, on est sûr que toutes les chambres seront occupées. - Mouais. Je voyais bien que je n’avais pas vraiment convaincue Cécile mais, pendant ce temps, Ben s’était éclipsé pour poser son sac dans la chambre qui lui avait été nouvellement attribuée. Nino, Airi, Thierry et Teru finissaient de relier l’ordinateur à la télévision quand il revint accompagné d’Aiba et Sho. Je m’étais installée à ma place favorite : au sol, adossée au tabouret de piano pour observer l’agencement du groupe, mais mon attention fut détournée momentanément par celui qui s’installa en tailleur sur le tabouret puis par Sho qui s’adressa aux jeunes mariés installés côte à côte. - Cécile, nous cinq sommes ravis que, grâce à toi, Teru ait trouvé le bonheur. Pour te remercier et honorer votre union, nous voulons vous offrir quelques présents… Alors voilà ! Sur ces deux derniers mots, il tendit à Cécile une boîte assez volumineuse alors que je pouffai. - Qu’est ce qui te fait rire, Lucie-chan ? me souffla à l’oreille l’autre pianiste du groupe. - Sho-kun. Il était si guindé, au début il débitait carrément un texte et à la fin patatras… ça ne ressemblait plus à rien. Airi poussa soudain des cris perçants. Je regardai en direction de cette dernière et m’aperçus qu’elle avait rejoint son frère aux côtés de Cécile et qu’elles s’extasiaient devant le contenu de la boîte. Dans leurs mains se trouvait un service à thé japonais. Là, j’eus un regret de m’être tant éloignée de mes amies, ne pouvant dans l’immédiat toucher également ces merveilles. - Tu veux que je t’apporte une tasse ? me proposa Nino qui se levait pour donner à son tour un paquet. - Non, c’est pas la peine, je les admirerai plus tard. - Ce cadeau-là est pour égayer vos soirées, annonça-t-il en tendant à Cécile un sac cadeau avec un de ses irrésistibles sourires. Puis il retourna sur son perchoir derrière moi alors que Cécile grimaçait dubitativement devant la Wii et ses accessoires qu’elle sortait du sac. Les autres s’écroulaient de rire et moi je me figeai en sentant des doigts jouer avec quelques mèches de cheveux. - Nino merci ! Cécile ne voulait pas que j’investisse dedans mais là, elle peut pas refuser, jubilait Teru. - C’est pas que je voulais pas, mais tu as déjà deux autres consoles alors franchement… soupira mon amie. - Mais là c’est une Wii… - Ça c’est de notre part à Riida et moi, déclara Jun tendant un shûgibukuro. - Jun, Satoshi, fallait pas… commença Teru. - Ouvrez ! Cécile prit l’enveloppe avec précaution, cherchant à dénouer les nœuds. Quelques instants plus tard, Ben la rejoignit en lui tendant son couteau mais Teru le devança. Il saisit délicatement un des bords de l’enveloppe et doucement la glissa hors des cordes colorées. Puis il la rendit à Cécile qui en sortit non pas des billets mais une pochette. - Voilà, on voulait faire quelque chose d’original et Ohno l’autre jour a parlé de grand saut… c’est comme ça que l’idée a jailli. Mais comme c’est pas tout à fait bon marché… - C’est quoi ? - Un stage d’initiation au saut en parachute avec un saut en duo inclus pour deux personnes… Jun, Satoshi, merci. Ça au moins c’est original ! Cécile était sincèrement ravie, contrairement à Teru qui était verdâtre. - A mon tour ! brailla Aiba-chan en sautant sur ses pieds pour courir vers le couloir et en revenir avec une boîte. C’est avec un vrai sourire aibaesque qu’il tendit à mon amie une boite enrubannée qu’il tenait précautionneusement. - C’est pour Cécile-chan ! clama-t-il, en lui tendant le paquet qui me faisait penser à un cadeau explosif du schtroumpf farceur. - Aiba-chan, ça va pas lui exploser au visage n’est-ce pas ? demandai-je. - Mais non Lucie-chan ! Promis, déclara-t-il en venant se joindre à Nino et moi. Cécile ouvrit la boîte, se pencha… - Aaaaaaah Atchoum ! Désolée Masaki mais si ! C’est… explosif ton cadeau. Teru prit la boite des mains de son épouse et en sortit une adorable boule de poil. Un chat, Aiba offrait un chat à Cécile. Le seul problème n’était pas qu’elle ne les aimait pas, mais qu’elle y était allergique. - Kawaii ! Airi, tenta d’arracher le chaton des mains de son frère mais Ben la devança, prenant la menace dans ses mains pour la rendre à Aiba-chan en secouant la tête avant de dire "gomen" à un Aiba médusé. - Aiba-chan, Cécile est allergique. Ça va être compliqué pour elle de le garder, expliquai-je doucement. - Encore une nouvelle gaffe, Ma-kun, se moqua Nino. - Mou. Mais il est tellement mignon… - Nino, urusai ! Aiba-chan, je suis d’accord mais… - Lucie, c’est bon. Vous pouvez le garder le temps que j’aille chercher un comprimé d’antihistaminique et qu’il fasse effet. Masaki, merci il est adorable. La boule de poil était en train de se tortiller entre les longues mains de ce dernier, essayant de s’échapper afin de partir à la découverte de son nouveau territoire. Je l’attrapai, et la posai sur mes genoux, la caressant suffisamment fermement pour qu’elle s’y allonge et bientôt je la vis se transformer en carpette ronronnante. Quand Cécile revint, nous décidâmes de nous intéresser au reportage d’Airi.
- Plan de la maison:
Je vous invite ici, à lire la partie 2 de "La Genèse de Jinsei" à partir de vendredi 24/05/2019 | | | Jeu 30 Mai - 18:11 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour! Si certaines attendaient ce chapitre, je vous présente mes excuses pour le retard. Mais, sans plus attendre, le voici - Chapitre 6:
++Nino++
Après s'être assurée que tout le monde s'était confortablement installé, Cécile appuya sur le bouton lecture et posa la télécommande sur ses genoux.
[- Bonjour, dit Airi devant la caméra. Ceci est le reportage concernant le mariage de mon frère Teruki et de Cécile-chan. La partie française du mariage, pour tous ceux qui n'auront pas pu y assister en personne. Airi penche un peu la tête et semble regarder le caméraman qui tient le caméscope. - Chéri, ça te paraît bon comme début? L'image saute un peu, le chéri en question doit rire. Et sa voix parvient assourdie au micro de l'appareil. - Ça me paraît bien, mais il faudrait poursuivre... - Ok, donc voilà, mon frère Teru que vous pouvez voir ici dans ses œuvres de jeunesse... Des photos défilent. Un nourrisson qui pleure, un bébé qui crapahute sur la terrasse d'une maison, un petit garçon prêt pour son premier jour d'école, un jeune joueur de base-ball montrant sa batte avec fierté, un lycéen sans uniforme entouré de visages européens souriants sur le toit d'un bâtiment en pierre rose ouvragée, un étudiant de Keio sous des cerisiers en fleur et un diplôme à la main, enfin, un salary-man engoncé dans son costume et faisant mine d'être très concentré. - ...va épouser dans quelques jours la jeune Cécile-chan que voici... D'autres photos apparaissent. Un poupon dans les bras d'une jeune femme, un bébé dans sa chaise haute qui fait la grimace en lançant un regard plein de larmes à la flûte de champagne qu'on lui a manifestement fait goûter, une petite fille rieuse tenant contre elle un autre bébé, une écolière studieuse qui s'applique sur son cahier, une adolescente boudeuse perdue dans un coin de verdure un livre à la main, une jeune femme au milieu d'autres jeunes devant une petite chapelle de montagne bien ventée. - ...malheureusement, nous n'avons pas de photo de la rencontre (c'est un vrai scandale! y avait quand même du monde sur place!) mais nous avons retrouvé les lieux. Le reporter amateur est momentanément remplacé par un château de pierre rose dominant une forêt. Perché sur son rocher, il semble veiller sur la plaine qui s'étend devant lui tel un aigle sur son aire. - C'est par un beau matin d'été que nos deux tourtereaux se sont rencontrés. Ils cherchaient chacun leur chemin dans la dure jungle de la vie et sont tombés l'un sur l'autre. Bien que douloureuse, cette chute leur fut profitable puisque quelques semaines plus tard, ils nous annonçaient que nous devions réserver notre week-end pour une petite sauterie organisée dans un coin de France que nous connaissions bien. Airi fit une grimace avant de poursuivre. - Les semaines qui précédèrent cette fête furent remplies d'activités toutes aussi vitales, essentielles et épanouissantes les unes que les autres. Quelques exemples : fabrication des sachets de dragées qui seront offerts aux invités. La caméra est centrée sur une grande table où sont rassemblées en petits tas des dragées de couleurs blanches, bleues et roses. Des napperons de tulle sont empilés devant une petite dizaine de personnes qui essaient tant bien que mal de faire tenir les sucreries dans les tissus avant de les resserrer en forme de réticule. Le tout noué par la tige d'une mini fleur artificielle. Airi, qui fait partie des petites mains à l'œuvre, regarde la caméra et s'exclame : - Mon sucre d'orge, rappelle-moi pourquoi tu nous filmes au lieu de nous aider ? Le cameraman présente sa main devant l'objectif et répond : - Parce que mes gros doigts ne me permettraient pas de faire d'aussi beaux sachets que vous ! L'image change et on peut voir la même table vide de bonbons mais couverte de catalogues en tous genres. Autour de la table, Cécile, Airi et une femme plus âgée feuillettent, déchirent, s'exclament et s'interpellent. On entend la voix du cameraman qui commente confidentiellement. - Je n'ose pas les approcher davantage, elles sont en train de choisir la décoration des tables. - Fais gaffe, le terrain est miné, réplique une autre voix grave (et sous-titrée) vers laquelle se tourne l'objectif. On peut voir Benjamin installé à un bureau avec une feuille, un crayon et une règle. La caméra zoome sur le dessin puis se redresse sur le jeune homme. - C'est quoi ? - Le plan de la salle pour organiser les tables. Moi je fais le cadre, les mariés rempliront ! Nouveau changement de décor. Cette fois, des personnes sont regroupées, debout, à faire des vocalises. A l'environnement, on devine l'intérieur d'une église. Faisant face aux autres, on reconnaît Cécile qui bat la mesure. Et juste à côté, Lucie qui cache son rire de son mieux. La future mariée fronce les sourcils et regarde son amie. - T'as fini de te marrer ? Je perds le rythme là ! - Aucun risque, tu n'as jamais eu le sens du rythme, tu ne peux pas le perdre ! Bouderie de la mariée, éclat de rire général. - Voilà, c'était quelques-uns des moments qui ont précédé le mariage, reprend Airi en réapparaissant. Parfois difficiles ou épiques, mais souvent drôles. Le meilleur ayant été une colère monumentale de la mariée. Hélas, nous n'avons pu la filmer... C'est un grand dommage, ç'eut été un merveilleux moment de film d'angoisse entre les portes qui claquent, les vases qui se brisent, les murs qui tremblent, les gens qui s'écartent de son chemin ! Toute cette intensité dramatique perdue pour la postérité.]
La mariée en question mit sur pause, se redressa et fixa Airi. - Ma très chère belle-sœur, je ne vois pas l'intérêt de ce passage. Tu es priée de me le virer fissa ! - Trésor, dit Ai-chan en souriant, tu as la caméra ? Je crois qu'on va pouvoir ajouter un exemple pour illustrer mon propos. - Airi, je ne plaisante pas, fit Cécile sèchement. Je ne veux pas que ce genre de choses fasse partie d'un dvd qui va être remis à des gens que je ne connais pas encore mais qui vont être ma famille. - Onee-chan, glissa Teru en attrapant sa femme pour la caler dans ses bras, Cécile a raison, ne la mets pas dans ce genre de situation. On sait tous très bien pourquoi elle s'est énervée, qu'elle avait raison de le faire et qu'en plus, sa réaction un peu... démesurée était due au stress. Et puis, ce n'est pas toi qui as dû recoller les morceaux après. Et sincèrement, j'ai pas envie d'avoir à faire ça ce soir... Il plongea la tête dans le cou de Cécile, lui murmurant des petits mots à l'oreille tandis que ses mains lui caressaient les bras doucement. A les voir se faire des mamours, je laissai échapper un : - Bah ! ça n'a pas l'air si désagréable pourtant ! Teru me jeta un regard noir après que la femme dans ses bras ait frissonné puis se soit levée brusquement. Elle se dirigea rapidement vers la cuisine. Nous vîmes Teru se lever à son tour, hésiter un instant puis se décider à parler. - Ecoutez les gars, et toi aussi Onee-chan, je vous connais, je sais que vous passez votre temps à vous lancer des piques et que c'est jamais vraiment méchant. Excusez-la de ne pas réussir à prendre les choses à la légère, mais s'il vous plaît, comprenez qu'elle subit une sacrée pression depuis deux mois qu'on est au Japon et qu'on prépare ce mariage, sans compter ce qu'il y a eu en France. Elle a les nerfs à fleur de peau et comme en plus elle ne veut pas m'inquiéter, elle garde tout pour elle. C'est normal qu'à un moment donné ça fasse trop. Parce que si j'ai bien compris, à la base, elle a un aussi mauvais caractère que Sho, du genre pression qui monte et soupape qui explose. Lucie opina. - Exact. Et là, elle est pas dans son élément, elle ne connait quasiment personne, elle n'a pas pu bosser depuis trois mois... Ça fait beaucoup. Tu devrais aller la chercher Teru. Elle doit être dehors en train de s'exciter sur le feu. Teru acquiesça et suivit le même chemin que sa femme. Je vis Thierry-san faire le traducteur au frangin de la mariée. Au début, il semblait prêt à aller rattraper sa sœur mais après avoir écouté l’autre Français, il prit la parole et comme je demandais à Lucie ce dont il s’agissait, elle m’annonça que j’allais connaître la raison de la colère de Cécile évoquée dans la vidéo. - En fait, on avait préparé plein de décos en sucre, en pâte d'amande et en petits gâteaux, commença Thierry. Ça devait orner les tables, et pouvoir être embarqué par les invités à la fin. Les couleurs tournaient parfois, il a fallu en refaire un certain nombre. Bref, ça avait demandé du temps à plusieurs personnes et Cécile y tenait vraiment beaucoup. Et la veille du mariage, tous ces décors ont été dévorés par les gamins qui étaient déjà arrivés. - Elle s'est énervée après des gosses gourmands ? demanda Riida. - Non, elle pouvait comprendre que c'était tentant pour les enfants. C'est d'ailleurs pour ça que ça avait été planqué dans une pièce fermée à clé. Mais l'un de ses cousins a pris la clé, ouvert la porte et soufflé aux gamins qu'il y avait des bonbons pour eux là-bas. Je pense qu'il voulait lui faire une blague, mais c'était vraiment de mauvais goût. Et c'est après lui qu'elle s'est énervée. ...J'ai bien résumé l'affaire Lucie ? - Oui. Cécile n'est pas quelqu'un de rancunier. Elle a même tendance à beaucoup trop comprendre et pardonner à tout le monde. Mais là, celui-là, elle lui en veut à mort. Elle lui a interdit de venir au mariage, le menaçant de le jeter dans la rivière si elle l'apercevait. Et elle l'aurait fait, j'en suis sûre. Elle tremblait de rage quand je l'ai récupérée tandis que Ben et les autres cousins éloignaient le gars. Enfin, je pense que c'était la dernière d'une longue suite de blagues pourries, et elle n'était pas d'humeur à plaisanter. Ai-chan, franchement, change ce passage, s'il te plait. La fangirl soupira et promit de s'en occuper le lendemain. Les mariés étaient revenus entre-temps, se réinstallant à leur place comme si de rien n'était. Je pensai qu'ils avaient dû entendre la fin de la discussion car Cécile adressa un sourire discret à sa belle-sœur avant de réappuyer sur pause pour relancer le dvd.
[Passons à présent à l'interview des témoins. Nous garderons le meilleur pour la fin et commencerons donc par les témoins du marié. La caméra ne quitte pas Airi qui sourit plus que largement en enchaînant : - Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, j'ouvre la séance. Alors... comment avez-vous connu le marié ? Eh bien... quand mes parents ont ramené un joli poupon rose à la maison, mais m'ont interdit de jouer à la poupée avec. Allez donc savoir pourquoi ! Ensuite, comment le décrire en quelques mots ? Facile ! Il est absolument, totalement, intégralement et irrémédiablement accro. A son boulot, à son téléphone, à son ordi, à ses bouquins... quand il est dans quelque chose, impossible de l'en tirer. Une anecdote particulière sur lui ? Hum... Oto-san se désespérait de le voir petit, malingre, limite fragile. Du coup, il l'a encouragé à faire du sport. Quelques années plus tard, il aurait voulu expliquer à son fiston que la balle de base-ball n'avait aucun besoin d'entrer dans la maison par la fenêtre fermée, mais le fiston avait une demi-tête de plus que lui et les épaules qui allaient avec ! Un message à faire passer au marié ? Teru-chan, j'aurais jamais cru que tu trouverais ta perle rare, mais crois-moi, maintenant que tu la tiens, je la soutiendrai envers et contre toi ! Elle adresse un clin d'œil à la caméra, prend cette dernière et la retourne pour interroger son mari. - Comment as-tu rencontré Teru-chan ? - Par surprise, un jour où je venais te voir chez tes parents et où tu aurais dû être seule. J'ai sonné et au lieu de l'adorable petite jeune fille que j'espérais, je suis tombé nez à nez avec un gaillard presque aussi grand que moi qui m'a demandé ce que je voulais. J'ai été si surpris que j'ai rien trouvé de mieux à dire que "c'est pour les pizzas". - Comment le décrirais-tu en quelques mots ? - C'est toujours un plaisir de le voir débarquer à la maison. Et depuis qu'il est tonton, on lui a trouvé une nouvelle vocation : nounours. - As-tu un message pour lui ? - En tant que seul homme marié de ton entourage et de ta génération, je peux te faire profiter de mon expérience : le mariage, c'est génial. Le seul problème, c'est la mariée... Là, l'écran devient noir pendant quelques secondes et quand l'image revient, "le seul homme marié" frotte son crâne avec sa main baguée. Vient ensuite le frère de la mariée qui, bien qu'interrogé en japonais, répond en français sous-titré. - Comment as-tu rencontré Cécile-chan ? - Je l'ai pas rencontrée, c'est ma frangine, elle était dans la place avant moi. - Quelques mots pour la décrire ? - Un genre de tigresse capable de mordiller ses petits quand ils ont fait une bêtise, et de déchirer ceux qui s'en prendraient à ses petits. - Une anecdote à nous faire partager ? - Elle est très douée pour s'orienter, bricoler, cuisiner, commander, mais elle est capable de ne pas reconnaître son frère quand elle le croise... Et non, je l'ai toujours pas digérée ! dit-il en souriant.] Re-pause. Cécile se dégagea des bras de Teru, se mit à genoux devant son frère et s'inclina en lui disant quelques phrases que Lucie-chan me traduisit à peu près en m'expliquant l'histoire : en rentrant d'un voyage scolaire, Cécile s'était demandé qui était ce garçon dans la maison de ses parents, mettant plusieurs minutes à réaliser qu'il s'agissait de son propre frère qui avait fait raccourcir sa coupe de quelques petits centimètres. J'étouffais un rire. - C'est possible de ne pas être observatrice à ce point-là ? - Ben faut croire, oui. C'était il y a presque vingt ans, mais tu vois, elle s'en veut encore. Ben posa la main sur l'épaule de sa sœur et la releva en lui faisant signe de continuer. - Mouais, enfin, c'est quand même toi qui en as parlé, fit-elle en rappuyant sur lecture.
[- Et un message à lui faire passer ? - T'as un caractère épouvantable, mais j'aurais pas voulu une autre frangine. Alors prends bien soin de toi. Et quand tu seras dans ton nouveau pays, apprends bien la cuisine pour quand je viendrai te voir ! Puis c'est au tour de Lucie qu'on a visiblement prise à l'improviste pendant qu'elle pianotait sur l'harmonium de l'église. - Comment as-tu connu la mariée ? - A la fac. Un banc et de la musique ont suffi pour que nous fassions connaissance. - Comme la décrirais-tu en quelques mots ? - Il y a quelques années j’aurais dit la grande sœur qui me manquait. C’est toujours valable, mais j’ajouterai la plus géniale des coloc et la meilleure des amies. - Une anecdote particulière ? - Un conseil à Teru. Ne laisse jamais ta femme sans nourriture quand elle te dit qu’elle a faim. Si c’est le cas, une seule chose à faire : s’arrêter au premier point susceptible de lui offrir ce qu’elle convoite et l’alimenter, si tu ne veux pas voir se transformer la princesse en dragon… l’expérience prouve que c’est assez flippant… - Pour finir, un message à lui faire passer ? - Zen Cécile, après demain tu seras Mme Miura et rien ne l’empêchera.]
Nouvelle pause. Décidément, elle avait la zapette facile. Elle se tourna vers celle qui était devant moi et lui envoya un baiser du bout des doigts avec un clin d'œil en prime. Elle allait relancer la machine lorsqu'un miaulement l'arrêta dans son mouvement. - Euh... fit ma voisine en regardant ses genoux. C'est pourtant pas neko-chan, il dort, promis ! - Le « neko » s'appelle Nuit, Lucie. C'est non négociable et tu me prononces le "t" final comme s'il y avait un "e" derrière. Et pour le bruit, je pense que ça vient du babyphone. Airi, ta progéniture te réclame ! Ai-chan tenta d'envoyer son mari s'occuper du bambin, mais Cécile la traita de mère indigne, ce qui la fit protester et bouger. Une fois la jeune mère sortie, elle interrogea son beau-frère. - Thierry, il y a encore beaucoup de vidéo après ça ? Ça va pas faire un peu long ? - Normalement, on a pris que quelques morceaux, ça devrait aller vite. Mais tu sais, les Japonais adorent voir des films familiaux, et cette famille ne déroge pas à la règle. J'ai négocié un "moyen-métrage" parce que je suppose bien que tu aurais voulu une version courte, mais Airi en aurait fait une longue en plus... et tu n'aurais sans doute pas aimé tout ce qu'elle y aurait mis. - Thierry-sensei, tu pourras me donner des cours de diplomatie ? Je crains d'en avoir bien besoin entre ma sœur et ma femme. La demande de Teru fit rire le géant (Thierry-kun avait presque une tête de plus que Sho et deux fois son tour de bras) qui lui tapota l'épaule d'un air encourageant. - La route est longue et ardue, mais le petit scarabée a des pattes vaillantes. Tu t'en sortiras, va! La vidéo se remit en route.
[Un imposant bâtiment aux marches brillantes occupe toute l'image. - Forts de tous ces bons conseils, nos deux amoureux se retrouvèrent donc au matin du 20 novembre 2010 à la mairie entourés de tous leurs amis, leurs familles, des badauds, monsieur le Maire... Dans une salle sobrement décorée, un homme en costume ceint d'une écharpe tricolore, le nez plongé dans un livret mais levant régulièrement les yeux par-dessus ses demi-lunes, lit un texte assez court avant de reposer l'objet sur la table devant lui. Face à lui, les deux futurs mariés, lui en costume trois-pièces, elle en ensemble crème, étaient entourés par leurs témoins. Derrière eux, quelques rangées de gens sagement endimanchés applaudirent lorsque les tourtereaux échangèrent un baiser. - Ils ont dit "oui", c'était tout mignon, très assuré et on a bien entendu. - Airi, tu commenteras plus tard, là tu dois signer le registre ! La voix off reprend le cours de ses explications pendant que des images défilent. - La mairie le matin, l'église l'après-midi. Entre les deux, repas où je suis sûre que personne n'avait jamais vu la mariée manger aussi peu, puis habillage. Teruki enfila le queue-de-pie et le haut-de-forme qu'il garda presque jusqu'à la fin de la journée et je pus filmer l'équipement de la dame. - Airi, pose cette caméra et viens m'aider à mettre ce voile! - Ah! zut, la robe est déjà mise semble-t-il... La jeune femme en blanc, debout au milieu de cartons ouverts et de papier de soie, tend un grand morceau de tulle brodé à sa belle-sœur, tandis que Lucie remonte la fermeture éclair dans le dos de la robe. - Ça aurait fait plus classe, une vraie boutonnière! dit la caméraman en accrochant le voile sur le chignon de la mariée. - C'est ça, répond la petite main, et Teru se serait endormi avant de finir de l'ouvrir... Nouveau changement, installation de la noce dans les travées de l'église, la caméra semble fixée sur un pied et filme deux sièges vides juste devant l'autel avec une bonne vue sur l'allée centrale. C'est là que le marié apparaît, donnant le bras à sa mère. Elle le laisse aller s'asseoir et rejoint son mari. Puis c'est au tour de la mariée, la main posée sur le bras d'un homme en costume qui semble encore plus ému que le marié. Arrivés à hauteur des sièges, il se penche vers la jeune femme et la serre un instant contre lui avant qu'elle ne se tourne vers Teru. Celui-ci la regarde avec un grand sourire idiot qu'il garde jusqu'à la fin de la cérémonie. - Les petites demoiselles d'honneur portèrent la traîne avec les joues toutes roses, leur petit frère apporta les alliances avec émotion, se laissa embrasser par la mariée et passa la fin de la cérémonie dans les bras du marié. Il ne les quitta que pour se percher sur les épaules du témoin. Les mariés échangèrent leurs consentements puis leurs alliances. Tout le monde applaudit et entonna en chœur les chants choisis par les mariés. C'est ensuite une succession de poses des mariés entourés de leurs parents, leurs témoins, leurs familles, leurs amis, tout le monde. Des sourires rayonnants réchauffant l'atmosphère malgré un ciel blanc et bas qui finit par lâcher les flocons ouatés et froids venant recouvrir le sol. - Le mariage s'étant déroulé fin novembre et l'hiver étant précoce, la neige a vite chassé les quelques téméraires qui voulaient fêter le mariage à l'extérieur. Tout le monde se retrouva dans la salle des fêtes, un verre à la main, de quoi grignoter dans l'autre, à faire la conversation. Puis nous passâmes à table, dégustant un repas délicieux choisi par les mariés, accompagné d'alcools variés, entrecoupé de discours divers. Nous aurions voulu vous en montrer quelques-uns, mais choisir était difficile. Le meilleur eut sans doute été celui du grand-père de la mariée, mais il était trop long. Nous avons donc décidé de vous présenter, in extenso, celui du père de la mariée. Cet homme bavard a su présenter tous les aspects importants du mariage dans une diatribe magnifique.]
- Hey ! t'arrête pas là !! protesta Ai-chan qui était revenue avec son fils et lui donnait le sein, plus ou moins discrètement. - Tu n'as pas mis le discours du grand-père ? demanda Cécile avec une once de menace dans la voix. - Mais non, promis. Comment j'aurais pu, d'abord ? Il a parlé en italien tout du long, et tu as refusé de me refaire la traduction. - C'est quoi le problème cette fois ? demandai-je en me penchant vers Lucie-chan. - Eh bien, à dire vrai, je crois qu'il n'y a que Cécile, Ben et leur père qui aient compris de quoi il retournait. Mais le grand-père avait bien arrosé son repas, alors ça semblait assez... grivois. J'ai cru saisir qu'il s'agissait de conseils qu'il donnait à Teru pour que la nuit de noce se passe bien. - C'était pas dans ta langue ? - Non. Le père de Cécile est d'origine italienne. Elle me jeta un rapide coup d'œil. J'accrochai son regard et y glissai un petit sourire que j'espérais craquant. - Et les conseils ont été utiles ? - J'en sais rien moi! souffla-t-elle en rougissant. Trop mignonne. - Bon, fit Ai-chan, tu remets en marche? Faut qu'on écoute ton père quand même !
[L'homme ému de l'église se retrouve avec le micro dans les mains et ses voisins l'encouragent en applaudissant. - ...Euh... Oui... Euh... Quelques rires fusent dans la salle. - Eh! bien... dit-il d'une voix grave, félicitations ! Et soyez heureux. Il tend le micro par-dessus la table à l'animateur surpris et va pour se rasseoir lorsqu'il est assailli par une femme en robe blanche qui lui entoure le cou de ses bras avant de lui orner la joue d'une belle empreinte de bouche en rouge à lèvres. A ce joli moment d'amour filial succède l'apparition de la pièce montée, une montagne de choux ornée de fleurs en sucre et de nougatine. Pour aller décrocher les petites figurines plantées au sommet de la composition, Teru met un genou en terre le temps d'installer sa femme sur son épaule et se redresse en s'approchant du dessert sous les applaudissements de la salle. Applaudissements d'autant plus mérités que la mariée est plus lourde que son mari. - Voici donc le point d'orgue de cette première partie de soirée. Bien entendu, le repas fut agrémenté de sketchs, jeux et chansons en tous genres. Nous aurions voulu tous vous les montrer, mais un incident technique nous en a empêchés. En effet, de malicieux petits lutins ont subtilisé la caméra pendant que vos serviteurs étaient sur scène pour exécuter une chanson de leur cru, et les images ont été perdues.]
- Airi, tu n'as vraiment plus aucune image ? demanda Cécile en se penchant vers la FG. Celle-ci haussa les épaules en fermant les yeux. - Non. Enfin, si, il en reste quelques-unes, mais c'était difficile à exploiter. Elle expliqua que les "lutins", qui avaient voulu regarder le film déjà tourné, avaient mal recalé le départ et que, comme elle ne s'en était pas rendue compte, elle avait enregistré la suite en écrasant le reste. Pendant ce temps, je demandais des précisions à ma voisine en attirant son attention par une main posée sur son épaule. - Une chanson ? Airi a "chanté" ? Elle leva le nez vers moi. - Non, elle a bien dit "exécuté", même si "massacré" eut été tout aussi juste. - Tu me rassures. Ni Teru, ni sa sœur ne savent chanter. Elle sourit avant de se retourner vers l'écran en entendant la reprise de la vidéo. Mais elle ne chassa pas ma main.
[- Heureusement, nous avons retrouvé un petit bout épargné. Voici donc le seul moment de vraie chanson française de toute cette vidéo. Une jeune femme, micro en main, fait signe au clavier derrière elle. Puis elle se lance dans une chanson connue. Sa voix chaude, pleine, semble donner vie aux mots. La traduction mise en sous-titre permet de comprendre que le texte original a été un peu adapté, commençant par : - Le ciel bleu, sur eux, peut s'effondrer... La chanteuse fait preuve de maîtrise dans son chant et semble tout à fait à l'aise sur scène. Elle s'y promène avant d'aller s'asseoir à côté de la pianiste et de lui tenir le micro au moment du changement de rythme. Et la voix de contralto laisse place à la soprane, plus émue mais tout aussi douce dans son chant. - ...Ils iraient jusqu'au bout du monde... Puis les deux voix se marient, l'une en contrepoint de l'autre. Pour au final se séparer sur la dernière phrase que l'alto interprète seule d'un seul souffle tandis que le piano s'envole en improvisation délicate.] - Tu as une très belle voix, chuchotai-je à ma voisine de devant en me penchant. Je constatai que ses joues étaient devenues toutes rouges et espérai un instant être la cause de cette émotion, mais je réalisai très vite que ce devait être parce que tout le monde la regardait. - Je suis contente. S'il n'y avait qu'un morceau à sauver, c'était celui-là ! s'exclama Cécile. Vous avez été magnifiques toutes les deux. Ça nous a fait vraiment plaisir. - Lucie-chan joue rudement bien du piano ! fit Aiba avec enthousiasme. Et elle était toute timide, c'est trop mignon !! C'était qui l'autre fille ? Une copine à vous ? Elle sera là vendredi ? Tiens, tiens, Aiba changerait-il d'objectif ? Tant mieux, ça me laisserait le champ libre. - Non, répondit Lucie en reprenant contenance, c'est une cousine de Cécile. Elle est chanteuse professionnelle. Et Cécile dit d'elle que c'est une vraie tornade. - Je crois que cyclone lui convient aussi... En tout cas, j'ai vraiment aimé la surprise. - Oui ? Tu sais, en fait, on a improvisé ça quand ta cousine est venue me voir, juste après l'église. - Eh ! bien, n'hésitez pas à réimproviser quand vous voulez!
[Retour sur la salle où les tables ont été repoussées sur les bords et où trois couples se saluent. - Après ce magnifique Hymne à l'amour revisité, les images suivantes sont celles de la danse. Une vieille tradition exigeant que le bal soit ouvert par les mariés, d'abord séparément avec leurs parents, puis ensemble, nos jeunes gens fraîchement bagués se retrouvèrent donc à danser la valse avec application. Le marié avec sa mère, la mariée avec son père. Je suis persuadée que les femmes s'en seraient tirées honorablement si ces messieurs avaient été moins raides et moins consciencieusement préoccupés par les orteils de leurs cavalières. Préoccupation qui les amena à préférer retourner s'asseoir plutôt que de continuer à écraser les pieds de ces dames. Et après quelques valses, la piste fut envahie par les danseurs en tous genres. Et en effet, le reste de la vidéo montre plusieurs morceaux de danses variées, avec des gens qui s'agitent en rythme ou non, en couple, en groupe ou seuls, mais tous ont l'air de bien s'amuser. - C'est ainsi que se termine notre reportage sur ce jour mémorable où mon frère, fleuron et espoir de nos parents, dota notre belle famille d'un membre polyglotte de plus. Et bravo à Teru qui a réussi à convaincre sa femme de venir vivre dans notre beau pays. Et... chéri, j'ai oublié quelque chose ? On entend le soupir du cameraman. - Ah ! oui. Souhaitons-leur beaucoup de bonheur, une longue vie ensemble et plein de beaux enfants ! Elle agite la main en signe d'aurevoir.]
- Et voilà ! Fin de la vidéo. Ça va, elle est assez complète, assez soft, assez bien montée ? demanda Airi à sa belle-sœur. - Bien montée, ça, jeune fille, c'est ton métier, alors je pense que oui. Soft, si tu retires cette histoire de colère, oui. Complète... Cécile se tourna dans les bras de Teru. - ...Je pense que oui ? - Ils auront presque l'impression d'avoir été là, approuva notre ami. - Un peu comme nous, compléta Sho. C'est dommage que tu ne nous aies pas prévenus avant, ça m'aurait bien dit de venir te voir danser. Je ne le voyais pas bien, mais je devinais sans difficulté le sourire narquois du rappeur. - Dites, interrompit la mariée, Sho n'a pas un avion à prendre ? Que diriez-vous de passer à table ? Si c'est cuit, naturellement.
************** ++Aiba++
Sur ces mots, la maîtresse des lieux partit en direction du jardin, suivie par les deux Français. - Il nous reste la table à mettre, annonça Lucie en confiant le chat à Nino pour se redresser. J’en profitai pour les rejoindre et lui proposer de l’aide en lui tendant la main. Elle la prit en souriant puis, une fois debout, grimaça. - Ça va pas ? demandai-je. - Si si. C’est juste que je suis ankylosée, faut que la machine se remette en route, c’est tout. - Je peux faire quelque chose ? - Aller donner un coup de main pour mettre les tables en place… Teru va vous montrer, pendant ce temps-là, Ai-chan et moi on va sortir la vaisselle… Je suivis donc Teru avec Sho-chan, Riida et Jun-kun et nous revînmes bientôt dans la pièce avec des tables pliantes. Quand les tables furent dépliées, les filles mirent couverts et verres en place, alors que nous installions sièges et coussins avec Nino. Enfin, les deux Français commencèrent une série d’allers-retours, apportant des assiettes fumantes et moins odorantes que ce que nous pouvions craindre dans la salle. Cécile arriva en portant la dernière assiette et nous nous installâmes.
Même si Nino avait réussi à se placer face à Lucie, je m’étais glissé à sa droite, prenant rapidement une bouteille de vin pour la servir avant d’entamer un bavardage avec elle. - Dis Lucie-chan, tu nous as pas dit hier, mais comment tu nous as connus ? Grâce à Airi-nee ? Lucie se mit à rire et Nino en face la rejoignit avant de m’asséner un « Baka ! ». - Lucie-chan, tu connais la F… Airi-nee depuis pas assez longtemps pour ça, n’est-ce pas ? - Excuse-moi Aiba-chan, me dit-elle en fusillant son vis-à-vis du regard pour mon plus grand plaisir. Non, j’ai entendu parler de vous en cours à la fac. On avait un module "Musique d’aujourd’hui, mode et phénomènes, à travers le monde". Et dedans, nous avons eu un cours sur les boy’s bands. En Europe c’était déjà sur le déclin mais le prof nous racontait que dans d’autres pays, continents, et plus particulièrement au Japon, le phénomène existait depuis plus d’une décennie et qu’il ne semblait pas près de s’arrêter. Et comme vous étiez le dernier groupe à avoir émergé, il nous avait passé A. Ra. Shi… Honnêtement, si je m’étais arrêté à cette écoute-là, je ne pense pas qu’on discuterait aujourd’hui… Mais voilà, quand nous étions étudiantes Cécile et moi avons habité en foyer. Là-bas, il y avait quatre Japonaises et l’une d’elles se faisaient envoyer des vidéos avec des dramas. Elles les regardaient une fois par semaine sur la télé de la salle commune, et en passant une fois, j’ai été attirée par un générique, et il était de vous... - Je parie que c’était Wish ou Love so sweet, la coupai-je. Elle me sourit avant de me détromper. - C’était en 2000/2001… Alors non, pas de HanaDan. C’était Kansha Kangeki Ame Arashi… Je vis une étincelle de joie dans le regard de mon adversaire ; évidemment, c’était un de ses dramas… mais cette dernière s’éteignit quand Lucie continua. - Après avoir entendu cette chanson, j’ai demandé si elle pouvait me faire une copie de la musique parce que je trouvais le mélange intéressant à étudier. Elle m’a carrément passé le single, et c’est comme ça que j’ai entendu réellement parler de vous pour la première fois. Avec Cécile, j’ai découvert les mangas… avec elles les chansons nipponnes à la mode. - Et ton premier drama, c’était quoi du coup ? demanda Nino. - Les SP de Metantei Conan répondit-elle. - … Mais… c’est assez récent non ? - Oui, j’ai regardé mes premiers dramas il y a deux ans, tu sais… Mais depuis je me suis rattrapée… et j’ai adoré My girl, Aiba-chan. - Attends… mais t’as fait quoi entre le moment où t’as écouté Kansha Kangeki et y a deux ans ? Tu nous connaissais ou pas ? T’es quoi exactement comme type de fan ? demanda Jun. Je m’aperçus alors que ce dernier essayait de suivre notre conversation à travers celle de Sho et Teru qui évoquaient, l’alcool aidant, leurs souvenirs de Keio. - En fait, j’ai des goûts musicaux assez vastes, mais il n’y a qu’un type de musique qui me rebute : c’est le rap. Les seules fois où j’en ai écouté, c’était pour les études ; et vos chansons, forcément… je me méfiais un peu pour ça, sauf que Kansha Kangeki… Ce mélange… Alors du coup, j’ai été curieuse et j’ai commencé à regarder un peu plus ce que vous sortiez. Quand les filles du foyer sont reparties définitivement au Japon en 2002, l’une d’elle m’a laissé tous vos singles de l’époque pour faire moins lourd dans sa valise. Par la suite, j’ai eu d’autres chats à fouetter, mais je vous suivais quand même de loin ; et en commençant à travailler j’ai rencontré des collègues qui allaient au Japon et, à l’occasion, je leur ai demandé de compléter ma collection. Honnêtement, jusqu’à il y a deux ans, j’avais une connaissance assez précise de vous sur le plan musical, et j’avais même regardé quelques-uns de vos concerts, mais c’est tout. Enfin, ces 18 derniers mois, je me suis rattrapée ; avant, même si je savais que vous animiez des émissions et que vous jouiez dans des films ou des dramas, je n’en avais pas regardé un seul. - Même pas les lettres d’Iwo Jima? - Non. Désolée Nino, en général j’aime pas les films de Clint Eastwood, donc… - Mou… - D’ailleurs, je l’ai toujours pas vu… - QUOI ? Alors ça, c’était la meilleure. Notre acteur number one, boycotté par une fan… Jun et moi étions pliés de rire sur la table alors que les autres regardaient Nino, se demandant la raison de son éclat. Quand Nino expliqua pourquoi il avait crié, Cécile déclara « parce que tu as un rôle dedans ? T’es le premier mort c’est ça ?». Sa voix avait changé depuis le début du repas, et je me demandai combien de verres elle avait pu boire quand je me rendis compte qu’elle vidait celui de Lucie avant de lui remplir d’eau. - Lucie-chan, tu veux que je te resserve en vin, vu que Cécile-san vient de te vider ton verre ? - Non merci, Aiba-chan… Tu sais, je ne bois pas… - Oh… désolé. - C’est pas grave… mais arrête maintenant, je crois que Cécile a assez bu, me dit-elle avec un sourire avant de se pencher vers mon voisin. Sho-kun, tu dois partir à quelle heure ? - Heu, dans pas longtemps… Le taxi ne devrait pas tarder d’ailleurs… Dix minutes plus tard, nous lui disions à demain et nous continuâmes à papoter tout en grignotant des mandarines en attendant de voir notre caster à la télé.
******************** ++Riida++
J'avais bien vu, tout au long du repas, que mon amant chéri me jetait des coups d'œil furieux quand il n'était pas occupé à intervenir dans la conversation de Nino et Aiba-chan avec la Française blonde. De mon côté, ma discussion avec la brune était bien plus paisible malgré les verres de ses deux voisines qu'elle vidait avec rapidité pour les remplir d'eau, au grand dam d'Ai-chan que Nino avait resservie deux fois pour ne plus entendre ses réclamations. - Pourquoi tu ne la laisses pas boire ? demandai-je à la jeune mariée. - Mmm, laisse-moi réfléchir... fit-elle en regardant le plafond, un doigt posé sur le menton. Peut-être parce que cette jeune personne allaite son fils ? - Rhoo!! Cécile-chan, t'es trop sérieuse ! protesta la fangirl. - Faut bien, puisque tu ne l'es pas assez. Je vis Ben-san attraper la bouteille qu'Ai-chan tentait de récupérer et la poser entre nous deux. D'un air entendu, il nous désigna successivement et je compris qu'il nous la réservait. Ce gars me plaisait bien. Enfin quelqu'un qui n'avait pas besoin d'être un moulin à paroles pour se faire comprendre ! Nous avions conversé paisiblement tous les quatre, les filles faisant la traduction, et j'avais trouvé la femme de Teru étonnamment claire par rapport à ce qu'elle avait bu. Quand vingt-deux heures avaient sonné, elle avait fait débarrasser les tables depuis longtemps et nous étions installés au petit bonheur pour regarder Sho. Sachant que de toute façon, je paierai dans la nuit mes différentes réflexions de la journée, j'avais évité Jun pour rester avec mes voisins de table. Et ses sourcils froncés ne m'avaient pas échappé. Puis tout le monde avait salué tout le monde et chacun avait regagné sa chambre. J'avais attendu que Ben-san ait refermé la porte de sa pièce pour rejoindre celle que je partageai avec mon amant. - Bien, fit Jun quelques instants plus tard. Maintenant qu'on est tous les deux tous seuls... - Et que tu es très fâché, complétai-je avec un peu d'ironie. - Je ne suis pas fâché, Toshi. Je trouve simplement que tu mérites une punition pour m'avoir fait tourner en bourrique aujourd'hui. - Tu te cherches juste une excuse, dis-je en commençant à me dévêtir. Tu sais pourtant que tu n'en as pas besoin. Je le sentis se glisser derrière moi et me coller à lui. Ses mains posées sur mon ventre me firent frissonner. Je basculai la tête sur son épaule et lui réclamai un baiser qu'il ne m'accorda pas. Ça faisait partie du jeu, mais ça me frustrait vraiment. - Jun... dis-je en gémissant doucement. Embrasse-moi. Ou laisse-moi t'embrasser. Je ferai tout ce que tu voudras, mais laisse-moi goûter tes lèvres. Ses mains avaient rampé sous mon pantalon et dans mon caleçon. Il pinça légèrement ma peau, me faisant gémir davantage. Il savait très exactement comment me rendre fou et s'y appliquait avec tout le sadisme dont il pouvait faire preuve. Mais j'étais une victime consentante et je me laissai diriger lorsqu'il me fit mettre à quatre pattes sur le futon. Ses mains sur moi s'activaient avec adresse. Ce n'était pas encore le temps d'être tendre. Cela viendrait plus tard, quand il m'aurait pris une, sans doute deux fois, et qu'il aurait calmé son énervement. Il serait alors le plus doux des amants, jouant de mon corps comme moi de mon pinceau, gémissant sensuellement dans mes bras. Pour l'heure, il voulait me faire sentir que j'étais sien, marquant ma peau, la pinçant, la léchant, la mordant, me faisant gémir sans fin et sans pudeur. Je ne pus que lui murmurer un "je t'aime" haletant avant de me perdre dans les sensations dont il me submergea.
N'hésitez pas à laisser vos impressions sur ce que vous avez déjà lu. C'est toujours agréable. Ici, allez lire la partie 3 de "La Genèse de Jinsei" à partir du vendredi 31 mai 2019 | | | Jeu 6 Juin - 21:52 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonsoir Merci à celles qui continue à suivre. Voici le chapitre du jour - Chapitre 7:
++Nino++
Cécile avait donné le signal du coucher alors que Lucie tentait de cacher qu’elle se décrochait la mâchoire. La boule de poil s’était endormie dans les bras d’Aiba et ce dernier avait déclaré que s’occuper de Nuit ne pouvait pas être plus compliqué que de faire dormir Shimuken. Nous décidâmes d’arrêter les réjouissances pour la nuit maintenant que Sho avait terminé son travail et que nous avions éteint le poste de télévision. Cécile nous avait alors tous chassés vers nos chambres, laissant Lucie en arrière éteindre la cuisine. Une fois dans ma chambre, j’avais commencé à me changer pour la nuit quand je m’étais aperçu que j’avais laissé ma DS dans le salon, sur le piano. J’y retournai sans savoir que j’allais répondre à la question que j’avais posée à Lucie-chan quelques heures plus tôt. Le salon était éteint lorsque je l’atteignis, et me dirigeant à l’aveuglette vers le piano, je m’aperçus que les panneaux de cloison entre le reste du salon et ce coin avaient été refermés. J’en repoussais doucement un. Cette partie de la pièce, bien que déserte, était doucement éclairée par une lumière provenant de la gauche. J’entrai en murmurant un ‘désolé pour le dérangement’ et alors que je m’approchais de la pièce éclairée, je découvris que c’était la chambre de… - NINO ! Dégage ! Lucie était là, vêtue d’un T shirt immense et d’un caleçon noir. Son avertissement me fit m’arrêter net aux portes de sa chambre. Pas envie qu’elle alerte d’un hurlement que je devinais pouvoir être strident le reste de la maisonnée. - OK. Je reste là. Lucie enfila un grand gilet et s’approcha sans pour autant entrer dans la zone du piano. - Ninomiya qu’est-ce que tu fous là ? - J’ai oublié ma DS… Pour prouver mes dires, je lui montrai la petite machine trônant sur le couvercle de l’instrument. - Alors elle était là… repris-je. - Hein ? - Ta chambre… elle est juste là. On… Je m’arrêtai devant son regard qui lançait des éclairs. Le message était limpide et si jamais j’osais y pénétrer ce soir, j’irais au-devant d’ennuis, c’était évident. La partie me semblait encore plus excitante que prévue. Je lui plaisais c’était clair, mais elle ne voulait pas me laisser approcher trop vite. En général, les filles ne me faisaient pas languir si longtemps, mais nous avions quelques jours devant nous alors, effectivement, je pouvais prendre mon temps pour parvenir à mes fins. - Lucie ? Promis, je n’entrerai pas sans que tu m’invites dans ton territoire mais tu veux pas venir ici pour qu’on discute un peu ? - Promis ? Tu arrêtes ta drague à deux balles ? Autrement tu peux aller dormir immédiatement avec tes 200g adorés et loin très loin de moi. - Promis, dis-je les orteils croisés dans mes chaussons et le sourire aux lèvres. Se rendait-elle compte de l’ambiguïté de sa phrase ? Elle ne tomba cependant pas dans l’oreille d’un sourd et je décidai d’être plus subtil pour mieux la faire tomber dans mes filets. - Je ne t’embêterai plus promis. Mais tu ne voudrais pas venir jouer un morceau pour moi ? - Ok, céda-t-elle. Je veux bien. Elle s’installa sur le tabouret et bientôt ses doigts glissèrent sur les touches, faisant s’élever ‘hatenai sora’ dans les airs. Le visage de Lucie reflétait ses émotions, ou plutôt son propre jugement sur son interprétation. La crispation quand une fausse note se glissait dans la mélodie, la satisfaction quand elle surmontait un passage qui avait dû lui poser problème et plus que tout, à mesure qu’elle avançait dans la chanson, elle se laissait emporter par la musique et se détendait. Glissant d’une chanson à une autre, elle enchaîna sur d’autres que je ne connaissais pas et qu’elle fredonnait en même temps. Sa voix de soprane coulait doucement comme quelques heures plus tôt sur la vidéo. Quand enfin elle s’arrêta, elle sembla une seconde surprise de me voir près d’elle, comme si elle avait oublié mon existence alors que j’étais à moins de dix centimètres d’elle et sur la même banquette. - Lucie, tu te débrouilles vraiment bien et… A ce moment-là, un glapissement déchira la nuit; il fut suivi par une série de gémissements qui ne laissait pas le moindre doute sur l’activité des occupants d’une certaine chambre… Dire qu’elle se trouvait de l’autre côté de la maison… - Oyasumi, murmura la petite voix à mes côtés. - Oya… eh non Lucie-chan, ne pars pas ! Trop tard, elle avait filé, les joues visiblement écarlates malgré la pénombre dans laquelle la pièce était restée plongée. Je sentis que je devais abandonner pour ce soir alors je rebroussai chemin et, après avoir repoussé les panneaux de bois qui cloisonnaient la pièce, je repartis vers ma chambre en ronchonnant. Ces deux obsédés venaient de réduire des chances, déjà minces à la base, mais qui avaient, je crois, augmenté pendant les dernières minutes, à néant. Maintenant non seulement j’allais me retrouver seul avec ma DS pour la nuit, mais en plus il allait falloir supporter leur raffut sauf… si je parvenais à retrouver mes boules Quiès.
****************
++Lucie++ Alors que je reposais mes mains sur mes genoux, j’entendis applaudir doucement à mes côtés. Nino. Je l’avais oublié. Pourquoi ? Parce que ce n’était pas vraiment pour lui que je jouais mais plutôt pour moi, pour me détendre et mettre mon esprit au repos avant d’aller dormir. Je profitais qu’ici le piano soit à moins de cinq mètres de mon couchage et de pouvoir en jouer sans réveiller toute la maisonnée à condition de mettre la sourdine. En effet ma chambre et le piano étaient isolés par rapport aux autres chambres, Cécile m’ayant mise là pour m’éviter trop de kilomètres dans cette immense demeure, et aussi parce que c'était la seule chambre avec un "vrai lit", du genre à murs, ciel et rideau, et donc plus en hauteur que de simples futons. Nino fut interrompu par un cri et, si mon premier réflexe fut de m’agripper à lui de surprise, je le relâchai immédiatement alors que je réalisai la raison de ce hurlement et des bruits qui le suivirent; je m’enfuis dans mon territoire, renvoyant implicitement dans ses quartiers l’homme qui m’avait écoutée ce soir. Ce ne fut que lorsque la porte entre le salon et le couloir eut fini de coulisser que je m’autorisai à me glisser sous mes draps afin de faire le point sur cette journée et cette soirée des plus déstabilisantes. Quelque part j’enviais les fangirls et leurs hurlements hystériques qui leurs permettaient de relâcher le trop plein d’émotions face à leur ‘ichiban’, mais mon éducation, mon caractère et la bienséance ne me le permettaient pas. J’avais eu l’impression que Nino avait joué de son charme sur moi toute la sainte journée. J’étais sûre de deux choses : ça fonctionnait à 200% et si je fondais, je me ridiculiserai forcément. Conclusion, le seul moyen que j’avais eu pour sauver mon amour-propre avait été de feindre l’indifférence d’une part et de riposter quand ses allusions manquaient franchement de finesse. Et là derrière le piano, quand j’avais réalisé qu’il était à mes côtés et que la sincérité transparaissait dans son simple compliment, je m’étais sentie fondre et j’aurai cédé à n’importe quoi si Riida ne m’avait pas réveillée. Comment devrais-je l’affronter demain ? Je n’étais pas prête à ça. J’en avais conscience, et j’avais aussi conscience d’une chose : si je cédais, je souffrirai forcément ; je le savais, Nino et moi n’accordions pas à cet acte la même valeur… (…) Je me réveillai relativement tôt comme toujours le lendemain, mais il y avait déjà du bruit de l’autre côté de la porte de papier séparant le piano du reste du salon. Je me dépêchai de refermer la cloison entre ma chambre et le piano avant de m’habiller décemment pour rejoindre les amateurs de petit déjeuner matinal. Après avoir exécuté un vague signe de la main en direction de Teru et Oh-chan qui faisaient des plans pour la journée, je gagnai la cuisine où je m’employai à vider mes tasses de café. Ben me rejoignit bientôt, m’embrassant en guise de bonjour et quand il eut terminé de préparer de quoi se sustenter, il ajouta ma tasse au plateau qu’il amena dans le salon afin de rejoindre les deux autres matinaux.Ben m’avait déjà obligée à rejoindre le monde des bavards, alors ils allaient me laisser le temps nécessaire pour que j’ouvre la bouche. Je m’en sentis d’ailleurs capable une dizaine de minutes plus tard et je saluai alors l’assemblée présente correctement. Quelques instants plus tard, Aiba et Nino pénétrèrent à leur tour dans la pièce, chacun chargé de ce qu’il avait de plus précieux en ces lieux : Nuit pour le gentil Masaki, et pour l’autre… sa console de jeu évidemment. - Ben, reste avec moi aujourd’hui s’il te plait, soufflai-je à mon voisin en voyant le séduisant regard se poser sur moi, un sourire narquois plissant sa bouche alors qu’il m’observait. Puis il se tourna vers le reste de l’assemblée pour demander. - Alors quel est le programme du jour ? - Moi je dois encore passer des coups de fils pour le mariage alors… tant que vous me foutez la paix ce matin, annonça Cécile en entrant dans la salle son bol de thé dans les mains. Elle s’installa avant de commencer à manger. - J’emmène Satoshi-kun au port pour sa balade en mer et ensuite je récupère Sho-chan. Quelqu’un veut nous accompagner pour présenter ses hommages à sa tante ? - La sorcière ? Non merci, déclara Nino. Amusez-vous bien ! Moi je reste ici. J’irai peut-être m’aérer plus tard. - C’est cela oui… Ma-kun ? - Ben… je vais pas laisser Nuit toute seule… sourit-il. - Elle sera pas toute seule ! déclarai-je en volant la boule de poil au gardien de zoo. Je la plaçai entre moi et Ben et je commençai à jouer avec elle. Cécile, Teru et Ohno finirent par se lever et sortirent du salon. Aiba et Ben achevèrent leur repas alors que Nino s’installait avec sa DS dans un coin du salon. Matsujun n’avait pas encore pointé le bout de son nez mais quand ils eurent terminé, Aiba et Ben traînèrent Nino pour débarrasser et faire la vaisselle pendant que je décidais de les accompagner musicalement en donnant son premier cours de piano au chaton. ************
++Jun++ Un hurlement me réveilla en sursaut. Ouvrant les yeux brutalement, je regardai autour de moi pour déterminer où était la personne que l’on assassinait. Une nouvelle salve rageuse m’atteignit. Tout cela provenait de l’autre côté de la cloison. De toute évidence, la folle furieuse qui était aussi la maîtresse des lieux avait décidé de m’empêcher de faire une grasse matinée largement méritée en ce jour de repos et en l’absence de Satoshi. Si je ne voulais pas continuer à subir ses rugissements, il ne me restait qu’une chose à faire : fuir au plus vite les lieux. J’enfilai rapidement boxer, pantalon et pull pour me diriger vers un espace que j’espérais moins bruyant. Remontant le couloir vers la cuisine, je manquais de me cogner dans Kazunari. Ce dernier avait une tasse à la main et grimaça quand quelques gouttes en jaillirent, atterrissant sur sa main. - ..Te. Ohayô J, grommela-t-il avant de m’adresser un de SES sourires bien qu’un peu contraint avant de reprendre. Je venais justement te voir. Tiens, c’est pour toi ! Il me tendit alors le mug, grimaça une nouvelle fois avant de m’inviter à les rejoindre dans le salon. - Y a qui ? - Lucie-chan, Ma-chan, Ben-kun et la bestiole. Masaki avec un chat, je n’étais pas sûr de pouvoir supporter le volume sonore très longtemps aussi peu de temps après mon réveil. Je décidai cependant de suivre le geek qui avait déjà récupéré la console qu’il avait glissé précédemment dans sa poche arrière et qui avançait en luttant contre je ne sais quel adversaire. Une fois arrivé à l’entrée du salon, j’observai la situation. Deux hommes et une femme, tous plus proches de la trentaine que de leurs vingt ans, étaient en train de chahuter avec le chat. Rires, gloussements et miaulements excités se mélangeaient. Nino s’était adossé au piano et continuait à jouer. Non. Je n’allais pas pouvoir supporter cette agitation immédiatement ; je décidai de fuir les lieux encore une fois. Arrivé au coude du couloir, deux choix s’offrirent à moi : soit j’allais squatter le futon de Nino, soit je tentais de me détendre dans un bain. Je me décidai pour la seconde solution quand un rire m’atteint d’un côté alors que de l’autre un bruit sourd entraînant des cris poussés dans une langue que je ne comprenais pas mais qui était des plus sonores me parvinrent. (…) Enfin du calme. Le tintement du mug vide que je venais de poser sur le tabouret placé à côté de la baignoire résonna à travers la salle de bain embrumée par les vapeurs d’eau et je soupirai de bien-être. J’allais enfin pouvoir commencer correctement cette journée. D’ailleurs qu’allais-je pouvoir faire ? Je n’étais pas certain d’avoir envie de me mêler déjà au groupe de gamins et la chambre me semblait une zone à risque… Et si je mettais mes talents culinaires au service de la communauté ? Faire la cuisine m’avait toujours détendu. Une fois correctement vêtu et coiffé, j’investis la cuisine. Le riz était cuit et je m’apprêtais à commencer les onigiris quand Cécile pénétra dans la pièce. - Qu’est-ce-que tu fous là ? me demanda-t-elle, prête à mordre. - Oh la tigresse, range tes griffes. Je prépare juste des encas pour ce midi. Je me suis dit que ça te détendrait peut-être si tu arrêtais de t’agiter pour nous tous pendant cinq minutes. Alors assieds-toi ici ou à côté et zen comme te l’a conseillé ta copine sur la vidéo hier. Je la vis s’asseoir, observant mes gestes attentivement avant de commencer à ronger son frein. Souriant devant son impatience face à son inactivité forcée, je posai devant elle des herbes aromatiques, des ciseaux et un couteau avant de lui demander de ciseler le plus finement possible les premières avec les instruments. Elle s’exécuta. En ronchonnant mais elle s’exécuta. J’avais remporté ce match. ************
++Cécile++ Pourrie. Y a des journées comme ça, on sait dès qu'elles commencent qu'on ferait mieux de les passer au lit, bien au chaud à dormir. Celle-ci s'annonçait comme faisant partie du nombre. D'abord, pas moyen de me rappeler comment j'avais rejoint notre chambre. Le trajet d'hier soir se mêlait dans ma tête à ceux faits trop de fois ces derniers jours pour que je songe même à les compter. Ensuite, et pour aller avec ça, une bouche pâteuse et un arrière-goût qui ne me laissa pas de doute. A vider en plus des miens les verres qu'Airi avait exigés et que ces idiots distraits avaient servis à Lucie, je n'avais pas la gueule de bois, mais ça allait me demander quelques litres de thés et infusions diverses pour revenir à un taux d'hydratation normal. Tout allait très bien, nous étions donc mardi 18 et je me mariais vendredi. Je ne savais plus tout à fait ce que j'avais prévu de faire de ma journée, mais j'étais sûre que mon programme avait comporté un certain nombre de points indispensables au moment où je l'avais établi. Restait à voir si je parvenais à m'en souvenir. Je devais passer des coups de téléphone. Mais à qui ? Et pour quoi ? La place à côté de moi était vide et froide. Teru s'était encore une fois levé sans m'attendre, ni même me réveiller. Quoique... si les bribes de souvenirs qui me revenaient n'étaient pas trop confus et fantaisistes, il me semblait qu'il m'avait réveillée à un moment donné. Je me concentrai un instant sur le sujet. Pour autant que je me rappelle, les fenêtres n'étaient pas éclairées. Il faisait donc encore nuit. J'avais très, très, très envie de dormir, et ne m'étais d'ailleurs pas complètement réveillée, preuve que je n'étais pas couchée depuis bien longtemps parce que généralement, même après une bonne cuite, j'avais toujours réussi à émerger rapidement si j'avais mes trois premières heures de sommeil. Ça devait donc s'être passé quelques temps après le coucher. Je dormais profondément mais j'avais fini par reprendre conscience petit à petit, sans parvenir complètement à ouvrir les yeux. Teru me murmurait des mots à la fois doux et salaces. C'était un mélange curieux dans sa bouche au langage toujours si châtié. Quand elle ne parlait pas, la bouche en question se promenait sur mon visage pour y tracer un chemin brûlant. J'avais beau dormir encore presque entièrement, mon corps réagissait instantanément à ses caresses. Et je réalisai qu'il s'était glissé entre mes jambes avant mon réveil lorsqu'il se mit à bouger. Mes gémissements saccadés avaient alors épousé le rythme de ses hanches. Je l'avais laissé faire, sachant dans mon engourdissement qu'il me mènerait vers le plaisir tout autant qu'il cherchait le sien. Sans être une bête de sexe, il aimait me faire l'amour, la plupart du temps avec douceur et retenue, parfois de manière un peu plus sportive, mais toujours en portant une grande attention à ce que j'éprouvais. Je n'avais jamais cherché à comparer les quelques amants que j'avais pu avoir, mais j'en savais assez pour reconnaître qu'il était du genre perle rare. Il éprouvait presque plus de plaisir à en donner qu'à en prendre. Alors qu'il me veuille tant qu'il ne pouvait attendre mon réveil m'avait fait m'abandonner avec une délectation sans égale. J'avais replongé dans le sommeil juste après, pelotonnée dans ses bras. Et donc, maintenant que le jour était levé, il s'était sauvé... Je jetai un coup d'œil à mon portable. Il devait être dans la salle à manger, peut-être avec les autres. En tout cas, c'était un lieu qui méritait que j'y passe, comme me l'avait signalé mon estomac. Quitte à affronter une journée pourrie, autant le faire le ventre plein. Mon frère et Lucie jouaient avec la petite boule de poil miaulante. S'ils n'avaient pas habité si loin, j'aurais su à qui la donner en pension au besoin. Quoique Masaki me paraissait tout aussi indiqué... Satoshi voulait pêcher et Teru l'y emmènerait avant d'aller cueillir Sho. Kazunari illustrait à merveille l'image de mordu de jeux vidéo qu'on m'avait donné de lui. Seul le Schtroumpf grognon manquait à l'appel (mais absolument pas à moi). C'était en embrassant mon mari et en lui glissant qu'il pouvait recommencer quand il voulait que je me rappelai qui j'avais prévu d'appeler. J'avais dû terminer mon repas, mais ne savais plus si j'avais salué les gens avant de me retrouver dans ma chambre. Il m'avait fallu presque une demi-heure pour réexpliquer au traiteur toutes les subtilités de ce que je voulais pour le repas, la présentation et le service de vendredi. Ayant de quoi comparer avec les mariages d'autres amies, je savais parfaitement que je n'étais pas si exigeante que ça. Mais j'avais eu l'impression de m'adresser en arabe à un Chinois et de lui demander de la cuisine mexicaine. Ce qui fit qu'à la fin de cet appel, j'avais poussé un hurlement sauvage pour extérioriser toute ma frustration. Un peu calmée, j'avais confirmé le photographe, la salle et les chambres, les coiffures des femmes (nos témoins, nos mères et moi), les habillages de tout le monde et avait tourné dans la chambre en me demandant ce que j'avais encore bien pu oublier lorsque je m'étais pris le pied dans la table basse. Maudissant le meuble, les draps que je n'avais pas rangés, les vêtements qui étaient trop longs si je les portais sans mes habituelles chaussures à talon, mes pieds, les tatamis et la terre entière dans un italien coloré que n'aurait pas renié mon grand-père, j'avais fini par me laisser tomber épuisée sur le futon. Au bout d'un temps incertain, j'avais voulu me reprendre un peu et pousser une escapade jusqu'à la salle de bain. Celle-ci était occupée. Il m'avait fallu beaucoup d'auto-persuasion pour ne pas tenter une incursion en force et j'avais tourné les talons pour revenir à mon point de départ. Là, j'avais enfilé des vêtements plus chauds, un manteau, et j'étais sortie faire un tour dans le jardin. Le bénéfice que j'avais tiré de l'air frais avait failli s'évanouir lorsque j'avais découvert un intrus dans MA cuisine. Mais il avait l'air plus calme que la veille et quand il m'avait traitée de tigresse, j'avais pris conscience que mes propres réactions ne devaient pas l'aider à atteindre la zénitude. S'il avait réussi à mettre de l'eau dans son vin, je devais bien pouvoir parvenir à en faire autant... J'avais donc accepté sa présence dans mon domaine et m'étais assise pour l'observer façonner ses triangles de riz. A mes yeux, aucunes mains ne seraient jamais aussi belles et aussi habiles que celles de mon père, mais je devais reconnaître que le schtroumpf Grognon en avait de grandes qu'il utilisait avec adresse et rapidité. Et en plus, sa cuisine n'était pas mauvaise du tout. Ayant pu constater la veille au soir les appétits de Sho et Satoshi, je me dis que son amant devait bien apprécier d'avoir un cordon-bleu chez lui. L'après-midi avait passé rapidement à jouer à une version approximative et délirante de "dessinez c'est gagné". Je m'étais retrouvée dans l'équipe de Grognon, mais heureusement avec mon frère, à affronter ma meilleure amie et les deux mecs qui semblaient lui tourner autour. Je lui aurais bien dit de se méfier d'eux, mais j'avais l'impression que Benjamin veillait plus ou moins au grain et après tout, c'était une grande fille que je ne devais pas couver sans cesse. Lorsque mon tendre époux était revenu avec ses deux amis, les trois de l'équipe adverse avaient vigoureusement refusé de se retrouver avec le présentateur que nous avions donc récupéré, Satoshi étant parait-il hors concours. J'avais failli répliquer qu'on aurait aussi pu écarter mon frère dans ce cas, mais son domaine était le dessin industriel, et c'était vrai que ses moutons auraient parfois été plus ressemblants s'ils avaient été enfermés dans des caisses, comme ceux du Petit Prince. Airi et Thierry s'étaient rajoutés un peu plus tard en apportant le repas qu'ils avaient été chercher en ville. Même si elle était parfois très enflammée, l'ambiance avait été joyeuse et j'en avais presque oublié mon stress. Et lorsque nous vîmes Sho se décrocher la mâchoire, nous convînmes que bien que pas très tardive, l'heure était raisonnable pour aller se coucher. Chacun regagna donc ses pénates et son futon en se souhaitant une bonne nuit. En me glissant sous la couette que je n'avais pas rangée, je me disais que j'avais oublié quelque chose. Sans doute en rapport avec le mariage, mais je n'arrivais pas à savoir quoi. Et ça m'agaçait. J'en fis donc part à l'homme qui m'avait rejoint et s'employait à enlever les vêtements que je venais d'enfiler. Il me regarda en souriant et me murmura que la seule chose qu'il me voyait avoir oublié était de l'embrasser à en perdre haleine. Me disant qu'il devait avoir raison, je réparai cette erreur immédiatement.
Alors, Qu'en pensez-vous? | | | Jeu 13 Juin - 19:44 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour! Voici le chapitre du jour. J'espère qu'il vous plaira. Dozo - Chapitre 8:
++Ohno++
- Alors, la pêche était bonne ? Pas eu trop froid ? J'allais répondre par l'affirmative quand quelque chose dans sa voix me fit tourner vers lui. Il était assis en tailleur sur le futon. - J'ai pas pêché grand-chose, mais c'était bien. ...Je t'ai manqué ? Je le trouvais plus calme qu'hier soir. J'avais noté aussi qu'il m'avait semblé plus apaisé vis-à-vis de Cécile-chan. Je ne comprenais pas très bien ce qu'il avait pour se comporter comme il l'avait fait ces derniers jours. Quelque part, je ne lui demandais pas parce que j'en profitais la nuit. Lorsqu'il était stressé par les concerts ou contrarié, il était plus fougueux encore que d'habitude, et j'aimais ça. Sans être maso, j'adorais son côté sadique, celui qui le poussait à me faire hurler. Même si je savais ce que les autres en pensaient. Tout à l'heure, j'avais entendu Sho dire qu'il avait les Boules Quiès demandées par Nino, et je savais que c'était à cause de nous. A ma décharge, les cris les plus forts de la nuit dernière avaient été provoqués par quelque chose d'involontaire. Jun m'avait pincé violemment le mollet avec son coude lorsque je l'avais déstabilisé... - A ton avis ? demanda-t-il en tendant une main vers moi. Je m'approchai et mis ma main dans la sienne. Il la tint sans la serrer et sans me tirer vers lui. Je savais ce que ça signifiait. Cette nuit, c'était moi qui déciderai de tout, il se plierait à mon moindre désir. Ce n'était pas la situation la plus courante même si elle était fréquente. Et à chaque fois, j'avais l'impression de retrouver mon jeune amant inexpérimenté des débuts, timide, désireux, souhaitant me plaire, ravi de ce que je lui faisais. Bien sûr, la maladresse avait disparu, mais il était toujours aussi délicieux de dompter cette volonté. - Tu veux être à moi ? Toute la nuit ? chuchotai-je en me mettant à genoux devant lui. - Je suis déjà à toi, me répondit-il en souriant doucement. Tout le temps. Kami-sama, que cet homme était beau ! Plusieurs images de lui me traversèrent l'esprit. Nu la plupart du temps, totalement abandonné à mon désir ou me soumettant parfaitement au sien. Vinrent aussi d'autres images de lui plus habillé, dans un environnement moins intime mais des situations qui l'étaient tout autant... - Toshi, je m'offre à toi et tout ce que tu fais, c'est rougir ? Je revins au présent. - Je repensais à toutes les fois où tu t'es offert à moi, justement. Tu te souviens de ce voyage en train ? Quand Aiba voulait à tout prix aller dans les toilettes qu'on occupait ? Son sourire s'élargit et il enchaîna. - Je me rappelle aussi de ce voyage en car où on était au fond. Et la tête de Sho quand il m'a dit qu'il te cherchait et qu'il a fini par comprendre que si je ne lui répondais pas, c'était parce que tu étais à genoux devant moi et que je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas gémir. Sa tête méritait une photo ! Je réfléchis une seconde. C'était vrai que ça avait toujours été très amusant de taquiner Sho, bien que cette fois-là, ça n'avait pas été le but. - En parlant de ça... - De Sho ? Tu veux qu'on aille le chercher ? J'ai toujours su qu'il te plaisait ! - Oui il me plaît, mais je n'ai pas besoin d'un hétéro quand je t'ai toi. Non, ça m'a fait penser à un truc. Plaisanter sur le sex-appeal de notre sexy boy était chose courante entre nous. Je me mis à lui détailler toutes les choses dont j'avais envie cette nuit, le faisant rougir comme un adolescent et allumant des flammes dans son regard. Quand je lui demandai s'il avait une objection, il secoua la tête de droite à gauche et s'allongea pour me laisser commencer. - Ah ! j'ai une condition à poser. - Tout ce que tu veux, tu le sais bien. - Ca va être difficile pour toi, dis-je en me léchant les lèvres devant le spectacle lascif qu'il m'offrait. - Peu importe, je le ferai. - Ok. Alors, je ne veux pas entendre le moindre gémissement, le moindre bruit, jusqu'à ce que je te le dise... si je te le dis.
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++Nino++
J'avais passé tout l'après-midi à la draguer subtilement. Bien obligé de le faire avec prudence, vu la capacité de la demoiselle à m'esquiver. Et aussi parce que cet étranger avait l'air de me surveiller sans arrêt et qu'Aibaka semblait avoir définitivement le même objectif que moi. J'aimais beaucoup Ma-kun, mais je ne lui laisserai pas ma proie. Ou alors seulement une fois que j'aurai eu ce que je voulais, tout ce que je voulais. J'avais laissé mes affaires dans ma chambre et attendu que tout le monde ait regagné son domaine. Le beau-frère de Teru avait récupéré le chaton et j'avais vu J se diriger vers sa chambre avec un air rêveur. J'étais sûr qu'il se passerait des choses intéressantes dans cette pièce-là une fois qu'Oh-chan aurait quitté la salle de bain. Mais j'espérais bien que dans l'autre aile de la maison, des choses tout aussi croustillantes se dérouleraient, avec moi dans le rôle principal ; et Lucie-chan en invitée de choix. La méthode d'approche de la veille ayant eu l'air efficace, je me décidai à l'aborder sérieusement après qu'elle ait joué du piano. Mais pour cela, j'attendis qu'elle se soit mise à jouer avant d'écarter les panneaux séparant le salon de musique du séjour où j'étais revenu en douce. Je l'observai un instant avant d'aller la rejoindre sur le tabouret. Comme la veille, elle semblait perdue dans un monde intérieur. Je me demandai comment entamer la conversation. Déjà, il allait falloir attendre qu'elle ait fini de faire courir ses doigts sur le piano. Quoiqu'en fait... ça pouvait se révéler un bon moyen pour discuter. Le dialogue des notes, l'échange par la musique. Quoi de mieux pour séduire une musicienne ? Je guettai le bon moment et pensai le tenir lorsqu'elle égrena les premières notes de la truite de Schubert. Je mêlai l'accompagnement à la mélodie qu'elle exécutait. Elle n'eut pas l'air de s'en apercevoir tout de suite, fredonnant doucement en marquant le rythme par de légers mouvements de tête. Nous jouâmes ainsi à quatre mains et je vis un sourire s'épanouir sur son visage. A la fin du morceau, je profitai de ce silence qui est encore de la musique pour glisser mon bras dans son dos et la rapprocher de moi. Elle se tourna vers moi et déposa un baiser sur ma joue. Pensant très fort un "yatta!" enthousiaste, je gardai mon calme et empêchai sa tête de s'éloigner tout en pivotant moi-même légèrement pour poser mes lèvres sur les siennes. Je ne cherchai pas immédiatement à être pressant, mais je la fis se noyer progressivement dans un monde de sensations que ma longue expérience me permettait de dominer. J'y étais maître, et je sentis qu'elle ne demandait pas mieux que de devenir mon disciple quand ses mains s'accrochèrent à mon t-shirt. Je n'hésitai pas longtemps avant d'opter pour une conviction par les gestes plutôt que par les mots. C'est ainsi que je l'incitai à se relever avec moi et la repoussai progressivement vers sa chambre. J'avais réussi à la faire aller jusqu'à son lit sans cesser de l'embrasser et en nous effeuillant un peu plus à chaque pas. Elle était en sous-vêtements, un adorable ensemble sagement blanc mais en jolie dentelle. J'avais encore mon caleçon et venais de virer mes chaussettes. Rien de plus tue-l'amour que des chaussettes, même en hiver. En temps normal, j'aurais pris le temps de la faire s'allonger et de la contempler longuement ; voire de la laisser m'admirer et partir à la découverte de mon corps. J'aimais quand les mains de ma partenaire glissaient sur ma peau. Et les mains d'une pianiste... oh ! oui, j'aurais aimé ça ! Mais je ne savais pas encore si j'avais remporté la partie, crier victoire trop tôt m'aurait fait perdre définitivement toute chance pour cette nuit. Réattaquer demain aurait été possible mais risqué, et ensuite je n'aurais plus autant de liberté de mouvement. Alors je préférai garder pour plus tard les préliminaires habituels. J'allais faire en sorte qu'elle aime tellement ce qu'on allait faire qu'elle voudrait recommencer aussitôt. Arrivés au lit, je la fis s'asseoir sur le bord avant de l'en éloigner peu à peu, la poussant vers le milieu du matelas au fur et à mesure que j'y grimpais. Je ne cessais de l'embrasser, jouant avec ses lèvres et avec sa langue, la faisant soupirer mais pas encore haleter. Mes mains erraient sur ses épaules et ses bras, testant sa résistance à mon envie de l'allonger. Quand je sentis qu'elle se laisserait faire volontiers, les yeux clos et la tête rejetée en arrière, je fis couler mes lèvres sur sa mâchoire et son cou tandis que mes doigts attaquaient l'agrafe de son soutien-gorge. Rapidement, parce que je ne voulais pas lui laisser le temps de réfléchir et parce que l'urgence me brûlait tout entier, j'ôtai la dentelle dissimulant ses rondeurs jumelles et la remplaçait par mes mains. Puis, quand je la sentis agripper mes épaules, je collai mon corps au sien pour nous étendre tous les deux sur les draps. Je ne devais pas laisser sa bouche libre trop longtemps, je le savais, mais je ne pus résister à l'envie de poser fugitivement mes lèvres sur la peau douce et tiède où mes doigts traçaient des chemins de frissons. - Tu es belle, Lucie, murmurai-je à son oreille en me rallongeant contre elle. Tu es si belle. Et si douce. J'embrassai son visage tout en laissant mes mains parcourir sa peau. Ses jambes n'étaient pas vraiment écartées, mais elles étaient suffisamment séparées pour que je puisse m'y faire une place. Je collai nos bassins l'un contre l'autre, et en quelques mouvements savamment rythmés, je sentis ses jambes entourer les miennes. Elle était prête à passer aux choses sérieuses. Je l'embrassai alors encore une fois, mordillant légèrement sa lèvre, avant de nous éloigner suffisamment l'un de l'autre pour qu'elle rallonge ses jambes. - Tu le sens, non ? demandai-je en prenant sa main pour la poser sur l'avant de mon caleçon. Elle eut un mouvement que j'hésitai presque à qualifier d'effrayé. Oui, je savais que je pouvais paraître impressionnant. Et comme à chaque fois, cela me donna la dernière assurance dont j'avais besoin. - J'ai terriblement envie de toi, Lucie. Je repris possession de sa bouche d'une manière un peu plus affirmée pendant que mes doigts couraient le long de ses hanches, les libérant habilement du dernier morceau de tissu qu'elle portait encore. J'en fis autant pour moi après avoir pêché dans la poche de mon caleçon le petit bout de plastique indispensable que j'enfilai avec l'adresse que donne l'habitude. Après avoir différé l'instant de non-retour si longtemps, je gémis de plaisir en me sentant pris dans la chaleur douce de ce corps de femme. Puis j'ondulai doucement pour tester les réactions de ma partenaire. Me redressant pour la regarder, je vis des larmes perler au coin de ses yeux et ses dents mordre ses lèvres. Avais-je été trop brutal malgré mes précautions ? - Lucie ?
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++Lucie++
Je n'en revenais pas. Je ne savais pas trop si c'était un rêve, le début d'un cauchemar, un rêve qui s'était réalisé ou la fin d'une souffrance. Bon, c'était la fin de quelque chose, ça c'était sûr. Je pensais même qu'il s'en était rendu compte. J'avais esquivé comme j'avais pu, mais s'il me posait la question, maintenant que nous étions redescendus des étoiles que nous avions atteintes, je sentais que j'allais piquer un fard. Il était allongé sur le côté à me regarder, une main supportant sa tête tandis que les doigts de l'autre erraient sur ma poitrine, caressant ma peau en y dessinant des cercles. Quand il se pencha pour y déposer ses lèvres, je me mis à frissonner. Sa main glissa sur mon ventre et il se redressa pour mettre sa tête au niveau de la mienne. Je vis qu'il souriait avec espièglerie. - Eh ! bien, dis-moi, je me trompe ou tu en redemandes ? Vexée qu'il me devine si bien, je lui tournai le dos. Sa main se retrouva sur ma hanche mais il se rapprocha et se colla contre moi. Son autre main dégagea ma nuque sans que je sache comment et il fit courir sa bouche sur mon épaule et dans mon cou avant de remonter vers mon oreille. - Tu joues bien les vierges effarouchées, tu sais ? Sauf que je suis très bien placé pour savoir que ce n'est plus le cas. Sa main se déplaça subitement et se mit devant moi pour coller nos bassins l'un contre l'autre. - Mais tu l'étais tout à l'heure. Pourquoi ? Je me sentis devenir écarlate. - C'est quoi cette question ? J'étais mal à l'aise et j'aurais voulu partir à l'autre bout de la maison. Mais sa main me retenait. Non pas qu'elle me tenait vraiment, mais elle se faisait caressante, joueuse... Qu'est-ce qu'il était en train de faire ?! - Enlève ta main de là ! - Je veux bien la remplacer par autre chose... Il m'attrapa l'épaule et me mit sur le dos. Puis il s'allongea sur moi et m'obligea à le regarder. - Donc je suis vraiment le premier ? Tu es plus âgée que moi pourtant, comment ça se fait ? Ne pouvant détourner la tête, j'avais fermé les yeux. - Qu'est-ce que l'âge a à voir avec ça ? demandai-je. Je rouvris les paupières, indignée par son attitude mi incrédule, mi moqueuse. - Et puis d'abord, qu'est-ce que ça peut te faire ? J'ai jamais eu envie, ou pas l'occasion ou... laisse tomber. Tant pis si ça te fait rire. Je sentis les larmes se former dans mes yeux. Avait-il seulement conscience de ce que nous avions fait ? Pour lui, n'était-ce pas juste un jeu ? Un jeu auquel je m'étais laissée prendre, naïvement. J'étais vraiment la reine des idiotes ! - Ne pleure pas Lucie. S'il te plait, ne pleure pas. Je ne voulais pas me moquer, promis. C'est juste que ça m'a... surpris. Je ne m'y attendais vraiment pas. Il embrassa les coins de mes yeux tout en douceur. - C'est vrai que j'aurais peut-être pu m'en douter, vu comment tu ne me laissais pas approcher, mais je n'y ai vraiment pas pensé. Pardon. Il... essayait vraiment de me consoler, là ? - Tu aurais dû me le dire. - Ah oui ? Et quand ? Et comment ? Et puis, surtout, pourquoi ? Il sourit gentiment. - C'est vrai que je ne t'en ai pas laissé trop le temps. Mais avant que je ne me déshabille complètement, ou avant de te retrouver toute nue, tu aurais pu me dire que tu ne l'avais jamais fait. - Comme si c'était facile, murmurai-je tout bas. - Quoi ? - Je disais, comme si tu m'avais laissé réfléchir ! - Si tu n'avais vraiment pas voulu, tu aurais trouvé la force de me le dire, ou le crier. Enfin, je l'aurais compris. Là, tout ton corps me chantait qu'il me voulait. Je savais qu'il disait vrai. Dès que ses lèvres avaient touché les miennes, j'avais eu envie de tout ce qu'il m'avait fait. Et en y repensant, je rougis de ce que j'avais moi-même fait en réponse. - Alors c'est quoi ces questions ? Et qu'est-ce que ça aurait changé ? Il m'embrassa délicatement avant de se soulever un peu pour se rallonger à côté de moi. Sa main resta sur mon épaule - J'aurais été plus doux. Et j'aurais pris plus de temps. C'est important la première fois, non ? J'aurais su que je pouvais te faire mal. Là, je ne l'ai compris qu'au moment où je te blessais. C'était trop tard. Et je ne voudrais pas que tu en gardes un mauvais souvenir. Si jamais je n'avais pas été amoureuse de lui avant, je venais de le devenir avec ces quelques phrases et le regard appuyé et sensuel qui les accompagnait. Puis je me rappelai d'un moment de notre échange précédent et je me mis à rougir. - En parlant de souvenir... - Oui ? demanda-t-il en se mettant à caresser mon sein. - Je crois que j'ai laissé des traces dans ton dos... Même si mes ongles sont taillés courts. Il sourit en ayant l'air de penser à quelque chose. - C'est quoi ce sourire ? - Rien, promis. Juste un vieux souvenir. - Et tu penses que je vais gober ça ? - Mais c'est la vérité ! N'y croyant qu'à moitié, je l'obligeai à s'allonger sur moi, ne réalisant qu'après coup qu'il ne pouvait donner qu'une seule interprétation à ce mouvement. Et comme je sentais qu'elle n'était pas tout à fait fausse, j'entourai ses hanches de mes jambes tout en me cambrant. - Eh ! dis donc, tu apprends vite! - C'est de ta faute! Alors assume maintenant. Il rit doucement avant de plonger vers mon cou. Puis je sentis son souffle chatouiller mon oreille. - Cette fois, je vais te montrer que je sais être encore plus doux. Je vais te combler de tellement d'attention que tu vas atteindre le septième ciel avant même que je sois en toi. Je ne voyais pas trop ce qu'il voulait dire, mais je ne m'imaginais pas lui poser de questions maintenant et me dis que je verrais bien. Et en effet, je vis qu'il avait raison.
Alors? Vos impressions? Ici, allez lire la partie 4 de "La Genèse de Jinsei" à partir du dimanche 16 juin 2019 | | | Dim 23 Juin - 20:26 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bonjour, Bonsoir, (la nuit tombe chez moi) mais surtout il a fait une temps parfait pour le rangement:gris, pas trop chaud avec régulièrement de la pluie et des orages... du coup j'ai presque fini: il ne me reste plus que lq cuisine à vider de mes affaires et à mettre tout dans ma voiture!!! Alors une petite info pour plus de facilité à la lecture: c'est la police du journal de Luciec'est toujours du français dans le texte
- Chapitre 9:
++Lucie++
Je me réveillai en sursaut. Le soleil bas de ce matin d’hiver illuminait ma chambre et à côté de moi… personne. Pendant une seconde, je me demandai si j’avais rêvé ou non. Mais certaines courbatures me confirmèrent que j’avais, cette nuit, été initiée à une danse vieille comme le monde mais toute nouvelle pour moi. Il était parti comme il était venu, en silence, et je n’étais pas certaine de savoir comment il agirait tout à l’heure. « Je ne voudrais pas que tu en gardes un mauvais souvenir… » Comment cela aurait pu être possible… Bien sûr, il y avait la douleur mais il l’avait dit aussi si je n’avais pas été plus que consentante, il ne serait pas parvenu à ses fins. Tout cela tourbillonnait dans ma tête et j’avais besoin d’avoir les idées claires pour aujourd’hui ; pour l’anniversaire de Cécile. Alors je me levai pour récupérer Shiba, qui était sur la table basse, et la clé où j’écrivais mon journal, au fond de ma valise.
19 Janvier 2011 Cher Journal, Je n’ai pas écrit depuis que nous sommes arrivés au Japon, alors que, de prendre le temps de mettre par écrit toutes ces journées, m’aurait sûrement permis de faire durer encore plus longtemps toutes ces images, ces odeurs et ces saveurs que j’ai découvertes ici. Nous avons passé quelques temps à Tokyo dans la maison des parents de Teru. Période pendant laquelle, si j’ai été trainée à travers la capitale par Ai-chan, Cécile et Teru ont pris le temps de trouver leur nid. Puis il y a une semaine, j’ai appris que nous allions à Fukuoka. Pourquoi, pour changer d’air d’abord, parce que Cécile devient de plus en plus nerveuse à l’approche de la date fatidique, mais aussi pour aller à un concert ! Le concert de clôture de la tournée d’Arashi ! Celui qui m’aurait dit ce que cela allait bouleverser dans ma vie, je ne l’aurais pas cru et pourtant… Aujourd’hui, je ne suis plus la même qu’hier soir et cela je ne l’avais vraiment pas prévu. C’est d’ailleurs pour cela que j’écris ce matin, puisque maintenant Nino est parti se coucher dans SON LIT . Parce que, cette nuit, il était… dans le mien. (et encore, juste avant que je ne sombre dans l’inconscience, il était en train d’y dormir…) Honnêtement, je ne l’avais pas prévu, mais dire que je ne l’avais pas souhaité… dans mes rêves les plus fous… depuis que je l’avais rencontré en chair mais surtout en os… (Gomen Nino… mais c’est vrai quoi à la fin). A la fin du concert, quand j’ai compris où ils allaient me faire entrer j’ai sérieusement paniqué. C’est vrai quoi ! ça demande un minimum de préparation mental ce genre de chose ! Et si j’avais pu piquer un sprint je l’aurais fait… mais une demie journée coincée dans mon fauteuil même en me levant de temps en temps ne me l’aurait pas permis. Et puis, je n’en suis plus capable et ce même si un jour j’avais été bonne à la course. Quand ils m’ont fait entrer, le seul que j’ai vu c’était lui ; et mon cœur s’est arrêté un instant quand son regard a plongé dans le mien, quelques secondes avant qu’il ne se mette à sourire et que je me fasse agresser par Aiba-chan. La deuxième surprise c’est quand Cécile m’a rappelé qu’Il débarquait, non. Qu’ilS débarquaient à la maison jusqu’au mariage. C’est là que N . m’a eue à force d’allusions plus ou moins cochonnes et mais surtout d’attentions discrètes en tout cas bien plus subtiles que celles d’Aiba-chan qui, bien qu’adorable, a tout de l’éléphant dans un magasin de porcelaine. Pour faire simple, je suis amoureuse et j’ai cédé. J’espère ne pas le regretter tout à l’heure… Parce que pour être réaliste, s’il m’a eu,… lui aussi il a eu une surprise… et je crois qu’il aurait autant aimé ne pas l’avoir celle-là. Après …il a juste été parfait… adorable, gentil, taquin aussi et sérieusement curieux de mes raisons même si je suis bien trop gênée pour en parler (ici aussi). Mais tout à l’heure ? Après avoir eu ce qu’il voulait (et plus encore) et s’être reposé me verra-t-il encore ? Je vais m’arrêter là, histoire de dormir aussi. A plus tard.
Après m’être tournée et retournée dans mon lit pendant dix minutes sans parvenir à me détendre suffisamment pour que le sommeil m’emporte de nouveau, je décidai de me lever et de faire un tour à l’extérieur. Vêtue d’un survêtement, écharpe, doudoune, bonnet et gants, mon i-pod sur les oreilles, je partis faire le tour de la propriété. Quand je revins, j’entrai dans la cuisine et aperçus Oh-chan, Matsujun et Ben en pleine préparation culinaire pour le petit déjeuner. Je me jetai sur la cafetière d’où émanait une délicieuse odeur de café frais. - Les gars vous croyez que les autres vont émerger bientôt ou pas ? Cette voix… je me figeai et plongeai dans ma tasse. - Ohayô, Lucie-chan - O-Ohayô, Nino-kun. Je levai lentement les yeux vers lui et je fus engloutie par son expression lumineuse. Il agissait aujourd’hui comme si rien de particulier n’avait eu lieu et je me devais d’en faire autant. Doucement et de manière incontrôlable, je me sentis sourire en retour. Tout se passerait bien, c’était ce que je sentais à ce moment. - Oh Nino, t’es verni ! Toi, elle te voit… Jun nasillait encore plus quand il était contrarié, remarquai-je… et j’en étais l’origine parce que… Oups… je n’avais pas dû les saluer en arrivant et cela semblait avoir froissé le benjamin du groupe. - Excusez-moi. Ohayô gozaimasu mina-san ! dis-je en m’inclinant vers les trois cuistots qui me regardaient. - Ohayô Lucie-chan. - Bonjour, Lucie. Bien dormi ? - Ouais, bonjour à toi Lucie-san… - Jun, tant que Lucie n’a pas émergé, il ne faut pas se formaliser devant son manque de politesse. C’est ce que m’a expliqué Teru hier matin, quand elle est passé devant nous en nous ignorant ou presque. Je remerciai mentalement Teru pour avoir fourni à Oh-chan les clés de mon mutisme matinal. En effet, faire des salamalecs avant la fin du petit déjeuner n’était pas impossible bien sûr mais me demandait un effort qui pouvait entraîner chez moi une mauvaise humeur croissante. Mais de toute façon, aujourd’hui je me sentais planer sur un petit nuage… - Ben ? Où est la bestiole ? - Je l’avais prise en sortant de la chambre et quand j’ai croisé ces deux-là, dans le couloir, Grognon l’a fourré dans la chambre de son pote. C’est ce moment précis que choisit Aiba-chan pour passer la tête dans la cuisine, Nuit dans les bras. Sous le regard menaçant de Jun, il resta à l’extérieur de la cuisine et alla s’installer dans la salle. Bientôt, les garçons commencèrent les allers-retours entre le salon et la cuisine pour apporter le repas. J’y participai volontiers et mis café et jus de fruits sur la table où chacun se servait, avant de m’installer, devant mon bol fraîchement rempli, sous le kotatsu. Nino s’assit à ma droite et sa main frôla ma cuisse avant de se poser sur mon genou. Soudain, Ben surgit sur mon autre côté et demanda tout en s’asseyant : - Lucie ? Ils savent pour aujourd’hui ? - Je ne crois pas à moins que Teru ne leur ait dit hier. Au fait t’as déposé leur plateau de petit dèj.? - Evidemment. Je connais ma frangine et son appétit depuis plus longtemps que toi tu sais. Mais pour en revenir à Teru… Tu crois vraiment qu’il a pensé à prévenir ses potes ? - Honnêtement ? Pas une seconde. Je me tournai vers Nino et lui demandai. - Tu savais que c’est l’anniversaire de Cécile aujourd’hui ? - Hein ? Tu plaisantes ? - Pas du tout. Ai-chan et Thierry sont en charge du gâteau et des fleurs pour ce midi. Teru a pour mission d’écarter sa femme de la cuisine jusqu’à l’heure du déjeuner. Donc ils ne devraient pas être visibles de la matinée. Tu sais si les autres savent ? - Maintenant oui. Mais je vois pas comment on pourrait le savoir si personne ne nous le dit, déclara Jun. - Oï ! J ! Calme-toi ! Mange ! Ça t’évitera d’être désagréable. Jun s’installa face à nous, mais il ne commença à se nourrir qu’après m’avoir longuement dévisagée. Un sourire fendit son visage alors qu’il tournait la tête en direction de Nino. - Ohayô mina ! - Ohayô Sho-chan ! - Ne !!!??? Tu savais que c’est l’anniversaire de Cécile-chan aujourd’hui, toi ? demanda Aiba-chan en levant le regard sur le dernier arrivé. - Euh… Non. Mais… Y a quelque chose de prévu ? Comment ça va se passer ? - Teru doit s’occuper de Cécile toute la matinée normalement pour qu’elle ne se pointe pas ici le temps que l’on décore la pièce et que l’on prépare le repas. Ben et moi nous en chargeons. Vous pouvez aider bien sûr, mais vous pouvez aussi faire ce que vous voulez… Les Arashi manifestèrent tous leur envie de participer et, alors que Sho-kun et Aiba prirent le parti de décorer la salle, Jun proposa ses services en cuisine. Nino me fit savoir qu’il ne comptait pas me lâcher d’une semelle et Riida fut traîné par le Sakuraiba en direction de la réserve au moment de la scission des groupes. Ben était déjà en train de sortir les ingrédients pour confectionner une véritable bolognaise et j’en fis autant avec la béchamel. Reléguant rapidement les deux Japonais aux pluches et autres découpages de légumes suivant des instructions précises quant au résultat désiré, je commençai à confectionner la sauce blanche. Pendant ce temps, Ben se lançait dans le pétrissage de la pâte. La matinée passa rapidement, occupés que nous étions par nos différentes préparations. Une fois le plat de lasagnes prêt à être passé au four, je m’éclipsai de la cuisine afin de prendre mon tour à la salle de bain.
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++Jun++
J’avais passé une bonne demi-heure à éplucher carottes et oignons, avant de les émincer en compagnie de Nino qui, lui, avait joué avec les tomates et une gousse d’ail. Le sourire de chat sur le point de croquer le canari qui n’avait pas quitté les lèvres de mon ami depuis son entrée dans la cuisine me laissait deviner certaines choses que j’aurais préféré ignorer. Avait-il obtenu ce qu’il désirait ? Si ce n’était pas encore le cas, cela ne saurait tarder et il suffirait d’un simple relâchement d’attention de Ben-kun pour que Nino croque la petite Lucie. Pendant ce temps, les deux Français s’activaient sur leurs préparations. Le petit frère montrait une dextérité véritable pour la fabrication des pâtes maison, la pianiste, elle, s’occupait des sauces, et à peine avions-nous terminé notre travail qu’elle nous jeta hors de la cuisine tout en nous invitant à nous laver. Nino fronça les sourcils mais partit en direction des chambres tandis que je rejoignis les autres pour les découvrir en train de jouer avec le chat et un morceau de guirlande qu’ils n’avaient pas accroché.
(…)
Quand la FG et sa progéniture débarquèrent dans la maison, une agréable odeur de lasagnes flottait dans l’air, et seuls Lucie, Nino, Teru et sa femme manquaient à l’appel, puisque Thierry-san avait débarqué peu de temps avant avec une boîte et un énorme bouquet. La pianiste débarqua quelques minutes plus tard, le rouge aux joues et les cheveux encore humides de leur lavage. Elle salua les derniers arrivants avant de filer dans sa chambre pour en ressortir quelques instants plus tard avec un petit paquet quelle posa sur le piano où elle s’installa. Devant l’absence de Nino, je fis une expédition jusqu’à sa chambre où je le trouvai vautré sur son futon, les yeux fixés sur sa DS. Je remarquai qu’il portait toujours le pantalon de jogging et le T-shirt à manches longues qu’il avait ce matin dans la cuisine et, quand je lui en fis la remarque, il m’assura qu’il s’était lavé mais qu’il avait oublié ses vêtements de rechange. Cependant il ne bougeait pas et je décidai d’insister. - Nino, Teru et Cécile-san ne vont pas tarder. Décroche de ton jeu. - Ok. Je vais m’habiller… alors rejoins les autres, j’arrive dans 3 minutes. Ce n’est qu’après avoir repoussé la porte derrière moi que je l’entendis se redresser de son couchage avant de me dire : - Rassuré ? Je bouge. Dégage de là J. T’es pas ma mère…
(…)
Le repas avait été aussi joyeux que les précédents et l’invitée d’honneur daigna même rosir quand elle ouvrit le cadeau de son amie. - Figure-toi que je n’arrivais plus à remettre la main sur ce CD-là. - Normal puisque que je te l’avais piqué, mais ouvre-le plutôt. - Il est dédicacé ? Mais… je croyais le groupe séparé. - C’est vrai, sauf qu’il se reforme et font une nouvelle tournée qui commencera en mars. C’est moi qui devrais travailler avec eux et donc j’en ai profité… La femme de Teru enlaça son amie avant de se tourner vers Toshi une lueur malicieuse dans le regard… - Tout à l’heure, tu as dit que vous n’aviez que vos vœux à présenter pour l’heure mais que si j’avais un souhait que vous étiez en mesure de réaliser, vous l’exauceriez. Alors j’ai eu quelques idées de cadeau que vous pourriez me faire. - Lesquelles ? - Donne-moi un cours de danse, s’il te plait. Avant même que j’aie eu le temps de mettre mon grain de sel dans la conversation, Riida avait accepté. La sans-gêne se tourna alors vers moi toujours souriante et dit : - Toi, après avoir observé tes capacités culinaires, je te charge de nous régaler ce soir. Je grimaçai un accord et attendit les requêtes de la jeune femme envers mes camarades. Elle voulut mettre Nino au piano mais celui-ci se défaussa et y envoya Sho à sa place. Par contre, il lui proposa de lui révéler le secret de l’un de ses tours de cartes. Pour Masaki, elle lui demanda de prendre en charge la bestiole la prochaine fois qu’elle rentrerait en Europe. Sous nos encouragement, Sho se mit au piano et interpréta Hatenai Sora, Nino enleva ensuite la reine de la journée quelques minutes avant de revenir, et ensemble ils nous firent un petit spectacle de magie. A la fin de ce dernier, Toma se réveilla de sa sieste et réclama avec suffisamment d’insistance l’attention de sa mère pour que celle-ci se décide à retourner avec sa famille vers son propre domaine. J’en profitais pour me rapprocher de Toshi mais celui-ci décida que c’était le bon moment pour faire danser les deux Françaises. Le geek s’attaqua à sa proie avant que Masaki n’ait eu le temps de faire un geste et Satoshi commença à se déhancher bien trop suggestivement à mon goût; et le sourire qu’il m’envoya quand il rencontra mon regard me fit comprendre qu’il savait très exactement les conséquences de ses actes. Quand la femme de Teru fut suffisamment fatiguée, Lucie-san mit en route son ordinateur et nous découvrîmes qu’elle conservait sur un disque dur certaines de nos apparitions télévisées, des plus ridicules aux plus émouvantes. Au milieu de cela, elle dénicha la compétition de Mario qui m’avait fait remporter le trophée du Meilleur Joueur face au gamer officiel d’Arashi… A défaut de pouvoir dire ses quatre vérités à mon amant, je retrouvai une certaine bonne humeur devant cette vidéo où le vainqueur n’avait pas été celui que tous attendaient. Mais ma vraie source de contentement fut la tête de Nino quand une certaine demoiselle se moqua ouvertement de ses airs sérieux alors qu’il jouait. De la statue vivante que nous avions rencontrée dimanche soir, il ne restait me semblait-il plus grand-chose… La pierre avait repris vie et n’hésitait plus à taquiner celui qu’elle semblait pourtant tant admirer. Quand, plus tard, un morceau à quatre mains parvint à mes oreilles, je n’eus aucune peine à deviner, par leur dextérité, à qui elles appartenaient. L’idée que Cécile-san ait fini par obtenir, grâce à son amie, ce qu’elle avait demandé plus tôt me fit sourire. La soirée se poursuivit avec moins de couinements que prévu puisque la FG et sa famille se désistèrent, bébé Toma ayant eu la bonne idée de faire une importante poussée de fièvre. Ce fut la première fois que je voyais la FG agir vraiment comme une mère inquiète et c’était elle qui avait forcé son mari à partir pour l’hôpital. La soirée se termina avec les jeux de la wii et je crus que Lucie allait étrangler Teru quand elle découvrit la wiimote qu’il avait caché dans le piano. La soirée se termina quand Nino et moi eûmes démontré notre supériorité à Mario-kart en écrasant, et de loin, l’équipe européenne et nos amis, même si Aiba-chan et Teru se défendirent becs et ongles.
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++Nino++
Cette dernière journée à Fukuoka s'était déroulée dans une sympathique bonne humeur. En voyant le soin apporté par Lucie-chan à la préparation de la surprise pour son amie, j'avais compris qu'elles étaient vraiment très liées. En même temps, pour qui d'autre qu'un ami très proche irais-je faire dix mille bornes et prendre deux mois de vacances ? Ce devait être pareil pour elle. Je n'avais pas eu envie de me mettre au piano et avais préféré laisser la place à notre rappeur auquel la mariée ne semblait pas trop savoir quoi demander ; Lucie-chan avait même glissé quelque chose à propos des lèvres de notre ami qui avait fait rougir Cécile. Et j'avais profité de l'apprentissage du tour de magie pour me montrer charmeur avec mon élève. Je voulais juste être sûr que si jamais elle remarquait quelque chose de ce qu'il s'était passé entre Lucie et moi, elle aille dans mon sens. Affronter les gens, ou les asticoter, était un de mes passe-temps favoris, mais quand je voyais les matchs Jun-Cécile, je préférais ne pas les reproduire. L'effet sur Riida était certainement aphrodisiaque, mais j'avais des doutes pour Lucie. Or, j'avais bien l'intention de remettre le couvert autant que possible d'ici à son départ. Et je n'attendrai d'ailleurs pas plus longtemps que ce soir. Je patientai un moment, le temps que tout le monde soit bien enfermé dans sa chambre. J'en profitai pour planifier ma nuit. Il vaudrait mieux que je me réveille dans mon futon, ça m'épargnerait les coups d'œil de Sho et Aiba et les commentaires grivois de Jun. Si elle m'avait surpris la nuit dernière d'une manière assez peu habituelle pour moi, elle s'était révélée douée, pour peu que je lui montre ou dise clairement ce qui me plaisait. Une élève aussi attentive ne pouvait mériter que des encouragements. A peu près certain qu'à présent tous ceux qui avaient à dormir étaient dans les bras de Morphée et que les autres profitaient du corps de leur partenaire, je décidai d'aller savourer mon propre dessert. Et puisque j'étais cette fois assuré de ne pas me faire repousser, j'optai pour une entrée dans les règles, par la porte officielle de la chambre et non la cloison coulissante donnant sur le salon de musique. Je toquai doucement après avoir parcouru le long couloir croisillonné et vitré qui courait sur toute la façade interne du U que formait la maison. Elle ne mit pas longtemps avant d'ouvrir les panneaux. Elle devait attendre ma venue pour être ainsi prête à m'accueillir. Cette nuit promettait vraiment d'être tout ce qu'il y avait de plus intéressante. - Bonsoir Lucie-chan. Le ciel est si beau ce soir que je voulais t'inviter à regarder les étoiles. Mais en fait, je crois qu'il fait trop frais. Tu ne m'en veux pas trop ? Si on dit que c'est reporté à une autre fois, tu me tiendras compagnie ? Je lui offris en disant cela mon sourire le plus angélique et j'eus la satisfaction de la voir rosir. - Je pense que ça ira pour cette nuit, oui. Mais pourquoi tu te pointes par ici ? Je pensais que tu viendrais jouer du piano avec moi. - En fait... dis-je sur le ton de la confidence, je suis un vampire, pour entrer chez quelqu'un je dois être invité ou jouer de la musique. Mais je ne voudrais pas m'imposer chez toi à chaque fois, sinon, qu'est-ce que tu vas penser ? - Beaucoup trop de choses pour les dire à voix haute. Entre et fais comme chez moi. Je ne savais pas trop comment comprendre cette formulation inhabituelle, mais son sourire était une invitation à lui seul et je ne me fis pas prier. A peine la porte refermée, je l'attirai contre moi, passant mes mains sous son T-shirt pour qu'elles errent doucement sur sa peau. - Lucie, murmurai-je en caressant son oreille du bout des lèvres, hier, j'ai été un peu rapide au début. Tu veux bien qu'on reprenne tout à zéro ? Elle tourna la tête vers moi, surprise. - Tu as vraiment envie que je t'envoie promener ? Je la fixai un instant pour savoir si elle était sérieuse. - Non, dis-je enfin, tu as raison, c'est pas là que je voulais reprendre. Hier, j'ai exploré ton corps avec mes doigts, avec mes lèvres, avec ma peau. Aujourd'hui, je voudrais que ce soit toi qui en fasse autant. Pour qu'on aille à ton rythme. - C'est ton corps ou le mien que je dois explorer ? Ses questions, posées sur un mode ironique qui aurait pu être déstabilisant si je ne l'avais pas connue un peu mieux, me firent comprendre deux choses : ce devait être de cette façon qu'elle avait découragé ses prétendants au fil des années, et elle devait se sentir bien peu sûre d'elle pour se défendre ainsi contre moi. Or, je voulais qu'elle soit à l'aise. Elle m'avait prouvé hier qu'elle était capable de se lâcher et de devenir une amante entreprenante. J'avais envie de la voir à nouveau comme ça. Je lui pris la main pour l'attirer vers le lit au milieu duquel je nous fis asseoir tout en lui répondant. - Mm, c'est toi qui vois. Le spectacle peut être plaisant. Mais... tu as l'habitude de te caresser ? Je la vis rosir à nouveau tout en prenant un air presque offusqué. - Sinon, sache que j'ai envie de sentir tes mains sur moi. Imagine que je suis ton piano et que tu vas y jouer un nocturne. Et commence par où tu veux. Elle hésita un moment, se demandant sans doute jusqu'à quel point j'étais sérieux. Puis, en voyant ses yeux errer sur moi, je compris qu'elle était passée à la question suivante et cherchait par où commencer. Je lui aurais bien suggéré de poser une main sur ma ceinture avant de la descendre doucement, mais je voulais que les choses viennent d'elle. Elle commença par poser les mains sur mes épaules avant de les laisser glisser le long de mes bras. Puis elle les fit remonter sur mon T-shirt pour ensuite les poser à plat sur ma poitrine. Elle s'installa à califourchon sur mes cuisses et j'étais prêt à l'embrasser ou m'allonger quand je sentis ses doigts se faufiler sous mon haut et le remonter en m'obligeant à lever les bras pour me l'ôter. Puis ses mains touchèrent mes côtes et elle étouffa un petit rire. - T'es vraiment pas épais, Nino. Comment un corps aussi malingre peut-il être si moelleux ? - Oi ! C'est quel genre de compliment ça ? demandai-je faussement indigné. Elle me regarda en souriant avant de déposer un léger baiser sur mes lèvres. - Un qui sort de ma réserve perso. Je peux t'en servir d'autres si tu veux, mais... Elle fit courir ses lèvres sur mon épaule et ses mains sur mon ventre avant de poursuivre. - ...mais je suis sûre que tu as envie d'autre chose. Oui, clairement, je préférais qu'elle me déshabille entièrement. J'avais hâte de sentir son regard sur moi. J'aimais les sentiments variés qui passaient dans les yeux de mes compagnes, ils m'en disaient beaucoup sur elles et j'appréciais de voir comme je les troublais. Lucie était quelqu'un qui ne semblait pas facile à déstabiliser, mais je la soupçonnais de se montrer ainsi pour cacher sa timidité. Elle me plaisait bien, et avoir dû insister subtilement pour pouvoir entrer dans son lit avait rendu cette aventure plus excitante encore. Habituellement, il me suffisait d'un sourire, d'un regard appuyé, voire d'un effleurement pour obtenir ce que je voulais. Cette fois, j'avais l'impression d'avancer en terrain miné. Le moindre faux pas semblait pouvoir me fermer ce lit accueillant. Elle m'allongea pour s'attaquer enfin à mon pantalon. Comme c'était celui de mon pyjama, il n'était pas trop serré. Et cette fois, je ne portais rien en-dessous. J'avais posé les préservatifs sur la table de chevet, prêt à en utiliser un dès que nécessaire, en arguant sur le bébé qu'il ne faudrait pas mettre en route trop tôt. Ne jamais sous-entendre qu'il y avait d'autres filles, même si elles le savaient toutes. Rendre chacune unique, c'était ça l'important. Et celle-ci était encore plus unique avec ses gestes timorés et audacieux, ses coups d'œil curieux et effrayés. Elle avait fini par retirer mon bas de pyjama mais concentrait son regard sur mon visage. - Lucie, regarde-moi. Regarde-moi tout entier. Je ne suis pas qu'un visage, pas plus que toi. Hier, j'ai contemplé ton corps des pieds à la tête, alors fais-en autant avec moi. - Des pieds à la tête, hein ? J'avais pourtant l'impression que c'était plus concentré que ça... - Alors concentre-toi aussi. Regarde et touche. Je ne demande que ça. - T'es vraiment un mec ! - Oui. Et ce que je te demande de regarder le prouve. Mais il semblait que je n'aurai pas cette satisfaction. Parce que la demoiselle s'allongea juste après tout contre moi, joignant nos lèvres d'autorité et se collant à mon corps excité. Je la laissai faire en me promettant qu'avant la fin de la nuit, elle aurait au moins appris à ne plus avoir peur de poser les yeux et la main, si ce n'était la bouche, sur la virilité d'un homme. En attendant, j'entrepris de la déshabiller tout en occupant cette fameuse bouche. Mes doigts agiles firent merveille et elle se retrouva nue avant d'avoir pu le réaliser. - Lucie ? Elle gémit doucement alors que je lâchais sa bouche et que ma main s'était insidieusement glissée entre ses jambes. C'était comme si mes doigts étaient animés de leur propre vie et avaient décidé de s'insinuer en elle pour la préparer à la suite. Elle avait rejeté la tête en arrière, me tendant son cou à la peau délicate, et tout son corps me semblait offert, m'invitant à venir l'explorer plus en profondeur. J'aurais voulu faire durer les préliminaires plus longtemps encore, mais mon désir parlait pour moi et se faisait douloureux à force d'attendre. Je l'allongeai sur le dos et, tout en laissant ma main continuer son office, je vins caresser du bout de la langue sa poitrine soyeuse. La gourmandise me fit la mordre légèrement mais elle y réagit vivement, poussant un petit cri et resserrant les genoux. Ma main emprisonnée entama alors un autre genre de mouvement et lorsque mon amante écarta à nouveau les jambes sous le plaisir ressenti, j'en profitai pour me glisser en elle aussi lentement qu'il m'était possible avant de venir prendre tendrement ses lèvres. J'ondulais en elle comme les vagues sur la plage, m'avançant pour me retirer avant de revenir. A ce rythme, je savais qu'il serait difficile de tenir très longtemps, mais ça n'avait pas d'importance. Nous avions presque toute la nuit pour recommencer et je n'avais pas l'intention de la laisser trop dormir. Aussi laissai-je ses gémissements m'exciter toujours plus, haletant son nom à mesure qu'elle criait le mien, avant d'atteindre enfin ensemble le plus haut niveau de félicité.
N'hésitez pas, laissez un comm'! Ici, allez lire la partie 5 de "La Genèse de Jinsei" à partir du mardi 25 juin 2019 | | | Sam 29 Juin - 14:40 | | | Manue33 Carnival Night part 2 Messages : 466
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Humeur : endormie
| Une super géniale fiction !!!! Et sinon on en parle du chapitre 55 | | | Dim 30 Juin - 21:31 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Localisation : Osaka!!! enfin!!!!
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Humeur : en plein jetlag
| Bonsoir! Bon retour Manue!!! ça fait plaisir! Pour le chapitre 55 il arrivera dans 45 chapitres promis mais aujourd'hui ... nous revenons au chapitre 10... Info de lecture du jour: C'est de l'italienC'est du français- Chapitre 10:
++Ohno++ Un cri. Un gémissement. Un autre cri. Un râle. Un soupir étouffé. Un souffle mal repris qui se termine en cri. Et en fond, les bruits de deux corps nus qui se heurtent régulièrement, deux corps en sueur, l'un dominant l'autre, l'un possédant l'autre, l'un assouvissant sur l'autre son désir en entraînant son partenaire dans l'abandon absolu. Je savais combien Jun détestait voir quelqu'un m'approcher, et encore plus lorsque c'était moi qui initiais le mouvement. Et quand il s'agissait d'une danse, sa jalousie explosait dans ses yeux pour me foudroyer sur place. J'ignorais pour quelle raison exacte j'avais fait ça, mais j'avais adoré danser avec Cécile-chan. Peut-être était-ce en partie dû à ma cavalière qui certes manquait d'assurance et d'endurance (et de sens du rythme) mais bizarrement pas de souplesse, mais je n'avais aucun doute sur le fait que mon plaisir avait été décuplé par le regard courroucé de mon amant. Depuis la première fois où j'avais laissé Jun me dominer, depuis son vingtième anniversaire pour être exact, il m'avait toujours plié à sa volonté d'une manière totale et j'avais littéralement pris mon pied à chaque fois. J'aimais la manière dont sa hampe incendiait mes chairs et comment il savait heurter le paquet de nerfs caché en moi pour me faire crier de jouissance. Son sadisme lui faisait parfois frôler ce point sensible et me titiller sans combler le manque ainsi créé avant de revenir à la charge d'une manière sauvage et assez violente pour me faire hurler, tantôt de dépit ou de douleur, tantôt de satisfaction. Au fil des années, il était passé maître dans cet art, ne semblant pas se lasser de mon corps ni de mes réactions. Mon amant était absolument fou de moi, toujours plein d'idées pour agrémenter nos ébats et ouvert à toutes celles que je pouvais proposer. Pas plus tard que ce soir, alors qu'il s'apprêtait à me faire ressentir sa hargne pour la séance de danse de l'après-midi, je lui avais indiqué que j'étais prêt à faire ce qu'il voudrait pourvu qu'il me laisse introduire un élément de jeu. Même pas surpris par ma demande, il avait attendu que je précise ma pensée. - J'ai vu tout à l'heure qu'il restait de la crème au chocolat dans la cuisine. Je te lèche où et tant que tu veux si tu me laisses en mettre dessus d'abord. J'avais accompagné mes paroles d'un air de repenti soumis qui ne nous trompait ni l'un ni l'autre. - Ok, avait-il accepté. Je vais chercher ça. Pendant ce temps... tu vas préparer le lit et quand je reviens, je veux t'y voir nu et offert. Sa main qui avait glissé sur mon torse pendant qu'il me donnait ses instructions à l'oreille avait fini par saisir ma fesse et je n'avais pu retenir un petit couinement. Puis il avait ouvert la porte donnant sur le couloir et avait fait un pas en avant qui ne fut pas suivi du deuxième. Surpris de le voir s'immobiliser ainsi, je l'avais rejoint pour lui demander ce qu'il se passait. Il s'était légèrement écarté pour me laisser m'approcher et m'avait désigné une silhouette avançant dans l'autre branche du U que formait la maison. Notre curiosité nous poussa au-delà de la chambre de Teru et Cécile, jusqu'au bout de notre propre côté de la maison, d'où nous la vîmes dépasser l'entrée du salon. Elle tourna dans l'ultime coude du couloir avant de s'arrêter et de toquer contre une porte que je n'avais pas vraiment vue jusque-là. - Il y a encore une pièce après ? chuchotai-je, persuadé que Jun avait cette information. - La chambre de Lucie-chan, je suppose. - Oh! Alors... - Oui, Nino est venu obtenir ce qu'il voulait. Ma-chan n'aura bientôt plus qu'à ramasser les morceaux. Je trouvais presque déprimant de pouvoir prévoir comme ça les faits et gestes de nos collègues. Et l'attitude de Nino-chan laissait souvent à désirer sur ce point. - Ne t'occupes pas des affaires des autres, Toshi. Tu as déjà bien assez à faire avec les tiennes. Il me repoussa vers notre chambre où il me fit entrer pour me prendre un baiser d'une sensualité torride. J'aurais pu oublier la crème au chocolat pourvu qu'il me fasse l'amour à l'instant même. Mais ma proposition avait dû lui plaire car il s'écarta de moi alors que mes mains s'attaquaient à son pantalon après l'avoir caressé fermement au travers. - N'oublie pas : nu et offert. Lui parti, je fis ce qu'il m'avait demandé, et commençai à me dévêtir lorsque je réalisai que la nuit n'était pas aussi silencieuse qu'elle l'aurait dû. Cherchant d'où venait le bruit, je me rendis compte que la porte de communication entre notre chambre et celle de nos voisins n'était pas parfaitement fermée. Je m'avançai aussitôt pour la pousser en me faisant la réflexion que ce n'était pas cette cloison légère qui allait les isoler de notre bruit, lorsque je perçus l'origine des sons que j'entendais. Leur rythme laissait peu de doute quant à ce qui les provoquait. Rougissant légèrement, je posai ma main sur la poignée. Je n'étais pas prude, loin de là, mais j'avais toujours trouvé une différence à regarder deux hommes ou un homme et une femme. Les premiers m'inspiraient beaucoup, alors que les seconds me laissaient une impression bizarre. Sans doute parce que les corps de femmes et leurs réactions étaient ce qui m'était le plus étranger, n'en ayant jamais touché. Et je réalisai que j'étais toujours figé devant la porte lorsque mes yeux habitués à la pénombre me permirent de voir deux silhouettes, l'une chevauchant l'autre, se mouvant à un rythme lent et profond. Je compris que celle qui était allongée était Teru-kun lorsqu'il se redressa pour venir embrasser sa femme. Elle gémit doucement dans sa bouche avant de le laisser l'étendre sous lui. Je poussai le panneau aussi discrètement que possible, ne souhaitant pas en voir davantage. Il y avait tant de retenue dans leurs gestes que je me pris à souhaiter de toutes mes forces que Jun me prenne avec encore plus de rudesse que l'avant-veille. Quand il revint, je l'attendais comme il l'avait demandé et j'obéis lorsqu'il me dit de fermer les yeux tout en posant le bol contenant la crème d'où dépassait une cuillère. J'avais vu qu'il avait pris un autre récipient avec, mais ne devinai pas ce qu'il contenait avant de pousser un cri en sentant le froid sur ma poitrine. - J'ai trouvé des glaçons dans le congélateur, me glissa Jun d'un ton qui me laissait deviner tout le plaisir qu'il éprouvait par anticipation. Je frissonnai à ces paroles et sus que ce cri ne serait que le premier d'une longue série. Et je n'avais qu'une envie, c'était de succomber aux désirs de mon amant. ******************** ++Cécile++ Je sentais et entendais un bruit sourd et régulier tout près de mon oreille. Un bruit plaisant, plus agréable à mes yeux que la plus douce des musiques. Le bruit que fait un cœur qui bat régulièrement dans la poitrine d'un homme endormi. J'étais lovée contre son corps chaud, la joue posée sur son torse, et je profitais de ces premières heures de la journée. Je n'en étais pas encore à me demander si celle-ci serait longue, ou difficile, ou l'occasion de faire de belles rencontres. Je savais juste que je voulais la commencer comme ça, blottie dans les bras de l'homme de ma vie, à attendre l'inspiration profonde qui précèderait son réveil et la caresse de sa main sur mon dos. - Chérie, me murmura sa voix basse, j'ai envie de te faire des propositions terriblement indécentes... Je relevai lentement une tête mi-surprise, mi-endormie. Il s'était réveillé avant moi ? Et était quand même resté avec moi ? Voilà qui n'était pas courant. Mais c'était loin de me déplaire et mon sourire fit apparaître ma fossette avant que mes lèvres rejoignent les siennes pour entamer l'ouverture d'un ballet qui ne s'acheva qu'après nous avoir laissés tous deux haletants et rassasiés, posés à nouveau l'un contre l'autre. N'entendant aucun bruit dans la maison, nous partîmes occuper la salle de bain avant de rejoindre le séjour et les quelques matinaux déjà levés. Ben et Satoshi, les deux plus silencieux de la maisonnée, étaient assis l'un en face de l'autre en train d'attendre ce que devait concocter le marmiton dans la cuisine. Et en effet, quelques instants plus tard, la porte de communication s'ouvrit pour laisser passer Jun qui déposa un plateau couvert d'assiettes odorantes et de pots fumants sur la table avant de s'asseoir près de son amant. J'en avais fait autant en laissant Teru s'installer entre mon frère et moi. - Cécile ? - Ben ? - Hier soir… ? - Mmm ?Je levai la tête de mes tartines pour observer mon frangin. Pour quelle raison paraissait-il si gêné alors qu’il me parlait en italien ? Quand il croisa mon regard, il me fixa un instant avant de regarder tour à tour Jun et Satoshi puis Teru et moi. - C’était vous ou eux ? - Hein ? - Hier soir… le bruit… Le bruit… !! C'était vrai, hier soir, j'en avais entendu en provenance de la chambre voisine de la nôtre. Teru s'était employé à m'empêcher de m'en rendre compte en utilisant toutes les ressources qu'un homme amoureux et expérimenté avait à sa disposition. A moins que d'entendre les ébats (sado-masochistes ?) de nos voisins n'ait stimulé son ardeur. Mais je n'avais malgré tout pas loupé que les vocalises sauvages de l'un des deux étaient tout ce qu'il y avait de plus audibles. Et bizarrement, je n'avais aucun doute sur le responsable. - Désolée Ben, je ne pensais pas qu'ils étaient si bruyants. Pour un couple censé être secret... Tu as pu dormir quand même ? - Oui, t'en fais pas, on m'a obligeamment offert des bouchons. J'ai rapidement compris leur utilité. Mais... ils ont l'habitude d'être comme ça ?C'était une bonne question, même si le fait que mon observateur de petit frère savait toujours mettre le doigt sur le point à relever n'était pas une surprise. Et là, le vrai souci était... quelque chose que j'allais devoir évoquer, ne leur en déplaise. - Vous savez que tout à l'heure nous prenons l'avion pour rentrer à Tokyo ? demandai-je au plus jeune de mes vis-à-vis. Je vis du coin de l'œil Teru me jeter un regard avant de replonger dans son bol de riz. Il avait vu que je m'adressais à nos deux voisins d'en face, mais avait-il compris ce que je m'apprêtais à faire ? Sinon, aurait-il tenté de désamorcer l'explosion ? - Oui, on sait, me répondit Grognon sans même un regard à son voisin. - Et ce soir, nous dormons tous chez les parents de Teru puisque c'est plus simple de tous partir du même endroit pour se rendre à l'hôtel et au temple. Il opina sans se donner la peine de faire une phrase, paraissant plus concentré sur l'entrée de Lucie qui s'était assise au bout de la table après avoir rempli son bol de café. Je savais parfaitement, pour avoir vécu en foyer et en colocation avec elle, que tant qu'elle n'aurait pas ingurgité son breuvage, il ne fallait pas envisager de tenter le moindre début de conversation avec la demoiselle. Aussi fus-je plutôt surprise de la voir esquisser un geste de la main en guise de salut avant de se couper à nouveau du monde des êtres pleinement réveillés. Elle était bien une de leurs fans pour essayer d'éviter de froisser Jun. Sauf que ce n'était pas mon cas, et l'ego de ce petit monsieur était le cadet de mes soucis. - Et chez les parents de Teru, il y aura dans la même maison, bien que sur deux étages, vous cinq, nous quatre, Airi et sa famille, les parents de Teru et les miens. Ma voix commençait à se faire de plus en plus sèche et j'obtins l'effet escompté : Jun tourna les yeux vers moi et cessa de manger. - Et ? - Et je pense qu'il serait aussi utile pour vous qu'agréable pour nous que tout ce petit monde n'ait pas à profiter de la bande-son de vos séances porno. J'entendis mon mari s'étouffer avec son café et une rougeur marquée se répandit sur le visage de Satoshi. Mais mon interlocuteur ne s'avoua pas vaincu. - Qu'est-ce qui te fait croire que c'est nous, et si oui, pourquoi c'est à moi que tu t'adresses ? On est deux après tout. - Parce que vous êtes le seul autre couple et que je ne suis pas assez sourde pour ne pas avoir reconnu la voix de ton amant dans ces cris. Et que s'il crie, c'est forcément de TA faute. Et aussi parce que je n'arrivais pas à les imaginer autrement que dans la configuration Jun-dominant/Satoshi-dominé. Sans doute était-ce trop cliché et un peu à côté de la plaque, mais pour la nuit dernière, j'étais à peu près sûre de moi. Et sa réaction ne me contredisait pas. - Ok. Il avait un horripilant petit sourire en coin en disant cela mais ne releva pas la remarque sur sa responsabilité, la reconnaissant ainsi implicitement. Ses yeux jetaient un regard appuyé vers la buveuse de café. - Donc ça veut dire que toi et ton mari allez être très sages ce soir ? Ça te laissera du temps pour nous surveiller. Mais on n'est pas les seuls qu'il va te falloir fliquer alors. - Ohayô mina ! fit une voix perchée et légèrement nasale dans mon dos. Jun lâcha Lucie des yeux pour laisser son regard se fixer sur le nouvel arrivant, et je vis son sourire s'élargir avant qu'il ne me regarde à nouveau d'un air moqueur. Je sentis mon cœur louper un battement tandis que je tournais la tête pour refaire le même parcours visuel. Ce que je savais de CE type me suffisait pour savoir que jamais je ne lui confierais ma Lucie. Je connaissais mon caractère un peu excessif dans ce domaine, cherchant tellement à protéger ceux que j’aimais que j’avais tendance à ne pas les laisser se frotter au danger. Tout en sachant pertinemment que c’était pourtant comme ça qu’on faisait ses armes. Après tout, n’était-ce pas de cette façon, en me brûlant les ailes, que j’avais moi-même appris à me méfier de certaines choses ? Mais justement, je n’aimais pas ce qui était trop sucré. Et le regard enjôleur de Kazunari me semblait dégoulinant de miel. Exactement ce qu’il ne fallait pas à une fille comme Lucie, pétrie de rêve et de retenue. «Cécile ! Tu ne peux pas décider pour elle. » C’était ce que m’avait dit Ben (en aparté) la veille quand j’avais fait les gros yeux en voyant le danger public entraîner Lucie au piano sur un morceau à quatre mains après la danse – Bon sang, Satoshi dansait vraiment divinement bien ! Pendant qu’il m’expliquait son tour de cartes, j’avais eu l’impression que Kazunari essayait de m’amadouer. Si tel avait été le cas, il avait réussi exactement l’inverse. Je n’aimais vraiment pas les choses trop sucrées. Et donc, quand le regard que Jun avait longuement appuyé sur mon amie avait été reporté sur le magicien qui entrait en souriant à la ronde et plus particulièrement à Lucie, mon sang n’avait fait qu’un tour. Je m’étais levée d’un bond et avait attrapé par le col le gars qui n’avait somme toute que quelques centimètres de plus que moi et à peine la moitié de mon gabarit. Après l’avoir plaqué contre le mur du couloir, je le fixai de mon regard que je savais facilement assombri par mes sourcils noirs lorsque j’étais en colère et sifflai entre mes dents juste assez fort pour qu’il soit seul à entendre. - Je ne peux pas t’empêcher de lui plaire, mais je te préviens Kazunari, si tu joues avec elle alors qu’elle a des sentiments pour toi, il n’y aura pas de chas d’aiguille assez petit pour que tu puisses t’y cacher. Et je m’assurerai que tu ne puisses plus jamais faire le coq auprès de la moindre fille. Je n’avais pas besoin de savoir ce qu’il pensait de mon petit discours, aussi retournai-je à ma place sans faire plus attention à lui. Je pus voir la stupéfaction faite homme en la personne de Jun, et je devinai facilement qu’il ne s’était pas attendu à produire cet effet. Aucun des autres n’avait eu le temps de réagir. Le regard de Lucie passait de Kazunari à ma propre personne et grâce à cela je sus qu’il s’était installé le plus loin possible de moi. Il se sentait menacé ? Parfait… - Cécile, chérie. Tu as besoin d’agresser mes amis les uns après les autres ? - J’agresse pas, j’explicite ma pensée. - Et pour ça t’es obligée de clouer Nino au mur ? D’abord de quoi tu te mêles, c’est ma vie ! - Et mon mariage. - Chérie, calme-toi. Jun et Satoshi ne sont pas fous. Ils ne feraient rien qui risquerait de les griller définitivement devant Nee-chan. - Par contre toi… T’es gentil mais on est quatre à comprendre le français autour de cette table… En disant ces mots, Lucie regarda Ben puis Teru avant de lever les yeux au ciel. - T’inquiète je le savais déjà… Et j’ai bien compris que c’était un sujet tabou. - Taboo ? Nani taboo ? Les trois derniers occupants de la maison pénétraient dans la pièce. - Bonjour Masaki, Sho. Bien dormi ? leur souris-je avant de me lever et reprendre pour l’ensemble du groupe. On part dans quelques heures et je ne vais pas tarder à m’assurer qu’Ai-chan et sa famille sont levés. Ce matin, c’est bouclage de sac et nettoyage de vos chambres. Départ à 10h30. Sur ces mots je gratouillai la tête de Nuit puis quittai la pièce et partis exécuter ma part du programme. ************************ ++Nino++- Décidément, il faisait aussi froid à Tokyo qu'à Fukuoka. Et nous n'étions pas encore sortis de Haneda. - Bon, on a deux voitures pour emmener tout le monde, sept places dans la tienne et cinq dans la nôtre. On fait comment ? La question de la FG était presque pertinente. Presque seulement, parce que je ne voyais pas bien ce que ça changeait de savoir qui montait dans quel véhicule. - J'aurais bien montré l'appart aux gars, répondit Teru à sa sœur. Mais je suppose que vous allez directement chez les parents ? - Ce serait le plus sage. Il reste donc trois places dans le direct. Lucie et Ben, vous venez avec nous ? Je vis Lucie grimacer. Je devinai qu'Airi lui avait proposé de partir avec eux. Ce qui nous faisait monter avec les jeunes mariés, mais me séparait d'elle. - Airi, dit Cécile, quand tu dis cinq places, tu as compté ton fils ? - Il reste cinq places assises, oui. Pourquoi ? - Parce que nous, ce sont sept places mais il va aussi falloir entasser les bagages. Donc, la question est réglée. Désolée ma chérie, mais Lucie, tu montes avec eux, avec le fauteuil. De toute façon, on vous retrouve chez les Miura le plus tôt possible. Et souviens-toi, la dernière fois, tu as dit que tu refusais de monter de nouveau avec moi à Tokyo. Monter avec elle ? Attendez, c'était Elle qui allait conduire ? Mais il était suicidaire ou quoi, le Teru ? - On peut donner notre avis ? demandai-je en souriant. "Non" fut la seule réponse que j'obtins, la jeune femme ayant déjà tourné les talons et avancé vers le parking. Je commençai à trouver que Jun avait été bien gentil ces derniers jours. Ben-kun avait fait se rasseoir Lucie et s'était installé derrière le fauteuil pour lui faire suivre les jeunes parents. Mes collègues ayant emboîté le pas de Teru, je me résolus à en faire autant, non sans grommeler. Jun resta un peu en arrière à m'attendre. - Allez Nino, fais pas cette tête. Tu peux pas passer ton temps à peloter cette fille. Surtout en plein jour. Et on va retrouver tout le monde après être passés récupérer nos bagnoles. - Mouais... Facile à dire pour toi. T'as qu'à aller faire un tour aux toilettes avec lui pour tirer ton coup. Et puis franchement, t'avais besoin de nous vendre ce matin ? Si t'avais rien dit, elle ne nous aurait même pas grillés. - Fallait la jouer plus discret mon vieux. Enfin, c'est vrai que sa réaction m'a surpris. La tienne aussi remarque, je pensais que tu lui clouerais le bec ! - T'as pas vu son regard. J'ai cru que j'avais cinq ans et qu'on venait de me prendre la main dans le pot de bonbons. Sale impression, je t'assure. Et pour ce qui est de la discrétion, tu m'excuseras mais tu me la copieras cent fois. A quoi vous jouez pour faire autant de bruit ? Il me regarda avec un sourire en coin. Il savait que ma question n'était qu'à moitié une plaisanterie, leur imagination débordante me donnait toujours beaucoup d'inspiration. - T'as pas idée de tout ce qu'on peut faire avec des glaçons et de la crème au chocolat. - Stop ! J'ai pas envie de savoir !! Surtout pas maintenant où je ne peux rien faire. - Si, tu peux faire quelque chose : caser tes bagages dans le coffre et monter t'asseoir. Nous étions arrivés devant la familiale de Teru et c'était Cécile qui venait de nous interrompre avec un grand sourire collé sur le visage. Pourvu qu'elle n'ait rien entendu d'autre que ma dernière phrase ! Nous embarquâmes dans le véhicule avant de pouvoir dire "ouf", et tandis que les trois autres occupaient les sièges du fond, je me retrouvai à côté de Jun et juste derrière le copilote. J'avais donc une bonne vue sur le chauffeur qui m'inquiéta un peu à poser ses doigts sur tous les boutons avant de se décider à mettre le contact. - Dix contre un qu'elle n'a pas son permis, glissai-je à mon voisin. - Vingt contre un qu'elle t'a entendu, me répliqua-t-il. - Mario a perdu, Grognon a gagné, fit la seule voix féminine de la voiture. Elle me jeta un coup d'œil moqueur. - En attendant de repasser le permis ici, je roule avec la traduction certifiée. Et Arashi n'existait pas que j'avais déjà mon permis. Son voisin se retourna et se pencha vers moi entre les sièges avant. - Nino-kun, il faut que tu saches que plus on critique sa conduite, plus elle devient sportive. Et elle n'a malgré tout pas l'habitude de rouler à gauche, alors évite les boulettes... - Détends-toi Teru, fit sa femme en lui tapotant l'épaule, y en a trois au fond qui n'ont rien dit, je ne vais pas les effrayer. Elle démarra enfin et nous lança dans la circulation tokyoïte. Une grosse demi-heure plus tard, je ne pouvais qu'admettre qu'elle maîtrisait le b-a-ba de la conduite urbaine. C'était d'ailleurs ce que j'allais dire à mon voisin lorsque je lui vis une expression étonnée en me tournant vers lui. - Un problème Jun ? - ...On va où là, exactement ? Je regardai la rue et l'endroit me parut effectivement bien familier. - On vous emmène chez nous, répondit Teru. Comme ça, vous connaîtrez le chemin pour nous rendre visite. Et c'est effectivement pas trop compliqué puisque la rue à droite est bien celle où tu habites, Matsujun. Quant à nous, c'est l'immeuble que vous voyez là. - C'est chouette ! C'est même pas trop loin de chez moi ! fit Aiba derrière moi. La conductrice trouva une place et une fois la voiture arrêtée, nous descendîmes. - Pourquoi ici ? demanda Sho. T'aurais pu trouver plus près de ton boulot. Teru-kun regarda son ami en souriant. - C'est vrai, mais tout le monde n'a pas tes goûts de luxe et ton idée du confort... L'immeuble de standing de Sho nous faisait souvent débarquer chez lui pour profiter de la salle de sport ou de la piscine. Et Jun avait levé les yeux au ciel la première fois qu'il avait vu la cuisine suréquipée du champion des plats tout prêts. - En fait, poursuivit Teru en nous invitant à les suivre après avoir ouvert la porte avec le pass, d'ici il faut environ vingt minutes en voiture et une grosse demi-heure en transports en commun pour rejoindre nos boulots respectifs. Le parc de Shibuya a tout de suite plu à Cécile et quand elle a découvert la boulangerie française à cinq minutes à pied, je n'avais plus rien à dire. - Ah! pardon, tu as encore dit "oui" quand le vendeur t'a demandé si on le prenait. L'ascenseur nous avait déposés au dernier étage et les maîtres des lieux nous invitèrent à entrer. Un rapide tour du propriétaire nous fit découvrir un appartement plutôt spacieux avec un couloir dont les portes de droite donnaient sur un petit débarras que Cécile attribua d'office au chat, les toilettes et la salle de bain; la porte du fond s'ouvrait sur le bureau de Teru. - Ce sera la chambre d'amis, si ça vous dit d'y passer la nuit. En attendant, c'est Lucie qui dort là. Elle avait un canapé-lit pour elle seule... Je me surpris à penser que je m'y installerais bien pour l'attendre. Me donnant une claque mentale, je me promis cependant de lui proposer de venir passer la nuit chez moi après le mariage. Dans l'unique but de faire une étude comparée du moelleux des matelas, cela va sans dire. Je rejoignis les autres qui avaient ouvert les deux portes de l'autre côté du couloir, l'une donnant sur une cuisine que Jun trouva plus petite mais certainement plus utile que celle de Sho, et l'autre sur le séjour. Meublé à l'occidentale, il était éclairé par une grande baie vitrée donnant sur un balcon qui faisait toute la largeur de l'appartement. Deux autres portes-fenêtres s'y ouvraient de chaque côté du salon, l'une étant celle de la chambre des tourtereaux, l'autre celle de la seule pièce japonaise, dans laquelle était installé un futon pour le frère de Cécile. - Cécile a décidé que ce serait son bureau quand elle travaillera à la maison. - Même mariée et avec ton salaire, elle va continuer à bosser? demanda Sho un peu surpris. Teru était trader pour une grosse banque, et son train de vie n'avait rien à envier à celui de ses parents. Nombre de nos petites compatriotes lui auraient dit 'oui' rien que pour ça. - Elle est Occidentale, elle adore son boulot et en fait, elle pourrait même bosser entièrement à la maison si elle voulait. Mais elle connaissait quelqu'un à l'ambassade et du coup, elle a déjà des engagements pour le mois prochain. Entre mes horaires et les siens, on va faire très "couple moderne". Chérie, dit-il en se tournant vers la jeune femme qui sortait de sa chambre avec un grand sac, tu commences quand déjà ? Elle le regarda comme s'il s'était agi d'un extraterrestre et lui sourit gentiment. Trop gentiment. - Mon chéri, si tu n'avais pas passé ta vie dans les succursales de ta boîte partout où nous sommes allés ces deux derniers mois, tu aurais vu que j'avais commencé à faire des traductions 'texte' depuis Noël. Il te faut ton téléphone, Lucie ne peut pas vivre sans musique, moi c'est Nordy. Chacun sa drogue. La mienne se transporte partout et ne fait pas de bruit. - Tu traduis quoi ? demanda Aiba. - Ce qu'on me propose. Des pièces de théâtre, des discours, des livres. J'aimerais me faire accréditer pour être traducteur officiel auprès de l'ambassade, mais ça prend un peu de temps. Je vais placer mes billes en attendant en faisant l'interprète dans des colloques. - Hé ? Quand tu disais interprète, c'était pas pour chanter ? Sacré Aibaka, il était vraiment resté là-dessus. Cela fit sourire Cécile et Sho secoua la tête. - Tu parles combien de langues ? interrogea Riida en posant ses mains sur celles de Jun qui était venu l'entourer de ses bras. Même devant nous, les vrais gestes de tendresse entre ces deux-là étaient rares, conséquence du nombre d'années depuis lesquelles ils se cachaient de tous. Et je réalisai qu'une fois que nous aurions rejoint la maison des parents de Teru-kun, il y aurait toujours quelqu'un d'étranger à leur secret avec nous. En effet, la maison était moins grande que celle de Fukuoka et nous n'y aurions pas chacun notre chambre. Je repensai alors à Lucie et me demandai comment être un peu tranquille avec elle lorsque je fus interrompu dans mes réflexions par un cri admiratif de Ma-kun. - Tu te rends compte Nino ? - Non, quoi ? Je compris à l'instant où je les prononçais que ces mots n'étaient pas les bons. Et Sho m'enfonça gentiment sans le réaliser. - Nino, tu devrais arrêter de rêver aux filles que tu vas retrouver maintenant que tu es rentré à Tokyo. Tu n'es pas réellement dispo avant dimanche, ne l'oublie pas. Je vis Riida m'adresser un petit sourire contrit et timidement encourageant, alors que son amant se retenait visiblement de rire. Quand son regard changea de direction, je le suivis et me rendis compte que la personne qui me fixait avec le moins d'expression clairement exprimée était l'amie de celle avec qui j'avais passé la nuit. Teru-kun, qui ne devait pas avoir tout saisi, répondit à ma question. - Je pense qu'Aiba-kun est surpris par le nombre de langues que parle Cécile, c'est tout. - Eh ! dis pas "c'est tout" comme si c'était rien ! J'aimerais bien en connaître la moitié ! - Ma-chan, répondit le caster, essaie de retenir l'anglais, et on en rediscutera ensuite. - Mais je parle anglais ! Pourquoi tu te marres ? Pff... Cécile, tu peux me dire quelles langues ? v... - Français et italien depuis l'enfance, allemand par voisinage, anglais par obligation, espagnol et japonais pour le fun, russe parce que ça fait une langue slave. Après, je me débrouille basiquement avec le polonais, le hongrois, le néerlandais et le grec. J'ai commencé l'arabe et le chinois, mais les deux en même temps, c'était pas forcément une bonne idée. Quant au wolof, c'est pour la gloire. - Pourquoi pas le suédois ? Lucie le parle, non ? Elle regarda son mari en souriant. - Parce qu'elle ne parle pas italien. Ça lui permet de parler avec sa mère sans que je les comprenne. Exactement comme Ben et moi parlons italien avec notre famille. Et puis, on a quatre langues en commun, ça peut suffire pour se comprendre, ne ? - Ça sert à quoi de parler autant de langues ? Nous étions deux à pouvoir énerver cette fille, mais fallait-il vraiment qu'on s'y mette l'un après l'autre? Parce que le ton de Jun était bien loin de celui de Masaki. - Eh ! bien, tu vois, c'est très utile pour faire poser des questions idiotes. La preuve ! Oh-chan esquissa un sourire tout en caressant les mains qui le tenaient. - Celle-là, tu ne l'as pas volée ! Jun grimaça et préféra plonger son nez dans les cheveux de Riida. La partie adverse se retrouva également en couple, Teru tenant sa femme contre son torse. Elle tourna légèrement la tête vers lui et il en profita pour déposer un baiser sur sa tempe. Ce qui la fit sourire. - Hé ! un peu de tenue vous autres ! Ces deux couples de tourtereaux étalant leurs sentiments... m'énervaient. - Toi, me fit Sho d'un air entendu, tu es en manque. Patiente donc un peu. Dis-moi Teru, au mariage, il y aura des gens de ta famille ? Teru lâcha sa femme - alors que Jun avait juste descendu l'un de ses bras sur la taille d'Oh-chan, et que s'il continuait comme ça, je le sentais bien parti pour glisser sa main dans le pantalon de son amant. - Bien sûr qu'il y aura ma famille, quelle question! - Tes cousines aussi? - Evidemment! Je levai le nez, intéressé. Si elles étaient dignes de la question du caster, c'est qu'elles devaient valoir le coup... Je sentis un regard peser sur moi et je tournai la tête pour voir d'où il venait. Je n'aurais pu en jurer parce qu'elle ouvrit la bouche au moment où je croisais ses yeux, mais j'avais le sentiment que c'était elle qui m'avait fixé aussi lourdement. En même temps, qui d'autre l'aurait fait ? - Dis-moi Sho, Teru refuse de répondre pour vous, mais... tu es célibataire ? - Cécile ! Les deux économistes rougirent de manière assez similaire. Aiba éclata de rire en les voyant, alors que les deux autres surent mieux se retenir. Pour ma part, je trouvais la question un peu gonflée. - Chérie, pourquoi demandes-tu ça ? - Tu ne trouves pas dommage qu'un homme comme lui aille à un mariage avec ses collègues plutôt qu'en charmante compagnie ? - Bah ! fit Ma-chan en enlaçant le rappeur, il trouvera sans doute la charmante compagnie sur place ! - Et puis ça veut dire quoi "un homme comme lui" ? Tu ne mets pas Aiba-kun et Nino dans le même lot ? Je pensai que la question de Jun aurait fait plus crédible si elle n'avait pas été lancée de derrière l'oreille de Riida qu'il était presque en train de lécher ouvertement. Oh-chan avait les yeux à demi fermés et semblait prêt à gémir. Je n'avais aucun penchant pour les hommes, mais là franchement, ça faisait assez lascif et pervers. - Marrant, il me semble me souvenir que quelqu'un de ma connaissance m'avait parlé d'hôtel... J'ai dû avoir des hallucinations auditives. Ce rappel de leur premier échange électrisa Jun qui se redressa en la fusillant du regard. Sauf qu'il semblait équipé d'une carabine alors qu'en face, elle avait sorti le bazooka. Riida se retourna vers son amant et tenta de ramener tout le monde à une ambiance plus banale. - Mon manager a dû laisser mon costume chez toi, Jun. Et celui d'Aiba-chan doit être chez Sho-kun. On devrait passer les récupérer, non ? J'étudiai rapidement les répartitions possibles et décidai qu'il valait mieux pour moi que je me retrouve avec mes deux collègues, même en mode 'vel' et 'cro', qu'avec la tigresse armée. - J, tu peux me déposer chez moi pour que je prenne mes affaires et ma caisse? C'est sur ton chemin. Sho et Aiba peuvent monter avec Cécile-chan et Teru... Teru approuva vigoureusement, prenant sa femme par la taille d'une main et le sac qu'elle avait sorti de l'autre. Nous descendîmes ensemble et, arrivés dans la rue, nous saluâmes les quatre autres avant de nous diriger vers l'immeuble de Jun. Un rapide passage dans son appartement lui permit de récupérer sa tenue et celle de Riida ainsi que les clés de sa voiture. Oh-chan et moi l'attendions au parking pendant ce temps. Les deux amants montèrent à l'avant et je m'installai derrière entre leurs sièges. - Dites les gars, entamai-je au bout de quelques minutes silencieuses, j'ai une question à vous poser sur Cécile. C'est qu'une impression ou est-ce que depuis qu'elle sait que j'ai passé la nuit dans le lit de sa copine, je perds des points à chaque fois que j'ouvre la bouche devant elle ? Je vis Jun esquisser un sourire mais rester concentré sur la route. Riida se tourna vers moi pour me répondre. - T'es pas très discret, Nino. Tu fais ce que tu veux avec Lucie-chan, c'est vous que ça regarde, mais n'oublie pas qu'elle ne va pas rester au Japon. Alors que Cécile-chan, si. Et qu'on la reverra sûrement de temps en temps. - Mais j'y peux rien si cette nana m'agace ! Et puis, tu pourrais aussi bien faire la leçon à ton mec ! - Son mec n'essaie de se faire la copine de la mariée. - Manquerait plus que ça ! fit Riida en jetant un coup d'œil rapide au chauffeur. Nino, moi j'ai dû serrer Cécile-chan un peu trop longtemps pour lui apprendre à danser, et ça a pu énerver Jun. Mais toi, qu'est-ce que cette femme t'a fait ? Ohno avait-il déjà oublié que J semblait agacé par Cécile depuis qu'il l'avait vue ? Ce dernier était-il devenu jaloux parce qu'elle avait pu mater les abdos de son amant en toute impunité dès le premier instant ? Vue l'attitude de Matsujun, je me doutais que je n'aurai pas la bonne réponse de sitôt. Mais je dus reconnaître que la question de Riida était juste. Pourquoi cette nana m'énervait-elle autant ? Parce qu'elle avait réagi vivement quand elle avait su que j'avais couché avec sa copine ? - Les filles parlent de ça entre elles ? - Ça quoi ? - Ben vous savez... dis-je sans trouver les mots pour achever ma phrase. - Pas trop non. Déjà parce que les filles ne nous intéressent ni l'un ni l'autre, et ensuite parce qu'on ne sait même pas de quoi tu parles. Oui, en effet, pourquoi je demandais ça à deux hommes en couple ? Peut-être parce qu'ils étaient mes amis. Et aussi sans doute parce que je connaissais une partie de leur propre vie intime. - Vous pensez qu'elle pouvait savoir ? - Savoir quoi ? demanda Jun un peu agacé. Mais j'ignorais si c'était ma question ou la voiture garée devant l'entrée de mon parking qui motivait cet agacement. - Que Lucie ne l'avait jamais fait. Heureusement que le conducteur cherchait une place au pas, parce que sa façon de piler m'aurait envoyé dans le pare-brise. Oh-chan posa une main caressante sur le bras de Jun et se tourna vers moi. Je poursuivis. - On l'a tous fait une première fois, y a rien de dramatique là-dedans ! Elle aussi elle l'a fait. - On a tous été dans cette situation un jour ou l'autre, c'est vrai, mais on n'a pas tous eu quelqu'un pour s'en inquiéter. Elles ont l'air proche, alors même si elles n'en ont pas parlé, j'imagine que Cécile-chan pouvait se douter de quelque chose. - Mais ça vous parait normal qu'elle s'énerve pour ça ? On y passe tous. Ce fut Jun qui répondit après s'être garé devant une porte de garage. - Oui, mais pas tous de la même manière. Moi, j'ai eu la chance d'avoir quelqu'un qui a fait attention à moi, qui a pris le temps et qui ne m'a forcé à rien. - Evidemment ! Sho ou moi, on l'aurait démoli sinon. - Hey ! fit Ohno indigné, j'ai pas fait ça pour vous. J'avais envie de faire attention à lui. - Et c'est pour ça que tu l'as trompé allègrement pendant les années qui ont suivies ? - Deux ans, je l'ai trompé que pendant deux ans. Et c'était pas le tromper puisqu'il savait dès le départ que ce serait comme ça. - Tout ça c'est du passé Nino. On était jeunes, on n'avait pas souvent le droit de coucher ensemble et il avait souvent envie. - Vu le nombre de fois où vous disparaissez, ça n'a pas diminué, ça ! grommelai-je tout bas. - Nino, tu te souviens de ta première fois ? - Euh... Oui, je devais m'en souvenir. En cherchant bien. En cherchant vraiment. Mais je crois bien que ça n'avait pas de réelle importance. Après tout, cette fois-là, j'avais surtout voulu ne pas rester à la traîne derrière Jun. S'il avait sauté le pas, même si c'était avec un homme et que cet homme était notre collègue, je n'avais pas vu de raison de ne pas le faire moi-même. Et ma première fille avait surtout été un corps complaisant qui m'avait laissé y faire mes griffes. - Evidemment, pourquoi ? - Parce que pour toi ça doit être lointain et perdu dans les brumes. - Je pense que c'est pareil pour toi, Oh-chan. Tu sais dire combien de mecs tu t'es fait depuis ? Je vis Jun me lancer un regard de tueur. Sa main vint se poser sur le genou de son copilote alors que celui-ci me répondait. - Non, je ne sais pas, en effet. Mais je me souviens très bien de ma première fois. - Si cette fille ne l'avait encore jamais fait, fit Jun sans laisser Ohno poursuivre, c'est qu'elle devait avoir une raison. Tu ne crois pas ? - Mouais, pas eu l'occasion qu'elle a dit. - Pfff, t'es vraiment naïf quand tu t'y mets ! Je n'avais pas besoin qu'il appuie là-dessus, je me doutais bien que c'était parce qu'elle y accordait de l'importance. - Ok, j'ai compris. Mais quand même, à son âge, elle a pas besoin d'être couvée comme ça ! - Qu'est-ce que tu connais de leur histoire, Nino ? Et tu as toi-même reconnu que tu m'aurais démoli si j'avais fait du mal à Jun. - C'était un gamin. Il allait coucher avec un type qui enchaînait les histoires d'un soir. - A ton avis, qu'est-ce que Cécile sait de toi ? Je réfléchis un instant à la question. A priori, la réponse était "rien". Sauf peut-être ce qu'on trouvait sur internet ou dans les journaux. Mais je la pensais assez intelligente pour prendre ce genre d'infos avec le recul nécessaire. - Nino ? Je reportai mon attention sur Jun qui me fixait. - Nino, elle est mariée à Teru. Elle lui a manifestement posé des questions sur nous. Et lui sait beaucoup plus de choses que n'importe qui. Tu comprends mieux ? Comment cet aspect-là des choses avait-il pu m'échapper ? ********************** ++Jun++ - Jun ? - Mm ? Je roule trop vite ? Nous venions de déposer Nino devant chez lui avec de quoi réfléchir longuement et étions repartis aussitôt, n'ayant pas de raison particulière de l'attendre. Nos conduites étaient trop différentes pour qu'on puisse se suivre dans la circulation. - Tu veux pas t'arrêter ? J'irai bien aux toilettes... Je fermai les yeux un quart de seconde en soupirant intérieurement. - Si tu l'avais dit plus tôt, tu aurais pu squatter chez Nino, dis-je tout en cherchant quelque chose qui pourrait lui convenir. - Mais Nino est trop à cran, il aurait fait la gueule. Je le sentis se pencher vers moi et l'entendis me murmurer quelques mots tout en posant sa main sur ma cuisse. - J'ai pas envie d'y aller tout seul. Je bénis mes années de pratique et le feu rouge, parce que j'étais sûr que sans ça, je nous aurais faits quitter la route. Généralement, c'était moi qui faisais ce genre de proposition. - Tu sais qu'on nous attend ? demandai-je en priant pour qu'il ne fasse pas glisser sa main plus haut. - On ne sait jamais quand on tombe sur un bouchon... - Toshi, ta main ! - Ben quoi ? C'est pas un bouchon ? ... Ah non, tu dois avoir raison, ça ressemble plus à une bouteille de saké. Je crois que j'ai soif, en fait. - Toshi, grinçai-je en tentant de rester maître de mes mouvements, je conduis ! C'est dangereux ce que tu fais. - Bah ! t'as qu'à t'arrêter alors. Elle a des vitres fumées cette voiture ! - Non! Pas dans la voiture ! Il y a nos costumes à l'arrière, et devant y a pas la place. J'ai pas envie d'avoir encore un bleu énorme comme la dernière fois. - T'avais l'air d'apprécier pourtant. Et puis la tournée est finie, c'est pas grave un bleu... - J'ai un shoot la semaine prochaine ! - Mais on n'a pas nos tenues de camouflage. Et j'ai envie de toi. S'il te plaît ! Je lui attrapai la main et la collai au volant avec la mienne. Ouf, un peu de répit pour réfléchir. ...Ça ne dura pas longtemps. J'avais espéré qu'il oublierait son autre main, mais quand il avait une idée, il ne la lâchait pas ; et manifestement, en cet instant son idée était de me rendre fou. Et ça marchait très bien. Je quittai la route principale pour me diriger vers l'entrée sud du Ohjima Komatsu gawa Park, cherchant à rejoindre le parking situé sous la route. Toshi se rendit compte de ce que je faisais et je devinai le sourire radieux qu'il m'adressa en cessant son petit manège. Lorsque je me garai enfin, il se pencha vers moi et me glissa un "je t'aime" qui m'excita au moins autant que sa main tout à l'heure. Sans répondre, je sortis en remontant le col de mon manteau et attendis qu'il me rejoigne avant de fermer la voiture et lui prendre la main pour l'entraîner vers le parc. Il avait rabattu sa capuche sur sa tête, cachant jusqu'à ses yeux. Nous connaissions le chemin presque par cœur. Gravir l'escalier et rejoindre les cours de tennis, heureusement déserts à cette heure en cette saison, ne nous prit pas longtemps. A peine entrés dans la maisonnette où un petit panneau indiquait "MEN" en bleu, je poussai Toshi dans la cabine, fermai la porte et plaquai mon amant contre le mur. Je m'attaquai à sa bouche avec autant de voracité qu'il avait mis d'empressement à me caresser pendant que je conduisais. Mon pantalon s'ouvrit tout seul, de même que le sien se retrouva au sol. Ses doigts habiles m'équipèrent en un tournemain et il prit appui sur mes épaules pour monter sur mon bassin. Quand il s'empala sur moi, je relâchai ses lèvres pour appuyer ma tête sur son épaule en écartant un peu son manteau. Le grondement de mon gémissement monta comme une vague et ses mains posées sur ma nuque me le firent étouffer contre son épaule. Il tourna la tête vers moi et sa bouche frôla mon oreille. - Chhh. Ne crie pas. ...Prends-moi, Jun... comme tu sais... si bien le faire... Ses paroles gémissantes suivaient le rythme de nos hanches. Que j'aimais cet homme ! Qu'il me domine ou qu'il s'abandonne dans mes bras, je le trouvais toujours aussi beau, aussi désirable. Je glissai ma main entre nous pour le caresser. Dans l'état où nous étions, il ne nous fallut pas longtemps pour atteindre l'extase l'un et l'autre. Je parvins à nous coller au mur le temps de reprendre notre souffle. - Je t'aime Jun, me dit-il en caressant mon cou de ses lèvres. Nos années d'expérience m'avaient appris à savoir quand et comment faire pour ne pas salir nos vêtements de manière trop visible. La main humide que je relevai tenait un mouchoir que je jetai dans la cuvette à côté de nous. - Tu ne lèches pas ? Il voulait ? Il voulait vraiment ça ici encore une fois ? Je n'étais pas contre, bien sûr, mais on nous attendait... Avant de porter ma main à ma bouche, je me retirai de lui et ôtai ma protection tandis qu'il se posait sur le sol. Il ne me laissa que le temps de coller ma langue sur ma peau avant d'en faire autant de l'autre côté de mes doigts. Rapidement, elles se rejoignirent et se mirent à danser un ballet sauvage et sensuel. Les yeux fermés, je me perdais dans les sensations qu'il faisait naître en moi. J'avais retiré ma main et nos bouches se mouvaient l'une contre l'autre, comme nos corps l'avaient fait juste avant. Je le sentais se durcir contre moi. Je nous séparai un instant pour pouvoir reprendre mon souffle et contempler ses yeux fixes et à demi fermés, puis lui demandai tout bas : - Tu veux vraiment encore une fois ? - Oui ! - Gourmand ! - Pervers ! - Je t'aime. Sa main caressa mes cheveux puis ma joue. Ses doigts errèrent un instant sur mes lèvres souriantes. Puis son regard s'anima d'une flamme brûlante. Je devinai ce qu'il allait me demander et commençai à me baisser tout en l'embrassant. - Suce-moi, chuchota-t-il. Je me mis à genoux devant lui, plaquant mes mains sur ses hanches, m'appliquant à l'immobiliser autant qu'à l'exciter davantage. Nous aurions été chez l'un de nous, ou du moins chez quelqu'un, j'aurais accentué les choses, pour entendre sa si jolie voix exprimer tout son plaisir. Mais dans les lieux publics, nous avions appris à nous faire discrets, empêchant mutuellement l'autre de nous faire remarquer. Je ne pouvais pas bloquer sa bouche dans ma position, aussi devais-je faire attention à ne pas l'agacer trop fortement. Au bout d'un temps qui me parut trop court, ses mains vinrent se poser sur mes épaules et glissèrent jusqu'à mon cou, me faisant relever la tête. - Tu aimes ça, ne ? - Je t'aime toi. - Debout ! Je me relevai et voulus me tourner, mais il m'attrapa le bras avec un sourire dangereux et échangea nos places. Je me retrouvai adossé au mur, les mains de Toshi parcourant mon torse avant de descendre sur mes hanches pour dénuder mes jambes. - Je te veux comme tu m'as eu, me dit-il avant de m'embrasser et de relever l'une de mes jambes. Je le laissai faire et bientôt j'agrippai ses épaules de toutes mes forces, gémissant dans sa bouche, cherchant davantage de sensations, me perdant dans le désir qui nous consumait tous deux. Chacun de ses coups provoquait une explosion d'étincelles qui m'embrasaient tout entier. Et lorsque le bouquet final m'illumina, je m'abandonnai dans ses bras, haletant, épuisé, mais heureux d'être là, tout contre lui.
- Appartement de Cécile et Teru:
Et voilà pour aujourd'hui... Laissez vos impressions maintenant. | | | Sam 13 Juil - 10:32 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Humeur : en plein jetlag
| Voici la suite et donc le chapitre de la semaine. - Chapitre 11:
++Lucie++ - … a fait quoi ? - Hein ? Désolée, j’ai pas entendu ce que tu viens de dire. Au sourire moqueur qui flottait sur le visage de mon voisin, je compris que mon excuse était plutôt vaseuse. Ben avait essayé de me ramener à la réalité discrètement quand Airi s’était retournée. Mais le temps que j’émerge, je n’avais entendu que la fin et ne pouvais y répondre sans m’enfoncer davantage. - Je te demandais ce que ça te fait de rencontrer Arashi pour de vrai ? Ils sont cools ne ? Je souris à Airi en guise de réponse. - Je me demande si tu as eu les mêmes impressions que moi quand Teru a débarqué à la maison avec eux un soir. Tu sais, je revenais au Japon pour la première fois depuis que les parents et lui étaient rentrés. Papa et maman étaient de sortie et ils m’avaient prévenue que Teru allait ramener Sho-chan et ses potes. La dernière fois que je l’avais vu, il était juste trop chou. C’était un tout petit garçon malgré ses 12 ans et j’avoue que je n’avais pas fait le lien entre le gamin à croquer et Sakurai Sho du nouveau groupe que sortait la Johnny’s. Il faut dire que pendant des années, je ne m’étais tenue au courant de l’actualité people japonaise qu’à travers les magazines que j’achetais en revenant aux vacances. Avec le retour du reste de la famille au pays, j’étais mieux informée puisque maman m’envoyait le Myojo et autre Popolo régulièrement. C’est quand ils ont débarqué tous les cinq que j’ai fait le lien. J’ai cru m’évanouir de bonheur… Elle était repartie dans son soliloque sans même réaliser qu’à part ma pauvre excuse, je n’avais pas prononcé un mot depuis l’aéroport. Mais quelque part, ça m’arrangeait, au moins elle se faisait la conversation et je n’avais pas à me forcer pour être enthousiaste grâce à elle. Les derniers jours avaient été riches en événements et les prochains s’annonçaient tout aussi excitants. Mais là tout de suite, j’avais envie d’être dans ses bras et Cécile m’en avait sciemment empêchée. Depuis quand le fauteuil et moi ne faisions qu’un ? La rééducation était presque finie et maintenant je ne l'utilisais plus que pour éviter de me fatiguer trop vite. C’était à cause du concert et de la longueur du voyage que je l’avais pris, autrement il serait resté chez elle. Alors qu’elle m’envoie dans la voiture d’Airi et Teru sous ce prétexte, je ne le digérais pas. - Merci de me tenir compagnie sur ce trajet, murmura Ben. - De rien, lui souris-je. Mais je n’aurais pas été là, Airi aurait peut-être été moins bruyante. - Rien n'est moins sûr. Je suis sûr que si Thomas a été capable de dormir hier au milieu du vacarme que nous faisions, c’est uniquement parce qu’il a l’habitude du brouhaha incessant de sa mère. Regarde ! Ben me montrait le couffin où le bébé dormait comme un bienheureux. Je pouffai de rire. - Au moins t’as retrouvé le sourire, c’est une bonne chose. - On est arrivé. Ben, tu m’aides à décharger ? Quand nous pénétrâmes dans la maison de famille des Miura, la mère de Cécile et Ben vint à notre rencontre. - Lucie, Ben, vous vous êtes bien amusés ? - Oui, merci beaucoup. - Lucie, la surprise t’a plu ? - Oui, beaucoup… mais vous aussi, vous allez faire la connaissance des célébrités que sont les amis de Teru. - C’est ce que l’on nous a dit en effet. Mais je crois que ce soir nous allons rapidement fuir vers l'étage afin de vous laisser faire la fête entre jeunes. Nous nous reposerons pour être en forme demain. - Se reposer, j’avoue que c’est tentant aussi… - Mais qu’est-ce que vous avez fait là-bas ? Je croyais que c’était ce que vous deviez faire ? - Bien sûr, mais entre le concert et la journée d’anniversaire de Cécile hier… - Lucie-chan, si tu es fatiguée, veux-tu que je te prépare un thé revigorant ? Miura-san était maître chadô et pour elle, tout pouvait se résoudre grâce à une tasse de thé de sa confection. Nous avions au début de notre séjour assisté à une cérémonie du thé et, si le cérémonial m’avait fascinée, sa longueur m’avait épuisée ; mais Mme Miura, elle, était en pleine forme à la fin. Ne voulant en aucun cas être impolie, j’acceptai et bientôt elle revint avec une théière et servit son contenu à chacune des personnes présentes dans la pièce à ce moment. **************************** ++Sho++ - Riida, quel âge ta première fois ? ...Comment en étions-nous arrivés là ? Une fois tous réunis à la maison des Miura - Matsujun et Riida étaient d'ailleurs arrivés bons derniers et... je ne voulais PAS savoir pourquoi - nous avions salué les parents des mariés. Ceux de Teru étaient des gens qui fréquentaient le même milieu que mes parents. Je connaissais donc leurs différentes facettes sociales. Et je pouvais affirmer que celle qu'ils nous dévoilaient aujourd'hui était celle du cercle amical très proche. Ils semblaient très bien s'entendre avec les parents de Cécile-chan, et pas seulement parce qu'ils parlaient tous français. Quand j'en avais glissé un mot à Teru, il m'avait répondu qu'ils étaient à peu près du même âge, avaient les mêmes centres d'intérêt, venaient de passer trois semaines ensemble et s'étaient même découvert des amis communs en Alsace, la région de France d'où venait Cécile-chan et où les Miura avaient habité lorsque j'étais Junior. Nous avions pris le repas tous ensemble dans les pièces du bas. Il y en avait trois en enfilade dont les panneaux avaient été ouverts pour ne faire qu'une seule grande pièce. La chambre du rez-de-chaussée, qui avait été celle de Teru pendant ses années de fac, avait été dévolue au couple avec enfant. Les deux couples qui allaient marier leurs enfants logeaient dans les chambres de l'étage et les avaient rejointes aussitôt le repas terminé, prétextant vouloir être en forme le lendemain pour le grand jour. Nous nous étions donc retrouvés tous les onze assis en rond à nous regarder avec une certaine hésitation. Il était évidemment inenvisageable de sortir des bouteilles alors qu'il y avait deux femmes qui ne buvaient pas et qu'on risquait une gueule de bois qui aurait fait désordre le lendemain. Mais vu l'ambiance, l'alcool ne semblait pas nécessaire et se coucher si tôt aurait été dommage. - Puisqu'il est hors de question de sortir faire des enterrements de vies de célibataires qui ont de toute façon déjà été faits en France, si on faisait un jeu ? avait lancé Cécile. - Un jeu ? Pourquoi pas. Quelqu'un a une idée ? Après un court moment de réflexion, plusieurs propositions fusèrent parmi lesquelles "tabouge ton corps" et "action ou vérité" remportèrent le plus de ralliements. Ensuite, les choses s'étaient déroulées à peu près normalement. Normalement pour Arashi, s'entend : nous avions décidé du premier à poser la question fatidique par janken géant. Je vis Cécile expliquer rapidement à son frère comment suivre le mouvement et pendant ce temps nous décidâmes que celui qui commencerait serait le gagnant. “Saisho wa gū !” Nous présentâmes chacun notre poing au centre du cercle que nous formions. “Jan-ken-pon !”. Pierres, ciseaux et feuilles fleurirent et nous continuâmes. “Aiko desho !” Cette fois, seules sortirent des pierres et des feuilles. Nino, Jun, Aiba et Ben jouèrent le tour suivant. Celui-ci fut d’ailleurs le dernier puisque seul Aiba avait joué pierre, les autres préférant les ciseaux. Aiba, vainqueur, s'était frotté les mains et nous avait tous regardés les uns après les autres avec l'air d'un chat devant un pot de crème. Et la suite s'était enchaînée comme une mécanique bien huilée. - Riida ! Action ou vérité ? Comme si notre chef pouvait choisir action dans la mesure où il n'aurait pas le droit de toucher Jun ! - Vérité... Le sourire de Ma-chan s'était encore élargi si c'était possible et nous nous étions retrouvés avec cette question que Cécile-chan avait fidèlement traduite à son frère. Et j'étais sûr que c'était fidèle, parce que Ben-kun était aussi ahuri que nous. - Riida, quel âge ta première fois ? - Aiba ! fis-je en mettant une main sur mes yeux. Mais je crois que le pire fut... d'avoir la réponse. En même temps, c'était Ohno... - Seize ans. Il n'avait pas vraiment hésité mais il avait attendu quelques secondes comme s'il réfléchissait et jeté un coup d'œil discret à Jun avant de répondre. - Seize ... ? Wouaaahhhh !!!!!!!! - Onee-chan ! Ne hurle pas comme ça ! Tu vas réveiller ton fils ! Et nos parents ! Pendant que Teru calmait sa sœur, je me demandai si Jun était déjà au courant. Quoique vu son manque de réaction, je supposai que oui. - Ok, ok, je réveille personne, admit-elle presque contrite devant nos gros yeux. Mais Oh-kun... Quand même ! Seize ans ! Tu te rends compte ? - Airi, je pense qu'il était aux premières loges. Et c'est UNE réponse par vérité, sinon on ne s'en sortira jamais ! Satoshi, c'est à toi. Cécile-chan avait recadré la fangirl et souriait à Riida pour l'encourager à choisir une victime. - Mmm... Thierry-kun! Action ou vérité? Tout le monde regarda le Français qui sembla chercher à deviner ce que pourrait bien lui demander Oh-chan. Et c'était vrai qu'avec lui, on pouvait s'attendre à tout, peut-être même plus encore qu'avec Aiba-chan qui n'était pas encore revenu de la réponse qu'il avait eue. - Action. - Satoshi-kun, intervint Teru, interdiction de tenter de lui faire reproduire une de tes chorées. Y a pas beaucoup de mobilier, mais ce serait bien qu'il reste entier ! Les deux beaux-frères échangèrent un regard lourd avant de se sourire largement. - Ok. Thierry-kun, je propose que tu fasses trois fois le tour de la pièce... - Sur les mains ? demanda Ma-chan. - En courant ? suggéra Ai-chan. - Non, en portant à chaque fois une des filles. Le tout en une minute trente. Top chrono ! Sa femme était encore en train de rire aux éclats quand Thierry-kun la prit dans ses bras pour commencer son tour. A tel point qu'elle faillit tomber. Puis au bout de son tour, vivement encouragé par les autres, il enleva Lucie-chan qui n'avait pas l'air rassurée du tout. Elle se cramponnait à lui en fermant les yeux de toutes ses forces. Nous lui laissions la place de passer autour de nous, mais riions à perdre haleine. Quand il reposa la pianiste saine et sauve, il se tourna vers la jeune mariée qui lui fit comprendre d'un geste impérieux qu'elle voulait lui grimper sur le dos. Et c'est ainsi qu'il acheva son défi dans les temps, sous nos remarques hilares. Quand Cécile-chan descendit de sa monture, cette dernière nous regarda d'un air faussement offensé. - Ça vous a fait rire ? - Hai ! s'exclama Ben-kun qui semblait avoir compris la question sans traduction. - Si c'est comme ça... Benjamin! Action ou vérité ? Là non plus, pas besoin de traduction. - Hey ! T'étais pas obligé de le choisir, on l'aurait pas laissé de côté ! - Sans doute pas, Nino-kun, mais s'il te répond 'vérité', tu sais quoi lui demander ? - Euh... - Alors Ben? - Action. J'eus l'impression de voir une fugitive expression déçue sur le visage de Thierry-san. Mais elle fit rapidement place à un sourire encore plus naïf que celui de Ma-chan et aussi dangereux que ceux de Nino. - Très bien. Tu t'es fichu de moi pendant que je portais les filles, ne ? Alors... Il fit se lever tout le monde pour que nous allions tous nous installer près de la porte qui donnait sur le couloir au bas de l'escalier et à l'entrée de la salle de bain. Nous avions gardé toutes les cloisons coulissantes ouvertes entre les trois pièces où nous étions installés pour manger un peu plus tôt. Leur longueur totale était de cinq tatamis et demi. - Tu vois ces salles où nous sommes et qui vont d'ici jusqu'à la porte qui ouvre sur le jardin ? Tu as deux minutes trente pour traverser ces trois pièces d'un bout à l'autre. - Thierry ! intervint mon ami, c'est pas parce que tu proposes un parcours en ligne droite qu'il est possible d'y faire davantage d'acrobaties. Cécile-chan nous avait traduit le gage donné par son beau-frère et Aiba riait de toutes ses dents en demandant au Français si l'autre devrait le faire à reculons ou sur les mains. - Iie. Vous marrez pas trop les gars. Ben aura aussi des poids à porter. Et comme il prétendait avoir plus de force que moi l'autre jour... Ben, ce sont ces cinq zigotos que tu vas devoir transporter du départ à l'arrivée. Tu t'y prends comme tu veux, on te donnera le départ quand on sera bien installés pour admirer la performance. Pendant que Thierry-san, Teru-kun et les filles retournaient dans la pièce du fond, après nous avoir calmés en nous donnant la traduction des consignes, Ben avait entrepris de soulever légèrement chacun d'entre nous. On ne pouvait s'empêcher de se lancer des regards pas très rassurés. - Ben ? C'est bon pour toi ? - Ok, répondit-il laconiquement en langage universel. - Aloooors... Top ! Il se tourna vers moi et m'attrapa le bras droit tout en se baissant pour me prendre la jambe droite. Quand il se releva, je me retrouvai en travers de ses épaules, comme porté par un pompier, et nous traversâmes les trois pièces rapidement. Il me déposa comme il m'avait pris et je pus voir mes collègues, l'air plus ou moins inquiet, le regarder revenir vers eux avant d'embarquer Matsujun de la même façon. A chaque dépose au point d'arrivée, Thierry annonçait quelque chose que je compris être le temps restant. - Alors ? demandai-je à Teru comme Aiba était chargé sur les épaules du rouquin. Il est dans les temps ? - Il se débrouille bien, d'autant qu'il a commencé par les plus lourds. Mais j'ai peur que ce ne soit quand même un peu juste. Les pieds de Ma-chan venaient de retrouver les tatamis et il s'appuyait sur moi pour regarder le chrono par-dessus mon épaule. - Eh ! Pourquoi il fait monter Satoshi-kun sur son dos ? Le cri d'Ai-chan nous avait fait lever la tête. Nous vîmes Ben-kun se relever avec Riida sur le dos et se pencher pour embarquer Nino comme une princesse. Ainsi chargé, il traversa les pièces plus lentement mais parvint à l'arrivée dans le temps imparti. Après avoir justement applaudi l'exercice, nous nous rassîmes en rond sur nos zabuton . La victime suivante, Ai-chan, insista tellement pour que son action soit d'embrasser l'un d'entre nous que Ben-kun l'envoya... vers son frère, à notre grand soulagement à tous. Le désappointement de la fangirl ne dura que le temps de choisir Jun pour poser la question rituelle. Marvelous demandant une action, elle souhaita le voir refaire "shake it" comme au concert, ce qui souleva un tollé de protestations. Et elle fut obligée d'interroger quelqu'un d'autre. Teru-kun se retrouva donc forcé de nous faire une démonstration de valse avec sa femme. Bien que très drôle de notre point de vue, nous fîmes cesser la torture assez rapidement par pitié pour les pieds de la jeune femme qui tentait de garder le corps droit en souriant tendrement à son époux. Puis à la demande de Teru, Lucie-chan énuméra les pays dans lesquels elle avait séjourné. En l'entendant égrener France, Suède, Allemagne, Angleterre, Italie, Etats-Unis, Canada et Japon, nous comprîmes un peu mieux son intérêt pour les langues étrangères. En voyant la jeune femme se tourner vers notre gamer, et surtout les yeux qu'elle faisait, je me dis que mon pauvre Ma-chan n'avait encore une fois aucune chance d'être le premier à la séduire. Sans doute ferait-il comme souvent, recollant les pots cassés par Nino. Combien de fois déjà Jun et moi avions failli accrocher une pancarte sur notre ami indiquant "Cœurs fragiles, attention à vous !" ? Toujours est-il que c'est bien à Nino que Lucie-chan demanda de choisir. - Action ! fit-il avec un de ces regard qui faisaient fondre les midinettes. - Parfait ! Nino, Cécile est très tendue, donc je te charge de lui masser les épaules ! Nino se leva en marmonnant mais s’exécuta quand même. Alors qu’il posait ses mains sur les épaules de Cécile, il se mit à grimacer. - T’es qu’un paquet de nœuds ! - Et toi une brute ! Kazunari tu me fais mal ! - C’est pas de ma faute ! Lucie était pliée de rire et ses deux victimes la fusillèrent du regard. Elle inspira profondément pour calmer son fou-rire. - Cécile je te promets, c’est un mal pour un bien ; Nino, tu comprends pourquoi je voulais que tu lui fasses un massage ! Demain c’est un grand jour et si Cécile peut être un peu plus détendue grâce à ça … Au bout de dix minutes, les deux crièrent grâce. Nino se massait les poignets et Cécile testait la nouvelle mobilité de sa nuque et ses épaules. - Bon. A moi… J… Action ou vérité ? - Avec toi aux commandes ? C’est l’action la moins dangereuse ici… donc action. - OK… Tu vas nous prouver la confiance que tu as en nous… Teru ? T’as un foulard pour lui bander les yeux ? - Hé !!??? - Moi j’ai ! annonça Ai-chan qui se précipita hors de la pièce. Pendant ce temps, Nino entreprit de disposer divers objets à travers la pièce dont un tabouret, nos verres qu’il posa comme des plots au sol… puis il montra à Matsujun le parcours qu’il allait devoir faire en aveugle sous nos conseils. Quand une minute plus tard Jun se retrouva aveuglé par un masque de nuit rapporté par Ai-chan sur lequel Nino avait noué l’écharpe qu’il venait de dérober autour du cou de Lucie, il me demanda d’emmener sa victime sur la ligne de départ. Pendant ce temps, il ôta tous les obstacles de la pièce et le pseudo parcours du combattant commença. Après l’avoir ridiculisé quelques minutes, Nino le jeta dans les bras de Satoshi et ce fut la fin de l’épreuve puisque le Marvelous ôta son bandeau. En constatant la disparition des obstacles qu’il venait d’essayer d’éviter, sa mauvaise humeur apparut. - Bien ! souffla Jun en se rasseyant. A mon tour ! Alors... Il promena son regard de taupe sur le cercle que nous formions. Et vu comme le tour de Nino l'avait agacé, je plaignais sincèrement la pauvre victime qu'il allait choisir. - Cécile ! - Vérité, répondit-elle sans attendre la question. - Ok. Tu es en train de discuter avec quelqu'un et le téléphone sonne. Tu choisis quoi ? - ...Je poursuis ma conversation avec la personne en face de moi. C'est pour ça qu'il y a des répondeurs, non ? Ça me paraissait assez normal, sauf que je vis Riida poser une main apaisante sur le genou de son voisin et que je les connaissais suffisamment pour savoir que quand l'un cherchait à calmer l'autre, c'était que son amant était près d'exploser. - Donc quand tu m'as snobé l'autre jour, c'était juste parce que tu estimais que ma conversation n'avait aucun intérêt ? Oups ! Ça partait mal... Il y avait un je-ne-sais-quoi de rage dans la voix de Marvelous, et les autres l'avaient senti aussi. - L'autre jour ?... demanda Cécile-chan avec l'air pensif de celui qui cherche sans voir de quoi on lui parle. Oh ! tu veux dire, après le concert ? - Hai ! cracha Jun. Cécile fixa notre ami un court instant avant de passer de la position en tailleur à celle à genoux. Puis elle s'inclina devant son interlocuteur. - Je te demande pardon si je t'ai froissé. J'attendais cet appel qui venait de France. C'était mon grand-père qui me donnait des nouvelles de ma grand-mère. Elle avait été hospitalisée et il m'annonçait que tout allait bien. Et comme il est un peu sourd et préfère qu'on lui parle italien, j'étais obligée de crier dans le combiné. Sans compter que lui et les répondeurs... ça fait deux ! Et après avoir raccroché, j'étais tellement contente de la nouvelle que j'ai un peu zappé ce que je faisais avant. Je suis vraiment désolée. Elle restait la tête penchée en avant et n'avait donc pas vu que Jun s'était détendu dès qu'elle avait parlé d'hôpital. - Excuses acceptées, finit-il par lancer en voyant qu'elle ne se redressait pas. Il inclina la tête quand elle le regarda enfin et lui signala que c'était à elle. J'étais soulagé que ça se soit limité à ça. Et quand elle m'adressa la parole, je fixai ses yeux noisette sans la comprendre. - Truth or dare ? - Dare! répliquai-je aussitôt. Ce qui déclencha l'hilarité générale. - Qu'est-ce que j'ai dit ? - Rien, rien, m'assura-t-elle. Mais puisque tu réagis manifestement mieux en anglais qu'en japonais... Tu vas nous faire une interview de mon frère sur son boulot. Et ça doit être intéressant ! Attention, on va vérifier, je fais la traduction en japonais. - Des réponses de ton frère ? - Non, Sho, vous, vous vous causez en anglais. Vous êtes prêts ? Vous avez trois minutes, top ! Je n'avais pas bien compris ce qu'il s'était passé, mais je regardai le rouquin avant de me dire qu'après tout, je pouvais bien risquer le coup. Et c'est ainsi que je tentai de faire raconter son travail au Français. Sauf qu'il me fallut déjà une bonne minute avant de comprendre qu'il était dessinateur, puis encore une autre pour saisir qu'il dessinait des meubles et des menuiseries. Et je me maudis pour avoir essayé de parler des instruments, parce que c'était trop technique pour mon vocabulaire. J'étais plus habitué à interviewer des sportifs ou à parler cinéma ou chanson. Au bout des trois minutes de torture, Cécile-chan demanda leur avis aux autres. Mes camarades avaient manifestement beaucoup aimé les traductions qu'elle leur avait faites, si j'en croyais les larmes de rire qui traînaient aux coins de leurs yeux. Lucie, Ai-chan, son mari et Teru-kun étaient tout aussi pris par leur fou-rire, mais ils acceptèrent de donner leur avis qui pouvait se résumer par "ça ne nous a pas appris grand-chose sur le métier de dessinateur industriel, mais qu'est-ce que c'était drôle !". Je pinçai la bouche en entendant cela, mais la main de Ben-kun sur mon épaule et sa petite phrase encourageante me disant que lui avait tout compris de mes questions, me mirent un peu de baume au cœur. Et c'est un peu ragaillardi que je me tournai vers le seul qui n'avait pas été interrogé. - Aiba-chan, action ou vérité ? - Action !! Action ! Toujours, tu sais bien ! Oui, je savais. Il racontait déjà assez de choses personnelles sans qu'on lui pose de question... - Bien. Tout à l'heure tu avais l'air d'en vouloir à tout prix pour les autres, alors... fais donc le tour de la pièce sur les mains ! Il ne protesta même pas et se lança dans son défi aussitôt. Naturellement, il s'en sortit presque tout à fait bien. Presque parce qu'il fallut que Teru et Jun rattrapent des cadres qu'il avait frôlé d'un peu trop près. Mais il fut applaudi quand il se réinstalla sur son zabuton. Et tout content de son tour, il regarda Lucie-chan dans les yeux pour lui poser la question rituelle à laquelle elle répondit avec candeur par un "vérité" très clair. L'inconsciente ignorait sans doute que lorsque Ma-chan avait trouvé un bon filon, il ne l'abandonnait pas comme ça. - Lucie-chan, quelle âge ta première fois ? - Masaki ! s'insurgea Cécile-chan. On ne pose pas ce genre de question à une femme ! - Cinq ans, répondit pourtant sa voisine. Tout le monde la dévisagea avec des yeux ronds. Qu'est-ce que c'était que cet âge ? Je ne pus m'empêcher d'imaginer tout de suite le pire, me demandant ce qui lui était arrivé. Et aux têtes effarées des autres, je compris que je n'étais pas le seul. - C'était sur le piano de ma grand-mère. J'avais le droit d'y toucher pour la première fois. Et j'ai joué "Au clair de la lune". Puis, nous balayant du regard, elle ajouta : - Franchement, vous avez l'esprit mal tourné ! ...Allez, à moi ! Alors, Oh-chan, y a un truc que je voudrais te demander. Donc on va commencer par : action ou vérité ? Il la regarda quelques secondes à travers des paupières mi-closes puis décida. - Action ! Il ne devait pas avoir envie de répondre à une question de fan... - Génial, exactement ce que je voulais. Comme c'est demain le mariage, et qu'il ne faut pas compter sur Teru pour ce genre de choses... et qu'en plus, elle aime vraiment beaucoup ta voix... je voudrais que tu chantes "Rain" à Cécile en mode sérénade. Les yeux de Riida ressemblaient à ceux de ses poissons, ronds et ahuris. - Eeeeh ? Pourquoi en mode sérénade ? - Pour le fun, sourit-elle. - Allez Satoshi-kun ! encouragea Ai-chan. Tu peux pas te défiler. Il maugréa un instant avant de s'exécuter sous nos regards goguenards. La séance sembla plaire à la jeune femme qui avait fermé les yeux, sans doute pour mieux écouter la voix de Riida sans être perturbée par Nino et Aiba-chan qui nous mimaient Roméo et Juliette de leur côté. Une fois qu'il eut fini, il resta à regarder Cécile-chan un instant puis, après un rapide coup d'œil à Jun, lui demanda si à l'occasion elle l'accompagnerait pêcher en mer. Elle n'hésita pas une seconde avant de répondre oui avec un grand sourire. J'avais comme l'impression que ces deux-là s'entendaient très bien, au contraire du binôme Cécile-Jun. Ce fut pourtant lui que Cécile interrogea, lui posant une double question. - Quel défaut ne supportes-tu pas chez quelqu'un, et quelle qualité te paraît indispensable? Matsujun la fixa un instant avant d'énoncer ce que nous savions déjà, à savoir qu'il ne tolérait pas le manque de franchise et qu'il appréciait la motivation pour faire les choses jusqu'au bout. Puis il se tourna vers Ai-chan, ce qui me semblait moins dangereux qu'un autre choix, vu que nous savions tous les quatre plus ou moins qu'il n'avait pas digéré le coup du sale gosse. Sauf qu'il était capable d'être tout aussi retors... - Ai-chan, action ou... - Action ! le coupa la FG, plus que jamais enthousiaste. Et pas un truc idiot comme tout à l'heure ! - T'en fais pas, ça va te plaire, assura le plus jeune. Tu vois Nino ? Tu vas t'installer dans ses bras pour les cinq prochaines minutes. - Hey !!! protesta le futur fauteuil. J, je... - C'est le gage d'Ai-chan, tu n'as rien à dire. Je vis le gamer lancer des regards noirs à Jun pendant que la sœur de Teru s'installait confortablement dans ses bras. Au grand soulagement de notre ami, bébé Toma fit entendre sa voix, interrompant le gage et la partie. Tout le monde estima en effet qu'il était grand temps de changer de jeu, et pendant qu'Ai-chan et son mari allaient vérifier leur petit bout, nous nous retrouvâmes divisés en deux équipes pour s'affronter sur des définitions par mime. Le jeu était plus vif et encore plus amusant que le précédent, mais il fallut tout même y mettre un terme quand Thierry-san vint nous signaler qu'on nous entendait très bien de l'autre côté du couloir. La jeune maman était revenue avec son mari mais resta avec nous alors que le père rejoignait son fils pour la nuit. Nous installâmes les futons, décidant que le couple des mariés serait séparé pour la dernière nuit avant le mariage. Il y eut donc la rangée des hommes contre le mur de la maison, et la rangée des femmes contre la cloison de la cuisine-couloir. Ai-chan, Cécile et Lucie ne suffisant pas à faire des groupes équilibrés, il fut décidé que Ben-kun se joindrait aux filles en tant que petit frère. Et Jun compléta le groupe en râlant un peu sur le fait qu'il ne voyait pas en quoi être le plus jeune le désignait automatiquement. Je lui adressai un sourire d'encouragement. Je savais qu'il avait compris que c'était la manière la plus diplomatique de le séparer de Riida pour la nuit afin que tous les couples soient à égalité et qu'Ai-chan ne tombe pas sur eux deux enlacés au petit jour. Et puis, il y aurait cette nuit, la nuit prochaine de mariage, et ensuite, ils auraient tout le loisir de se retrouver chez Jun, puisque l'appartement d'Oh-chan lui servait plus d'atelier qu'autre chose. Après tout, rien ne leur interdisait de vivre ensemble, du moment qu'ils restaient discrets. Avant de nous coucher, nous tentâmes un dernier jeu où, à tour de rôle, nous devions faire deviner aux autres une chanson en en interprétant les premiers mots. Lucie nous impressionna par sa connaissance du répertoire japonais, traditionnel et pop. Riida bloquait comme d'habitude sur les titres à trouver alors qu'il avait fallu mettre quinze secondes de handicap à Jun pour qu'il laisse une chance aux autres. Et lorsque nous entendîmes une interprétation tout en bâillements d'un tube de Mickaël Jackson, nous décidâmes d'éteindre les lumières et de nous endormir sagement. La journée de demain serait suffisamment longue comme ça.
- Plan de la maison des parents de Teru:
| | | Mar 23 Juil - 9:51 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
Age : 44
Localisation : Osaka!!! enfin!!!!
Loisirs : lire, fansubber, checker, chanter...
Humeur : en plein jetlag
| Coucou! C'est aujourd'hui mardi et donc... je vous poste un chapitre!! Pour les impatients ou curieux, je peux vous annoncer dès à présent que d'ici 24h vous trouverez un nouveau chapitre de la genèse... Pour faciliter votre lecture du jour: C'est le "journal de Cécile" en français dans le texteVoilà... - Chapitre 12:
++Cécile++
Française née de parents français, des grands-parents paternels italiens que j'ai toujours entendu parler patois, des aïeux venus d'un peu toute l'Europe, j'ai naturellement développé un certain goût pour les langues. Et j'en ai fait mon métier. Interprète pour différents cadres, des entreprises privées aux instances supra nationales, j'ai pu profiter de beaucoup d'expériences dans des domaines variés. Et c'est ainsi que j'ai rencontré Teru. Miura Teruki. Un regard de velours moiré, une voix douce pleine de chaleur et des mains d'artisan, larges et assurées. Le premier Japonais que je rencontrais qui me salua d'une poignée de main franche, accompagnée d'un sourire irrésistible. J'ignorais alors qu'il avait passé sa propre adolescence en Alsace. Son père, cadre haut placé d'une entreprise ayant une filiale en France, nommé à la tête de celle-ci pour quelques années, avait fait suivre le mouvement à toute sa famille. Et la famille avait si bien suivi que la grande sœur de Teruki, Airi, s'était trouvée un charmant Alsacien à épouser. Les parents et le frère, repartis au Japon à la fin des études secondaires de Teru, étaient revenus en France pour la naissance du premier petit-enfant de la famille. D'autres parents les avaient rejoints pour rencontrer ce bébé. Et s'il avait profité de son séjour entre Vosges et Rhin pour revoir des amis et sortir avec eux, il avait reçu la mission de promener les frères et sœurs de ses parents. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à une excursion au Haut-Koenigsbourg organisée par le Consulat du Japon à Strasbourg. Je m'y trouvais moi-même pour accompagner un petit groupe de députés Italiens qui s'étaient décidés à visiter ce monument à la dernière minute suite à une annulation de séance et qui m'avaient embarquée d'autorité en me promettant du temps "libre". En réalité, j'avais été promue bien malgré moi guide touristique improvisée. La présence de ce groupe de Japonais m'avait permis de faire la traduction du commentaire pour mes Transalpins en goguette, bien que ces derniers semblaient prendre un grand plaisir à examiner chaque détail de chaque pierre tandis que les Nippons avançaient à vitesse grand V . Teru s'était rapidement rendu compte de mes efforts pour maintenir le rythme de notre visite au même niveau que la leur. Quand je le vis se rapprocher du guide pour lui demander, en français, de nous attendre, je ne pus retenir un sourire de soulagement. Et quand une heure plus tard, appuyée contre la rampe de l'escalier menant au salon de thé, je regardais s'éloigner sans regret mes députés vers la sortie, il vint me rejoindre pour me saluer dans sa langue maternelle. Acceptant volontiers le café qu'il me proposait, je me retrouvai à discuter avec lui de tout et de rien. De fil en aiguille, nous décidâmes de redescendre vers la plaine dans sa voiture (j'étais venue avec les Italiens, mais je les avais assurés que je me débrouillerai pour redescendre en bus. Cela les arrangeait... et me permettait de ne plus avoir à les supporter davantage), en compagnie de deux de ses tantes. Me trouvant agréable, et apprenant que je maîtrisais la langue de Goethe, contrairement à leur neveu, ces dernières me proposèrent de les accompagner le lendemain en Allemagne pour une journée shopping. Ne me laissant pas le temps de décliner l'offre - ce qui était pourtant mon intention car je n'ai JAMAIS aimé les endroits pleins de foule - Teru se proposa pour faire chauffeur en m'offrant un sourire timide. Je pensai qu'il me fallait refuser malgré la perspective de revoir ce charmant jeune homme, mais ma bouche formula une réponse positive. Et c'est ainsi que nous nous revîmes le lendemain. Et les jours suivants. Il devint rapidement évident pour nous deux que notre attirance était réciproque. Nous aimions les mêmes plats, partagions la même manière d'envisager la vie, riions des mêmes choses. Sa main posée sur la mienne me faisait frissonner ; lui, semblait envoûté dès que je me donnais la peine de faire descendre ma voix dans les tons les plus graves. Quand il m'informa au bout de deux semaines qu'il devait rentrer au Japon régler des affaires pour son travail, je ressentis un horrible pincement au cœur que je n'avais plus connu depuis quelques années. Depuis que mon dernier petit ami en date m'avait annoncé son intention d'entrer au séminaire, en fait. Teru m'assurait que nous garderions facilement le contact via internet, mais je n'avais jamais été une grande fan des relations longue distance. Je le laissais partir sans lui parler de mes inquiétudes et tentais de me convaincre que cela n'avait pas grande importance. Une amourette de vacances comme on en a à quinze ans. Sauf que j'en avais plus du double et me trouvais particulièrement stupide de réagir de cette manière. Deux semaines plus tard, la session parlementaire n'en finissait plus et mon remplaçant semblait avoir oublié le chemin des boxes de traductions, quand on vint me prévenir que ma colocataire avait tenté de me joindre pour la troisième fois en une demi-heure. Lucie était mon amie depuis dix ans. Quand elle était tombée malade Outre-Atlantique, je n'avais pas pu être là pour elle, embarquée que j'étais dans une mission itinérante le long du Danube pour une quelconque œuvre écologique. J'avais appris sa maladie et son retour en France dans un port de la Mer Noire et sauté illico dans un avion à destination de Paris. Et lorsqu'elle avait pu sortir de l'hôpital où elle était cloîtrée, je lui avais proposé de venir habiter chez moi à Strasbourg, au moins provisoirement. Elle s'était trouvé du travail, et je n'étais pas vraiment pressée de la voir prendre un appartement. Je savais que nos conversations interminables me manqueraient, et je m'en voulais d'avoir été absente et injoignable. C'est pour cette dernière raison que j'avais planté mes parlementaires en version originale non sous-titrée (j'appris par la suite que mon remplaçant avait mis un bon quart d'heure à arriver après mon départ...) et que j'avais foncé chez moi. Là, la demoiselle m'ouvrit la porte, me salua en m'assurant qu'elle se portait à merveille et m'annonça qu'elle devait sortir mais me laissait un visiteur-surprise qu'elle avait installé sur la terrasse qui donnait sur l'Ill. Littéralement statufiée par l'avalanche de nouvelles et le départ précipité de mon amie, je ne repris mes esprits que quelques minutes après son départ, la veste toujours sur le dos et une chaussure au pied. L'invité resté sur la terrasse était rentré et me regardait en souriant depuis l'encadrement de la porte du salon. Ce fut le soir de la première nuit que Teru et moi passâmes ensemble. Lucie avait squatté chez une de ses collègues, fidèle à sa délicatesse native et son sens de l'à-propos inné. Le lendemain, quand elle appela pour savoir si elle pouvait passer récupérer un sac qu'elle avait oublié, je lui intimais l'ordre de rentrer immédiatement. Je n'avais pas l'intention de la laisser s'en tirer comme ça. Au final, nous nous étions retrouvés à discuter à trois pendant deux heures, avant qu'elle ne se décide à repartir travailler. Et moi, pour la première fois depuis que j'avais commencé à travailler, j'avais demandé quelques jours de congés sans donner d'explication. Je n'avais pas osé dire que je devais discuter de mon prochain mariage avec mon futur mari. J'avais tellement l'impression que c'était un rêve, la réalisation de quelque chose que j'avais envisagé quelques fois et qui n'avait jamais pu aboutir. Et c'est ainsi qu'à peine quelques mois plus tard, Teru et moi nous étions dit "oui" une première fois avant de nous envoler pour l'autre bout du monde et de renouveler notre échange de consentements. J'avais laissé derrière moi, non sans appréhension, ma famille, mes amis et tout mon univers familier. Heureusement, Lucie m'avait accompagnée à la fois pour faire du tourisme dans ce pays qui lui plaisait et pour me permettre une transition moins rude. Le retour de mes parents, venus avec mon frère nous rejoindre juste après Noël, était prévu pour le dimanche suivant le mariage, celui de Ben quelques jours après et ma Lucie devait rester encore jusqu'à la fin du mois. Il n'était pas dans mon tempérament de me faire une montagne de l'inconnu. Des siècles de déplacements avaient dû s'inscrire dans mes gènes et, de même que mes aïeux s'étaient adaptés à leurs nouveaux pays, je comptais bien me faire à cette nouvelle vie.
************** ++Jun++
- Nino… Ton smocking est sur le portant… Nino ? Les gars, z’avez pas vu Nino ? Aiba qui était en train de boutonner sa chemise et Toshi répondirent non avec un ensemble admirable. Je jetai un coup d’œil en direction de la porte avant de reporter mon attention sur le col de mon petit ami dont je nouais le nœud papillon. - Tu sais Sho-kun, je l’ai pas vu depuis tout à l’heure dans le couloir quand il a demandé dans quelle suite on se changeait… - Jun, puisque t’es prêt tu voudrais pas aller le chercher alors? me demanda mon ami légèrement stressé. Miura-père lui avait demandé de veiller à ce que nous soyons prêts pendant qu’il s’occupait de son fils et de la partie masculine adverse sans oublier lui-même. Ben venait d’ailleurs de sortir de la suite où il avait été habillé (et un rouquin dans un kimono de cérémonie n’est pas un spectacle que l’on voit tous les jours). Il fit le tour du salon du regard avant que celui-ci ne s’arrête, avec un sourire d’un calme horripilant, sur Sho en train de devenir lentement fou. Il se dirigea vers ce dernier, se baissa à un mètre de lui pour ramasser quelque chose et lui tendit la chemise qu’il avait oublié de mettre sous le gilet et la veste. Pendant ce temps, j’avais attrapé mon téléphone. Quand je tombai sur la messagerie de Neen, je me résolus à partir à sa recherche. J’avais bien une idée de ce qu’il pouvait être en train de faire et, si je ne me trompais pas, il devait également manquer un élément féminin à la noce… … - Allo ? la réception ? Quelles chambres ont été réservées pour la noce Miura ? …
**************
++Lucie++
- Nino… non. Je m’écartai de ce dernier alors qu’il glissait insidieusement ses mains sous mon pull. - Mais c’est le seul moment qu’on risque d’avoir de la journée… - Désolée, mais j’ai un kimono à mettre, et comme c’est une première j’aimerai autant ne pas être pressée… - Mais j’ai envie de toi depuis hier… - … Et ça devra attendre après la réception parce que là j’y vais. J’ouvris la porte pour tomber sur Matsujun qui s’apprêtait à frapper. Il s’écarta pour me laisser passer et je l’entendis commencer à engueuler Nino alors que je me dirigeai vers la suite où Cécile, Airi et leurs mères devaient déjà être en train de se changer. Au moment où nous nous allions nous séparer, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, jusqu’à la cérémonie, je m’étais sentie tirée en arrière et trente secondes plus tard j’étais dans une chambre seule avec Nino. Nous n’avions plus eu une minute pour être ensemble depuis la veille et j’étais heureuse qu’il veuille m’avoir pour lui tout seul quelques instants. Pendant un moment, nous nous étions embrassés et câlinés, blottis dans les bras l’un de l’autre, mais bientôt j’avais senti ses doigts s’infiltrer sous mes vêtements et sa tentative d'effeuillage m’avait ramenée à la réalité. - Ah Lucie, tu es là. Tu t’es retrouvée séparée du groupe comment ? - … dans… le hall… il y avait trop de monde et vous avez avancé trop vite. - Gomen, tu aurais dû crier ! C’est cela… oui… Heureusement qu’Airi n’était pas Cécile et que cette dernière n’était pas dans son état normal aujourd’hui, parce que la rougeur de mes joues ne serait pas passée inaperçue quand mon chaperon avait répété au reste du clan ce que je venais de débiter comme mensonge. Bientôt je fus bientôt soumise au bon vouloir du bourreau en chef (coiffer mes cheveux a toujours été une torture pour moi pour un résultat souvent décevant à moins que l’on ne me transforma en pelote d’épingles avant de me noyer sous quelques litres de laques…) puis je passai par les mains d’une maquilleuse avant d’être emballée dans des mètres de tissus maintenus par un obi savamment noué. Quand je fus libre de mes actes, seule Cécile n’était pas encore totalement habillée mais dès qu’elle le fut, le signal du départ fut donné.
**************
++Jun++
- Nino ! T’abuses ! - Même pas… A la tête boudeuse de mon ami, je devinai qu’il n’avait pas obtenu tout ce qu’il voulait. Je m’en étais d’ailleurs douté quand Lucie-san avait ouvert la porte habillée de pied en cap et les joues moins rougissantes que la veille alors que je les surprenais dans une situation plus compromettante. Enfin un coup d’œil au lit m’avait permis de voir que les draps n’étaient même pas froissés, et si Nino savait faire avec peu de moyens, je savais aussi que s’il était allé jusqu’à occuper une chambre, c’était pour utiliser le mobilier mis à sa disposition. - Allez, fais pas ta tête de geek et dépêche-toi. Sho est sur le point de s’auto-détruire et ta disparition ne fait qu’accélérer le processus ; sans compter que tu as raté une occasion de se moquer de lui… - Pourquoi ? - Il avait oublié de mettre sa chemise. En quelques pas, nous avions rejoint la suite. Quand nous y pénétrâmes, Sho expédia Kazunari dans la salle de bain et je rejoignis le reste du groupe qui discutait avec les témoins des mariés, le mari d’Airi faisant le traducteur entre le p’tit frère et mes potes.
**************
++Aiba++
Quand Sho avait découvert la disparition de Nino, j’étais dans la salle de bain et j’en étais sorti pour découvrir Ben-kun en train de servir de porte-manteau à Sho qui s’acharnait sur les boutons de sa chemise. Riida regardait la scène, amusé et bientôt le mari d’Ai-chan sortit de la pièce où des habilleurs aidaient les témoins, les pères et le marié à revêtir leur hakama. Jun était bientôt réapparu, remorquant un Nino boudeur. Les seules fois où je le voyais faire cette tête, c’était quand ses jouets ne lui obéissaient plus. Donc là, ce n’était ni le fait que Jun soit parti le récupérer, ni les paroles sèches de Sho qui pouvait entrainer cette mine tout en longueur. Ce dernier l’invita à prendre ma place dans la salle de bain et Nino obéit en attrapant le cintre de son costume au passage. Quand il sortit, il se carra dans un fauteuil, faisant apparaitre sa DS de je ne sais où, et ne l’éteignit que lorsque le marié et les pères sortirent à leur tour des chambres où ils s’habillaient. Une fois tous prêts, nous étions allés jusqu’à la suite des dames. Ai-chan et Lucie-chan avaient été les premières à apparaître dans leurs kimonos de cérémonie, la seconde s’appuyant sur la première pour assurer son équilibre. Le kimono prune d’Ai-chan la mettait parfaitement en valeur mais Lucie… Le bleu, ciel d’été, faisait encore plus ressortir sa blondeur. Elle n’était pas juste mignonne cette fois, elle était carrément craquante dans ce furisode au point que je sentis l’envie de me battre pour elle. Elle s’arrêta un instant pour nous regarder, adressant un sourire adorable à chacun d’entre nous. Puis Ai-chan l’entraîna vers leurs cavaliers qui leur prirent le bras. La mariée sortit à son tour de la pièce accompagnée de sa mère et celle Teru. Elles aussi avaient revêtu de magnifiques kimonos mais Lucie avait quelque chose de plus me semblait-il. C’est ainsi que nous partîmes pour le temple situé en face de l’hôtel.
**************
++Nino++
Quand elle était apparue dans son kimono de cérémonie, tout l’énervement qu’avait entrainé son départ précipité de la chambre disparut. La vision qu’elle m’offrait maintenant en valait la peine. La pâleur de sa peau et ses cheveux dorés étaient mis en valeur par le ton bleu adouci par des motifs plus pâles et dans un dégradé mauve. Elle portait un Furisode. Traditionnellement ce kimono était réservé pour les mariages aux jeunes femmes célibataires de la famille des mariés. Cette entorse à la règle montrait combien les deux amies étaient proches. A côté, le très chic Irotomesode de la FG paraissait bien terne et triste. Instinctivement je fis un pas dans sa direction mais quand elle s’accrocha au bras du grand roux qu’est le petit frère de la mariée, mon exaspération rejaillit. Quand nous partîmes quelques minutes plus tard, je me plaçais en arrière de la petite troupe que nous formions sur le chemin du temple voisin et ressassais ma rancœur. D’accord, c’était son cavalier pour la cérémonie et les festivités qui allaient suivre, mais elle aurait pu au moins faire ce dernier trajet à mes côtés non ? Bon en même temps c’est pas comme si on était mariés ni même qu’on sortait réellement ensemble, mais… je ne savais pas bien pourquoi, le fait qu’elle m’ait littéralement snobé m’irritait au plus haut point, et c’est sans remord que je me laissai aller à flirter avec les cousines que Teru avait placées à notre table pour la réception.
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++Cécile++
- Cécile, viens, il est temps que tu changes de tenue… Je sentis la main de Lucie se glisser dans la mienne et me tirer doucement hors de la salle de réception. Réception ? Déjà ? Si j’étais là c’est que… - Lucie ? J’ai vraiment dit oui ? - Oui, Cécile… soupira-t-elle comme elle le fait quand elle atteint les limites de sa patience. - Lucie ? T’es contrariée ? - Pardon. Non tout va bien, mais s’il te plait, enregistre cette information quelque part dans ton esprit : OUI , TU ES MARIEE OFFICIELLEMENT AU JAPON. Pour que la miss s’exprime ainsi, c’est que j’avais dû poser la question plus d’une fois mais après tout… Je n’avais qu’un souvenir assez flou de ce qu’il s’était passé ces dernières heures. Dès la fin d’un petit déjeuner tardif et japonais, nous nous étions tous enfournés dans les voitures, direction l’hôtel où aurait lieu la réception après la cérémonie au temple. Là, j’avais été prise en main par un certain nombre de professionnels qui s’étaient employés à me transformer en véritable mariée japonaise traditionnelle en et pour quelques heures. Il avait fallu ensuite aller jusqu’au temple dans cette tenue, et faire attention à ne pas tomber, engoncée dans mes magnifiques atours, fut le dernier challenge avant que la main de Teru ne prenne la mienne devant le prêtre dans le temple. Depuis, il ne l’avait plus lâchée jusqu’à il y a quelques instants quand il était entré dans la suite des hommes pour se changer. Lucie m’attendait pour que je fasse de même. Quand nous ressortîmes de la chambre, mon nouveau kimono était un peu plus léger et Lucie avait réintégré le fauteuil qu’elle avait refusé jusque-là. Nos cavaliers eux aussi s’étaient changés et Ben avait quitté son hakama pour un costume trois pièces. - On y retourne ?
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++Benjamin++
Depuis le début de la réception qui avait suivi la cérémonie au temple, Lucie rongeait son frein. Pour des raisons d’étiquette, nous étions tous les deux à la table des mariés avec Airi et Thierry alors que le boy’s band était à l’autre bout de la salle. Une bande de femelles en chaleur collée à leur basque. J’avoue, ne pas être mécontent de la situation, parce qu’au moins, à notre table, tout le monde s’exprimait en français. Quant aux discours, qui étaient en japonais, Lucie me les traduisait au fur et à mesure. Nouveau blabla et, avec un discret coup de coude, j’obligeai ma cavalière à détourner son regard de la table où le groupe plaisantait avec les cousines de mon beau-frère comme nous les avait présentées Airi. Son attention se reporta sur l’événement principal de la journée et je pus goûter à toute l’insipidité du discours du patron du père de Teru. A côté de ces blablas plus ou moins barbants, la nourriture était vraiment bonne et je reconnaissais les exigences de ma frangine à travers. Le baratin était terminé, mon assiette aussi mais celle de Lucie était toujours aussi remplie. Quand je lui en fis la remarque, elle échangea sans un mot nos plats avant de vider un verre rempli de son liquide favori. Comme je me refusais de passer pour impoli, je mangeai ce qu’il y avait de nouveau devant moi, (même si maintenant c’était plus froid que tiède). Autre avantage de dîner avec Lucie dès qu’elle est contrariée ou stressée elle ne mange plus (et là elle était les deux…) ce qui permet à ses voisins de table de profiter d’un rab’ sans avoir à passer pour un glouton grâce à la technique de l’échange d’assiette. Mon autre frangine n’est malheureusement pas de ce type-là alors autant en profiter…
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++Nino++
Cette réception était interminable. En plus on était coincés avec un groupe de poulettes dont une ne cessait de me faire du rentre dedans. Dernièrement un de ses pieds avait glissé de l’escarpin et était en train de faire des va et vient le long de mon mollet. Tout d’abord j’ai essayé de rester indifférent, les yeux plus souvent fixés sur Lucie au loin que sur mes compagnons de table. En effet je m’étais placé de manière à avoir une vue idéale sur la table d’honneur et plus particulièrement sur une certaine jeune femme qui semblait s’amuser comme une folle avec son voisin. Mais une goutte d’eau fit déborder ma coupe de champagne quand je la vis intervertir son assiette avec lui. A partir de ce moment-là, j’acceptais les avances de la cousine et ôtai à mon tour une chaussure pour lui prodiguer quelques soins qui lui firent fermer les yeux de plaisir. Le banquet se terminait enfin et la cousine me lassait déjà mais je ne pouvais pas la laisser sans passer pour un goujat fini et risquer de me fâcher avec Teru. Quand d’un coup de coude de Sho m’indiqua qu’il était temps de quitter cette assemblée, je ne pus l’empêcher de nous suivre. D’ailleurs Aiba avait invité les quatre autres à se joindre à nous et certaines avaient accepté en gloussant. Nous étions en train de nous mettre en route pour le karaoké quand une bande de gars visiblement plus qu’éméchés voulurent se joindre à nous, ou plus exactement entrainer le marié avec eux. N’ayant aucune envie de les avoir sur le dos nous décidâmes de fuir et de nous séparer momentanément pour les semer. Alors que je m’élançais je fus arrêté par une petite main qui se glissa dans la mienne, et une voix qui me soufflait de la suivre.
C'est tout pour aujourd'hui... alors à vous de laisser un commentaire... Ici, allez lire la partie 6 de "La Genèse de Jinsei" à partir du mardi 25 juillet 2019 | | | Dim 4 Aoû - 10:24 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Coucou Ce chapitre avait été entièrement écrit par Virgul et je n'avais fait que le découvrir et heureusement je ne le fais pas selon sa méthode : 10 lignes par 10 lignes.... :stressed: Voilà, sur ce Dozo - chapitre 13:
Je somnolais encore à moitié, allongé sur le ventre, le corps repu, lorsque je sentis une langue chaude glisser sur mes épaules et un corps plus lourd que le mien se poser un instant sur mon dos avant de s'en éloigner légèrement. Puis deux larges mains saisirent mes fesses et, sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, les écartèrent pour laisser glisser entre elles la virilité d'un homme excité. L'absence de préliminaires aurait pu être douloureuse s'il ne s'était pas agi de notre troisième union de la nuit. Les mouvements étaient puissants, m'amenant à chaque fois presque au bord de la jouissance, mais étonnamment lents. Je voulais qu'il me prenne plus vite, qu'il m'entraîne plus rapidement vers les sommets de l'extase, mais ce qu'il prenait justement, c'était un malin plaisir à m'écouter le supplier sans accéder à mes demandes. Je tentais d'accélérer le rythme tout en essayant de relever mon bassin pour pouvoir me prendre en main, mon amant ne semblant pas vouloir s'en préoccuper. J'avais pourtant pu vérifier l'expertise de ses doigts un peu plus tôt et je savais déjà que lorsque cette nuit serait finie et que j'y repenserai, j'aurai intérêt à veiller à être seul. Ma tentative pour me satisfaire fut devinée et déjouée. Il força mes mains à se poser sur le matelas à hauteur de ma tête et les entremêla aux siennes, m'immobilisant. Je lui étais totalement soumis. Et le pire, c'était que j'aimais ça. Les sensations qu'il me procurait devaient être fortes pour lui aussi. Mais il retenait sa voix. J'aurais pourtant voulu l'entendre gémir, savoir qu'il aimait ce qu'il me faisait, lui aussi. Je finis par réussir à faire glisser mes jambes, l'une après l'autre, de telle sorte que mes genoux repliés se trouvaient au niveau de mes coudes. Profitant qu'il se retirait presque entièrement de moi avant d'y replonger, je suivis le mouvement avec mon bassin et, regroupant mes genoux sous mon torse, je me retrouvai dans une position plus haute. Déstabilisé par mon opération, il s'immobilisa complètement. Ce qui me fit protester. - Ne t'arrête pas! Continue s'il te plaît. Déjà que tu ne veux pas me toucher... - Si je te touche, tu vas être encore plus excité. Sa voix était rauque à mon oreille et son souffle haletant caressait ma joue. - Où est le problème? Tu me fais l'amour de la façon la plus sensuelle qui soit, pourquoi ça ne devrait pas m'exciter? Je t'en supplie, continue! Ne me laisse pas comme ça. Je le sentis hésiter un instant. Puis il se décida à se mettre à genoux derrière moi. Ses mains abandonnèrent les miennes pour saisir mes hanches. Il m'empala de la manière la plus agréable possible, puis ses mains glissèrent vers l'avant de mon corps. J'espérais un instant qu'elles s'arrêteraient sur ma hampe douloureuse, mais elles allèrent trop haut, se retrouvant au niveau de mon torse. Je n'eus pas le temps d'être déçu car il me redressa pour me faire m'appuyer contre lui. Ainsi adossé à son torse, l'une de ses mains resta sur ma poitrine, jouant avec mes tétons, tandis que l'autre alla caresser ma cuisse et que ses dents mordillaient mon oreille. Cet homme allait me rendre fou. Mais si je pouvais le rendre fou de moi, ça m'allait parfaitement. - Teru, laisse-moi bouger aussi. Je voudrais te rendre un peu du plaisir que tu me donnes. Je n'avais pas vraiment l'habitude de discuter dans ce genre de situation. Habituellement, mon amant menait la danse quand nous en étions à ce stade. Je pouvais donner des indications avant, mais à ce point-là, j'étais généralement perdu dans les méandres brumeux de la luxure, totalement abandonné à sa forte volonté. Cette nuit était ma toute première avec Teru. J'ignorais s'il y en aurait d'autres ensuite. Et ne le sachant pas, je voulais en prendre le meilleur. Et le plus possible. Il serait temps de réfléchir aux conséquences au matin, puisque cela avait été impossible avant. Etant donné que c'était sa main gauche qui errait sur ma poitrine, je me tordis sur la gauche pour qu'elle ne me retienne pas et le regardai plus ou moins en face. Peu importait ma souplesse, dans cette position, il m'était difficile de faire mieux. - Teru... C'est la troisième fois cette nuit. Mais jamais face à face. Je veux pouvoir t'embrasser quand tu es en moi. S'il te plaît. Au spa, il m'avait penché contre le lit de massage, et en arrivant dans cette chambre, je m'étais retrouvé plaqué contre le mur. Ce n'était pas que ça me déplaisait, mais je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était parce qu'il n'osait pas affronter mon regard. Ma peau était moins pâle, mes cheveux moins longs, tout mon corps était plus anguleux que celui qu'il aurait dû tenir dans ses bras en ce moment. C'était sa nuit de noce, et il la passait avec moi. J'ignorais où était sa femme, et honnêtement, je ne m'en souciais pas plus que de Jun. J'avais enfin sur mon corps les mains de l'homme qui m'avait transpercé au premier regard. Je sentais au creux de moi la preuve qu'il me désirait autant que je le voulais. Mais pour être complet, j'avais besoin que sa bouche soit sur la mienne et que mes yeux plongent dans les siens. Comme lorsque ce matin, encore endormi, il m'avait attiré contre lui et embrassé... comme jamais Jun ne l'avait fait. C'était demandeur, c'était langoureux, c'était excitant. Et ça l'était devenu davantage encore quand il s'était réveillé et s'était rendu compte à la lumière de son portable que c'était moi qu'il tenait. Sa main, qui avait passé la fin de la nuit sur mes fesses - c'était ce qui m'avait réveillé avant tout le monde - avait resserré son emprise et ses yeux n'étaient pas restés ouverts bien longtemps après qu'il ait repris possession de mes lèvres. Personne ne nous avait surpris à ce moment-là car la pièce était encore noire lorsque nous nous étions séparés. Mon cœur battait la chamade, mon souffle était court et tout mon être réclamait de lui appartenir. Et à présent, j'en voulais davantage. Etais-je vraiment trop présomptueux? Il m'avait déjà embrassé pourtant. - Teru? Il ne me répondait toujours pas. Ma position inconfortable me fut rappelée par une douleur vive dans le côté. Je me retournai pour me retrouver à nouveau dos à lui. S'il ne disait rien, il ne bougeait pas non plus. Qu'étais-je censé faire? Après un instant d'hésitation, je retins mon soupir frustré et décidai de me relever un peu avant de laisser mon corps redescendre sur lui. Je ne pus retenir le gémissement qu'avait fait naître le mouvement, ayant été touché à cet endroit si sensible au creux de moi. Je m'apprêtai à recommencer lorsque ses mains m'immobilisèrent. Je grognai, un peu perdu dans le plaisir que je venais de ressentir et trop désireux de l'éprouver de nouveau. Mais Teru était plus musclé que Sho. Et c'était un vrai sportif. Ma musculature de danseur ne me suffirait pas face à lui. - Non, dit-il laconiquement. Non? Non quoi? Non il ne m'embrasserait pas? Je l'avais bien compris, c'était pour ça que j'avais repris le cours de notre échange. Je ne pourrais pas l'avoir pour moi seul, mais je voulais quand même être à lui cette nuit. Rien qu'à lui et tout à lui. Sans penser à ceux qui nous attendaient sans doute quelque part dans ce bâtiment. Sans non plus m'imaginer que c'était le début de quelque chose. Je fis une nouvelle tentative, mais ses mains se crispèrent sur moi. Quand il me pencha en avant et sortit de moi, je sentis les larmes me venir aux yeux. Je m'allongeai aussitôt pour avoir la tête dans un oreiller et les lui cacher autant que possible. Je le sentis s'étendre à côté de moi. De son corps émanait une chaleur contre laquelle j'aurais voulu me blottir. Une chaleur qui s'approcha de moi et qui me brûla lorsqu'il posa sa main sur mon épaule. Que voulait-il faire? Si c'était pour me consoler, il pouvait aussi bien partir. Qu'il aille donc retrouver sa femme! Et qu'il n'oublie pas de prendre une douche avant, sinon elle risquait de ne pas apprécier sa venue. J'avais l'impression d'être marqué au fer rouge. Si jamais demain je devais montrer mon dos à quelqu'un, j'étais sûr qu'on pourrait y voir l'empreinte de sa main. Je mordis l'oreiller que je tenais, tout près de hurler. - Satoshi... Son murmure me figea. Je réalisai à quel point il était proche de moi. Sans doute était-il même... au-dessus de moi. Qu'allait-il faire? A nouveau s'allonger sur moi? A nouveau s'enfouir en moi? Comme tout à l'heure, sans rien me demander... C'était le dernier moment où je pourrais parler. Car j'étais sûr qu'une fois en moi, il ne me dirait plus rien et ne se préoccuperait plus de mes réactions. Mais j'étais incapable du moindre mouvement. Même pour ouvrir la bouche. S'il voulait me prendre, il le pouvait, je ne protesterai pas, me laisserai faire. Je gémirai même juste comme il faudrait pour l'exciter encore. Et qu'il en termine au plus vite. Je me sentais comme une poupée de chiffon dans ses mains, sans volonté. - Je te demande pardon. Vraiment? Quelle ironie... J'attendais de sentir son intrusion, ne l'imaginant pas réellement brutale, mais ne la supposant pas gentille non plus. Après tout, j'étais un homme, et même si j'en avais un peu perdu l'habitude, j'avais déjà eu des amants un peu violents. Pas vraiment méchants, mais pas doux non plus. Ne cherchant que leur plaisir. Mais au lieu du poids sur mon corps entier, je ne sentis que sa main sur mon épaule qui tentait de me faire bouger. Comme je refusais de suivre le mouvement, elle fut alors remplacée par sa bouche qui embrassait doucement ma peau, passant d'une épaule à l'autre. Puis elle glissa le long de ma colonne, me mordillant légèrement avant de s'arrêter au creux de mes reins. Sa langue se mit à appuyer délicatement, traçant des cercles. Puis sans prévenir, ses lèvres me pincèrent fortement. Sous la douleur et la surprise, je ne pus retenir un cri accompagné d'un sursaut. Profitant de celui-ci, Teru attrapa mon épaule et ma hanche et me tira vers lui, me mettant sur le dos. Puis il bloqua mes bras en les emprisonnant dans ses mains tout en enjambant mon bassin. Ainsi immobilisé, je me trouvai sans défense et face à l'homme qui me tenait à sa merci. Voyant que je ne réagissais pas, il réunit mes bras au-dessus de ma tête en les tenant d'une main par les poignets, mit un genou entre mes jambes, les écarta juste assez pour s'y installer vraiment avant de s'allonger sur moi, se soulevant un peu en prenant appui sur son bras libre. Ainsi collés l'un à l'autre, je pouvais sentir sa respiration plutôt saccadée juste au niveau de mon front. Je détournai la tête. - Tu peux lâcher mes mains, tu sais, je vais pas te frapper. De toute façon, je ne fais pas le poids face à toi. Tu vas y gagner quoi à part une crampe? - Satoshi... Je ne savais pas ce qu'il y avait dans sa voix. Comme une supplique, quelque chose de très doux. - Satoshi, pardonne-moi. Je fermai les yeux, ne comprenant pas où il voulait en venir. J'avais toujours le cœur au bord des paupières. - Satoshi, je ne sais pas parler, je n'ai jamais su. Je ne sais pas comment nommer ce qu'il se passe entre nous. Mais je sais que je ne veux pas te faire pleurer. Ni te faire du mal. Je rêve de t'embrasser, mais j'ai peur de te dévorer et qu'ensuite, je ne te laisse rien. Je voudrais embrasser chaque parcelle de ton corps, te caresser, te donner du plaisir, mais j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Tu sais tant de choses que j'ignore. Je... J'avais rouvert les yeux et tourné la tête vers lui lorsqu'il m'avait parlé de rêve. - Ce que je sais, je peux te l'apprendre. Si c'est juste une excuse, je préfèrerais qu'on en reste là. Mais si tu me veux vraiment, autant que moi j'ai envie de toi, arrête de te poser des questions. Ce n'est plus le moment. Prends-moi, doucement ou sauvagement, c'est comme tu veux. Je suis pas en verre, je vais pas me briser. Je le vis me regarder avec une certaine hésitation. - Satoshi... - Mais je suis pas une nana bon sang! J'ai pas besoin de mots doux, pas besoin que tu prennes de gants. Baise-moi autant que tu veux. Si c'est toi, j'y trouverai mon compte. C'est juste que... juste que... Je sentis ma voix flancher. - Tu te sens coupable vis-à-vis de Jun-kun? - Laisse Jun où il est! C'est pas lui qui a laissé sa femme en plan pour me branler dans un couloir d'hôtel. Pas lui qui m'a retrouvé au spa, qui m'a emmené dans une chambre! Je sentais l'eau qui commençait à noyer mes yeux. - Je suis pas un prostitué dont tu te payes les services. Quel mal y a-t-il à ce que je veuille t'embrasser? J'ai envie de ressentir encore tout ce que tu m'as donné au réveil... Je me sentais plus pathétique que jamais. Il lâcha mes poignets et je laissai mes bras se remettre dans une position normale, un peu écartés de mon torse. J'avais fermé les paupières pour chasser les larmes mais au moment de les rouvrir, je sentis ses lèvres sur mon œil droit, puis le gauche. Quand il s'écarta, je le regardai avec fureur. - Je t'ai dit que j'étais pas une bonne femme! J'ai pas besoin... Il ne me laissa pas continuer, sa bouche rencontrant la mienne avec fermeté. Sa main glissa le long de mes côtes, caressant ma hanche et ma cuisse avant d'attraper l'arrière de mon genou et de le relever. Saisissant l'idée, j'en fis autant avec l'autre jambe, faisant se croiser les deux dans son dos. Il me pénétra avec plus de douceur qu'il n'en avait utilisée jusque-là, glissant en moi comme une lame dans son fourreau. Sa bouche n'avait pas quitté la mienne.
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Quand je m'étais éveillé ce matin, ma bouche était occupée agréablement. Je rêvais que j'embrassais un homme. Comme j'en avais rêvé pendant des années. Toujours le même. Mais ça ne pouvait être qu'un rêve, il appartenait à un autre. J'avais souvent imaginé mes mains sur lui, dessinant ses muscles fins et fermes, caressant son torse et ses hanches, saisissant ses épaules si frêles par rapport aux miennes. Je le voulais. Parfois je l'avais tellement voulu que j'en avais pleuré. Comme un gosse. Ou une femme. Je ne voulais pas d'un autre homme. Alors j'avais tenté de m'intéresser aux femmes. J'en choisissais des graciles, souples et fines comme Lui. Mais aucune n'était vraiment Lui. Aucune ne pouvait avoir sa grâce, sa nonchalance, son air boudeur. Certaines sentaient qu'elles n'étaient pas ce que j'attendais, et me quittaient. Les autres s'accrochaient parfois, se lassaient souvent. Et j'avais fini par en rencontrer une différente. Différente des autres et, surtout, différente de Lui. Un corps de femme épanoui, plein de rondeurs, attentionné, accueillant. Un regard sur la vie, une compréhension de l'autre, une expérience des relations humaines qui me manquaient. Sans m'en rendre compte, elle m'était devenue essentielle. Je la voulais, mais sans vouloir qu'elle prenne Sa place. Et elle avait bien voulu être à mes côtés. Elle avait des failles, elle était fragile; mais ça la rendait forte à mes yeux. Elle savait me remettre à ma place, dégager mes yeux de ce qui les encombrait pour me ramener à l'essentiel. Et quand ce matin je m'étais réveillé en embrassant un corps gracile, j'avais compris que c'était ça que j'avais toujours voulu et cet espoir que je n'aurais pas dû lâcher. Le souffle chaud sur ma joue m'avait fait réaliser que ce n'était pas un rêve. Ma main tenait la fesse très ferme d'un homme dont je sentais la virilité éveillée contre mon flanc. Encore à demi endormi, espérant que mon rêve se réalisait, j'avais attrapé mon portable pour voir de qui il s'agissait. J'étais prêt à jouer l'étonnement, le dégoût peut-être, la blague de toute façon. Mais la lueur bleue de mon écran m'avait montré Son visage. C'était Lui que je tenais contre moi. Et ma main se resserrant sur son corps n'avait fait que l'exciter davantage. Alors j'avais rejoint nos lèvres, me perdant dans ce baiser que j'imaginais unique et dont je voulais profiter au maximum. Puis la journée était arrivée, s'était déroulée, et je n'avais pas pu Lui parler. D'ailleurs, qu'aurais-je pu lui dire? Nous n'étions libres ni l'un, ni l'autre. Ma vie venait de s'engager dans la voie qui m'avait toujours semblé celle à suivre, classique et rassurante. Une femme, des enfants, un statut respectable et respecté. En me laissant habiller pour la cérémonie, je décidai de classer ce baiser dans la catégorie des choses agréables et extraordinaires, et qui le resteraient. Jusqu'au soir où, en tentant de fuir mes amis de fac un peu trop gris et insistants, je tombai sur lui au hasard d'une cachette trop étroite pour qu'on ne soit pas collés l'un à l'autre. Il n'avait pas fallu longtemps pour que nos lèvres se retrouvent soudées. Et mes mains étaient parties à l'assaut de son corps, explorant ses épaules et son torse, glissant dans son pantalon et son caleçon. J'avais imaginé, dans mes moments de réflexion sur mes désirs étranges, que toucher cette partie si intime sur le corps d'un autre homme m'écœurerait. Pourtant, ma main avait trouvé seule son chemin et s'était mise à l'œuvre, lui tirant des gémissements que j'étouffais avec bonheur en dévorant sa bouche. Ses mains, qui avaient commencé à glisser dans mon kimono, s'étaient agrippées à moi, s'enfonçant dans mes flancs et me donnant des envies encore plus puissantes. J'avais réalisé à quel point je le voulais au moment même où il se libérait dans ma main. Il s'était légèrement écarté, se rajustant rapidement. J'étais resté à le regarder bêtement, incapable de dire le moindre mot, mes yeux se baissant vers ma main salie. Puis je le vis la saisir et la porter à sa bouche. Il l'avait léchée, activant encore le feu qui couvait dans mon corps. J'aurais pu le prendre là, dans cet endroit pas très discret, si des pas n'avaient pas retenti. Je l'avais chassé rapidement pour qu'il se mette à l'abri plus loin. Il m'avait glissé de le retrouver au spa dès que possible avant de disparaître de ma vue. Et je m'étais retrouvé face à Sho. Mon meilleur ami. Le plus ancien aussi. Celui auquel je m'étais confié dix ans plus tôt, quand il m'avait présenté ses collègues et que l'un d'eux m'avait troublé. Il ne m'avait pas jugé, m'avait écouté, encouragé même à me déclarer, en me disant que je pouvais Lui plaire et qu'il fallait que je tente ma chance puisqu'il était libre. Mais il ne l'était pas resté longtemps, entrepris par un autre auquel il avait cédé. Sho m'avait presque engueulé ensuite, me disant que j'avais laissé filer une chance unique. Mais je savais que je n'étais pas de taille face à Matsujun. Et je me disais que c'était mieux ainsi, que je n'aurais pas eu le courage d'affronter les regards des autres et que je n'aurais pas su Le rendre heureux. Et Sho, qui avait dû voir son Riida disparaître au tournant du couloir, avait additionné les choses en me voyant débraillé. Il m'avait entraîné dans une pièce vide pour me dire tout le bien qu'il pensait de ce qu'il avait vu. Mais ses remontrances n'avaient fait que m'agacer. J'avais saisi la chance qui s'offrait à moi, pourquoi ne comprenait-il pas que c'était ça que je voulais de toutes mes forces? Etre près de Lui, cet homme dont j'étais amoureux. Aucun de ses arguments n'avait pu m'atteindre et je l'avais quitté fâché, ne cherchant plus qu'à le semer et à aller Le rejoindre. J'avais aperçu Cécile dans une allée menant au spa et l'avais laissée s'éloigner sans me manifester. Je ne savais pas si j'aurais d'autre occasion que cette nuit pour être avec Lui, et je ne voulais pas la rater. Le spa semblait quasiment désert, à part l'employé à l'accueil. Je l'avais salué rapidement et m'étais dirigé vers les salles de soins, au-delà des bassins. Satoshi m'avait envoyé un mail pour m'indiquer la pièce où il se trouvait. Je l'y avais rejoint rapidement. Je n'avais pas envie de me poser de question. Je Le voulais. Je le voulais à chaque instant davantage. Depuis que j'avais touché son corps, je me sentais totalement obnubilé par lui. Et quand je le retrouvai dans cette petite pièce invitant à la relaxation, je n'eus plus qu'une idée, le déshabiller et le posséder. Ce que je m'étais empressé de commencer à faire, caressant son corps sans retenue, passant et repassant mes mains sur ses bras, ses fesses, ses cuisses, son dos, embrassant sa gorge, ses épaules, son front, sa bouche et tout ce qu'il y avait à portée de mes lèvres. J'avais souvent rêvé de lui, mais je n'étais pas sûr que mes rêves soient assez réalistes pour être réalisables. Je ne savais pas réellement comment deux hommes agissaient l'un avec l'autre. La première nuit où ils avaient dormi chez mes parents au début de la semaine, juste à côté de notre chambre, j'avais failli aller entrouvrir les panneaux pour les observer et comprendre ce que Jun faisait pour faire gémir et crier Satoshi de cette façon. Je n'avais pu qu'imaginer à partir de ce que je savais. Et ça m'avait tellement excité que j'avais osé prendre Cécile alors qu'elle dormait. Et elle avait visiblement apprécié. Mon esprit m'avait rappelé ma femme et j'en avais grimacé. Devant moi, Satoshi avait commencé à me retirer le kimono que j'avais gardé en entrant au spa, embrassant ma peau au fur et à mesure qu'il la découvrait. Je n'avais pas envie de voir quelqu'un d'autre que lui, mais être face à lui me mettait face à elle. Parce qu'il n'était pas elle; et cela faisait naître en moi un sentiment léger mais tenace de culpabilité. Pour m'en débarrasser, je décidai qu'il me fallait faire quelque chose que je n'avais jamais fait avec une femme. Je serai sûr ainsi de ne pas pouvoir comparer. J'avais donc fait se relever l'homme qui s'était mis à genoux devant moi et apportait toute son attention buccale à mon entrejambe. J'en avais frissonné mais je n'y étais pas habitué et quelque part, ça me gênait. Je n'avais jamais demandé ce genre d'attention, préférant des choses plus... conventionnelles. Debout devant moi, ses mains caressant doucement mes avant-bras, il m'avait regardé à demi langoureux, à demi interrogatif. Je ne savais plus trop bien ce que je lui avais dit exactement, parlant confusément d'inexpérience, d'envie et d'urgence. Il avait souri, avait enduit mes doigts et mon sexe de crème et m'avait dit de faire ce que je voulais. Je ne me l'étais pas fait dire deux fois. J'ignorais encore comment, mais je m'étais retrouvé derrière lui dont le torse était posé sur le lit de relaxation et les mains agrippées au bord de celui-ci, m'enfonçant dans son corps étroit en le tenant par les hanches. Je n'aurais jamais fait ça à une femme, trop intimidé par leur apparente fragilité. Mais lui était tout en muscles, graciles certes, mais entraînés et capables d'endurance. Pendant que mon bassin imposait un rythme soutenu au sien, uniquement préoccupé par le besoin d'assouvir le sentiment de possession que nos caresses précédentes avaient attisé, ma main avait quitté son flanc pour se perdre à nouveau sur sa longueur tendue. Dès qu'elle l'avait touché, j'avais senti ses gémissements s'accélérer et ses muscles se resserrer autour de moi. En quelques mouvements appliqués, il était venu, précipitant mon propre orgasme en me saisissant brutalement. Le temps de reprendre notre souffle et nos esprits, nous avions fait disparaître les traces de nos ébats et nous étions dirigés vers les douches. Le voir marcher un pas devant moi m'avait fait comprendre que je n'avais pas assouvi ma faim de lui. Aussi m'étais-je dépêché de me laver puis l'avais laissé en lui glissant que j'allais chercher la clé d'une des chambres que nous avions réservées pour la nuit et que je lui en enverrai le numéro pour qu'il m'y rejoigne. Ce qu'il avait fait très rapidement. Aussitôt entré dans la chambre, je l'avais attrapé par le bras, poussé contre le mur, toujours dos à moi, et avais baissé son pantalon avec une habileté qui ne pouvait m'être dictée que par un désir irrépressible. Je m'étais moi-même déshabillé en l'attendant, et une fois tout le bas retiré, je l'avais pris une nouvelle fois avant de lui ôter sa veste et sa chemise. Les vêtements à terre, j'avais caressé son corps, enfouissant ma tête dans son cou, mordillant sa nuque et lui soufflant à l'oreille tout ce qu'il m'inspirait en cet instant précis. Après avoir erré sur ses abdos, mes mains s'étaient arrêtées sur son aine, attirées par la source de chaleur voisine. L'une de ses mains, qui le soutenaient contre le mur, avait pris la mienne pour la poser sur lui, m'indiquant le rythme qu'il voulait. Nous nous étions à nouveau perdus en gémissements, sonores pour lui, étouffés pour moi. Sa voix pleine de luxure exerçait une telle fascination que mes doigts avaient accéléré leur cadence juste pour me permettre de l'entendre davantage. Et encore une fois, il avait joui rapidement, m'entraînant avec lui. Quand je m'étais retiré, il avait titubé jusqu'au lit que j'avais ouvert et s'y était laissé tomber. Le voir allongé sur le ventre, les jambes à peine écartées, le souffle encore un peu court, avait ranimé mon envie à peine comblée. Mais cette fois, je n'avais pas voulu le laisser risquer de me mener trop vite trop loin. Je voulais prendre mon temps, profiter de son corps, de son odeur, de tout son être, et pour cela, j'allais avoir besoin qu'il me soit totalement soumis. S'il me laissait maître de nos mouvements, je pensais pouvoir lui assurer une jouissance lente à venir et délectable. Je savais qu'il appartenait à un autre, mais je voulais lui laisser mon empreinte. Qu'il se rappelle qu'il avait été à moi, le temps d'une nuit. Je m'étais donc introduit en lui sans prévenir. Et lorsqu'il avait voulu plus d'attention sur son membre que je devinais impatient, je l'en avais empêché. Son mouvement pour se relever m'avait surpris. J'avais presque oublié, au vu de sa soumission à mon plaisir, qu'il avait plus de force qu'une femme. Quand il m'avait supplié de le toucher, j'avais hésité. Si je le laissai faire, je savais que nous arriverions beaucoup trop vite au terme de ce voyage magique. Mais je ne pouvais pas le forcer à faire ce qu'il ne voulait pas. Ne sachant pas parler, j'espérais lui montrer à quel point ce genre de choses pouvait être bon, mais je compris qu'il allait me falloir faire des concessions dans ma conception du plaisir avec lui. Je l'avais donc redressé, collant son dos à mon torse, et caressant son corps. Mais il en avait voulu plus, demandant à pouvoir m'embrasser. J'en rêvais, je voulais moi aussi lui faire face et voir dans son regard le plaisir que je lui donnais, les mouvements qui lui plaisaient. Mais j'avais tellement en moi la crainte de le décevoir, de ne pas être à sa hauteur, que je n'osais pas accéder à sa requête. A ce stade, la confusion entre Satoshi et une femme n'était plus possible, ce que je ressentais en étant en lui n'était comparable à rien de ce que j'avais connu avant. Et j'étais sûr que rien ne pourrait jamais me combler davantage. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il s'était retourné avant que je ne le sente s'empaler de lui-même sur moi en gémissant lourdement. Avant qu'il ne recommence, je le bloquai. Le son qui lui avait échappé était trop excitant pour que je le laisse refaire ça sans que je le regarde à ce moment. Je décidai alors de faire ce qu'il avait demandé. Je me retirai de lui, pensant le mettre sur le dos pour reprendre le cours de notre échange, mais il se jeta sur les oreillers et ne bougea plus. Je ne comprenais pas ce qui arrivait. L'avais-je blessé? L'avais-je frustré? Allongé près de lui, je tentai de le retourner mais il se crispa. J'essayai de l'appeler mais compris qu'il ne me répondrait pas. J'avais dû gaffer à un moment donné. Je ne pus que lui demander pardon et entrepris de le faire lâcher prise pour qu'il me regarde à nouveau. J'embrassai son dos avec envie, attendant qu'il se soit relâché davantage pour le surprendre et le retourner un peu brutalement. Je bloquai ses mains tout en m'installant sur lui. Ne le voyant pas réagir, je me fis une place entre ses jambes et réunis ses mains au-dessus de sa tête. Il détourna celle-ci et je me sentis malheureux de ne pas savoir comment lui faire comprendre ce que je ressentais. Le désir qu'il faisait naître en moi m'était si nouveau et si étranger que je ne savais pas comment le maîtriser. Pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, je regrettais de n'avoir laissé que des femmes m'approcher. Peut-être saurais-je mieux dominer les envies qu'il m'inspirait si j'avais eu des hommes pour partenaires. Et sans doute serais-je moins perdu face à cet homme qui me disait d'oublier la tendresse dont j'avais toujours fait preuve dans ces situations. Pourtant, quand je vis l'eau dans ses yeux, quand je l'entendis me réclamer des baisers, je me fis l'effet d'une brute qui n'avait pas su prendre en compte l'être humain qu'il avait en face de lui. Avant d'oser embrasser ses lèvres, je voulus caresser ses larmes. Sa réaction vive fut ce qu'il me fallait pour me dépouiller enfin de mon carcan d'éducation et de prévention. J'unis nos bouches, puis nos corps, heureux de faire naître des gémissements doux de la gorge magnifique de cet homme. Et quand il voulut me faire accélérer, je nous immobilisais avant de poser mes lèvres contre sa pommette d'où je parvins enfin à lui dire ce que je voulais. - Ne sois pas si pressé Satoshi. As-tu vraiment toujours fait ça aussi vite? Il était essoufflé mais me répondit quand même. - Non... bien sûr que non. Mais... as-tu la moindre... idée de combien tu... me rends dingue? Je veux profiter de toi autant que possible... cette nuit... Je l'embrassai avec envie, mêlant ma langue à la sienne en une danse sensuelle et sauvage. - Moi aussi, crois-moi. Mais je veux que ce soit bon pour nous deux. Alors s'il te plaît, laisse-moi imposer le rythme. Je suis sûr que tu vas aimer, mais il va falloir me faire confiance. Il me regarda droit dans les yeux un long moment. Puis il noua ses mains derrière ma nuque et bougea lentement son bassin. - Fais-moi ce que tu veux, je suis à toi.
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Ça avait été... Je n'avais pas de mot. Epoustouflant. Extraordinaire. Fantastique. Tout simplement génial. Je m'en doutais déjà avant, mais à présent j'avais la certitude que je ne pourrai jamais oublier cette nuit. Elle allait hanter tous mes rêves. Et y repenser me rendrait... - Waah! Satoshi, je savais que tu aimais ça, mais là... Je tournai la tête vers l'homme à moitié allongé sur moi. - Que veux-tu dire? - Tu te rends compte, me dit-il doucement, s'écartant un peu pour se poser le long de mon corps en se tournant vers moi, tu te rends compte qu'on vient de faire l'amour, et tout juste de jouir? - Mm mm, fis-je en notant l'expression qu'il avait employée et ne pouvant m'empêcher de m'en réjouir intérieurement. - Et que c'était la troisième fois cette nuit? - Mm oui... La quatrième en fait, pour moi. - Et que tu es déjà prêt à recommencer? - Eh? - Tu ne le sens pas? demanda-t-il en passant une main timide sur mon sexe. Si, bien sûr que je savais dans quel état j'étais. Mais que croyait-il? Je me tournai vers lui pour me coller contre son corps chaud. - Tu ne t'es pas dit que c'était parce que c'était toi? - Tu me fais marcher? Ma main passa sur sa hanche et remonta le long de son dos pendant que je rapprochai mon visage du sien. - Quel intérêt j'y aurais? Tu ne réalises vraiment pas à quel point tu me plais? Même pas en sentant ça? Je poussai mon bassin contre lui, ce qui le fit rougir adorablement. Je le renversai et m'allongeai à mon tour sur lui, me frottant agréablement contre son ventre. - Tu me plais, Teruki. Mieux que ça, tu m'excites. Je pourrais passer des heures à te dévorer, j'aurais encore faim de toi. Je sentais son excitation grandir au fil de mes paroles, et cela ne fit que renforcer la mienne. J'avais envie de lui, envie qu'il me prenne encore une fois, avec toute la douceur qu'il y avait mis juste avant. Je devenais accro. Je descendis mes jambes de chaque côté de ses hanches puis tentai de me redresser. Mon souhait cette fois était de le chevaucher afin de mener un peu la danse. Mais ses mains plaquées sur mon dos me maintinrent contre lui. - Teruki, laisse-moi te faire quelque chose d'agréable. Tu vas aimer, je te promets. Il posa une main sur ma tête et m'embrassa. J'avais totalement fondu lorsqu'il me relâcha. - Je ne doute pas que j'aimerais. Mais je veux essayer quelque chose. Laisse-moi faire, s'il te plaît. Je savais que quoi qu'il me fasse, je serai comblé. Mais j'aurais vraiment voulu le diriger un peu, pour une fois. Cependant, il me suffit de plonger dans ses yeux noirs pour savoir que je lui céderai. - D'accord, soupirai-je en souriant. - Ok. Alors allonge-toi sur le dos. J'obéis tout en laissant mes mains le frôler. Son corps se retrouva rapidement au-dessus du mien et sa bouche sur la mienne. Mes bras se refermèrent sur son torse et quand je le sentis se déplacer lentement vers le bas, je relevai mes jambes, lui faisant toute la place qu'il pouvait vouloir. J'avais hâte de le sentir à nouveau en moi. Hâte qu'il me rende encore une fois fou de son rythme lent. J'aimais tout de lui, mais en ce moment précis, j'aimais surtout sa façon de me... de me faire l'amour, puisque c'était le terme qu'il avait lui-même employé. Ses lèvres humides avaient quitté les miennes et se promenaient sur mon torse, me faisant frissonner. Quand je les sentis caresser mes abdos tandis que ses mains flattaient mes hanches en rabaissant mes jambes sur le matelas, je frémis d'excitation. J'avais envie qu'il me reprépare comme s'il ne s'était encore rien passé cette nuit. Je fermai les yeux pour me laisser aller aux sensations que j'allais éprouver. Pour les rouvrir aussitôt en sentant un toucher humide à un endroit inattendu. Enfin, inattendu de sa part. Me redressant un peu, je baissai les yeux vers mon bassin et vis une chose qui me rendit encore plus dur que je ne l'étais si c'était possible. - Teru, soufflai-je en posant une main sur son épaule, tu n'es pas obligé de faire ça. Je... Je sais que ce n'est pas dans tes... Ahh! Je ne pus terminer ma phrase, englouti par sa bouche avide. Je retombai sur l'oreiller, incapable de discuter davantage. Sa langue taquine glissait contre moi, semblant avoir juré de me faire perdre la tête et toute notion de ce qui m'entourait. Je ne sais combien de temps il prit pour m'amener au bord du précipice par petites touches successives, tirant de ma gorge des gémissements sans fin. Je pris conscience que je voulais sauter lorsque ses mains attrapèrent les miennes qui s'étaient posées sur sa tête pour l'inciter à aller plus vite. Peu après, il se redressa, m'abandonnant dans un état indescriptible. - Teru! Non... ne... ne me laisse pas... comme ça... Mais il ne sembla pas vouloir reprendre son activité délicieuse, venant au contraire s'allonger à mes côtés, une main soutenant sa tête qui me regardait avec un petit sourire satisfait tandis que l'autre caressait mon ventre. - Tu es l'image vivante de la luxure, Satoshi. Tu le sais? - Rhhhaa! Tu es un sadique achevé, Teruki!! fis-je en me roulant contre lui. Pourquoi t'es-tu arrêté là? Quand tu commences quelque chose d'aussi bon, faut aller jusqu'au bout! Je voulais l'obliger à se mettre sur le dos et finir ce qu'il avait commencé, quitte à forcer ses lèvres. J'avais envie de les sentir à nouveau autour de moi. - Termine-moi, Teru! Finis-moi. J'ai envie de toi, alors ne me laisse pas comme ça! Prends-moi... - Non, me glissa-t-il à l'oreille avant de me faire rouler avec lui tout en m'embrassant. Comment ça, non? Après tout ce qu'il venait de faire? J'étais dans la position que j'avais souhaitée, allongé sur lui; mais alors que j'avançais une main pour prendre appui à côté de sa tête, il la saisit et se mit à lécher mes doigts. Ses yeux à demi fermés et ses joues rosissantes me parurent si fascinants que je ne pus m'en détacher jusqu'à ce qu'il écarte ma main. - Teru... - Prends-moi. Je mis un instant à comprendre sa demande. - Teru? Il garda ses yeux fixés sur les miens tout en approchant son visage. Ses lèvres étaient presque collées aux miennes lorsqu'il répéta encore plus doucement que la première fois : - Prends-moi Sato. J'avais bien compris. Et j'étais plus que d'accord, si c'était lui qui le demandait. Je voulus le prévenir quand même. - Ca risque de ne pas être très agréable pour toi, au début. D'autant que j'ai tellement envie de toi que je pourrais être un peu trop brusque. - Je m'en fous. Je te veux, c'est tout ce qui importe. Fais comme tu en as envie. Si c'est toi, ce sera bien. J'ignorais ce qu'il adviendrait de nous demain. Je ne savais pas si ce "nous" aurait même un lendemain. Mais à l'heure présente, "il" et "je" étions là, dans cette chambre, sur ce lit, et ce temps resterait à jamais nôtre. Alors je fis ce qu'il m'avait demandé, essayant de réfréner mon ardeur afin de profiter de ce qu'il m'offrait du mieux possible. Je compris le pourquoi de sa lenteur au cours des fois précédentes et souris de ses tentatives pour me faire accélérer, une fois qu'il se fut habitué à ma présence en lui. Mais je savais des choses sur lui qu'il ignorait lui-même et c'est avec cette connaissance que je me mis à honorer l'homme qui s'abandonnait à moi avec une confiance aveugle.
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Je ne faisais que somnoler lorsqu'une sonnerie désagréable fit tressaillir le corps blotti contre moi. Je passai une main apaisante sur son dos. Main qui se crispa lorsque je me rappelai la signification de cet appel et la personne qui en était à l'origine. Lorsque nous avions réservé les salles et les chambres du complexe, Cécile avait demandé à ce que la réception appelle toutes les chambres afin de signaler qu'il restait encore une heure puis trois quart d'heure avant la fin du service de petit-déjeuner. Je décrochai et remerciai l'employé. Puis je me tournai vers mon amant, contemplant son visage serein. Indépendamment de la légère douleur que je ressentais dans le bas du dos, je n'avais pas envie de me lever, car cela signifiait mettre un terme à cette nuit. J'aurais voulu rester là éternellement. Il remua un peu contre moi en fronçant le nez. Puis sa main droite se posa sur ma main gauche, entrelaçant nos doigts et l'attirant vers sa bouche. Il embrassa ma paume, puis mes doigts un à un, ouvrant les yeux au moment où il termina par mon annulaire. Il joua un instant avec mon alliance puis murmura en la fixant d'un regard indéfinissable : - Tu devrais te doucher avant de la rejoindre. Tout à l'heure, j'ai pris la clé de la chambre d'à côté; quand tu sortiras, s'il n'y a personne, j'en profiterai pour aller y prendre ma propre douche. Fais vite, j'ai envie de pouvoir manger ce matin! Son sourire en disant cela me parut tout aussi faux que le mien lorsque je le serrai dans mes bras. Nous fîmes comme il l'avait suggéré. Mais avant de sortir de cette chambre et de mettre un point final à ce moment qui n'avait été qu'à nous, je ne pus empêcher mes mains de saisir ses épaules pour le plaquer contre le mur, ni ma bouche de se poser sur la sienne et l'embrasser à perdre haleine. J'aimais cet homme. Je savais que je n'aimerai jamais personne comme je l'aimais lui. Mais ma gorge ne laissa sortir aucun son lorsque je voulus le lui dire. Je dus me contenter de poser mon front contre le sien et de tenter de lui faire passer le message au travers de mon regard plongé dans le sien. La deuxième sonnerie du téléphone de la chambre nous rappela au monde extérieur. Nous nous éloignâmes l'un de l'autre et j'ouvris la porte pour vérifier qu'il n'y avait personne dehors. Sur mon invitation, il me suivit et se dirigea vers la porte voisine. Avant de l'atteindre, il se retourna vers moi qui était resté planté à le regarder. Il refit les quelques pas qui nous séparaient en sens inverse et sa main vint caresser ma joue. Il pencha la tête sur le côté en fermant les yeux puis déposa un léger baiser sur mes lèvres en murmurant: - Moi aussi.
...Quelque chose à dire? Jevous en prie; c'est le moment. | | | Dim 4 Aoû - 13:22 | | | Manue33 Carnival Night part 2 Messages : 466
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La trahison de plein fouet j'avais vraiment mal !
| | | Dim 11 Aoû - 18:53 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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Humeur : en plein jetlag
| Bonjour Voici le nouveau chapitre... Dozo PS: En italique c'est "en français dans le texte" normalement - Chapitre 14:
++Lucie++ « Cher journal, Je n’ai plus qu’une envie c’est de disparaître. J’ai l’impression qu’une fois de plus je ne suis qu’une chose inutile, encombrante, qu’on ne peut pas montrer. Pourtant ces derniers jours j’avais eu l’impression de compter à ses yeux. Quelle erreur, la vérité m’est apparue toute crue tout à l’heure. Je n’ai plus rien à faire ici. Maintenant que Cécile est mariée le mieux pour tout le monde est que je rentre en France. C’est le sentiment le plus fort que je ressens depuis cette nuit. Je n’ai qu’une envie c’est de me planquer loin de tous. D’abord parce que je ne veux pas faire de peine à ma meilleure amie en lui lâchant ce que j’ai vu et entendu, ensuite parce qu’à chaque fois que j’aperçois ce dragueur nain j’ai envie de lui en coller une et de pleurer. Alors comme je l’ai promis à Sho je passerai à sa soirée le 26 mais je m’envolerai dès le lendemain… d’ailleurs je viens de confirmer mon billet… »
Refermant mon journal, je repensais à cette soirée où mon petit nuage rose s’était évaporé. Alors que la réception battait son plein, nous avions décidé de nous éclipser pour profiter des différents loisirs que proposait l’hôtel, et c’est ainsi que nous nous regroupâmes près de la porte de la salle. Nous, c’est-à-dire les cinq membres d’Arashi, Ben, Ai-chan et son époux, quelques cousines de Teru avec lesquelles nous avions sympathisé pendant la soirée, et bien sûr Cécile et Teru. C’est d’ailleurs eux qui nous firent repérer par quelques potes d'université de Teru et Sho-kun, invités au mariage et ayant bien profité des alcools choisis par Cécile, et qui décidèrent de nous donner la chasse. En désespoir de cause, notre groupe se disloqua avec comme point de ralliement le bar de l’hôtel une demi-heure plus tard. J’errais donc dans les couloirs quand j’entendis un peu plus loin à une intersection des bruits ne laissant aucun doute sur les activités du couple qui devait s’y trouver. Entendant des pas derrière moi et craignant d’avoir affaire à nos poursuivants, j’avançais malgré moi, un peu gênée de surprendre ces deux personnes. Au moment où ils entraient dans mon champ de vision, je baissai les yeux, marmonnant un «‘Shitsurei shimasu’ ». Le regard rivé au sol, je tâchais de passer le plus habilement et discrètement possible, mais c’est à ce moment que mes yeux tombèrent sur un sous-vêtement que je ne pus que reconnaître malgré moi. Ce boxer aux couleurs psychédéliques, je l’avais vu sur lui le matin-même quand il m’avait entraînée dans une chambre à l’écart du groupe. Quand Matsujun avait débarqué, il avait été obligé de remonter son pantalon et m’avait embrassée une dernière fois avant de déverrouiller la porte… Mon esprit se vida alors et l’idée de disparaître s’insinua pour la première fois depuis mon arrivée au Japon. Soudain, la vérité m’apparut clairement : j’étais la seule fille disponible depuis la fin de leur tournée et il n’avait pas eu besoin de faire trop d’efforts pour obtenir ce qu’il voulait. Maintenant que nous étions revenus à Tokyo, il y avait bien des filles plus belles et plus faciles à avoir que moi et sa réputation de dragueur n’était pas qu’une rumeur. Fuyant le plus rapidement possible loin du couple, je trouvai un salon vide où je m’engouffrai avant de m’abriter dans un coin de la pièce. Je ne sus pas si seules quelques minutes s’écoulèrent ou carrément plusieurs heures, mais soudain la pièce s’éclaira et je vis Sho-kun plaquer contre un mur un Teru pour le moins débraillé.
******************** ++Aiba++
Nous avions été obligés de fuir et au lieu de nous amuser ensemble encore une fois, nous voici tous isolés les uns, les autres. Je décidai de passer le temps en partant à la recherche des uns et des autres. Après un moment, comme je sortais de l’ascenseur à un nouvel étage, je crus apercevoir le fauteuil de Lucie tourner à l’angle du couloir. Je me dirigeais vers elle quand j’entendis en approchant des gémissements et autres râles qui me firent faire demi-tour sans demander mon reste. Ce n’était sûrement pas Lucie, et ceux qui étaient là n’apprécieraient sûrement pas mon intrusion… Je poursuivis mon errance à travers les étages et, un peu plus tard, vis Sho et Teru sortir d’une salle. Je les hélai, mais ils ne m’entendirent pas. Je décidai de les rejoindre et, alors que j’arrivai à la hauteur de la porte par laquelle ils étaient passés, j’aperçus, sortant de derrière les rideaux de la baie vitrée, une Lucie catastrophée. N’écoutant que mon cœur, je pénétrai dans le salon et quand elle me vit, elle fit volte-face et se mit à fixer la nuit Tokyoïte. - Lucie ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es fatiguée ? - Non. Tout va bien. Tout va à merveille en ce jour unique ! Est-ce que vous êtes tous au courant ? Est-ce que … Ces mots reflétaient l’agressivité, la colère, l’ironie, le tout emballé dans un rire nerveux qui se brisa à la fin de sa phrase. - Ano, Lucie, je ne comprends vraiment pas ce que tu racontes ? Ça a un rapport avec Sho-chan et Teru-kun ? Ils viennent de sortir d’ici non ? Elle se retourna. Me regarda droit dans les yeux et demanda : - Tu savais que Nino et Teru couchent ensemble ? - QUOI ? ça va pas ? Tu délires ! Nino ferait pas ça, surtout qu’il est avec toi, non ? Quant à Teru… - Ecoute, j’ai croisé le caleçon de Nino dans un couloir; quant à Teru, je viens de l’entendre de la bouche de Sho qui l’a choppé dans le couloir avec un de tes collègues... Pas besoin d’être forte en maths pour faire le rapprochement non ? J’avais du mal à croire ce qu’affirmait Lucie, mais en même temps, son visage ravagé par les larmes me prouvait qu’elle y croyait dur comme fer. Je ne savais pas quoi dire et la seule chose que je pouvais faire pour elle était d’être présent. Alors je la rapprochai du canapé, l’aidai à s’y installer et l’y rejoignis, la berçant tandis qu’elle pleurait sur les trahisons masculines. Quand elle se reprit un peu plus tard, elle me fit jurer de garder ce qu’elle m’avait confié secret. Puis nous rejoignîmes les autres au bar après un passage aux toilettes. Tout le monde était là, sauf Nino, Riida, Teru-kun, Jun et Cécile. Les deux derniers arrivèrent ensemble, s’excusant pour leur retard qu’ils mirent sur le dos des joyeux ivrognes…
************************ ++Ben++
- Hey, dis donc la petite ! T'as l'air crevée. Peut-être que je devrais t'appeler la vieille en fait ? Si tu tiens plus deux nuits de teuf d'affilée... Je regardais ma sœur en hésitant entre lui prendre un café et l'envoyer se coucher. Ses yeux brillaient (la fatigue sans doute) et son visage entier était marqué de cet air las qu'elle affichait autrefois quand, après avoir passé des heures à m'expliquer les bases de la grammaire et de l'orthographe françaises qui étaient à son avis si importantes pour mon avenir, elle finissait par admettre que ça ne rentrerait jamais dans mon crâne. Mais ça ne m'a jamais vraiment manqué en fait... En attendant, je voyais venir gros comme une maison le moment où elle allait saturer de toute cette ambiance bruyante. Elle n'avait jamais réussi à tenir tout un repas assise à table avec notre moitié de famille italienne. La cuisine semblait bien tranquille comparée à la pièce où se tenaient le grand-père, ses beaux-frères, nos oncles et tantes, chacun s'exprimant plus fort que le voisin pour avoir une chance de faire passer son opinion. A bien y réfléchir, le mariage en France avait eu un certain relent de nostalgie, pour cet aspect-là. - Dites, vous voulez pas proposer un jeu ? Un truc qui nous occupe bien sans qu'on ait besoin de courir partout ou de se faire repérer par les potes de ton homme ? Cécile me lança un regard absent. Ça y était, les derniers neurones avaient grillé... Quelle langue allait-il falloir employer pour qu'elle percute ? Heureusement, Airi m'avait aussi entendu. Et elle prit les choses en main. - Juste à côté du bar, il y a un karaoké. Ils peuvent nous passer tout ce qu'on veut du moment que ça se trouve sur le net. On peut se faire un concours chansons françaises contre japonaises. Evidemment, ces trois-là sont hors concours, ajouta-t-elle en désignant globalement les trois chanteurs. - Nan, pas besoin. Lucie et Cécile vont les battre à plate couture, crois-moi. S'ils acceptent, ils vont le regretter, mais il ne faut pas les prévenir. Propose-le aux Japonais. Je souriais comme un chat devant une jatte de crème. Puis, tandis qu'Airi traduisait la proposition (acceptée avec enthousiasme par les cousines), j'attrapais la mariée par la taille et poussais le fauteuil de l'autre main. - Allez les filles, on va leur montrer de quel bois on se chauffe en Occident ! J'aurais bien aimé un peu plus de chaleur dans la voix des filles, mais bon, elles n'avaient pas refusé, c'était un bon début. Et je savais que ces deux-là adoraient chanter. Ça ne pouvait donc que leur redonner le sourire, malgré la fatigue qui les marquait.
**************** ++Sho++
C'était les deux Français qui avaient le micro. Ils étaient totalement dans leur trip et... en train de virer leur chemise ? Qu'est-ce que c'était que ce délire ??? Quelle soirée ! Teru pourrait se vanter de nous avoir fait vivre un sacré mariage. Déjà, j'avais passé des moments angoissants à faire se préparer tout le monde. Ensuite, l'inconvénient de participer au mariage d'un membre d'une famille amie de la mienne, c'était que je connaissais beaucoup de monde et avais dû faire des salamalecs à n'en plus finir pendant que mes collègues s'amusaient tranquillement. Heureusement, on avait jugé bon de ne pas séparer Arashi à table, sinon, je me serais retrouvé aux côtés de mes parents comme un bon fils que j'étais. Nous avions profité du repas pour faire plus ample connaissance avec les cousines Miura et descendre un certain nombre de bouteilles. Ces jeunes filles étaient vraiment charmantes; deux surtout, dont l'une semblait fascinée par Jun. Si elle savait... Bref, après ça, nous avions voulu nous esquiver en laissant la génération précédente faire ce qui lui chantait pendant que nous nous occuperions de notre côté, mais nos amis de fac nous avaient obligés à changer nos plans. Etant nous-mêmes bien gais, la tactique décidée à la va-vite avait rapidement présenté des failles. Et c'est totalement éparpillés dans les couloirs du complexe hôtelier que nous nous étions mis à l'abri. Je crois que j'aurais pu sans problème me prendre une des nombreuses chambres qui avaient été réservées (on nous avait expliqué comment récupérer une clé quand nous en aurions besoin) et y dormir comme une masse jusqu'à l'heure du petit-déjeuner. C'était d'ailleurs ce que j'avais en projet lorsque j'avais débouché dans un couloir plein de recoins. Comparant les numéros des portes et celui inscrit sur ma plaque, un restant de conscience me disait que je n'étais pas au bon étage. Mais j'avais trop bu pour ne pas vouloir vérifier la chose par moi-même. En sortant du mini-couloir menant à l'une des portes, il me sembla apercevoir vers l'escalier la silhouette, immanquable pour moi, de Riida. J'avais voulu le rattraper mais m'étais arrêté au bout de deux pas en voyant sortir d'un autre mini-couloir la dernière personne que je m'attendais à trouver là. Surtout dans cette tenue et avec cet air. Teru. Le kimono à moitié défait. Les joues rouges. Et surtout, surtout, la culpabilité peinte sur le visage. Mon corps avait réagi sans me demander mon avis et j'avais attrapé son bras pour l'entraîner dans le salon que j'avais vu à l'entrée du couloir. Je l'y avais poussé sans ménagement et l'avais plaqué contre un mur. Je ne me souvenais plus très bien de ce que je lui avais dit exactement, mais j'étais fâché, ça j'en étais sûr. Comment cet idiot pouvait-il faire un truc aussi stupide ? ... Qu'avait-il fait, au fait ? Après tout, ses vêtements ne semblaient pas plus mal en point après que je les ai malmenés pour le coller au mur que lorsqu'il était apparu dans le couloir. Le temps que je me pose la question, il m'avait échappé et je me mis en devoir de le rattraper. Sauf qu'il avait sûrement moins bu que moi, et que je le perdis rapidement de vue. L’ascenseur s’ouvrit à un étage que je n'avais pas demandé et je vis monter dedans trois cousines Miura, Ai-chan et son mari. Je les suivis jusqu'au bar où Thierry-san eut la gentillesse de me faire dessoûler un peu. Ayant récupéré un peu de conscience, je m'interrogeais sur ce qu'il s'était passé dans l'heure précédente lorsque j'aperçus Jun par la porte vitrée. Airi avait entendu mon léger cri et m'avait précédé dans le couloir. Matsujun tenait la main d'une jeune femme que nous reconnûmes pour être la mariée qui avait changé de tenue. Ceci devait expliquer l'absence de poursuivants. Quoique ce rouge lui allait encore mieux que le blanc du kimono de cérémonie. Sans que je comprenne parfaitement comment, tous les présents échouèrent dans le karaoké voisin. Et j'essayais d'intéresser la cousine la plus proche de moi, Rinoka, à ma conversation lorsque je me rendis compte qu'elle fixait Thierry-san et Ben-kun qui, micro en main, se lançaient dans une sorte de strip-tease qui semblait beaucoup plaire à ma voisine. Je me renfrognai un peu avant de me décider à attraper la main de Rinoka-chan et de nous diriger vers la scène où nous nous retrouvâmes à chanter la dernière romance à la mode. Ça n'avait pas le fun de la chanson précédente, mais ce n'était pas mal malgré tout. Nous revînmes à notre place tandis que je voyais se lever Cécile-chan et Lucie que les Français avaient manifestement réussi à convaincre de se lancer. La chanson était en français et je n'y comprenais rien, mais leurs voix se mêlaient si harmonieusement que tous se turent pour apprécier. Nous avions déjà pu entendre Lucie chanter, mais Cécile me surprit et je restai à la regarder un peu béatement. Quand elles regagnèrent leurs places, je sentis la main de ma voisine sur mon bras. Je lâchai la robe rouge du regard pour me pencher vers la rose à mes côtés. Sa petite voix sucrée me chuchota un "tu me donnes faim" qui me laissa un peu perdu. Je me sentis rougir mais attendis que la chanson suivante soit lancée pour m'éclipser, suivi par la robe rose.
(...)
- Oh ! Allez Sho-chan ! me murmura-t-elle d'un souffle qui me caressa l'oreille. T'es un homme séduisant, tu dois savoir embrasser de manière un peu plus sauvage, non ? T'as pas besoin d'être sage cette nuit. Je dirai rien à personne, promis. Toi et moi, ça restera entre nous. Alors lâche-toi ! Me lâcher ? Je me trouvais déjà bien entreprenant pourtant. Je n'avais pas attendu d'être dans la chambre pour baisser les bretelles de sa robe et j'avais plongé ma bouche dans son décolleté alors que nous étions encore dans l'ascenseur. Sa robe était un fourreau long qui laissait voir sa jambe droite jusqu'en dessous du genou. Trouvant difficile de la lui remonter, tout en taquinant sa poitrine du bout de ma langue, j'avais posé ma main gauche sur sa croupe et la droite était venue agacer l'avant de sa robe, juste à hauteur de ses hanches, bien au milieu. Seul le fait que le tissu ne pouvait se déformer davantage avait empêché mes doigts d'approcher un peu plus son intimité. Et seul l'alcool que j'avais bu pouvait justifier que je me comporte ainsi avec une femme. Elle avait gémi et soupiré contre moi jusqu'à ce que l'on atteigne la porte, et à peine entrés, elle avait cherché à prendre ma bouche d'assaut, collant son corps au mien et se frottant contre mon entrejambe qui n'en demandait pas tant pour me faire sentir que j'allais devenir fou. Je voulais cette fille et je remerciai silencieusement le ciel de nous avoir permis d'atteindre la chambre avant que je ne craque et ne l'allonge dans le couloir. Mais à présent, elle me demandait une chose que je comprenais pas. J'aimais l'amour langoureux, lascif, tendre. Mon image sexy, qui amusait tant Jun et Nino, les amusait justement parce que ce n'était qu'une image. Je n'avais jamais eu l'envie de plaquer ma partenaire ou ma petite amie au mur pour la prendre avec brusquerie. J'aimais qu'elle soit consentante et amoureuse. Rinoka était manifestement plutôt passionnée et exigeante. Et j'avais trop bu pour pouvoir maîtriser ce qu'elle faisait à mon corps. - Ok, j'ai compris. De toute façon, j'ai toujours préféré les démonstrations pratiques aux longs discours. Elle avait dit ça en souriant et en me regardant droit dans les yeux après avoir enserré mon visage dans ses longues mains fines. Sans écarter ses paumes, elle inclina la tête et ses lèvres vinrent à la rencontre des miennes, ses dents les mordillant rapidement avant que sa langue ne force le passage pour venir glisser contre la mienne. C'était presque plus enivrant que le saké que nous avions bu à table. M'entendant gémir à mon tour, elle s'écarta un peu de mon visage et sourit encore avant de me suggérer de poser mes mains sur sa taille. - Serre un peu, Sho-chan. Oui ! comme ça ! Encore !! Oh... ! Elle aimait ce que je faisais, et elle savait me le faire savoir. Sa voix sucrée était encore plus adorable tandis qu'elle criait. Et je ne faisais rien d'autre que presser mes mains sur son ventre en dévorant son cou. Que serait-ce lorsque j'aurais enfin réussi à l'allonger sur le lit qui nous attendait ? Elle redressa la tête qu'elle avait penchée en arrière quand mes lèvres s'étaient pressées sur sa gorge, et me regarda un instant avant de poser ses mains délicates sur mes épaules pour me pousser à reculons dans la chambre. Me voyant de bonne volonté, elle m'embrassa de nouveau et ses doigts glissèrent le long de ma veste pour la faire tomber avant de s'attaquer à ma ceinture qu'elle déboucla rapidement. Elle semblait vraiment douée parce que lorsque je sentis l'arrière de mes genoux heurter quelque chose de rigide et moelleux à la fois, mon gilet et ma chemise béaient sur mon torse et mon pantalon ouvert avait rejoint mes mollets. Et je n'avais rien saisi du déroulement des opérations alors que je me retrouvai assis sur l'un des fauteuils sans accoudoir qui agrémentaient la chambre. La seule chose qui couvrait encore ma décence était mon boxer, et si j'en croyais la bosse qui le déformait, ça n'allait pas durer longtemps. Et ma partenaire eut en effet vite fait de retirer le tissu, s'arrangeant pour qu'il rejoigne au plus vite mon pantalon. J'eus alors une vision paradisiaque quand elle se mit à genoux devant moi pour caresser mon sexe de sa main et de sa langue avant de relever la tête vers moi et de me demander d'un air mutin si j'avais un préservatif sur moi. A ma grande confusion, je dus admettre et essayer d'articuler qu'il y en avait dans la poche arrière de mon pantalon. Elle sourit, récupéra le sachet et étira la protection sur moi, avant de se redresser et de relever légèrement sa robe pour pouvoir venir s'asseoir sur mes genoux. Sa bouche se colla à la mienne et l'une de mes mains se posa sur le haut de son dos tandis que l'autre atterrit sur son genou avant de partir explorer sa cuisse et le dessous de sa robe. Je regrettais qu'elle se soit déjà assise, j'aurais voulu qu'elle retire sa culotte avant, car je comptais bien à présent accrocher ses jambes à ma taille avant de la soulever pour la pousser sur le lit. Mais je sursautai dans notre baiser quand ma main atteignit sa taille sans rencontrer le moindre bout de tissu. Je m'écartai d'elle suffisamment pour la fixer. - Tu... tu es nue là-dessous ? Je devais avoir l'air effaré malgré ma griserie, parce qu'elle éclata d'un rire cristallin. - Tu es vraiment adorable Sho-chan. Et c'est si facile de te choquer ! Je fronçai les sourcils, ne trouvant pas amusant qu'elle se moque ainsi de moi. - Ta main ne devrait pas être là, vilain garçon. Sa place est ici ! Elle cria en prononçant ce dernier mot. Elle avait attrapé ma main et l'avait placée entre ses jambes. Et j'avais enfoncé mes doigts en elle, provoquant ce piaillement agréable que je tentai de lui faire reproduire aussitôt. Très vite, j'avais replongé le nez dans ce qui était juste devant moi, à savoir sa poitrine soyeuse et dorée. En quelques minutes, elle haletait comme après une longue course, et moi j'étais plus dur que jamais. J'allais me lever pour nous faire rejoindre le lit quand elle écarta ma main d'elle et, se redressant sur la pointe de ses pieds, rapprocha son bassin du mien pour y reproduire les mouvements lascifs et bruts qu'elle avait déjà faits quand nous étions encore habillés. Quand j'étais encore habillé, parce qu'à présent j'étais le seul à être plus dévêtu qu'en entrant dans la chambre. Prenant appui sur mon épaule d'une main pour maintenir son équilibre, elle se souleva encore un peu plus et, me tenant de sa main restée libre, elle me fit entrer en elle. Puis elle se rabaissa, m'enfonçant d'un seul coup dans son corps excité. Bloqué sur ce siège, cloué par ce corps pourtant si léger, je ne pus que me laisser emporter par le plaisir purement charnel qu'elle nous procurait. Je le ressentais tout en ayant l'impression que chaque mouvement, chaque baiser, provoquait des myriades de sensations encore démultipliées par son regard exigeant et enflammé. C'était si intense que j'atteignis l'orgasme sans avoir la possibilité de savoir si je lui avais offert la même jouissance. Je supposai que oui car lorsque je repris mes esprits, elle venait de jeter le préservatif usagé et me tendait la main en souriant d'un air fatigué pour m'attirer vers le lit où nous nous couchâmes tout habillés. Je m'endormis en la tenant contre moi, la tête pleine de questions sur ce qu'il venait de se passer et un sentiment de satisfaction profonde ancrée en moi.
****************** ++Airi++
Ils étaient parfois complètement fous ces garçons ! Dommage que Teru ne soit pas là (se serait-il fait capturer par ses amis ?). Je pensais que voir ses beaux-frères en si grande forme, et en train d'illustrer avec conviction la chanson de Zebda, lui donnerait une image différente de sa femme et de sa sœur. Je vis Jun froncer les sourcils en les regardant. Et Aiba se pencha vers moi. - Dis, ils sont sympas ces gaikokujin! Mais, pourquoi ils se déshabillent ? Je ne pus m'empêcher de pouffer. - Ce sont les paroles du refrain. En gros, ça veut dire qu'ils tombent la chemise pour faire la fête. - Ah ! ben ça, c'est plutôt bien imagé ! Je regardai ma cousine qui semblait se lécher les babines et vis du coin de l'œil le petit Sho qui lorgnait sur elle se renfrogner un peu. Il décida d’ailleurs de contrattaquer immédiatement, entrainant Rinoka-chan dans son sillage. Après leur prestation, Cécile et Lucie se lancèrent à leur tour et le silence se fit dans la salle alors qu’elles interprétaient ‘Tu es mon autre’, le duo de Maurane et Lara Fabian. Après elles, d’autres cousins se lancèrent dans l’aventure mais la qualité d’écoute avait changé, et je remarquai soudain que Sho et Rinoka-chan avaient tous les deux disparus. Je les connaissais suffisamment l’un et l’autre pour savoir que le premier respecterait ma cousine, et que si celle-ci avait bien disparu avec l’idole, c’était qu’elle le voulait bien. Alors je leur souhaitai mentalement bien du plaisir et me reconcentrai sur les activités de la soirée. Le karaoké s’essoufflait de lui-même et nous commençâmes à nous disperser. Je suivis la bande, Cécile et Lucie qui se dirigeaient vers la salle de billard alors que Thierry déclarait forfait et regagnait notre chambre où il libèrerait la baby-sitter de Thomas. Les parties s’enchainèrent mais Lucie déclara forfait après la première et Ben en profita pour s’éclipser à son tour. Il s'était approché de sa sœur pour lui proposer de l'accompagner, mais elle avait refusé d'un mouvement de tête; elle devait espérer que mon idiot de frangin vienne la rejoindre. Mais si, comme je le pensais, il s'était fait prendre par ses amis, elle allait l'attendre longtemps... Au bout d’un certain temps où les verres de cocktails s’étaient succédés, les derniers joueurs dont je faisais partie décidèrent d’aller dormir. Après récupération d’une clé, nous nous effondrâmes tous dans la même pièce.
C'est à vous, laissez vos comm' | | | Dim 18 Aoû - 15:10 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Bon cette fois, je suis à l'heure. Alors aujourd'hui le chapitre 15 - Chapitre 15:
++ Cécile ++ Avez-vous déjà essayé de courir en kimono ? Quelqu'un a-t-il jamais tenté cette activité dans les couloirs moquettés d'un hôtel ? Epousant un Japonais, j'avais voulu faire les choses selon les traditions. Après tout, Teru avait accepté la cérémonie religieuse en France alors que personne, et surtout pas moi, ne l'y aurait obligé (même si mes grands-parents auraient vigoureusement protesté). Il me paraissait donc normal qu'il y ait une cérémonie shinto au Japon. Et comme j'avais horreur de faire les choses à moitié, et que je savais que sa famille ne manquerait pas de le faire remarquer à mes beaux-parents si j'y dérogeais, j'avais accepté les kimonos (bien que deux m'aient parus suffisants) et j'avais même laissé la coiffeuse monter ma chevelure en un mélange d'arabesques lissées alors que je détestais qu'on la touche. Comme pour Lucie, il avait fallu une tonne de laque pour la faire tenir, mais après tout, je ne comptais pas me marier tous les mois... J'avais donc été transformée en poupée japonaise, j'avais enduré le repas (excellent, mais qu'il m'était difficile de faire tenir dans un estomac stressé) et les discours, et je n'aspirais plus qu'à trois choses : du repos, du calme et de la tranquillité. Les seules exceptions qui me paraissaient tolérables étaient la présence et les souhaits de Teru. Quand, en sortant de la salle de réception, nous avions aperçu ses amis très... joyeux, il avait été décidé à la hâte de former plusieurs groupes dont l'un entre autres, mené par mon époux, tenterait d'attirer les éméchés à travers l'hôtel. J'avais, pour ma part, hérité de deux gardes du corps qui m'aidèrent à me cacher et à rejoindre la suite où nous avions laissé les tenues de soirée. La mariée était trop facilement repérable et trop lente, même si j'avais rapidement abandonné les gettas que Ben avait ramassées. Voyant que nous nous ferions coincer en entrant dans la suite au prochain couloir, mon frère nous avait dit de continuer seuls avant de faire face aux deux hommes qui nous suivaient pour les retarder. C'est ainsi que je me retrouvai dans le salon à devoir demander l'aide de Grognon pour défaire mon chignon et retirer le kimono, tâches dont il s'acquitta plutôt facilement, à ma grande surprise. - J'ai une mère et une sœur qui adorent ce genre de tenues. C'est juste une question d'habitude. S'il le disait... En tout cas, je n'étais pas mécontente de porter une combinaison de satin sous ces épaisseurs de tissu. J'avais l'habitude d'aller aux thermes en Allemagne, et le côté je-me-promène-nue-et-sans-complexe-devant-plein-d'autres-personnes-nues-et-sans-complexes m'était familier. Même si je lui reconnaissais un certain sex-appeal, si je ne voulais pas "voir" la nudité d'un homme, je n'avais aucun problème pour ne pas la regarder. Et je m'appliquais le même principe. Pas d'ostentation, moins de tentation. Dans la mesure où Jun préférait les hommes, le problème se posait encore moins à mes yeux. Mais nous n'étions pas les seuls à avoir la clé de cette chambre, et son homosexualité était un secret, alors plutôt que d'avoir à se lancer dans de longues explications, il était plus simple de ne pas prêter à confusion. Donc aussitôt les kimonos retirés, j'attrapai la robe préparée et l'enfilai rapidement. - Tu penses passer inaperçue en rouge ? - Pas vraiment, non. Mais au moins, je pourrai courir. Et je n'aurai pas l'impression d'être un robot. Mon téléphone émit un petit bip dans le fond de mon sac et je le récupérai pour ouvrir le message envoyé par mon frère. - Ben a réussi à entraîner les deux gars dans un coin bar. On peut sortir et tenter d'aller rejoindre les autres au point de rendez-vous. Tu viens ? Je n'attendis pas sa réponse et ouvris la porte de la suite. Il n'y avait personne dans le couloir et nous nous y engageâmes résolument. Avoir l'air dégagé des habitués serait le meilleur camouflage. Malgré tout, nous dûmes faire un certain nombre de détours pour éviter les poivrots qui ne manquaient décidément pas de suite dans les idées. J'avais fait mes études à Paris et participé à nombre de soirées étudiantes. Si ces jeunes gens illustraient ainsi la reproduction de leurs propres soirées, Teru n'avait pas dû être beaucoup plus sage que moi... Sauf que je tenais nettement mieux l'alcool que lui. Après avoir parcouru quelques couloirs et autant d'escaliers, nous parvînmes à l'étage détente par excellence. Jun m'avait semée en allant vérifier que le couloir suivant était libre, et j'allais le rattraper lorsque j'eus l'impression qu'il y avait eu du mouvement dans mon dos. Faisant volte-face, je n'aperçus que la nuque d'un homme qui passait une porte du couloir. Mais j'aurais pu la reconnaître entre dix-mille. Et quand j'entendis Jun revenir pour dire que la voie était libre (ou râler parce que je n'avançais pas assez vite à son goût, au choix), je ne fis que désigner la porte avant de m'y précipiter en soufflant un "Teru" à peine audible. En entrant dans le spa, je saluai l'employé à l'accueil en tentant de lui expliquer que je voulais savoir où était allé l'homme qui venait d'entrer. Mon souffle saccadé ne m'aidait pas et ce fut Jun qui posa la question de manière intelligible. Je lui lançai un regard reconnaissant pendant que l'homme derrière son guichet nous indiquait les cabines de soins avant d'exiger que nous retirions au moins nos chaussures pour les déposer dans le vestiaire. Ne souhaitant pas déranger d'éventuels clients, je m'avançai aussi paisiblement que possible dans le couloir desservant les cabines et jetai un rapide coup d'œil dans celles qui étaient ouvertes. Sur la dizaine de portes, seules trois étaient entrebâillées et j'hésitai à toquer aux autres. - Les cabines donnent sur une espèce de jardin pas très large. On peut aller voir par là, ça évitera de gêner les autres clients. Je sursautai en entendant le murmure de Jun. Mais il m'avait déjà pris le bras et je le suivis. Nos pas faisaient à peine grincer le plancher qui courait contre le mur opposé aux murs vitrés des cabines. Entre les deux, des plantes et des pierres agrémentaient la vision que l'on devait avoir depuis l'intérieur. Les deux premières cabines étaient occupées par deux jeunes femmes enfoncées dans l'eau jusqu'au cou, une serviette sur la tête. La troisième était vide. Mais dans la quatrième... Jun, qui marchait devant moi, s'était arrêté brusquement. J'allais lui en demander la raison lorsque je vis la même chose que lui. Ma gorge émit une sorte de gargouillis avant que je ne déglutisse et rouvre la bouche pour crier. Sauf que je n'en eus pas le temps. Il avait mis sa main dessus et m'entraîna avec une vigueur surprenante, nous faisant revenir sur nos pas, récupérant nos chaussures au passage. Il nous fit sortir du spa en me tenant toujours fermement et je me laissai faire sans même réaliser que je ne réagissais pas. J'étais devenue un pantin qu'il dirigeait à sa guise. Pourquoi ne disais-je rien ? Pourquoi n'arrêtais-je pas notre course à travers ces couloirs hostiles ? ...Pourquoi fuyait-il aussi ? Parce que j'étais sûre à présent que l'homme dont je suivais le dos était en train de fuir quelque chose, pas d'essayer de me protéger. - Jun ! appelai-je en freinant de tout mon poids, le ralentissant considérablement avant de l'arrêter tout à fait. Il resta le dos tourné, mais je voyais ses épaules se baisser, comme écrasées par la résignation. Et sa main tenait toujours la mienne. - Pourquoi on s'enfuit ? On aurait dû y aller, les arrêter. - On n'empêche pas la montagne de s'écrouler, me dit-il à voix basse en se retournant doucement. Je vis des larmes au bord de ses yeux. Et c'est là que je compris ce que mes propres yeux avaient vu sans le vouloir. Ce n'était pas seulement Teru qui était là avec un homme. C'était aussi Satoshi qui était là avec quelqu'un d'autre que Jun. - Jun... - Ah !! Cécile ! Jun ! Vous êtes enfin arrivés au bar ! Ben nous avait dit qu'il vous avait laissés à la suite. On commençait à se demander si vous n'étiez pas en train de vous étriper quelque part dans un coin de l'hôtel. Vu comme vous vous entendez bien... Nous tournâmes la tête avec un ensemble quasi parfait. Devant nous se tenaient Sho et Airi à la porte du bar où nous avions rendez-vous. - Allez Cécile, encouragea ma belle-sœur avant de m'entraîner à l'intérieur, c'est ta journée et ta nuit, faut assumer jusqu'au bout ! C'était vrai, j'étais la reine de la soirée. Dire que j'étais fatiguée n'était pas possible, pleurer devant ces gens était juste impensable. La seule excuse valable pour me retirer ne pouvait m'être offerte puisque Teru était actuellement avec... un homme... nu... Mon cerveau refusa l'image qui me vint, semblant renverser une bouteille d'encre de chine dessus. Oui Airi, j'allais assumer. Mais le goût de cendre que j'avais dans la bouche était d'une atrocité sans nom.
********************** ++ Jun ++ C'était sans doute parce que je m'y attendais depuis toujours que j'avais réagi de manière aussi détachée. Du moins, j'imaginais. Parce que je ne voyais pas vraiment d'autre explication à ma capacité à faire comme si de rien n'était alors que ma vie s'effondrait en silence tandis que tous les autres autour de nous semblaient s'amuser comme des fous. Je disais 'nous' à cause 'd'elle'. On avait subi le même choc. Enfin, le même genre de choc. Bizarrement, elle avait l'air d'encaisser plutôt bien. Comment faisait-elle pour rire comme ça ? Je me demandais si elle n'était pas encore plus miro que moi ? Est-ce qu'elle ne réagissait pas parce qu'elle n'avait pas vraiment vu ce qu'il s'était passé ? Mmm... non, pas possible, je n'aurais pas eu à plaquer ma main sur sa bouche ni à l'entraîner si fort. Peut-être qu'elle ne réalisait pas encore ? Pourtant, si on n'avait pas tout vu, on avait vu l'essentiel. Parce que dévêtus comme ils l'étaient, excités comme ils l'étaient, il ne pouvait pas y avoir trente-six développements à cette scène. Hum ! Satoshi dirait encore que je suis un pervers... Non !!! mauvais plan, ne pas penser à lui ! Surtout pas !! J'avais l'impression d'être revenu près de dix ans en arrière, lorsque nous commencions à sortir ensemble et que je le voyais passer une main fantôme sur les fesses d'un autre, ou murmurer à l'oreille d'un beau gosse. Il était réellement discret à cette époque, et la seule fois où je l'avais vraiment vu avec quelqu'un, c'était lors d'une tournée. Je l'avais suivi en boîte et je l'y avais vu allumer un type plutôt pas mal et baraqué en dansant lascivement devant lui avant de lui mettre la main dans le pantalon. Le gars l'avait rapidement emmené dans une ruelle derrière la boîte, le prenant contre le mur en étouffant ses gémissements et ses cris d'une main tandis que l'autre le gardait à sa hauteur. J'étais rentré en courant, malade de ce que j'avais vu. Les trois autres avaient essayé de me calmer et Sho s'était expliqué avec Riida une fois celui-ci rentré à notre hôtel. Ils nous avaient ensuite laissé dormir ensemble et Toshi avait passé la nuit à me tenir dans ses bras pour me rassurer, me disant qu'il allait bien et que ça ne changeait rien entre nous deux, que c'était dans le contrat. Mais j'avais vu la réalité, ce que signifiait laisser celui que j'aimais avec un autre. Pouvais-je comparer ces deux soirées ? Non. Mon petit ami avait dragué un butor en boîte dans le seul but de se faire sauter. Mon amant, celui qui partageait ma vie et habitait presque chez moi, presque seulement parce qu'il aimait dormir parfois dans son appartement-atelier, mon amant donc, était en train de laisser l'un de nos amis communs le posséder en y prenant un plaisir certain. Teru n'était pas si fort et Toshi pas si ivre qu'ils se livrent à ce genre d'activités sans le consentement des deux. Sans compter ce que j'avais deviné des sentiments de Teruki depuis toutes ces années. J'en étais à peu près là de mes réflexions lorsque je sentis quelqu'un poser une couverture sur mes épaules. Je revins à la réalité et regardai autour de moi. J'étais sur une sorte de balcon plus ou moins abrité du froid extérieur par des parois de verre et un chauffage d'appoint. J'ignorais comment j'étais arrivé là, me souvenant vaguement d'avoir tenu une queue de billard dans les mains et senti des doigts agripper mon poignet pour me faire me déplacer. En dehors de ça, j'ignorais ce qu'il s'était passé. Mon corps avait dû fonctionner en pilotage automatique. Et je me retrouvai donc sur ce balcon où quelqu'un venait de me couvrir les épaules. Un peu plus loin, je vis une forme recroquevillée sur elle-même, vêtue de rouge et surmontée d'une chevelure brune. Son visage enfoui dans ses genoux n'était pas visible, mais ses épaules tressaillaient régulièrement. Je me levai et jetai un coup d'œil dans la chambre où je ne vis que des formes endormies blotties sous des couvertures sur le lit et le canapé. Puis je m'avançai vers la jeune mariée en pleurs pour lui rendre la couverture qu'elle m'avait donnée. Je m'accroupis près d'elle et l'appelai doucement. La voyant sans réaction, je posai la main sur son bras. - Cécile... Je suis... je suis désolé... Je ne parvenais pas à en dire plus, écœuré par mon propre manque de réaction. Je n'avais même pas cherché à les arrêter, comme si ce qui arrivait me paraissait inévitable. Comme si rien ne pouvait me permettre de garder l'homme que j'aimais. - Désolé pour quoi ? Tu les as pas poussés l'un vers l'autre, que je sache. Sa voix était basse, chevrotante. Elle ne pleurait pas. Pas encore. Mais sa respiration était saccadée. - Je ne suis qu'un pauvre type pitoyable. Tellement pitoyable que je ne sais même pas comment te proposer de l'aide et encore moins comment t'en demander... J'étais perdu. Toshi était mon début et ma fin, le premier que j'avais aimé et le seul avec qui je voulais passer ma vie. Elle me tourna le dos, et j'y vis une invitation que je saisis aussitôt, m'asseyant derrière elle pour la prendre contre moi. Tout en m'appuyant sur elle, je ne pus m'empêcher de murmurer que son corps était celui qui était habituellement serré par l'homme qui tenait Satoshi en ce moment même. Ma remarque fut sans doute la goutte faisant déborder le vase et elle se retourna pour me faire face un instant avant de baisser le front et de le poser sur mon épaule en chuchotant, comme en un cri murmuré, qu'elle ne voulait pas perdre Teru. Cette femme au caractère imbuvable me parut si fragile alors qu'elle sanglotait dans mes bras. Nous avions à présent chacun le front posé sur l'épaule de l'autre ; nos larmes ne se mêlaient pas, mais nos peines étaient jumelles. Qui mieux qu'elle pouvait me comprendre en ce moment ? - Ce sera peut-être leur seule fois, dis-je. Oui, vraiment, pitoyable. Je n'y croyais pas une seule seconde et elle le savait. - C'est ça, répliqua-t-elle la voix pleine de larmes. Et demain, ils vont revenir vers nous comme si de rien n'était en disant "désolé, je crois que je me suis trompé. Maintenant je sais. Reprenons où nous en étions". Je... Sa voix qui allait decrescendo se brisa là. Je la redressai. Je n'aimais pas que les gens qui m'entourent soient si mal. C'était plus fort que moi, il me fallait les faire réagir, même alors que je n'étais pas en meilleur état. - Frappe-moi ! Elle ne dit rien, n'esquissa pas un geste. - Vas-y, frappe-moi. Tu ne t'en prendras pas à Teru et Satoshi ne me touchera pas, on le sait. Mais on en a besoin tous les deux. Alors vas-y. Son regard semblait vide. Comme une poupée de chiffon. Je levai une main, voulant la gifler sans y parvenir. Moi qui n'hésitais pas à bousculer Satoshi qui me paraissait infiniment plus délicat qu'elle, je n'arrivais pas à achever mon geste. Je sentais pourtant bien qu'il fallait quelque chose comme ça. Ma main levée ne bougeait toujours pas. Mais celle qui tenait son épaule se crispait. Je suppose que c'est ce qui la fit finalement réagir. Elle projeta mollement sa main vers mon épaule. Puis, les poings fermés mais levés, elle tambourina doucement sur mon torse, de plus en plus vite. Elle ne me faisait pas vraiment mal et elle ne soulageait sans doute pas autant ses nerfs qu'elle aurait dû, mais je sentais aussi la fatigue l'emporter doucement. Avant qu'elle ne s'endorme totalement, je nous relevai pour nous faire rentrer dans la chambre. Toutes les surfaces de sommeil étant occupées, je me laissai glisser contre un mur en gardant Cécile-chan contre moi. Et c'est assis l'un contre l'autre que nous nous endormîmes.
(...)
Dans quelques jours, ce sera l'anniversaire de Sho-kun. Tout le monde sera là. La journée d'hier était passée comme dans une sorte de brouillard. Le réveil déjà avait été plutôt cotonneux, et d'une certaine façon, assez douloureux. On ne s'endort pas impunément à demi adossé à un montant de porte avec un poids mort sur l'épaule. Heureusement, personne ne nous avait trouvés dans cette position. Elle n'était pas spécialement compromettante en soi, mais elle indiquait bien que nous avions chacun dormi cette nuit en célibataires. La mariée avait passé sa nuit de noce appuyée sur l'épaule d'un gay... Je n'osais imaginer les commentaires. Nous n'avions pas été les seuls à dormir dans cette chambre, mais que ce soit Ai-chan ou ses deux cousines, elles dormaient encore à poings fermés quand la femme contre moi s'était un peu agitée dans son sommeil, me tirant des bras de Morphée. La bouche pâteuse, j'avais ouvert les yeux et constaté que le jour se levait. Cécile n'avait pas tardé à en faire autant. Puis elle avait levé les yeux vers moi, semblant tenter de se souvenir de ce qu'elle faisait là. Je compris que la mémoire lui était revenue quand je vis des larmes poindre à ses paupières. - C'est un cauchemar, avait-elle murmuré. Je dors encore et c'est un cauchemar... - Si tu y tiens, tu peux faire l'autruche, avais-je répliqué tout bas, ne cherchant pas davantage qu'elle à réveiller sa belle-sœur. - C'est pas une question d'autruche. Seulement... Je ne sais pas quoi faire. J'ai peur de sortir de cette chambre. Je ne veux pas le croiser. Je ne veux pas lui parler. Pas maintenant. Ça fait trop mal. Elle avait dit tout ça très vite et très bas. J'en avais saisi l'essentiel, et je ne savais pas quoi lui répondre. Parce que j'éprouvais les mêmes craintes. J'avais toujours su que Teru plaisait à Satoshi. Je l'avais même deviné avant lui. C'était pour cette raison que je l'avais séduit. Parce que le Teruki d'alors n'aurait jamais pu répondre au jeune homme qui m'attirait. Je savais qu'il ne pourrait que lui faire du mal. Et j'avais pensé pouvoir le protéger de cette douleur. Plusieurs fois au cours des dix dernières années, nous avions partagé des moments avec Teru. Après avoir été longtemps celui d'enfance de Sho, il était devenu notre ami à tous les cinq. Je savais que Riida ne s'en rendait pas compte, mais après chacun de ces moments, il était toujours un peu plus perdu que d'habitude, un peu plus ailleurs. Et il me fallait souvent toute la nuit pour le ramener à lui. Et puis, il y avait eu cette journée où Sho avait apporté l'invitation au mariage et où Teru était passé nous voir après la répétition. J'avais bien vu le trouble qui régnait dans son âme après cette visite surprise. Cette nuit-là, sa façon de me faire l'amour avait été pleine des larmes qu'il retenait sans même en avoir conscience, si désespérée que mes bras ne purent lui offrir qu'un maigre exutoire. Mon cœur, lui, débordait de colère contre cet homme qui, d'un sourire heureux, le brisait en toute ignorance, cet homme à cause duquel je m'étais promis de m'offrir à Toshi comme un rempart dès le moment où Sho nous avait présenté son ami. Et moi qui aurais tant voulu ce soir-là être son havre paisible, je m'étais montré encore plus exigeant que d'habitude, ne laissant pas de répit à son corps épuisé. Pouvait-on vraiment appeler 'amour' cette rage que j'avais de le posséder, de le pousser à ses limites, de le faire hurler grâce pour qu'il n'ait plus l'esprit occupé que par moi et son plaisir ? La veille au soir, je n'avais pas eu besoin d'un long regard par la vitre du spa pour comprendre que cette fois, je ne pourrai pas agir comme d'habitude. Que cette fois-ci, leurs barrières s'étaient brisées et qu'ils avaient enfin compris ce qui les poussait l'un vers l'autre. - Ce n'est pas à nous de nous sentir mal, chuchotai-je. C'est eux qui... Sa main s'était retrouvée sur ma bouche. Elle avait semblé prête à dire quelque chose, mais un vague grognement en provenance du lit lui avait fait tourner la tête. Elle s'était levée et m'avait fait signe de la suivre sur le balcon. J'avais attrapé une couverture et l'avais rejointe. Dehors, sans l'appui du petit chauffage que j'avais éteint en rentrant cette nuit, il faisait encore plus froid que je ne l'imaginais. Mais elle n'avait pas semblé s'en soucier. - Jun, m'avait-elle dit en parlant presque normalement. J'ai pu voir combien Satoshi tient à toi. Je sais de mon côté que Teru m'aime. Crois-tu vraiment que s'ils en sont arrivés là, ça n'a aucune signification ? Qu'ils vont s'en tenir là ? Elle s'était tournée vers le soleil qu'on devinait derrière les immeubles. - J'ai essayé de l'appeler cette nuit. Plusieurs fois. J'ai dit que je supposais qu'il était coincé avec ses amis de fac, ou qu'il s'était endormi dans une chambre, ou peu importe. J'attends toujours son rappel. - Tu lui as offert un alibi ? - Que puis-je faire d'autre ? Ses mains se cramponnèrent au rebord du balcon. Puis elle me regarda à nouveau. - Je l'aime. Je sais qu'il m'aime. Mais je sais aussi qu'il n'est pas amoureux de moi. Il me l'avait dit. Et c'est en sachant ça tous les deux qu'on a décidé de se marier. Parce qu'il ne pensait pas impossible de tomber amoureux de moi un jour. Ai-je tort de vouloir croire que ça peut encore arriver ? Oui, elle avait tort. Je le savais. Et je savais aussi que j'aurais dû le lui dire. Mais j'avais perdu la parole. Notre conversation n'avait pas pu aller plus loin, Ai-chan s'étant réveillée lorsque le téléphone avait sonné. Elle avait passé la tête par la porte-fenêtre quand elle s'était rendu compte que nous étions dehors. Cécile avait prétendu que nous n'avions pas voulu les réveiller trop tôt et était rentrée dans la chambre. La suite avait été plus floue. J'avais aperçu Satoshi avec Nino, le second avachi sur le premier. Le gamer avait sa tête de lendemain qui déchantait et je n’avais ni la patience ni la force de m’occuper de quelqu’un d’autre que de moi-même. Alors je m'étais arrangé pour m'esquiver sitôt le petit-déjeuner pris, prétextant une nuit courte et un début de migraine. Rentré chez moi, je n'avais pas réussi à rejoindre mon lit et avait atterri sur le canapé. Entre deux périodes de somnolence, j'avais allumé la console et tenté de faire quelques parties de Mario kart. Mais le plombier se retrouvait dans le décor plus souvent que si Sho avait tenu la manette. Sho, dont ce serait l'anniversaire dans quelques jours... Il avait invité tout le monde vendredi matin. A ce moment-là, personne n'avait de raison de refuser. Donc tout le monde serait présent. Je pouvais parfaitement ignorer Teru, ça ne me poserait pas de problème majeur. Mais Satoshi... J'hésitai entre replonger dans une partie ou me décider à me faire à manger lorsque la sonnette retentit. Je décrochai l'interphone. - Jun ? Lui. C'était Lui. Et Il avait sonné... - Tu peux monter, répondis-je en appuyant sur le bouton. Il avait la clé de chez moi. Evidemment, puisque ça faisait dix ans qu'il pouvait débarquer quand ça lui chantait pour se changer de sa famille ou finir la nuit dans mon lit. Mais il avait sonné. Je restai avec la main sur la poignée de la porte d'entrée, attendant d'entendre l'ascenseur arriver à mon étage. Quand il fut là, j'entrouvris ma porte et retournai dans le salon. Valait-il mieux que je m'asseye, ou devais-je rester debout ? Je sentis sa présence dans la pièce sans avoir entendu la porte d'entrée se fermer. - Tu veux boire quelque chose ? - Non merci. Mais je voudrais te parler. On peut s'asseoir ? Je me retournai en essayant d'avoir l'air aussi indéchiffrable et naturel que possible. Je faillis m'approcher pour l'embrasser, mais son regard baissé, obstiné, me fit comprendre que ce n'était même pas la peine. Quoiqu'il me dise, quoiqu'il décide pour la suite, je savais déjà que je ne ferai plus partie de sa vie en dehors d'Arashi. - On peut s'asseoir si tu y tiens. Il leva le nez et me fixa un instant. - Jun, je... Je ne sais pas ce que tu imagines. En fait, je ne sais même pas la moitié du temps ce que tu penses. Je suis venu parce qu'il fallait que je te parle. Et je ne sais pas comment tu vas le prendre. Mais je resterai ici jusqu'à ce que tu aies bien compris et que les choses soient bien claires entre nous. Parce qu'on n'est pas seulement des amants, on est aussi des collègues. Et je sais à quel point Arashi est important pour toi. Et crois-moi, ça l'est pour moi aussi. J'appréciai ses efforts. Il était fidèle à lui-même, mais ses tentatives pour s'expliquer me prouvaient que j'avais de la valeur à ses yeux. Je ne pouvais pas le laisser dans le flou plus longtemps, il méritait lui aussi de l'honnêteté de ma part. - Te fatigue pas, Toshi. Je vous ai vus. Si tu veux rester avec lui, va falloir trouver plus discret que le spa. Enfin, je suppose que tu es juste venu me rendre mes clés ? Il me regarda avec incrédulité. - Tu peux les garder si tu veux. Comme on continue à bosser ensemble, elles peuvent toujours te servir. - Jun... Tu... tu nous as vus ? - Je pense en effet qu'on devrait s'asseoir. Je te laisse le canapé, le fauteuil m'ira très bien... Je vous ai vus, c'est bien ce que j'ai dit. Oh ! t'en fais pas, je suis pas resté à vous mater. Riida, juste pour être sûr, tu as conscience qu'il est marié ? Satoshi s'était laissé tomber sur le canapé. Il regarda ses paumes un instant puis replia ses doigts. - Jun, ce n'est pas pour lui... enfin, si, bien sûr, c'est à cause de ce qu'il s'est passé, mais... Je ne pense pas qu'il va quitter sa femme pour moi. Cette nuit était particulière. Je crois qu'il a juste voulu voir ce que ça lui faisait... - QUOI ?! Tu veux dire qu'il a profité de toi et s'est cassé ? Satoshi... - Non, il n'a pas fait ça, me coupa-t-il. Et cette nuit a été fantastique. Même si je suis à peu près sûr que t'en parler n'est... pas la chose à faire. Jun, ce qu'il y a ou n'y a pas entre lui et moi ne te concerne pas. Je suis venu te parler de nous, là. Son regard sérieux chercha le mien et je sentis mes yeux piquer. - On a passé des années géniales ensemble. Je ne pourrai jamais t'effacer de ma vie. Et j'espère que tu accepteras de me laisser une petite place dans la tienne. Mais je ne peux plus être dans tes bras. A chacun de tes baisers, chacune de tes caresses, c'est à lui que je penserai. Ce ne serait pas juste vis-à-vis de toi. Et ne me dis pas que tu t'en fous et que tu l'acceptes, poursuivit-il en levant la main. Tu mérites mieux que ça. Tu es quelqu'un de bien, Jun. Je voudrais vraiment que tu sois heureux, mais ça ne dépend plus de moi. J'avais détourné la tête, fixant un point incertain au-dehors. Je ne me rendis pas compte du temps qui passa, mais s'il avait fini par bouger, c'était qu'il s'était écoulé un certain temps. Quand je ramenai mon attention à ce qui se déroulait chez moi, je le vis debout à me regarder. A ses pieds il y avait un sac qui contenait sûrement les vêtements qu'il avait laissé chez moi au fil du temps. - J'ai rassemblé le reste de mes affaires, ce qui était un peu lourd aussi, dans un carton que j'ai mis dans l'entrée. Si tu vois d'autres choses dont tu veux te débarrasser, tu pourras les y ajouter. Je demanderai au livreur de venir le chercher dans la semaine. Tu me diras quand ça t'arrange. Ou tu peux le laisser chez le gardien. Il fit une pause. - J'ai écrit tout ça sur un papier que j'ai laissé dans ta chambre. Encore une pause. J'avais l'impression qu'il attendait quelque chose. Une réponse peut-être ? Ou simplement une réaction de ma part. L'assurance que je l'avais entendu me dire qu'il sortait de ma vie ? Je grognais doucement. - Jun, je vois que tu as compris ce que je t'ai dit. Je ne sais pas dans quelle mesure ça t'aiderait, mais si tu en as besoin, tu peux m'appeler quand tu veux. Je ne changerai pas d'avis, mais je suis prêt à t'écouter si tu veux parler. - Je ne pense pas avoir envie de te parler avant un moment, Riida. Je vis de la tristesse passer dans ses yeux. Mais je n'étais pas en état de faire ou dire autre chose. Il s'inclina et sortit après avoir dit les derniers mots qu'il m'adressait en privé avant longtemps. - Prends soin de toi, Jun. J'entendis la porte se fermer et le bruit fut le signal pour que mes larmes s'évadent enfin de mes yeux. Elles coulèrent longtemps, inondant mes joues et ma chemise, m'épuisant assez pour que je finisse par m'endormir. Quand je me réveillai, le soleil était couché. Sur le coin de ma table basse, il y avait ses clés. Dans quelques jours, ce sera l'anniversaire de Sho-kun. Tout le monde sera là. Même Lui.
Et maintenant... que vais-je faaiire?... (Tous droits réservés) Euh... lâchez vos comm'? Et à dimanche prochain pour la suite | | | Lun 26 Aoû - 1:33 | | | Ann-Liz Modérateur Messages : 404
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| Comment allez-vous? Voilà le chapitre du jour (et il est long je crois) techniquement en retard... gomen. - Chapitre 16:
++Nino++
J’étais en train de gratouiller ma guitare en repensant à ces derniers jours. La petite Française était une fille intéressante. Et même si je n’avais pas pu la trouver après le mariage, à cause de la bande de potes de Sho et Teru qui m'avaient retenue toute la nuit en me faisant boire avec eux, je savais que dans quelques jours je pourrais la revoir puisqu’elle serait à l’anniversaire de Sho. Une envie de composer me chatouillait et c’est pourquoi je m’étais posé sur mon lit, la guitare sur mes genoux, un crayon et des portées vierges à mes côtés, quand mon portable avait retenti. Je l’attrapai et décrochai sans regarder le nom de l’appelant. - Moshi moshi ? - Nino… Cette voix, je faillis ne pas la reconnaitre tellement elle était brouillée. Un coup d’œil sur l’écran de m’informa que c’était bien lui. - Jun ? Qu’est-ce qu’il se passe ? - Nino… - T’es où ? - Chez moi. - Bouge pas j’arrive. J’avais déjà posé mon instrument et j’attrapai mes clés et quelques affaires avant de passer la porte et de filer chez mon ami. Quelqu’un sortait de l’immeuble quand j’y arrivai et j’en profitai pour m’y engouffrer afin de gagner quelques précieuses secondes. Jun était un pleurnichard, il suffisait de le voir à la fin de chaque concert pour s’en rendre compte. Mais il ne m’appelait que lorsqu’il était vraiment mal, d’où ma précipitation. Quand j’arrivai chez lui, la porte n’était pas verrouillée. J’entrai sans qu’il ait répondu à mon coup de sonnette, ôtant mes baskets précipitamment et sans mettre de chaussons. Jun était assis sur son canapé, les yeux fixés sur quatre clés accrochées par paire. Je le rejoignis, m’installant contre lui pour qu’il perçoive ma présence. J’avais eu l’intelligence de récupérer ma DS avant de partir, je l’allumai et me plongeai dans une partie en attendant qu’il se décide à parler. J’étais là pour lui. Disponible quand il aurait besoin d’une oreille pour s’épancher. Mais pour qu’il m’appelle au secours et qu’il reste fixé sur des clés, j’avais déjà une idée de ce qu’il pouvait se passer. La dernière fois, c’était en 2008… Lui et Riida s’étaient disputés méchamment pour une broutille et surtout parce qu’ils étaient tellement overbookés avec leurs activités solos qu’ils n’avaient plus le temps de se voir. Le fait que notre ainé vive toujours chez ses parents avait été un jour la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase du plus jeune. Mais ce fut grâce à elle qu’Oh-chan avait acheté son atelier-studio… Cette fois-là, j’avais trouvé Jun dans mon appartement précédent en train de cuisiner suffisamment pour nourrir la moitié de la Johnny’s. S'il n’était même plus capable d’aller se défouler sur ses casseroles, c’est que la crise était encore plus importante. - Nino ? T’es là depuis longtemps ? - Trois niveaux de Zelda et un coca. T’as mangé quand la dernière fois ? - … - Jun ? - … mariage… je crois. Je soupirai. C’était moi le spécialiste de la grève de la malbouffe. Lui c’était plutôt Mr Diététique ; mais quand j’avais fait un tour dans son frigo pour prendre la bouteille de soda, j’avais constaté la présence ou plutôt l’absence de denrées fraîches alors que ça faisait presque quarante-huit heures que nous étions rentrés chez nous. Je me levai et fis chauffer de l’eau dans la bouilloire. Un tour dans les placards me permit de dénicher deux bols de ramens instantanés et des tasses pour du thé. - Jun ? C’est quel thé que je dois faire ? - Laisse je m’en occupe. Je me retournai et constatai qu’il m’avait suivi jusqu’à la porte de la cuisine d’où il m’observa encore un instant avant de se diriger vers le placard renfermant ses boîtes à thé. Une fois assis face à nos tasses et nos bols, attendant l’hydratation idéale de nos plats, je le vis hésiter une nouvelle fois. - … Nino… - Jun ?... - … - Tu devrais parler tu sais. - … - Ça a un rapport avec les clés, non ? Jun ne parlait toujours pas et les pâtes avaient gonflé. Je commençai à manger et il en fit autant avant de s’arrêter et d’attirer mon attention en m’appelant. - Kazu... Pour le coup, je levai la tête, posant mes baguettes. Une fois qu’il fut sûr d’avoir capté mon attention, il reprit dans un murmure. - Il est parti. Ok… ça, c’était clair au moins. Donc je pouvais supposer que c’était les clés de Riida que Jun hypnotisait tout à l’heure comme à présent son bol de ramen. - Mange ! Te laisser dépérir ne le fera pas revenir. Ensuite tu me raconteras ce que tu voudras. Je disais ça, mais maintenant c’était à moi qu’il avait coupé l’appétit. J’étais pris à mon tour dans une foule d’émotions se déclinant entre la curiosité et l’inquiétude que j’éprouvais pour mes deux amis. Quand nous retournâmes au salon, J m’expliqua que Riida l’avait trompé et que lui l’avait vu. Enfin que si lui avait été prêt à passer l’éponge pour une simple passade, ce n’était pas le cas de l’autre qui avait préféré rompre. Là, l’envie d’aller assommer Ohno me prit, mais Jun m’arrêta d’une phrase. - Me laisse pas seul, s’il te plaît… Mes envies passeraient au second plan pour le moment : l’important, c’était Jun. Je fouinai dans ses DVD et en choisis un. Quand la bande sonore d’Harry Potter à l’école des sorciers commença, nous nous blottîmes l’un contre l’autre sur le canapé et nous finîmes par nous y endormir.
(…)
Quand mon téléphone sonna, je mis un peu de temps à émerger. Jun m'avait réveillé plusieurs fois au cours de la nuit. La première fois en se retournant dans son sommeil agité, la deuxième en pleurant à chaudes larmes, la troisième en s'agrippant à moi. Après, je ne savais plus trop. J'avais fini par obliger le lecteur à nous jouer le film en boucle. Le fond sonore avait tendance à bercer mon ami. Je savais depuis longtemps combien il était attaché à Riida, mais le voir dans cet état... Enfin, à ce moment, il semblait tout ce qu'il y avait de plus calme, et je me demandai un instant pourquoi je ne dormais plus, alors que j'étais si fatigué. Puis la sonnerie me rappela qu'il y avait des vivants en dehors de cet appart' et qu'ils avaient bien l'intention de nous faire participer à leur vie. J'attrapai l'objet bruyant. - Moshi moshi ? - Ninomiya-san ? Mais où êtes-vous ? Ça fait un quart d'heure que je sonne à votre porte et que je vous appelle ! Zut, mon manager ! Je l'avais oublié celui-ci. Et la réunion que nous avions aujourd'hui aussi. La réunion... avec tout le monde... Jun serait-il capable d'y assister ? Je passai une main dans les cheveux de l'endormi. - Manager-san ? Vous avez toujours mes clés, non ? Alors vous allez aller me prendre des vêtements de rechange que vous apporterez chez Jun. C'est là que je suis. Je vous attends dans une demi-heure. - Entendu. Je raccrochai et entrepris de réveiller celui qui était toujours à moitié allongé sur moi.
(...)
Jun avait tenu à venir comme si de rien n'était. - Je veux pas perdre sur tous les plans, Kazu. Je veux pas me sentir encore plus pitoyable. Je suis acteur, non ? Je vais bien réussir à faire bonne figure ! Il m'avait montré un brave petit sourire ; mais quand mon manager sonna, pendant qu'il montait, mon cadet me prit dans ses bras et me serra contre lui de toutes ses forces. Et une fois que je me fus changé, alors que nous nous apprêtions à descendre, il avait blotti sa tête dans mon cou avant de me murmurer un "merci d'être venu hier" qui me remua. Je lui avais pris la main pour ne plus la lâcher jusqu'à ce qu'on arrive à l'agence. Nous étions les derniers, et la réunion débuta dès que nous nous assîmes. Il ne restait que nos deux places, heureusement côte à côte et loin de Riida. J'observai celui-ci tout en gardant un œil sur mon voisin. Jun serrait les poings de temps en temps, ne s'en rendant sans doute même pas compte. Ohno, lui, ne semblait pas beaucoup plus en forme. Il avait toujours l'air plus ou moins endormi, mais là, je lui trouvai les yeux plutôt bouffis. Manque de sommeil ? Après une heure et demie de discussion, nous pûmes enfin aller manger. J'aurais voulu coincer l'autre abruti pour avoir des explications, mais il ne quittait pas Sho et la chorégraphe. Et de mon côté, Jun avait repris ma main, et je la sentais tellement trembler que je n'avais pas le cœur de la lâcher. Nous mangeâmes sans nous séparer, lui de la main droite et moi de la gauche. A l'air interrogateur d'Aiba, je ne pus que hausser les sourcils et les épaules en faisant signe de patienter. L'après-midi, on nous fit écouter quelques chansons en prévision du prochain album. En entendant les notes de ce qui devrait être un refrain, je me doutai du genre de paroles qui y seraient collées, et des voix qu'ils voudraient dessus. Et j'allais demander à passer à une autre quand Jun me devança. - C'est une ballade, ça. Vous voulez mettre qui pour chanter ? - Eh ! bien, Ohno-san évidemment. Et pour enrichir sa voix, il faudrait... - C'est moi qui l'accompagnerai. - Vous ou Ninomiya-san. Ce n'est pas encore fixé. - C'est décidé ! fit Jun avec assurance. Désolé Nino, celle-là, elle est pour moi. Son ton était impérieux. Nous avions l'habitude des décisions rapides de Marvelous, et d'ailleurs, le staff n'y trouva rien à redire. Mais j'avais vu la surprise et le malaise passer sur les traits de Riida. Les deux autres ne pouvaient naturellement pas imaginer ce qu'il y avait derrière ces quelques répliques, mais pour moi, ça sonnait comme la déclaration d'un homme qui ne veut pas abandonner le combat. Sauf que connaissant la détermination d'Ohno, je n'étais pas sûr que ça changerait quoi que ce soit. Mon inquiétude augmenta et j'attendis avec impatience la fin de cette réunion. Quand enfin tout le monde put prendre congé, je fis signe à Sho que nous n'avions pas encore tout à fait terminé. Je m'étais demandé comment faire pour retenir Riida, mais il semblait avoir compris qu'il devait rester. Quant à Aiba, il attendait toujours les explications de midi. Une fois vraiment seuls tous les cinq, la porte refermée, je me dirigeai vers Ohno qui recula jusqu'au mur où je le plaquai en maintenant mon avant-bras sur sa gorge. Je vis du coin de l'œil les deux ignorants s'affoler légèrement. - Nino ! Qu'est-ce que tu fous ? - J'ai quelques petites questions pour cet enfoiré. Parce que oui, Riida-chan, tu es un enfoiré. Tu mesures un peu ce que tu as fait ? Il me regardait sans ciller et ne me lâcha pas des yeux lorsque Jun passa ses bras autour de ma taille pour m'éloigner de notre chef. - Oui. Jun avait posé son front sur mon épaule et je sentis ses mains se crisper sur mon ventre. - On peut savoir ce qui te prend alors ? Ok, Marvelous n'est pas facile à vivre. Si c'était pas mon ami, je voudrais pas avoir affaire à lui, c'est sûr. Mais tu t'imagines que t'es une sinécure ? T'es pas plus commode que lui ! - La question n'est pas là. - Qu'est-ce qui se passe ? fit Sho qui s'était rapproché. Nino, tu nous fais quoi ? - Il se passe que ce type a... Je ne pus finir ma phrase, Jun m'ayant plaqué sa main sur la bouche. Je protestai et tentai de me défaire de son emprise, mais il m'avait collé contre lui et sa façon de prononcer mon nom dans mon oreille avant de s'adresser à tout le monde me figea. - Ce type est ton ami. Ce type fait partie d'Arashi. Tout comme moi. Puis il murmura pour moi seul. - Ne m'enlève pas ça, Nino. Non, bien sûr que je ne voulais pas lui enlever Arashi. Mais... - Tu comptes continuer à bosser comme avant ? Je sentais autour de nous flotter un sentiment d'incompréhension. Ma-chan et Sho-kun étaient perdus. Mais je n'avais pas le temps de leur expliquer. Pas avec un Matsujun en mode héroïque prétendant jouer l'homme que rien n'atteint. - Stop ! Ça suffit ! Je veux savoir ce qu'il se passe. Sho s'énervait. - Rien. C'est Nino qui s'excite tout seul. Y a pourtant rien de dramatique. Dixit celui qui avait joué les fontaines pendant des heures... Et que je sentais au bord des larmes. - Jun... - Jun, m'interrompit l'objet de ma colère, tu n'as pas à te forcer. Tu as le droit de m'en vouloir et de me le faire sentir. Ne joue pas les héros, tu es trop sensible pour ça. - De quoi tu parles ? demanda Sho. Je le sentais bouillir. - J'ai quitté Jun. Je vis les jambes d'Aiba flageoler et Sho se précipiter pour le faire s'asseoir. Puis ils levèrent la tête vers nous. - Tu... Vous... VRAIMENT ? - Oui, vraiment. C'est pas juste une dispute, c'est définitif. La voix d'Ohno était claire. Et les mains de Jun, bien que toujours posées sur moi, ne me tenaient plus du tout. - Pourquoi ? - Désolé Sho, mais ça, ça ne vous regarde pas. - Il faudra prévenir Teru-kun aussi, alors. - Aiba ! Teru vient de se marier, il a autre chose à penser que les séparations des autres ! Et puis, qu'est-ce qu'il viendrait faire là-dedans ? - Ben... sans compter leurs managers, c'était le seul à être au courant. C'était bien d'Aiba, ce genre de réaction. Et je le soupçonnais aussi de ne pas y croire, et de vouloir repousser la réalité autant que possible. - Sho... Tu n'avais pas un truc à faire pour News Zero ? Et Aiba, je croyais que tu devais rencontrer quelqu'un pour tes animaux ? Les deux interpelés fixèrent celui qui venait de parler derrière moi. Malgré son chagrin, Jun restait lui-même...
(...)
Il n'y avait plus que nous trois dans la pièce, mais J était au téléphone avec son manager, et Riida s'apprêtait à partir à son tour. - Nino ! appela doucement Ohno. Je me retournai vers lui. - Merci. - T'as aucune raison de me remercier, fis-je sèchement. - Si. Parce que tu es là pour lui. Merci de veiller sur Jun. - Je le fais pas pour tes beaux yeux. - Je sais, dit-il en inclinant la tête avant de partir. Avais-je vraiment vu ses yeux briller ? Pourquoi était-il prêt à pleurer ? C'était sa décision de le quitter, non ? Je courus à la porte pour le rattraper. - Oh-chan ! Pourquoi tu le quittes si ça te fait pleurer ? Il s'était arrêté mais ne se tournait pas vers moi. - Satoshi ! dis-je en l'approchant. Tu l'aimes, ça crève les yeux. Alors pourquoi ? - Il t'a raconté ? finit-il par répondre. - Que tu l'avais trompé ? Oui. Mais il est prêt à l'oublier. Il t'a déjà pardonné. - Non Nino. - Je sais que si. Et vous vous entendez bien au lit. T'as plus l'air d'en redemander que de te plaindre, non ? Si vos corps... - Non Nino, répéta-t-il. Moi, je ne peux pas oublier. Je l'entendis soupirer avant de me faire face. - Je ne peux pas t'expliquer. Mais je sais qu'il sait déjà tout ça. Quant à toi, tu comprendras le jour où tu seras vraiment amoureux. Il y avait tant de peine dans sa voix que je n'insistai pas plus et le laissai filer. Je revins dans la pièce à présent quasi déserte. Jun avait raccroché et contemplait ses affaires d'un œil vague. - J ? Tu veux que je te ramène ? - Je veux plus dormir chez moi, fit-il en se laissant tomber sur la banquette. Manquait plus que ça. En même temps, je préférais le voir réagir comme ça plutôt qu'en version homme de glace. - Ecoute J, je peux t'héberger quelques temps, mais il faudra bien que tu rentres chez toi un jour. - ... Nino... Je l'aime. Je l'aime tu sais. - Oui je sais, dis-je en tenant la main qui venait d'agripper ma manche. - Laisse-moi rester chez toi jusqu'à ce que j'aie changé de lit. - Quoi ? Pourquoi tu veux faire ça ? Bon sang, si j'avais changé de literie à chaque fois que je m'étais séparé d'une fille, j'aurais pu ouvrir un magasin d'ameublement ! En même temps, j'avais jamais ramené de fille chez moi, alors... - Je peux plus dormir dans ce lit où on a fait l'amour si souvent. Evidemment, comment je pouvais comparer mes amourettes avec ce qu'il vivait... pardon, avait vécu avec Riida? Mais je ne pouvais pas non plus le laisser s'enfoncer davantage. - Jun, tu vas pas changer tous les trucs où vous avez couché. Si c'est ça, va falloir virer tout ton mobilier et sans doute la moitié de ce qu'il y a à l'agence. - Et ce qu'il y a aux studios d'enregistrement aussi. - Et ce qu'il y a aux stu... Quoi !!? Vous l'avez fait là-bas aussi ? Mais vous êtes des bêtes, c'est pas possible ! Je vis un petit sourire ironique apparaître au coin de sa bouche. - Il aime ça, tu sais. Et moi aussi, en fait. Un doute me vint. - J... Rassure-moi... Vous l'avez quand même pas fait chez moi ? Si c'était le cas, il n'aurait peut-être plus envie que je l'héberge. Ce qui ne me rassurait pas vraiment, vu son état actuel. Et il avait l'air de réfléchir en plus ! - Dans ton appart’ actuel, si… Une seule fois… Mon appart’ actuel ? Est-ce que ça voulait bien dire ce que je comprenais ? Décidant de passer sur ce mot je continuai. - Je vous avais laissés tous seuls ? - Nan, vous étiez en train de jouer à la console. On était là tous les cinq ? Mais... - Où ? rugis-je. - Dans les toilettes, où veux-tu ? On n’allait quand même pas squatter ton pieu. - Encore heureux ! ...Vous avez fait ça dans mes toilettes alors qu'on était juste à côté ? Mais ...! - Allez Neen, ne me fais pas croire que tu ne l'as jamais fait dans un lieu public. Pas toi. - Mon appart n'est PAS un lieu public, oh! ... J'ai jamais compris comment vous pouviez faire ça comme ça alors que Riida était tout ce qu'on veut sauf discret, avec toi. - Question d'habitude. T'es jamais resté avec quelqu'un assez longtemps pour le savoir, c'est tout. Je le regardai en me demandant si cette conversation était bien ce qu'il lui fallait. C'était sûr que mes aventures sentimentales, plus chaotiques que les siennes, ne pouvaient pas lui servir de mesure. Pourtant... peut-être que... - J, quand une fille me quitte, j'ai une méthode pour me remonter le moral, tu veux tenter ? L'air sur son visage était rien moins qu'hésitant. - Nino, quand tu te fais plaquer, tu vas te saouler dans des bars et tu dragues une ou plusieurs nanas que t'emmènes à l'hôtel. Tu me proposes quoi, là ? D'aller draguer des femmes ? Ou tu connais des mecs que je peux mettre au lit ? A moins que ce ne soit toi que tu m'offres ? - Eh !! non, pas moi. Je suis pas ce qu'il te faut. Mais tu trouveras pas mieux que moi pour te tenir compagnie au bar ! Il marmonna quelque chose que je ne compris pas puis il m'attrapa par la ceinture pour m'attirer contre lui. Sa tête se blottit contre mon ventre et il resta ainsi un long moment. - Nino... laisse-moi dormir avec toi cette nuit. Sa voix était si timide... Où était notre Marvelous ? - Baka ! Evidemment que tu peux dormir avec moi. Mais je te préviens : ce sera dans mon lit, parce que je ne vais pas me tuer le dos une deuxième nuit sur un canapé.
************** ++Jun++
Depuis dimanche où j’avais appelé Nino, j’avais mis mon cœur et mon esprit en mode off, et pour cela, je n’avais pas remis les pieds chez moi pendant deux jours. J’avais même laissé le geek faire intrusion dans mes placards pour récupérer l’indispensable à ma survie et surtout quelques fringues à ma taille (selon mes observations, la longueur Aiba ne convient qu’à Aiba et encore… parce qu’il la revendique). Pendant ces quelques jours, je m’étais laissé cocooner par Kazunari : il avait veillé sur mon emploi du temps, mon sommeil et même mes repas. Les seules fois où j’avais dû croiser Toshi, il avait toujours été à mes côtés, guettant le moindre signe de faiblesse de ma part. Je lui en étais reconnaissant, mais ce soir, en regardant la tablée que nous formions au restaurant, je réalisai qu’il était temps que je me reprenne un minimum en main. Et je le ferai dès… demain. Parce que ce soir, j’avais encore besoin de lui, surtout après avoir capté involontairement un des regards de Riida assis en face de Teru à quelques places de nous. Ce soir, c’est la soirée d’anniversaire de Sho-kun et tout le monde est là…
************ ++Nino++
Elle était là, accrochée à Masaki et évitant délibérément mon regard. Je ne l’avais plus recroisée depuis le lendemain du mariage, voulant d’abord la laisser se reposer. Ensuite, Jun était devenu ma priorité, les plaisirs pouvaient attendre face à sa détresse. Mais son attitude ce soir m’intriguait, et si la main de J n’était pas aussi fortement accrochée à ma manche, je serais allé lui demander des explications. Sauf que dans l’immédiat, c’était Jun qui avait besoin de mon soutien, et elle semblait être entre de bonnes mains avec Masaki ; quelque part, je savais qu’il n’était pas une menace pour moi. Alors elle attendrait demain ou le jour d’après… quand J aurait manifesté son désir de rentrer chez lui, et je savais que cela ne tarderait plus puisque cette nuit il avait dormi seul, et ce matin, un petit déjeuner et un bento m’attendaient dans la cuisine. Ce mec serait vraiment bon à marier, si c’était une fille.
************** ++Ohno++
Teru ne m'avait pas donné signe de vie après le mariage. Quand j'avais quitté Jun, cet homme que j'avais chéri pendant toutes ces années, j'avais passé la nuit suivante à pleurer. Ce que je ressentais pour lui était vrai, je n'avais jamais triché sur mes sentiments, ni sur mes paroles depuis huit ans, depuis que j'avais enfin pu lui dire que je l'aimais. Dimanche, avant de sortir de cet appartement qui avait été notre chez-nous, je m'étais difficilement retenu de lui dire que je l'aimais encore ; mais ça n'aurait fait que l'embrouiller. S'il pouvait le comprendre, tant mieux. S'il ne le pouvait pas, s'il préférait se mettre à me détester, tant pis pour moi. Du moment qu'il puisse relever la tête et avancer, le reste importait peu. Chacun venait de chez lui et nous arrivions forcément tous plus ou moins les uns après les autres. Pour éviter de nous faire repérer en poireautant dehors au vu de tout un chacun, nous avions investi un salon de thé où une salle nous avait été aimablement dévolue. Arrivé dans les premiers, je m'étais installé à une table au fond et avait sorti de mon sac un petit carnet où je dessinais en attendant la suite. Revoir Teru à l'entrée du parc où nous fêtions l'anniversaire de Sho avait été déstabilisant. Jun était là, qui savait ce qu'il s'était passé. Je doutais que son mari ait parlé à Cécile-chan. Les autres ignoraient tout. Et moi, j'étais devant lui comme un ado face à son premier béguin. Mes idées s'embrouillaient dès que mes yeux croisaient les siens. Je redoutais de devoir lui parler devant témoins, parce que j'étais sûr que mes sentiments auraient été plus visibles et identifiables que les sourcils de Jun. Une voix féminine m'avait demandé ce que je voulais boire et j'avais répondu sans trop faire attention. Une petite main parfaitement manucurée avait déposé devant moi une boisson chaude qui me fit lever le nez. La propriétaire de ladite main avait investi le siège voisin et je craignis de devoir encore jouer le revêche pour faire fuir une petite dinde comme nous en avions eu à table au mariage. Mais je vis avec surprise que la jeune femme à mes côtés n'était autre que Mai, la sœur de Sho-kun. Elle était vive, intelligente, posée et agréable. Son frère en version féminine et sans le masque du rôle qu'il devait jouer en tant qu'idole. Je l'appréciais comme une petite sœur. Et j'échangeai quelques mots avec elle sans me forcer avant de replonger dans mon carnet lorsque quelqu'un d'autre vint lui parler. Je n'avais pas fait attention à qui était entré et s'était assis, mais la salle que nous occupions était à présent presque pleine. Je vis les autres à l'autre bout de la pièce. Sho accueillait ses invités (son frère, sa sœur, Arashi, des membres du staff, des amis de fac, peut-être aussi quelques personnes de sa famille), Jun était cramponné à Nino, Masaki ne lâchait pas Lucie-chan qui restait avec Ben-kun et sa sœur. Involontairement, j'avais cherché la silhouette un peu massive de celui qui occupait mes pensées sans parvenir à la trouver. Etait-il resté dehors ? Après tout, il était moins reconnaissable que Sho, mais capable de repérer les invités de son meilleur ami. J'avais soupiré doucement en ramenant mon attention à la tasse devant mon nez qui ne fumait plus vraiment. Et mes yeux avaient accroché son regard. Il était là, assis juste en face de moi. Et rapidement, j'avais senti un pied sur ma jambe. Un pied insistant, entreprenant même. Qui avait fini par se séparer de sa chaussure et se retrouver entre mes cuisses, me faisant hoqueter de surprise. A côté de moi, Mai m'avait demandé si tout allait bien et j'avais eu toutes les peines du monde à lui répondre, ne pouvant que sortir quelque chose d'inarticulé. Heureusement que j'avais une réputation d'endormi ; elle avait suggéré en riant que j'avais dû faire un cauchemar pendant un micro-sommeil. Au bout d'une dizaine de minutes, il fut décidé que nous nous répartirions en deux groupes pour faire les attractions. J'aurais pu demander à faire partie du groupe "tranquille" mais tout le monde savait que j'appréciais les sensations fortes, et ça aurait fait louche. De plus, Nino, ne doutant pas de mon choix, avait tiré Jun après lui. Je m'étais donc retrouvé avec l'une des deux personnes avec lesquelles je me sentais le moins à l'aise. Regarder la Française dans les yeux était difficile. Presque autant que soutenir le regard de Nino ou éviter celui de Jun. Et pourtant, elle souriait à tous, alors c'était délicat de l'ignorer. Après quelques attractions, j'avais réussi à fausser compagnie aux autres. Je voulais être seul pour pouvoir me calmer un peu et faire le point. Un simple petit soupir de Teru suffisait à m'allumer, alors son jeu de pied sous la table... Que voulait-il de moi ? J'étais amoureux de lui, je savais qu'il pourrait faire de moi ce qu'il voulait. Et pourtant, j'avais trop de fierté pour accepter de n'être qu'un amant. Et connaissant son sens du devoir, je doutais qu'il quitte sa femme. Déjà parce qu'il avait des sentiments pour elle, ensuite parce que jamais il ne s'afficherait avec un homme. Ce n'était juste pas possible. Alors ?
***************** ++Teru++
Sho semblait avoir oublié notre rencontre dans les couloirs de l'hôtel. Ce qui m'arrangeait, parce que je n'avais aucune envie de m'expliquer avec lui. Je ne savais pas quoi faire. D'un côté j'avais une vie organisée et tracée, rassurante, plus qu'agréable, qui s'ouvrait devant moi. De l'autre, c'était la passion et ses débordements, l'opprobre et sans doute la honte. Car jamais je n'oserai me laisser voir avec Sato-chan. Je préfèrerais disparaitre. Pas me suicider ! mais partir loin de tous ceux qui me connaissaient pour vivre quelque chose avec lui. Sauf que Sato ne quitterait jamais le Japon, ses parents, Jun et Arashi. En tout cas, moi je ne pourrais jamais lui demander de faire une telle chose. Lors de la répartition des groupes, j'avais laissé Cécile, son frère, son amie, ma sœur et mon beau-frère se joindre à Aiba pour les attractions les plus remuantes. Je n'en étais pas un grand fan et c'était connu. J'avais eu des remords d'imposer Cécile à Sato, mais il n'y avait pas vraiment eu le choix. Par contre, la défection de Matsujun m'avait surpris. Il semblait collé à Nino. Etait-ce encore une de leurs opérations "fan-service-on-jette-de-la-poudre-aux-yeux" (d'Onee-chan principalement) ? Peut-être. En tout cas, ça m'avait laissé profiter d'un café face à l'homme de mes pensées. Et j'avais eu envie de tâter le terrain de façon ludique. S'il ne voulait plus de moi, il saurait bien écarter ses jambes de mon pied, ne ? Mais il m'avait laissé faire, semblant apprécier mes caresses. Aussi, une fois tous sortis du salon de thé, j'avais prétexté un besoin urgent pour m'esquiver et suivre les autres, puis je l'avais repéré quand il s'était éloigné de son groupe et l'avais discrètement suivi. Tout le monde était plus ou moins déguisé et se fondait dans la foule des badauds et des touristes. Je n'avais eu aucun mal à le filer avant de le rattraper, loin des autres et devant des maisons assez colorées. - Tu as apporté un cadeau à Minnie, au moins ? demandai-je en me penchant vers son oreille. Il tourna lentement la tête vers moi. Son flegme était vraiment impressionnant. - Tu as quitté ton groupe ? - Est-ce bien nécessaire que je réponde, Sato ? Et puis, tu as fait pareil. - Je voulais réfléchir au calme. - Toontown n'est pas l'image que je me fais d'un lieu calme... Ma plaisanterie tomba à plat et il me fixa avec sérieux. Le calme, pour moi, il se trouvait dans ses yeux. - Je voulais réfléchir à nous, Teru. Qu'est-ce que tu veux au juste ? Je n'eus pas le temps de répondre qu'il poursuivait déjà. - D'abord, est-ce qu'il y a un "nous" ? Tu es venu avec ta femme et je t'ai vu l'embrasser avant que les groupes se séparent. Mais cinq minutes plus tôt, ton pied était en train de masser mon entrejambe avec tellement de dextérité que j'ai eu beaucoup de mal à continuer de sourire à Mai-chan. Tu as une idée de ce qu'il se serait passé si elle avait vu ce que tu faisais ? Je savais que ses colères étaient aussi monumentales que rarissimes, et je pouvais donc affirmer qu'il n'était pas vraiment en colère contre moi. Mais il semblait fâché. Et je crois que je le comprenais. Sauf que j'aurais eu du mal à lui fournir une explication sur quelque chose que je ne comprenais pas moi-même. - Je... je crois que quand il s'agit de toi, je ne suis pas capable de réfléchir... avouai-je penaud. - Juste quand c'est moi ? Ses yeux avaient plongé dans les miens et mon cœur avait fait un saut périlleux arrière, sans filet, sans attache, sans assurance et sans hésitation. - Je t'aime. Il avait perdu son flegme, la surprise s'étalant sur ses traits si doux. Et le pire, c'est que même si mes paroles étaient vraies, même si je savais parfaitement que je les avais prononcées, j'espérais de tout mon cœur qu'il ne me demanderait pas de les lui répéter. - Tu... tu es sérieux ? - Oui. - Tu te rends compte de ce que tu me dis ? - Oui. Oui, même si je ne croyais pas moi-même avoir été capable de le dire à voix haute devant lui. La nuit était presque tombée, grisant toutes les couleurs, mais je voyais suffisamment bien pour pouvoir affirmer qu'il rougissait. - Et ta femme ? - Je... Je baissai la tête. - Je ne suis pas capable de la quitter. Je suis désolé Sato-chan. Je ne peux pas faire ça. - Alors qu'est-ce que tu veux bon sang !? Me dire ça, comme ça, sans que je ne t'aie rien demandé, et au final me dire que je suis... je suis quoi, d'ailleurs ? Un coup d'un soir ? Ton rêve inassouvi ? Pourquoi tu m'as touché ? Si tu ne m'avais pas embrassé, j'aurais fait comme j'ai fait depuis dix ans ; je serais resté de côté, je n'aurais rien dit, j'aurais continué à faire l'amour à Jun sans chercher à savoir quel goût avait ta peau, quelle force avaient tes mains. Que crois-tu que je puisse faire, maintenant que je connais la puissance de tes reins ? Oh ! Teru... Sa voix avait des accents terribles qui me poignardaient bien plus sûrement qu'une lame. Puis je me rendis compte qu'autour de nous, les gens avaient commencé à s'arrêter, chuchotant en nous regardant. Alors je pris sa main et l'entraînai dans la maisonnette la plus proche, rejoignant l'arrière d'un groupe émerveillé par les décors de dessin animé. Nous les suivîmes sans dire un mot, nos mains arrimées l'une à l'autre. Je ne savais pas qu'ajouter. Avec ce qu'il m'avait dit, je sentais qu'il m'avait ouvert son cœur. Et je ne pouvais pas faire moins. - Sato-chan, murmurai-je en me penchant vers lui, je ne sais pas ce que je peux t'offrir vraiment. Pour l'amour de ceux que nous aimons, je voudrais pouvoir effacer ce baiser et tout ce qui s'en est suivi. Seulement, je ne suis pas magicien. J'ai aimé te faire l'amour, et j'ai aimé te sentir en moi. Je ne peux rien te promettre, je n'en ai pas les moyens. Mais si tu me veux, même rien qu'un peu, alors prends-moi. C'est un cadeau imparfait, je sais bien, mais... Il m'interrompit en me tirant vers la petite porte cachée sous l'escalier menant à l'étage. - Tu as déjà vu l'envers du décor ? chuchota-t-il, la main sur la poignée. - L'envers... ? Il mit un doigt devant la bouche et ouvrit la porte. Elle donnait sur un couloir sans aucune fioriture. L'envers du décor. La partie où le public n'entrait jamais, réservée aux employés. - Sato ! On n'a pas le droit d'être là. Mais je le suivis quand même. Il nous amena dans un couloir où s'ouvraient plusieurs portes et, après une légère hésitation, il en poussa une et nous fit entrer. C'était une loge où il n'y avait heureusement personne. - T'inquiète, je suis venu ici une fois où on a fait une émission spéciale, dit-il pour me rassurer avant de prendre une grande inspiration. ...C'est vrai, Teru. On n'a pas le droit d'être là. On n'a pas le droit d'être ensemble, ni de s'aimer. Pourtant, c'est dans cette pièce que je vais prendre ce que tu me donnes. Parce que j'ai envie de toi. Parce que tu m'as dit que tu m'aimais. Parce que je t'aime aussi. Parce que c'est ce que tu veux, au moins aussi fort que moi. Parce que je ferai tout pour t'avoir pour moi tout seul. Tout en parlant, il m'avait fait asseoir sur la petite banquette adossée à un mur et avait entrepris d'ouvrir mon pantalon, glissant d'abord sa main dans mon boxer avant de me dénuder davantage. Ses lèvres mouvantes caressaient mon sexe de plus en plus tendu et ses longs doigts fins écartaient les pans de mes vêtements, m'exposant à ses regards brûlants qui chassaient ma pudeur. Je me sentais si beau devant lui. A mes yeux, il incarnait la perfection, et pourtant, quand il me regardait, j'avais l'impression de pouvoir, même juste un peu, rivaliser avec lui. - Sato... les employés... ils... - C'est l'heure de la Parade, murmura-t-il sans s'écarter de moi, me faisant gémir de sentir son souffle sur ma peau sensible. Sa bouche s'ouvrit sur moi et mon cœur s'emballa. Je posai ma main sur son front, poussant sa perruque pour pouvoir caresser ses cheveux. Mes doigts jouèrent un instant avec ses mèches puis ils se mirent en coupe pour épouser la forme de sa tête, juste au-dessus de sa nuque, la berçant à mesure qu'il faisait monter le plaisir dans mon corps devenu incontrôlable. - Sato !!! Sato... non... arrête... Il me libéra de sa chaleur mais ses lèvres restèrent sur ma peau, poursuivant leurs taquineries tandis qu'il me parlait. - Ne dis pas de bêtise, Teru. Tu n'as pas envie que je m'arrête. Tu aimes ça. Et même si c'est ta première fois, tu sais très bien comme ça va être bon d'aller jusqu'au bout comme ça. Je devinais son sourire et je sentais au fond de moi qu'il avait raison. Malgré tout, je relevais son menton d'une caresse pour pouvoir le regarder dans les yeux. - Non. Je veux autre chose, Sato-chan. Une chose que toi seul peut me donner. Ses sourcils se froncèrent puis un petit sourire fit son apparition au coin de sa bouche. - Teru, tu ne me feras pas croire que quelqu'un t'a déjà fait jouir de cette façon. J'ai bien vu la première fois que tu n'avais pas l'habitude. Et je ne te pense pas capable de demander à ta femme de te sucer comme je le fais. Mon pouce se mit en travers de ses lèvres. - Ne parle pas comme ça, Sato ! - Pas comment ? demanda-t-il en se reculant légèrement. C'est le mot sucer qui te gêne ? - Oui, admis-je un peu confus. - Pourquoi ? C'est ce que je suis en train de faire pourtant. Il enroula sa langue autour de mon doigt et fit en sorte que ses dents le grattent doucement. - Ce sont les prostituées qui parlent comme ça. - Qu'est-ce que tu en sais ? fit-il en relâchant mon pouce. Il m'observa un instant puis eut un petit rire. - Oh ! je vois, tu es déjà allé en voir une. Tu étais en manque ? - Non ! dis-je en rougissant et en détournant la tête avant de rendre les armes. C'était il y a ... il y a dix ans... Je... J'avais tellement envie de toi... et tu étais tellement inaccessible... Je ne savais plus comment faire. Alors je suis allé voir une professionnelle. C'était... c'était ma première fois... J'avais honte de lui avouer ça. Même à Cécile, je n'avais pas osé le dire, et pourtant, elle était très ouverte sur ce genre de sujet et je savais qu'elle ne m'aurait pas jugé. - Teru-chan... Je sursautai en entendant sa voix si proche et vis en tournant la tête qu'il s'était redressé et était à présent à ma hauteur. - Cette chose que tu veux et que je suis le seul à pouvoir te donner, c'est quoi ? J'ignorais de combien de temps nous disposions, je ne connaissais pas la durée d'une Parade. Mais à ce moment-là, ça n'avait plus aucune importance. - Fais comme tu veux, mais prends-moi. Fais-moi l'amour, Satoshi. Comme aucune femme ne pourra jamais me le faire. Je ne pus rien ajouter, il avait fondu sur mes lèvres, les unissant tendrement avant de me forcer doucement à les ouvrir. Puis lentement, amoureusement, sa langue me pénétra, venant jouer dans ma bouche, me savourant, glissant sur sa jumelle et sur mes dents, se retirant par taquinerie avant de revenir en force me faire goûter à sa sensualité et sa chaleur. Je gémissais autant que je le pouvais, sentant l'excitation de mon amant grandir au fil des sons qui m'échappaient, épouser l'intensité de la mienne et me pousser à chercher toujours plus de contact. Son baiser m'avait allumé, mais il n'était qu'une métaphore de ce que faisaient ses doigts dans le même temps. Ces derniers préparaient un embrasement auquel je m'abandonnai quand enfin sa longueur palpitante se fraya un chemin en moi, m'arrachant un cri qu'il avala en me tirant à lui pour nous perdre dans un baiser doux et chaud. Je ne sus combien de temps il nous garda ainsi unis l'un à l'autre. Je n'étais plus en état de penser, ne faisant que ressentir ce qu'il m'offrait. Et je ne cherchais qu'à lui rendre la pareille de la meilleure manière possible. Mes mains s'accrochaient à ses épaules, le gardant contre moi, caressant ses muscles avant de m'y cramponner quand il m'emporta au ciel des plaisirs. Il me donna encore quelques coups et m'y rejoignis, la bouche entrouverte et le regard figé, fixé sur moi. Je ne le quittai pas des yeux jusqu'à ce qu'il se laisse retomber sur mon torse, haletant, ses mains ne m'ayant lâché le visage qu'à la toute fin pour retomber sur les côtés de ma tête. - Je t'aime. Je sentis une impression de chaleur monter de mon ventre jusqu'à ma poitrine. Ma main vint se poser sur son dos et le caressa doucement. - Sato... Je ne sais pas... - Chhh. Je sais que tu ne sais pas. Mais ne gâche pas ce moment s'il te plaît. Et quand on fera l'amour, on ne parlera de personne. Ce sera juste nous. D'accord ? - ...D'accord.
*********** ++Cécile++
J’étais assise face à Lucie, à droite de Ben. Les places n’étaient pas attribuées, mais instinctivement, nous étions quand même regroupés et restions près du roi de la fête. Teru, une fois de plus, n’était pas à mes côtés. Nous nous étions séparés à l’entrée du parc puisque nous ne désirions pas faire les mêmes attractions, et maintenant il était à un bout de la table et moi à l’autre. Depuis que Lucie nous avait annoncé sa décision de repartir demain en même temps que Ben, cette dernière faisait preuve d’une activité sans borne pour profiter au maximum de ses derniers jours au Japon. Du coup, je l’avais à peine vue puisqu’elle ne sortait de sa chambre que pour se balader avec Ben ou Masaki. Nos parents avaient repris l'avion le dimanche, et j'avais senti une légère nostalgie me mordre le cœur en les accompagnant à l'aéroport. Quant à moi, j’avais décidé de reprendre ma vie en main et de plonger dans le travail pour ne pas trop penser à ce qu’il s’était passé. Je verrais ça… quand ils seraient repartis
************* ++Ben++
Depuis la soirée du mariage, un truc clochait avec les filles. Que ce soit ma frangine ou Lucie, elles s’étaient murées dans un genre de silence bizarre qui aurait forcément alerté l’autre si elles avaient été dans leur état normal. Lucie était restée dans sa chambre toute la journée du dimanche et n’en était sortie le lundi que pour rencontrer le dresseur de chat. En revenant, elle avait annoncé qu’elle rentrait par le même avion que moi le vendredi, alors qu’elle aurait dû rester encore une bonne semaine. Hier, je l’avais accompagnée dans une expédition shopping-souvenir pendant que ma sœur flirtait avec son ordi. Aujourd’hui nous étions partis pour le pays de Mickey dès la fin du bouclage de nos sacs et c’était Cécile qui s’était accrochée à moi quand son époux avait déclaré ne pas pouvoir faire partie du groupe des amateurs de sensations fortes. Maintenant nous étions tous réunis et le malaise persistait. Si je ne comprenais pas bien le problème de ma frangine, celui de Lucie me paraissait avoir un lien évident avec le dragueur de prisunic que semblait être le gars Nino. Mais pour l'heure, celui-ci semblait avoir fusionné avec son pote Jun. L'amant de ce dernier était dans le même groupe que nous et paraissait capable d'un calme encore plus imperturbable que le mien. Il était d'ailleurs tellement silencieux que je fus le seul à m'apercevoir de sa disparition sans être seulement en mesure de dire quand il nous avait quittés. Mais comme il était à nouveau avec nous pour le dîner-spectacle au Polynesian Terrace et le feu d'artifices qui suivit, je n'y prêtais pas davantage attention.
A vos comm’… prêtes ? Partez ! | | | | | | | | | |
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